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« Chêne vert » : différence entre les versions

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Le '''Chêne vert''' ou '''Yeuse''' ('''''Quercus ilex''''' <small>'''[[Carl von Linné|L.]], [[1753]]'''</small>) est une [[espèce]] d'[[arbre]]s à [[Sempervirent|feuillage persistant]] de la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Fagaceae|Fagacées]], présent sous forme de bois clairs et [[garrigue]]s. Il est parfois appelé '''Chêne faux houx'''<ref>''Flore forestière française'' — Tome 3.</ref>, allusion au fait que ses feuilles ressemblent à celles du houx (''[[Houx#Étymologie|Ilex aquifolium]]'' [[Houx|L., 1753]]).
Le '''Chêne vert''' ou '''Yeuse''' ('''''Quercus ilex''''' <small>'''[[Carl von Linné|L.]], [[1753]]'''</small>) est une [[espèce]] d'[[arbre]]s à [[Sempervirent|feuillage persistant]] de la [[Famille (biologie)|famille]] des [[Fagaceae|Fagacées]], présent sous forme de bois clairs et [[garrigue]]s essentiellement présent dans les régions méditerranéennes. Il est parfois appelé '''Chêne faux houx'''<ref>''Flore forestière française'' — Tome 3.</ref>, allusion au fait que ses feuilles ressemblent à celles du [[houx]] (''[[Houx#Étymologie|Ilex aquifolium]]'' [[Houx|L., 1753]]).


== Étymologie ==
== Étymologie ==
''Quercus'' désigne le « [[chêne]] » en latin (cf. italien ''quercia'' « [[Chêne#Les noms du chêne|chêne]] ») et ''ilex'', « le chêne vert ou yeuse » en latin<ref>[https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=ilex Ilex.]</ref>. Le terme ''yeuse'' ([{{MAPI|j|œ|z}}]) est issu de l'[[occitan]] ''euse'' qui désigne le « chêne vert », lui-même issu d’''elex'', variante d’''ilex''<ref>[http://www.cnrtl.fr/etymologie/yeuse Site du CNRTL] : Étymologie d’''yeuse''.</ref>{{,}}<ref>[http://www.panoccitan.org/diccionari.aspx?diccion=ch%C3%AAne&lenga=fr Dictionnaire panoccitan] : ''chêne''.</ref>.
''Quercus'' désigne le « [[chêne]] » en latin (cf. italien ''quercia'' « [[Chêne#Les noms du chêne|chêne]] ») et ''ilex'', « le chêne vert ou yeuse » en latin<ref>[https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?q=ilex Ilex.]</ref>.


Le terme ''yeuse'' ([{{MAPI|j|œ|z}}]) est issu de l'[[occitan]] ''euse'' qui désigne le « chêne vert », lui-même issu d’''elex'', variante d’''ilex''<ref>[http://www.cnrtl.fr/etymologie/yeuse Site du CNRTL] : Étymologie d’''yeuse''.</ref>{{,}}<ref>[http://www.panoccitan.org/diccionari.aspx?diccion=ch%C3%AAne&lenga=fr Dictionnaire panoccitan] : ''chêne''.</ref>.
La racine [[latin]]e ''quercus'' remonte à l'[[Langues indo-européennes|indo-européen]] ''*perkʷus'', mot lié sur un plan mythologique au nom de l'orage (cf. lituanien ''Perkunias'' « dieu de l'orage »). Le même étymon indo-européen est aussi à l'origine des termes germaniques : vieux haut allemand ''forha'' > allemand ''Föhre'', sorte de sapin, anglo-saxon ''furh'' « sapin » (l'anglais moderne ''fir'' « sapin » est un emprunt au vieux scandinave ''fyra'') et gothique ''fairɧus'' « monde » (c'est-à-dire « arbre du monde » dans la mythologie germanique cf. [[Yggdrasil]]). L'indo-européen ''*perkʷus'' explique aussi le nom de la [[forêt hercynienne]] (''Hercynia silva'') par dérivation lexicale ''*perkʷu-nia'' > ''*perkunia'' > ''hercunia''. La chute de [p] initial de ''*perkunia'' > ''[h]ercunia'' est propre au celtique : le radical ''erc-'' « chêne » étant d'ailleurs attesté en gaulois, en toponymie et en anthroponymie, ex. : ''Erco-lana'' « plaine des chênes » et [[Argonne (région)|Argonne]] de ''*Arcuna'', variante de ''*Ercuna''<ref>{{ouvrage|auteur=Xavier Delamarre|titre=''Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental''|éditeur=[[éditions Errance]]|lieu=Paris|date=2003|isdn=2-87772-237-6|id=delmarre|passage=164-165}}.</ref>.

