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« Charles Martel » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Martel}}
{{Voir homonymes|Martel}}
{{Infobox Personnalité militaire
{{Infobox Personnalité politique
| nom = Charles Martel
| nom = Charles Martel
| nom autre =
| image = Charles-Martel.jpg
| légende = Charles Martel menant le [[Bataille d'Avignon|siège d'Avignon]].<br> [[Enluminure]] ornant les ''[[Grandes Chroniques de France]]'', {{s-|XIV}}, Londres, [[British Library]], {{nobr|Ms Royal 16 G {{VI}}}}, {{folio|118|verso}}.
| image = Charles Martel 01.jpg
| fonction1 = [[Maire du palais]] de [[Neustrie]]
| taille image = 200
| à partir du fonction1 = 718
| légende = Charles Martel par [[Jean-Baptiste Joseph Debay (1802-1862)]]. Galerie du [[château de Versailles]].
| surnom =
| jusqu'au fonction1 = {{date|22 octobre 741}}
| prédécesseur 1 = [[Rainfroi]]
| date de naissance = Vers 690
| successeur 1 = [[Pépin le Bref]]
| lieu de naissance =
| fonction2 = [[Maire du palais]] d'[[Austrasie]]
| date de décès = {{date|22|octobre|741}}
| lieu de décès =
| à partir du fonction2 = 717
| âge au décès = 51
| jusqu'au fonction2 = {{date|22 octobre 741}}
| prédécesseur 2 = [[Théodebald (maire du palais)|Théodebald]]
| origine =
| successeur 2 = [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]]
| allégeance =
| grade =
| dynastie = [[Pippinides]]
| arme =
| date de naissance = vers 688
| lieu de naissance = [[Andenne]] ([[Royaume des Francs]])
| début de carrière =
| date de décès = {{date|22|octobre|741}} (à 53 ans)
| fin de carrière =
| conflit =
| lieu de décès = [[Quierzy]]
| sépulture = [[Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis]]
| commandement =
| faits d'armes = [[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]]
| père = [[Pépin de Herstal]]
| distinctions =
| mère = [[Alpaïde]]
| conjoints = [[Rotrude de Hesbaye]] (c. 690 † 724) <br />[[Chrotais]] (c. 710, † après 755)<br />[[Swanahilde de Bavière]] (c. 695 † après 741)
| hommages =
| enfants = <small>Avec Rotrude :</small><br />[[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]]<br />[[Pépin le Bref]] [[Fichier:Red crown.png|15 px]]<br />[[Hiltrude]]<br />[[Landrade de Munsterbilzen]]<br />[[Aude de France]]<br /><br /><small>Avec Chrotais :</small><br />[[Bernard (fils de Charles Martel)|Bernard]]<br /><br /><small>Avec Swanahilde :</small><br />[[Griffon (carolingien)|Griffon]]<br />[[Rothaïde]]<br /><br /><small>Enfants illégitimes :</small><br />[[Jérôme (fils de Charles Martel)|Jérôme]]<br />[[Remi de Rouen]]
| autres fonctions =
| religion = [[Catholicisme]]
| famille = père de Pépin le Bref, fils de Pépin II Herstal et d'Alpaïde (deuxième épouse de Pépin II Herstal)
| signature =
| emblème =
| liste =
}}
}}
'''Charles Martel''' (en {{Langue avec nom|lat|texte=''Carolus Martellus''}} ; en {{Langue avec nom|allemand|texte=''Karl Martell''}}), né vers 688<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Paul Fouracre]]|titre=The Age of Charles Martel|éditeur=Routledge|année=2000|passage=ix}}.</ref> à [[Andenne]]<ref name="Andenne">{{Lien web|titre=Martel, Charles (690-741)|url=https://www.andenne.be/martel-charles-690-741/|site=Ville d'Andenne|date=2017-06-23|consulté le=2019-12-01}}.</ref>, actuellement en [[Belgique]], et mort le {{Date|22|octobre|741}} à [[Quierzy]], est un homme d’État et chef militaire [[Francs|franc]] qui, en tant que [[duc des Francs]] et [[maire du palais]], était ''de facto'' dirigeant de la [[Royaumes francs|Francie]] de 718 jusqu'à sa mort<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jana K.|nom1=Schulman|titre=The Rise of the Medieval World, 500–1300|sous-titre=A Biographical Dictionary|éditeur=[[Greenwood Publishing Group]]|lieu=Westport (Conn.)/London|année=2002|pages totales=500|page=101|isbn=0-313-30817-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=f_jLbHTM_zgC&pg=PA101&dq=Charles+Martel+688}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Nigel|nom1=Cawthorne|titre=Military Commanders|sous-titre=The 100 Greatest Throughout History|éditeur=Enchanted Lion Books|année=2004|pages totales=208|pages=52–53|isbn=1-59270-029-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=F-QawgVmYn8C&pg=PA52&dq=Charles+Martel+688}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=William W.|nom1=Kibler|prénom2=Grover A.|nom2=Zinn|titre=Medieval France|sous-titre=An Encyclopedia|éditeur=[[Routledge]]|lieu=New York/London|année=1995|pages totales=1047|pages=205–206|isbn=0-8240-4444-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=4qFY1jpF2JAC&pg=PA205&dq=Charles+Martel+688}}.</ref>.
'''Charles Martel''' (né vers [[690]]<ref>{{Harvsp|Settipani|1993|p=165}}</ref> et mort le 16 ou le {{date|22|octobre|741}}<ref>{{en}} [http://fmg.ac/Projects/MedLands/FRANKSMaiordomi.htm#_Toc184117352 Généalogie de Charles Martel] sur le site Medieval Lands</ref> à [[Quierzy-sur-Oise]]<ref>{{Harvsp|Halphen|1949|p=17}}.</ref>) fut le duc d'[[Austrasie]], [[maire du palais]] de [[717]] à [[741]] et le souverain ''de facto'' du [[Regnum Francorum|royaume des Francs]] (''dux et princeps Francorum'', duc et prince des [[Francs]]). Il est le fils de [[Pépin de Herstal]], maire du palais d'Austrasie contrôlant les royaumes de [[Neustrie]] et de [[Bourgogne]]. Il est également le grand-père paternel de [[Charlemagne]]. Selon une certaine légende, il serait peut-être né à [[Andenne]], [[Ville de Belgique|ville]] située à proximité de [[Namur]], en [[Belgique]]<ref>{{Harvsp|Rousseau|1971|p=39}}.</ref>.

Fils de l'homme d'État franc [[Pépin de Herstal]] et d'une noble nommée [[Alpaïde]], Charles Martel affirme avec succès ses prétentions au pouvoir en successeur de son père, et en tant que [[maire du palais]], dans la politique franque. Continuant et s'appuyant sur l'œuvre de son père, il rétablit le gouvernement centralisé en Francie, et commence la série de campagnes militaires qui rétablit les Francs comme les maîtres incontestés de toute la [[Gaule romaine|Gaule]].

Après un travail pour établir l'unité en Gaule, l'attention de Charles est tournée sur les conflits étrangers, et notamment l'avance musulmane en Europe de l'Ouest, qui est une préoccupation majeure. Les forces musulmanes [[arabes]] et [[berbères]] ont [[Conquête musulmane de la péninsule Ibérique|conquis la péninsule ibérique]] (711-726), franchi les Pyrénées (720) et saisi la [[Gaule narbonnaise]], qui était une importante dépendance des [[Wisigoths]] (721-725)<ref>{{Ouvrage|lien auteur1=Lewis|titre=God's crucible : Islam and the making of Europe, 570-1215|éditeur=W. W. Norton|lieu=New York|année=2008|pages=157 ff.|prénom1=David Levering}}.</ref>. Après des affrontements intermittents, sous la direction d'[[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi]], [[wali d'al-Andalus]], ils avancent vers la Gaule et sur [[Tours]], {{Citation|la ville sainte de la Gaule}}. En octobre 732, l'armée omeyyade dirigée par al-Ghafiqi rencontre les forces franques et aquitaines dirigées par Charles dans une zone comprise entre les villes de Tours et de [[Poitiers]] (centre-ouest de l'actuelle [[France]]<ref>L'emplacement est proche du village actuel de Moussais-la-Bataille, à environ 20 kilomètres (12 mi) au nord-est de Poitiers; par conséquent, l'emplacement de la bataille était proche de la frontière entre le royaume franc et d'Aquitaine, alors indépendant. {{Ouvrage|lien auteur1=Lewis|titre=God's crucible : Islam and the making of Europe, 570-1215|éditeur=W. W. Norton|lieu=New York|année=2008|passage=160|prénom1=David Levering}}.</ref>), menant à une importante et historiquement décisive victoire franque connue comme la [[Bataille de Poitiers (732)|bataille de Poitiers]] (le nom « {{Langue|ar|Ma'arakat Balâṭ ash-Shuhadâ}} », « bataille du Pavé des Martyrs » présent dans les sources arabes pourrait la désigner, bien que l'expression se réfère plus vraisemblablement à la bataille de Toulouse<ref>{{Ouvrage|langue=ar|auteur1=Ibn Hayyan|titre=[[Kitab al-Muktabys]]|passage={{nobr rom|Livre I}}}}.</ref>{{,}}<ref>Ibn Hayyan ben Abou Djebbala ({{s-|VII}}), Cité par l’historien El Maqqari in ''Nafh al-tib'', {{nobr rom|livre II}} (1591-1632).</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Syndey Forado |titre=TOULOUSE ET LES ARABES : LA BATAILLE DE 721 (conférence du 9 février 1975) |url=https://9juin721.files.wordpress.com/2018/06/toulouse-et-les-arabes-la-bataille-de-721_conference-du-9-fevrier-1975_13pages.pdf |site=9juin721.files.wordpress.com|date=9 février 1975 |consulté le=Juin 2020}}.</ref>), mettant fin à la {{Citation|dernière des grandes invasions arabes de France}}, une victoire militaire qualifiée de {{Citation|brillante}} du côté de Charles<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Hugh|nom1=Chisholm|titre=The Encyclopædia Britannica : the new volumes constituting, in combination with the twenty-nine volumes of the eleventh edition, the twelfth edition of that work, and also supplying a new, distinctive, and independent library of reference dealing with events and developments of the period 1910 to 1921 inclusive. The first third of the new volumes|éditeur=The Encyclopædia britannica company, ltd.|année=1910|passage=942-943|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=L0UbAQAAMAAJ|consulté le=2017-12-16}}.</ref>{{,}}<ref>Citation de Pfister, 1910, op. cit, concernant cet énoncé de texte : "En plus d'établir une certaine unité en Gaule, Charles l'a sauvé d'un grand péril. En 711, les Arabes avaient conquis l'Espagne. En 720, ils traversèrent les Pyrénées, s'emparèrent de la Narbonnaise, dépendance du royaume des Wisigoths, et s'avancèrent sur la Gaule. Par sa politique habile, Odo réussit à arrêter leurs progrès pendant quelques années; mais un nouveau wali, Abdur Rahman, membre d'une secte extrêmement fanatique, reprit l'attaque, atteignit Poitiers et s'avança sur Tours, la ville sainte de la Gaule. En octobre 732 - {{nombre|100|ans}} seulement après la mort de Mahomet - Charles remporta une brillante victoire sur Abdur Rahman, qui fut rappelé en Afrique à cause des révoltes des Berbères, et dut abandonner la lutte. … Après sa victoire, Charles a pris l'offensive."</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Tony Bunting|titre=Battle of Tours|périodique=Encyclopaedia Britannica|date=28 mars 2017|lire en ligne=https://www.britannica.com/event/Battle-of-Tours-732|extrait=La victoire de Charles a souvent été considérée comme décisive pour l'histoire du monde, puisqu'elle a préservé l'Europe occidentale de la conquête musulmane et l'islamisation.}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|titre=The Age of Faith|prénom1=Will|nom1=Durant|lien auteur1=Will Durant|lieu=Riverside|éditeur=Simon & Schuster|année=2011|pages=1215|isbn=978-1-451-64761-7|url=https://books.google.fr/books?id=cusRoE1OJvEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false|passage=461.}}</ref>{{,}}<ref>Per Pfister, op. cit., Abdur Rahman a été rappelé en Afrique du Nord pour faire face aux révoltes berbères et a abandonné la lutte en Europe à cette bataille.</ref>.

