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'''Maewo''' (autrefois '''Aurore''' ou '''{{langue|en|Aurora Island}}''') est une île du [[Vanuatu]]. Elle fait partie, avec [[Ambae]] et l’[[île de Pentecôte]], de la province de [[Pénama|Penama]].
'''Maewo''' (autrefois '''Aurore''' ou '''{{langue|en|Aurora Island}}''') est une île du [[Vanuatu]]. Elle fait partie, avec [[Ambae]] et l’[[île de Pentecôte]], de la province de [[Pénama|Penama]].


Peuplée depuis {{unité|3000 à 5000 ans}}, Maewo est habitée presque exclusivement sur sa côte ouest, protégée des vents violents de l’est. Son terrain escarpé favorise l’apparition de nombreuses langues et cultures, malgré la petite taille de l’île. Baptisée ''Aurore'' par l'explorateur [[Louis-Antoine de Bougainville]], qui passe à proximité en 1768, elle n’attire que peu de colons mais est évangélisée à partir des années 1870. La population est rapidement décimée par des maladies apportées par les Européens, perdant probablement plusieurs milliers d’habitants.
Peuplée depuis trois à cinq mille ans, Maewo est habitée presque exclusivement sur sa côte ouest, protégée des vents violents de l’est. Son terrain escarpé favorise l’apparition de nombreuses langues et cultures, malgré la petite taille de l’île. Baptisée ''Aurore'' par l'explorateur [[Louis-Antoine de Bougainville]], qui passe à proximité en 1768, elle n’attire que peu de colons mais est évangélisée à partir des années 1870. La population est rapidement décimée par des maladies apportées par les Européens, perdant probablement plusieurs milliers d’habitants.


Après l’[[Histoire du Vanuatu|indépendance du Vanuatu en 1980]], Maewo est intégrée à la province de Penama. Lors de l’éruption du [[Manaro Voui]], qui contraint tous les habitants de l’île voisine d’Ambae à évacuer pendant plusieurs mois, Maewo est officiellement désignée « seconde maison » pour les réfugiés.
Après l’[[Histoire du Vanuatu|indépendance du Vanuatu en 1980]], Maewo est intégrée à la province de Penama. Lors de l’éruption du [[Manaro Voui]] en 2017-2018 qui contraignit tous les habitants de l’île voisine d’Ambae à l’évacuer pendant plusieurs mois, Maewo fut officiellement désignée {{citation|seconde maison}} pour les réfugiés.


Il n’y a aucune ville à Maewo. L’économie repose très largement sur l’[[agriculture vivrière]], et la [[Pêche (halieutique)|pêche]] y est très développée. L’île compte quelques cliniques médicales et un [[aérodrome]], et l’électricité est produite à plus de 95 % par l’[[Énergie solaire photovoltaïque|énergie solaire]].
Il n’y a aucune ville à Maewo. L’économie repose très largement sur l’[[agriculture vivrière]], et la [[Pêche (halieutique)|pêche]] y est très développée. L’île compte quelques cliniques médicales et un [[aérodrome]], et l’électricité est produite à plus de {{pourcentage|95}} par l’[[Énergie solaire photovoltaïque|énergie solaire]].


Bien que ses habitants se déclarent tous chrétiens, certaines légendes ont survécu à l'évangélisation. Des rites et coutumes traditionnels, hérités d'anciens groupes secrets auxquels on attribuait des pouvoirs magiques, perdurent aujourd’hui. Maewo est aussi l’une des rares îles du Vanuatu à avoir des femmes-chefs.
Bien que ses habitants se déclarent tous [[Chrétien|chrétiens]], certaines légendes ont survécu à l'évangélisation. Des rites et coutumes traditionnels, hérités d'anciens groupes secrets auxquels on attribuait des pouvoirs magiques, perdurent aujourd’hui. Maewo est aussi l’une des rares îles du Vanuatu à avoir des femmes-chefs.


== Géographie ==
== Géographie ==


=== Topographie ===
=== Topographie ===
Maewo est une île volcanique de l'archipel du [[Vanuatu]], située à l'est d'[[Ambae]] et au nord de l'[[Île de Pentecôte]], dont elle est séparée par le passage de Patteson{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=590}}. Elle est apparue il y a environ 18 millions d'années, en même temps que l'Île de Pentecôte{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=254}}. Elle a une superficie de {{Unité|304|km|2}}<ref name=":02" />, avec {{Unité|47|km}} de long pour seulement {{Unité|5|km}} de large en moyenne{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=252}}, et son point culminant, le mont Taweti, atteint {{Unité|811|mètres}} d'altitude<ref>{{en}} {{Lien web |langue=en |titre=Islands of Vanuatu |url=http://islands.unep.ch/ILT.htm#1073 |site=UN System-Wide Earthwatch |consulté le=14 décembre 2021}}</ref>. L'île est recouverte de forêt à 95 %<ref>{{Lien web |langue=en |titre=South Maewo, Penama, Vanuatu Deforestation Rates & Statistics |url=https://www.globalforestwatch.org/dashboards/country/VUT/2/8/?category=summary&dashboardPrompts=eyJzaG93UHJvbXB0cyI6dHJ1ZSwicHJvbXB0c1ZpZXdlZCI6WyJkb3dubG9hZERhc2hib2FyZFN0YXRzIiwiZGFzaGJvYXJkQW5hbHlzZXMiXSwic2V0dGluZ3MiOnsic2hvd1Byb21wdHMiOnRydWUsInByb21wdHNWaWV3ZWQiOlsiZG93bmxvYWREYXNoYm9hcmRTdGF0cyJdLCJzZXR0aW5ncyI6eyJzaG93UHJvbXB0cyI6dHJ1ZSwicHJvbXB0c1ZpZXdlZCI6W10sInNldHRpbmdzIjp7Im9wZW4iOmZhbHNlLCJzdGVwSW5kZXgiOjAsInN0ZXBzS2V5IjoiIn0sIm9wZW4iOnRydWUsInN0ZXBzS2V5IjoiZG93bmxvYWREYXNoYm9hcmRTdGF0cyJ9LCJvcGVuIjp0cnVlLCJzdGVwSW5kZXgiOjAsInN0ZXBzS2V5IjoiZGFzaGJvYXJkQW5hbHlzZXMifSwic3RlcHNLZXkiOiJkYXNoYm9hcmRBbmFseXNlcyIsInN0ZXBJbmRleCI6LTEsImZvcmNlIjp0cnVlfQ%3D%3D&lang=en&location=WyJjb3VudHJ5IiwiVlVUIiwiMiIsIjgiXQ%3D%3D&map=eyJjZW50ZXIiOnsibGF0IjotMTUuMjU4ODc3MjQ5MDYzODYxLCJsbmciOjE2OC4xMzc5MzE4MjQwMDM1Mn0sInpvb20iOjEwLjA5ODk0Njk4ODkzMzU0MSwiY2FuQm91bmQiOmZhbHNlLCJkYXRhc2V0cyI6W3sib3BhY2l0eSI6MC43LCJ2aXNpYmlsaXR5Ijp0cnVlLCJkYXRhc2V0IjoicHJpbWFyeS1mb3Jlc3RzIiwibGF5ZXJzIjpbInByaW1hcnktZm9yZXN0cy0yMDAxIl19LHsiZGF0YXNldCI6InBvbGl0aWNhbC1ib3VuZGFyaWVzIiwibGF5ZXJzIjpbImRpc3B1dGVkLXBvbGl0aWNhbC1ib3VuZGFyaWVzIiwicG9saXRpY2FsLWJvdW5kYXJpZXMiXSwiYm91bmRhcnkiOnRydWUsIm9wYWNpdHkiOjEsInZpc2liaWxpdHkiOnRydWV9LHsiZGF0YXNldCI6InRyZWUtY292ZXItbG9zcyIsImxheWVycyI6WyJ0cmVlLWNvdmVyLWxvc3MiXSwib3BhY2l0eSI6MSwidmlzaWJpbGl0eSI6dHJ1ZSwidGltZWxpbmVQYXJhbXMiOnsic3RhcnREYXRlIjoiMjAwMi0wMS0wMSIsImVuZERhdGUiOiIyMDIwLTEyLTMxIiwidHJpbUVuZERhdGUiOiIyMDIwLTEyLTMxIn0sInBhcmFtcyI6eyJ0aHJlc2hvbGQiOjMwLCJ2aXNpYmlsaXR5Ijp0cnVlfX1dfQ%3D%3D&showMap=true |site=Global Forest Watch |consulté le=14 décembre 2021}}</ref>, avec de nombreux cours d'eau{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=592}}. Ses côtes est et sud sont principalement constituées de falaises, et sa côte nord de plages de sable noir{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=253}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=592}}.
Maewo est une île volcanique de l'archipel du [[Vanuatu]] située à l'est d'[[Ambae]] et au nord de l'[[île de Pentecôte]], dont elle est séparée par le passage de Patteson{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=590}}. Elle est apparue il y a environ {{unité|18 millions}} d'années, en même temps que l'île de Pentecôte{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=254}}. Elle a une superficie de {{Unité|304|km|2}}<ref name=":02" />, avec {{Unité|47|km}} de long pour seulement {{Unité|5|km}} de large en moyenne{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=252}}, et son point culminant, le mont Taweti, atteint {{Unité|811|mètres}} d'altitude<ref>{{en}} {{Lien web |langue=en |titre=Islands of Vanuatu |url=http://islands.unep.ch/ILT.htm#1073 |site=UN System-Wide Earthwatch |consulté le=14 décembre 2021}}</ref>. L'île est recouverte de forêt à {{pourcentage|95}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=South Maewo, Penama, Vanuatu Deforestation Rates & Statistics |url=https://www.globalforestwatch.org/dashboards/country/VUT/2/8/?category=summary&dashboardPrompts=eyJzaG93UHJvbXB0cyI6dHJ1ZSwicHJvbXB0c1ZpZXdlZCI6WyJkb3dubG9hZERhc2hib2FyZFN0YXRzIiwiZGFzaGJvYXJkQW5hbHlzZXMiXSwic2V0dGluZ3MiOnsic2hvd1Byb21wdHMiOnRydWUsInByb21wdHNWaWV3ZWQiOlsiZG93bmxvYWREYXNoYm9hcmRTdGF0cyJdLCJzZXR0aW5ncyI6eyJzaG93UHJvbXB0cyI6dHJ1ZSwicHJvbXB0c1ZpZXdlZCI6W10sInNldHRpbmdzIjp7Im9wZW4iOmZhbHNlLCJzdGVwSW5kZXgiOjAsInN0ZXBzS2V5IjoiIn0sIm9wZW4iOnRydWUsInN0ZXBzS2V5IjoiZG93bmxvYWREYXNoYm9hcmRTdGF0cyJ9LCJvcGVuIjp0cnVlLCJzdGVwSW5kZXgiOjAsInN0ZXBzS2V5IjoiZGFzaGJvYXJkQW5hbHlzZXMifSwic3RlcHNLZXkiOiJkYXNoYm9hcmRBbmFseXNlcyIsInN0ZXBJbmRleCI6LTEsImZvcmNlIjp0cnVlfQ%3D%3D&lang=en&location=WyJjb3VudHJ5IiwiVlVUIiwiMiIsIjgiXQ%3D%3D&map=eyJjZW50ZXIiOnsibGF0IjotMTUuMjU4ODc3MjQ5MDYzODYxLCJsbmciOjE2OC4xMzc5MzE4MjQwMDM1Mn0sInpvb20iOjEwLjA5ODk0Njk4ODkzMzU0MSwiY2FuQm91bmQiOmZhbHNlLCJkYXRhc2V0cyI6W3sib3BhY2l0eSI6MC43LCJ2aXNpYmlsaXR5Ijp0cnVlLCJkYXRhc2V0IjoicHJpbWFyeS1mb3Jlc3RzIiwibGF5ZXJzIjpbInByaW1hcnktZm9yZXN0cy0yMDAxIl19LHsiZGF0YXNldCI6InBvbGl0aWNhbC1ib3VuZGFyaWVzIiwibGF5ZXJzIjpbImRpc3B1dGVkLXBvbGl0aWNhbC1ib3VuZGFyaWVzIiwicG9saXRpY2FsLWJvdW5kYXJpZXMiXSwiYm91bmRhcnkiOnRydWUsIm9wYWNpdHkiOjEsInZpc2liaWxpdHkiOnRydWV9LHsiZGF0YXNldCI6InRyZWUtY292ZXItbG9zcyIsImxheWVycyI6WyJ0cmVlLWNvdmVyLWxvc3MiXSwib3BhY2l0eSI6MSwidmlzaWJpbGl0eSI6dHJ1ZSwidGltZWxpbmVQYXJhbXMiOnsic3RhcnREYXRlIjoiMjAwMi0wMS0wMSIsImVuZERhdGUiOiIyMDIwLTEyLTMxIiwidHJpbUVuZERhdGUiOiIyMDIwLTEyLTMxIn0sInBhcmFtcyI6eyJ0aHJlc2hvbGQiOjMwLCJ2aXNpYmlsaXR5Ijp0cnVlfX1dfQ%3D%3D&showMap=true |site=Global Forest Watch |consulté le=14 décembre 2021}}</ref>, avec de nombreux cours d'eau{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=592}}. Ses côtes est et sud sont principalement constituées de [[falaise]]s, et sa côte nord de [[Plage de sable noir|plages de sable noir]]{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=253}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|5=1944|p=592}}.