La racine [[latin]]e ''quercus'' remonte à l'[[Langues indo-européennes|indo-européen]] ''*perkʷus'', mot lié sur un plan mythologique au nom de l'orage (cf. lituanien ''Perkunias'' « dieu de l'orage »). Le même étymon indo-européen est aussi à l'origine des termes germaniques : vieux haut allemand ''forha'' > allemand ''Föhre'', sorte de sapin, anglo-saxon ''furh'' « sapin » (l'anglais moderne ''fir'' « sapin » est un emprunt au vieux scandinave ''fyra'') et gothique ''fairɧus'' « monde » (c'est-à-dire « arbre du monde » dans la mythologie germanique cf. [[Yggdrasil]]).

L'indo-européen ''*perkʷus'' explique aussi le nom de la [[forêt hercynienne]] (''Hercynia silva'') par dérivation lexicale ''*perkʷu-nia'' > ''*perkunia'' > ''hercunia''. La chute de [p] initial de ''*perkunia'' > ''[h]ercunia'' est propre au celtique : le radical ''erc-'' « chêne » étant d'ailleurs attesté en gaulois, en toponymie et en anthroponymie, ex. : ''Erco-lana'' « plaine des chênes » et [[Argonne (région)|Argonne]] de ''*Arcuna'', variante de ''*Ercuna''<ref>{{ouvrage|auteur=Xavier Delamarre|titre=''Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental''|éditeur=[[éditions Errance]]|lieu=Paris|date=2003|isdn=2-87772-237-6|id=delmarre|passage=164-165}}.</ref>.

Autre racine possible : Le mot ''chêne'' est issu du [[Gaulois (langue)|gaulois]] °''cassanos'', par l'intermédiaire d'une forme [[Langues gallo-romanes|gallo-romane]] <small>°CASSANU</small>. Ce mot, attesté par le [[bas latin]] ''cassinus'' et le [[latin médiéval]] ''casnus'', est à l'origine de l'[[ancien français]] ''chasne'', dont les formes ''chaisne'', ''chesne'' ainsi que les variantes dialectales ''caisne'', ''quesne'', etc.

Cassanos et Quercia remonteraient alors tous les deux à une proto langue européenne commune au celte et au latin.


== Caractères biologiques ==
== Caractères biologiques ==
C'est un arbre de 20 à {{unité|30|[[mètre]]s}} de haut. Selon la [[classification de Raunkier]], il fait partie des [[Phanérophyte]]s (mésophanérophytes). Son feuillage est persistant. Il a une longévité de 200 à {{unité|2000|ans}}. Il fait partie des plantes [[Monoécie|monoïques]]. La floraison s'étend d'avril à mai. Il est [[Pollinisation|pollinisé]] spécifiquement par les [[insecte]]s (entomophilie) mais les fruits sont dispersés par de nombreux autres [[Animal|animaux]] ([[zoochorie]]).
C'est un arbre de 20 à {{unité|30|m}} de haut. Selon la [[classification de Raunkier]], il fait partie des [[Phanérophyte]]s (mésophanérophytes). Son feuillage est persistant. Il a une longévité de 200 à {{unité|2000|ans}}. Il fait partie des plantes [[Monoécie|monoïques]]. La floraison s'étend d'avril à mai. Il est [[Pollinisation|pollinisé]] spécifiquement par les [[insecte]]s (entomophilie) mais les fruits sont dispersés par de nombreux autres [[Animal|animaux]] ([[zoochorie]]).


