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« Cavalerie » : différence entre les versions

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[[Fichier:Edouard Detaille - Vive L'Empereur - Google Art Project.jpg|vignette|upright=1.5|Charge du [[4e régiment de hussards|{{4e|régiment}} de hussards]] français à la [[bataille de Friedland]], le {{date-|14 juin 1807}}.]]
[[Fichier:Edouard Detaille - Vive L'Empereur - Google Art Project.jpg|vignette|Charge du [[4e régiment de hussards|{{4e|régiment}} de hussards]] français à la [[bataille de Friedland]], le {{date-|14 juin 1807}}.]]


La '''cavalerie''' est l'arme des [[militaire]]s ou des [[guerrier]]s qui [[combat]]tent à [[cheval]]. Historiquement, elle est la troisième plus ancienne des armes de combat (après l'[[infanterie]] et les [[chariot]]s de [[guerre]]) et la plus mobile.
La '''cavalerie''' est l'[[Arme (corps militaire)|arme]] des [[militaire]]s ou des [[guerrier]]s qui [[combat]]tent à [[cheval]]. Historiquement, elle est la troisième plus ancienne des armes de combat (après l'[[infanterie]] et les [[chariot]]s de [[guerre]]) et la plus mobile.


L'appellation de cavalerie n'est généralement pas utilisée pour les forces militaires qui utilisent d'autres montures ([[Camelus|chameaux]] ou [[Mulet|mules]] par exemple). Quant au concept d'infanterie montée (qui se déplace à cheval mais combat à pied), il apparaît au {{s-|XVII|e}} avec les [[dragon (militaire)|dragons]], une arme initialement à part mais qui s'intégrera par la suite dans la cavalerie dite de « ligne ».
L'appellation de cavalerie n'est généralement pas utilisée pour les forces militaires qui utilisent d'autres montures ([[Camelus|chameaux]] ou [[Mulet|mules]] par exemple). Quant au concept d'infanterie montée (qui se déplace à cheval mais combat à pied), il apparaît au {{s-|XVII}} avec les [[dragon (militaire)|dragons]], une arme initialement à part mais qui s'intégrera par la suite dans la [[Cavalerie de ligne|cavalerie dite de « ligne »]].

La cavalerie à cheval, aujourd'hui disparue, existe depuis l'Antiquité. Elle connaît son apogée à la fin du [[Moyen Âge]] et entame ensuite son déclin. Elle est partiellement restaurée sous [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] au début du {{s-|XIX}} mais décline par la suite jusqu'à disparaître lors de la [[Première Guerre mondiale]] qui voit la [[guerre de mouvement]] laisser place à la [[guerre de positions]].


Dès les premiers temps de son utilisation, la cavalerie offre l'avantage de la mobilité, qui en fait un instrument de guerre redoutable car elle permet de déborder et d'éviter l'adversaire, de surprendre et de vaincre, de battre en retraite et d'échapper à l'ennemi en fonction des besoins du moment. C'est aussi l'arme de la reconnaissance et des raids dans la profondeur. La monture confère au cavalier plusieurs avantages sur son adversaire à pied : vitesse, hauteur, masse et inertie lors du choc. Un autre facteur de supériorité résulte de l'impact psychologique de l'apparition du soldat à cheval sur le fantassin.
Dès les premiers temps de son utilisation, la cavalerie offre l'avantage de la mobilité, qui en fait un instrument de guerre redoutable car elle permet de déborder et d'éviter l'adversaire, de surprendre et de vaincre, de battre en retraite et d'échapper à l'ennemi en fonction des besoins du moment. C'est aussi l'arme de la reconnaissance et des raids dans la profondeur. La monture confère au cavalier plusieurs avantages sur son adversaire à pied : vitesse, hauteur, masse et inertie lors du choc. Un autre facteur de supériorité résulte de l'impact psychologique de l'apparition du soldat à cheval sur le fantassin.


La mobilité et la capacité de choc de la cavalerie sont grandement appréciées et exploitées dans les différentes forces armées sous l'[[Antiquité]] et au [[Moyen Âge]] ; certaines forces étant principalement composées de cavalerie, en particulier dans les tribus nomades de l'[[Asie]], comme les [[Mongols]]. Chez ces peuples de cavaliers se développe le concept de la cavalerie légère qui prône la vitesse et la surprise, avec des combattants montés, équipés et armés légèrement . En Europe, la cavalerie se dote au contraire d'armures lourdes et pesantes et les chevaliers agissent comme une cavalerie lourde, en privilégiant la recherche d'une action décisive au moyen d'un choc frontal. Au cours du {{s-|XVII|e}}, la cavalerie européenne abandonne l'armure, inefficace contre les fusils et les canons qui font leur apparition. Néanmoins, certains corps de cavalerie tels que les cuirassiers conservent une cuirasse petite et épaisse qui bénéficie d'une protection contre les lances et les sabres et une certaine protection contre les projectiles tirés à longue distance.
La mobilité et la capacité de choc de la cavalerie sont grandement appréciées et exploitées dans les différentes forces armées sous l'[[Antiquité]] et au [[Moyen Âge]] ; certaines forces étant principalement composées de cavalerie, en particulier dans les tribus nomades de l'[[Asie]], comme les [[Mongols]]. Chez ces peuples de cavaliers se développe le concept de la cavalerie légère qui prône la vitesse et la surprise, avec des combattants montés, équipés et armés légèrement . En Europe, la cavalerie se dote au contraire d'armures lourdes et pesantes et les chevaliers agissent comme une cavalerie lourde, en privilégiant la recherche d'une action décisive au moyen d'un choc frontal. Au cours du {{s-|XVII}}, la cavalerie européenne abandonne l'armure, inefficace contre les fusils et les canons qui font leur apparition. Néanmoins, certains corps de cavalerie tels que les cuirassiers conservent une cuirasse petite et épaisse qui bénéficie d'une protection contre les lances et les sabres et une certaine protection contre les projectiles tirés à longue distance.


Durant la période entre les deux guerres mondiales, de nombreuses unités de cavalerie sont converties en infanterie motorisée ou en unités mécanisées et blindées. Cependant, la cavalerie sert encore pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], notamment dans les armées allemande, italienne, polonaise et soviétique, généralement sur les arrières du front. Actuellement, la plupart des unités de cavalerie montées servent dans des rôles de prestige, ou - beaucoup plus rarement - comme infanterie montée sur des terrains difficiles comme les montagnes ou les zones densément boisées. L'utilisation moderne du terme se réfère à des unités spécialisées dotées de chars (« cavalerie blindée ») ou d'aéronefs (« cavalerie de l'air »).
Durant la période entre les deux guerres mondiales, de nombreuses unités de cavalerie sont converties en infanterie motorisée ou en unités mécanisées et blindées. Cependant, la cavalerie sert encore pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], notamment dans les armées allemande, italienne, polonaise et soviétique, généralement sur les arrières du front. Actuellement, la plupart des unités de cavalerie montées servent dans des rôles de prestige, ou - beaucoup plus rarement - comme infanterie montée sur des terrains difficiles comme les montagnes ou les zones densément boisées. L'utilisation moderne du terme se réfère à des unités spécialisées dotées de chars (« cavalerie blindée ») ou d'aéronefs (« cavalerie de l'air »).


== Historique ==
== Histoire ==
=== Origine et développement ===
=== Origine et développement ===
[[Fichier:Scythian comb.jpg|vignette|upright=0.9|Peigne en or gréco-scythe représentant un cavalier [[scythes|scythe]] dans une bataille. {{-s-|IV|e}}, [[Musée de l'Ermitage]].]]
[[Fichier:Scythian comb.jpg|vignette|upright|Peigne en or gréco-scythe représentant un cavalier [[scythes|scythe]] dans une bataille. {{-s-|IV}}, [[Musée de l'Ermitage]], kourgane de [[Solokha]].]]


Les [[Scythes]], peuples indo-européens d'éleveurs nomades en [[Eurasie]] centrale dans l'[[Antiquité]], développent la cavalerie montée légère et utilisent des arcs à la fois courts et puissants en raison de leur forme. Auparavant, les chevaux servaient surtout à tirer des [[char]]s de combat mais n'étaient pas encore montés de façon régulière. Les traditions scythiques de cavalerie montée seront reprises des siècles plus tard au Moyen Âge par les peuples [[Peuples turcs|turcs]] puis [[mongols]], originaires d'Asie orientale, et permettront à [[Gengis Khan|Genghis Khan]] et ses troupes de conquérir l'Asie centrale à leur tour, ainsi que la Chine et une partie de l'Europe au {{S|XIII}} en formant ainsi l'[[Empire mongol]]<ref>Véronique Schiltz, Les Scythes et les nomades des steppes, Gallimard, 1994.</ref>{{,}}<ref>Iaroslav Lebedynsky, Les Scythes. La civilisation nomade des steppes, {{VIIe}}-{{IIIe}} av. J.-C., Errance, Paris, seconde édition 2011.</ref>.
Les [[Scythes]], peuples indo-européens d'éleveurs nomades en [[Eurasie]] centrale dans l'[[Antiquité]], développent la cavalerie montée légère et utilisent des arcs à la fois courts et puissants en raison de leur forme. Auparavant, les chevaux servaient surtout à tirer des [[char]]s de combat mais n'étaient pas encore montés de façon régulière. Les traditions scythiques de cavalerie montée seront reprises des siècles plus tard au Moyen Âge par les peuples [[Peuples turcs|turcs]] puis [[mongols]], originaires d'Asie orientale, et permettront à [[Gengis Khan|Genghis Khan]] et ses troupes de conquérir l'Asie centrale à leur tour, ainsi que la Chine et une partie de l'Europe au {{s-|XIII}} en formant ainsi l'[[Empire mongol]]<ref>Véronique Schiltz, Les Scythes et les nomades des steppes, Gallimard, 1994.</ref>{{,}}<ref>Iaroslav Lebedynsky, Les Scythes. La civilisation nomade des steppes, {{VIIe}}-{{IIIe}} av. J.-C., Errance, Paris, seconde édition 2011.</ref>.


Dans l'antiquité, [[Alexandre le Grand|Alexandre le grand]] fait usage de sa cavalerie pour manœuvrer rapidement par les flancs et attaquer le général ennemi ou l'arrière des phalanges selon la tactique du marteau et de l'enclume. Le cavalier est armé d'une lance tenue au-dessus de l'épaule avec laquelle il harponne l'adversaire, mais qui peut aussi servir d'arme de jet, la vitesse du cheval s'ajoutant à celle du lancé.
Dans l'[[Antiquité]], [[Alexandre le Grand]] fait usage de sa cavalerie pour manœuvrer rapidement par les flancs et attaquer le [[général]] ennemi ou l'arrière des [[Phalange (Antiquité)|phalanges]] selon la [[Tactique militaire utilisée par Alexandre le Grand|tactique]] du [[Tactique militaire utilisée par Alexandre le Grand#Tactique du « marteau et de l'enclume »|marteau et de l'enclume]]. Le cavalier est armé d'une lance tenue au-dessus de l'épaule avec laquelle il harponne l'adversaire, mais qui peut aussi servir d'arme de jet, la vitesse du cheval s'ajoutant à celle du lancé.