Après l'affrontement, Charles dirige l'offensive, détruisant des forteresses à [[Agde]], [[Béziers]] et [[Villeneuve-lès-Maguelone|Maguelone]], et engageant les forces musulmanes à [[Nîmes]], mais ne parvenant pas à récupérer [[Siège de Narbonne (737)|Narbonne]] (737) ni l'intégralité de la Narbonnaise wisigothe<ref name=":0" />. Par la suite, il réalise d'importants gains externes contre d'autres royaumes chrétiens, établissant un contrôle franc sur la [[Bavière]], l'[[Royaume alaman|Alémanie]] et la [[Frise (région historique)|Frise]], et contraignant certaines des tribus saxonnes à s'acquitter d'un tribut (738)<ref name=":0" />.

En dehors de ses efforts militaires, Charles est considéré comme une figure fondatrice du Moyen Âge européen{{Sfn|Lewis|5=|p=183}}. Qualifié d'administrateur et de guerrier, il est crédité d'un rôle déterminant dans les responsabilités émergentes des chevaliers des tribunaux, et donc dans le développement du [[Féodalité|système féodal]] franc<ref>{{Ouvrage|lien auteur1=White, Jr.|titre=Medieval technology and social change|éditeur=Oxford University Press|lieu=Londres|année=1962|pages=2–14|prénom1=Lynn}}.</ref>. Le pape {{noble|Grégoire III}}, dont le royaume était menacé par les [[Lombards]], et qui ne pouvait plus compter sur l'aide de [[Constantinople]], demanda à Charles de défendre le [[Saint-Siège]], et lui offrit le [[Consul (Rome antique)|consulat romain]], bien que Charles refusât<ref name=":0" />{{,}}<ref>Anon., 2001, "The Frankish Kingdom", in ''The Encyclopedia of World History''.</ref>{{,}}<ref>Citation de Pfister (1910), op. cit, concernant cet énoncé de texte : "Le pape {{noble-|Grégoire III}}, menacé par les Lombards, invoqua l'aide de Charles en 739, lui envoya une députation avec les clefs du Saint-Sépulcre et les chaînes de Saint-Pierre, et proposa de rompre avec l'empereur et Constantinople, et de donner à Charles le consulat romain (ut a partibus imperatoris recederet et Romanum consulatum Carolo sanciret). Cette proposition, bien que sans succès, a été le point de départ d'une nouvelle politique papale."</ref>.

Il divise la Francie entre ses fils, [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]] et [[Pépin le Bref|Pépin]]. Ce dernier devient le premier des [[Carolingiens]]. Le petit-fils de Charles, [[Charlemagne]], afin d'inclure une grande partie de l'ouest, a étendu les royaumes francs, et est devenu le premier [[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur d'Occident]] depuis la [[Déclin de l'Empire romain d'Occident|chute de Rome]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paul|nom1=Fouracre|titre=The age of Charles Martel|éditeur=Longman|année=2000|pages totales=207|isbn=978-0-582-06475-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=WsNnAAAAMAAJ|consulté le=2017-12-16}}.</ref>.


== Biographie ==
== Biographie ==
Charles Martel est le fils de [[Pépin de Herstal]] et de sa deuxième femme [[Alpaïde]]. Il avait un frère nommé [[Childebrand Ier|Childebrand]], qui devint plus tard le ''dux'' franc (c'est-à-dire duc) de [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]].

Dans l'historiographie ancienne, il était commun de décrire Charles comme « illégitime ». Ceci est encore largement répété dans la culture populaire aujourd'hui. Mais, la polygamie était une pratique franque légitime à l'époque et il est peu probable que Charles ait été considéré comme {{Citation|illégitime}}. Il est probable que l'interprétation de l'« illégitimité » dérive du désir de la première épouse de Pépin, [[Plectrude]], de voir sa progéniture comme héritière du pouvoir de Pépin<ref>{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Waltraud|nom1=Joch|titre=Legitimität und Integration : Untersuchungen zu den Anfängen Karl Martells|éditeur=Matthiesen Verlag|lieu=Husum, Allemagne|année=1999}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Richard A.|nom1=Gerberding|titre=Revue du "Legitimität und Integration: Untersuchungen zu den Anfängen Karl Martells" par Waltraud Joch|périodique=Speculum|volume=77|numéro=4|date=octobre 2002|pages=1322-1323}}.</ref>.

Après le règne de {{noble|Dagobert Ier}} (629-639), les [[Mérovingiens]] cédèrent effectivement le pouvoir aux maires pépinides du palais, qui gouvernèrent le royaume franc d'[[Austrasie]] en tout mais nominalement. Ils contrôlaient le trésor royal, dispensé de patronage et accordaient des terres et des privilèges au nom du roi de la figure de proue. Le père de Charles, Pépin de Herstal, réussit à unir le royaume des Francs en conquérant la [[Neustrie]] et la Bourgogne. Il fut le premier à se proclamer duc et prince des Francs, un titre plus tard repris par Charles.

=== Prise du pouvoir difficile ===
=== Prise du pouvoir difficile ===
[[Fichier:Frankish Empire 481 to 814-fr.svg|right|400px|thumb|Évolution du royaume franc de 481 jusqu'à l'Empire franc en 814.]]
[[Fichier:Frankish Empire 481 to 814-fr.svg|upright=2.0|thumb|Évolution du royaume franc de 481 jusqu'à l'empire franc en 814.]]
À la mort en [[714]] de [[Pépin de Herstal]] dit « Pépin le Jeune », son fils Charles (appelé Charles Martel plus tard) fut tout désigné pour reprendre la charge de [[maire du palais]] qu'occupait le défunt, ses deux demi-frères [[Drogon de Champagne]] et [[Grimoald II]] étant eux aussi morts. Mais aux yeux de [[Plectrude]], la première épouse de Pépin de Herstal, Charles était considéré comme un enfant illégitime parce que né d'[[Alpaïde]], une autre ''uxor nobilis et elegans'' (épouse noble et élégante) que Pépin avait prise bien qu'étant déjà marié. Plectrude fit donc tout pour l'écarter du pouvoir et préserver l'avenir de son petit-fils [[Théodebald (maire du palais)|Théodebald]] (ou Thibaut, Thiaud), le fils de [[Grimoald II]], âgé de six ans à peine, et l'héritier légitime. Elle fit donc enfermer Charles<ref name="Riché_p43-45">{{Harvsp|Riché|1983|p=43-5}}.</ref>.
À la mort en 714 de [[Pépin de Herstal]] dit « Pépin le Jeune », son fils Charles fut tout désigné pour reprendre la charge de [[maire du palais]] qu'occupait le défunt, ses deux demi-frères [[Drogon de Champagne]] et {{noble|Grimoald II}} étant eux aussi morts. Mais aux yeux de [[Plectrude]], la première épouse de Pépin de Herstal, Charles était considéré comme un enfant illégitime parce que né d'[[Alpaïde]], une autre ''uxor nobilis et elegans'' (épouse noble et élégante) que Pépin avait prise bien qu'étant déjà marié. Plectrude fit donc tout pour l'écarter du pouvoir et préserver l'avenir de son petit-fils [[Théodebald (maire du palais)|Théodebald]] (ou Thibaut, Thiaud), le fils de {{noble|Grimoald II}}, âgé de six ans à peine, et l'héritier légitime. Elle fit donc enfermer Charles<ref name="Riché_p43-45">{{Harvsp|Riché|1983|p=43-5}}.</ref>.


Mais c'était compter sans l'opinion des différentes provinces du royaume, qui n'acceptèrent pas de voir une femme les diriger ; les révoltes commencèrent alors à éclater, d'abord en [[Neustrie]] en [[715]], lorsque [[Rainfroi]] (Rainfroy ou Ragenfred), maire du palais de [[Neustrie]], battit l'armée de [[Plectrude]] en [[forêt de Cuise]], et mena ses troupes jusqu'aux abords de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]]. Ce fut ensuite le peuple du Nord de l'[[Italie]] qui se souleva et se rallia à la [[Neustrie]]. Puis ce fut au tour des Saxons et des Austrasiens<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=44}}.</ref>
Mais c'était compter sans l'opinion des différentes provinces du royaume, qui n'acceptèrent pas de voir une femme les diriger ; les révoltes commencèrent alors à éclater, d'abord en [[Neustrie]] en 715, lorsque [[Rainfroi]] (Rainfroy ou Ragenfred), maire du palais de [[Neustrie]], battit l'armée de [[Plectrude]] en [[forêt de Cuise]], et mena ses troupes jusqu'aux abords de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]]. Ce fut ensuite le peuple du Nord de l'[[Italie]] qui se souleva et se rallia à la [[Neustrie]]. Puis ce fut au tour des [[Saxons]] et des Austrasiens{{sfn|Riché|1983|p=44}}…


C'est à ce moment que Charles parvint à s'évader (715), et à prendre la tête des révoltés d'Austrasie. Il dut tout d'abord affronter les Neustriens de [[Chilpéric II (roi des Francs)|Chilpéric II]] et de Rainfroi : après deux batailles victorieuses ([[Amblève (commune)|Amblève]] - [[716]], [[Bataille de Vinchy|Vinchy]] - {{date|21|mars|717}}), il les repoussa jusqu'à [[Paris]]. Puis il se dirigea vers [[Cologne]], que Plectrude avait choisie pour s'installer avec son petit-fils. Celle-ci n'eut d'autre option que de reconnaître sa défaite et de livrer la mairie d'Austrasie à Charles<ref name="Riché_p43-45"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=44-5}}.</ref>.
C'est à ce moment que Charles parvint à s'évader (715), et à prendre la tête des révoltés d'Austrasie. Il dut tout d'abord affronter les Neustriens de {{noble|Chilpéric II (roi des Francs)}} et de Rainfroi : après deux batailles victorieuses ([[Bataille de l'Amblève (716)|Bataille de l'Amblève]] - 716, [[Bataille de Vinchy|Vinchy]] - {{date|21|mars|717}}), il les repoussa jusqu'à [[Paris]]. Puis il se dirigea vers [[Cologne]], que Plectrude avait choisie pour s'installer avec son petit-fils. Celle-ci n'eut d'autre option que de reconnaître sa défaite et de livrer la mairie d'Austrasie à Charles<ref name="Riché_p43-45"/>{{,}}{{sfn|Riché|1983|p=44-5}}.