=== Environnement ===
=== Environnement ===
Maewo a un climat [[Climat équatorial|équatorial]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Climate: Penama |url=https://en.climate-data.org/oceania/vanuatu/penama-1977/ |site=climate-data.org |consulté le=17 décembre 2021}}</ref> et est l'île la plus humide du Vanuatu, avec en moyenne {{Unité|4500|mm}} de précipitations par an{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=252}}. La côte ouest est protégée des vents violents venant de l’est, ce qui rend la zone propice à la pêche<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Atlas des pêcheries côtières de Vanuatu - Le climat et ses implications pour la pêche |url=http://www.cartographie.ird.fr/atlas_vanuatu/vanuatu/partie1/pdf_web/carte17.pdf |site=cartographie.ird.fr |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. Cependant des cyclones balaient régulièrement l’île : le [[cyclone Pam]] en mars 2015<ref>{{Article|langue=en|auteur institutionnel=Vanuatu Ministry of Health|titre=Tropical Cyclone Pam: Vanuatu|périodique=Health Cluster Bulletin|date=18 avril 2015|lire en ligne=https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Vanuatu%20health-cluster-18apr2015.pdf}}</ref>, ou le [[cyclone Harold]] en avril 2020, causent de gros dégâts<ref>{{Article|langue=en|auteur institutionnel=Food and Agricultural Organization of the United Nations|titre=Tropical Cyclone Harold caused widespread damage to the agriculture sector|périodique=GIEWS Update|date=8 mai 2020|lire en ligne=https://www.fao.org/3/ca8977en/ca8977en.pdf}}</ref>.
De climat [[Climat équatorial|équatorial]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Climate: Penama |url=https://en.climate-data.org/oceania/vanuatu/penama-1977/ |site=climate-data.org |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>, Maewo est l'île la plus humide du Vanuatu, avec en moyenne {{Unité|4500|mm}} de précipitations par an{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=252}}. La côte ouest est protégée des vents violents venant de l’est, ce qui rend la zone propice à la [[pêche (halieutique)|pêche]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Atlas des pêcheries côtières de Vanuatu - Le climat et ses implications pour la pêche |url=http://www.cartographie.ird.fr/atlas_vanuatu/vanuatu/partie1/pdf_web/carte17.pdf |site=cartographie.ird.fr |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. Cependant, des [[cyclone]]s balaient régulièrement l’île, comme [[cyclone Pam|Pam]] en {{date-|mars 2015}}<ref>{{Article|langue=en|auteur institutionnel=Vanuatu Ministry of Health|titre=Tropical Cyclone Pam: Vanuatu|périodique=Health Cluster Bulletin|date=18 avril 2015|lire en ligne=https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Vanuatu%20health-cluster-18apr2015.pdf}}</ref> ou [[cyclone Harold|Harold]] en {{date-|avril 2020}}, qui causent de gros dégâts<ref>{{Article|langue=en|auteur institutionnel=Food and Agricultural Organization of the United Nations|titre=Tropical Cyclone Harold caused widespread damage to the agriculture sector|périodique=GIEWS Update|date=8 mai 2020|lire en ligne=https://www.fao.org/3/ca8977en/ca8977en.pdf}}</ref>.


Contrairement à [[Ambae]], il n’y a pas de zone naturelle protégée sur Maewo. On y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux, dont quelques-unes sont endémiques du Vanuatu, comme le [[carpophage de Baker]] et le [[ptilope de Tanna]], ainsi que des espèces vulnérables, comme le [[lori des palmiers]], le [[pétrel de Gould]], le [[pétrel à collier]] et le [[pétrel à col blanc]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Maewo |url=https://avibase.bsc-eoc.org/checklist.jsp?region=VUmw&list=howardmoore |site=Avibase |date=24 juin 2003 |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. En 2002-2003, deux genres de papillons dont la présence n’est jusque-là pas attestée au Vanuatu sont observés sur Maewo : ''[[Prosotas]]'' et ''{{Lien|langue=en|trad=Petrelaea|fr=Petrelaea}}''<ref>{{Article|langue=en|auteur1=John Tennent|titre=Butterflies of Vanuatu, with notes on their biogeography|périodique=Nachrichten des entomologischen Vereins Apollo|date=2004|lire en ligne=https://ia903201.us.archive.org/2/items/nachrichten-des-entomologischen-vereins-apollo-25-079-096/nachrichten-des-entomologischen-vereins-apollo-25-079-096.pdf}}</ref>. Quatre espèces invasives sont répertoriées sur l'île : [[Solanum torvum|aubergine sauvage]], [[Mikania micrantha|liane américaine]], [[Decalobanthus peltatus|''Merremia peltata'']] et ''[[Sida acuta]]''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Invasive Species in Vanuatu |url=http://livelearn.org/assets/media/docs/resources/Invasive_Species_Vanuatu_PocketGuide.pdf |date=2015 |consulté le=1 décembre 2021}}</ref>.
Contrairement à [[Ambae]], Maewo ne compte aucune zone naturelle protégée. On y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux, dont quelques-unes sont [[Endémisme|endémiques]] du Vanuatu, comme le [[carpophage de Baker]] et le [[ptilope de Tanna]], ainsi que des espèces vulnérables, comme le [[lori des palmiers]], le [[pétrel de Gould]], le [[pétrel à collier]] et le [[pétrel à col blanc]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Maewo |url=https://avibase.bsc-eoc.org/checklist.jsp?region=VUmw&list=howardmoore |site=Avibase |date=24 juin 2003 |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. En 2002-2003, deux genres de papillons dont la présence n’est jusque-là pas attestée au Vanuatu sont observés sur Maewo : ''[[Prosotas]]'' et ''{{Lien|langue=en|trad=Petrelaea|fr=Petrelaea}}''<ref>{{Article|langue=en|auteur1=John Tennent|titre=Butterflies of Vanuatu, with notes on their biogeography|périodique=Nachrichten des entomologischen Vereins Apollo|date=2004|lire en ligne=https://ia903201.us.archive.org/2/items/nachrichten-des-entomologischen-vereins-apollo-25-079-096/nachrichten-des-entomologischen-vereins-apollo-25-079-096.pdf}}</ref>. Quatre espèces invasives sont répertoriées sur l'île : [[Solanum torvum|aubergine sauvage]], [[Mikania micrantha|liane américaine]], [[Decalobanthus peltatus|''Merremia peltata'']] et ''[[Sida acuta]]''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Invasive Species in Vanuatu |url=http://livelearn.org/assets/media/docs/resources/Invasive_Species_Vanuatu_PocketGuide.pdf |date=2015 |consulté le=1 décembre 2021}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==