C'est une espèce [[Espèce pionnière|postpionnière]], notamment utilisée pour stabiliser les [[dune]]s du littoral du [[Golfe de Gascogne]] ([[lande mésophile]]).
C'est une [[Espèce pionnière|espèce postpionnière]], notamment utilisée pour stabiliser les [[dune]]s du littoral du [[golfe de Gascogne]] ([[lande mésophile]]).


== Caractères descriptifs ==
== Caractères descriptifs ==
[[Fichier:Quercus ilex leaves 01 by Line1.jpg|thumb|left|redresse|Détail de feuille, vert-bronze sur le dessus et aux poils blancs sur le dessous, adaptation au [[xérophytisme]].]]
[[Fichier:Quercus ilex leaves 01 by Line1.jpg|thumb|left|redresse|Détail de feuille, vert-bronze sur le dessus et aux poils blancs sur le dessous, adaptation au [[xérophytisme]].]]
* Tronc court et souvent tortueux ;
* Tronc court et souvent tortueux ;
* Feuilles alternes, coriaces, petites (longues de 3-9 cm) de forme variable (entières, dentées ou épineuses) avec un pétiole court, vert foncé, luisantes sur le dessus, pubescentes et blanchâtres dessous ;
* Feuilles alternes, coriaces, petites (longues de 3-{{unité|9|cm}}) de forme variable (entières, dentées ou épineuses) avec un pétiole court, vert foncé, luisantes sur le dessus, pubescentes et blanchâtres dessous ;
* Fleurs unisexuées, les mâles sont très abondantes. Ce sont des chatons pendant à la base des pousses de l'année ;
* Fleurs unisexuées, les mâles sont très abondantes. Ce sont des chatons pendant à la base des pousses de l'année ;
* Les glands sont bruns, de dimension variant de 1 à {{unité|3|centimètres}} de long. Ils développent un pivot ondulé portant de courtes racines latérales<ref>[https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00882434/document Etude de l’appareil radical de jeunes plants de Chênes verts] dont le pivot se développe sans amputation, ni déviation - Y. BEISSALAH.</ref>.
* Les [[Gland (fruit)|glands]] sont bruns, de dimension variant de 1 à {{unité|3|cm}} de long.
* Ils développent un pivot ondulé portant de courtes racines latérales<ref>[https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00882434/document Etude de l’appareil radical de jeunes plants de Chênes verts] dont le pivot se développe sans amputation, ni déviation - Y. BEISSALAH.</ref>.


== Distribution ==
== Distribution ==
Le chêne vert est une espèce emblématique du [[Midi de la France]] et de la [[Corse]], où il est avec le [[pin d'Alep]] et le [[genévrier]] l'une des espèces dominantes de la [[garrigue]]. De même, il se trouve notamment dans la plupart des autres secteurs du [[Bassin méditerranéen-Macaronésie]] : [[Péninsule Ibérique]], [[Italie]], [[Croatie]], [[Grèce]], [[Maghreb]]…
Le chêne vert est une espèce emblématique du [[Midi de la France]] et de la [[Corse]], où il est avec le [[pin d'Alep]] et le [[genévrier]] l'une des espèces dominantes de la [[garrigue]]. De même, il se trouve notamment dans la plupart des autres secteurs du [[Bassin méditerranéen-Macaronésie]] : [[Péninsule Ibérique]], [[Italie]], [[Croatie]], [[Grèce]], [[Maghreb]]…