=== Pacification du royaume franc ===
=== Pacification du Royaume franc ===
Aussitôt au pouvoir, Charles opéra de grands changements dans son entourage, installant sur le trône d'Austrasie [[Clotaire IV]], et renvoyant [[Rigobert]], l'[[Liste des archevêques de Reims|évêque de Reims]] favorable à Plectrude.
Aussitôt au pouvoir, Charles opéra de grands changements dans son entourage, installant sur le trône d'Austrasie {{noble|Clotaire IV}}, et renvoyant [[Rigobert (archevêque de Reims)|Rigobert]], l'[[Liste des archevêques de Reims|évêque de Reims]] favorable à Plectrude. Puis, petit à petit, il essaya de reprendre le contrôle de tout le Royaume franc, mais il dut à nouveau affronter la Neustrie. Il réussit à vaincre Rainfroi qui s'était pourtant allié avec le duc [[Eudes d'Aquitaine]] et de [[Duché de Vasconie|Vasconie]]. Le {{date|14 octobre 719}}, il remporta sur eux une première victoire à [[Néry]], entre [[Senlis (Oise)|Senlis]] et [[Soissons]], puis à [[Orléans]]{{sfn|Riché|1983|p=45-9}}.
Puis, petit à petit, il essaya de reprendre le contrôle de tout le royaume franc, mais il dut à nouveau affronter la Neustrie. Il réussit à vaincre Rainfroi qui s'était pourtant allié avec le duc [[Eudes de Gascogne]]. Le [[14 octobre]] [[719]], il remporta sur eux une première victoire à [[Néry]], entre [[Senlis (Oise)|Senlis]] et [[Soissons]], puis à Orléans<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=45-9}}.</ref>.


Il entreprit également de repousser la frontière de l'est du royaume : de [[720]] à [[738]], il conquit ainsi l'[[Autriche]] et le sud de l'[[Allemagne]].
Il entreprit également de repousser la frontière de l'est du royaume : de 720 à 738, il conquit ainsi ce qui est l'[[Autriche]] et le Sud de l'[[Allemagne]] d'aujourd'hui.
En [[734]], à la bataille de la Boarn (Boorne), les [[Frisons]] commandés par le roi Poppo (674-734) furent mis en défaite par les Francs, qui conquirent la partie occidentale des [[Pays-Bas]] jusqu'à la [[Lauwers (rivière)|Lauwers]]<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=49-53}}.</ref>.


À partir de 720, il conquiert une partie de la [[Royaume de Frise|Frise]] occidentale.
À la mort de [[Clotaire IV]] en [[719]], il fut tout de même obligé de remettre sur le trône [[Chilpéric II (roi des Francs)|Chilpéric II]]. Mais celui-ci mourut en [[721]]. Charles appela alors le fils de [[Dagobert III]], [[Thierry IV]], retiré à l'[[abbaye de Chelles]], et l'installa sur le trône<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=45-6}}.</ref>.


En 734, à la [[Bataille du Boarn|bataille de la Boarn]] (Boorne), les [[Frisons]] (pour la plupart restés encore païens) commandés par le roi [[Poppo Ier de Frise|Poppo]] (719-734) furent définitivement mis en défaite (puis christianisés) par les Francs, qui conquirent la partie occidentale des [[Pays-Bas]] jusqu'à la [[Lauwers (rivière)|Lauwers]]{{sfn|Riché|1983|p=49-53}}.
=== Arrêt de la conquête musulmane ===
[[Fichier:Steuben - Bataille de Poitiers.png|thumb|250px|left|Charles Martel à la [[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]], en octobre 732, représentation par Charles de Steuben, [[Musée d'Histoire de France|musée d'histoire de France]] de Versailles.]]


À la mort de {{noble|Clotaire IV}} en 719, il fut tout de même obligé de remettre sur le trône {{noble|Chilpéric II (roi des Francs)}}. Mais celui-ci mourut en 721. Charles appela alors le fils de {{noble|Dagobert III}}, {{noble|Thierry IV}}, retiré à l'[[abbaye de Chelles]], et l'installa sur le trône{{sfn|Riché|1983|p=45-6}}.
En [[732]], lors de la [[Bataille de Poitiers (732)|Bataille de Poitiers]], il affronta les armées [[omeyyades]] du gouverneur d'[[Al-Andalus]], l'[[émir]] [[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Rhafiqi|Abd el Rahman]]. En effet, depuis [[711]], les [[musulman]]s occupaient la [[péninsule Ibérique]], et poursuivaient progressivement leur avancée vers le [[Nord]], au-delà des [[Pyrénées]], si bien qu'à partir de [[725]], ayant déjà conquis le [[Languedoc]], ils s'emparèrent de la [[vallée du Rhône (France)|vallée du Rhône]], mettant à sac la ville d'[[Autun]] (le [[22 août]] 725), et assiégeant sans succès, en territoire franc, la ville de [[Sens (Yonne)|Sens]]<ref>{{Harvsp|Moeller|1837|p=335}}</ref>{{,}}<ref name=Islam>{{Harvsp|Riché|1983|p=53-5}}.</ref>.


=== La bataille de Poitiers en 732 ===
À la suite de l'intervention du duc d'[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]], [[Eudes d'Aquitaine|Eudes]], qui les arrêta une première fois à [[Bataille de Toulouse (721)|Toulouse]], en [[721]], les premières tentatives furent repoussées. Fort de sa victoire, le duc d'Aquitaine voulut prévenir le retour des musulmans d'Espagne en s'alliant à [[Munuza]], gouverneur [[Berbères|berbère]] et musulman de la [[Septimanie]]. Munuza était en révolte contre ses coreligionnaires d'Espagne. Eudes lui donna sa fille en mariage. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d'al-Andalus Abd el-Rahman qui, dans la foulée, lança une expédition punitive contre les Aquitains. Il engagea donc en [[732]] une double offensive en Aquitaine, du côté de la Gascogne, et dans la vallée du Rhône<ref name=Islam/>.
{{Article détaillé|Bataille de Poitiers (732)}}


En 732, lors de la [[Bataille de Poitiers (732)|bataille de Poitiers]], il affronta les armées [[omeyyades]] du gouverneur d'[[al-Andalus]], l'[[émir]] [[Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi|Abd el-Rahman]]. En effet, depuis 711, les troupes musulmanes avaient conquis la majeure partie de la [[péninsule Ibérique]], et poursuivaient progressivement leur avancée vers le [[nord]], au-delà des [[Pyrénées]], si bien qu'à partir de 725, ayant déjà conquis la [[Septimanie]], ils s'emparèrent de la [[vallée du Rhône (France)|vallée du Rhône]], mirent à sac la ville d'[[Autun]] (le {{date|22|août|725}}), et assiégèrent sans succès, en territoire franc, la ville de [[Sens (Yonne)|Sens]]{{sfn|Moeller|1837|p=335}}{{,}}<ref name=Islam>{{Harvsp|Riché|1983|p=53-5}}.</ref>.
Cette fois, le duc Eudes ne put les arrêter seul, et demanda à Charles de venir à son aide. Le {{date|19|octobre|732}}, les armées de Charles et du duc réunies faisaient face à la [[razzia]] à [[Moussais (Vienne)|Moussais]], sur l'actuelle commune de [[Vouneuil-sur-Vienne]], au sud de [[Châtellerault]]. Charles fit tout pour éviter l'affrontement mais encouragea le pillage aux alentours, ce qui eut pour double effet de saturer de butin les [[Sarrasins]] et de les rendre moins mobiles. Après six jours d'observation, la bataille s'engagea le [[25 octobre]] et fut assez brève. Charles tua leur chef Abd el-Rahman, ce qui décida les troupes sarrasines à prendre le chemin du retour. Selon d'autres sources, Abd el-Rahman n'aurait pas été tué à la bataille de Poitiers mais aurait simplement reflué vers ses bases arrières de [[Narbonne]]. Poursuivi par les troupes franques de Charles Martel, il aurait été tué et son armée exterminée à [[Loupchat]] au pied de la falaise du Sangou, dans le [[Lot (département)|Lot]], en [[733]]<ref name=Islam/>.


[[Fichier:Steuben - Bataille de Poitiers.png|vignette|300px|gauche|Charles Martel à la [[Bataille de Poitiers (732)|bataille de Poitiers]], en octobre 732, représentation par [[Charles de Steuben]] (1837), [[Galerie des Batailles]], [[Musée de l'Histoire de France (Versailles)|musée d'histoire de France]], [[château de Versailles]].]]
Selon certains auteurs, c'est à la suite de cette victoire que Charles fut surnommé ''Martel'' (en ancien français et en occitan signifie « marteau »), puisqu'il avait violemment écrasé les troupes musulmanes, tel un marteau<ref>{{en}} [[Edward Gibbon]], J. B. Bury, ''The Decline and Fall of the Roman Empire'', Wildside Press LLC, 2004, {{lire en ligne|url=http://books.google.fr/books?id=jGBsGwPJ-ukC&pg=PA17}}, {{p.|17}}</ref> — le « marteau d'armes » étant aussi une arme de combat.
En tout état de cause, il est certain que ce surnom a surtout « frappé » les esprits, ce qui a contribué à la création du mythe de Charles Martel. Ainsi, selon l'historien allemand [[Karl Ferdinand Werner]], la Provence fut si bouleversée par les exactions de Charles Martel que le surnom « Martel-Marteau » pourrait venir de là et non de la victoire contre les musulmans<ref name=Werner>{{Harvsp|Werner|1984|p=390-3}}</ref>. L'historien [[Mohammed Arkoun]] remarque que les écrits contemporains sont muets sur des pillages faits par les Francs en Aquitaine peu après la bataille, parce que leur existence est contestée<ref>{{Harvsp|Arkoun|2006|p=11-13}}</ref>.


À la suite de l'intervention du duc d'[[Duché d'Aquitaine|Aquitaine]] et de [[Duché de Vasconie|Vasconie]], [[Eudes d'Aquitaine|Eudes]], qui les arrêta une première fois à [[Bataille de Toulouse (721)|Toulouse]], en 721, les premières tentatives furent repoussées. Fort de sa victoire, le duc d'Aquitaine voulut prévenir le retour des troupes musulmanes venues de la péninsule Ibérique en s'alliant à [[Munuza]], gouverneur musulman de la [[Septimanie]]. Munuza était en révolte contre ses coreligionnaires d'al-Andalus. Eudes lui arrangea son mariage avec sa fille. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d'al-Andalus Abd el-Rahman qui, dans la foulée, lança une expédition punitive contre les Vascons. Il engagea donc en 732 une double offensive au sud de l'Aquitaine, du côté de la Vasconie, et dans la vallée du Rhône<ref name=Islam/>.
Les troupes [[Civilisation islamique|musulmanes]] ne sont pas, pour autant, battues sur tous les fronts. Elles prennent [[Avignon]] et [[Arles]] en [[735]], puis attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs bourguignons, dont le duc [[Mauronte]], « pactisent » alors avec les musulmans, mais Charles Martel parvint à les refouler dans le sud de la vallée du Rhône en [[736]]. La Provence s'était déjà soulevée contre l'autorité de [[Pépin de Herstal]] et de Charles Martel dans les années [[714]]-[[716]] avec le patrice [[Antenor de Provence|Antenor]]<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>.


