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« Groac'h » : différence entre les versions

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{{Infobox Créature
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| légende = La Groac'h de l'île du Lok d'après Théophile Busnel, pour les Contes et légendes de Basse-Bretagne (1891)
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Une '''''{{lang|br|groac'h}}''''' ([[langue bretonne|breton]] pour « fée », « [[sorcière]] » ou « vieille femme », pl. ''{{lang|br|groagez}}'') est une [[fée]] bretonne liée à l'eau. Multiforme, elle est souvent vieille et nocturne, apparentée aux [[ogre]]s et aux [[sorcière]]s, parfois avec des dents de [[morse (animal)|morse]]. Réputée vivre dans des cavernes, sous le sable ou sous la mer, la ''{{lang|br|groac'h}}'' a du pouvoir sur les éléments de la nature et maîtrise la métamorphose. Elle est surtout connue comme une figure malveillante, en particulier à cause du conte d'[[Émile Souvestre]] ''La Groac'h de l'île du Lok''. La fée y séduit les hommes qu'elle change en [[poisson]]s et les sert comme repas à ses hôtes, sur l'une des îles de l'[[archipel des Glénan]]. D'autres contes les présentent comme de vieilles fées solitaires pouvant combler de cadeaux et de dons les humains qui leur rendent visite.
Une '''''{{lang|br|groac'h}}''''' ([[langue bretonne|breton]] pour « fée », « [[sorcière]] » ou « vieille femme », pl. ''{{lang|br|groagez}}'') est une [[fée]] [[Culture bretonne|bretonne]] liée à l'eau. Multiforme, elle est souvent vieille et nocturne, apparentée aux [[ogre]]s et aux [[sorcière]]s, parfois avec des dents de [[morse (animal)|morse]]. Réputée vivre dans des cavernes, sous le sable ou sous la mer, la ''{{lang|br|groac'h}}'' a du pouvoir sur les éléments de la nature et maîtrise la métamorphose. Elle est surtout connue comme une figure malveillante, en particulier à cause du conte d'[[Émile Souvestre]] ''[[Le Foyer breton|La Groac'h de l'île du Lok]]''. La fée y séduit les hommes qu'elle change en [[poisson]]s et les sert comme repas à ses hôtes, sur l'une des îles de l'[[archipel des Glénan]]. D'autres contes les présentent comme de vieilles fées solitaires pouvant combler de cadeaux et de dons les humains qui leur rendent visite.


Plusieurs toponymes de [[Basse-Bretagne]] sont attribués à une ''{{lang|br|groac'h}}'', en particulier des [[mégalithe]]s dans les [[Côtes-d'Armor]], ainsi que l'[[île de Groix]] dans le Morbihan, et le [[phare de la Vieille]] sur [[Ouessant]]. L'origine de ces fées appartenant à l'[[archétype (psychologie analytique)|archétype]] de « [[Vieille (folklore)|la Vieille]] » est à rechercher dans des divinités féminines antiques diabolisées avec le [[Christianisme]]. L'influence des écrivains bretons, au {{s|XIX|e}}, les a rapprochées de la figure féerique classique. La ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît régulièrement dans des œuvres littéraires récentes, comme ''La Pâleur et le Sang'' de [[Nicolas Bréhal]].
Plusieurs toponymes de [[Basse-Bretagne]] sont attribués à une ''{{lang|br|groac'h}}'', en particulier des [[mégalithe]]s dans les [[Côtes-d'Armor]], ainsi que l'[[Groix|île de Groix]] dans le Morbihan, et le [[phare de la Vieille]]. L'origine de ces fées appartenant à l'[[archétype (psychologie analytique)|archétype]] de « [[Vieille (folklore)|la Vieille]] » est à rechercher dans des divinités féminines antiques diabolisées avec le [[christianisme]]. L'influence des écrivains bretons, au {{s|XIX|e}}, les a rapprochées de la figure féerique classique. La ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît régulièrement dans des œuvres littéraires récentes, comme ''La Pâleur et le Sang'' (1983) de [[Nicolas Bréhal]].


== Étymologie ==
== Étymologie ==
Selon Philippe Le Stum, à l'origine, « ''{{lang|br|groac'h}}'' » semble être le mot [[langue bretonne|breton]] pour désigner les [[fée]]s de manière générale. Il a évolué pour désigner une vieille créature, à la beauté trompeuse<ref>{{harvsp|Le Stum|2003|p=7}}</ref>. Il est parfois orthographié « ''{{lang|br|groah}}'' », la consonne finale se prononçant comme le ''ch'' en [[allemand]]<ref name="Morvan73">{{harvsp|Morvan|1999|p=73}}</ref>. L'un des pluriels possibles est ''{{lang|br|groagez}}''<ref name="Morv196"/>. Selon Joseph Rio, l'assimilation entre la ''{{lang|br|groac'h}}'' et la fée est davantage le résultat de l'influence du conte et des commentaires d'[[Émile Souvestre]] qu'une croyance réellement issue des traditions populaires de [[Basse-Bretagne]] : ''La Groac'h de l'Île du Lok'', conte destiné à un public de lettrés, fait appel à une technique d'écriture basée sur l'utilisation interchangeable des mots « fée » et « ''{{lang|br|groac'h}}'' »<ref name="Rio237">{{harvsp|Rio|2006|p=251}}</ref>. [[Anatole Le Braz]] commente ce nom, disant que {{citation|{{lang|br|Groac'h}} est pris tour à tour en bonne ou en mauvaise part. Il signifie vieille sorcière ou simplement vieille femme.}}<ref>{{ouvrage|titre=La légende de la mort chez les Bretons armoricains|volume=2|auteur=Anatole Le Braz et Georges Dottin|éditeur=H. Champion|année=1902|passage=179}}</ref>.
Selon Philippe Le Stum, à l'origine, « ''{{lang|br|groac'h}}'' » semble être le mot [[langue bretonne|breton]] pour désigner les [[fée]]s de manière générale. Il a évolué pour désigner une vieille créature, à la beauté trompeuse<ref>{{harvsp|Le Stum|2003|p=7}}</ref>. Il est parfois orthographié « ''{{lang|br|groah}}'' », la consonne finale se prononçant comme le ''ch'' en [[allemand]]<ref name="Morvan73">{{harvsp|Morvan|1999|p=73}}</ref>. L'un des pluriels possibles est ''{{lang|br|groagez}}''<ref name="Morv196"/>. Selon Joseph Rio, l'assimilation entre la ''{{lang|br|groac'h}}'' et la fée est davantage le résultat de l'influence du conte et des commentaires d'[[Émile Souvestre]] qu'une croyance réellement issue des traditions populaires de [[Basse-Bretagne]] : ''La Groac'h de l'Île du Lok'', conte destiné à un public de lettrés, fait appel à une technique d'écriture basée sur l'utilisation interchangeable des mots « fée » et « ''{{lang|br|groac'h}}'' »<ref name="Rio237">{{harvsp|Rio|2006|p=251}}</ref>. [[Anatole Le Braz]] commente ce nom, disant que {{citation|{{lang|br|Groac'h}} est pris tour à tour en bonne ou en mauvaise part. Il signifie vieille sorcière ou simplement vieille femme}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Anatole Le Braz|auteur2=Georges Dottin|titre=La légende de la mort chez les Bretons armoricains|volume=2|éditeur=H. Champion|année=1902|pages totales=|passage=179}}</ref>.