[[Fichier:Bayeux Tapestry scene51 Battle of Hastings Norman knights and archers.jpg|vignette|gauche|upright=1.5|Cavaliers [[Normands]] jetant leurs lances<br />[[Tapisserie de Bayeux]], {{s|XI}}.]]
[[Fichier:Bayeux Tapestry scene51 Battle of Hastings Norman knights and archers.jpg|vignette|gauche|Cavaliers [[Normands]] jetant leurs lances. [[Tapisserie de Bayeux]], {{s-|XI}}.]]


La cavalerie a longtemps été un moyen de reconnaissance ou de communication entre les différents corps d'armée plutôt qu'une réelle force de combat. Le coût de l'entretien d'un cheval était tel que bien peu de personnes étaient capables de l'assumer. La cavalerie pose aussi d'importants problèmes logistiques. La présence des animaux implique la construction d'enclos, le transport de fourrage, l'emploi de palefreniers... Mais la force d'un corps de cavalerie face à des fantassins est telle que très rapidement les armées s’organisent pour avoir un certain nombre de ces soldats en soutien des troupes plus classiques.
La cavalerie a longtemps été un moyen de reconnaissance ou de communication entre les différents corps d'armée plutôt qu'une réelle force de combat. Le coût de l'entretien d'un cheval était tel que bien peu de personnes étaient capables de l'assumer. La cavalerie pose aussi d'importants problèmes logistiques. La présence des animaux implique la construction d'enclos, le transport de fourrage, l'emploi de palefreniers… Mais la force d'un corps de cavalerie face à des fantassins est telle que rapidement les armées s’organisent pour avoir un certain nombre de ces soldats en soutien des troupes plus classiques.


{{article détaillé|Cavalerie au temps de la Rome antique}}
{{article détaillé|Cavalerie au temps de la Rome antique}}


Les romains recrutent ainsi l'essentiel de leur cavalerie chez les auxiliaires barbares qui sont souvent d'anciens ou futurs adversaires. Les peuples scythes, et notamment les [[Sarmates]], ont également développé des races de chevaux plus puissantes qui permettrons de développer les premières cavaleries lourdes et les premiers [[Cataphractaire|Cataphractaires]], qui seront rapidement adoptés par les [[Perses]] et les [[Empire parthe|Parthes]] puis les [[Empire romain|Romains]]. Un élément de cavalerie lourde, protégé d'une épaisse cotte de maille est chargé de briser les formations d'infanterie adverse<ref>Iaroslav Lebedynsky. Les Sarmates, Amazones et lanciers cuirassés entre Oural et Danube, {{-s-|VII}} - {{s-|VI}} apr. J.-C., Errance, seconde édition 2014.</ref>. La cavalerie lourde, couteuse, sera surtout le signe d'une cavalerie de guerre aristocratique et deviendra un des fondements des chevaliers du Moyen Âge européen et de la [[féodalité]].
Les [[Rome antique|Romains]] recrutent ainsi l'essentiel de leur [[Cavalerie au temps de la Rome antique|cavalerie]] chez les [[Troupes auxiliaires|auxiliaires]] [[barbare]]s qui sont souvent d'anciens ou futurs adversaires. Les [[Scythes|peuples scythes]], et notamment les [[Sarmates]], ont également développé des [[Race chevaline|races de chevaux]] plus puissantes qui permettront de développer les premières [[Cavalerie lourde|cavaleries lourdes]] et les premiers [[cataphractaire]]s, qui seront rapidement adoptés par les [[Perses]] et les [[Empire parthe|Parthes]] puis les [[Empire romain|Romains]]. Un élément de cavalerie lourde, protégé d'une épaisse cotte de mailles est chargé de briser les formations d'infanterie adverse<ref>Iaroslav Lebedynsky. Les Sarmates, Amazones et lanciers cuirassés entre Oural et Danube, {{-s-|VII}} - {{sap-|VI}}, Errance, seconde édition 2014.</ref>. La [[cavalerie lourde]], coûteuse, sera surtout le signe d'une cavalerie de guerre [[Aristocratie|aristocratique]] et deviendra un des fondements des [[Chevalerie|chevaliers]] du [[Moyen Âge]] [[Europe|européen]] et de la [[féodalité]].


Avec l'apparition progressive des [[rênes]], du [[Mors (équitation)|mors]], et surtout des [[étrier (équitation)|étriers]] qui permettent de se dresser sur les jambes et donc d'avoir plus de force lors de l'impact d'une charge, la cavalerie devient un enjeu stratégique pour les armées (voir toutefois la [[Grande controverse de l'étrier]]). L'infanterie montée, bien qu'elle se batte à pied, permet aussi de déployer des troupes rapidement sur de longues distances.
Avec l'apparition progressive des [[rênes]], du [[Mors (équitation)|mors]], et surtout des [[étrier (équitation)|étriers]] qui permettent de se dresser sur les jambes et donc d'avoir plus de force lors de l'impact d'une charge, la cavalerie devient un enjeu stratégique pour les armées (voir toutefois la [[Grande controverse de l'étrier]]). L'infanterie montée, bien qu'elle se batte à pied, permet aussi de déployer des troupes rapidement sur de longues distances.


Dans les armées féodales, la cavalerie était presque exclusivement composée de [[noblesse|nobles]], seuls capables d'acheter et de financer l'entretien de leurs chevaux. Cette tradition perdura assez longtemps mais finira par se restreindre au corps des officiers (toujours obligés de financer leur équipement, à l'opposé de la troupe). La cavalerie avait donc acquis un statut de prestige.
Dans les armées féodales, la cavalerie était presque exclusivement composée de [[noblesse|nobles]], seuls capables d'acheter et de financer l'entretien de leurs chevaux. Cette tradition perdura assez longtemps mais finira par se restreindre au [[corps des officiers]] (toujours obligés de financer leur équipement, à l'opposé de la troupe). La cavalerie avait donc acquis un statut de prestige.


Face aux murs de boucliers et piques à une main de l'infanterie, la lance du cavalier s'allonge et se cale sous le bras. L'armure se renforce et la cotte de maille se recouvrera progressivement de plate. La charge coordonnée de chevaliers devient un outil de percussion visant à briser la ligne de l'adversaire. La cavalerie lourde sera considérée pendant tout le Moyen Âge comme une arme décisive et les batailles tournaient souvent à l'avantage du camp qui en possédait le plus grand nombre. C'était particulièrement vrai pour les batailles en plaine.
Face aux murs de boucliers et piques à une main de l'infanterie, la lance du cavalier s'allonge et se cale sous le bras. L'armure se renforce et la cotte de mailles se recouvrera progressivement de plate. La charge coordonnée de chevaliers devient un outil de percussion visant à briser la ligne de l'adversaire. La cavalerie lourde sera considérée pendant tout le Moyen Âge comme une arme décisive et les batailles tournaient souvent à l'avantage du camp qui en possédait le plus grand nombre. C'était particulièrement vrai pour les batailles en plaine.


Pour contrer la cavalerie, la tactique s'oriente vers la défensive, avec des forts en pierres ou des palissades de bois temporaires. À [[bataille de Crécy|Crécy]] et [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]], les chevaux de la cavalerie française se font massacrer par les archers anglais équipés de leur arc long ''(long bow)'' en bois d'if, et les pieux et fossés qu'ils ont placés devant eux.
Pour contrer la cavalerie, la tactique s'oriente vers la défensive, avec des forts en pierres ou des palissades de bois temporaires. À [[bataille de Crécy|Crécy]] et [[Bataille d'Azincourt|Azincourt]], les chevaux de la cavalerie française se font massacrer par les archers anglais équipés de leur arc long ''(long bow)'' en bois d'if, et les pieux et fossés qu'ils ont placés devant eux.
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Les armures lourdes se démocratisent et les boucliers deviennent moins utiles, libérant la deuxième main. La cavalerie lourde des chevaliers devient fréquemment tenue en échec par une version modernisée de la phalange grec : des masses solidaires d'infanterie lourde couvertes d'armures de plates et équipées de longues piques ou de hallebardes. Les troupes mercenaires suisses, des professionnels de la guerre, en font leur spécialité. À ces formations défensives viennent s'adjoindre les [[arbalète]]s, puis les armes à feu qui leur donnent des capacités offensives à distance.
Les armures lourdes se démocratisent et les boucliers deviennent moins utiles, libérant la deuxième main. La cavalerie lourde des chevaliers devient fréquemment tenue en échec par une version modernisée de la phalange grec : des masses solidaires d'infanterie lourde couvertes d'armures de plates et équipées de longues piques ou de hallebardes. Les troupes mercenaires suisses, des professionnels de la guerre, en font leur spécialité. À ces formations défensives viennent s'adjoindre les [[arbalète]]s, puis les armes à feu qui leur donnent des capacités offensives à distance.


Les [[armes à feu]] apparaissent en [[Europe]] au [[Moyen Âge central]] ({{Sp|XI|e|au|XIII|e}}) : [[couleuvrine]], [[arquebuse]] et [[pistolet (arme)|pistolet]]. La cavalerie doit évoluer : Les chevaux lourds sont écartés au profit de chevaux puissants et légers, les armures sont abandonnées au profit de côtes légères et de minces cuirasses…
Les [[armes à feu]] apparaissent en Europe au [[Moyen Âge central]] ({{Sp|XI|au|XIII}}) : [[couleuvrine]], [[arquebuse]] et [[pistolet (arme)|pistolet]]. La cavalerie doit évoluer, et les [[Cheval|chevaux]] lourds sont écartés au profit de chevaux puissants et légers, les [[Armure (équipement)|armures]] sont abandonnées au profit de [[Cotte de mailles|cottes]] légères et de minces [[cuirasse]]s…


=== {{s-|XVII|e}} ===
=== {{s-|XVII}} ===
Au {{s-|XVII|e}}, avec la venue des armes à feu, apparaît l'[[escadron]], qui se forme en profondeur (avec des tactiques comme la [[caracole (militaire)|caracole]], chaque rang se servant successivement de ses pistolets avant d'aller se reformer à l'arrière de la formation). {{Refsou|Les évolutions se font alors surtout au pas ou au trot}}<ref>Olivier Chaline, « Au temps de la [[guerre de Trente Ans]], 1618-1648 », in
Au {{s-|XVII}}, avec la venue des armes à feu, apparaît l'[[escadron]], qui se forme en profondeur (avec des tactiques comme la [[caracole (militaire)|caracole]], chaque rang se servant successivement de ses pistolets avant d'aller se reformer à l'arrière de la formation). {{Refsou|Les évolutions se font alors surtout au pas ou au trot}}<ref>Olivier Chaline, « Au temps de la [[guerre de Trente Ans]], 1618-1648 », in {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Chauvire|directeur1=oui|auteur2=Bertrand Fonck|directeur2=oui|titre=L'âge d'or de la cavalerie|lieu=Paris|éditeur=Gallimard Ministère de la Défense|année=2015|pages totales=280|isbn=978-2-07-014684-0|isbn10=2-070-14684-7|passage=85}}.</ref>.
{{Ouvrage|langue=fr|titre=L'âge d'or de la cavalerie|prénom1=Frédéric|nom1=Chauvire|directeur1=oui|auteur2=Bertrand Fonck|directeur2=oui|lieu=Paris|éditeur=Gallimard Ministère de la Défense|année=2015|pages totales=280|isbn=978-2-070-14684-0|isbn10=2-070-14684-7}}, page 85.</ref>.