Il peut cependant s'[[Acclimatation|acclimater]] à d'autres [[biomes]] lui convenant. C'est ainsi qu'il est présent sur la majeure partie du [[Géographie de la France|territoire de la France-métropolitaine]] ; à l'exception notamment du [[Géographie du Centre-Val de Loire|Centre Val-de-Loire]] ([[Eure-et-Loir]] excepté), des [[Hauts-de-France]] et du [[Grand Est français|Grand-Est]] (majeure partie de la [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]] et [[Alsace]] exceptées). En outre, il est considéré comme une [[espèce envahissante]] dans les [[Îles Britanniques]]<ref>[https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/116704, Répartition du chêne-vert en France-métropolitaine.]</ref>.
Il peut cependant s'[[Acclimatation|acclimater]] à d'autres [[biomes]] lui convenant. C'est ainsi qu'il est présent sur la majeure partie du [[Géographie de la France|territoire de la France-métropolitaine]] ; à l'exception notamment du [[Géographie du Centre-Val de Loire|Centre Val-de-Loire]] ([[Eure-et-Loir]] et Indre-et-Loire exceptés), des [[Hauts-de-France]] et du [[Grand Est français|Grand-Est]] (majeure partie de la [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]] et [[Alsace]] exceptées). En outre, il est considéré comme une [[espèce envahissante]] dans les [[Îles Britanniques]]<ref>[https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/116704, Répartition du chêne-vert en France-métropolitaine.]</ref>.


== Exigences écologiques ==
== Exigences écologiques ==
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''Quercus ilex'' donne lieu à un [[Polymorphisme (génétique)|polymorphisme]] important.
''Quercus ilex'' donne lieu à un [[Polymorphisme (génétique)|polymorphisme]] important.


''Quercus rotundifolia'' est considéré par certains auteurs comme une sous-espèce de ''Quercus ilex'', parfois comme une espèce distincte<ref>{{lien web|titre=''Quercus rotundifolia'' Lam. (1785) |url=http://www.oaknames.org/search/fullname.asp?id=592 |éditeur=International Oak Society |consulté le=31 décembre 2020}}</ref>.
Les anciennes appellations ''Quercus rotundifolia'' Lam. et ''Quercus ballota'' Desf. sont désormais considérées comme une sous-espèce nommée Quercus ilex subsp. ballota et composée de plusieurs variétés :
* var. planifolia : feuilles de 4 cm, planes, rondes, entières ou presque, vert sombre dessus et dessous, glabres sauf quelques poils stellaires dessous ; écorce lisse.
* var. ballota : feuilles ovales-elliptiques, 1,5 fois plus longues que larges.
* var. parviflora : feuilles lancéolées, entières, de 2-3 × 0,7 cm, à pubescence blanc-jaune.
* var. grandifolia : feuilles de 6 × 4 cm ;
* var. macrocarpa : très gros glands allongés, comestibles ; Espagne du Sud.


{{refnec|
Cette sous-espèce est communément appelée « Chêne vert à glands doux » et est cultivé dans le bassin méditerranéen, en particulier en [[Algérie]]. Elle a les mêmes exigences climatiques que le Chêne vert « standard » et ses fruits, au goût comparable aux [[châtaigne]]s, sont d'autant plus doux que le climat est chaud.
Les anciennes appellations ''Quercus rotundifolia'' Lam. et ''Quercus ballota'' Desf. sont désormais considérées comme une sous-espèce nommée ''Quercus ilex subsp. ballota'' et composée de plusieurs variétés :
* ''var. planifolia'' : feuilles de 4 cm, planes, rondes, entières ou presque, vert sombre dessus et dessous, glabres sauf quelques poils stellaires dessous ; écorce lisse.
* ''var. ballota'' : feuilles ovales-elliptiques, 1,5 fois plus longues que larges.
* ''var. parviflora'' : feuilles lancéolées, entières, de 2-3 × 0,7 cm, à pubescence blanc-jaune.
* ''var. grandifolia'' : feuilles de 6 × 4 cm ;
* ''var. macrocarpa'' : très gros glands allongés, comestibles ; Espagne du Sud.
}}
Cette sous-espèce est communément appelée « Chêne vert à glands doux » et est cultivée dans le bassin méditerranéen, en particulier en [[Algérie]]. Elle a les mêmes exigences climatiques que le Chêne vert « standard » et ses fruits, au goût comparable aux [[châtaigne]]s, sont d'autant plus doux que le climat est chaud.