== Caractéristiques ==
== Caractéristiques ==
Les ''{{lang|br|groagez}}'' sont les fées le plus souvent rencontrées en [[Bretagne]]<ref name="Morvan73"/>, généralement dans les forêts et près des fontaines<ref name="Morv74">{{harvsp|Morvan|1999|p=74}}</ref> : les fées des puits bretons en sont essentiellement<ref name="Morv99">{{harvsp|Morvan|1999|p=99}}</ref>. Un certain nombre de « fées des mers » portent également le nom de ''{{lang|br|groac'h}}''<ref name="Morv196">{{harvsp|Morvan|1999|p=196}}</ref>, parfois de façon interchangeable avec ceux de « [[Marie Morgane|Mary Morgane]] » ou de « [[sirène]] »<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|p=Chap. « Vannes »}}</ref>. [[Joseph Mahé]] parle (1825) d'une mauvaise créature dont il était effrayé pendant son enfance, réputée vivre dans les puits d'où elle submerge les petits enfants tombés dedans<ref>{{ouvrage|auteur=Joseph Mahé|titre=Essai sur les antiquités du Morbihan|lieu=Vannes|année=1825|passage=417}}</ref>. Il est possible que Souvestre ait puisé les caractéristiques maléfiques de « sa » ''{{lang|br|groac'h}}'' chez Mahé<ref name="Rio250"/>, il avoue en effet dans ses notes une certaine réinvention de la tradition<ref>{{harvsp|Souvestre|1845|p=156}}</ref>.
Les ''{{lang|br|groagez}}'' sont les fées le plus souvent rencontrées en [[Bretagne]]<ref name="Morvan73"/>, généralement dans les forêts et près des fontaines<ref name="Morv74">{{harvsp|Morvan|1999|p=74}}</ref> : les fées des puits bretons en sont essentiellement<ref name="Morv99">{{harvsp|Morvan|1999|p=99}}</ref>. Un certain nombre de « fées des mers » portent également le nom de ''{{lang|br|groac'h}}''<ref name="Morv196">{{harvsp|Morvan|1999|p=196}}</ref>, parfois de façon interchangeable avec ceux de « [[Marie Morgane|Mary Morgane]] » ou de « [[sirène]] »<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|p=Chap. « Vannes »}}</ref>. [[Joseph Mahé]] parle (1825) d'une mauvaise créature dont il était effrayé pendant son enfance, réputée vivre dans les puits d'où elle submerge les petits enfants tombés dedans<ref>{{Ouvrage|auteur1=Joseph Mahé|titre=Essai sur les antiquités du Morbihan|lieu=Vannes|éditeur=|année=1825|pages totales=|passage=417}}</ref>. Il est possible que Souvestre ait puisé les caractéristiques maléfiques de « sa » ''{{lang|br|groac'h}}'' chez Mahé<ref name="Rio250"/>, il avoue en effet dans ses notes une certaine réinvention de la tradition<ref>{{harvsp|Souvestre|1845|p=156}}</ref>.


=== Apparence ===
=== Apparence ===
[[Fichier:Odobenus rosmarus.jpg|vignette|La ''{{lang|br|groac'h}}'' arbore parfois de longues dents comme celles des [[morse (animal)|morses]].|alt=Tête de morse au museau légèrement poilu avec de longues défenses blanches ({{unité|40|cm}}) qui descendent de sa bouche]]
[[Fichier:Odobenus rosmarus.jpg|vignette|La ''{{lang|br|groac'h}}'' arbore parfois de longues dents comme celles des [[morse (animal)|morses]].|alt=Tête de morse au museau légèrement poilu avec de longues défenses blanches ({{unité|40|cm}}) qui descendent de sa bouche]]
En raison de leur caractère multiforme, les ''{{lang|br|groagez}}'' sont difficiles à définir<ref name="Morv144">{{harvsp|Morvan|1999|p=144}}</ref>. L'une d'elles passe pour fréquenter les alentours de [[Ploumilliau|Kerodi]], mais les descriptions varient : une vieille femme courbée et appuyée sur une béquille, ou bien une princesse richement vêtue, accompagnée de [[korrigans]]<ref name="Giraudongroach"/>. Les descriptions insistent souvent sur l'aspect de [[vieillesse|vieille]] femme, [[Françoise Morvan]] parlant de fée-[[scarabée]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=79}}</ref>. Elle relève des cas où les ''{{lang|br|groagez}}'' ont des dents « de [[morse (animal)|morse]] » exceptionnellement longues, depuis la longueur d'un doigt jusqu'à traîner par terre. Dans d'autres cas, elles n'ont pas de dents ou rien n'est précisé de cet attribut. Il arrive qu'elles soient bossues<ref name="Morvan73"/>. Le conteur [[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] les décrit comme des métamorphes capables de prendre des apparences des plus flatteuses aux plus répugnantes : cygnes ou larves myopes et flasques. Il leur attribue des dents vertes ou, beaucoup plus rarement, rouges, ainsi qu'un « mante[au] d'écailles »<ref name="Dubois108">{{harvsp|Dubois|2008|p=108}}</ref>. Pour Morvan, la variété de ces descriptions provient de deux phénomènes. D'une part, il se pourrait que ces fées changent d'apparence en vieillissant, pour prendre celle de batraciens à pustules. D'autre part, une tradition russe rapportée par [[André Siniavski]] veut que les fées passent par des cycles de rajeunissement et de vieillissement selon les cycles de la [[lune]] : une tradition similaire a peut-être existé en Bretagne<ref name="Morv144"/>.
En raison de leur caractère multiforme, les ''{{lang|br|groagez}}'' sont difficiles à définir<ref name="Morv144">{{harvsp|Morvan|1999|p=144}}</ref>. L'une d'elles passe pour fréquenter les alentours de [[Ploumilliau|Kerodi]], mais les descriptions varient : une vieille femme courbée et appuyée sur une béquille, ou bien une princesse richement vêtue, accompagnée de [[korrigan]]s<ref name="Giraudongroach"/>. Les descriptions insistent souvent sur l'aspect de [[vieillesse|vieille]] femme, [[Françoise Morvan]] parlant de fée-[[scarabée]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=79}}</ref>. Elle relève des cas où les ''{{lang|br|groagez}}'' ont des dents « de [[morse (animal)|morse]] » exceptionnellement longues, depuis la longueur d'un doigt jusqu'à traîner par terre. Dans d'autres cas, elles n'ont pas de dents ou rien n'est précisé de cet attribut. Il arrive qu'elles soient bossues<ref name="Morvan73"/>. Le conteur [[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] les décrit comme des métamorphes capables de prendre des apparences des plus flatteuses aux plus répugnantes : cygnes ou larves myopes et flasques. Il leur attribue des dents vertes ou, beaucoup plus rarement, rouges, ainsi qu'un « mante[au] d'écailles »<ref name="Dubois108">{{harvsp|Dubois|2008|p=108}}</ref>. Pour Morvan, la variété de ces descriptions provient de deux phénomènes. D'une part, il se pourrait que ces fées changent d'apparence en vieillissant, pour prendre celle de batraciens à pustules. D'autre part, une tradition russe rapportée par [[André Siniavski]] veut que les fées passent par des cycles de rajeunissement et de vieillissement selon les cycles de la [[lune]] : une tradition similaire a peut-être existé en Bretagne<ref name="Morv144"/>.


