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'''Jules Froment''', né le {{date de naissance|7|5|1878}} à [[Lyon]], ville où il est mort le {{date de décès|12|6|1946}}, est un [[médecin]] [[neurologue]] français,spécialiste de la [[maladie de Parkinson]].
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Il introduisit le test [[diagnostic (médecine)|diagnostique]] de la [[manœuvre de Froment|manœuvre, dite de Froment]].


==Biographie==
== Biographie ==
Né à Lyon en 1878, Jules Froment commence ses études médicales à Lyon en 1899. Nommé interne des hôpitaux de Lyon en 1901, il est en poste à l'[[Hôpital de l'Antiquaille]] et à l'[[Hôpital du Vinatier]]. Il a pour maîtres [[Joseph Arthaud]] (1813-1883) et [[Eugène Devic]] (1858-1930)<ref name=":0">{{Article|prénom1=Emmanuel|nom1=Broussolle|prénom2=Marie-Pierre|nom2=Rethy|prénom3=Stephane|nom3=Thobois|titre=Jules Froment (1878-1946)|périodique=Journal of Neurology|volume=256|numéro=9|date=2009-09|issn=1432-1459|pmid=19565178|doi=10.1007/s00415-009-5214-3|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s00415-009-5214-3|consulté le=2023-05-02|pages=1581–1582}}</ref>.
On se souvient de lui pour son travail sur les maladies neurologiques. Pendant la Première Guerre mondiale, il était en poste à Rennes, où il soignait des soldats souffrant de troubles nerveux. Après la guerre, il a écrit en collaboration avec Joseph Babinski (1857-1932) un travail important sur l'étiologie de phénomènes tels que le « shell shock » (traumatisme dû aux bombardements) et l'« hystérie des combats. » L'étude a été « intitulée Hystérie, pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre », et elle a suscité la controverse à l'époque.


En 1906, il passe sa thèse de doctorat sur les « ''[[Valvulopathie cardiaque|cardiopathies valvulaires]] compliquées de [[Maladie de Basedow|basedowisme]]'' ». De 1906 à 1910, il est [[Chef de clinique des universités-assistant des hôpitaux|chef de clinique]] dans le service de [[Raphaël Lépine]] (1840-1919)<ref>« Les nouveaux agrégés. Le Dr J. Froment », Paris médical : la semaine du clinicien, 1913, n° 12, p. 507-509, [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?111502x1913x12 Texte intégral]</ref>. Il est médecin des hôpitaux en 1911 et professeur agrégé en 1913.
Également avec [[Joseph Babinski]], on lui doit d’avoir décrit une maladie caractérisée par une combinaison des troubles vasomoteurs, de l'atrophie musculaire et des lésions tissulaires. On la connait maintenant sous le nom de syndrome de Babinski-Froment.


Durant la [[Première Guerre mondiale]], il est en poste à Paris à la [[Hôpital de la Salpêtrière|Pitié-Salpêtrière]]. Il est l'un des collaborateurs de [[Joseph Babinski]] (1857-1932) dans l'étude des troubles nerveux consécutifs aux combats<ref name=":0" />.
On lui doit d’avoir conçu une série de tests pour les dysfonctionnements nerveux, y compris un moyen simple pour tester la faiblesse du [[nerf ulnaire]] : si un patient tient entre le pouce et l'index une feuille de papier et que le pouce fléchit, c’est le signe d’une atteinte du nerf ulnaire. On utilise ce test pour évaluer l'état du [[muscle adducteur du pouce]].