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=== Trufficulture ===
=== Trufficulture ===
Avec le [[Chêne pubescent]] et le [[Chêne rouvre]], le Chêne vert est une des principales espèces de Chêne utilisée pour la [[trufficulture]].
Avec le [[Chêne pubescent]] et le [[Chêne rouvre]], le Chêne vert est une des principales espèces de Chêne utilisées pour la [[trufficulture]].


=== Reboisement ===
=== Reboisement ===
Compte tenu de sa bonne résistance aux incendies, le Chêne vert est avec le [[Chêne pubescent]] une des principales espèces de Chêne utilisées pour les [[reboisement]]s artificiels.
Compte tenu de sa bonne résistance aux incendies, le Chêne vert est avec le [[Chêne pubescent]] une des principales espèces de Chêne utilisées pour les [[reboisement]]s artificiels.


Pour le [[semis (agriculture)|semis]] de reboisement, mieux vaut cueillir les [[Gland (fruit)|gland]]s plutôt que les récolter au sol. Commencer la cueillette des glands de teinte brune 15 jours après que les premiers glands (généralement tarés) sont tombés au sol. Ne pas conserver les glands en sacs ou autre contenant en plastique. Préférer des sacs de jute ou contenant en bois ajourées (cagettes). Les glands se conservent au frais et à l'humidité dans du sable pendant deux mois. Pour une conservation plus longue, on peut placer un sac perforé (pas de sac fermé hermétiquement) de glands mélangés à du sable au réfrigérateur entre 1 et 4 °C.
Pour le [[semis (agriculture)|semis]] de reboisement, mieux vaut cueillir les [[Gland (fruit)|gland]]s plutôt que les récolter au sol. Commencer la cueillette des glands de teinte brune quinze jours après que les premiers glands (généralement tarés) sont tombés au sol. Ne pas conserver les glands en sacs ou autre contenant en plastique. Préférer des sacs de jute ou des contenants en bois ajourés (cagettes). Les glands se conservent au frais et à l'humidité dans du sable pendant deux mois. Pour une conservation plus longue, on peut placer un sac perforé (pas de sac fermé hermétiquement) de glands mélangés à du sable au réfrigérateur entre 1 et 4 °C.


L'idéal est de planter dès la récolte dans un trou de 30 cm ameubli en tous sens. Pour la plantation en masse, on peut utiliser une canne à semer. Le gland est à semer entre 3 et 5 cm de profondeur. Pour protéger le semis des prédateurs (rats, sangliers), on peut placer par-dessus le gland un carré de grillage fin de 20 cm de côté à mailles de 1 cm. Celui-ci pourra être laissé en place et se dégradera avec le temps.
L'idéal est de planter dès la récolte dans un trou de 30 cm ameubli en tous sens. Pour la plantation en masse, on peut utiliser une canne à semer. Le gland est à semer entre 3 et 5 cm de profondeur. Pour protéger le semis des prédateurs (rats, sangliers), on peut placer par-dessus le gland un carré de grillage fin de 20 cm de côté à mailles de 1 cm. Celui-ci pourra être laissé en place et se dégradera avec le temps.
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== Dans la littérature ==
== Dans la littérature ==
Dans le roman ''[[Le Baron perché]]'' d'[[Italo Calvino]], le baron Côme Laverse du Rondeau grimpe dans une yeuse et reste toute sa vie dans les arbres sans plus mettre pied à terre, afin de prouver à ses contemporains le vrai sens de la liberté et de l'intelligence.
Dans le roman ''[[Le Baron perché]]'' d'[[Italo Calvino]], le baron Côme Laverse du Rondeau grimpe dans une yeuse et reste toute sa vie dans les arbres sans plus mettre pied à terre, afin de prouver à ses contemporains le vrai sens de la liberté et de l'intelligence.