Cette fois, le duc Eudes ne put les arrêter seul, et demanda à Charles de venir à son aide. Le {{date|19|octobre|732}}, les armées de Charles et du duc réunies faisaient face à la [[razzia (militaire)|razzia]] à [[Vouneuil-sur-Vienne|Moussais]], sur l'actuelle commune de [[Vouneuil-sur-Vienne]], au sud de [[Châtellerault]]. Charles fit tout pour éviter l'affrontement mais encouragea le pillage aux alentours, ce qui eut pour double effet de saturer de butin les [[Sarrasins]] et de les rendre moins mobiles. Après six jours d'observation, la bataille s'engagea le [[25 octobre]] et fut assez brève. Charles tua leur chef Abd el-Rahman, ce qui décida les troupes sarrasines à prendre le chemin du retour. Selon d'autres sources, Abd el-Rahman n'aurait pas été tué à la bataille de Poitiers mais aurait simplement reflué vers ses bases arrière de [[Narbonne]]. Poursuivi par les troupes franques de Charles Martel, il aurait été tué et son armée exterminée à [[Loupchat]] au pied de la falaise du Sangou, à proximité du village actuel de [[Martel (Lot)|Martel]], dans le [[Lot (département)|Lot]], en 733<ref name=Islam/>.
En [[737]], Charles Martel reprend Avignon avec son frère [[Childebrand Ier|Childebrand]], mais n'arrive pas à faire de même avec [[Narbonne]]. Il remporte une importante victoire ([[Bataille de Birra|bataille de la Berre]]) près de l'[[étang de Bages-Sigean]], à l'embouchure de la rivière [[Berre (Aude)|Berre]], dans l'[[Aude (département)|Aude]], contre les troupes musulmanes d'[[Espagne]] d'Omar ben Chaled. Cette victoire permit d'arrêter les incursions des musulmans au sud de la [[France]] et de réduire la présence musulmane à Narbonne et à certaines forteresses de [[Provence]]<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>{{,}}<ref name=Arkoun>{{Harvsp|Arkoun|2006|p=10-11}}</ref>.


Selon certains auteurs, c'est à la suite de cette victoire que Charles fut surnommé ''Martel'' (en [[ancien français]] et en [[occitan]] signifie « marteau »), puisqu'il avait violemment écrasé les troupes musulmanes, tel un marteau<ref>{{en}} [[Edward Gibbon]], J. B. Bury, ''The Decline and Fall of the Roman Empire'', Wildside Press LLC, 2004, {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=jGBsGwPJ-ukC&pg=PA17}}, {{p.|17}}.</ref> {{incise|le « [[marteau d'armes]] » étant aussi une arme de combat|stop}}. En tout état de cause, il est certain que ce surnom a surtout « frappé » les esprits, ce qui a contribué à la création du mythe de Charles Martel. Ainsi, selon l'historien allemand [[Karl Ferdinand Werner]], la [[Provence]] fut si bouleversée par les exactions de Charles Martel que le surnom « Martel-Marteau » pourrait venir de là et non de la victoire contre les musulmans<ref name=Werner>{{Harvsp|Werner|1984|p=390-3}}.</ref>. L'historien [[Mohammed Arkoun]] remarque que les écrits contemporains sont muets sur des pillages faits par les Francs en Aquitaine peu après la bataille, parce que leur existence est contestée{{sfn|Arkoun|2006|p=11-13}}.
En [[739]], il s'allie aux [[Lombardie|Lombards]] pour reprendre la Provence. Tous ceux qui avaient alors collaboré avec les [[Sarrasins]] sont châtiés et leurs biens donnés aux guerriers francs. Les [[musulmans]] ne possèdent alors plus que Narbonne, prise en 759 par [[Pépin le Bref]]. Ces batailles ont grandement contribué à unifier le royaume franc autour de Charles Martel<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>{{,}}<ref name=Arkoun/>.


Les troupes [[Civilisation islamique|musulmanes]] ne sont pas, pour autant, battues sur tous les fronts. Elles prennent [[Avignon]] et [[Arles]] en 735, puis attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs bourguignons et provençaux, dont le duc [[Mauronte]], pactisent alors avec les musulmans, mais Charles Martel parvint à les refouler dans le Sud de la vallée du Rhône en 736. La Provence s'était déjà soulevée contre l'autorité de [[Pépin de Herstal]] et de Charles Martel dans les années 714-716 avec le patrice [[Antenor de Provence|Antenor]]<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>.
=== Réforme militaire ===


En 737, Charles Martel reprend Avignon avec son frère [[Childebrand Ier|Childebrand]], mais n'arrive pas à faire de même avec [[Narbonne]]. Il remporte une importante victoire ([[bataille de la Berre]]) près de l'[[étang de Bages-Sigean]], à l'embouchure de la rivière [[Berre (Aude)|Berre]], dans l'[[Aude (département)|Aude]], contre les troupes musulmanes d'[[Espagne]] d'[[Omar ben Chaled]]. Cette victoire permit d'arrêter les incursions des musulmans dans le Sud de la [[France]] et de réduire la présence musulmane à Narbonne et à certaines forteresses de [[Provence]]<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>{{,}}<ref name=Arkoun>{{Harvsp|Arkoun|2006|p=10-11}}.</ref>.

En 739, il s'allie à [[Liutprand]], roi des [[Lombards]], pour reprendre la Provence. Tous ceux qui avaient alors collaboré avec les [[Sarrasins]] sont châtiés et leurs biens donnés aux guerriers francs. Les [[musulmans]] ne possèdent alors plus que Narbonne, qui sera prise en 759 par [[Pépin le Bref]]. Ces batailles ont grandement contribué à unifier le Royaume franc autour de Charles Martel<ref name=Islam/>{{,}}<ref name=Werner/>{{,}}<ref name=Arkoun/>.

=== Réforme militaire ===
Le triomphe de [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] acheva de faire de Charles Martel le maître du royaume. Il en profita pour lui donner une solide organisation militaire. Jusqu'à lui, l'armée ne s'était composée que des hommes libres, levés dans les comtés en temps de guerre. C'était une simple milice de fantassins, s'équipant à leurs frais, difficile à réunir, lente dans ses mouvements. Après Poitiers, Charles résolut de créer, à l'exemple des Arabes, une cavalerie qui put se porter rapidement au-devant de l'ennemi et remplacer l'avantage du nombre par celui de la mobilité. Une telle nouveauté supposait une transformation radicale des usages antérieurs. On ne pouvait imposer aux hommes libres ni l'entretien d'un cheval de guerre, ni l'acquisition du coûteux équipement de cavalier, ni le long et difficile apprentissage du combat à cheval.
Le triomphe de [[Bataille de Poitiers (732)|Poitiers]] acheva de faire de Charles Martel le maître du royaume. Il en profita pour lui donner une solide organisation militaire. Jusqu'à lui, l'armée ne s'était composée que des hommes libres, levés dans les comtés en temps de guerre. C'était une simple milice de fantassins, s'équipant à leurs frais, difficile à réunir, lente dans ses mouvements. Après Poitiers, Charles résolut de créer, à l'exemple des Arabes, une cavalerie qui put se porter rapidement au-devant de l'ennemi et remplacer l'avantage du nombre par celui de la mobilité. Une telle nouveauté supposait une transformation radicale des usages antérieurs. On ne pouvait imposer aux hommes libres ni l'entretien d'un cheval de guerre, ni l'acquisition du coûteux équipement de cavalier, ni le long et difficile apprentissage du combat à cheval.


Pour atteindre ce but, il fallait donc créer une classe de guerriers possédant les ressources correspondant au rôle qu'on attendait d'eux. Une large distribution des terres fut faite aux vassaux les plus robustes du maire du palais, qui n'hésita pas à séculariser, à cette fin, bon nombre de biens d'Église. Chaque homme d'armes gratifié d'une tenure ou, pour employer le terme technique, d'un bénéfice, fut tenu d'y élever un cheval de guerre et de fournir le service militaire à toute réquisition. Un serment de fidélité renforça encore ces obligations. Le [[vassal]] qui n'était au départ qu'un serviteur devint ainsi un soldat dont l'existence fut assurée par la possession d'un lopin de terre. L'institution se répandit très rapidement dans tout le royaume. Les immenses domaines de l'aristocratie permettaient à chacun de ses membres de se constituer une troupe de cavaliers, et ils n'y manquèrent pas. Le nom primitif de bénéfice disparut un peu plus tard, remplacé par celui de [[fief]]. Mais l'organisation féodale elle-même, pour l'essentiel, se trouve dans les mesures prises par Charles Martel. Ce fut la plus grande réforme militaire que l'Europe ait connue avant l'apparition des armées permanentes. Elle devait d'ailleurs exercer une répercussion profonde sur la société et sur l'État. Dans son fond, elle n'était qu'une adaptation de l'armée à une époque où le grand domaine dominait toute la vie économique et elle eut pour conséquence de donner à l'aristocratie foncière la puissance militaire avec la puissance politique. La vieille armée des hommes libres ne disparut pas, mais elle ne constitua plus qu'une réserve à laquelle on recourut de moins en moins<ref>H. Pirenne, ''Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle'', Paris-Bruxelles, 1939, pp. 40-42</ref>.
Pour atteindre ce but, il fallait donc créer une classe de guerriers possédant les ressources correspondant au rôle qu'on attendait d'eux. Une large distribution des terres fut faite aux vassaux les plus robustes du maire du palais, qui n'hésita pas à séculariser, à cette fin, bon nombre de biens d'Église. Chaque homme d'armes gratifié d'une tenure ou, pour employer le terme technique, d'un bénéfice, fut tenu d'y élever un cheval de guerre et de fournir le service militaire à toute réquisition. Un serment de fidélité renforça encore ces obligations.
Le [[Vassalité|vassal]] qui n'était au départ qu'un serviteur devint ainsi un soldat dont l'existence fut assurée par la possession d'un lopin de terre. L'institution se répandit très rapidement dans tout le royaume. Les immenses domaines de l'aristocratie permettaient à chacun de ses membres de se constituer une troupe de cavaliers, et ils n'y manquèrent pas. Le nom primitif de bénéfice disparut un peu plus tard, remplacé par celui de [[fief]]. Mais l'organisation féodale elle-même, pour l'essentiel, se trouvait dans les mesures prises par Charles Martel.
Ce fut la plus grande réforme militaire que l'[[Europe]] ait connue avant l'apparition des armées permanentes. Elle devait d'ailleurs exercer une répercussion profonde sur la société et sur l'État. Dans son fond, elle n'était qu'une adaptation de l'armée à une époque où le grand domaine dominait toute la vie économique et elle eut pour conséquence de donner à l'aristocratie foncière la puissance militaire avec la puissance politique. La vieille armée des hommes libres ne disparut pas, mais elle ne constitua plus qu'une réserve à laquelle on recourut de moins en moins<ref>[[Henri Pirenne]], ''Histoire de l'Europe. Des invasions au {{s-|XVI}}'', Paris-Bruxelles, 1939, {{p.|40-42}}.</ref>.


=== Création de la lignée carolingienne ===
=== Création de la lignée carolingienne ===
[[Image:Charles Martel divise le royaume entre Pépin et Carloman.jpg|thumb|''Charles Martel divise le royaume entre [[Pépin le Bref|Pépin]] et [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]]'' ([[Bibliothèque nationale de France|BNF]]).]]
[[Fichier:Charles Martel divise le royaume entre Pépin et Carloman.jpg|vignette|200px|Charles Martel divise le royaume entre ses fils [[Pépin le Bref|Pépin]] et [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]], ''[[Grandes Chroniques de France]]'', {{s-|XIV|e}}, Paris, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], {{nobr|Ms. fr. 2615}}, {{folio|72}}.]]
À la mort du roi [[Thierry IV]] ([[737]]), Charles, fort de son très grand pouvoir, décida de ne pas lui choisir de successeur, le rôle des monarques mérovingiens étant devenu totalement insignifiant. Il prit donc réellement le pouvoir du royaume franc, et régna donc ainsi en toute illégalité jusqu'à sa mort<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=55-58}}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Werner|1984|p=393}}</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Settipani|1993|p=167}}.</ref>.