Il fait partie de plusieurs commissions d'études ou d'enquêtes à l'échelle nationale dont la commission de contrôle neuropsychiatrique, instituée en 1916 pour contrôler les diagnostics de psychiatrie de guerre (avec [[Joseph Babinski|Babinski]], [[Henri Claude|Claude]], [[Ernest Dupré|Dupré]] et [[Achille Souques|Souques]]) ; la commission d'étude des prothèses pour blessés neurologiques (avec [[Augusta Dejerine-Klumpke|Mme Déjerine]], [[Achille Souques|Souques]], [[Henry Meige|Meige]] et Camus<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Jean Camus (1872-1924) |url=https://data.bnf.fr/10345625/jean_camus/ |site=data.bnf.fr |consulté le=2023-05-03}}</ref>) ; et de la commission réorganisant tous les services de neuropsychiatrie en 1917 (avec [[Achille Souques|Souques]] et [[Henri Claude|Claude]])<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=[[Alain Larcan]]|auteur2=Jean-Jacques Ferrandis|titre=Le service de santé aux armées pendant la Première guerre mondiale|passage=482-483 et 496-500.|éditeur=LBM|date=2008|isbn=978-2-9153-4763-0}}</ref>.
Il meurt le {{date-|12|6|1946}} dans le [[7e arrondissement de Lyon|7{{e}} arrondissement de Lyon]]<ref>[http://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ac69v2/visu_affiche.php?PHPSID=0f9c27982c6355e0f51bb12daab54a81&param=visu&page=1# Archives de Lyon 7e, acte de décès {{numéro|344}}, année 1946 (page 74/203)]</ref>.

En 1918, il retourne à Lyon où il se consacre exclusivement à la neurologie. Il est chef de service à l'[[hôpital de la Croix-Rousse]] en 1919, puis à l'[[Hôtel-Dieu de Lyon|hôtel-Dieu]] en 1921<ref name=":0" />.

En 1926, poignardé à la poitrine par un malade délirant, il est sauvé par ses collègues du service de chirurgie<ref name=":0" />.

Il est professeur de pathologie interne en 1927, il exerce dans le nouvel hôpital de la Grange Blanche en 1933 (devenu [[hôpital Édouard-Herriot]])<ref name=":0" />. Fervent pédagogue, il supervise la création de statuettes en plâtre patiné représentant des anomalies de posture ou de mouvement<ref name="Jules Froment's neurological statuettes">{{Article|langue=en|prénom1=Hugo|nom1=Ardaillon|prénom2=Mélia|nom2=Virely|prénom3=Peggy|nom3=Leplat-Bonnevialle|prénom4=Jérôme|nom4=Honnorat|titre=Jules Froment's neurological statuettes|périodique=The Lancet Neurology|volume=23|numéro=11|pages=1079–1080|date=2024-11|doi=10.1016/S1474-4422(24)00393-4|lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1474442224003934|consulté le=2024-11-21}}</ref>.

Professeur de médecine en 1937, il prend sa retraite en 1945, et meurt le {{date-|12|6|1946}} dans le [[7e arrondissement de Lyon|7{{e}} arrondissement de Lyon]]<ref name=":1">[http://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ac69v2/visu_affiche.php?PHPSID=0f9c27982c6355e0f51bb12daab54a81&param=visu&page=1# Archives de Lyon 7e, acte de décès {{numéro|344}}, année 1946 (page 74/203)]</ref>.


Marié à Nelly Wehrlin, fille de l'ingénieur Charles Wehrlin et de Jeanne Faure, il est le père de [[Roger Froment (médecin)|Roger Froment]].
Marié à Nelly Wehrlin, fille de l'ingénieur Charles Wehrlin et de Jeanne Faure, il est le père de [[Roger Froment (médecin)|Roger Froment]].


== Eponymie ==
== Travaux ==
Ses principales contributions concernent la neurologie.
* [[Manœuvre de Froment]] <ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Emmanuel Broussole|auteur2=Marie-Pierre Rethy|auteur3=Stéphane Thobois|titre=Jules Froment (1878-1946)|périodique=J Neurol|volume=256|numéro= |jour= |mois= |année=2009|pages=1581-1582|issn= |lire en ligne=http://download.springer.com/static/pdf/689/art%253A10.1007%252Fs00415-009-5214-3.pdf?originUrl=http%3A%2F%2Flink.springer.com%2Farticle%2F10.1007%2Fs00415-009-5214-3&token2=exp=1453413778~acl=%2Fstatic%2Fpdf%2F689%2Fart%25253A10.1007%25252Fs00415-009-5214-3.pdf%3ForiginUrl%3Dhttp%253A%252F%252Flink.springer.com%252Farticle%252F10.1007%252Fs00415-009-5214-3*~hmac=ef33970101de2ae94537274672aa361050777bb0dc44cacc5d0542d9c4ca9ec1|consulté le=21 janvier 2016 |id= }}</ref>
* [[Signe de Froment]]