=== Attributs et caractère ===
=== Attributs et caractère ===
[[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] compare la ''{{lang|br|groac'h}}'' a une [[ogre]]sse ou une sorcière d'eau<ref name="Dubois108"/>. [[André-François Ruaud]] la rattache plutôt aux [[ondine]]s<ref name="Ruaud">{{harvsp|Ruaud|2010|p=}}</ref>, [[Richard Ely]] et Amélie Tsaag Valren aux [[sorcière]]s<ref name="Best151">{{harvsp|Ely|Tsaag Valren|2013|p=151}}</ref>, [[Édouard Brasey]] la décrit comme une {{citation|fée lacustre}}<ref>{{ouvrage|titre=Sirènes et ondines|auteur=[[Édouard Brasey]]|éditeur=Pygmalion|année=1999|isbn=2857046081|isbn2=9782857046080|passage=195}}</ref>. Quoi qu'il en soit, la ''{{lang|br|groac'h}}'' est l'une des plus puissantes fées des eaux bretonnes<ref name="LeStum21">{{harvsp|Le Stum|2003|p=21}}</ref>. Depuis son habitat aquatique comme sur terre, elle a pouvoir sur les éléments<ref name="DictSup"/>. Celle du château de Lanascol pourrait faire bouger les feuilles mortes à l'automne et les changer en [[or]], ou bien faire s'incliner les arbres et frissonner les étangs sur son passage<ref name="Giraudongroach">{{article|auteur=Daniel Giraudon|titre=Penanger et de La Lande, Gwerz tragique au XVIIe siècle en Trégor|périodique=Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest|volume=112|numéro=4|année=2005|passage=7|lire en ligne=http://abpo.revues.org/1040}}</ref>. Bien qu'elle soit surtout connue par des représentations négatives, la ''{{lang|br|groac'h}}'' n'est pas forcément mauvaise. Il lui arrive de recevoir poliment des humains dans son repaire et d'offrir des objets magiques (par trois le plus souvent), des trésors et des guérisons. Comme de nombreuses autres fées, elle s'occupe aussi à ses [[lessive]]s<ref name="Morv74"/> et à filer<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=202}}</ref>. Elles sont autoritaires mais généralement pleines de bonnes intentions. Le plus souvent, les ''{{lang|br|groagez}}'' sont décrites comme des solitaires dans leur retraite sous la mer, dans un rocher ou dans le sable<ref name="Morv196"/>. Certains contes font état d'une vie en famille uniquement féminine. Les ''{{lang|br|groagez}}'' n'abandonnent par leurs enfants et ne laissent pas de [[changeling (folklore)|changelin]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=77}}</ref>. Il arrive qu'elles soient accompagnées d'un [[cheval aquatique|cheval d'eau]] vert et d'un homme-brochet<ref name="Morv78">{{harvsp|Morvan|1999|p=78}}</ref>. Elles sont plus inconstantes et plus sensibles que les autres fées bretonnes, pouvant facilement prendre ombrage<ref name="Morv78"/>. Dans le [[Finistère]], des ''{{lang|br|groagez}}'' révèlent aux mineurs l'existence du [[plomb]] argentifère<ref>{{ouvrage|titre=Les travaux publics et les mines dans les traditions et les superstitions de tous les pays: les routes, les ponts, les chemins de fer, les digues, les canaux, l'hydraulique, les ports, les phares, les mines et les mineurs|auteur=Paul Sébillot|éditeur=J. Rothschild|année=1894|passage=410}}</ref>.
[[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] compare la ''{{lang|br|groac'h}}'' à une [[ogre]]sse ou une sorcière d'eau<ref name="Dubois108"/>. [[André-François Ruaud]] la rattache plutôt aux [[ondine]]s<ref name="Ruaud">{{harvsp|Ruaud|2010|p=}}</ref>, [[Richard Ely]] et Amélie Tsaag Valren aux [[sorcière]]s<ref name="Best151">{{harvsp|Ely|Tsaag Valren|2013|p=151}}</ref>, [[Édouard Brasey]] la décrit comme une {{citation|fée lacustre}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Édouard Brasey]]|titre=Sirènes et ondines|lieu=Paris|éditeur=Pygmalion|année=1999|pages totales=228|passage=195|isbn=2-85704-608-1|isbn2=9782857046080}}</ref>. Quoi qu'il en soit, la ''{{lang|br|groac'h}}'' est l'une des plus puissantes fées des eaux bretonnes<ref name="LeStum21">{{harvsp|Le Stum|2003|p=21}}</ref>. Depuis son habitat aquatique comme sur terre, elle a pouvoir sur les éléments<ref name="DictSup"/>. Celle du château de Lanascol pourrait faire bouger les feuilles mortes à l'automne et les changer en [[or]], ou bien faire s'incliner les arbres et frissonner les étangs sur son passage<ref name="Giraudongroach">{{article|auteur=Daniel Giraudon|titre=Penanger et de La Lande, Gwerz tragique au {{s-|XVII}} en Trégor|périodique=Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest|volume=112|numéro=4|année=2005|passage=7|lire en ligne=http://abpo.revues.org/1040}}</ref>. Bien qu'elle soit surtout connue par des représentations négatives, la ''{{lang|br|groac'h}}'' n'est pas forcément mauvaise. Il lui arrive de recevoir poliment des humains dans son repaire et d'offrir des objets magiques (par trois le plus souvent), des trésors et des guérisons. Comme de nombreuses autres fées, elle s'occupe aussi à ses [[Entretien des textiles|lessives]]<ref name="Morv74"/> et à filer<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=202}}</ref>. Elles sont autoritaires mais généralement pleines de bonnes intentions. Le plus souvent, les ''{{lang|br|groagez}}'' sont décrites comme des solitaires dans leur retraite sous la mer, dans un rocher ou dans le sable<ref name="Morv196"/>. Certains contes font état d'une vie en famille uniquement féminine. Les ''{{lang|br|groagez}}'' n'abandonnent par leurs enfants et ne laissent pas de [[changeling (folklore)|changelin]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=77}}</ref>. Il arrive qu'elles soient accompagnées d'un [[cheval aquatique|cheval d'eau]] vert et d'un homme-brochet<ref name="Morv78">{{harvsp|Morvan|1999|p=78}}</ref>. Elles sont plus inconstantes et plus sensibles que les autres fées bretonnes, pouvant facilement prendre ombrage<ref name="Morv78"/>. Dans le [[Finistère]], des ''{{lang|br|groagez}}'' révèlent aux mineurs l'existence du [[plomb]] argentifère<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Sébillot|titre=Les travaux publics et les mines dans les traditions et les superstitions de tous les pays : les routes, les ponts, les chemins de fer, les digues, les canaux, l'hydraulique, les ports, les phares, les mines et les mineurs|éditeur=J. Rothschild|année=1894|pages totales=|passage=410}}</ref>.


== Contes et légendes collectés ==
== Contes et légendes collectés ==
Plusieurs collectes font état d'une ''{{lang|br|groac'h}}'' en divers lieux de Bretagne. Souvestre évoque l'une de ces fées, assimilée à une [[naïade]], dans un puits de [[Vannes]]<ref name="Rio250"/>{{,}}<ref name="DictSup">{{ouvrage|titre=Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires: où sont exposées le croyances superstitieuses des temps anciens et modernes...|auteur=Louis Pierre François Adolphe marquis de Chesnel de la Charbouclais|éditeur=J.-P. Migne|année=1856|passage=442|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GgQ2AQAAMAAJ&pg=PT173}}</ref> : cette légende semble assez populaire à son époque, et pourrait avoir les mêmes sources que le conte de la fée du puits<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=106}}</ref>. Il rejoint le thème des « fileuses près de la fontaine » dans la [[classification Aarne-Thompson]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=107}}</ref>. Un récit collecté par [[Anatole Le Braz]] fait d'une de ces fées la personnification de la [[peste]] : un vieil homme de [[Plestin]] trouve une ''{{lang|br|groac'h}}'' qui lui demande son aide pour traverser la rivière. Il la porte, mais elle devient de plus en plus lourde, si bien qu'il la re-dépose là où il l'a prise, évitant du même coup une épidémie de peste au pays de [[Lannion]]<ref>{{ouvrage|auteur=Anatole Le Braz|titre=La légende de la mort|éditeur=Archipoche|année=2011|isbn=2352872812|isbn2=9782352872818|passage=Chap. « Celui qui porta la peste sur les épaules »}}</ref>. [[François-Marie Luzel]] rassemble lui aussi plusieurs traditions autour des ''{{lang|br|groagez}}'', que les habitants fuiraient comme l'[[Ankou]]. Certaines sont réputées pouvoir se changer en [[poulain]]s, ou encore hanter la forêt de ''Coat-ann-noz'' (le bois de la nuit)<ref>{{ouvrage|titre=Nouvelles veillées bretonnes|auteur=[[François-Marie Luzel]], commentaires de [[Françoise Morvan]]|éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=1995|isbn=2868471692|isbn2=9782868471697|passage=74; 83-84}}</ref>. L'étang du duc à Vannes hébergerait une ''{{lang|br|groac'h}}'', ancienne princesse qui s'est jetée à l'eau pour fuir un amant trop entreprenant, et que l'on verrait parfois démêler ses longs cheveux blonds avec un peigne en [[or]]<ref>{{ouvrage|titre=Pèlerinages de Bretagne (Morbihan)|auteur=Hippolyte Violeau|éditeur=A. Bray|année=1855|passage=157-158|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ymQqAAAAYAAJ&pg=PA157}}</ref>.
Plusieurs collectes font état d'une ''{{lang|br|groac'h}}'' en divers lieux de Bretagne. Souvestre évoque l'une de ces fées, assimilée à une [[naïade]], dans un puits de [[Vannes]]<ref name="Rio250"/>{{,}}<ref name="DictSup">{{Ouvrage|auteur1=Louis Pierre François Adolphe marquis de Chesnel de la Charbouclais|titre=Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires : où sont exposées le croyances superstitieuses des temps anciens et modernes...|éditeur=J.-P. Migne|année=1856|pages totales=|passage=442|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GgQ2AQAAMAAJ&pg=PT173}}</ref> : cette légende semble assez populaire à son époque, et pourrait avoir les mêmes sources que le conte de la fée du puits<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=106}}</ref>. Il rejoint le thème des « fileuses près de la fontaine » dans la [[classification Aarne-Thompson]]<ref>{{harvsp|Morvan|1999|p=107}}</ref>. Un récit collecté par [[Anatole Le Braz]] fait d'une de ces fées la personnification de la [[peste]] : un vieil homme de [[Plestin]] trouve une ''{{lang|br|groac'h}}'' qui lui demande son aide pour traverser la rivière. Il la porte, mais elle devient de plus en plus lourde, si bien qu'il la re-dépose là où il l'a prise, évitant du même coup une épidémie de peste au pays de [[Lannion]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Anatole Le Braz|titre=La légende de la mort|éditeur=Archipoche|année=2011|pages totales=309|passage=Chap. « Celui qui porta la peste sur les épaules »|isbn=978-2-35287-281-8|isbn2=2-35287-281-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DllSsDFPKhsC&printsec=frontcover}}</ref>. [[François-Marie Luzel]] rassemble lui aussi plusieurs traditions autour des ''{{lang|br|groagez}}'', que les habitants fuiraient comme l'[[Ankou]]. Certaines sont réputées pouvoir se changer en [[poulain]]s, ou encore hanter la forêt de ''Coat-ann-noz'' (le bois de la nuit)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[François-Marie Luzel]], commentaires de [[Françoise Morvan]]|titre=Nouvelles veillées bretonnes|lieu=Rennes|éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=1995|pages totales=239|passage=74; 83-84|isbn=2-86847-169-2|isbn2=9782868471697}}</ref>. L'étang du duc à Vannes hébergerait une ''{{lang|br|groac'h}}'', ancienne princesse qui s'est jetée à l'eau pour fuir un amant trop entreprenant, et que l'on verrait parfois démêler ses longs cheveux blonds avec un peigne en [[or]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Hippolyte Violeau|titre=Pèlerinages de Bretagne (Morbihan)|éditeur=A. Bray|année=1855|pages totales=|passage=157-158|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ymQqAAAAYAAJ&pg=PA157}}</ref>.