À la mort du roi {{noble|Thierry IV}} (737), Charles, fort de son très grand pouvoir, décida de ne pas lui choisir de successeur, le rôle des monarques [[mérovingiens]] étant devenu totalement insignifiant. Il prit donc réellement le pouvoir du Royaume franc, et régna donc ainsi en toute illégalité jusqu'à sa mort{{sfn|Riché|1983|p=55-58}}{{,}}{{sfn|Werner|1984|p=393}}{{,}}{{sfn|Settipani|1993|p=167}}.
À sa mort, son pouvoir fut partagé entre ses deux fils<ref>{{Harvsp|Riché|1983|p=58-60}}.</ref> :
* [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]] obtient l'[[Austrasie]], l'[[Royaume d'Alémanie|Alémanie]] et la [[Thuringe]]
* [[Pépin le Bref]] obtient la [[Neustrie]], la [[Bourgogne]] et la [[Provence]].


Il meurt le 15 ou le {{date|22|octobre|741}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Deviosse|prénom2=Jean-Henry|nom2=Roy|titre=La bataille de Poitiers|sous-titre=octobre 733|éditeur=Gallimard|collection=[[Trente journées qui ont fait la France]]|numéro dans collection=2|année=1966|pages totales=355|passage=123 ; 142 ; 258|présentation en ligne=http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Trente-journees-qui-ont-fait-la-France/La-Bataille-de-Poitiers}}.</ref> à [[Quierzy]]{{sfn|Halphen|1949|p=17}}. Son pouvoir fut alors partagé entre ses deux fils{{sfn|Riché|1983|p=58-60}} :
Bien qu'il n'obtînt jamais le titre de roi, il eut malgré tout plus de pouvoir que les souverains francs de l'époque, la dynastie [[Mérovingiens|mérovingienne]] était déjà à ce moment en pleine décadence. Son pouvoir marque les prémices de la lignée [[Carolingiens|carolingienne]], confirmée par le sacre de [[Pépin le Bref]] le [[28 juillet]] [[754]].
* [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]] obtient l'[[Austrasie]], l'[[Royaume d'Alémanie|Alémanie]] et la [[Thuringe]] ;
* [[Pépin le Bref]] obtient la [[Neustrie]], la [[Royaume de Bourgogne (534-843)|Bourgogne]] et la [[Provence]].


Bien qu'il n'obtînt jamais le titre de roi, il eut malgré tout plus de pouvoir que les souverains francs de l'époque, la dynastie [[Mérovingiens|mérovingienne]] était déjà à ce moment en pleine décadence. Son pouvoir marque les prémices de la lignée [[Carolingiens|carolingienne]], confirmée par le sacre de [[Pépin le Bref]] le {{date|28 juillet 754}}.
== Tombeau de Charles Martel ==
[[Fichier:Charles Martel Saint Denis.jpg|thumb|right|350px|[[Gisant]] de Charles Martel dans la [[basilique Saint-Denis]].]]
Charles obtint le privilège de reposer après sa mort en [[741]] à [[Basilique Saint-Denis|Saint-Denis]], dans un imposant sarcophage en marbre au nord du maître-autel de l’abbatiale. Les liens entre la lignée carolingienne et l’abbaye existaient déjà à l'époque de Charles Martel. Charles avait en effet confié l’éducation de ses deux fils aux moines dionysiens et choisi Saint-Denis comme lieu de sépulture. On ne sait exactement où se trouvait celle-ci.


== Tombeau ==
Au {{s-|XIII|e}}, les restes supposés de Charles et de son fils Pépin le Bref furent ramenés sous la croisée du nouveau transept pour y recevoir les gisants qui existent encore. Entre la translation des cendres royales, ordonnée par [[Louis IX]] et effectuée en deux campagnes durant l’année [[1264]], et la dédicace des nouveaux tombeaux en [[1267]], trois ans s’étaient écoulés permettant la commande et la réalisation des monuments funéraires.
Charles obtint le privilège de reposer après sa mort en 741 dans la [[Basilique Saint-Denis|basilique royale de Saint-Denis]], dans un imposant sarcophage en marbre au nord du maître-autel de l’abbatiale. Les liens entre la lignée carolingienne et l’abbaye existaient déjà à l'époque de Charles Martel. Charles avait en effet confié l’éducation de ses deux fils aux moines dionysiens et choisi Saint-Denis comme lieu de sépulture. On ne sait exactement où se trouvait celle-ci.


[[Fichier:Charles Martel Saint Denis.jpg|vignette|gauche|200px|[[Gisant]] de Charles Martel dans la [[basilique Saint-Denis]].]]
Ces effigies n’étaient évidemment pas réalistes. Les gisants étaient conçus comme des figures en pied malgré leur position horizontale. Le gisant de Charles Martel le représente comme s'il avait été roi, avec une couronne et un sceptre.
Au {{s-|XIII|e}}, les restes supposés de Charles et de son fils Pépin le Bref furent ramenés sous la croisée du nouveau transept pour y recevoir les gisants qui existent encore. Entre la translation des cendres royales, ordonnée par {{noble|Louis IX}} et effectuée en deux campagnes durant l’année 1264, et la dédicace des nouveaux tombeaux en 1267, trois ans s’étaient écoulés permettant la commande et la réalisation des monuments funéraires.

Ces effigies n’étaient pas réalistes. Les gisants étaient conçus comme des figures en pied malgré leur position horizontale. Le gisant de Charles Martel le représente comme s'il avait été roi, avec une couronne et un sceptre.


== Mariages et enfants ==
== Mariages et enfants ==
Charles Martel a épousé en premières noces [[Rotrude (femme de Charles Martel)|Rotrude]] († 724), probablement [[Robertiens|robertienne]], qui donne naissance à<ref name="postérité">{{Harvsp|Settipani|1993|p=167-179}}.</ref> :
Charles Martel épouse en premières noces [[Rotrude (femme de Charles Martel)|Rotrude]] († 724), probablement [[Robertiens|robertienne]], qui donne naissance à<ref name="postérité">{{Harvsp|Settipani|1993|p=167-179}}.</ref> :
* [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]] (705/710 † {{date|17|août|754}}), [[maire du palais]] d'[[Austrasie]] de [[741]] à [[747]], avant de se retirer au [[Abbaye du Mont-Cassin|monastère du Mont-Cassin]] ;
* [[Carloman (fils de Charles Martel)|Carloman]] (705/710 † {{date|17|août|754}}), [[maire du palais]] d'[[Austrasie]] de 741 à 747, avant de se retirer au [[Abbaye du Mont-Cassin|monastère du Mont-Cassin]] ;
* [[Pépin le Bref|Pépin ''le Bref'']] (v.715 † [[768]]), maire des palais de [[Bourgogne]], de Neustrie (en [[741]]) et d'Austrasie (en [[747]]), [[Francs|roi des Francs]] de 751 à 768 ;
* [[Pépin le Bref]] (v.715 † 768), maire des palais de [[Royaume de Bourgogne (534-843)|Bourgogne]], de Neustrie (en 741) et d'Austrasie (en 747), [[Francs|roi des Francs]] de 751 à 768 ;
* [[Hiltrude (fille de Charles Martel)|Hiltrude]] († [[754]]), mariée en 741 à [[Odilon de Bavière|Odilon]], [[Liste des ducs de Bavière|duc de Bavière]] ;
* [[Hiltrude (fille de Charles Martel)|Hiltrude]] († 754), mariée en 741 à [[Odilon de Bavière|Odilon]], [[Liste des ducs de Bavière|duc de Bavière]] ;
* probablement Landrade<ref group=Note>La question de la filiation de Landrade et d'Alda est développée dans l'article [[Aude de France]].</ref> ;
* probablement Landrade<ref group=Note>La question de la filiation de Landrade et d'Alda est développée dans l'article [[Aude de France]].</ref> ;
* probablement [[Aude de France|Alda]], mariée à Théodoric, [[Liste des comtes d'Autun|comte d'Autun]], et mère de [[Guillaume de Gellone]].
* [[Aude de France|Alda]], mariée à [[Thierry Ier d'Autun|Théodoric]], [[Liste des comtes d'Autun|comte d'Autun]], et mère de [[Guillaume de Gellone]].


Il épouse ensuite [[Chrotais]], probable cousine de la précédente, sans que l'on sache si elle est une épouse principale morte peu de temps après ou une épouse secondaire<ref group=Note>La polygamie était encore possible pour les princes. Ce fut le cas de [[Pépin de Herstal]], marié simultanément à [[Plectrude]] et à [[Alpaïde]]. La qualité d'épouse pour Chrotais ne fait aucun doute, au vu de la documentation contemporaine.</ref>. Chrotais donne le jour à un seul fils<ref group=Note>La ''Genealogia Arnulfi comitis'' qualifie Bernard d'« issu d'une reine » et Rémi et Jérôme, « issus d'une concubine ». Il est donc évident que ces trois fils sont nés de mères différentes.</ref>{{,}}<ref name="postérité"/> :
Il épouse ensuite [[Chrotais]], probable cousine de la précédente, sans que l'on sache si elle est une épouse principale morte peu de temps après ou une épouse secondaire<ref group=Note>La polygamie était encore possible pour les princes. Ce fut le cas de [[Pépin de Herstal]], marié simultanément à [[Plectrude]] et à [[Alpaïde]]. La qualité d'épouse pour Chrotais ne fait aucun doute, au vu de la documentation contemporaine.</ref>. Chrotais donne le jour à un seul fils<ref group=Note>La ''Genealogia Arnulfi comitis'' de Witger (bénédictin à [[Saint-Bertin]]) qualifie Bernard d'« issu d'une reine » et Rémi et Jérôme, « issus d'une concubine ». Il est donc évident que ces trois fils sont nés de mères différentes.</ref>{{,}}<ref group=Note>Sur la ''Genealogia Arnulfi comitis'', voir Ségolène de Dainville-Barbiche, [https://books.google.fr/books?id=r8ToywrU3CEC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false ''Les Carolingiens''], dans ''Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France'' - années 1991-1992, C. Klincksieck, Paris, 1993. Page 55.</ref>{{,}}<ref name="postérité"/> :
* [[Bernard (fils de Charles Martel)|Bernard]] († [[787]]), [[abbé]] et comte de Saint-Quentin.
* [[Bernard (fils de Charles Martel)|Bernard]] († 787), [[abbé]] et comte de [[Saint-Quentin]].


Il épouse ensuite en [[725]] [[Swanahilde]], issue de la [[Liste des ducs de Bavière|maison bavaroise]] des [[Agilolfing]]es, qui donne naissance à<ref name="postérité"/> :
Il épouse ensuite en 725 [[Swanahilde]], issue de la [[Liste des ducs de Bavière|maison bavaroise]] des [[Agilolfinges]], qui donne naissance à<ref name="postérité"/> :
* [[Griffon (carolingien)|Griffon]] ([[726]][[753]]), comte du Mans.
* [[Griffon (carolingien)|Griffon]] (726 † 753), comte du [[Le Mans|Mans]].