== Œuvres et publications ==
=== Blessés de guerre ===
Durant la guerre, il s'intéresse aux paralysies des nerfs périphériques des blessés de guerre. En 1915, il décrit le « signe du papier-journal » ou [[signe de Froment]] indiquant une paralysie du [[nerf ulnaire]] (nerf cubital), test toujours utilisé au début du {{S-|XXI}}<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=J. Froment|titre=« La préhension dans les paralysies du nerf cubital et le signe du pouce »|périodique=La presse médicale, Paris|volume=23:|pages=409|date=1915|lire en ligne=http://manus.crchul.ulaval.ca/documents/Froment1915.pdf}}</ref>.


En 1918, il publie en collaboration avec [[Joseph Babinski]] (1857-1932) une étude intitulée ''Hystérie, pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre'' portant sur des phénomènes cliniques tels que le ''[[Obusite|shell shock]]'' pour les Anglais ou la ''Granat Explosion'' pour les Allemands, c'est-à-dire les traumatismes neuropsychiques dû aux bombardements et à l'intensité des combats<ref name=":2" />.
; En collaboration
* avec [[Joseph Babinski]], ''Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre'', Masson et Cie, Paris, 1917,{{gallica|n=bpt6k5831961v}}.


À la demande du commandement, le [[service de santé des armées]] s'efforce avec difficulté à distinguer les simulateurs des véritables commotionnés psychiques. Babinski et Froment distinguent un état dit ''hystéropithiatisme'' survenant immédiatement ou de façon retardée après un traumatisme, créé par la suggestion (« hystérotraumatisme ») et guéris en principe par la persuasion ; cet état peut s'associer avec des troubles organiques dits ''physiopathiques'' (troubles nerveux réflexes répétitifs). De façon plus moderne, l'hysterotraumatisme serait une combinaison d'un trouble par [[effet de souffle]] avec un [[trouble de stress post-traumatique]]<ref name=":2" />.
== Bibliographie ==

* « Les nouveaux agrégés. Le Dr J. Froment », ''Paris médical : la semaine du clinicien'', 1913, n° 12, p. 507-509, [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?111502x1913x12 Texte intégral].
La controverse porte sur la distinction avec les simulateurs, persévérateurs et exagérateurs, conscients ou inconscients. Selon qu'ils sont neurologues purs ou psychiatres, les experts s'opposent sur les concepts de pithiatisme ou d'hystéropithiatisme, et s'il fallait réformer ou renvoyer au front les pithiatiques<ref name=":2" />.
* « Jules Froment et sa contribution à l’étude de la rigidité parkinsonienne », ''Neurologies'', {{date-|Février 2006}}, Vol. 9, n°79, pp. 116-118,[http://www.neurologies.net/pathologies/contenu/NE79_jules_froment.opti.pdf Texte intégral].

=== Maladie de Parkinson ===
Après la guerre, Froment publie d'importants travaux sur les [[Trouble du langage|troubles du langage]] et les [[Trouble de la parole|troubles de la parole]], la [[Trouble de la marche|démarche normale et pathologique]] et surtout sur la [[maladie de Parkinson]]<ref name=":0" />.

Dans les années 1920, il étudie le [[Tremblement|tremblement de repos]] et la rigidité ou [[Hypertonie musculaire|hypertonie]] constitutives d'un [[Syndrome extrapyramidal|syndrome extra-pyramidal]] observé dans la maladie Parkinson et dans le [[Syndrome parkinsonien post-encéphalitique|syndrome parkinsonnien post-encéphalitique]]<ref name=":0" />. Certaines de des statuettes qu'il a fait réaliser représentent des anomalies de posture caractéristiques : syndrome de la tour de pise, [[Dystonie (trouble moteur)|dystonie]] cervicale, camptocormie<ref name="Jules Froment's neurological statuettes" />.