Mais si l’apparition des [[Arme à feu|armes à feu]] a semblé mettre un terme à la prééminence du choc (c'est-à-dire de la charge), à partir du {{s-|XVII}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Roche|directeur1=oui|titre=Le cheval et la guerre|sous-titre=du XVe au XXe siècle|lieu=Paris (42 rue Sibuet, 75012|éditeur=Association pour l'Académie d'art équestre de Versailles|année=2002|pages totales=399|isbn=978-2-913018-02-0|isbn10=2-913-01802-5|passage=19}}</ref>, l’[[arme blanche]] redevient progressivement l’arme de choix. et le format des escadrons évolue en conséquence. Ainsi, aux lourds [[escadron]]s « carrés » de plusieurs centaines d’hommes sur une dizaine de rangs et plus de l’époque des [[reître]]s et de la [[Caracole (militaire)|caracole]], vont succéder des [[escadron]]s sur quatre, puis trois, puis à partir de la [[guerre de Sept Ans]], sur deux rangs.
Mais si l’apparition des [[Arme à feu|armes à feu]] a semblé mettre un terme à la prééminence du choc (c'est-à-dire de la charge), à partir du {{s-|XVII|e}}<ref>{{Ouvrage
|langue=fr|titre=Le cheval et la guerre : du XVe au XXe siècle|prénom1=Daniel|nom1=Roche|directeur1=oui|lieu=Paris (42 rue Sibuet, 75012|éditeur=Association pour l'Académie d'art équestre de Versailles|année=2002|pages totales=399|isbn=978-2-913-01802-0
|isbn10=2-913-01802-5}}, page 19</ref>, l’[[arme blanche]] redevient progressivement l’arme de choix. et le format des escadrons évolue en conséquence. Ainsi, aux lourds escadrons « carrés » de plusieurs centaines d’hommes sur une dizaine de rangs et plus, de l’époque des [[reître]]s et de la caracole, vont succéder des escadrons sur quatre, puis trois, puis à partir de la [[guerre de Sept Ans]], sur deux rangs.


=== {{s-|XVIII|e}} ===
=== {{s-|XVIII}} ===
[[Fichier:Bataille Waterloo 1815 reconstitution 2011 2.jpg|vignette|upright=1.8|Échantillon de la cavalerie de l'[[armée napoléonienne]] lors d'une [[reconstitution historique|reconstitution]] de la [[bataille de Waterloo]] : hussards, chasseurs à cheval, [[1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale|chevau-légers lanciers polonais]], grenadiers à cheval, dragons.]]
[[Fichier:Bataille Waterloo 1815 reconstitution 2011 2.jpg|vignette|Échantillon de la cavalerie de l'[[armée napoléonienne]] lors d'une [[reconstitution historique|reconstitution]] de la [[bataille de Waterloo]] : hussards, chasseurs à cheval, [[1er régiment de chevau-légers lanciers polonais de la Garde impériale|chevau-légers lanciers polonais]], grenadiers à cheval, dragons.]]


Par la suite, le [[sabre]] remplace l’[[épée]] et devient l’arme principale pour la charge qui, au {{s-|XVIII|e}}, est conduite – ou achevée – au galop.
Par la suite, le [[sabre]] remplace l’[[épée]] et devient l’arme principale pour la charge qui, au {{s-|XVIII}}, est conduite – ou achevée – au galop.


À cette époque la [[lance]] ne joue plus depuis longtemps qu’un rôle marginal (même si [[Napoléon Ier|Napoléon]], impressionné par les lanciers polonais, intégra [[Lanciers polonais de la Garde impériale|un de leurs régiments]] à la Garde impériale et recréa des unités de lanciers). Enfin, tous les cavaliers sont équipés d’un ou deux pistolets et d’une carabine ou d’un mousqueton (ou d’un fusil – plus long et plus lourd - dans le cas des dragons qui étaient censés combattre aussi bien à pied qu’à cheval).
À cette époque la [[lance]] ne joue plus depuis longtemps qu’un rôle marginal (même si [[Napoléon Ier|Napoléon]], impressionné par les lanciers polonais, intégra [[Lanciers polonais de la Garde impériale|un de leurs régiments]] à la Garde impériale et recréa des unités de lanciers). Enfin, en plus du sabre, tous les cavaliers sont équipés d’un ou deux pistolets et d’une carabine ou d’un mousqueton (ou d’un fusil – plus long et plus lourd - dans le cas des dragons qui étaient censés combattre aussi bien à pied qu’à cheval).


Au fil de l'histoire, différentes composantes de cavalerie sont apparues :
Au fil de l'histoire, différentes composantes de cavalerie sont apparues :
* [[Cavalerie légère]] : (surnommée « les yeux et les oreilles de l'armée »)
* [[Cavalerie légère]] : (surnommée « les yeux et les oreilles de l'armée »)
**[[Chasseur à cheval|chasseurs à cheval]] spécialisés dans la reconnaissance
** [[Chasseur à cheval|chasseurs à cheval]] spécialisés dans la reconnaissance
** [[hussard|hussards]], unités d'attaque et de harcèlement
** [[hussard]]s, unités d'attaque et de harcèlement
** [[Guides (cavalerie)|guides]] unité de protection
** [[Guides à cheval|guides]], [[Unité militaire|unités]] de protection
** [[Chevau-léger|chevau-légers]]
** [[chevau-léger]]s
**[[Carabiniers à cheval (France)|carabiniers à cheval]], ils portent une cuirasse et casque (comme les cuirassiers), sont armées d'une carabine et combattent exclusivement à cheval.
** [[Carabiniers à cheval (France)|carabiniers à cheval]], ils portent une [[cuirasse]] et un [[casque]] (comme les [[cuirassier]]s), sont armés d'une [[carabine militaire|carabine]], et combattent exclusivement à cheval.


* [[Cavalerie de ligne]] : dans certains pays (comme notamment la France sous Napoléon), on distingue une catégorie supplémentaire, intermédiaire entre la cavalerie légère et la cavalerie lourde, orientée vers la bataille proprement dite.
* [[Cavalerie de ligne]] : dans certains pays (comme notamment la France sous Napoléon), on distingue une catégorie supplémentaire, intermédiaire entre la cavalerie légère et la cavalerie lourde, orientée vers la bataille proprement dite.
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** [[lancier]]s (appelés également [[Uhlan]]s ou chevau-légers lanciers) : cavaliers armés d'une lance.
** [[lancier]]s (appelés également [[Uhlan]]s ou chevau-légers lanciers) : cavaliers armés d'une lance.


* [[Cavalerie lourde]] : unités de
* [[Cavalerie lourde]] :
**[[cuirassier]]s, cavalerie lourde dotée d'une cuirasse, d'un casque et d'un sabre droit, combattant exclusivement à cheval,
** cuirassiers, cavalerie lourde dotée d'une cuirasse, d'un [[casque]] et d'un [[Sabre|sabre droit]], combattant exclusivement à cheval.
**[[Régiment de grenadiers à cheval de la Garde impériale|grenadiers à cheval]] remplissaient la même fonction que les cuirassiers et les carabiniers, mais ne portaient pas la cuirasse. Ils étaient équipés d'un mousquet.
** [[Grenadiers à cheval de la Garde impériale|grenadiers à cheval]], remplissent la même fonction que les cuirassiers et les [[Carabiniers à cheval (France)|carabiniers]], mais ne portent pas de cuirasse. Ils sont équipés d'un [[mousquet]].


=== {{s-|XIX|e}} et {{s-|XX|e}} ===
=== {{s-|XIX}} et {{s-|XX}} ===
[[Fichier:Woodville Richard Caton - Poniatowski's Last Charge at Leipzig 1912.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|[[Richard Caton Woodville]], ''Poniatowski's Last Charge at Leipzig'' (1813).]]
[[Fichier:Woodville Richard Caton - Poniatowski's Last Charge at Leipzig 1912.jpg|vignette|gauche|upright|[[Richard Caton Woodville]], ''Poniatowski's Last Charge at Leipzig'' (1813).]]


L’avènement des armes à tir rapide au {{s-|XIX|e}} transforme profondément le caractère de la guerre à cheval en Europe (le cheval conservera néanmoins un rôle non négligeable jusqu’au {{s-|XX|e}} dans certains conflits, notamment coloniaux)<ref>
L’avènement des armes à tir rapide au {{s-|XIX}} transforme profondément le caractère de la guerre à cheval en Europe (le cheval conservera néanmoins un rôle non négligeable jusqu’au {{s-|XX}} dans certains conflits, notamment coloniaux)<ref>Gervase Phillips, « La cavalerie au combat au {{s-|XIX}} », in {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Frédéric|nom1=Chauvire|directeur1=oui|auteur2=Bertrand Fonck|directeur2=oui|titre=L'âge d'or de la cavalerie|lieu=Paris|éditeur=Gallimard Ministère de la Défense|année=2015|pages totales=280|passage=219|isbn=978-2-07-014684-0|isbn10=2-070-14684-7}}</ref>.
Gervase Phillips, « La cavalerie au combat au {{s-|XIX}} », in {{Ouvrage|langue=fr|titre=L'âge d'or de la cavalerie|prénom1=Frédéric|nom1=Chauvire|directeur1=oui|auteur2=Bertrand Fonck|directeur2=oui|lieu=Paris|éditeur=Gallimard Ministère de la Défense|année=2015|pages totales=280|isbn=978-2-070-14684-0
|isbn10=2-070-14684-7|passage=219}}</ref>.


La toute dernière charge de cavalerie effectuée en Europe occidentale fut celle de la [[Charge de Burkel]] (Belgique).
La toute dernière charge de cavalerie effectuée en [[Europe de l'Ouest|Europe occidentale]] fut celle de [[Charge de Burkel|Burkel]] ([[Belgique]]).