Dans la ''Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres'', [[Charles Péguy]] écrit :
<poem>
Mais vous apparaissez, reine mystérieuse.
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l’extrême horizon ce n’est point une yeuse.
</poem>


== Croyances ==
== Croyances ==
Dans de très nombreuses cultures, le chêne vert représente la force.
Dans de très nombreuses cultures, le chêne vert représente la force.


Dans les [[pays catalans]], cela se traduit par différentes traditions. Dans la région de [[Berga]], on faisait passer les enfants sous les branches d'un chêne vert afin qu'il leur transmette sa force vitale. En [[Roussillon (géographie)|Roussillon]], on faisait de même, mais pour les protéger du mauvais œil. Enfin, dans les [[massif des Albères|Albères]], existait une recette pour être heureux en affaires : après avoir cueilli sept glands un dimanche, les avoir fait griller et réduit en poudre, on versait le tout dans une poche en soie jaune que l'on devait alors garder sur soi<ref>{{Herbes magiques Roussillon}}.</ref>.
Dans les [[pays catalans]], cela se traduit par différentes traditions. Dans la région de [[Berga]], on faisait passer les enfants sous les branches d'un chêne vert afin qu'il leur transmette sa force vitale. En [[Roussillon (géographie)|Roussillon]], on faisait de même, mais pour les protéger du mauvais œil. Enfin, dans les [[massif des Albères|Albères]], existait une recette pour être heureux en affaires : après avoir cueilli sept glands un dimanche, les avoir fait griller et réduits en poudre, on versait le tout dans une pochette de soie jaune que l'on devait alors garder sur soi<ref>{{Herbes magiques Roussillon}}.</ref>.


== Références ==
== Références ==

Dernière version du 6 septembre 2024 à 22:55

Quercus ilex

Le Chêne vert ou Yeuse (Quercus ilex L., 1753) est une espèce d'arbres à feuillage persistant de la famille des Fagacées, présent sous forme de bois clairs et garrigues essentiellement présent dans les régions méditerranéennes. Il est parfois appelé Chêne faux houx[1], allusion au fait que ses feuilles ressemblent à celles du houx (Ilex aquifolium L., 1753).

Étymologie

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Quercus désigne le « chêne » en latin (cf. italien quercia « chêne ») et ilex, « le chêne vert ou yeuse » en latin[2].

Le terme yeuse ([jœz]) est issu de l'occitan euse qui désigne le « chêne vert », lui-même issu d’elex, variante d’ilex[3],[4].

La racine latine quercus remonte à l'indo-européen *perkʷus, mot lié sur un plan mythologique au nom de l'orage (cf. lituanien Perkunias « dieu de l'orage »). Le même étymon indo-européen est aussi à l'origine des termes germaniques : vieux haut allemand forha > allemand Föhre, sorte de sapin, anglo-saxon furh « sapin » (l'anglais moderne fir « sapin » est un emprunt au vieux scandinave fyra) et gothique fairɧus « monde » (c'est-à-dire « arbre du monde » dans la mythologie germanique cf. Yggdrasil).

L'indo-européen *perkʷus explique aussi le nom de la forêt hercynienne (Hercynia silva) par dérivation lexicale *perkʷu-nia > *perkunia > hercunia. La chute de [p] initial de *perkunia > [h]ercunia est propre au celtique : le radical erc- « chêne » étant d'ailleurs attesté en gaulois, en toponymie et en anthroponymie, ex. : Erco-lana « plaine des chênes » et Argonne de *Arcuna, variante de *Ercuna[5].

Autre racine possible : Le mot chêne est issu du gaulois °cassanos, par l'intermédiaire d'une forme gallo-romane °CASSANU. Ce mot, attesté par le bas latin cassinus et le latin médiéval casnus, est à l'origine de l'ancien français chasne, dont les formes chaisne, chesne ainsi que les variantes dialectales caisne, quesne, etc.