Froment montre que la rigidité parkinsonnienne diminue, disparait ou augmente selon la posture et l'activation de l'hémicorps opposé. Il décrit ainsi la [[manœuvre de Froment]] ou signe du poignet figé de Froment (la résistance à un mouvement passif, lors d'une flexion forcée par l'observateur, augmente lors d'une action volontaire du membre opposé)<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Article|prénom1=Emmanuel|nom1=Broussolle|prénom2=Paul|nom2=Krack|prénom3=Stéphane|nom3=Thobois|prénom4=Jing|nom4=Xie-Brustolin|titre=Contribution of Jules Froment to the study of parkinsonian rigidity|périodique=Movement Disorders: Official Journal of the Movement Disorder Society|volume=22|numéro=7|date=2007-05-15|issn=0885-3185|pmid=17443696|doi=10.1002/mds.21484|lire en ligne=https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17443696/|consulté le=2023-05-02|pages=909–914}}</ref>. Cette manœuvre reste communément utilisée pour la détection précoce d'un Parkinson<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Syndrome parkisonien {{!}} www.cen-neurologie.fr |url=https://www.cen-neurologie.fr/premier-cycle/semiologie-analytique/syndrome-parkisonien |site=www.cen-neurologie.fr |consulté le=2024-11-21}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Maladie de Parkinson {{!}} www.cen-neurologie.fr |url=https://www.cen-neurologie.fr/second-cycle/maladie-de-parkinson |site=www.cen-neurologie.fr |consulté le=2024-11-21}}</ref>, et l'évaluation des effets de son traitement neurochirurgical<ref name=":0" />.

== Éponymie ==
* [[Manœuvre de Froment]]
* [[Signe de Froment]]
* [[Syndrome de Babinski-Froment]] : syndrome post-traumatique lié à un effet de souffle avec, au niveau du membre atteint, des troubles vasomoteurs et trophiques avec [[parésie]], contractures, atrophie intense avec [[œdème]], et [[Syndrome douloureux régional complexe|causalgies]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=A. Manuila|titre=Dictionnaire français de médecine et de biologie|tome=III|passage=799.|lieu=Paris|éditeur=Masson|date=1972}}</ref>.

== Œuvres et publications ==
* ''Cardiopathies valvulaires compliquées de basedowisme'', thèse présentée à la Faculté de médecine de Lyon, 1906, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97665030 lire en ligne] sur Gallica.
* ''La préhension dans les paralysies du nerf cubital et le signe du pouce'', Presse Med 1915; 23: 409. 4.
* En collaboration avec [[Joseph Babinski]], ''Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre'', Masson et Cie, Paris, 1917, {{gallica|n=bpt6k5831961v}}.
* avec Gardère, ''Test du poignet figé et troubles de l’équilibre. Stabilisation a minima et stabilisation renforcée'', Revue Neurologique, Paris, 1926; I: 347–50.
* ''Exposé des titres et travaux scientifiques'', Lyon, G. Patissier, 1927, [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?110133x160x03 lire en ligne].


== Références ==
== Références ==
{{Références}}
<references/>


== Liens externes ==
== Liens externes ==
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* [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/biographies/?cle=6467 Jules Froment] notice bio-bibliographique dans le site de la [http://www.biusante.parisdescartes.fr/debut.htm ''Biu Santé''].
* [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/biographies/?cle=6467 Jules Froment] notice bio-bibliographique dans le site de la [http://www.biusante.parisdescartes.fr/debut.htm ''Biu Santé''].
* [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/images/?mod=s&refbiogr=6467 Jules Froment] dans la Banque d'images et de portraits de la [http://www.biusante.parisdescartes.fr/debut.htm ''Biu Santé''].
* [http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/images/?mod=s&refbiogr=6467 Jules Froment] dans la Banque d'images et de portraits de la [http://www.biusante.parisdescartes.fr/debut.htm ''Biu Santé''].
* [https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&collapsing=true&exactSearch=false&query=%28dc.creator%20all%20%22jules%20froment%22%20or%20dc.contributor%20all%20%22jules%20froment%22%20%29&filter=dc.creator%20all%20%22froment%2C%20jules%20%281878-1946%29.%20auteur%20du%20texte%22 Jules Froment] sur [https://gallica.bnf.fr Gallica].
* {{WNI|doctor|1764}}
* {{WNI|doctor|1764}}


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[[Catégorie:Décès en juin 1946]]
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Dernière version du 22 novembre 2024 à 05:29

Jules Froment
Le Dr J. Froment - Paris médical : la semaine du clinicien, 1913, n° 12, p. 507
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jules Victor FromentVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant

Jules Froment, né le à Lyon, ville où il est mort le , est un médecin neurologue français. Spécialiste de la maladie de Parkinson, il introduisit le test diagnostique de la manœuvre dite de Froment.