La question du rôle - et même de l'utilité - de la cavalerie sur le champ de bataille se pose et la doctrine d'emploi fluctue entre le maintien et la disparition de la charge (en France, au début du {{s-|XX|e}}, il est courant d'entendre que « la cavalerie manœuvre à cheval mais combat à pied »).
La question du rôle - et même de l'utilité - de la cavalerie sur le champ de bataille se pose et la doctrine d'emploi fluctue entre le maintien et la disparition de la charge (en France, au début du {{s-|XX}}, il est courant d'entendre que « la cavalerie manœuvre à cheval mais combat à pied »).


L'infanterie est plus lente mais elle dispose désormais des moyens de contrer n'importe quelle charge de cavalerie. Les dernières charges de cavalerie à cheval se soldent par des hécatombes qui forcent les armées à se concentrer sur l'infanterie et l'artillerie.
L'infanterie est plus lente mais elle dispose désormais des moyens de contrer n'importe quelle charge de cavalerie. Les dernières charges de cavalerie à cheval se soldent par des hécatombes qui forcent les armées à se concentrer sur l'infanterie et l'artillerie.


Le cheval prend alors un rôle nouveau dans l'armée et sert presque exclusivement au transport, avant d'être également remplacé dans ce rôle par le véhicule automobile. Quelques armées conserveront cependant des troupes à cheval jusqu'à la [[Seconde Guerre mondiale]].{{-}}
Le cheval prend alors un rôle nouveau dans l'armée et sert presque exclusivement au transport, avant d'être également remplacé dans ce rôle par le véhicule automobile. Quelques armées conserveront cependant des troupes à cheval jusqu'à la [[Seconde Guerre mondiale]].


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Prussian hussars.jpg|Cavalerie [[Prusse|prussienne]] au début du {{XIXe siècle}}.
Fichier:Prussian hussars.jpg|Cavalerie [[Armée prussienne|prussienne]] au début du {{XIXe siècle}}.
KuK Kavallerie 1898.jpg|Cavalerie de l'[[armée austro-hongroise]] (1898).
Fichier:KuK Kavallerie 1898.jpg|Cavalerie de l'[[armée austro-hongroise]] (1898).
Light horse walers.jpg|[[Chevau-léger]]s australiens faisant partie du corps expéditionnaire aux [[Bataille des Dardanelles|Dardanelles]] (photographie de 1914).
Fichier:École_de_cavalerie_de_Saumur_1907_1909.png|[[École de cavalerie de Saumur]] (1907-1909).
Fichier:Light horse walers.jpg|[[Chevau-léger]]s australiens faisant partie du [[Corps d'armée australien et néo-zélandais|corps expéditionnaire]] (ANZAC) au Moyen-Orient (photographie de 1914).
Fichier:Alfred Munnings - Charge of Flowerdew's Squadron.jpg|''{{langue|en|[[Charge of Flowerdew's Squadron]]}}'', [[bataille du bois de Moreuil]], {{Date|30|mars|1918}} ([[Musée canadien de la guerre]]).
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=== En France ===
=== En France ===
[[Fichier:Republican Guard Cavalry Regiment Bastille Day 2008.jpg|vignette|upright=1| Le régiment de cavalerie de la [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] attendant d'ouvrir le défilé des troupes montées, [[défilé du 14 juillet]] 2008 sur les [[Quartier des Champs-Élysées|Champs-Élysées]], [[Paris]].]]
[[Fichier:Republican Guard Cavalry Regiment Bastille Day 2008.jpg|vignette| Le régiment de cavalerie de la [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] attendant d'ouvrir le défilé des troupes montées, [[défilé du 14 Juillet]] 2008 sur les [[Quartier des Champs-Élysées|Champs-Élysées]], [[Paris]].]]


En [[France]], les formations héritières de la cavalerie seront regroupées dans l'[[arme blindée et cavalerie]] en 1943 (le saint protecteur de la cavalerie française reste [[Georges de Lydda|saint Georges]], de là vient le proverbe : « Par saint Georges, vive la cavalerie ! »).
En France, les formations héritières de la cavalerie seront regroupées dans l'[[arme blindée et cavalerie]] en 1943 (le saint protecteur de la cavalerie française reste [[Georges de Lydda|saint Georges]], de là vient le proverbe : « Par saint Georges, vive la cavalerie ! »).


De nos jours, la cavalerie est utilisée comme symbole de prestige et de nombreuses armées conservent un corps monté pour les défilés et les représentations officielles. Les régiments de l'[[Arme blindée et cavalerie]] en sont les héritiers dans les armées modernes.
De nos jours, la cavalerie est utilisée comme symbole de prestige et de nombreuses armées conservent un corps monté pour les défilés et les représentations officielles. Les régiments de l'[[Arme blindée et cavalerie]] en sont les héritiers dans les armées modernes.


==== A Paris ====
==== La cavalerie à Paris ====
{{Section trop longue|date=février 2020}}
La défense de Paris a toujours reposé sur un système de complexes fortifiés. Paris n'a jamais eu de grande garnison de cavalerie. Sa garnison fut principalement armée par des troupes à pied, par les servants des pièces d'artillerie et par les [[Sapeur|sapeurs]] et unités du génie spécialistes des [[Fortification|fortifications]]<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Pierre Garrigou Grandchamp|titre=Le cheval à Paris|passage=La cavalerie|lieu=Paris|éditeur=Action artistique de la ville de Paris|date=2006|pages totales=215|isbn=2-913246-56-7|lire en ligne=}}</ref>.


La défense de Paris a toujours reposé sur un système de complexes fortifiés. Paris n'a jamais eu de grande garnison de cavalerie. Sa garnison fut principalement armée par des troupes à pied, par les servants des pièces d'artillerie et par les [[Sapeur (militaire)|sapeurs]] et unités du génie spécialistes des [[fortification]]s<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Pierre Garrigou Grandchamp|titre=Le cheval à Paris|lieu=Paris|éditeur=Action artistique de la ville de Paris|année=2006|pages totales=215|passage=La cavalerie|isbn=2-913246-56-7}}</ref>.
Cependant, la cavalerie demeura bien présente dans la capitale, le cheval étant la monture des hommes de pouvoir et de leur entourage jusqu'au maréchal de [[Patrice de Mac Mahon|Mac-Mahon]]. Omis lors des émeutes populaires où elle fut combattante, la cavalerie à Paris fut d'abord un service de Cour qui assurait la sécurité, la garde et l'escorte des souverains dont elle réhaussait le prestige. L'armée montée participait aux manifestations de prestige, aux couronnements et investitures, aux réceptions de chefs d'état, ainsi qu'aux grands évènements sportifs comme les courses. Elle figurait dans les manifestations publiques tels les défilés et les revues.<ref name=":1" />.


Cependant, la cavalerie demeura bien présente dans la capitale, le cheval étant la monture des hommes de pouvoir et de leur entourage jusqu'au maréchal de [[Patrice de Mac Mahon|Mac-Mahon]]. Omis lors des émeutes populaires où elle fut combattante, la cavalerie à [[Paris]] fut d'abord un service de [[Cour de France|Cour]] qui assurait la sécurité, la garde et l'escorte des [[Liste des monarques de France|souverains]] dont elle rehaussait le prestige. L'armée montée participait aux manifestations de prestige, aux couronnements et investitures, aux réceptions de chefs d'État, ainsi qu'aux grands évènements sportifs comme les courses. Elle figurait dans les manifestations publiques tels les défilés et les revues<ref name=":1" />.
Sous l'[[Société d'Ancien Régime|Ancien Régime]], la cavalerie à Paris se confondait avec l'organisation et le service de la [[Maison du Roi|Maison du roi]]. Lorsque [[Louis XIII]] créa en 1622 le corps des [[Mousquetaires de Paris|Mousquetaires]], seule une partie servait à cheval. Affectés à la garde du roi, ils participaient aux campagnes militaires et quittaient alors Paris. Les chevaux étaient logés et soignés dans les deux hôtels affectés aux mousquetaires, l'hôtel des Mousquetaires gris construit en 1671 dont la façade se situait [[rue du Bac]], et l'hôtel des Mousquetaires noirs [[rue de Charenton]]. Le licenciement des mousquetaires en 1776 par [[Louis XVI]] mit fin provisoirement à la présence d'une charge à cheval affectée au souverain. L'[[École de Mars]] crée en 1794 compta des cavaliers dans ses rangs<ref name=":1" />.


===== Sous l'ancien régime =====
Les unités de cavaleries revinrent réellement à Paris avec la création de la [[Garde des consuls|Garde consulaire]], remplacée par la [[Garde impériale (Premier Empire)|Garde impériale]]. La cavalerie de la Garde préposée au service est logée dans l'[[Abbaye de Penthemont|abbaye de Penthémont]], à l'angle des [[Rue de Grenelle|rues de Grenelle]] et de [[Rue de Bellechasse|Bellechasse]] qui pouvait contenir au maximum 169 chevaux. Ces locaux furent occupés jusqu'en 1848. Les autres nombreux régiments de la Garde, dont les détachements se succédaient à Paris, y tinrent peu garnison. Ils venaient pour les revues et les réceptions aux troupes après les campagnes. Napoléon avait envisagé en 1812 de faire construire de part et d'autre du [[Champ-de-Mars (Paris)|Champ de Mars]] une cité administrative comprenant des quartiers de cavalerie, mais n'eut pas le temps de mener ce projet à son terme<ref name=":1" />.
à cette époque, la cavalerie à Paris se confondait avec l'organisation et le service de la [[Maison du Roi|Maison du roi]]. Lorsque [[Louis XIII]] créa en 1622 le corps des [[Mousquetaire|Mousquetaires]], seule une partie servait à cheval. Affectés à la garde du roi, ils participaient aux campagnes militaires et quittaient alors Paris. Les chevaux étaient logés et soignés dans les deux hôtels affectés aux mousquetaires, l'hôtel des Mousquetaires gris construit en 1671 dont la façade se situait [[rue du Bac]], et l'hôtel des Mousquetaires noirs [[rue de Charenton]]. Le licenciement des mousquetaires en 1776 par [[Louis XVI]] mit fin provisoirement à la présence d'une charge à cheval affectée au souverain. L'[[École de Mars]] créée en [[1794 en France|1794]] compta des cavaliers dans ses rangs<ref name=":1" />.

===== Sous le consulat, l'empire et la restauration =====
Les unités de cavaleries revinrent réellement à Paris avec la création de la [[Garde des consuls|Garde consulaire]], remplacée par la [[Garde impériale (Premier Empire)|Garde impériale]]. La cavalerie de la Garde préposée au service est logée dans l'[[Abbaye de Penthemont|abbaye de Penthémont]], à l'angle des [[Rue de Grenelle|rues de Grenelle]] et de [[Rue de Bellechasse|Bellechasse]] qui pouvait contenir au maximum {{nobr|169 chevaux}}. Ces locaux furent occupés jusqu'en 1848. Les autres nombreux régiments de la Garde, dont les détachements se succédaient à Paris, y tinrent peu garnison. Ils venaient pour les revues et les réceptions aux troupes après les campagnes. Napoléon avait envisagé en 1812 de faire construire de part et d'autre du [[Champ-de-Mars (Paris)|Champ de Mars]] une cité administrative comprenant des quartiers de cavalerie, mais n'eut pas le temps de mener ce projet à son terme<ref name=":1" />.