Cassanos et Quercia remonteraient alors tous les deux à une proto langue européenne commune au celte et au latin.

Caractères biologiques

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C'est un arbre de 20 à 30 m de haut. Selon la classification de Raunkier, il fait partie des Phanérophytes (mésophanérophytes). Son feuillage est persistant. Il a une longévité de 200 à 2 000 ans. Il fait partie des plantes monoïques. La floraison s'étend d'avril à mai. Il est pollinisé spécifiquement par les insectes (entomophilie) mais les fruits sont dispersés par de nombreux autres animaux (zoochorie).

C'est une espèce postpionnière, notamment utilisée pour stabiliser les dunes du littoral du golfe de Gascogne (lande mésophile).

Caractères descriptifs

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Détail de feuille, vert-bronze sur le dessus et aux poils blancs sur le dessous, adaptation au xérophytisme.
  • Tronc court et souvent tortueux ;
  • Feuilles alternes, coriaces, petites (longues de 3-9 cm) de forme variable (entières, dentées ou épineuses) avec un pétiole court, vert foncé, luisantes sur le dessus, pubescentes et blanchâtres dessous ;
  • Fleurs unisexuées, les mâles sont très abondantes. Ce sont des chatons pendant à la base des pousses de l'année ;
  • Les glands sont bruns, de dimension variant de 1 à 3 cm de long.
  • Ils développent un pivot ondulé portant de courtes racines latérales[6].

Distribution

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Le chêne vert est une espèce emblématique du Midi de la France et de la Corse, où il est avec le pin d'Alep et le genévrier l'une des espèces dominantes de la garrigue. De même, il se trouve notamment dans la plupart des autres secteurs du Bassin méditerranéen-Macaronésie : Péninsule Ibérique, Italie, Croatie, Grèce, Maghreb

Il peut cependant s'acclimater à d'autres biomes lui convenant. C'est ainsi qu'il est présent sur la majeure partie du territoire de la France-métropolitaine ; à l'exception notamment du Centre Val-de-Loire (Eure-et-Loir et Indre-et-Loire exceptés), des Hauts-de-France et du Grand-Est (majeure partie de la Bourgogne et Alsace exceptées). En outre, il est considéré comme une espèce envahissante dans les Îles Britanniques[7].

Exigences écologiques

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Arbre à Aumelas (Hérault) attaqué par le bupreste Coraebus florentinus, dont la larve fore une galerie annulaire qui tue des branches.
  • Espèce thermophile mais résistante au froid ;
  • Espèce héliophile ;
  • Présent sur mull carbonaté à mull calcique ;
  • Espèce xérophile. Le Chêne vert présente plusieurs écotypes en fonction de la sécheresse ambiante. Ainsi la forme de la feuille est adaptée à l'humidité ambiante : en milieu favorable, où l'humidité de l'air n'est pas limitante, il aura des feuilles à limbe presque ovale, tandis qu'en milieu sec, les feuilles seront pour la plupart dentées.

Variétés et sous-espèces

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Quercus ilex donne lieu à un polymorphisme important.

Quercus rotundifolia est considéré par certains auteurs comme une sous-espèce de Quercus ilex, parfois comme une espèce distincte[8].

Les anciennes appellations Quercus rotundifolia Lam. et Quercus ballota Desf. sont désormais considérées comme une sous-espèce nommée Quercus ilex subsp. ballota et composée de plusieurs variétés :

  • var. planifolia : feuilles de 4 cm, planes, rondes, entières ou presque, vert sombre dessus et dessous, glabres sauf quelques poils stellaires dessous ; écorce lisse.
  • var. ballota : feuilles ovales-elliptiques, 1,5 fois plus longues que larges.
  • var. parviflora : feuilles lancéolées, entières, de 2-3 × 0,7 cm, à pubescence blanc-jaune.
  • var. grandifolia : feuilles de 6 × 4 cm ;
  • var. macrocarpa : très gros glands allongés, comestibles ; Espagne du Sud.