Né à Lyon en 1878, Jules Froment commence ses études médicales à Lyon en 1899. Nommé interne des hôpitaux de Lyon en 1901, il est en poste à l'Hôpital de l'Antiquaille et à l'Hôpital du Vinatier. Il a pour maîtres Joseph Arthaud (1813-1883) et Eugène Devic (1858-1930)[1].

En 1906, il passe sa thèse de doctorat sur les « cardiopathies valvulaires compliquées de basedowisme ». De 1906 à 1910, il est chef de clinique dans le service de Raphaël Lépine (1840-1919)[2]. Il est médecin des hôpitaux en 1911 et professeur agrégé en 1913.

Durant la Première Guerre mondiale, il est en poste à Paris à la Pitié-Salpêtrière. Il est l'un des collaborateurs de Joseph Babinski (1857-1932) dans l'étude des troubles nerveux consécutifs aux combats[1].

Il fait partie de plusieurs commissions d'études ou d'enquêtes à l'échelle nationale dont la commission de contrôle neuropsychiatrique, instituée en 1916 pour contrôler les diagnostics de psychiatrie de guerre (avec Babinski, Claude, Dupré et Souques) ; la commission d'étude des prothèses pour blessés neurologiques (avec Mme Déjerine, Souques, Meige et Camus[3]) ; et de la commission réorganisant tous les services de neuropsychiatrie en 1917 (avec Souques et Claude)[4].

En 1918, il retourne à Lyon où il se consacre exclusivement à la neurologie. Il est chef de service à l'hôpital de la Croix-Rousse en 1919, puis à l'hôtel-Dieu en 1921[1].

En 1926, poignardé à la poitrine par un malade délirant, il est sauvé par ses collègues du service de chirurgie[1].

Il est professeur de pathologie interne en 1927, il exerce dans le nouvel hôpital de la Grange Blanche en 1933 (devenu hôpital Édouard-Herriot)[1]. Fervent pédagogue, il supervise la création de statuettes en plâtre patiné représentant des anomalies de posture ou de mouvement[5].

Professeur de médecine en 1937, il prend sa retraite en 1945, et meurt le dans le 7e arrondissement de Lyon[6].

Marié à Nelly Wehrlin, fille de l'ingénieur Charles Wehrlin et de Jeanne Faure, il est le père de Roger Froment.

Ses principales contributions concernent la neurologie.

Blessés de guerre

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Durant la guerre, il s'intéresse aux paralysies des nerfs périphériques des blessés de guerre. En 1915, il décrit le « signe du papier-journal » ou signe de Froment indiquant une paralysie du nerf ulnaire (nerf cubital), test toujours utilisé au début du XXIe siècle[1],[7].

En 1918, il publie en collaboration avec Joseph Babinski (1857-1932) une étude intitulée Hystérie, pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre portant sur des phénomènes cliniques tels que le shell shock pour les Anglais ou la Granat Explosion pour les Allemands, c'est-à-dire les traumatismes neuropsychiques dû aux bombardements et à l'intensité des combats[4].

À la demande du commandement, le service de santé des armées s'efforce avec difficulté à distinguer les simulateurs des véritables commotionnés psychiques. Babinski et Froment distinguent un état dit hystéropithiatisme survenant immédiatement ou de façon retardée après un traumatisme, créé par la suggestion (« hystérotraumatisme ») et guéris en principe par la persuasion ; cet état peut s'associer avec des troubles organiques dits physiopathiques (troubles nerveux réflexes répétitifs). De façon plus moderne, l'hysterotraumatisme serait une combinaison d'un trouble par effet de souffle avec un trouble de stress post-traumatique[4].

La controverse porte sur la distinction avec les simulateurs, persévérateurs et exagérateurs, conscients ou inconscients. Selon qu'ils sont neurologues purs ou psychiatres, les experts s'opposent sur les concepts de pithiatisme ou d'hystéropithiatisme, et s'il fallait réformer ou renvoyer au front les pithiatiques[4].