La cavalerie des coalisés envahit Paris en 1814. Les [[cosaques]] bivouaquèrent alors sur les [[Quartier des Champs-Élysées|Champs-Élysées]].
La cavalerie des coalisés envahit Paris en 1814. Les [[cosaques]] bivouaquèrent alors sur les [[Quartier des Champs-Élysées|Champs-Élysées]].


Pendant la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] et la [[Monarchie de Juillet]], la cavalerie se fixa à [[Versailles]]. Lors des émeutes parisiennes de la première moitié du {{s-|XIX}}, les cavaliers furent guère efficaces dans une guerre de rue impossible à mener à cheval. Ils répugnaient à mener des combats contre des civils, le maintien de l'ordre étant dévolu normalement à la [[Garde nationale de Paris|Garde nationale]]<ref name=":1" />. Jusqu'à l'avènement de la {{IIIe}} République, le souverain organisa des parades à cheval. Ainsi, [[Charles X]] et [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] aimaient se montrer à cheval en public entourés de leur garde à cheval.
Pendant la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] et la [[monarchie de Juillet]], la cavalerie se fixa à [[Versailles]]. Lors des émeutes parisiennes de la première moitié du {{s-|XIX}}, les cavaliers furent guère efficaces dans une guerre de rue impossible à mener à cheval. Ils répugnaient à mener des combats contre des civils, le maintien de l'ordre étant dévolu normalement à la [[Garde nationale de Paris|Garde nationale]]<ref name=":1" />. Jusqu'à l'avènement de la {{IIIe|République}}, le souverain organisa des parades à cheval. Ainsi, [[Charles X]] et [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe]] aimaient se montrer à cheval en public entourés de leur garde à cheval.


===== Au second empire =====
Au [[Second Empire]], la garnison parisienne comprenait la [[Garde impériale (Second Empire)|Garde impériale]] et une division de cavalerie logée à Paris ou à proximité. Plusieurs unités tenaient garnison aux environs et étaient susceptibles de se déplacer pour les services et manifestations programmées. Les [[Dragons de la Garde impériale|dragons de l'impératrice]] étaient ainsi à [[Fontainebleau]]; les guides, les [[Chasseurs à cheval de la Garde impériale|chasseurs]] et les [[1er régiment de cuirassiers|cuirassiers]] se déplaçaient entre [[Meaux]], [[Compiègne]], [[Melun]] et Fontainebleau. Seuls l'escadron des [[Escadron des cent-gardes|Cent gardes]] et les gendarmes d'élite demeuraient en permanence dans Paris, à Penthémont, dans la nouvelle caserne de la Cité à partir de 1867 et pour un seul escadron, à Orsay et aux [[Caserne des Célestins|Célestins]]. La cavalerie de ligne était cantonnée dans les forts de l'enceinte et à [[Vincennes]]. Les deux régiments de dragons étaient dans Paris intra muros. L'importance des troupes montées ne cessa de grandir sous Napoléon II. Le décret du {{1er}} mai 1854 limitait la cavalerie de la Garde à deux régiments, les Cuirassiers et les Guides. Dès 1855, son effectif est accru à une division de cavalerie comportant trois brigades. Elle comprit au total deux régiments de cavalerie lourde composée de cuirassiers, et quatre régiments de cavalerie légère, un de dragon, un de lanciers, un de chasseurs et un de guides. Les guides escortaient l'empereur et son entourage lors des solennités. Lors de l'attentat [[Felice Orsini|d'Orsini]] en 1858, une quinzaine de cavaliers furent blessés<ref name=":1" />.
Durant cette période, la garnison parisienne comprenait la [[Garde impériale (Second Empire)|Garde impériale]] et une division de cavalerie logée à Paris ou à proximité. Plusieurs unités tenaient garnison aux environs et étaient susceptibles de se déplacer pour les services et manifestations programmées. Les [[Dragons de la Garde impériale|dragons de l'impératrice]] étaient ainsi à [[Fontainebleau]] ; les [[Guides à cheval|guides]], les [[Chasseurs à cheval de la Garde impériale|chasseurs]] et les [[1er régiment de cuirassiers (France)|cuirassiers]] se déplaçaient entre [[Meaux]], [[Compiègne]], [[Melun]] et [[Fontainebleau]]. Seuls l'escadron des [[Escadron des cent-gardes|Cent gardes]] et les gendarmes d'élite demeuraient en permanence dans Paris, à Penthémont, dans la nouvelle caserne de la Cité à partir de 1867 et pour un seul escadron, à Orsay et aux [[Caserne des Célestins|Célestins]]. La cavalerie de ligne était cantonnée dans les forts de l'enceinte et à [[Vincennes]]. Les deux régiments de dragons étaient dans Paris ''intra muros''. L'importance des troupes montées ne cessa de grandir sous [[Napoléon III]]. Le [[Décret en France|décret]] du {{date-|1 mai 1854}} limitait la [[Cavalerie de la Garde impériale (Second Empire)|cavalerie de la Garde]] à deux [[régiment]]s, les [[cuirassier]]s et les guides. Dès 1855, son effectif est accru à une division de cavalerie comportant trois brigades. Elle comprit au total deux régiments de cavalerie lourde composée de cuirassiers, et quatre régiments de cavalerie légère, un de dragon, un de lanciers, un de chasseurs et un de guides. Les guides escortaient l'empereur et son entourage lors des solennités. Lors de l'attentat [[Felice Orsini|d'Orsini]] en 1858, une quinzaine de cavaliers furent blessés<ref name=":1" />.


===== Sous la {{3e}} république =====
Avec la [[Troisième République (France)|{{IIIe}} République]], les services protocolaires de la cavalerie sont plus restreints et plus distants. Les unités de cavalerie interviennent lors de l'accueil des chefs d'États étrangers ainsi que lors des déplacements des plus hautes autorités militaires. Progressivement ces services sont confiés à la seule [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] qui possède un régiment à cheval n'ayant pour autant jamais appartenu à la cavalerie. Des unités de cavalerie combattantes subsistèrent à Paris et dans sa périphérie, notamment à Vincennes, jusqu'à la fin de la {{IIIe}} République. Elles participaient aux défilés et manifestations purement militaires qui se déroulaient dans la capitale, tels la présentation à l'étendard, les revues des troupes et les défilés lors de la [[Fête nationale française|fête nationale]]<ref name=":1" />.<br />
Avec la [[Troisième République (France)|{{IIIe|République}}]], les services protocolaires de la cavalerie sont plus restreints et plus distants. Les unités de cavalerie interviennent lors de l'accueil des chefs d'État étrangers ainsi que lors des déplacements des plus hautes autorités militaires. Progressivement ces services sont confiés à la seule [[Garde républicaine (France)|Garde républicaine]] qui possède un régiment à cheval n'ayant pour autant jamais appartenu à la cavalerie. Des unités de cavalerie combattantes subsistèrent à Paris et dans sa périphérie, notamment à Vincennes, jusqu'à la fin de la {{IIIe|République}}. Elles participaient aux défilés et manifestations purement militaires qui se déroulaient dans la capitale, tels la présentation à l'étendard, les revues des troupes et les défilés lors de la [[Fête nationale française|fête nationale]]<ref name=":1" />.<br />
== Le cheval de cavalerie ==

Le cheval de cavalerie doit être un cheval de guerre possédant une grande vitesse, une puissance de choc, une aptitude à la poursuite, à la reconnaissance et aux patrouilles. Contre une batterie ou un carré de fantassins, la cavalerie ne peut l'emporter que par une extrême rapidité dans l'approche, le contact permettant de disloquer les rangs ennemis. Pour ce faire, la cavalerie doit donc exécuter de grandes actions coordonnées<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=André Champsaur|titre=Le guide de l'art équestre en Europe|passage=|lieu=Lyon|éditeur=La Manufacture|date=4ème trimestre 1993|pages totales=214|isbn=9-782737-703324|lire en ligne=}}</ref>.
== Cheval de cavalerie ==
Le cheval de cavalerie doit être un cheval de guerre possédant une grande vitesse, une puissance de choc, une aptitude à la poursuite, à la reconnaissance et aux patrouilles. Contre une batterie ou un carré de fantassins, la cavalerie ne peut l'emporter que par une extrême rapidité dans l'approche, le contact permettant de disloquer les rangs ennemis. Pour ce faire, la cavalerie doit donc exécuter de grandes actions coordonnées<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=André Champsaur|titre=Le guide de l'art équestre en Europe|lieu=Lyon|éditeur=La Manufacture|date={{4e}} trimestre 1993|pages totales=214|isbn=978-2-7377-0332-4}}</ref>.


=== En France ===
=== En France ===
La cavalerie légère, [[Chasseur à cheval|chasseurs]] et [[Hussard|hussards]], était montée en chevaux légers et la cavalerie lourde, [[Cuirassier|cuirassiers]] et dragons, en chevaux puissants. Le travail des cavaliers se focalisait principalement sur les manœuvres et les mouvements d'ensemble<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Michel Henriquet et Alain Prevost|titre=L'équitation, un art, une passion|passage=|lieu=Paris|éditeur=Seuil|date=1972|pages totales=319|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
La cavalerie légère, [[Chasseur à cheval|chasseurs]] et [[hussard]]s, était montée en chevaux légers et la cavalerie lourde, [[cuirassier]]s et dragons, en chevaux puissants. Le travail des cavaliers se focalisait principalement sur les manœuvres et les mouvements d'ensemble<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Henriquet|auteur2=Alain Prevost|titre=L'équitation, un art, une passion|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=1972|pages totales=319|isbn=}}</ref>.

Jusqu'à la Renaissance, le [[destrier]] était caparaçonné, robuste et fort. Le dressage du cheval est une nécessité du commandement individuel et est basé sur la croyance que le cheval est un être pensant<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Général Pierre Durand|titre=L'équitation française, mon choix de cœur et de raison|lieu=Arles|éditeur=[[Actes Sud]]|année=2008|pages totales=207|isbn=978-2-7427-7630-6}}</ref>.


À partir du règne de Louis XIII, les grands seigneurs abandonnent l'élevage pour fréquenter la Cour. Les races françaises de chevaux dégénèrent et se perdent, l'armée recourt aux races étrangères et notamment aux [[Pure race espagnole|andalous]]. Pour remédier à cet état et normer les [[Cheval|chevaux]] utilisés par les troupes à cheval, [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]] crée les [[Étalon (cheval)|étalons]] royaux le {{date-|17 octobre 1665}}. Ces étalons sont marqués d'un « [[L (lettre)|L]] » couronné à la cuisse. Les troupes à cheval se hiérarchisent et s'uniformisent sous l'autorité du roi pour devenir un corps homogène, la Cavalerie<ref name=":0" />.
Jusqu'à la Renaissance, le [[destrier]] était caparaçonné, robuste et fort. Le dressage du cheval est une nécessité du commandement individuel et est basé sur la croyance que le cheval est un être pensant<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Général Pierre Durand|titre=L'équitation française, mon choix de cœur et de raison|passage=|lieu=Arles|éditeur=Actes Sud|date=2008|pages totales=207|isbn=978-2-7427-7630-6|lire en ligne=}}</ref>.