=== Époque pré-coloniale ===
=== Époque pré-coloniale ===
Maewo semble être habitée depuis {{unité|3000 à 5000 ans}}{{Sfn|Crowe|1992|p=186-189}}. Comme sur l’[[Île de Pentecôte]] et une partie d’[[Ambae]], la société est traditionnellement [[Famille matrilinéaire|matrilinéaire]] et les villages sont régis par des chefs, dont le pouvoir n’est pas héréditaire{{Sfn|Crowe|1992|p=186-189}} : afin de monter en grade socialement, les hommes doivent sacrifier des [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]] lors de cérémonies, une organisation sociale typique du nord du Vanuatu{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=254}}. Certaines communautés sont régies par des femmes, qui passent par des cérémonies de montée en grades similaires, un fait rare en [[Mélanésie]]{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=1-5}}.
Maewo semble être habitée depuis {{unité|3000 à 5000 ans}}{{Sfn|Crowe|1992|p=186-189}}. Comme sur l’[[île de Pentecôte]] et une partie d’[[Ambae]], la société est traditionnellement [[Famille matrilinéaire|matrilinéaire]] et les villages sont régis par des chefs, dont le pouvoir n’est pas héréditaire{{Sfn|Crowe|1992|p=186-189}} : afin de monter en grade socialement, les hommes doivent sacrifier des [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]] lors de cérémonies, une organisation sociale typique du nord du Vanuatu{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=254}}. Certaines communautés sont régies par des femmes qui passent par des cérémonies de montée en grade similaires, un fait rare en [[Mélanésie]]{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=1-5}}.


La côte est de Maewo est quasiment inhabitée, la population étant surtout concentrée à l’ouest, avec aussi quelques villages au centre, dans les hauteurs{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=256}}. Le terrain escarpé ayant obligé les habitants à vivre dans des hameaux parfois très éloignés les uns des autres, il y a une grande diversité culturelle et de nombreuses langues au sein de l'île{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=248}}. L’archéologie a mis au jour des tessons de poterie similaires à d’autres trouvés à [[Ambae]], [[Malekula]], [[Île de Pentecôte|Pentecôte]] et [[Espiritu Santo]], ce qui indique des échanges ou des migrations entre ces différentes îles{{Sfn|Garanger|1972|p=103-120}}.
La côte est de Maewo est quasiment inhabitée, la population étant surtout concentrée à l’ouest, avec aussi quelques villages au centre, dans les hauteurs{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=256}}. Le terrain escarpé ayant obligé les habitants à vivre dans des hameaux parfois très éloignés les uns des autres, l'île abrite une grande diversité culturelle, avec de nombreuses [[Langues au Vanuatu|langues]]{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=248}}. L’archéologie a mis au jour des tessons de poterie similaires à d’autres trouvés à Ambae, [[Malekula]], Pentecôte et [[Espiritu Santo]], ce qui indique des échanges ou des migrations entre ces différentes îles{{Sfn|Garanger|1972|p=103-120}}.


=== Colonisation ===
=== Colonisation ===
L’île est aperçue par l'Espagnol [[Pedro Fernandes de Queirós|Pedro Fernandes de Queiros]] en 1606, puis par le Français [[Louis-Antoine de Bougainville]] le 22 mai 1768. Il n’y accoste pas, mais la baptise Aurore{{Sfn|Ray|1926|p=420}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|p=590|1944}}, anglicisé en Aurora.
L’île est aperçue par l'Espagnol [[Pedro Fernandes de Queirós]] en 1606, puis par le Français [[Louis-Antoine de Bougainville]] le 22 mai 1768. Ce dernier n’y accoste pas, mais la baptise « Aurore{{Sfn|Ray|1926|p=420}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|p=590|1944}} », toponyme anglicisé en ''{{langue|en|Aurora}}''.


L’île est évangélisée à partir des années 1870 par la [[Melanesian Mission|Mission anglicane mélanésienne]], qui s’implante à Tanoriki{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=254}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}. Dans le même temps, des tensions naissent entre les Européens et les habitants de Maewo, victimes du ''[[blackbirding]]''{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=254}} (une forme d'esclavage ayant cours dans les îles du Pacifique, dont certains habitants sont enlevés pour travailler dans des plantations en [[Australie]]). En revanche, à cause de la difficulté du climat et du terrain, très peu de colons se sont installés sur l’île{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=252}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}. À la fin du {{s-|XIX}}, la population est décimée par les maladies apportées par les Européens. Le nombre d’habitants serait passé de plusieurs milliers de personnes avant la colonisation à 400 en 1936{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=254}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}.
L’île est évangélisée à partir des années 1870 par la [[Melanesian Mission|Mission anglicane mélanésienne]], qui s’implante à Tanoriki{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=254}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}. Dans le même temps, des tensions naissent entre les Européens et les habitants de Maewo, victimes du ''[[blackbirding]]''{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=254}} (une forme d'[[esclavage]] ayant eu cours dans la seconde moitié du {{S-|XIX}} dans les îles du Pacifique, dont certains habitants étaient enlevés pour travailler dans des plantations en [[Australie]]). En revanche, à cause de la difficulté du climat et du terrain, très peu de colons s'installent sur l’île{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=252}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}. À la fin du {{s-|XIX}}, la population est décimée par les maladies apportées par les Européens. Le nombre d’habitants serait passé de plusieurs milliers de personnes avant la colonisation à seulement 400 en 1936{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=254}}{{,}}{{Sfn|Naval Intelligence Division|1944|p=592}}.


=== Depuis l'indépendance ===
=== Depuis l'indépendance ===
Dans les années qui précèdent l'indépendance du [[condominium des Nouvelles-Hébrides]], une colonie franco-britannique créée en 1906, de nombreux habitants de Maewo rejoignent le parti [[Nagriamel]], un des deux principaux partis indépendantistes{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=254}}. Les Nouvelles-Hébrides prennent finalement leur indépendance en 1980 pour devenir le Vanuatu, et le parti Nagriamel échoue à s'imposer au parlement face au [[Vanua'aku Pati]]. En 1994, le Vanuatu est divisé en 6 provinces<ref name=":02">{{Lien web |langue=en |titre=About Vanuatu |url=https://www.gov.vu/index.php/about/about-vanuatu |site=gov.vu |consulté le=1 décembre 2021}}</ref>. Maewo, [[Ambae]] et l'[[île de Pentecôte]] forment la province de [[Pénama|Penama]]{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=248}}.
Dans les années qui précèdent l'indépendance du [[condominium des Nouvelles-Hébrides]], colonie franco-britannique créée en 1906, de nombreux habitants de Maewo rejoignent [[Nagriamel]], l'un des deux principaux partis indépendantistes{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=254}}. Les Nouvelles-Hébrides prennent finalement leur indépendance en 1980 pour devenir le Vanuatu, mais le parti Nagriamel échoue alors à s'imposer au parlement face au [[Vanua'aku Pati]]. En 1994, le Vanuatu est divisé en six provinces<ref name=":02">{{Lien web |langue=en |titre=About Vanuatu |url=https://www.gov.vu/index.php/about/about-vanuatu |site=gov.vu |consulté le=1 décembre 2021}}</ref>. Maewo, Ambae et l'île de Pentecôte forment la province de [[Pénama]]{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=248}}.


En 2018, l’île voisine d’Ambae est entièrement évacuée à cause de l’éruption du [[Manaro Voui]]. Maewo est alors officiellement désignée ''{{citation|{{langue|en|second home}}}}''<ref group="Note">Deuxième maison, deuxième lieu de résidence.</ref> pour les habitants d’Ambae, et près de {{nombre|3000|personnes}} s’y installent, les autres se réfugiant notamment à [[Espiritu Santo]], [[Île de Pentecôte|Pentecôte]], [[Éfaté|Efate]] et [[Malo (île)|Malo]]{{Sfn|Vanuatu National Disaster Management Office|2018|p=3-4}}{{,}}<ref name=":0">{{Article|langue=en|titre=The first 'second homes' on Maewo|périodique=Vanuatu Daily Post|date=21 mai 2019|lire en ligne=https://www.dailypost.vu/news/the-first-second-homes-on-maewo/article_f3bd4865-b837-5466-8d9e-827e44ffe4e3.html}}</ref>. Le programme ''{{langue|en|second home}}'', organisé par le gouvernement vanuatais, les chefs de village et les habitants eux-mêmes, comprend l’accueil d’évacués dans des familles et la construction de maisons. Le gouvernement vanuatais soutient financièrement ce programme, mais certains habitants de Maewo donnent de leurs propres ressources, notamment du bois de construction et des terres cultivables{{Sfn|Vanuatu National Disaster Management Office|2018|p=3-4}}{{,}}<ref name=":0" />.
En 2018, l’île voisine d’Ambae est entièrement évacuée à cause de l’éruption du [[Manaro Voui]]. Maewo est alors officiellement désignée ''{{citation|{{langue|en|second home}}}}''<ref group="Note">« Deuxième maison », « deuxième lieu de résidence ».</ref> pour les habitants d’Ambae, et près de {{nombre|3000|personnes}} s’y installent, les autres se réfugiant notamment à Espiritu Santo, Pentecôte, [[Éfaté|Efate]] et [[Malo (île)|Malo]]{{Sfn|Vanuatu National Disaster Management Office|2018|p=3-4}}{{,}}<ref name=":0">{{Article|langue=en|titre=The first 'second homes' on Maewo|périodique=Vanuatu Daily Post|date=21 mai 2019|lire en ligne=https://www.dailypost.vu/news/the-first-second-homes-on-maewo/article_f3bd4865-b837-5466-8d9e-827e44ffe4e3.html}}</ref>. Le programme ''{{langue|en|Second Home}}'', organisé par le gouvernement vanuatais, les chefs de village et les habitants eux-mêmes, comprend l’accueil d’évacués dans des familles et la construction de maisons. Le gouvernement vanuatais soutient financièrement ce programme, mais certains habitants de Maewo donnent de leurs propres ressources, notamment du bois de construction et des terres cultivables{{Sfn|Vanuatu National Disaster Management Office|2018|p=3-4}}{{,}}<ref name=":0" />.