Maladie de Parkinson

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Après la guerre, Froment publie d'importants travaux sur les troubles du langage et les troubles de la parole, la démarche normale et pathologique et surtout sur la maladie de Parkinson[1].

Dans les années 1920, il étudie le tremblement de repos et la rigidité ou hypertonie constitutives d'un syndrome extra-pyramidal observé dans la maladie Parkinson et dans le syndrome parkinsonnien post-encéphalitique[1]. Certaines de des statuettes qu'il a fait réaliser représentent des anomalies de posture caractéristiques : syndrome de la tour de pise, dystonie cervicale, camptocormie[5].

Froment montre que la rigidité parkinsonnienne diminue, disparait ou augmente selon la posture et l'activation de l'hémicorps opposé. Il décrit ainsi la manœuvre de Froment ou signe du poignet figé de Froment (la résistance à un mouvement passif, lors d'une flexion forcée par l'observateur, augmente lors d'une action volontaire du membre opposé)[1],[8]. Cette manœuvre reste communément utilisée pour la détection précoce d'un Parkinson[9],[10], et l'évaluation des effets de son traitement neurochirurgical[1].

Œuvres et publications

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  • Cardiopathies valvulaires compliquées de basedowisme, thèse présentée à la Faculté de médecine de Lyon, 1906, lire en ligne sur Gallica.
  • La préhension dans les paralysies du nerf cubital et le signe du pouce, Presse Med 1915; 23: 409. 4.
  • En collaboration avec Joseph Babinski, Hystérie-pithiatisme et troubles nerveux d'ordre réflexe en neurologie de guerre, Masson et Cie, Paris, 1917, lire en ligne sur Gallica.
  • avec Gardère, Test du poignet figé et troubles de l’équilibre. Stabilisation a minima et stabilisation renforcée, Revue Neurologique, Paris, 1926; I: 347–50.
  • Exposé des titres et travaux scientifiques, Lyon, G. Patissier, 1927, lire en ligne.

Références

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  1. a b c d e f g h i et j Emmanuel Broussolle, Marie-Pierre Rethy et Stephane Thobois, « Jules Froment (1878-1946) », Journal of Neurology, vol. 256, no 9,‎ , p. 1581–1582 (ISSN 1432-1459, PMID 19565178, DOI 10.1007/s00415-009-5214-3, lire en ligne, consulté le )
  2. « Les nouveaux agrégés. Le Dr J. Froment », Paris médical : la semaine du clinicien, 1913, n° 12, p. 507-509, Texte intégral
  3. « Jean Camus (1872-1924) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  4. a b c et d Alain Larcan et Jean-Jacques Ferrandis, Le service de santé aux armées pendant la Première guerre mondiale, LBM, (ISBN 978-2-9153-4763-0), p. 482-483 et 496-500.
  5. a et b (en) Hugo Ardaillon, Mélia Virely, Peggy Leplat-Bonnevialle et Jérôme Honnorat, « Jules Froment's neurological statuettes », The Lancet Neurology, vol. 23, no 11,‎ , p. 1079–1080 (DOI 10.1016/S1474-4422(24)00393-4, lire en ligne, consulté le )
  6. Archives de Lyon 7e, acte de décès no 344, année 1946 (page 74/203)
  7. J. Froment, « « La préhension dans les paralysies du nerf cubital et le signe du pouce » », La presse médicale, Paris, vol. 23:,‎ , p. 409 (lire en ligne)
  8. Emmanuel Broussolle, Paul Krack, Stéphane Thobois et Jing Xie-Brustolin, « Contribution of Jules Froment to the study of parkinsonian rigidity », Movement Disorders: Official Journal of the Movement Disorder Society, vol. 22, no 7,‎ , p. 909–914 (ISSN 0885-3185, PMID 17443696, DOI 10.1002/mds.21484, lire en ligne, consulté le )
  9. « Syndrome parkisonien | www.cen-neurologie.fr », sur www.cen-neurologie.fr (consulté le )
  10. « Maladie de Parkinson | www.cen-neurologie.fr », sur www.cen-neurologie.fr (consulté le )
  11. A. Manuila, Dictionnaire français de médecine et de biologie, t. III, Paris, Masson, , p. 799.

Liens externes

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