Cette sous-espèce est communément appelée « Chêne vert à glands doux » et est cultivée dans le bassin méditerranéen, en particulier en Algérie. Elle a les mêmes exigences climatiques que le Chêne vert « standard » et ses fruits, au goût comparable aux châtaignes, sont d'autant plus doux que le climat est chaud.

Trufficulture

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Avec le Chêne pubescent et le Chêne rouvre, le Chêne vert est une des principales espèces de Chêne utilisées pour la trufficulture.

Reboisement

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Compte tenu de sa bonne résistance aux incendies, le Chêne vert est avec le Chêne pubescent une des principales espèces de Chêne utilisées pour les reboisements artificiels.

Pour le semis de reboisement, mieux vaut cueillir les glands plutôt que les récolter au sol. Commencer la cueillette des glands de teinte brune quinze jours après que les premiers glands (généralement tarés) sont tombés au sol. Ne pas conserver les glands en sacs ou autre contenant en plastique. Préférer des sacs de jute ou des contenants en bois ajourés (cagettes). Les glands se conservent au frais et à l'humidité dans du sable pendant deux mois. Pour une conservation plus longue, on peut placer un sac perforé (pas de sac fermé hermétiquement) de glands mélangés à du sable au réfrigérateur entre 1 et 4 °C.

L'idéal est de planter dès la récolte dans un trou de 30 cm ameubli en tous sens. Pour la plantation en masse, on peut utiliser une canne à semer. Le gland est à semer entre 3 et 5 cm de profondeur. Pour protéger le semis des prédateurs (rats, sangliers), on peut placer par-dessus le gland un carré de grillage fin de 20 cm de côté à mailles de 1 cm. Celui-ci pourra être laissé en place et se dégradera avec le temps.

Dans la littérature

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Dans le roman Le Baron perché d'Italo Calvino, le baron Côme Laverse du Rondeau grimpe dans une yeuse et reste toute sa vie dans les arbres sans plus mettre pied à terre, afin de prouver à ses contemporains le vrai sens de la liberté et de l'intelligence.

Dans la Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, Charles Péguy écrit :

Mais vous apparaissez, reine mystérieuse.
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l’extrême horizon ce n’est point une yeuse.

Dans de très nombreuses cultures, le chêne vert représente la force.

Dans les pays catalans, cela se traduit par différentes traditions. Dans la région de Berga, on faisait passer les enfants sous les branches d'un chêne vert afin qu'il leur transmette sa force vitale. En Roussillon, on faisait de même, mais pour les protéger du mauvais œil. Enfin, dans les Albères, existait une recette pour être heureux en affaires : après avoir cueilli sept glands un dimanche, les avoir fait griller et réduits en poudre, on versait le tout dans une pochette de soie jaune que l'on devait alors garder sur soi[9].

Références

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  1. Flore forestière française — Tome 3.
  2. Ilex.
  3. Site du CNRTL : Étymologie d’yeuse.
  4. Dictionnaire panoccitan : chêne.
  5. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, éditions Errance, , p. 164-165.
  6. Etude de l’appareil radical de jeunes plants de Chênes verts dont le pivot se développe sans amputation, ni déviation - Y. BEISSALAH.
  7. Répartition du chêne-vert en France-métropolitaine.
  8. « Quercus rotundifolia Lam. (1785) », International Oak Society (consulté le )
  9. Joan Tocabens, Herbes magiques et petites formules : Sorcellerie en Roussillon et autres Pays Catalans, Perpignan, Ultima Necat, , 141 p. (ISBN 978-2-36771-002-0).

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Bibliographie

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  • Maria Francesca Cotrufo, Amalia Virzo De Santo, Anna Alfani, Giovanni Bartoli, Annunziata De Cristofaro (1995) Effects of urban heavy metal pollution on organic matter decomposition in Quercus ilex ; L. Woods. Environmental Pollution 89: 81-87 (résumé)

Liens externes

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