Finalement, en 2020, 80 % des habitants d’Ambae sont revenus vivre sur leur île. Certaines maisons construites pour les évacués et désormais inhabitées bénéficient aux habitants de Maewo, qui s’en servent comme maisons d’hôte. Ces maisons sont toujours allouées à l’accueil de réfugiés d’Ambae en cas de nouvelle éruption<ref name=":0" />.
Finalement, en 2020, 80 % des habitants d’Ambae sont retournés vivre sur leur île. Certaines maisons construites pour les évacués et désormais inhabitées profitent aux habitants de Maewo, qui s’en servent comme [[Chambre d'hôtes|maisons d’hôte]]. Ces maisons sont toujours allouées à l’accueil de réfugiés d’Ambae en cas de nouvelle éruption<ref name=":0" />.


== Population et société ==
== Population et société ==
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=== Démographie ===
=== Démographie ===
La population de Maewo, décimée à la fin du {{s-|XIX}}, atteint {{nombre|3577|habitants}} en 2016<ref name=":4">{{Lien web |langue=en |titre=Penama Province Mini-Census 2016 |url=https://vnso.gov.vu/images/Public_Documents/Census_Surveys/Census/2016/Provincial_Fact-sheets/Penama_Factsheet.pdf |consulté le=17 décembre 2021}}</ref> et {{formatnum:4654}} en 2020<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=2020 National Population and Housing Census |url=https://vnso.gov.vu/images/Pictures/Census/2020_census/Census_Volume_1/2020NPHC_Volume_1.pdf |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. Le nord est plus peuplé que le sud, et Maewo est l’île la moins peuplée de la province de [[Pénama|Penama]] (qui compte près de {{nombre|10000|habitants}} à [[Ambae]] et {{formatnum:21000}} sur l’[[Île de Pentecôte]], en 2020)<ref name=":6" />.
La population de Maewo, décimée à la fin du {{s-|XIX}}, atteint {{nombre|3577|habitants}} en 2016<ref name=":4">{{Lien web |langue=en |titre=Penama Province Mini-Census 2016 |url=https://vnso.gov.vu/images/Public_Documents/Census_Surveys/Census/2016/Provincial_Fact-sheets/Penama_Factsheet.pdf |consulté le=17 décembre 2021}}</ref> et {{nombre|4654|habitants}} en 2020<ref name=":6">{{Lien web |langue=en |titre=2020 National Population and Housing Census |url=https://vnso.gov.vu/images/Pictures/Census/2020_census/Census_Volume_1/2020NPHC_Volume_1.pdf |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. Le nord est plus peuplé que le sud, et Maewo est l’île la moins peuplée de la province de [[Pénama]] (qui compte près de {{nombre|10000|habitants}} à [[Ambae]] et {{formatnum:21000}} sur l’[[île de Pentecôte]] en 2020)<ref name=":6" />.


Sur l'ensemble de l'île, les religions dominantes sont l’[[anglicanisme]] (73 % de la population) et les [[Église de Dieu|Églises de Dieu]] (18%). L'[[Église adventiste du septième jour]] est quasiment absente au nord de l’île, mais au sud, 18 % de la population s'en déclare fidèle. Les quelques autres groupes religieux présents à Maewo ([[Presbytérianisme|Église presbytérienne]], [[Église catholique]], [[Assemblées de Dieu]] et [[Neil Thomas Ministries]]) comptent pour moins de 10 % de la population<ref name=":6" />. Bien que tous les habitants se déclarent chrétiens, les rites traditionnels existent toujours et les croyances [[Animisme|animistes]] ont une forte influence sur la société{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}.
Sur l'ensemble de l'île, les religions dominantes sont l’[[anglicanisme]] (73 % de la population) et les Églises de Dieu (18 %). L'[[Église adventiste du septième jour]] est quasiment absente au nord de l’île, mais au sud, 18 % de la population s'en déclare fidèle. Les quelques autres groupes religieux présents à Maewo ([[Presbytérianisme|Église presbytérienne]], [[Église catholique]], [[Assemblées de Dieu]] et [[Neil Thomas Ministries]]) comptent pour moins de 10 % de la population<ref name=":6" />. Bien que tous les habitants se déclarent chrétiens, les rites traditionnels existent toujours et les croyances [[Animisme|animistes]] ont une forte influence sur la société{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}.


=== Économie ===
=== Économie ===
En 2016, l’[[agriculture]], l’[[élevage]] et l’[[artisanat]] représentent les principales sources de revenus des habitants, pour le commerce ou leur consommation personnelle<ref name=":4" />. À part le [[Taro (plante)|taro]], produit grâce à une méthode complexe de [[culture en terrasses]]{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}, les principaux végétaux cultivés sont les [[Banane|bananes]], le [[manioc]], l’[[Abelmoschus manihot|aibika]], la [[papaye]] et l’[[igname]], et dans une moindre mesure la [[patate douce]], le [[kava]], la [[noix de coco]], le [[cacao]] et un peu le [[café]]<ref name=":4" />. La production de viande comprend surtout du poulet et du porc, et un peu de vache et de chèvre<ref name=":4" />. Les terres cultivées se trouvent majoritairement au nord ; dans le sud de l’île, près de 70 % des foyers pratiquent la pêche, le plus haut taux pour la province de [[Pénama|Penama]]<ref name=":4" />. La plupart des familles produisent un surplus de nourriture en prévision d’échanges ou de cérémonies traditionnelles, par exemple les sacrifices de [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]]{{Sfn|Crowe|5=1992|p=186-189}}.
En 2016, l’[[agriculture]], l’[[élevage]] et l’[[artisanat]] représentent les principales sources de revenus des habitants, pour le commerce ou leur consommation personnelle<ref name=":4" />. Outre le [[Taro (plante)|taro]], produit grâce à une méthode complexe de [[culture en terrasses]]{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}, les principaux végétaux cultivés sont les [[Banane|bananes]], le [[manioc]], l’[[Abelmoschus manihot|aibika]], la [[papaye]] et l’[[igname]], et dans une moindre mesure la [[patate douce]], le [[kava]], la [[noix de coco]], le [[cacao]] et un peu le [[café]]<ref name=":4" />. La production de viande comprend surtout du [[poulet]] et du [[Porc (viande)|porc]], et un peu de [[Viande bovine|vache]] et de [[Viande de chèvre|chèvre]]<ref name=":4" />. Les terres cultivées se trouvent majoritairement au nord ; dans le sud de l’île, près de 70 % des foyers pratiquent la [[pêche (halieutique)|pêche]], le plus haut taux pour la province de Pénama<ref name=":4" />. La plupart des familles produisent un surplus de nourriture en prévision d’échanges ou de cérémonies traditionnelles, par exemple les sacrifices de [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]]{{Sfn|Crowe|5=1992|p=186-189}}.


On trouve peu d’hébergements touristiques à Maewo, ce secteur étant peu développé<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |titre=Hébergement et activités |url=https://www.vanuatu.travel/fr/provinces-fr-fr/province-de-penama/maewo-fr-fr/hebergement-et-information-de-la-visite-4 |site=Vanuatu Travel |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>.
Le tourisme est peu développé à Maewo et l'île n'offre que peu d'hébergements touristiques<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |titre=Hébergement et activités |url=https://www.vanuatu.travel/fr/provinces-fr-fr/province-de-penama/maewo-fr-fr/hebergement-et-information-de-la-visite-4 |site=Vanuatu Travel |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>.


=== Infrastructures ===
=== Infrastructures ===
En 2016, moins de 1 % de la population regarde la [[télévision]], un taux égal au reste de [[Pénama|Penama]]. En revanche, 12 % des habitants lisent le journal contre moins de 2 % dans le reste de la province, et 17 % des habitants utilisent [[internet]], contre 1 % à 6 % ailleurs (excepté [[Saratamata]], le chef-lieu de la province, où le taux monte à 20%)<ref name=":4" />. L’électricité est produite à plus de 95 % par l’[[Énergie solaire photovoltaïque|énergie solaire]], et 99,5 % des habitants cuisinent au feu de bois<ref name=":4" />. Au nord de l’île, près de 80 % des habitants n’ont pas accès à des sanitaires modernes, un pourcentage qui tombe à 40 % au sud<ref name=":4" />. Plus de 70 % des habitations sont construites selon des méthodes traditionnelles, le plus haut taux de Penama<ref name=":4" />.
En 2016, moins de 1 % de la population regarde la [[Television Blong Vanuatu|télévision]], un taux égal au reste de Pénama. En revanche, 12 % des habitants lisent le journal contre moins de 2 % dans le reste de la province, et 17 % des habitants utilisent [[internet]], contre 1 % à 6 % ailleurs (excepté [[Saratamata]], le chef-lieu de la province, où le taux monte à 20%)<ref name=":4" />. L’électricité est produite à plus de 95 % par l’[[Énergie solaire photovoltaïque|énergie solaire]], et 99,5 % des habitants cuisinent au feu de bois<ref name=":4" />. Au nord de l’île, près de 80 % des habitants n’ont pas accès à des sanitaires modernes, un pourcentage qui tombe à 40 % au sud<ref name=":4" />. Plus de 70 % des habitations sont construites selon des méthodes traditionnelles, le plus haut taux de Penama<ref name=":4" />.


Il n’y a aucune ville à Maewo, et le village le plus important est Beterara, sur la côte ouest{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=248}}. Il y a des cliniques médicales à Kerembei, Nasawa, Marino, Narovorovo et Asanvari, et un [[aérodrome]], à Naone{{Sfn|O’Byrne|Harcombe|1999|p=255}}. Deux vols par semaine permettent de rejoindre la capitale [[Port-Vila]] via l’aéroport d’[[Ambae]]<ref name=":1" />.
Il n’y a aucune ville à Maewo, et le village le plus important est Beterara, sur la côte ouest{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=248}}. On trouve des [[clinique]]s médicales à Kerembei, Nasawa, Marino, Narovorovo et Asanvari, et un [[aérodrome]] à Naone{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|1999|p=255}}. Deux vols par semaine permettent de rejoindre [[Port-Vila]], capitale du Vanuatu, via l’aéroport d’Ambae<ref name=":1" />.