D'autres [[filiation naturelle|fils naturels]] lui sont attribués, issus de concubines inconnues :
Enfin, une concubine inconnue donne naissance à<ref name="postérité"/> :
* [[Jérôme (fils de Charles Martel)|Jérôme]] († ap.[[775]]), abbé de [[Saint-Quentin]] ;
* [[Jérôme (fils de Charles Martel)|Jérôme]] († ap.775), abbé de [[Saint-Quentin]] ;
* [[Rémi de Rouen]] († [[771]]), [[liste des archevêques de Rouen|évêque de Rouen]].
* [[Remi de Rouen|Rémi]] († 771), [[liste des archevêques de Rouen|évêque de Rouen]].


== Notes et références ==
== Postérité ==
À partir de la seconde moitié du {{s-|XX}}, Charles Martel devient une figure souvent employée par la [[Mouvance identitaire|droite identitaire]] et l'[[Extrême droite en France|extrême droite française]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[William Blanc]]|auteur2=[[Christophe Naudin]]|titre=Charles Martel, une récupération identitaire|périodique=Mondes Sociaux|pages=|date=15-05-2017|issn=|lire en ligne=http://sms.hypotheses.org/7686|consulté le=2017-06-30}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=[[Salah Guemriche]]|titre=Comment le mythe de Charles Martel et de la bataille de Poitiers en 732 s’est installé|périodique=[[Le Monde]]|date=2015-06-05|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/05/comment-le-mythe-de-charles-martel-et-de-la-bataille-de-poitiers-en-732-s-est-installe-dans-l-histoire_4648311_3232.html|consulté le=2023-11-20}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Pierre |nom=Ropert |titre=Charles Martel, quelle histoire derrière le mythe ? |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/charles-martel-quelle-histoire-derriere-le-mythe-6187220 |site=[[France Culture]] |date=2022-06-21 |consulté le=2023-11-20}}.</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
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<references group="Note"/>


=== Références ===
=== Références ===
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{{Références}}


== Annexes ==
== Annexes ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
[[Fichier:Charles Martel 01.jpg|thumb|right|150px|Charles Martel par [[Jean Baptiste Joseph De Bay père (1779-1863)]], Galerie du [[château de Versailles]].]]
* {{ouvrage|prénom1=Roch |nom1=Mars |titre=Charles Martel |collection=Qui suis-je?|éditeur= Pardès | année=2013 |isbn=978-2-86714-462-2}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean |nom1=Deviosse |titre=Charles Martel|éditeur=éditions Tallandier |réimpression=2006 | année=1978 |isbn=978-2-84734-270-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Salah|nom1=Guemriche|titre=Abd er-Rahman contre Charles Martel : la véritable histoire de la bataille de Poitiers|lieu=Paris|éditeur=Perrin|lien éditeur=Éditions Perrin|année=2010|pages totales=310|isbn=978-2-262-02960-9}}.
* {{ouvrage|prénom1=Mohamed |nom1=Arkoun |titre=Histoire de l'islam et des musulmans en France |éditeur=Albin Michel | année=2006 |isbn=2-226-17503-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=William|nom1=Blanc|lien auteur1=William Blanc|titre=Charles Martel et la bataille de Poitiers : de l'histoire au mythe identitaire|lieu=Paris|éditeur=Libertalia|année=2015|pages totales=310|isbn=978-2-918-05960-8}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Deviosse|titre=Charles Martel|éditeur=éditions Tallandier|année=1978|réimpression=2006|pages totales=334|isbn=978-2-84734-270-3}}.
* {{Ref-Mourre-Dictionnaire}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mohamed|nom1=Arkoun|titre=Histoire de l'islam et des musulmans en France|sous-titre=du Moyen âge à nos jours|éditeur=Albin Michel|lieu=Paris|année=2006|pages totales=1217|isbn=2-226-17503-2}}.
* {{Ref-Volkmann-RoiDeFrance}}
* {{ouvrage|prénom1=Jörg |nom1=Jarnut |titre=Karl Martell in seiner Zeit |lieu=Sigmaringen |année=1994|lang=de}} (recueil d'articles en allemand).
* {{Ouvrage|langue=de|auteur1=[[Jörg Jarnut]]|titre=Karl Martell in seiner Zeit|lieu=Sigmaringen|année=1994}} (recueil d'articles en allemand).
* {{Ref-Settipani-PreCapetiens}}
* {{Ref-Settipani-PreCapetiens}}.
* {{Ref-Werner-Origines}}
* {{Ref-Werner-Origines}}.
* {{Ref-Riché-Carolingiens}}
* {{Ref-Riché-Carolingiens}}.
* {{ouvrage|prénom1=Michel |nom1=Rouche |titre=L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes | éditeur= Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales | année=1979 |isbn=2-7132-0685-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Rouche|lien auteur1=Michel Rouche|titre=L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes|sous-titre=418-781, naissance d'une région|éditeur=Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales|lieu=Paris|année=1979|pages totales=776|isbn=2-7132-0685-5}}.
* {{ouvrage|prénom=Félix|nom=Rousseau|lien auteur1=Félix Rousseau|lire en ligne=http://books.google.fr/books?lr=&id=ODHaAAAAMAAJ&dq=%22Charles%22+Martel+n%C3%A9+%C3%A0+Andenne%22&q=y+serait+n%C3%A9|titre=Légendes et coutumes du pays de Namur|éditeur=Ministère de la culture française (Bruxelles)|année=1971|passage=39}}
* {{Ouvrage|prénom1=Félix|nom1=Rousseau|lien auteur1=Félix Rousseau|titre=Légendes et coutumes du pays de Namur|éditeur=Ministère de la culture française (Bruxelles)|année=1971|passage=39|lire en ligne=https://books.google.fr/books?lr=&id=ODHaAAAAMAAJ&dq=%22Charles%22+Martel+n%C3%A9+%C3%A0+Andenne%22&q=y+serait+n%C3%A9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Sénac|lien auteur1=Philippe Sénac|titre=Charlemagne et Mahomet : en Espagne, {{sp-|VIII|-|IX|s}}|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Folio (Gallimard)|année=2015|isbn=978-2-070-35794-9}}.
* {{ouvrage|prénom=Louis |nom=Halphen |lien auteur1=Louis Halphen |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=CPcqAAAAIAAJ&q=%2222+octobre+741%22+Quierzy&dq= |titre=Charlemagne et l'empire carolingien |éditeur=Albin Michel |année=1949}}
* {{Ouvrage|prénom1=Louis|nom1=Halphen|lien auteur1=Louis Halphen|titre=Charlemagne et l'empire carolingien|éditeur=Albin Michel|année=1949|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=CPcqAAAAIAAJ}}.
* {{ouvrage|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=AlQEAAAAQAAJ | titre=Manuel d'histoire du Moyen Âge, depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'à la mort de Charlemagne |prénom1=Jean |nom1=Moeller | année=1837 |lieu=Paris | éditeur=Debécourt, libraire-éditeur}}
* {{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Moeller|titre=Manuel d'histoire du Moyen Âge, depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'à la mort de Charlemagne|éditeur=Debécourt, libraire-éditeur|lieu=Paris|année=1837|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=AlQEAAAAQAAJ}}.
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* [[Georges Minois]], ''Charles Martel'', Perrin, 2020.


=== Articles connexes ===
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Charles Martel
Illustration.
Charles Martel menant le siège d'Avignon.
Enluminure ornant les Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, Londres, British Library, Ms Royal 16 G VI, fo 118 vo.
Fonctions
Maire du palais de Neustrie

(23 ans)
Prédécesseur Rainfroi
Successeur Pépin le Bref
Maire du palais d'Austrasie

(24 ans)
Prédécesseur Théodebald
Successeur Carloman
Biographie
Dynastie Pippinides
Date de naissance vers 688
Lieu de naissance Andenne (Royaume des Francs)
Date de décès (à 53 ans)
Lieu de décès Quierzy
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Pépin de Herstal
Mère Alpaïde
Conjoints Rotrude de Hesbaye (c. 690 † 724)
Chrotais (c. 710, † après 755)
Swanahilde de Bavière (c. 695 † après 741)
Enfants Avec Rotrude :
Carloman
Pépin le Bref
Hiltrude
Landrade de Munsterbilzen
Aude de France

Avec Chrotais :
Bernard

Avec Swanahilde :
Griffon
Rothaïde

Enfants illégitimes :
Jérôme
Remi de Rouen
Religion Catholicisme

Charles Martel (en latin : Carolus Martellus ; en allemand : Karl Martell), né vers 688[1] à Andenne[2], actuellement en Belgique, et mort le à Quierzy, est un homme d’État et chef militaire franc qui, en tant que duc des Francs et maire du palais, était de facto dirigeant de la Francie de 718 jusqu'à sa mort[3],[4],[5].

Fils de l'homme d'État franc Pépin de Herstal et d'une noble nommée Alpaïde, Charles Martel affirme avec succès ses prétentions au pouvoir en successeur de son père, et en tant que maire du palais, dans la politique franque. Continuant et s'appuyant sur l'œuvre de son père, il rétablit le gouvernement centralisé en Francie, et commence la série de campagnes militaires qui rétablit les Francs comme les maîtres incontestés de toute la Gaule.

Après un travail pour établir l'unité en Gaule, l'attention de Charles est tournée sur les conflits étrangers, et notamment l'avance musulmane en Europe de l'Ouest, qui est une préoccupation majeure. Les forces musulmanes arabes et berbères ont conquis la péninsule ibérique (711-726), franchi les Pyrénées (720) et saisi la Gaule narbonnaise, qui était une importante dépendance des Wisigoths (721-725)[6]. Après des affrontements intermittents, sous la direction d'Abd al-Rahman ibn Abd Allah al-Ghafiqi, wali d'al-Andalus, ils avancent vers la Gaule et sur Tours, « la ville sainte de la Gaule ». En octobre 732, l'armée omeyyade dirigée par al-Ghafiqi rencontre les forces franques et aquitaines dirigées par Charles dans une zone comprise entre les villes de Tours et de Poitiers (centre-ouest de l'actuelle France[7]), menant à une importante et historiquement décisive victoire franque connue comme la bataille de Poitiers (le nom « Ma'arakat Balâṭ ash-Shuhadâ », « bataille du Pavé des Martyrs » présent dans les sources arabes pourrait la désigner, bien que l'expression se réfère plus vraisemblablement à la bataille de Toulouse[8],[9],[10]), mettant fin à la « dernière des grandes invasions arabes de France », une victoire militaire qualifiée de « brillante » du côté de Charles[11],[12],[13],[14],[15].

Après l'affrontement, Charles dirige l'offensive, détruisant des forteresses à Agde, Béziers et Maguelone, et engageant les forces musulmanes à Nîmes, mais ne parvenant pas à récupérer Narbonne (737) ni l'intégralité de la Narbonnaise wisigothe[11]. Par la suite, il réalise d'importants gains externes contre d'autres royaumes chrétiens, établissant un contrôle franc sur la Bavière, l'Alémanie et la Frise, et contraignant certaines des tribus saxonnes à s'acquitter d'un tribut (738)[11].

En dehors de ses efforts militaires, Charles est considéré comme une figure fondatrice du Moyen Âge européen[16]. Qualifié d'administrateur et de guerrier, il est crédité d'un rôle déterminant dans les responsabilités émergentes des chevaliers des tribunaux, et donc dans le développement du système féodal franc[17]. Le pape Grégoire III, dont le royaume était menacé par les Lombards, et qui ne pouvait plus compter sur l'aide de Constantinople, demanda à Charles de défendre le Saint-Siège, et lui offrit le consulat romain, bien que Charles refusât[11],[18],[19].