À partir du règne de Louis XIII, les grands seigneurs abandonnent l'élevage pour fréquenter la Cour. Les races françaises de chevaux dégénèrent et se perdent, l'armée recourt aux races étrangères et notamment aux [[Pure race espagnole|andalous]]. Pour remédier à cet état et normer les chevaux utilisés par les troupes à cheval, [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]] crée les étalons royaux le 17 octobre 1765. Ces étalons sont marqués d'un "L" couronné à la cuisse. Les troupes à cheval se hiérarchisent et s'uniformisent sous l'autorité du roi pour devenir un corps homogène, la Cavalerie<ref name=":0" />.
== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}
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==== Ouvrages généraux ====
==== Ouvrages généraux ====
* Frédéric Chauviré, ''La Charge de cavalerie des origines à nos jours, de Bayard à Seidlitz'', Thèse de doctorat, Université de Nantes, 382 p., 2009, édité en 2013 chez Perrin.
* Frédéric Chauviré, ''La Charge de cavalerie des origines à nos jours, de Bayard à Seidlitz'', Thèse de doctorat, Université de Nantes, 382 p., 2009, édité en 2013 chez Perrin.
* (Gal.) Louis Susane, ''Histoire de la Cavalerie Française'', tome 1, Paris, J. Hetzel et {{Cie}}, 1874.
* (Gal.) Louis Susane, ''Histoire de la Cavalerie Française'', tome 1, Paris, J. Hetzel et {{Cie}}, 1874.
* (Gal. Baron) Bardin, ''Dictionnaire de l’Armée de terre'', Paris, Coréard, 1843.
* (Gal. Baron) Bardin, ''Dictionnaire de l’Armée de terre'', Paris, Coréard, 1843.
* André Corvisier, ''Histoire militaire de la France'' (4 tomes), Quadrige/PUF.
* André Corvisier, ''Histoire militaire de la France'' ({{nobr|4 tomes}}), Quadrige/PUF.
* Jean-Pierre Béneytou, ''Histoire de la cavalerie française des origines à nos jours'', éditions Lavauzelle, Panazol, 2010.
* Jean-Pierre Béneytou, ''Histoire de la cavalerie française des origines à nos jours'', éditions Lavauzelle, Panazol, 2010.
* (Colonel Dugué) Mac Carthy, ''La Cavalerie au temps des chevaux'', Éditions Pratiques Automobiles (EPA), 327 p., 1989. {{isbn|2851203134|978-2851203137}} {{présentation en ligne|lien=https://www.amazon.fr/cavalerie-au-temps-chevaux/dp/2851203134}}
* (Colonel Dugué) Mac Carthy, ''La Cavalerie au temps des chevaux'', Éditions Pratiques Automobiles (EPA), 327 p., 1989. {{isbn|2851203134|978-2851203137}} {{présentation en ligne|lien=https://www.amazon.fr/cavalerie-au-temps-chevaux/dp/2851203134}}

==== Ouvrages par période ====
==== Ouvrages par période ====
;Antiquité
;Antiquité
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Le cheval de guerre en Grèce ancienne|prénom1=Alexandre|nom1=Blaineau|préface=Pierre Brulé|lieu=Rennes|éditeur=Presses universitaires de Rennes|lien éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=2015|pages totales=348|isbn=978-2-753-54136-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alexandre|nom1=Blaineau|préface=Pierre Brulé|titre=Le cheval de guerre en Grèce ancienne|lieu=Rennes|éditeur=[[Presses universitaires de Rennes]]|année=2015|pages totales=348|isbn=978-2-7535-4136-8}}.
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Warhorse : cavalry in ancient warfare|prénom1=Philip|nom1=Sidnell|lieu=London New York|éditeur=Hambledon Continuum|année=2006|isbn=978-1-847-25023-0|isbn10=1-847-25023-8}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Philip|nom1=Sidnell|titre=Warhorse|sous-titre=cavalry in ancient warfare|lieu=London New York|éditeur=Hambledon Continuum|année=2006|pages totales=363|isbn=978-1-84725-023-0|isbn10=1-847-25023-8}}.
;Moyen Âge
;Moyen Âge
:{{Ouvrage|langue=fr|titre=La guerre au Moyen âge|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|collection=Nouvelle Clio|série=l'histoire et ses problèmes.|année=2003|pages totales=516|isbn=978-2-130-50484-9}}.
: {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Contamine|lien auteur1=Philippe Contamine|titre=La guerre au Moyen Âge|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Nouvelle Clio|série=l'histoire et ses problèmes|année=2003|pages totales=516|isbn=978-2-13-050484-9}}.
;Époque moderne
;Époque moderne
:{{Ouvrage|langue=fr|titre=La cavalerie dans les guerres de la [[Révolution française|Révolution]] et de l'[[Premier Empire|Empire]]|prénom1=[[Commandant|Cdt]] Louis-Auguste|nom1=Picard|lieu=Paris|éditeur=Teissèdre|collection=bicentenaire de l'épopée impériale|série=Études|année=2000|format=2 volumes, 419 et 406 pages|isbn=978-2-912-25948-6|isbn10=2-912-25948-7}}.
: {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=[[Commandant|Cdt]] Louis-Auguste|nom1=Picard|titre=La cavalerie dans les guerres de la [[Révolution française|Révolution]] et de l'[[Premier Empire|Empire]]|lieu=Paris|éditeur=Teissèdre|collection=bicentenaire de l'épopée impériale|série=Études|année=2000|format=2 volumes, 419 et 406 pages|isbn=978-2-912259-48-6|isbn10=2-912-25948-7}}.
;Époque contemporaine
;Époque contemporaine
:{{Section vide ou incomplète}}
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=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Rôle du cheval dans la guerre]]
* [[Rôle du cheval dans la guerre]]
* [[Régiment de cavalerie français]]
* [[Régiments français de cavalerie]]
* [[Escadron (Armée de terre française)]]
* [[Escadron (Armée de terre française)]]
* [[Cavalerie des États-Unis]]
* [[Cavalerie des États-Unis]]
* [[Cavalerie blindée américaine]]
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* Rôle du cheval [[Cheval dans l'Antiquité|dans l'antiquité]], [[Cavalerie au temps de la Rome antique|dans la Rome antique]], [[Rôle du cheval dans la guerre en Asie de l’Est|dans la guerre en Asie de l’Est]]


=== Liens externes ===
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* [http://www.miscellanees.com/b/bogros01.htm Les Chevaux de la cavalerie française à la fin du {{s-|XVII|e}}] (1991) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.miscellanees.com/b/bogros02.htm L'anglo-normand, cheval de la cavalerie métropolitaine de la {{IIIe}} République 1874-1914] (1993) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.miscellanees.com/b/bogros01.htm Les Chevaux de la cavalerie française à la fin du {{s-|XVII}}] (1991) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.miscellanees.com/b/bogros02.htm L'anglo-normand, cheval de la cavalerie métropolitaine de la {{IIIe|République}} 1874-1914] (1993) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.bmlisieux.com/inedits/cavale00.htm Histoire du cheval de troupe de la cavalerie française : 1515-1918 : essai] (1999) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.bmlisieux.com/inedits/cavale00.htm Histoire du cheval de troupe de la cavalerie française : 1515-1918 : essai] (1999) par Denis Bogros (1927-2005).
* [http://www.bmlisieux.com/curiosa/belair01.htm ''À propos du Nouveau Manuel d'Équitation et de Dressage''] par le Lieutenant-Colonel [[Henry Blacque-Belair|Henri Blacque-Belair]] (1912).
* [http://www.bmlisieux.com/curiosa/belair01.htm ''À propos du Nouveau Manuel d'Équitation et de Dressage''] par le Lieutenant-Colonel [[Henry Blacque-Belair|Henri Blacque-Belair]] (1912).
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* [http://halshs.archives-ouvertes.fr/view_by_stamp.php?&halsid=49ugad7fqsn8cog76fugbegi15&label=SHS&langue=fr&action_todo=view&id=halshs-00259606&version=1 S. Lazaris, « Essor de la production littéraire hippiatrique et développement de la cavalerie : contribution à l'histoire du cheval dans l'Antiquité tardive », dans ''Actes du colloque international sur la médecine vétérinaire dans l'Antiquité, Brest, 9-11 septembre 2004'', {{éd.}} M.-Th. Cam, Rennes (''Histoire''), {{p.|87-108}}]
* [http://halshs.archives-ouvertes.fr/view_by_stamp.php?&halsid=49ugad7fqsn8cog76fugbegi15&label=SHS&langue=fr&action_todo=view&id=halshs-00259606&version=1 S. Lazaris, « Essor de la production littéraire hippiatrique et développement de la cavalerie : contribution à l'histoire du cheval dans l'Antiquité tardive », dans ''Actes du colloque international sur la médecine vétérinaire dans l'Antiquité, Brest, 9-11 septembre 2004'', {{éd.}} M.-Th. Cam, Rennes (''Histoire''), {{p.|87-108}}]


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Charge du 4e régiment de hussards français à la bataille de Friedland, le .

La cavalerie est l'arme des militaires ou des guerriers qui combattent à cheval. Historiquement, elle est la troisième plus ancienne des armes de combat (après l'infanterie et les chariots de guerre) et la plus mobile.

L'appellation de cavalerie n'est généralement pas utilisée pour les forces militaires qui utilisent d'autres montures (chameaux ou mules par exemple). Quant au concept d'infanterie montée (qui se déplace à cheval mais combat à pied), il apparaît au XVIIe siècle avec les dragons, une arme initialement à part mais qui s'intégrera par la suite dans la cavalerie dite de « ligne ».

La cavalerie à cheval, aujourd'hui disparue, existe depuis l'Antiquité. Elle connaît son apogée à la fin du Moyen Âge et entame ensuite son déclin. Elle est partiellement restaurée sous Napoléon Ier au début du XIXe siècle mais décline par la suite jusqu'à disparaître lors de la Première Guerre mondiale qui voit la guerre de mouvement laisser place à la guerre de positions.

Dès les premiers temps de son utilisation, la cavalerie offre l'avantage de la mobilité, qui en fait un instrument de guerre redoutable car elle permet de déborder et d'éviter l'adversaire, de surprendre et de vaincre, de battre en retraite et d'échapper à l'ennemi en fonction des besoins du moment. C'est aussi l'arme de la reconnaissance et des raids dans la profondeur. La monture confère au cavalier plusieurs avantages sur son adversaire à pied : vitesse, hauteur, masse et inertie lors du choc. Un autre facteur de supériorité résulte de l'impact psychologique de l'apparition du soldat à cheval sur le fantassin.