== Culture ==
== Culture ==


=== Langues ===
=== Langues ===
{{Article connexe|Langues au Vanuatu}}
Au moment de l'évangélisation de l'île, de nombreuses langues coexistent, avec pour chacune d'elles des dialectes spécifiques à chaque village{{Sfn|Tryon|5=1976|p=89}}. À l'origine [[Langue vernaculaire|vernaculaires]], elles sont mises à l'écrit par les missionnaires à la fin du {{S-|XIX}}. {{Lien|langue=en|trad=John Patteson (bishop)|fr=John Coleridge Patteson}}, un évêque de la [[Melanesian Mission|Mission mélanésienne]], est l'un des premiers à entreprendre des études sur ces langues{{Sfn|Tryon|5=1976|p=1-2}}. Les trois langues principales sont le [[sungwadia]] au nord-ouest, le [[Maewo central|sungwadaga]] au nord et au centre, et le [[baetora]] à l'ouest et au sud{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Leurs locuteurs sont estimés respectivement à 650, {{formatnum:1400}} et {{formatnum:1330}} en 2001{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Une quatrième langue, le maewo du sud, ne compte plus aucun locuteur aujourd'hui{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Au sud de l'île, quelques centaines d'habitants issus de l'[[Île de Pentecôte]] parlent le [[hano]]{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Les langues véhiculaires sont le [[Bichelamar|bislama]] et l'[[anglais]], langues officielles du Vanuatu.
Au moment de l'évangélisation de l'île, de nombreuses langues coexistent, avec pour chacune d'elles des dialectes spécifiques à chaque village{{Sfn|Tryon|5=1976|p=89}}. À l'origine [[Langue vernaculaire|vernaculaires]], elles sont mises à l'écrit par les missionnaires à la fin du {{S-|XIX}}. {{Lien|langue=en|trad=John Patteson (bishop)|fr=John Coleridge Patteson}}, un évêque de la [[Melanesian Mission|Mission mélanésienne]], est l'un des premiers à les étudier{{Sfn|Tryon|5=1976|p=1-2}}. Les trois langues principales sont le [[sungwadia]] au nord-ouest, le [[Maewo central|sungwadaga]] au nord et au centre, et le [[baetora]] à l'ouest et au sud{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Leurs locuteurs sont estimés respectivement à 650, {{formatnum:1400}} et {{formatnum:1330}} en 2001{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Une quatrième langue, le maewo du sud, ne compte plus aucun locuteur aujourd'hui{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Au sud de l'île, quelques centaines d'habitants issus de l'[[île de Pentecôte]] parlent le [[hano]]{{Sfn|Lynch|Crowley|5=2001|p=62-63}}. Les [[Langue véhiculaire|langues véhiculaires]] sont le [[Bichelamar|bislama]] et l'[[anglais]], langues officielles du Vanuatu.


=== Légende de Tagwegwe ===
=== Légende de Tagwegwe ===
Selon une légende locale, les habitants de Maewo ne connaissent à l’origine ni les jalousies, ni la violence, ni les disputes, ni le mariage. Ils apparaissent après l’arrivée de Tagwegwe, un enfant recueilli avec sa sœur, qui viennent de [[Tikopia]] {{Incise|ils sont décrits comme ayant la peau claire, ce qui pourrait symboliser leur origine polynésienne{{Sfn|Crowe|1992|p=189-196}}|oui}}. Choyé par son oncle adoptif, Tagwegwe devenu adulte se marie et devient vantard, et de là découlent les premières jalousies et les premières disputes. Les gens jaloux, prétentieux ou qui critiquent les bonnes intentions, sont considérés comme des descendants de Tagwegwe{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}.
Selon une légende locale, les habitants de Maewo ne connaissent à l’origine ni les jalousies, ni la violence, ni les disputes, ni le mariage. Tout cela apparaît après l’arrivée de Tagwegwe, un enfant recueilli avec sa sœur, qui viennent de [[Tikopia]] {{Incise|ils sont décrits comme ayant la peau claire, ce qui pourrait symboliser leur origine [[Polynésie|polynésienne]]{{Sfn|Crowe|1992|p=189-196}}|oui}}. Choyé par son oncle adoptif, Tagwegwe devenu adulte se marie et devient vantard, et de là découlent les premières jalousies et les premières disputes. Les gens jaloux, prétentieux ou qui critiquent les bonnes intentions sont considérés comme des descendants de Tagwegwe{{Sfn|Crowe|5=1992|p=189-196}}.


=== Groupes secrets ===
=== Groupes secrets ===
[[Fichier:Masked Dancers at Aurora.jpg|alt=Dessin représentant deux hommes dont le corps est entièrement vêtu de végétaux, et portant des masques. L'un des deux tient un bâton.|vignette|Danseurs de Maewo dessinés en 1891. Le personnage à droite a un costume similaire aux ''{{Langue|anglais|hurters}}''.]]
[[Fichier:Masked Dancers at Aurora.jpg|alt=Dessin représentant deux hommes dont le corps est entièrement vêtu de végétaux, et portant des masques. L'un des deux tient un bâton.|vignette|Danseurs de Maewo dessinés en 1891. Le personnage à droite a un costume similaire aux ''{{Langue|anglais|hurters}}''.]]
Il existe traditionnellement à Maewo des groupes secrets, dont on pense que les membres détiennent des pouvoirs magiques ou maléfiques et ont la capacité de communiquer avec les esprits{{Sfn|Jones|5=2005|p=9520}}. À Maewo, il semble que ces groupes aient été réservés aux hommes{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}. La pratique des ''{{Langue|anglais|hurters}}'', toujours répandue, est probablement héritée de ces sociétés secrètes. Il s’agit pour des jeunes hommes, vêtus de feuilles de [[Bananier|bananiers]] et de masques, d’aller de village en village en criant pour annoncer leur arrivée. Les habitants se cachent dans leurs maisons, ceux qui ne le font pas étant roués de coups de bâtons{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}. Les masques sont des insignes traditionnellement associés aux membres de groupes secrets, et parfois détruits après leur usage ou certaines cérémonies{{Sfn|Bonnemaison|Kaufmann|Huffman|Tryon|1996|p=21-24}}. Des démonstrations de [[Magie (surnaturel)|magie]] et de [[sorcellerie]] sont, encore aujourd’hui, répandues pendant les fêtes traditionnelles{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}.
Il existe traditionnellement à Maewo des groupes secrets dont les membres sont considérés par le reste de la population comme détenant des pouvoirs magiques ou maléfiques et capables de communiquer avec les esprits{{Sfn|Jones|5=2005|p=9520}}. À Maewo, il semble que ces groupes aient été réservés aux hommes{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}. La pratique des ''{{Langue|anglais|hurters}}'', toujours répandue, est probablement héritée de ces sociétés secrètes. Il s’agit pour de jeunes hommes, vêtus de feuilles de [[bananier]] et de masques, d’aller de village en village en criant pour annoncer leur arrivée. Les villageois se cachent dans leurs maisons, ceux qui ne le font pas étant roués de coups de bâton{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}. Les masques sont des insignes traditionnellement associés aux membres de groupes secrets, et parfois détruits après leur usage ou certaines cérémonies{{Sfn|Bonnemaison|Kaufmann|Huffman|Tryon|1996|p=21-24}}. Des démonstrations de [[Magie (surnaturel)|magie]] et de [[sorcellerie]] sont, encore aujourd’hui, répandues pendant les fêtes traditionnelles{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=255}}.


=== Les ''ngwotari'', cheffes coutumières ===
=== Les ''ngwotari'', cheffes coutumières ===
[[Fichier:Vanuatu-humans-of-vanuatu-2.jpg|alt=Photographie représentant un groupe de femmes dansant en tenues traditionnelles.|gauche|vignette|Une danse traditionnelle à Maewo. Les robes blanches sont typiques de Maewo, tandis que les vêtements traditionnels de l'[[Île de Pentecôte]] et d'[[Ambae]] sont teints en pourpre{{Sfn|Bonnemaison|Kaufmann|Huffman|Tryon|1996|p=192}}.]]
[[Fichier:Vanuatu-humans-of-vanuatu-2.jpg|alt=Photographie représentant un groupe de femmes dansant en tenues traditionnelles.|gauche|vignette|Une danse traditionnelle à Maewo. Les robes blanches sont typiques de Maewo, tandis que les vêtements traditionnels de l'[[île de Pentecôte]] et d'[[Ambae]] sont teints en pourpre{{Sfn|Bonnemaison|Kaufmann|Huffman|Tryon|1996|p=192}}.]]
Dans la société vanuataise, les chefs ont encore aujourd’hui une place importante. Bien que cette fonction n’ait été associée qu’aux hommes par les [[Anthropologie|anthropologues]] du {{S-|XX}}{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=1}}, il existe aussi des cheffes, principalement dans la province de [[Pénama|Penama]], sur l’[[Île de Pentecôte]] (où est née l’ancienne ministre [[Hilda Lini]], elle-même cheffe) et à Maewo{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=1}}. À Maewo, elles s’appellent ''ngwotari'' ou ''notari'', un mot qui n’a pas de traduction littérale : certaines acceptent de le traduire par « cheffe coutumière », mais la plupart préfèrent ne pas le traduire{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}}{{,}}{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=2}}.
Dans la société vanuataise, les chefs occupent toujours une place importante au début du {{s-|XXI}}. Bien que cette fonction n’ait été associée qu’aux hommes par les [[Anthropologie|anthropologues]] du {{S-|XX}}{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=1}}, il existe aussi des cheffes, principalement dans la province de [[Pénama]], sur l’île de Pentecôte (où est née l’ancienne ministre [[Hilda Lini]], elle-même cheffe) et à Maewo{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=1}}. À Maewo, elles s’appellent ''ngwotari'' ou ''notari'', un mot qui n’a pas de traduction littérale : certaines acceptent de le traduire par « cheffe coutumière », mais la plupart préfèrent ne pas le traduire{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}}{{,}}{{Sfn|Toulmin|5=2016|p=2}}.