Il divise la Francie entre ses fils, Carloman et Pépin. Ce dernier devient le premier des Carolingiens. Le petit-fils de Charles, Charlemagne, afin d'inclure une grande partie de l'ouest, a étendu les royaumes francs, et est devenu le premier empereur d'Occident depuis la chute de Rome[20].

Charles Martel est le fils de Pépin de Herstal et de sa deuxième femme Alpaïde. Il avait un frère nommé Childebrand, qui devint plus tard le dux franc (c'est-à-dire duc) de Bourgogne.

Dans l'historiographie ancienne, il était commun de décrire Charles comme « illégitime ». Ceci est encore largement répété dans la culture populaire aujourd'hui. Mais, la polygamie était une pratique franque légitime à l'époque et il est peu probable que Charles ait été considéré comme « illégitime ». Il est probable que l'interprétation de l'« illégitimité » dérive du désir de la première épouse de Pépin, Plectrude, de voir sa progéniture comme héritière du pouvoir de Pépin[21],[22].

Après le règne de Dagobert Ier (629-639), les Mérovingiens cédèrent effectivement le pouvoir aux maires pépinides du palais, qui gouvernèrent le royaume franc d'Austrasie en tout mais nominalement. Ils contrôlaient le trésor royal, dispensé de patronage et accordaient des terres et des privilèges au nom du roi de la figure de proue. Le père de Charles, Pépin de Herstal, réussit à unir le royaume des Francs en conquérant la Neustrie et la Bourgogne. Il fut le premier à se proclamer duc et prince des Francs, un titre plus tard repris par Charles.

Prise du pouvoir difficile

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Évolution du royaume franc de 481 jusqu'à l'empire franc en 814.

À la mort en 714 de Pépin de Herstal dit « Pépin le Jeune », son fils Charles fut tout désigné pour reprendre la charge de maire du palais qu'occupait le défunt, ses deux demi-frères Drogon de Champagne et Grimoald II étant eux aussi morts. Mais aux yeux de Plectrude, la première épouse de Pépin de Herstal, Charles était considéré comme un enfant illégitime parce que né d'Alpaïde, une autre uxor nobilis et elegans (épouse noble et élégante) que Pépin avait prise bien qu'étant déjà marié. Plectrude fit donc tout pour l'écarter du pouvoir et préserver l'avenir de son petit-fils Théodebald (ou Thibaut, Thiaud), le fils de Grimoald II, âgé de six ans à peine, et l'héritier légitime. Elle fit donc enfermer Charles[23].

Mais c'était compter sans l'opinion des différentes provinces du royaume, qui n'acceptèrent pas de voir une femme les diriger ; les révoltes commencèrent alors à éclater, d'abord en Neustrie en 715, lorsque Rainfroi (Rainfroy ou Ragenfred), maire du palais de Neustrie, battit l'armée de Plectrude en forêt de Cuise, et mena ses troupes jusqu'aux abords de la Meuse. Ce fut ensuite le peuple du Nord de l'Italie qui se souleva et se rallia à la Neustrie. Puis ce fut au tour des Saxons et des Austrasiens[24]

C'est à ce moment que Charles parvint à s'évader (715), et à prendre la tête des révoltés d'Austrasie. Il dut tout d'abord affronter les Neustriens de Chilpéric II et de Rainfroi : après deux batailles victorieuses (Bataille de l'Amblève - 716, Vinchy - ), il les repoussa jusqu'à Paris. Puis il se dirigea vers Cologne, que Plectrude avait choisie pour s'installer avec son petit-fils. Celle-ci n'eut d'autre option que de reconnaître sa défaite et de livrer la mairie d'Austrasie à Charles[23],[25].

Pacification du Royaume franc

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Aussitôt au pouvoir, Charles opéra de grands changements dans son entourage, installant sur le trône d'Austrasie Clotaire IV, et renvoyant Rigobert, l'évêque de Reims favorable à Plectrude. Puis, petit à petit, il essaya de reprendre le contrôle de tout le Royaume franc, mais il dut à nouveau affronter la Neustrie. Il réussit à vaincre Rainfroi qui s'était pourtant allié avec le duc Eudes d'Aquitaine et de Vasconie. Le , il remporta sur eux une première victoire à Néry, entre Senlis et Soissons, puis à Orléans[26].

Il entreprit également de repousser la frontière de l'est du royaume : de 720 à 738, il conquit ainsi ce qui est l'Autriche et le Sud de l'Allemagne d'aujourd'hui.

À partir de 720, il conquiert une partie de la Frise occidentale.

En 734, à la bataille de la Boarn (Boorne), les Frisons (pour la plupart restés encore païens) commandés par le roi Poppo (719-734) furent définitivement mis en défaite (puis christianisés) par les Francs, qui conquirent la partie occidentale des Pays-Bas jusqu'à la Lauwers[27].

À la mort de Clotaire IV en 719, il fut tout de même obligé de remettre sur le trône Chilpéric II. Mais celui-ci mourut en 721. Charles appela alors le fils de Dagobert III, Thierry IV, retiré à l'abbaye de Chelles, et l'installa sur le trône[28].

La bataille de Poitiers en 732

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En 732, lors de la bataille de Poitiers, il affronta les armées omeyyades du gouverneur d'al-Andalus, l'émir Abd el-Rahman. En effet, depuis 711, les troupes musulmanes avaient conquis la majeure partie de la péninsule Ibérique, et poursuivaient progressivement leur avancée vers le nord, au-delà des Pyrénées, si bien qu'à partir de 725, ayant déjà conquis la Septimanie, ils s'emparèrent de la vallée du Rhône, mirent à sac la ville d'Autun (le ), et assiégèrent sans succès, en territoire franc, la ville de Sens[29],[30].

Charles Martel à la bataille de Poitiers, en octobre 732, représentation par Charles de Steuben (1837), Galerie des Batailles, musée d'histoire de France, château de Versailles.

À la suite de l'intervention du duc d'Aquitaine et de Vasconie, Eudes, qui les arrêta une première fois à Toulouse, en 721, les premières tentatives furent repoussées. Fort de sa victoire, le duc d'Aquitaine voulut prévenir le retour des troupes musulmanes venues de la péninsule Ibérique en s'alliant à Munuza, gouverneur musulman de la Septimanie. Munuza était en révolte contre ses coreligionnaires d'al-Andalus. Eudes lui arrangea son mariage avec sa fille. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d'al-Andalus Abd el-Rahman qui, dans la foulée, lança une expédition punitive contre les Vascons. Il engagea donc en 732 une double offensive au sud de l'Aquitaine, du côté de la Vasconie, et dans la vallée du Rhône[30].

Cette fois, le duc Eudes ne put les arrêter seul, et demanda à Charles de venir à son aide. Le , les armées de Charles et du duc réunies faisaient face à la razzia à Moussais, sur l'actuelle commune de Vouneuil-sur-Vienne, au sud de Châtellerault. Charles fit tout pour éviter l'affrontement mais encouragea le pillage aux alentours, ce qui eut pour double effet de saturer de butin les Sarrasins et de les rendre moins mobiles. Après six jours d'observation, la bataille s'engagea le 25 octobre et fut assez brève. Charles tua leur chef Abd el-Rahman, ce qui décida les troupes sarrasines à prendre le chemin du retour. Selon d'autres sources, Abd el-Rahman n'aurait pas été tué à la bataille de Poitiers mais aurait simplement reflué vers ses bases arrière de Narbonne. Poursuivi par les troupes franques de Charles Martel, il aurait été tué et son armée exterminée à Loupchat au pied de la falaise du Sangou, à proximité du village actuel de Martel, dans le Lot, en 733[30].

Selon certains auteurs, c'est à la suite de cette victoire que Charles fut surnommé Martel (en ancien français et en occitan signifie « marteau »), puisqu'il avait violemment écrasé les troupes musulmanes, tel un marteau[31] — le « marteau d'armes » étant aussi une arme de combat. En tout état de cause, il est certain que ce surnom a surtout « frappé » les esprits, ce qui a contribué à la création du mythe de Charles Martel. Ainsi, selon l'historien allemand Karl Ferdinand Werner, la Provence fut si bouleversée par les exactions de Charles Martel que le surnom « Martel-Marteau » pourrait venir de là et non de la victoire contre les musulmans[32]. L'historien Mohammed Arkoun remarque que les écrits contemporains sont muets sur des pillages faits par les Francs en Aquitaine peu après la bataille, parce que leur existence est contestée[33].

Les troupes musulmanes ne sont pas, pour autant, battues sur tous les fronts. Elles prennent Avignon et Arles en 735, puis attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs bourguignons et provençaux, dont le duc Mauronte, pactisent alors avec les musulmans, mais Charles Martel parvint à les refouler dans le Sud de la vallée du Rhône en 736. La Provence s'était déjà soulevée contre l'autorité de Pépin de Herstal et de Charles Martel dans les années 714-716 avec le patrice Antenor[30],[32].

En 737, Charles Martel reprend Avignon avec son frère Childebrand, mais n'arrive pas à faire de même avec Narbonne. Il remporte une importante victoire (bataille de la Berre) près de l'étang de Bages-Sigean, à l'embouchure de la rivière Berre, dans l'Aude, contre les troupes musulmanes d'Espagne d'Omar ben Chaled. Cette victoire permit d'arrêter les incursions des musulmans dans le Sud de la France et de réduire la présence musulmane à Narbonne et à certaines forteresses de Provence[30],[32],[34].

En 739, il s'allie à Liutprand, roi des Lombards, pour reprendre la Provence. Tous ceux qui avaient alors collaboré avec les Sarrasins sont châtiés et leurs biens donnés aux guerriers francs. Les musulmans ne possèdent alors plus que Narbonne, qui sera prise en 759 par Pépin le Bref. Ces batailles ont grandement contribué à unifier le Royaume franc autour de Charles Martel[30],[32],[34].

Réforme militaire

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Le triomphe de Poitiers acheva de faire de Charles Martel le maître du royaume. Il en profita pour lui donner une solide organisation militaire. Jusqu'à lui, l'armée ne s'était composée que des hommes libres, levés dans les comtés en temps de guerre. C'était une simple milice de fantassins, s'équipant à leurs frais, difficile à réunir, lente dans ses mouvements. Après Poitiers, Charles résolut de créer, à l'exemple des Arabes, une cavalerie qui put se porter rapidement au-devant de l'ennemi et remplacer l'avantage du nombre par celui de la mobilité. Une telle nouveauté supposait une transformation radicale des usages antérieurs. On ne pouvait imposer aux hommes libres ni l'entretien d'un cheval de guerre, ni l'acquisition du coûteux équipement de cavalier, ni le long et difficile apprentissage du combat à cheval.

Pour atteindre ce but, il fallait donc créer une classe de guerriers possédant les ressources correspondant au rôle qu'on attendait d'eux. Une large distribution des terres fut faite aux vassaux les plus robustes du maire du palais, qui n'hésita pas à séculariser, à cette fin, bon nombre de biens d'Église. Chaque homme d'armes gratifié d'une tenure ou, pour employer le terme technique, d'un bénéfice, fut tenu d'y élever un cheval de guerre et de fournir le service militaire à toute réquisition. Un serment de fidélité renforça encore ces obligations.