=== La Groac’h de l’Île du Lok ===
=== ''La Groac’h de l’Île du Lok'' ===
[[Fichier:Théophile Busnel-Groac'h9.jpg|vignette|gauche|alt=immense oiseau couché sur les flots sur lequel se tient un homme plus petit l'air effrayé, qui tient son chapeau|Houarn sur le canot enchanté de la ''{{lang|br|groac'h}}''. D'après Théophile Busnel, ''Contes et légendes de Basse-Bretagne'', 1891.]]
[[Fichier:Théophile Busnel-Groac'h9.jpg|vignette|gauche|alt=immense oiseau couché sur les flots sur lequel se tient un homme plus petit l'air effrayé, qui tient son chapeau|Houarn sur le canot enchanté de la ''{{lang|br|groac'h}}''. D'après Théophile Busnel, ''Contes et légendes de Basse-Bretagne'', 1891.]]
{{voir autre projet|projet=Wikisource|Contes et légendes de Basse-Bretagne/La Groac’h de l’Île du Lok|La Groac’h de l’Île du Lok}}
{{voir autre projet|projet=Wikisource|Contes et légendes de Basse-Bretagne/La Groac’h de l’Île du Lok|La Groac’h de l’Île du Lok}}
Le plus célèbre conte évoquant une ''{{lang|br|groac'h}}'' est celui de « La Groac’h de l’Île du Lok », collecté puis écrit et arrangé par [[Émile Souvestre]] pour son recueil ''[[Le foyer breton]]'' (1844). Houarn Pogamm et Bellah Postik, cousins orphelins, grandissent ensemble à [[Lannilis]] et s'aiment, mais ils sont pauvres. Houarn part chercher fortune. Bellah lui confie une clochette et un couteau, elle garde le troisième objet magique en sa possession, un bâton. Houarn arrive à [[Pont-Aven]] et y entend parler de la ''{{lang|br|groac'h}}'' de l’[[Île du Loc'h|île du Lok]], une fée qui habite le lac de la plus grande des [[Archipel des Glénan|îles Glénan]], réputée aussi riche que tous les rois réunis. Houarn se rend sur l’île du Lok et monte dans un canot enchanté en forme de [[cygne]] qui le conduit sous l'eau, dans la demeure de la ''{{lang|br|groac'h}}''. Cette femme superbe lui demande ce qu'il veut, Houarn répond qu'il cherche de quoi acheter une petite vache et un pourceau maigre. La fée lui offre à boire du vin enchanté et lui demande de l'épouser. Il accepte, mais en voyant la ''{{lang|br|groac'h}}'' attraper et faire frire des poissons qui gémissent, il a peur et ressent des remords. La ''{{lang|br|groac'h}}'' lui donne le plat de fritures de poisson et s'absente pour chercher du vin<ref name="GIDL"/>.
Le plus célèbre conte évoquant une ''{{lang|br|groac'h}}'' est celui de ''La Groac’h de l’Île du Lok'', collecté puis écrit et arrangé par [[Émile Souvestre]] pour son recueil ''[[Le Foyer breton]]'' (1844). Houarn Pogamm et Bellah Postik, cousins orphelins, grandissent ensemble à [[Lannilis]] et s'aiment, mais ils sont pauvres. Houarn part chercher fortune. Bellah lui confie une clochette et un couteau, elle garde le troisième objet magique en sa possession, un bâton. Houarn arrive à [[Pont-Aven]] et y entend parler de la ''{{lang|br|groac'h}}'' de l’[[Île du Loc'h|île du Lok]], une fée qui habite le lac de la plus grande des [[Archipel des Glénan|îles Glénan]], réputée aussi riche que tous les rois réunis. Houarn se rend sur l’île du Lok et monte dans un canot enchanté en forme de [[cygne]] qui le conduit sous l'eau, dans la demeure de la ''{{lang|br|groac'h}}''. Cette femme superbe lui demande ce qu'il veut, Houarn répond qu'il cherche de quoi acheter une petite vache et un pourceau maigre. La fée lui offre à boire du vin enchanté et lui demande de l'épouser. Il accepte, mais en voyant la ''{{lang|br|groac'h}}'' attraper et faire frire des poissons qui gémissent, il a peur et ressent des remords. La ''{{lang|br|groac'h}}'' lui donne le plat de fritures de poisson et s'absente pour chercher du vin<ref name="GIDL"/>.


Houarn tire son couteau, dont la lame détruit les enchantements. Tous les poissons se redressent et deviennent de petits hommes. Ce sont des victimes de la ''{{lang|br|groac'h}}'', qui ont accepté de l'épouser avant d'être métamorphosés et servis à dîner aux autres prétendants. Houarn tente de s'échapper mais la ''{{lang|br|groac'h}}'' revient et lui lance le filet d'acier qu'elle porte à sa ceinture, ce qui le change en [[grenouille]]. La clochette qu'il porte à son cou tinte et Bellah l’entend à Lannilis. Elle prend son bâton magique qui se change en [[bidet breton|bidet]] rapide, puis en oiseau pour traverser la mer. Au sommet d'un rocher, Bellah trouve un petit [[Korrigan|korandon]] noir, le mari de la ''{{lang|br|groac'h}}''. Il lui apprend le point faible de la fée. Le korandon offre des habits d'homme à Bellah et lui permet de se déguiser. Lorsqu'elle arrive auprès de la ''{{lang|br|groac'h}}'', celle-ci est très heureuse de recevoir un si beau garçon et cède à la demande de Bellah, qui voudrait attraper ses poissons avec le filet d’acier. Bellah lance le filet sur la fée en la maudissant : « deviens de corps ce que tu es de cœur ! ». La ''{{lang|br|groac'h}}'' se change en créature hideuse, la reine des champignons, qui est jetée au fond d'un puits. Les hommes métamorphosés et le korandon sont délivrés, Bellah et Houarn prennent les trésors de la fée, s'épousent et vivent heureux<ref name="GIDL">{{harvsp|Souvestre|1891|p=}}</ref>.
Houarn tire son couteau, dont la lame détruit les enchantements. Tous les poissons se redressent et deviennent de petits hommes. Ce sont des victimes de la ''{{lang|br|groac'h}}'', qui ont accepté de l'épouser avant d'être métamorphosés et servis à dîner aux autres prétendants. Houarn tente de s'échapper mais la ''{{lang|br|groac'h}}'' revient et lui lance le filet d'acier qu'elle porte à sa ceinture, ce qui le change en [[grenouille]]. La clochette qu'il porte à son cou tinte et Bellah l’entend à Lannilis. Elle prend son bâton magique qui se change en [[bidet breton|bidet]] rapide, puis en oiseau pour traverser la mer. Au sommet d'un rocher, Bellah trouve un petit [[Korrigan|korandon]] noir, le mari de la ''{{lang|br|groac'h}}''. Il lui apprend le point faible de la fée. Le korandon offre des habits d'homme à Bellah et lui permet de se déguiser. Lorsqu'elle arrive auprès de la ''{{lang|br|groac'h}}'', celle-ci est très heureuse de recevoir un si beau garçon et cède à la demande de Bellah, qui voudrait attraper ses poissons avec le filet d’acier. Bellah lance le filet sur la fée en la maudissant : « deviens de corps ce que tu es de cœur ! ». La ''{{lang|br|groac'h}}'' se change en créature hideuse, la reine des champignons, qui est jetée au fond d'un puits. Les hommes métamorphosés et le korandon sont délivrés, Bellah et Houarn prennent les trésors de la fée, s'épousent et vivent heureux<ref name="GIDL">{{harvsp|Souvestre|1891|p=}}</ref>.