Pour accéder au statut de ''ngwotari'', les filles et les jeunes femmes doivent passer par un rituel, appelé ''Lengwasa'', similaire au ''Nasumbwe'', le rituel masculin : isolement pendant 10 jours à l’écart de la communauté, puis sacrifice d’un ou plusieurs [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]]{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}}. Les ''ngwotari'' sont en quelques sortes les garantes du ''kastom'', un mot qui englobe tous les aspects traditionnels de la société vanuataise : connaissance de son île et son histoire, des [[Plante médicinale|plantes médicinales]], des danses, chants et tissages traditionnels, de la [[Magie (surnaturel)|magie]], des cérémonies de mariage et de décès et de la « musique de l’eau »{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}}. Cette dernière pratique, strictement réservée aux femmes, consiste à frapper l’eau en rythme, comme des percussions<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Sophie Hollingsworth |titre=Bust a Move: Maewo Island |url=https://www.thesofialog.com/single-post/2017/01/15/bust-a-move-maewo-island |site=thesofialog.com |date=15 janvier 2017 |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. C’est une pratique traditionnelle mais non rituelle ; en revanche, certaines danses cérémonielles ne doivent être vues que par des femmes, une restriction qui s’applique aussi aux touristes. De la même manière, certaines danses d’hommes ne peuvent être vues que par les hommes{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=254}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Points forts Maewo |url=https://www.vanuatu.travel/fr/provinces-fr-fr/province-de-penama/maewo-fr-fr/points-forts-4 |site=Vanuatu Travel |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>.
Pour accéder au statut de ''ngwotari'', les filles et les jeunes femmes doivent passer par un rituel, appelé ''Lengwasa'', similaire au ''Nasumbwe'', le rituel masculin : isolement pendant dix jours à l’écart de la communauté, puis sacrifice d’un ou plusieurs [[Cochon à dent du Vanuatu|cochons]]{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}}. Les ''ngwotari'' sont en quelque sorte les garantes du ''[[kastom]]'', un mot qui englobe tous les aspects traditionnels de la société vanuataise : connaissance de son île et son histoire, des [[Plante médicinale|plantes médicinales]], des danses, chants et tissages traditionnels, de la magie, des cérémonies de mariage et de décès et de la « musique de l’eau{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=2}} ». Cette dernière pratique, strictement réservée aux femmes, consiste à frapper la surface de l’eau en rythme, comme un [[instrument de percussion]]<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Sophie Hollingsworth |titre=Bust a Move: Maewo Island |url=https://www.thesofialog.com/single-post/2017/01/15/bust-a-move-maewo-island |site=thesofialog.com |date=15 janvier 2017 |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>. C’est une pratique traditionnelle mais non rituelle ; en revanche, certaines danses cérémonielles ne doivent être vues que par des femmes, une restriction qui s’applique aussi aux touristes. De la même manière, certaines danses d’hommes ne peuvent être vues que par les hommes{{Sfn|O'Byrne|Harcombe|5=1999|p=254}}{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Points forts Maewo |url=https://www.vanuatu.travel/fr/provinces-fr-fr/province-de-penama/maewo-fr-fr/points-forts-4 |site=Vanuatu Travel |consulté le=17 décembre 2021}}</ref>.


En 2016, les ''ngwotari'' essayent d’obtenir un statut officiel auprès du {{Lien|langue=en|trad=Malvatu Mauri|fr=Conseil national des chefs}} du Vanuatu, qui est ouvert à la proposition{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=3}}.
En 2016, les ''ngwotari'' essayent d’obtenir un statut officiel auprès du {{Lien|langue=en|trad=Malvatu Mauri|fr=Conseil national des chefs}} du Vanuatu, qui est ouvert à la proposition{{Sfn|Hollingsworth|5=2016|p=3}}, et fait part en 2017 de son intention de mettre à jour ses listes obsolètes<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Island |nom=Life |titre=The Search for the Elusive Female Chiefs of Vanuatu |url=https://www.islandlifemag.com/island-life-magazine/search-elusive-female-chiefs-vanuatu/ |site=Island Life Magazine |date=2017-04-07 |consulté le=2022-01-04}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{Plume}} : documents utilisés pour la rédaction de l'article.
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* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Joël Bonnemaison|auteur2=Christian Kaufmann|auteur3=Kirk Huffman|auteur4=Darrell Tryon|titre=Arts of Vanuatu|lieu=Honolulu|éditeur=University of Hawaii Press|date=1996|lire en ligne=https://archive.org/details/artsofvanuatu0000unse/page/n7/mode/2up|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Joël Bonnemaison]]|auteur2=Christian Kaufmann|auteur3=Kirk Huffman|auteur4=[[Darrell Tryon]]|titre=Arts of Vanuatu|lieu=Honolulu|éditeur=University of Hawaii Press|année=1996|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/artsofvanuatu0000unse/page/n7/mode/2up|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=William|nom1=Bright|titre=International Encyclopedia of Linguistics|volume=3|passage=115-118|lieu=New York|éditeur=Oxford University Press|année=1992|isbn=0195051963|lire en ligne=https://archive.org/details/isbn_0195051963/page/114/mode/2up?q=ambae|chapitre=North and Central Vanuatu Languages}}.
*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=William|nom1=Bright|titre=International Encyclopedia of Linguistics|volume=3|lieu=New York|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1992|passage=115-118|isbn=0-19-505196-3|lire en ligne=https://archive.org/details/isbn_0195051963/page/114/mode/2up?q=ambae|titre chapitre=North and Central Vanuatu Languages}}.
*{{Article|langue=fr|auteur1=Peter Crowe|traducteur=Isabelle Schulte-Tenckhoff|titre=La naissance du chant à Maewo|périodique=Cahiers d'ethnomusicologie|date=1992|lire en ligne=https://journals.openedition.org/ethnomusicologie/2437|pages=183-204|plume=oui}}
*{{Article|langue=fr|auteur1=Peter Crowe|traducteur=Isabelle Schulte-Tenckhoff|titre=La naissance du chant à Maewo|périodique=Cahiers d'ethnomusicologie|date=1992|lire en ligne=https://journals.openedition.org/ethnomusicologie/2437|pages=183-204|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=José Garanger|titre=Archéologie des Nouvelles-Hébrides|lieu=Paris|éditeur=Société des Océanistes|date=1972|isbn=9782854300543|lire en ligne=https://books.openedition.org/sdo/859|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=José Garanger|titre=Archéologie des Nouvelles-Hébrides|lieu=Paris|éditeur=Société des Océanistes|année=1972|pages totales=387|isbn=978-2-85430-054-3|lire en ligne=https://books.openedition.org/sdo/859|plume=oui}}
*{{Article|langue=en|auteur1=Sophie Hollingsworth|titre=Expedition: Female Chiefs of Maewo Island|périodique=Wings Worldquest Flag|date=2016|lire en ligne=https://static1.squarespace.com/static/529fa75be4b0aa09f5b7c01f/t/58a4ae321e5b6c8fd241c755/1487187537841/SophieHollingsworth_FlagReport.pdf|plume=oui}}
*{{Article|langue=en|auteur1=Sophie Hollingsworth|titre=Expedition: Female Chiefs of Maewo Island|périodique=Wings Worldquest Flag|date=2016|lire en ligne=https://static1.squarespace.com/static/529fa75be4b0aa09f5b7c01f/t/58a4ae321e5b6c8fd241c755/1487187537841/SophieHollingsworth_FlagReport.pdf|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur institutionnel=Naval Intelligence Division|titre=Pacific Islands|tome=III|lieu=Guildford|éditeur=Billing and Sons|date=1944|lire en ligne=https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.70088/page/n681/mode/2up?q=maewo|plume=oui}}
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*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Lindsay|nom1=Jones|directeur1=oui|titre=Encyclopedia of Religions|passage=9519-9522|éditeur=MacMillan|année=2005|lire en ligne=https://archive.org/details/encyclopediaofre0014unse/page/n11/mode/2up|chapitre=Vanuatu religions|plume=oui}}
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*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Lynch|auteur2=Terry Crowley|titre=Languages of Vanuatu: A new survey and bibliography|lieu=Canberra|éditeur=The Australian National University|date=2001|lire en ligne=https://openresearch-repository.anu.edu.au/bitstream/1885/146135/1/PL-517.pdf|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Lynch|auteur2=Terry Crowley|titre=Languages of Vanuatu|sous-titre=A new survey and bibliography|lieu=Canberra|éditeur=The Australian National University|année=2001|isbn=|lire en ligne=https://openresearch-repository.anu.edu.au/bitstream/1885/146135/1/PL-517.pdf|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Denis|nom1=O'Byrne|prénom2=David|nom2=Harcombe|titre=Vanuatu|passage=|lieu=Victoria|éditeur=Hawthorne|année=1999|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/lonelyplanetvanu00deni/page/248/mode/2up?q=ambae|plume=oui}}
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*{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Sydney Herbert|nom1=Ray|titre=A comparative study of the Melanesian Islands languages|lieu=Cambridge|éditeur=Cambridge University Press|date=1926|lire en ligne=https://archive.org/details/comparativestudy0000rays/page/n5/mode/1up?q=maewo&view=theater|plume=oui}}
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*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patricia|nom1=Siméoni|titre=Atlas du Vanouatou (Vanuatu)|lieu=Port-Vila|éditeur=Géo-Consulte|année=2009}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patricia|nom1=Siméoni|titre=Atlas du Vanouatou (Vanuatu)|lieu=Port-Vila|éditeur=Géo-Consulte|année=2009|isbn=}}.
*{{Lien web |langue=en |auteur=Lew Toulmin |et al.=oui |titre=The Female Chiefs of Vanuatu |url=https://www.academia.edu/41661996/The_Female_Chiefs_of_Vanuatu_Explorers_Club_Flag_101_Expedition_Report |site=academia.edu |date=septembre 2016 |consulté le=15 décembre 2021|plume=oui}}
*{{Lien web |langue=en |auteur=Lew Toulmin |et al.=oui |titre=The Female Chiefs of Vanuatu |url=https://www.academia.edu/41661996/The_Female_Chiefs_of_Vanuatu_Explorers_Club_Flag_101_Expedition_Report |site=academia.edu |date=septembre 2016 |consulté le=15 décembre 2021|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Darrel Tryon|titre=New Hebrides languages : an internal classification|lieu=Canberra|éditeur=The Australian National University|date=1976|lire en ligne=https://archive.org/details/newhebrideslangu0000tryo/page/n5/mode/2up?q=maewo&view=theater|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Darrell Tryon]]|titre=New Hebrides languages|sous-titre=an internal classification|lieu=Canberra|éditeur=The Australian National University|année=1976|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/newhebrideslangu0000tryo/page/n5/mode/2up?q=maewo&view=theater|plume=oui}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Vanuatu National Disaster Management Office|titre=Maewo response & recovery action plan|éditeur=|année=2018|isbn=|lire en ligne=https://www.preventionweb.net/files/62265_ambaemaeworesponserecoveryplan20181.pdf|plume=oui}}