Le vassal qui n'était au départ qu'un serviteur devint ainsi un soldat dont l'existence fut assurée par la possession d'un lopin de terre. L'institution se répandit très rapidement dans tout le royaume. Les immenses domaines de l'aristocratie permettaient à chacun de ses membres de se constituer une troupe de cavaliers, et ils n'y manquèrent pas. Le nom primitif de bénéfice disparut un peu plus tard, remplacé par celui de fief. Mais l'organisation féodale elle-même, pour l'essentiel, se trouvait dans les mesures prises par Charles Martel.

Ce fut la plus grande réforme militaire que l'Europe ait connue avant l'apparition des armées permanentes. Elle devait d'ailleurs exercer une répercussion profonde sur la société et sur l'État. Dans son fond, elle n'était qu'une adaptation de l'armée à une époque où le grand domaine dominait toute la vie économique et elle eut pour conséquence de donner à l'aristocratie foncière la puissance militaire avec la puissance politique. La vieille armée des hommes libres ne disparut pas, mais elle ne constitua plus qu'une réserve à laquelle on recourut de moins en moins[35].

Création de la lignée carolingienne

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Charles Martel divise le royaume entre ses fils Pépin et Carloman, Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, Paris, BnF, Ms. fr. 2615, fo 72.

À la mort du roi Thierry IV (737), Charles, fort de son très grand pouvoir, décida de ne pas lui choisir de successeur, le rôle des monarques mérovingiens étant devenu totalement insignifiant. Il prit donc réellement le pouvoir du Royaume franc, et régna donc ainsi en toute illégalité jusqu'à sa mort[36],[37],[38].

Il meurt le 15 ou le [39] à Quierzy[40]. Son pouvoir fut alors partagé entre ses deux fils[41] :

Bien qu'il n'obtînt jamais le titre de roi, il eut malgré tout plus de pouvoir que les souverains francs de l'époque, la dynastie mérovingienne était déjà à ce moment en pleine décadence. Son pouvoir marque les prémices de la lignée carolingienne, confirmée par le sacre de Pépin le Bref le .

Charles obtint le privilège de reposer après sa mort en 741 dans la basilique royale de Saint-Denis, dans un imposant sarcophage en marbre au nord du maître-autel de l’abbatiale. Les liens entre la lignée carolingienne et l’abbaye existaient déjà à l'époque de Charles Martel. Charles avait en effet confié l’éducation de ses deux fils aux moines dionysiens et choisi Saint-Denis comme lieu de sépulture. On ne sait exactement où se trouvait celle-ci.

Gisant de Charles Martel dans la basilique Saint-Denis.

Au XIIIe siècle, les restes supposés de Charles et de son fils Pépin le Bref furent ramenés sous la croisée du nouveau transept pour y recevoir les gisants qui existent encore. Entre la translation des cendres royales, ordonnée par Louis IX et effectuée en deux campagnes durant l’année 1264, et la dédicace des nouveaux tombeaux en 1267, trois ans s’étaient écoulés permettant la commande et la réalisation des monuments funéraires.

Ces effigies n’étaient pas réalistes. Les gisants étaient conçus comme des figures en pied malgré leur position horizontale. Le gisant de Charles Martel le représente comme s'il avait été roi, avec une couronne et un sceptre.

Mariages et enfants

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Charles Martel épouse en premières noces Rotrude († 724), probablement robertienne, qui donne naissance à[42] :

Il épouse ensuite Chrotais, probable cousine de la précédente, sans que l'on sache si elle est une épouse principale morte peu de temps après ou une épouse secondaire[Note 2]. Chrotais donne le jour à un seul fils[Note 3],[Note 4],[42] :

Il épouse ensuite en 725 Swanahilde, issue de la maison bavaroise des Agilolfinges, qui donne naissance à[42] :

D'autres fils naturels lui sont attribués, issus de concubines inconnues :

Postérité

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À partir de la seconde moitié du XXe siècle, Charles Martel devient une figure souvent employée par la droite identitaire et l'extrême droite française[43],[44],[45].

Notes et références

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  1. La question de la filiation de Landrade et d'Alda est développée dans l'article Aude de France.
  2. La polygamie était encore possible pour les princes. Ce fut le cas de Pépin de Herstal, marié simultanément à Plectrude et à Alpaïde. La qualité d'épouse pour Chrotais ne fait aucun doute, au vu de la documentation contemporaine.
  3. La Genealogia Arnulfi comitis de Witger (bénédictin à Saint-Bertin) qualifie Bernard d'« issu d'une reine » et Rémi et Jérôme, « issus d'une concubine ». Il est donc évident que ces trois fils sont nés de mères différentes.
  4. Sur la Genealogia Arnulfi comitis, voir Ségolène de Dainville-Barbiche, Les Carolingiens, dans Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France - années 1991-1992, C. Klincksieck, Paris, 1993. Page 55.

Références

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  1. (en) Paul Fouracre, The Age of Charles Martel, Routledge, , ix.
  2. « Martel, Charles (690-741) », sur Ville d'Andenne, (consulté le ).
  3. (en) Jana K. Schulman, The Rise of the Medieval World, 500–1300 : A Biographical Dictionary, Westport (Conn.)/London, Greenwood Publishing Group, , 500 p. (ISBN 0-313-30817-9, lire en ligne), p. 101.
  4. Nigel Cawthorne, Military Commanders : The 100 Greatest Throughout History, Enchanted Lion Books, , 208 p. (ISBN 1-59270-029-2, lire en ligne).
  5. (en) William W. Kibler et Grover A. Zinn, Medieval France : An Encyclopedia, New York/London, Routledge, , 1047 p. (ISBN 0-8240-4444-4, lire en ligne).
  6. God's crucible : Islam and the making of Europe, 570-1215, New York, W. W. Norton, , 157 ff..
  7. L'emplacement est proche du village actuel de Moussais-la-Bataille, à environ 20 kilomètres (12 mi) au nord-est de Poitiers; par conséquent, l'emplacement de la bataille était proche de la frontière entre le royaume franc et d'Aquitaine, alors indépendant. God's crucible : Islam and the making of Europe, 570-1215, New York, W. W. Norton, , p. 160.
  8. (ar) Ibn Hayyan, Kitab al-Muktabys, Livre I.
  9. Ibn Hayyan ben Abou Djebbala (VIIe siècle), Cité par l’historien El Maqqari in Nafh al-tib, livre II (1591-1632).
  10. Syndey Forado, « TOULOUSE ET LES ARABES : LA BATAILLE DE 721 (conférence du 9 février 1975) », sur 9juin721.files.wordpress.com, (consulté en ).
  11. a b c et d (en) Hugh Chisholm, The Encyclopædia Britannica : the new volumes constituting, in combination with the twenty-nine volumes of the eleventh edition, the twelfth edition of that work, and also supplying a new, distinctive, and independent library of reference dealing with events and developments of the period 1910 to 1921 inclusive. The first third of the new volumes, The Encyclopædia britannica company, ltd., (lire en ligne), p. 942-943.
  12. Citation de Pfister, 1910, op. cit, concernant cet énoncé de texte : "En plus d'établir une certaine unité en Gaule, Charles l'a sauvé d'un grand péril. En 711, les Arabes avaient conquis l'Espagne. En 720, ils traversèrent les Pyrénées, s'emparèrent de la Narbonnaise, dépendance du royaume des Wisigoths, et s'avancèrent sur la Gaule. Par sa politique habile, Odo réussit à arrêter leurs progrès pendant quelques années; mais un nouveau wali, Abdur Rahman, membre d'une secte extrêmement fanatique, reprit l'attaque, atteignit Poitiers et s'avança sur Tours, la ville sainte de la Gaule. En octobre 732 - 100 ans seulement après la mort de Mahomet - Charles remporta une brillante victoire sur Abdur Rahman, qui fut rappelé en Afrique à cause des révoltes des Berbères, et dut abandonner la lutte. … Après sa victoire, Charles a pris l'offensive."
  13. (en) Tony Bunting, « Battle of Tours », Encyclopaedia Britannica,‎ (lire en ligne) :

    « La victoire de Charles a souvent été considérée comme décisive pour l'histoire du monde, puisqu'elle a préservé l'Europe occidentale de la conquête musulmane et l'islamisation. »

  14. (en) Will Durant, The Age of Faith, Riverside, Simon & Schuster, , 1215 p. (ISBN 978-1-451-64761-7, lire en ligne), p. 461.
  15. Per Pfister, op. cit., Abdur Rahman a été rappelé en Afrique du Nord pour faire face aux révoltes berbères et a abandonné la lutte en Europe à cette bataille.
  16. Lewis, p. 183.
  17. Medieval technology and social change, Londres, Oxford University Press, , 2–14 p..
  18. Anon., 2001, "The Frankish Kingdom", in The Encyclopedia of World History.
  19. Citation de Pfister (1910), op. cit, concernant cet énoncé de texte : "Le pape Grégoire III, menacé par les Lombards, invoqua l'aide de Charles en 739, lui envoya une députation avec les clefs du Saint-Sépulcre et les chaînes de Saint-Pierre, et proposa de rompre avec l'empereur et Constantinople, et de donner à Charles le consulat romain (ut a partibus imperatoris recederet et Romanum consulatum Carolo sanciret). Cette proposition, bien que sans succès, a été le point de départ d'une nouvelle politique papale."
  20. (en) Paul Fouracre, The age of Charles Martel, Longman, , 207 p. (ISBN 978-0-582-06475-1, lire en ligne).
  21. (de) Waltraud Joch, Legitimität und Integration : Untersuchungen zu den Anfängen Karl Martells, Husum, Allemagne, Matthiesen Verlag, .
  22. (en) Richard A. Gerberding, « Revue du "Legitimität und Integration: Untersuchungen zu den Anfängen Karl Martells" par Waltraud Joch », Speculum, vol. 77, no 4,‎ , p. 1322-1323.
  23. a et b Riché 1983, p. 43-5.
  24. Riché 1983, p. 44.
  25. Riché 1983, p. 44-5.
  26. Riché 1983, p. 45-9.
  27. Riché 1983, p. 49-53.
  28. Riché 1983, p. 45-6.
  29. Moeller 1837, p. 335.
  30. a b c d e et f Riché 1983, p. 53-5.
  31. (en) Edward Gibbon, J. B. Bury, The Decline and Fall of the Roman Empire, Wildside Press LLC, 2004, [lire en ligne], p. 17.
  32. a b c et d Werner 1984, p. 390-3.
  33. Arkoun 2006, p. 11-13.
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  35. Henri Pirenne, Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle, Paris-Bruxelles, 1939, p. 40-42.
  36. Riché 1983, p. 55-58.
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  38. Settipani 1993, p. 167.
  39. Jean Deviosse et Jean-Henry Roy, La bataille de Poitiers : octobre 733, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France » (no 2), , 355 p. (présentation en ligne), p. 123 ; 142 ; 258.
  40. Halphen 1949, p. 17.
  41. Riché 1983, p. 58-60.
  42. a b et c Settipani 1993, p. 167-179.
  43. William Blanc et Christophe Naudin, « Charles Martel, une récupération identitaire », Mondes Sociaux,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  44. Salah Guemriche, « Comment le mythe de Charles Martel et de la bataille de Poitiers en 732 s’est installé », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  45. Pierre Ropert, « Charles Martel, quelle histoire derrière le mythe ? », sur France Culture, (consulté le ).

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Bibliographie

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Charles Martel par Jean Baptiste Joseph De Bay père (1779-1863), Galerie du château de Versailles.

Articles connexes

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Liens externes

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