D'après Joseph Rio, ce conte de Souvestre témoigne d'un important travail d'écriture sur le personnage de la ''{{lang|br|groac'h}}''<ref name="Rio250">{{harvsp|Rio|2006|p=250}}</ref>. Il explique son choix de le placer sur l'île du Lok par la multiplicité des versions des conteurs<ref>{{article|périodique=Revue des traditions populaires|volume=7|éditeur=Librairie orientale et américaine|année=1892|passage=441-442|titre=La Groac'h de l'Île du Lok}}</ref>. ''La Groac'h de l'île du Lok'' connaît un grand succès en [[Allemagne]], plus encore qu'en Bretagne. Henrich Bode le publie sous le titre de « La fée des eaux » en 1847<ref>Nelly Blanchard, « Le succès d’Émile Souvestre dans le monde germanophone » dans {{harvsp|Plotner-Le Lay|Blanchard|2006|p=248-253}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00460401/document}}</ref>. Il est réédité en 1989 et 1993<ref>Nelly Blanchard, « Le succès d’Émile Souvestre dans le monde germanophone » dans {{harvsp|Plotner-Le Lay|Blanchard|2006|p=262}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00460401/document}}</ref>. Ce conte est également traduit en anglais (''{{lang|en|the Groac’h of the Isle}}''), et publié notamment dans ''[[The Lilac Fairy Book]]'' en 1910<ref>{{ouvrage|lang=en|prénom1=Andrew|nom1=Lang|directeur1=oui|titre=The Lilac fairy book|éditeur=|année=1910|lire en ligne=http://www.online-literature.com/andrew_lang/lilac_fairy/28/}}</ref>. Il sert de matériel d'étude de la langue française pour les élèves britanniques entre 1880 et 1920<ref>Jean-Yves Le Disez, « Souvestre tel qu’il sera en anglais, ou la prolifération métatextuelle de l’œuvre dans le monde anglophone » dans {{harvsp|Plotner-Le Lay|Blanchard|2006|p=218}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00461638/document}}</ref>.
D'après Joseph Rio, ce conte de Souvestre témoigne d'un important travail d'écriture sur le personnage de la ''{{lang|br|groac'h}}''<ref name="Rio250">{{harvsp|Rio|2006|p=250}}</ref>. Il explique son choix de le placer sur l'île du Lok par la multiplicité des versions des conteurs<ref>{{article|périodique=Revue des traditions populaires|volume=7|éditeur=Librairie orientale et américaine|année=1892|passage=441-442|titre=La Groac'h de l'Île du Lok}}</ref>. ''La Groac'h de l'île du Lok'' connaît un grand succès en [[Allemagne]], plus encore qu'en Bretagne. Henrich Bode le publie sous le titre de « La fée des eaux » en 1847<ref>Nelly Blanchard, « Le succès d’Émile Souvestre dans le monde germanophone » dans {{harvsp|Plötner-Le Lay|Blanchard|2006|p=248-253}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00460401/document}}</ref>. Il est réédité en 1989 et 1993<ref>Nelly Blanchard, « Le succès d’Émile Souvestre dans le monde germanophone » dans {{harvsp|Plötner-Le Lay|Blanchard|2006|p=262}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00460401/document}}</ref>. Ce conte est également traduit en anglais (''{{lang|en|the Groac’h of the Isle}}''), et publié notamment dans ''[[The Lilac Fairy Book]]'' en 1910<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Andrew|nom1=Lang|directeur1=oui|titre=The Lilac fairy book|éditeur=|année=1910|pages totales=|lire en ligne=http://www.online-literature.com/andrew_lang/lilac_fairy/28/}}</ref>. Il sert de matériel d'étude de la langue française pour les élèves britanniques entre 1880 et 1920<ref>Jean-Yves Le Disez, « Souvestre tel qu’il sera en anglais, ou la prolifération métatextuelle de l’œuvre dans le monde anglophone » dans {{harvsp|Plötner-Le Lay|Blanchard|2006|p=218}} {{lire en ligne|url=http://hal.univ-brest.fr/hal-00461638/document}}</ref>.


=== La groac'h de la fontaine ===
=== ''La Groac'h de la fontaine'' ===
Ce conte, collecté par Joseph Frison vers 1914, parle d'une fillette qui se rend de nuit à la [[source (hydrologie)|fontaine]] pour aider sa mère. Elle découvre qu'une ''{{lang|br|groac'h}}'' y habite. La fée lui demande de ne plus jamais revenir la nuit, faute de quoi jamais la fillette ne reverra sa mère. Cette dernière tombe malade et la fillette retourne puiser de l'eau la nuit malgré l'interdiction. La ''{{lang|br|groac'h}}'' capture la fillette et la séquestre dans sa grotte, qui a tout le confort disponible. Bien que privée de sa famille, la petite fille y est heureuse. Une jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' vient la garder pendant que la ''{{lang|br|groac'h}}'' de la fontaine est en visite auprès d'une de ses sœurs. Elle meurt en compagnie de sa sœur et transmet un message à la jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' : la fillette est libre de partir si elle le souhaite. Sachant que la demeure de la ''{{lang|br|groac'h}}'' est bien plus confortable que la sienne, la fillette demande une clé pour pouvoir entrer et sortir à son aise. La jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' lui demande d'attendre un mois, le temps que meure la sœur aînée. Elle lui remet alors deux clés, avec la consigne de ne jamais rester dehors après le coucher du soleil. La jeune fille rencontre l'une des siennes en se promenant et décide de rentrer plus tôt pour tenir sa promesse. Elle rencontre plus tard un jeune homme très beau, qu'elle quitte en lui promettant de revenir le lendemain. La ''{{lang|br|groac'h}}'' lui conseille de l'épouser, garantissant que cela lèvera l'interdiction de rentrer avant le coucher du soleil. Elle suit le conseil et vit heureuse avec son nouvel époux<ref>{{article|titre=La groac'h de la fontaine|périodique=Revue des traditions populaires|année=1914|auteur=Joseph Frison|passage=54-56}}</ref>.
Ce conte, collecté par Joseph Frison vers 1914, parle d'une fillette qui se rend de nuit à la [[source (hydrologie)|fontaine]] pour aider sa mère. Elle découvre qu'une ''{{lang|br|groac'h}}'' y habite. La fée lui demande de ne plus jamais revenir la nuit, faute de quoi jamais la fillette ne reverra sa mère. Cette dernière tombe malade et la fillette retourne puiser de l'eau la nuit malgré l'interdiction. La ''{{lang|br|groac'h}}'' capture la fillette et la séquestre dans sa grotte, qui a tout le confort disponible. Bien que privée de sa famille, la petite fille y est heureuse. Une jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' vient la garder pendant que la ''{{lang|br|groac'h}}'' de la fontaine est en visite auprès d'une de ses sœurs. Elle meurt en compagnie de sa sœur et transmet un message à la jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' : la fillette est libre de partir si elle le souhaite. Sachant que la demeure de la ''{{lang|br|groac'h}}'' est bien plus confortable que la sienne, la fillette demande une clé pour pouvoir entrer et sortir à son aise. La jeune ''{{lang|br|groac'h}}'' lui demande d'attendre un mois, le temps que meure la sœur aînée. Elle lui remet alors deux clés, avec la consigne de ne jamais rester dehors après le coucher du soleil. La jeune fille rencontre l'une des siennes en se promenant et décide de rentrer plus tôt pour tenir sa promesse. Elle rencontre plus tard un jeune homme très beau, qu'elle quitte en lui promettant de revenir le lendemain. La ''{{lang|br|groac'h}}'' lui conseille de l'épouser, garantissant que cela lèvera l'interdiction de rentrer avant le coucher du soleil. Elle suit le conseil et vit heureuse avec son nouvel époux<ref>{{article|titre=La groac'h de la fontaine|périodique=Revue des traditions populaires|année=1914|auteur=Joseph Frison|passage=54-56}}</ref>.