La mobilité et la capacité de choc de la cavalerie sont grandement appréciées et exploitées dans les différentes forces armées sous l'Antiquité et au Moyen Âge ; certaines forces étant principalement composées de cavalerie, en particulier dans les tribus nomades de l'Asie, comme les Mongols. Chez ces peuples de cavaliers se développe le concept de la cavalerie légère qui prône la vitesse et la surprise, avec des combattants montés, équipés et armés légèrement . En Europe, la cavalerie se dote au contraire d'armures lourdes et pesantes et les chevaliers agissent comme une cavalerie lourde, en privilégiant la recherche d'une action décisive au moyen d'un choc frontal. Au cours du XVIIe siècle, la cavalerie européenne abandonne l'armure, inefficace contre les fusils et les canons qui font leur apparition. Néanmoins, certains corps de cavalerie tels que les cuirassiers conservent une cuirasse petite et épaisse qui bénéficie d'une protection contre les lances et les sabres et une certaine protection contre les projectiles tirés à longue distance.

Durant la période entre les deux guerres mondiales, de nombreuses unités de cavalerie sont converties en infanterie motorisée ou en unités mécanisées et blindées. Cependant, la cavalerie sert encore pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans les armées allemande, italienne, polonaise et soviétique, généralement sur les arrières du front. Actuellement, la plupart des unités de cavalerie montées servent dans des rôles de prestige, ou - beaucoup plus rarement - comme infanterie montée sur des terrains difficiles comme les montagnes ou les zones densément boisées. L'utilisation moderne du terme se réfère à des unités spécialisées dotées de chars (« cavalerie blindée ») ou d'aéronefs (« cavalerie de l'air »).

Origine et développement

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Peigne en or gréco-scythe représentant un cavalier scythe dans une bataille. IVe siècle av. J.-C., Musée de l'Ermitage, kourgane de Solokha.

Les Scythes, peuples indo-européens d'éleveurs nomades en Eurasie centrale dans l'Antiquité, développent la cavalerie montée légère et utilisent des arcs à la fois courts et puissants en raison de leur forme. Auparavant, les chevaux servaient surtout à tirer des chars de combat mais n'étaient pas encore montés de façon régulière. Les traditions scythiques de cavalerie montée seront reprises des siècles plus tard au Moyen Âge par les peuples turcs puis mongols, originaires d'Asie orientale, et permettront à Genghis Khan et ses troupes de conquérir l'Asie centrale à leur tour, ainsi que la Chine et une partie de l'Europe au XIIIe siècle en formant ainsi l'Empire mongol[1],[2].

Dans l'Antiquité, Alexandre le Grand fait usage de sa cavalerie pour manœuvrer rapidement par les flancs et attaquer le général ennemi ou l'arrière des phalanges selon la tactique du marteau et de l'enclume. Le cavalier est armé d'une lance tenue au-dessus de l'épaule avec laquelle il harponne l'adversaire, mais qui peut aussi servir d'arme de jet, la vitesse du cheval s'ajoutant à celle du lancé.

Cavaliers Normands jetant leurs lances. Tapisserie de Bayeux, XIe siècle.

La cavalerie a longtemps été un moyen de reconnaissance ou de communication entre les différents corps d'armée plutôt qu'une réelle force de combat. Le coût de l'entretien d'un cheval était tel que bien peu de personnes étaient capables de l'assumer. La cavalerie pose aussi d'importants problèmes logistiques. La présence des animaux implique la construction d'enclos, le transport de fourrage, l'emploi de palefreniers… Mais la force d'un corps de cavalerie face à des fantassins est telle que rapidement les armées s’organisent pour avoir un certain nombre de ces soldats en soutien des troupes plus classiques.

Les Romains recrutent ainsi l'essentiel de leur cavalerie chez les auxiliaires barbares qui sont souvent d'anciens ou futurs adversaires. Les peuples scythes, et notamment les Sarmates, ont également développé des races de chevaux plus puissantes qui permettront de développer les premières cavaleries lourdes et les premiers cataphractaires, qui seront rapidement adoptés par les Perses et les Parthes puis les Romains. Un élément de cavalerie lourde, protégé d'une épaisse cotte de mailles est chargé de briser les formations d'infanterie adverse[3]. La cavalerie lourde, coûteuse, sera surtout le signe d'une cavalerie de guerre aristocratique et deviendra un des fondements des chevaliers du Moyen Âge européen et de la féodalité.

Avec l'apparition progressive des rênes, du mors, et surtout des étriers qui permettent de se dresser sur les jambes et donc d'avoir plus de force lors de l'impact d'une charge, la cavalerie devient un enjeu stratégique pour les armées (voir toutefois la Grande controverse de l'étrier). L'infanterie montée, bien qu'elle se batte à pied, permet aussi de déployer des troupes rapidement sur de longues distances.

Dans les armées féodales, la cavalerie était presque exclusivement composée de nobles, seuls capables d'acheter et de financer l'entretien de leurs chevaux. Cette tradition perdura assez longtemps mais finira par se restreindre au corps des officiers (toujours obligés de financer leur équipement, à l'opposé de la troupe). La cavalerie avait donc acquis un statut de prestige.

Face aux murs de boucliers et piques à une main de l'infanterie, la lance du cavalier s'allonge et se cale sous le bras. L'armure se renforce et la cotte de mailles se recouvrera progressivement de plate. La charge coordonnée de chevaliers devient un outil de percussion visant à briser la ligne de l'adversaire. La cavalerie lourde sera considérée pendant tout le Moyen Âge comme une arme décisive et les batailles tournaient souvent à l'avantage du camp qui en possédait le plus grand nombre. C'était particulièrement vrai pour les batailles en plaine.

Pour contrer la cavalerie, la tactique s'oriente vers la défensive, avec des forts en pierres ou des palissades de bois temporaires. À Crécy et Azincourt, les chevaux de la cavalerie française se font massacrer par les archers anglais équipés de leur arc long (long bow) en bois d'if, et les pieux et fossés qu'ils ont placés devant eux.

Les armures lourdes se démocratisent et les boucliers deviennent moins utiles, libérant la deuxième main. La cavalerie lourde des chevaliers devient fréquemment tenue en échec par une version modernisée de la phalange grec : des masses solidaires d'infanterie lourde couvertes d'armures de plates et équipées de longues piques ou de hallebardes. Les troupes mercenaires suisses, des professionnels de la guerre, en font leur spécialité. À ces formations défensives viennent s'adjoindre les arbalètes, puis les armes à feu qui leur donnent des capacités offensives à distance.

Les armes à feu apparaissent en Europe au Moyen Âge central (XIe au XIIIe siècle) : couleuvrine, arquebuse et pistolet. La cavalerie doit évoluer, et les chevaux lourds sont écartés au profit de chevaux puissants et légers, les armures sont abandonnées au profit de cottes légères et de minces cuirasses

XVIIe siècle

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Au XVIIe siècle, avec la venue des armes à feu, apparaît l'escadron, qui se forme en profondeur (avec des tactiques comme la caracole, chaque rang se servant successivement de ses pistolets avant d'aller se reformer à l'arrière de la formation). Les évolutions se font alors surtout au pas ou au trot[réf. souhaitée][4].

Mais si l’apparition des armes à feu a semblé mettre un terme à la prééminence du choc (c'est-à-dire de la charge), à partir du XVIIe siècle[5], l’arme blanche redevient progressivement l’arme de choix. et le format des escadrons évolue en conséquence. Ainsi, aux lourds escadrons « carrés » de plusieurs centaines d’hommes sur une dizaine de rangs et plus de l’époque des reîtres et de la caracole, vont succéder des escadrons sur quatre, puis trois, puis à partir de la guerre de Sept Ans, sur deux rangs.

XVIIIe siècle

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Échantillon de la cavalerie de l'armée napoléonienne lors d'une reconstitution de la bataille de Waterloo : hussards, chasseurs à cheval, chevau-légers lanciers polonais, grenadiers à cheval, dragons.

Par la suite, le sabre remplace l’épée et devient l’arme principale pour la charge qui, au XVIIIe siècle, est conduite – ou achevée – au galop.

À cette époque la lance ne joue plus depuis longtemps qu’un rôle marginal (même si Napoléon, impressionné par les lanciers polonais, intégra un de leurs régiments à la Garde impériale et recréa des unités de lanciers). Enfin, en plus du sabre, tous les cavaliers sont équipés d’un ou deux pistolets et d’une carabine ou d’un mousqueton (ou d’un fusil – plus long et plus lourd - dans le cas des dragons qui étaient censés combattre aussi bien à pied qu’à cheval).

Au fil de l'histoire, différentes composantes de cavalerie sont apparues :

  • Cavalerie de ligne : dans certains pays (comme notamment la France sous Napoléon), on distingue une catégorie supplémentaire, intermédiaire entre la cavalerie légère et la cavalerie lourde, orientée vers la bataille proprement dite.
    • dragons pouvant à l'origine combattre à cheval (cavalerie) ou à pied (infanterie). Napoléon leur attribua définitivement un rôle de cavaliers qu'ils conserveront par la suite.
    • lanciers (appelés également Uhlans ou chevau-légers lanciers) : cavaliers armés d'une lance.

XIXe siècle et XXe siècle

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Richard Caton Woodville, Poniatowski's Last Charge at Leipzig (1813).

L’avènement des armes à tir rapide au XIXe siècle transforme profondément le caractère de la guerre à cheval en Europe (le cheval conservera néanmoins un rôle non négligeable jusqu’au XXe siècle dans certains conflits, notamment coloniaux)[6].

La toute dernière charge de cavalerie effectuée en Europe occidentale fut celle de Burkel (Belgique).

La question du rôle - et même de l'utilité - de la cavalerie sur le champ de bataille se pose et la doctrine d'emploi fluctue entre le maintien et la disparition de la charge (en France, au début du XXe siècle, il est courant d'entendre que « la cavalerie manœuvre à cheval mais combat à pied »).

L'infanterie est plus lente mais elle dispose désormais des moyens de contrer n'importe quelle charge de cavalerie. Les dernières charges de cavalerie à cheval se soldent par des hécatombes qui forcent les armées à se concentrer sur l'infanterie et l'artillerie.

Le cheval prend alors un rôle nouveau dans l'armée et sert presque exclusivement au transport, avant d'être également remplacé dans ce rôle par le véhicule automobile. Quelques armées conserveront cependant des troupes à cheval jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Le régiment de cavalerie de la Garde républicaine attendant d'ouvrir le défilé des troupes montées, défilé du 14 Juillet 2008 sur les Champs-Élysées, Paris.