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[[Catégorie:Île au Vanuatu]]
[[Catégorie:Île au Vanuatu]]

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Maewo
Carte de Maewo.
Carte de Maewo.
Géographie
Pays Drapeau du Vanuatu Vanuatu
Archipel Vanuatu
Localisation Mer de Corail
Coordonnées 15° 10′ 00″ S, 168° 09′ 00″ E
Superficie 304 km2
Point culminant Mont Taweti (811 m)
Géologie Île volcanique
Administration
Province Penama
Démographie
Population 4 654 hab. (2020)
Densité 15,31 hab./km2
Plus grande ville Beterara
Autres informations
Fuseau horaire UTC+11
Géolocalisation sur la carte : Vanuatu
(Voir situation sur carte : Vanuatu)
Maewo
Maewo
Îles au Vanuatu

Maewo (autrefois Aurore ou Aurora Island) est une île du Vanuatu. Elle fait partie, avec Ambae et l’île de Pentecôte, de la province de Penama.

Peuplée depuis trois à cinq mille ans, Maewo est habitée presque exclusivement sur sa côte ouest, protégée des vents violents de l’est. Son terrain escarpé favorise l’apparition de nombreuses langues et cultures, malgré la petite taille de l’île. Baptisée Aurore par l'explorateur Louis-Antoine de Bougainville, qui passe à proximité en 1768, elle n’attire que peu de colons mais est évangélisée à partir des années 1870. La population est rapidement décimée par des maladies apportées par les Européens, perdant probablement plusieurs milliers d’habitants.

Après l’indépendance du Vanuatu en 1980, Maewo est intégrée à la province de Penama. Lors de l’éruption du Manaro Voui en 2017-2018 qui contraignit tous les habitants de l’île voisine d’Ambae à l’évacuer pendant plusieurs mois, Maewo fut officiellement désignée « seconde maison » pour les réfugiés.

Il n’y a aucune ville à Maewo. L’économie repose très largement sur l’agriculture vivrière, et la pêche y est très développée. L’île compte quelques cliniques médicales et un aérodrome, et l’électricité est produite à plus de 95 % par l’énergie solaire.

Bien que ses habitants se déclarent tous chrétiens, certaines légendes ont survécu à l'évangélisation. Des rites et coutumes traditionnels, hérités d'anciens groupes secrets auxquels on attribuait des pouvoirs magiques, perdurent aujourd’hui. Maewo est aussi l’une des rares îles du Vanuatu à avoir des femmes-chefs.

Géographie

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Topographie

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Maewo est une île volcanique de l'archipel du Vanuatu située à l'est d'Ambae et au nord de l'île de Pentecôte, dont elle est séparée par le passage de Patteson[1]. Elle est apparue il y a environ 18 millions d'années, en même temps que l'île de Pentecôte[2]. Elle a une superficie de 304 km2[3], avec 47 km de long pour seulement 5 km de large en moyenne[4], et son point culminant, le mont Taweti, atteint 811 mètres d'altitude[5]. L'île est recouverte de forêt à 95 %[6], avec de nombreux cours d'eau[7]. Ses côtes est et sud sont principalement constituées de falaises, et sa côte nord de plages de sable noir[8],[7].

Environnement

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De climat équatorial[9], Maewo est l'île la plus humide du Vanuatu, avec en moyenne 4 500 mm de précipitations par an[4]. La côte ouest est protégée des vents violents venant de l’est, ce qui rend la zone propice à la pêche[10]. Cependant, des cyclones balaient régulièrement l’île, comme Pam en [11] ou Harold en , qui causent de gros dégâts[12].

Contrairement à Ambae, Maewo ne compte aucune zone naturelle protégée. On y trouve de nombreuses espèces d’oiseaux, dont quelques-unes sont endémiques du Vanuatu, comme le carpophage de Baker et le ptilope de Tanna, ainsi que des espèces vulnérables, comme le lori des palmiers, le pétrel de Gould, le pétrel à collier et le pétrel à col blanc[13]. En 2002-2003, deux genres de papillons dont la présence n’est jusque-là pas attestée au Vanuatu sont observés sur Maewo : Prosotas et Petrelaea (en)[14]. Quatre espèces invasives sont répertoriées sur l'île : aubergine sauvage, liane américaine, Merremia peltata et Sida acuta[15].

Époque pré-coloniale

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Maewo semble être habitée depuis 3 000 à 5 000 ans[16]. Comme sur l’île de Pentecôte et une partie d’Ambae, la société est traditionnellement matrilinéaire et les villages sont régis par des chefs, dont le pouvoir n’est pas héréditaire[16] : afin de monter en grade socialement, les hommes doivent sacrifier des cochons lors de cérémonies, une organisation sociale typique du nord du Vanuatu[2]. Certaines communautés sont régies par des femmes qui passent par des cérémonies de montée en grade similaires, un fait rare en Mélanésie[17].

La côte est de Maewo est quasiment inhabitée, la population étant surtout concentrée à l’ouest, avec aussi quelques villages au centre, dans les hauteurs[18]. Le terrain escarpé ayant obligé les habitants à vivre dans des hameaux parfois très éloignés les uns des autres, l'île abrite une grande diversité culturelle, avec de nombreuses langues[19]. L’archéologie a mis au jour des tessons de poterie similaires à d’autres trouvés à Ambae, Malekula, Pentecôte et Espiritu Santo, ce qui indique des échanges ou des migrations entre ces différentes îles[20].

Colonisation

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L’île est aperçue par l'Espagnol Pedro Fernandes de Queirós en 1606, puis par le Français Louis-Antoine de Bougainville le 22 mai 1768. Ce dernier n’y accoste pas, mais la baptise « Aurore[21],[1] », toponyme anglicisé en Aurora.

L’île est évangélisée à partir des années 1870 par la Mission anglicane mélanésienne, qui s’implante à Tanoriki[2],[7]. Dans le même temps, des tensions naissent entre les Européens et les habitants de Maewo, victimes du blackbirding[2] (une forme d'esclavage ayant eu cours dans la seconde moitié du XIXe siècle dans les îles du Pacifique, dont certains habitants étaient enlevés pour travailler dans des plantations en Australie). En revanche, à cause de la difficulté du climat et du terrain, très peu de colons s'installent sur l’île[4],[7]. À la fin du XIXe siècle, la population est décimée par les maladies apportées par les Européens. Le nombre d’habitants serait passé de plusieurs milliers de personnes avant la colonisation à seulement 400 en 1936[2],[7].

Depuis l'indépendance

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Dans les années qui précèdent l'indépendance du condominium des Nouvelles-Hébrides, colonie franco-britannique créée en 1906, de nombreux habitants de Maewo rejoignent Nagriamel, l'un des deux principaux partis indépendantistes[2]. Les Nouvelles-Hébrides prennent finalement leur indépendance en 1980 pour devenir le Vanuatu, mais le parti Nagriamel échoue alors à s'imposer au parlement face au Vanua'aku Pati. En 1994, le Vanuatu est divisé en six provinces[3]. Maewo, Ambae et l'île de Pentecôte forment la province de Pénama[19].

En 2018, l’île voisine d’Ambae est entièrement évacuée à cause de l’éruption du Manaro Voui. Maewo est alors officiellement désignée « second home »[Note 1] pour les habitants d’Ambae, et près de 3 000 personnes s’y installent, les autres se réfugiant notamment à Espiritu Santo, Pentecôte, Efate et Malo[22],[23]. Le programme Second Home, organisé par le gouvernement vanuatais, les chefs de village et les habitants eux-mêmes, comprend l’accueil d’évacués dans des familles et la construction de maisons. Le gouvernement vanuatais soutient financièrement ce programme, mais certains habitants de Maewo donnent de leurs propres ressources, notamment du bois de construction et des terres cultivables[22],[23].

Finalement, en 2020, 80 % des habitants d’Ambae sont retournés vivre sur leur île. Certaines maisons construites pour les évacués et désormais inhabitées profitent aux habitants de Maewo, qui s’en servent comme maisons d’hôte. Ces maisons sont toujours allouées à l’accueil de réfugiés d’Ambae en cas de nouvelle éruption[23].

Population et société

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Carte de Maewo.
Carte de Maewo avec ses principaux villages et l'aérodrome de Naone, au nord.

Démographie

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La population de Maewo, décimée à la fin du XIXe siècle, atteint 3 577 habitants en 2016[24] et 4 654 habitants en 2020[25]. Le nord est plus peuplé que le sud, et Maewo est l’île la moins peuplée de la province de Pénama (qui compte près de 10 000 habitants à Ambae et 21 000 sur l’île de Pentecôte en 2020)[25].