=== La fée du puits / ''{{lang|br|Groac'h ar puñs}}'' ===
=== ''La Fée du puits'' / ''{{lang|br|Groac'h ar puñs}}'' ===
D'après ce conte récent (collecté par Théophile Le Graët en 1975), un homme veuf, ayant une fille, épouse une femme noire de peau, qui a une fille de même apparence. La nouvelle épouse traite très mal sa belle-fille et lui demande de filer toute la journée. Un jour qu'elle file près d'un puits, elle rencontre une vieille fée aux dents de morse qui lui offre de nouveaux habits, lui guérit les doigts, file à sa place et lui propose de partager sa demeure, où la jeune fille s'empresse d'aménager, puis devient très heureuse. Quand elle annonce son souhait de partir, la fée lui remet une pierre magique. Elle rentre chez sa marâtre où, avec ses nouveaux habits, personne ne la reconnaît. La pierre fée lui permet d'obtenir tout ce qu'elle veut. La fille noire devient jalouse et se jette dans le puits en espérant obtenir les mêmes dons. La fée lui remet un [[chardon]]. La fille noire souhaite voir apparaître le plus grand prince du monde pour qu'il la demande en mariage, mais c'est le Diable qui apparaît et l'emporte. Depuis, la gentille fille est retournée dans sa maison au fond du puits, et on peut l'entendre chanter certains jours<ref>Théophile Le Graët, 1975. Cité par {{harvsp|Morvan|1999|p=100-106}}</ref>.
D'après ce conte récent (collecté par Théophile Le Graët en 1975), un homme veuf, ayant une fille, épouse une femme noire de peau, qui a une fille de même apparence. La nouvelle épouse traite très mal sa belle-fille et lui demande de filer toute la journée. Un jour qu'elle file près d'un puits, elle rencontre une vieille fée aux dents de morse qui lui offre de nouveaux habits, lui guérit les doigts, file à sa place et lui propose de partager sa demeure, où la jeune fille s'empresse d'emménager et y devient très heureuse. Quand elle annonce son souhait de partir, la fée lui remet une pierre magique. Elle rentre chez sa marâtre où, avec ses nouveaux habits, personne ne la reconnaît. La pierre fée lui permet d'obtenir tout ce qu'elle veut. La fille noire devient jalouse et se jette dans le puits en espérant obtenir les mêmes dons. La fée lui remet un [[chardon]]. La fille noire souhaite voir apparaître le plus grand prince du monde pour qu'il la demande en mariage, mais c'est le Diable qui apparaît et l'emporte. Depuis, la gentille fille est retournée dans sa maison au fond du puits, et on peut l'entendre chanter certains jours<ref>Théophile Le Graët, 1975. Cité par {{harvsp|Morvan|1999|p=100-106}}</ref>.


=== Les fées de la mer / ''{{lang|br|Groac'had vor}}'' ===
=== ''Les Fées de la mer'' / ''{{lang|br|Groac'had vor}}'' ===
Ce conte se déroule sur l'île de Groagez (l'« île aux femmes » ou l'« île aux fées »), que [[Paul Sébillot]] décrit comme étant la demeure d'une vieille enchanteresse fileuse, dans le [[Trégor]], à un kilomètre de [[Penvénan|Port Blanc]]<ref name="LeStum21"/>. D'après ce conte collecté par G. Le Calvez à la fin du {{s-|XIX|e}}, une ''{{lang|br|groac'h vor}}'' (fée de mer<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|p=Chap. Penvénan (Port-Blanc)}}</ref>) vit dans un rocher creux de cette île. Une femme vient à y passer et tombe sur la vieille fée en train de filer sur sa [[quenouille]]. La ''{{lang|br|groac'h}}'' invite la femme à l'approcher et lui remet sa quenouille, précisant que cela fera sa fortune, mais qu'elle ne devra en parler à personne. La femme rentre chez elle et devient très vite riche grâce à la quenouille qui ne diminue jamais, et dont le fil est d'une qualité bien supérieure à tous les autres. Mais la tentation d'en parler se fait plus forte. À l'instant où elle révèle que sa quenouille vient d'une fée, tout l'argent qu'elle a gagné avec disparaît<ref>{{article|auteur=G. Le Calvez|titre=''{{lang|br|Groac'had vor}}''|périodique=Revue des traditions populaires|volume=12|année=1897|passage=391}}</ref>.
Ce conte se déroule sur l'île de Groagez (l'« [[île des Femmes]] » ou l'« île aux fées »), que [[Paul Sébillot]] décrit comme étant la demeure d'une vieille enchanteresse fileuse, dans le [[Trégor]], à un kilomètre de [[Penvénan|Port Blanc]]<ref name="LeStum21"/>. D'après ce conte collecté par G. Le Calvez à la fin du {{s-|XIX|e}}, une ''{{lang|br|groac'h vor}}'' (fée de mer<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|p=Chap. Penvénan (Port-Blanc)}}</ref>) vit dans un rocher creux de cette île. Une femme vient à y passer et tombe sur la vieille fée en train de filer sur sa [[quenouille]]. La ''{{lang|br|groac'h}}'' invite la femme à l'approcher et lui remet sa quenouille, précisant que cela fera sa fortune, mais qu'elle ne devra en parler à personne. La femme rentre chez elle et devient très vite riche grâce à la quenouille qui ne diminue jamais, et dont le fil est d'une qualité bien supérieure à tous les autres. Mais la tentation d'en parler se fait plus forte. À l'instant où elle révèle que sa quenouille vient d'une fée, tout l'argent qu'elle a gagné avec disparaît<ref>{{article|auteur=G. Le Calvez|titre=''{{lang|br|Groac'had vor}}''|périodique=Revue des traditions populaires|volume=12|année=1897|passage=391}}</ref>.


=== La fée de Lanascol / ''{{lang|br|Groac'h Lanascol}}'' ===
=== ''La Fée de Lanascol'' / ''{{lang|br|Groac'h Lanascol}}'' ===
Cette histoire a été collectée par [[Anatole Le Braz]], qui fait référence à la croyance aux fées parmi les personnes de sa connaissance auprès de son ami [[Walter Evans-Wentz]]. Une gentilhommière en ruine, nommée le « château de Lanascol », passe pour abriter une fée connue sous le nom de ''{{lang|br|groac'h Lanascol}}''. Un jour, les propriétaires des lieux mettent en vente une partie du domaine qu'ils n'habitent plus. Un notaire de [[Plouaret]] supervise la vente aux enchères, au cours de laquelle les prix montent très haut. Soudain, une voix féminine douce et impérieuse surenchérit de mille francs. Toute l'assistance cherche qui a dit cela, mais il n'y a aucune femme dans la salle. Le notaire demande alors à haute voix qui a enchéri, et la voix féminine répond « ''{{lang|br|groac'h Lanascol}}'' ! ». Tout le monde s'enfuit et, depuis lors, d'après Le Braz, le domaine n'a jamais trouvé d'acquéreur<ref>{{ouvrage|lang=en|titre=The Fairy Faith in Celtic Countries: The Classic Study of Leprechauns, Pixies, and Other Fairy Spirits|auteur=W.Y. Evans-Wentz|éditeur=Citadel|jour=1er|mois=décembre|année=2003|isbn=1615362495|isbn2=9781615362493|passage=156-158|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=koFYaOSY8-kC&pg=PA157e}}</ref>.
Cette histoire a été collectée par [[Anatole Le Braz]], qui fait référence à la croyance aux fées parmi les personnes de sa connaissance auprès de son ami [[Walter Evans-Wentz]]. Une gentilhommière en ruine, nommée le « château de Lanascol », passe pour abriter une fée connue sous le nom de ''{{lang|br|groac'h Lanascol}}''. Un jour, les propriétaires des lieux mettent en vente une partie du domaine qu'ils n'habitent plus. Un notaire de [[Plouaret]] supervise la vente aux enchères, au cours de laquelle les prix montent très haut. Soudain, une voix féminine douce et impérieuse surenchérit de mille francs. Toute l'assistance cherche qui a dit cela, mais il n'y a aucune femme dans la salle. Le notaire demande alors à haute voix qui a enchéri, et la voix féminine répond « ''{{lang|br|groac'h Lanascol}}'' ! ». Tout le monde s'enfuit et, depuis lors, d'après Le Braz, le domaine n'a jamais trouvé d'acquéreur<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=W.Y. Evans-Wentz|titre=The Fairy Faith in Celtic Countries : The Classic Study of Leprechauns, Pixies, and Other Fairy Spirits|éditeur=Citadel|année=2003|mois=décembre|jour=1er|pages totales=|passage=156-158|isbn=1-61536-249-5|isbn2=9781615362493|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=koFYaOSY8-kC&pg=PA157e}}</ref>.