En France, les formations héritières de la cavalerie seront regroupées dans l'arme blindée et cavalerie en 1943 (le saint protecteur de la cavalerie française reste saint Georges, de là vient le proverbe : « Par saint Georges, vive la cavalerie ! »).

De nos jours, la cavalerie est utilisée comme symbole de prestige et de nombreuses armées conservent un corps monté pour les défilés et les représentations officielles. Les régiments de l'Arme blindée et cavalerie en sont les héritiers dans les armées modernes.

La cavalerie à Paris

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La défense de Paris a toujours reposé sur un système de complexes fortifiés. Paris n'a jamais eu de grande garnison de cavalerie. Sa garnison fut principalement armée par des troupes à pied, par les servants des pièces d'artillerie et par les sapeurs et unités du génie spécialistes des fortifications[7].

Cependant, la cavalerie demeura bien présente dans la capitale, le cheval étant la monture des hommes de pouvoir et de leur entourage jusqu'au maréchal de Mac-Mahon. Omis lors des émeutes populaires où elle fut combattante, la cavalerie à Paris fut d'abord un service de Cour qui assurait la sécurité, la garde et l'escorte des souverains dont elle rehaussait le prestige. L'armée montée participait aux manifestations de prestige, aux couronnements et investitures, aux réceptions de chefs d'État, ainsi qu'aux grands évènements sportifs comme les courses. Elle figurait dans les manifestations publiques tels les défilés et les revues[7].

Sous l'ancien régime
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à cette époque, la cavalerie à Paris se confondait avec l'organisation et le service de la Maison du roi. Lorsque Louis XIII créa en 1622 le corps des Mousquetaires, seule une partie servait à cheval. Affectés à la garde du roi, ils participaient aux campagnes militaires et quittaient alors Paris. Les chevaux étaient logés et soignés dans les deux hôtels affectés aux mousquetaires, l'hôtel des Mousquetaires gris construit en 1671 dont la façade se situait rue du Bac, et l'hôtel des Mousquetaires noirs rue de Charenton. Le licenciement des mousquetaires en 1776 par Louis XVI mit fin provisoirement à la présence d'une charge à cheval affectée au souverain. L'École de Mars créée en 1794 compta des cavaliers dans ses rangs[7].

Sous le consulat, l'empire et la restauration
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Les unités de cavaleries revinrent réellement à Paris avec la création de la Garde consulaire, remplacée par la Garde impériale. La cavalerie de la Garde préposée au service est logée dans l'abbaye de Penthémont, à l'angle des rues de Grenelle et de Bellechasse qui pouvait contenir au maximum 169 chevaux. Ces locaux furent occupés jusqu'en 1848. Les autres nombreux régiments de la Garde, dont les détachements se succédaient à Paris, y tinrent peu garnison. Ils venaient pour les revues et les réceptions aux troupes après les campagnes. Napoléon avait envisagé en 1812 de faire construire de part et d'autre du Champ de Mars une cité administrative comprenant des quartiers de cavalerie, mais n'eut pas le temps de mener ce projet à son terme[7].

La cavalerie des coalisés envahit Paris en 1814. Les cosaques bivouaquèrent alors sur les Champs-Élysées.

Pendant la Restauration et la monarchie de Juillet, la cavalerie se fixa à Versailles. Lors des émeutes parisiennes de la première moitié du XIXe siècle, les cavaliers furent guère efficaces dans une guerre de rue impossible à mener à cheval. Ils répugnaient à mener des combats contre des civils, le maintien de l'ordre étant dévolu normalement à la Garde nationale[7]. Jusqu'à l'avènement de la IIIe République, le souverain organisa des parades à cheval. Ainsi, Charles X et Louis-Philippe aimaient se montrer à cheval en public entourés de leur garde à cheval.

Au second empire
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Durant cette période, la garnison parisienne comprenait la Garde impériale et une division de cavalerie logée à Paris ou à proximité. Plusieurs unités tenaient garnison aux environs et étaient susceptibles de se déplacer pour les services et manifestations programmées. Les dragons de l'impératrice étaient ainsi à Fontainebleau ; les guides, les chasseurs et les cuirassiers se déplaçaient entre Meaux, Compiègne, Melun et Fontainebleau. Seuls l'escadron des Cent gardes et les gendarmes d'élite demeuraient en permanence dans Paris, à Penthémont, dans la nouvelle caserne de la Cité à partir de 1867 et pour un seul escadron, à Orsay et aux Célestins. La cavalerie de ligne était cantonnée dans les forts de l'enceinte et à Vincennes. Les deux régiments de dragons étaient dans Paris intra muros. L'importance des troupes montées ne cessa de grandir sous Napoléon III. Le décret du limitait la cavalerie de la Garde à deux régiments, les cuirassiers et les guides. Dès 1855, son effectif est accru à une division de cavalerie comportant trois brigades. Elle comprit au total deux régiments de cavalerie lourde composée de cuirassiers, et quatre régiments de cavalerie légère, un de dragon, un de lanciers, un de chasseurs et un de guides. Les guides escortaient l'empereur et son entourage lors des solennités. Lors de l'attentat d'Orsini en 1858, une quinzaine de cavaliers furent blessés[7].

Sous la 3e république
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Avec la IIIe République, les services protocolaires de la cavalerie sont plus restreints et plus distants. Les unités de cavalerie interviennent lors de l'accueil des chefs d'État étrangers ainsi que lors des déplacements des plus hautes autorités militaires. Progressivement ces services sont confiés à la seule Garde républicaine qui possède un régiment à cheval n'ayant pour autant jamais appartenu à la cavalerie. Des unités de cavalerie combattantes subsistèrent à Paris et dans sa périphérie, notamment à Vincennes, jusqu'à la fin de la IIIe République. Elles participaient aux défilés et manifestations purement militaires qui se déroulaient dans la capitale, tels la présentation à l'étendard, les revues des troupes et les défilés lors de la fête nationale[7].

Cheval de cavalerie

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Le cheval de cavalerie doit être un cheval de guerre possédant une grande vitesse, une puissance de choc, une aptitude à la poursuite, à la reconnaissance et aux patrouilles. Contre une batterie ou un carré de fantassins, la cavalerie ne peut l'emporter que par une extrême rapidité dans l'approche, le contact permettant de disloquer les rangs ennemis. Pour ce faire, la cavalerie doit donc exécuter de grandes actions coordonnées[8].

La cavalerie légère, chasseurs et hussards, était montée en chevaux légers et la cavalerie lourde, cuirassiers et dragons, en chevaux puissants. Le travail des cavaliers se focalisait principalement sur les manœuvres et les mouvements d'ensemble[9].

Jusqu'à la Renaissance, le destrier était caparaçonné, robuste et fort. Le dressage du cheval est une nécessité du commandement individuel et est basé sur la croyance que le cheval est un être pensant[10].

À partir du règne de Louis XIII, les grands seigneurs abandonnent l'élevage pour fréquenter la Cour. Les races françaises de chevaux dégénèrent et se perdent, l'armée recourt aux races étrangères et notamment aux andalous. Pour remédier à cet état et normer les chevaux utilisés par les troupes à cheval, Colbert crée les étalons royaux le . Ces étalons sont marqués d'un « L » couronné à la cuisse. Les troupes à cheval se hiérarchisent et s'uniformisent sous l'autorité du roi pour devenir un corps homogène, la Cavalerie[10].

Notes et références

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  1. Véronique Schiltz, Les Scythes et les nomades des steppes, Gallimard, 1994.
  2. Iaroslav Lebedynsky, Les Scythes. La civilisation nomade des steppes, VIIe-IIIe av. J.-C., Errance, Paris, seconde édition 2011.
  3. Iaroslav Lebedynsky. Les Sarmates, Amazones et lanciers cuirassés entre Oural et Danube, VIIe siècle av. J.-C. - VIe siècle apr. J.-C., Errance, seconde édition 2014.
  4. Olivier Chaline, « Au temps de la guerre de Trente Ans, 1618-1648 », in Frédéric Chauvire (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), L'âge d'or de la cavalerie, Paris, Gallimard Ministère de la Défense, , 280 p. (ISBN 978-2-07-014684-0), p. 85.
  5. Daniel Roche (dir.), Le cheval et la guerre : du XVe au XXe siècle, Paris (42 rue Sibuet, 75012, Association pour l'Académie d'art équestre de Versailles, , 399 p. (ISBN 978-2-913018-02-0), p. 19
  6. Gervase Phillips, « La cavalerie au combat au XIXe siècle », in Frédéric Chauvire (dir.) et Bertrand Fonck (dir.), L'âge d'or de la cavalerie, Paris, Gallimard Ministère de la Défense, , 280 p. (ISBN 978-2-07-014684-0), p. 219
  7. a b c d e f et g Pierre Garrigou Grandchamp, Le cheval à Paris, Paris, Action artistique de la ville de Paris, , 215 p. (ISBN 2-913246-56-7), La cavalerie
  8. André Champsaur, Le guide de l'art équestre en Europe, Lyon, La Manufacture, 4e trimestre 1993, 214 p. (ISBN 978-2-7377-0332-4)
  9. Michel Henriquet et Alain Prevost, L'équitation, un art, une passion, Paris, Éditions du Seuil, , 319 p.
  10. a et b Général Pierre Durand, L'équitation française, mon choix de cœur et de raison, Arles, Actes Sud, , 207 p. (ISBN 978-2-7427-7630-6)

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Bibliographie

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Ouvrages généraux

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  • Frédéric Chauviré, La Charge de cavalerie des origines à nos jours, de Bayard à Seidlitz, Thèse de doctorat, Université de Nantes, 382 p., 2009, édité en 2013 chez Perrin.
  • (Gal.) Louis Susane, Histoire de la Cavalerie Française, tome 1, Paris, J. Hetzel et Cie, 1874.
  • (Gal. Baron) Bardin, Dictionnaire de l’Armée de terre, Paris, Coréard, 1843.
  • André Corvisier, Histoire militaire de la France (4 tomes), Quadrige/PUF.
  • Jean-Pierre Béneytou, Histoire de la cavalerie française des origines à nos jours, éditions Lavauzelle, Panazol, 2010.
  • (Colonel Dugué) Mac Carthy, La Cavalerie au temps des chevaux, Éditions Pratiques Automobiles (EPA), 327 p., 1989. (ISBN 2851203134 et 978-2851203137) [présentation en ligne]

Ouvrages par période

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Antiquité
Moyen Âge
Philippe Contamine, La guerre au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio / l'histoire et ses problèmes », , 516 p. (ISBN 978-2-13-050484-9).
Époque moderne
Cdt Louis-Auguste Picard, La cavalerie dans les guerres de la Révolution et de l'Empire, Paris, Teissèdre, coll. « bicentenaire de l'épopée impériale / Études », , 2 volumes, 419 et 406 pages (ISBN 978-2-912259-48-6).
Époque contemporaine

Articles connexes

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Liens externes

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