Sur l'ensemble de l'île, les religions dominantes sont l’anglicanisme (73 % de la population) et les Églises de Dieu (18 %). L'Église adventiste du septième jour est quasiment absente au nord de l’île, mais au sud, 18 % de la population s'en déclare fidèle. Les quelques autres groupes religieux présents à Maewo (Église presbytérienne, Église catholique, Assemblées de Dieu et Neil Thomas Ministries) comptent pour moins de 10 % de la population[25]. Bien que tous les habitants se déclarent chrétiens, les rites traditionnels existent toujours et les croyances animistes ont une forte influence sur la société[26].

En 2016, l’agriculture, l’élevage et l’artisanat représentent les principales sources de revenus des habitants, pour le commerce ou leur consommation personnelle[24]. Outre le taro, produit grâce à une méthode complexe de culture en terrasses[26], les principaux végétaux cultivés sont les bananes, le manioc, l’aibika, la papaye et l’igname, et dans une moindre mesure la patate douce, le kava, la noix de coco, le cacao et un peu le café[24]. La production de viande comprend surtout du poulet et du porc, et un peu de vache et de chèvre[24]. Les terres cultivées se trouvent majoritairement au nord ; dans le sud de l’île, près de 70 % des foyers pratiquent la pêche, le plus haut taux pour la province de Pénama[24]. La plupart des familles produisent un surplus de nourriture en prévision d’échanges ou de cérémonies traditionnelles, par exemple les sacrifices de cochons[16].

Le tourisme est peu développé à Maewo et l'île n'offre que peu d'hébergements touristiques[27].

Infrastructures

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En 2016, moins de 1 % de la population regarde la télévision, un taux égal au reste de Pénama. En revanche, 12 % des habitants lisent le journal contre moins de 2 % dans le reste de la province, et 17 % des habitants utilisent internet, contre 1 % à 6 % ailleurs (excepté Saratamata, le chef-lieu de la province, où le taux monte à 20%)[24]. L’électricité est produite à plus de 95 % par l’énergie solaire, et 99,5 % des habitants cuisinent au feu de bois[24]. Au nord de l’île, près de 80 % des habitants n’ont pas accès à des sanitaires modernes, un pourcentage qui tombe à 40 % au sud[24]. Plus de 70 % des habitations sont construites selon des méthodes traditionnelles, le plus haut taux de Penama[24].

Il n’y a aucune ville à Maewo, et le village le plus important est Beterara, sur la côte ouest[19]. On trouve des cliniques médicales à Kerembei, Nasawa, Marino, Narovorovo et Asanvari, et un aérodrome à Naone[28]. Deux vols par semaine permettent de rejoindre Port-Vila, capitale du Vanuatu, via l’aéroport d’Ambae[27].

Au moment de l'évangélisation de l'île, de nombreuses langues coexistent, avec pour chacune d'elles des dialectes spécifiques à chaque village[29]. À l'origine vernaculaires, elles sont mises à l'écrit par les missionnaires à la fin du XIXe siècle. John Coleridge Patteson (en), un évêque de la Mission mélanésienne, est l'un des premiers à les étudier[30]. Les trois langues principales sont le sungwadia au nord-ouest, le sungwadaga au nord et au centre, et le baetora à l'ouest et au sud[31]. Leurs locuteurs sont estimés respectivement à 650, 1 400 et 1 330 en 2001[31]. Une quatrième langue, le maewo du sud, ne compte plus aucun locuteur aujourd'hui[31]. Au sud de l'île, quelques centaines d'habitants issus de l'île de Pentecôte parlent le hano[31]. Les langues véhiculaires sont le bislama et l'anglais, langues officielles du Vanuatu.

Légende de Tagwegwe

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Selon une légende locale, les habitants de Maewo ne connaissent à l’origine ni les jalousies, ni la violence, ni les disputes, ni le mariage. Tout cela apparaît après l’arrivée de Tagwegwe, un enfant recueilli avec sa sœur, qui viennent de Tikopia — ils sont décrits comme ayant la peau claire, ce qui pourrait symboliser leur origine polynésienne[26]. Choyé par son oncle adoptif, Tagwegwe devenu adulte se marie et devient vantard, et de là découlent les premières jalousies et les premières disputes. Les gens jaloux, prétentieux ou qui critiquent les bonnes intentions sont considérés comme des descendants de Tagwegwe[26].

Groupes secrets

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Dessin représentant deux hommes dont le corps est entièrement vêtu de végétaux, et portant des masques. L'un des deux tient un bâton.
Danseurs de Maewo dessinés en 1891. Le personnage à droite a un costume similaire aux hurters.

Il existe traditionnellement à Maewo des groupes secrets dont les membres sont considérés par le reste de la population comme détenant des pouvoirs magiques ou maléfiques et capables de communiquer avec les esprits[32]. À Maewo, il semble que ces groupes aient été réservés aux hommes[28]. La pratique des hurters, toujours répandue, est probablement héritée de ces sociétés secrètes. Il s’agit pour de jeunes hommes, vêtus de feuilles de bananier et de masques, d’aller de village en village en criant pour annoncer leur arrivée. Les villageois se cachent dans leurs maisons, ceux qui ne le font pas étant roués de coups de bâton[28]. Les masques sont des insignes traditionnellement associés aux membres de groupes secrets, et parfois détruits après leur usage ou certaines cérémonies[33]. Des démonstrations de magie et de sorcellerie sont, encore aujourd’hui, répandues pendant les fêtes traditionnelles[28].

Les ngwotari, cheffes coutumières

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Photographie représentant un groupe de femmes dansant en tenues traditionnelles.
Une danse traditionnelle à Maewo. Les robes blanches sont typiques de Maewo, tandis que les vêtements traditionnels de l'île de Pentecôte et d'Ambae sont teints en pourpre[34].

Dans la société vanuataise, les chefs occupent toujours une place importante au début du XXIe siècle. Bien que cette fonction n’ait été associée qu’aux hommes par les anthropologues du XXe siècle[35], il existe aussi des cheffes, principalement dans la province de Pénama, sur l’île de Pentecôte (où est née l’ancienne ministre Hilda Lini, elle-même cheffe) et à Maewo[36]. À Maewo, elles s’appellent ngwotari ou notari, un mot qui n’a pas de traduction littérale : certaines acceptent de le traduire par « cheffe coutumière », mais la plupart préfèrent ne pas le traduire[37],[38].

Pour accéder au statut de ngwotari, les filles et les jeunes femmes doivent passer par un rituel, appelé Lengwasa, similaire au Nasumbwe, le rituel masculin : isolement pendant dix jours à l’écart de la communauté, puis sacrifice d’un ou plusieurs cochons[37]. Les ngwotari sont en quelque sorte les garantes du kastom, un mot qui englobe tous les aspects traditionnels de la société vanuataise : connaissance de son île et son histoire, des plantes médicinales, des danses, chants et tissages traditionnels, de la magie, des cérémonies de mariage et de décès et de la « musique de l’eau[37] ». Cette dernière pratique, strictement réservée aux femmes, consiste à frapper la surface de l’eau en rythme, comme un instrument de percussion[39]. C’est une pratique traditionnelle mais non rituelle ; en revanche, certaines danses cérémonielles ne doivent être vues que par des femmes, une restriction qui s’applique aussi aux touristes. De la même manière, certaines danses d’hommes ne peuvent être vues que par les hommes[2],[40].

En 2016, les ngwotari essayent d’obtenir un statut officiel auprès du Conseil national des chefs (en) du Vanuatu, qui est ouvert à la proposition[41], et fait part en 2017 de son intention de mettre à jour ses listes obsolètes[42].

Notes et références

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  1. « Deuxième maison », « deuxième lieu de résidence ».

Références

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  1. a et b Naval Intelligence Division 1944, p. 590.
  2. a b c d e f et g O'Byrne et Harcombe 1999, p. 254.
  3. a et b (en) « About Vanuatu », sur gov.vu (consulté le )
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  5. (en) (en) « Islands of Vanuatu », sur UN System-Wide Earthwatch (consulté le )
  6. (en) « South Maewo, Penama, Vanuatu Deforestation Rates & Statistics », sur Global Forest Watch (consulté le )
  7. a b c d et e Naval Intelligence Division 1944, p. 592.
  8. O'Byrne et Harcombe 1999, p. 253.
  9. (en) « Climate: Penama », sur climate-data.org (consulté le )
  10. « Atlas des pêcheries côtières de Vanuatu - Le climat et ses implications pour la pêche », sur cartographie.ird.fr (consulté le )
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  20. Garanger 1972, p. 103-120.
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  34. Bonnemaison et al. 1996, p. 192.
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  37. a b et c Hollingsworth 2016, p. 2.
  38. Toulmin 2016, p. 2.
  39. (en) Sophie Hollingsworth, « Bust a Move: Maewo Island », sur thesofialog.com, (consulté le )
  40. « Points forts Maewo », sur Vanuatu Travel (consulté le )
  41. Hollingsworth 2016, p. 3.
  42. (en) Island Life, « The Search for the Elusive Female Chiefs of Vanuatu », sur Island Life Magazine, (consulté le )

Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : documents utilisés pour la rédaction de l'article.

  • (en) Joël Bonnemaison, Christian Kaufmann, Kirk Huffman et Darrell Tryon, Arts of Vanuatu, Honolulu, University of Hawaii Press, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) William Bright, International Encyclopedia of Linguistics, vol. 3, New York, Oxford University Press, (ISBN 0-19-505196-3, lire en ligne), « North and Central Vanuatu Languages », p. 115-118.
  • Peter Crowe (trad. Isabelle Schulte-Tenckhoff), « La naissance du chant à Maewo », Cahiers d'ethnomusicologie,‎ , p. 183-204 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • José Garanger, Archéologie des Nouvelles-Hébrides, Paris, Société des Océanistes, , 387 p. (ISBN 978-2-85430-054-3, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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  • (en) Naval Intelligence Division, Pacific Islands, t. III, Guildford, Billing and Sons, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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  • (en) John Lynch et Terry Crowley, Languages of Vanuatu : A new survey and bibliography, Canberra, The Australian National University, (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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Liens externes

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