== Localisations, toponymes et cultes ==
== Localisations, toponymes et cultes ==
{{article connexe|Vénus de Quinipily}}
{{article connexe|Vénus de Quinipily}}
[[Fichier:Bretagne Morbihan Locmariaquer 14020.jpg|vignette|alt=longues et grosses pierres grises couchées|Le Grand Menhir, dit Men Er Groah, à [[Locmariaquer]].]]
[[Fichier:Bretagne Morbihan Locmariaquer 14020.jpg|vignette|alt=longues et grosses pierres grises couchées|Le Grand Menhir, dit Men Er Groah, à [[Locmariaquer]].]]
De nombreux toponymes en [[Basse-Bretagne]] sont attribués à une « ''{{lang|br|groac'h}}'' ». Le Grand Menhir dit ''{{lang|br|Men Er Groah}}'', à [[Locmariaquer]], doit probablement son nom à un amalgame entre le nom breton de la [[grotte]] (« ''{{lang|br|groh}}'' ») et celui de cette vieille fée<ref>{{ouvrage|titre=Monuments mégalithiques à Locmariaquer (Morbihan): Le long tumulus d'Er Groah dans son environnement|auteur=Charles-Tanguy Le Roux|éditeur=CNRS Editions|année=2006|isbn=2271064902|isbn2=9782271064905|passage=35}}</ref>. [[Pierre Saintyves]] cite dans la même commune une « table de la vieille », un [[dolmen]] nommé ''{{lang|br|daul ar groac'h}}''<ref>{{harvsp|Saintyves|1934|p=481}}</ref>. À [[Maël-Pestivien]], trois pierres de deux mètres de hauteur, posées à côté l'une de l'autre au village de Kermorvan, sont connues sous le nom de ''Ty-ar-Groac'h'', soit « la maison de la fée »<ref>{{ouvrage|titre=Le folklore de France: La terre et le monde souterrain|volume=2|auteur=[[Paul Sébillot]]|éditeur=Éditions Imago|année=1983|isbn=2902702116|isbn2=9782902702114|passage=152}}</ref>.
De nombreux toponymes en [[Basse-Bretagne]] sont attribués à une « ''{{lang|br|groac'h}}'' ». Le [[Grand menhir brisé d'Er Grah|Grand Menhir dit ''{{lang|br|Men Er Groah}}'']], à [[Locmariaquer]], doit probablement son nom à un amalgame entre le nom breton de la [[grotte]] (« ''{{lang|br|groh}}'' ») et celui de cette vieille fée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Charles-Tanguy Le Roux|titre=Monuments mégalithiques à Locmariaquer (Morbihan) : Le long tumulus d'Er Groah dans son environnement|lieu=Paris|éditeur=CNRS Editions|année=2006|pages totales=308|passage=35|isbn=2-271-06490-2|isbn2=9782271064905}}</ref>. [[Pierre Saintyves]] cite dans la même commune une « table de la vieille », un [[dolmen]] nommé ''{{lang|br|daul ar groac'h}}''<ref>{{harvsp|Saintyves|1934|p=481}}</ref>. À [[Maël-Pestivien]], trois pierres de deux mètres de hauteur, posées à côté l'une de l'autre au village de Kermorvan, sont connues sous le nom de ''Ty-ar-Groac'h'', soit « la maison de la fée »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Sébillot]]|titre=Le folklore de France|sous-titre=La terre et le monde souterrain|volume=2|lieu=Paris|éditeur=Éditions Imago|année=1983|pages totales=329|passage=152|isbn=2-902702-11-6|isbn2=9782902702114}}</ref>.


En 1868, un menhir de huit mètres nommé ''{{lang|br|Min-ar-Groach}}'' fut détruit à [[Plourac'h]]<ref>{{ouvrage|titre=Inventaire des découvertes archéologiques du département des Côtes-du-Nord|auteur=A-L Harmoi|éditeur=Société d'émulation des Côtes-du-Nord – Impr. Guyon|Tome=XIVIII|lieu=St Brieuc|année=1911}}</ref>. À [[Cavan (Côtes-d'Armor)|Cavan]], le tombeau de la « groac'h Ahès », ou « ''{{lang|br|Be Ar Groac'h}}'' », est par contre attribué à la géante [[Ahès]]<ref>{{harvsp|Saintyves|1934|p=390}}</ref>. Il existe un « Tombeau de la Groac'h Rouge » à [[Prat]], attribué à une « fée rouge » qui aurait apporté les pierres dans son tablier<ref>{{ouvrage|lang=en|titre=The Concept of the Goddess|auteur=Sandra Billington et Miranda Jane Aldhouse-Green|éditeur=Psychology Press|année=1996|isbn=0415144213|isbn2=9780415144216|passage=78}}</ref>. Ce mégalithe est cependant presque détruit<ref>{{ouvrage|titre=Le légendaire préhistorique de Bretagne: les mégalithes, traditions et légendes|auteur=Georges Guénin|éditeur=La Découvrance|année=1995|isbn=2910452387|isbn2=9782910452384|passage=90}}</ref>. D'après Souvestre et le celtomane [[Alfred Fouquet]] (1853), l'[[île de Groix]] devrait son nom (en breton) à des ''{{lang|br|groagez}}'', décrites comme « des druidesses » désormais vues comme de vieilles femmes ou de vieilles sorcières<ref>{{ouvrage|auteur=[[Alfred Fouquet]]|titre=Des monuments celtiques et des ruines romaines dans le Morbihan|éditeur=A. Cauderan|année=1853|passage=34|lire en ligne=https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=Sok6ubZWB9QC}}</ref>. La philosophe Claire de Marnier relie cette croyance faisant des îliens des fils de la sorcière à une {{citation|pensée merveilleuse}}, propre à l'{{citation|âme bretonne}}<ref>{{ouvrage|titre=La mystique des eaux sacrées dans l'antique Armor: essai sur la conscience mythique|collection=Bibliothèque des textes philosophiques|auteur=Claire de Marmier|éditeur=Vrin|année=1947|isbn=2711605507|isbn2=9782711605507|passage=235}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Cette étymologie liant Groix à la ''{{lang|br|groac'h}}'' n'est qu'une possibilité parmi de nombreuses autres. Voir Frédéric Le Tallec, « À propos de l'étymologie de Groix » dans ''La Chaloupe de l'île'', journal de l'île de Groix, 1984.</ref>.
En 1868, un menhir de huit mètres nommé ''{{lang|br|Min-ar-Groach}}'' fut détruit à [[Plourac'h]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=A-L Harmoi|titre=Inventaire des découvertes archéologiques du département des Côtes-du-Nord|tome=XIVIII|lieu=St Brieuc|éditeur=Société d'émulation des Côtes-du-Nord – Impr. Guyon|année=1911|pages totales=}}</ref>. À [[Cavan (Côtes-d'Armor)|Cavan]], le tombeau de la « groac'h Ahès », ou « ''{{lang|br|Be Ar Groac'h}}'' », est par contre attribué à la géante [[Ahès]]<ref>{{harvsp|Saintyves|1934|p=390}}</ref>. Il existe un « Tombeau de la Groac'h Rouge » à [[Prat]], attribué à une « fée rouge » qui aurait apporté les pierres dans son tablier<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Billington et Miranda Jane Aldhouse-Green|titre=The Concept of the Goddess|éditeur=Psychology Press|année=1996|pages totales=192|passage=78|isbn=0-415-14421-3|isbn2=9780415144216|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8RfCB4rik7MC&printsec=frontcover}}</ref>. Ce mégalithe est cependant presque détruit<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Georges Guénin|titre=Le légendaire préhistorique de Bretagne|sous-titre=les mégalithes, traditions et légendes|lieu=Rennes|éditeur=La Découvrance|année=1995|pages totales=263|passage=90|isbn=2-910452-38-7|isbn2=9782910452384}}</ref>. D'après Souvestre et le celtomane [[Alfred Fouquet]] (1853), l'[[Groix|île de Groix]] devrait son nom (en breton) à des ''{{lang|br|groagez}}'', décrites comme « des druidesses » désormais vues comme de vieilles femmes ou de vieilles sorcières<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Alfred Fouquet]]|titre=Des monuments celtiques et des ruines romaines dans le Morbihan|éditeur=A. Cauderan|année=1853|pages totales=|passage=34|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Sok6ubZWB9QC}}</ref>. La philosophe Claire de Marnier relie cette croyance faisant des îliens des fils de la sorcière à une {{citation|pensée merveilleuse}}, propre à l'{{citation|âme bretonne}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Claire de Marmier|titre=La mystique des eaux sacrées dans l'antique Armor|sous-titre=essai sur la conscience mythique|éditeur=Vrin|collection=Bibliothèque des textes philosophiques|année=1947|pages totales=280|passage=235|isbn=2-7116-0550-7|isbn2=9782711605507|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0PM2O5wWoa8C&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Cette étymologie liant Groix à la ''{{lang|br|groac'h}}'' n'est qu'une possibilité parmi de nombreuses autres. Voir Frédéric Le Tallec, « À propos de l'étymologie de Groix » dans ''La Chaloupe de l'île'', journal de l'île de Groix, 1984.</ref>.


Un rocher de Croac'h Coz, soit l'« île de la vieille fée » rattachée à [[Plougrescant]], serait habité par une vieille ''{{lang|br|groac'h}}'' qui file de temps en temps. Sébillot raconte que les pêcheurs de Loguivy (à [[Ploubazlanec]]) craignaient jadis de passer près de la grotte nommée ''{{lang|br|Toul ar Groac’h}}'' (trou de la fée), et préféraient se coucher sous leur bateau retourné sur la grève en attendant la prochaine marée, pluôt que de risquer de fâcher la fée<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|passage=Entrée « Loguivy-de-la-Mer »}}</ref>. De même, [[Anatole Le Braz]] cite Barr-ann-Hëol, près de [[Penvénan]], comme étant un lieu dangereux où veille une ''{{lang|br|groac'h}}'' prête à se saisir des gens attardés, à l'angle de deux routes<ref>{{harvsp|Le Braz|2011|p=Chap. La « pipée » de Jozon Briand}}</ref>. À [[Ouessant]], de nombreux toponymes y font référence, dont la Pointe de la Groac'h et le [[phare de la Vieille]], en référence, d'après Georges Guénin, à {{citation|une espèce de sorcière}}<ref>{{ouvrage|titre=Le légendaire préhistorique de Bretagne: les mégalithes, traditions et légendes|collection=Amateur averti|auteur=Georges Guénin|éditeur=La Découvrance|année=1995|isbn=2910452387|isbn2=9782910452384|passage=33}}</ref>.
Un rocher de Croac'h Coz, soit l'« île de la vieille fée » rattachée à [[Plougrescant]], serait habité par une vieille ''{{lang|br|groac'h}}'' qui file de temps en temps. Sébillot raconte que les pêcheurs de Loguivy (à [[Ploubazlanec]]) craignaient jadis de passer près de la grotte nommée ''{{lang|br|Toul ar Groac’h}}'' (trou de la fée), et préféraient se coucher sous leur bateau retourné sur la grève en attendant la prochaine marée, pluôt que de risquer de fâcher la fée<ref>{{harvsp|Mozzani|2015|passage=Entrée « Loguivy-de-la-Mer »}}</ref>. De même, [[Anatole Le Braz]] cite Barr-ann-Hëol, près de [[Penvénan]], comme étant un lieu dangereux où veille une ''{{lang|br|groac'h}}'' prête à se saisir des gens attardés, à l'angle de deux routes<ref>{{harvsp|Le Braz|2011|p=Chap. La « pipée » de Jozon Briand}}</ref>. À [[Ouessant]], de nombreux toponymes y font référence, dont la Pointe de la Groac'h et le [[phare de la Vieille]], en référence, d'après Georges Guénin, à {{citation|une espèce de sorcière}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Georges Guénin|titre=Le légendaire préhistorique de Bretagne : les mégalithes, traditions et légendes|lieu=Rennes|éditeur=La Découvrance|collection=Amateur averti|année=1995|pages totales=263|passage=33|isbn=2-910452-38-7|isbn2=9782910452384}}</ref>.


Quelques traces de possibles cultes rendus à ces fées sont recensées. [[Paul-Yves Sébillot]] raconte que les malades venaient jadis se frotter à la statue préchrétienne dite ''Groac'h er goard'' (ou ''Groac'h ar Goard''), pour obtenir guérison<ref>{{article|auteur=Louis Richard|périodique=Revue de l'histoire des religions|tome=176, Fasc. 2|année=1969|passage=126|éditeur=Armand Colin|url=http://www.jstor.org/stable/23667516|titre=Recherches récentes sur le culte d'Isis en Bretagne}}</ref>{{,}}<ref>{{article|périodique=Bulletin monumental|volume=9|éditeur=Société française d'archéologie, Musée des monuments français|année=1843|titre=Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne; et en particulier celles du Morbihan|auteur=Louis Jacques Marie Bizeul|passage=241}}</ref>. Cette vieille statue de [[granit]] de sept pieds de haut, plus connue sous le nom de [[Vénus de Quinipily]], représente une femme nue aux {{citation|formes indécentes}}<ref>{{ouvrage|titre=Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne, et en particulier de celles du Morbihan|auteur=Louis Jacques Marie Bizeul|éditeur=Chalopin|année=1843|passage=82}}</ref> et pourrait être un vestige du culte de [[Vénus (mythologie)|Vénus]] ou d'[[Isis]].
Quelques traces de possibles cultes rendus à ces fées sont recensées. [[Paul-Yves Sébillot]] raconte que les malades venaient jadis se frotter à la statue préchrétienne dite ''Groac'h er goard'' (ou ''Groac'h ar Goard''), pour obtenir guérison<ref>{{article|auteur=Louis Richard|périodique=Revue de l'histoire des religions|tome=176, Fasc. 2|année=1969|passage=126|éditeur=Armand Colin|url=https://www.jstor.org/stable/23667516|titre=Recherches récentes sur le culte d'Isis en Bretagne}}</ref>{{,}}<ref>{{article|périodique=Bulletin monumental|volume=9|éditeur=Société française d'archéologie, Musée des monuments français|année=1843|titre=Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne; et en particulier celles du Morbihan|auteur=Louis Jacques Marie Bizeul|passage=241}}</ref>. Cette vieille statue de [[granit]] de sept pieds de haut, plus connue sous le nom de [[Vénus de Quinipily]], représente une femme nue aux {{citation|formes indécentes}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Louis Jacques Marie Bizeul|titre=Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne, et en particulier de celles du Morbihan|éditeur=Chalopin|année=1843|pages totales=|passage=82}}</ref> et pourrait être un vestige du culte de [[Vénus (mythologie)|Vénus]] ou d'[[Isis]].


== Analyse ==
== Analyse ==
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Selon Marc Gontard, la ''{{lang|br|groac'h}}'' témoigne de la diabolisation des anciennes divinités féminines sous l'influence du [[christianisme]] : elle a été changée en [[sorcière]], tout comme d'autres divinités l'ont été en filles perdues et en [[sirène]]s<ref>{{chapitre|titre=Le récit oral dans la culture populaire bretonne|titre ouvrage=La Langue muette: Littérature bretonne de langue française|numéro=16 à 17|auteur=Marc Gontard|éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=2008|passage=65}}</ref>. Son palais au fond des eaux est un motif typique des contes et récits féeriques, que l'on retrouve entre autres dans les textes de la [[légende arthurienne]], le folklore irlandais et plusieurs contes hispaniques<ref>{{article|auteur=Haggerty Krappe Alexander|titre=Le Lac enchanté dans le Chevalier Cifar|périodique=Bulletin Hispanique|tome=35|numéro=2|année=1933|passage=113|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1933_num_35_2_2575?_Prescripts_Search_tabs1=standard&|consulté le=16 mars 2015}}</ref>. [[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] rapproche la ''{{lang|br|groac'h}}'' d'un grand nombre de fées des eaux maléfiques, comme [[Peg Powler]], [[Jenny Greenteeth]], la mère Engueule et les ogresses vertes de [[Cosges]], qui entraînent les humains au fond des eaux pour les dévorer<ref name="Dubois109">{{harvsp|Dubois|2008|p=109}}</ref>. Joseph Rio l'inscrit dans une évolution globale des fées bretonnes entre 1820 et 1850 qui, de petites créatures noiraudes et ridées proches des [[korrigan]]s, deviennent de plus en plus souvent de grandes et jolies femmes dans les textes des lettrés de l'époque, probablement pour rivaliser avec les fées germaniques<ref>{{harvsp|Rio|2006|p=151-152}}</ref>.
Selon Marc Gontard, la ''{{lang|br|groac'h}}'' témoigne de la diabolisation des anciennes divinités féminines sous l'influence du [[christianisme]] : elle a été changée en [[sorcière]], tout comme d'autres divinités l'ont été en filles perdues et en [[sirène]]s<ref>{{chapitre|titre=Le récit oral dans la culture populaire bretonne|titre ouvrage=La Langue muette: Littérature bretonne de langue française|numéro=16 à 17|auteur=Marc Gontard|éditeur=Presses universitaires de Rennes|année=2008|passage=65}}</ref>. Son palais au fond des eaux est un motif typique des contes et récits féeriques, que l'on retrouve entre autres dans les textes de la [[légende arthurienne]], le folklore irlandais et plusieurs contes hispaniques<ref>{{article|auteur=Haggerty Krappe Alexander|titre=Le Lac enchanté dans le Chevalier Cifar|périodique=Bulletin Hispanique|tome=35|numéro=2|année=1933|passage=113|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1933_num_35_2_2575?_Prescripts_Search_tabs1=standard&|consulté le=16 mars 2015}}</ref>. [[Pierre Dubois (auteur)|Pierre Dubois]] rapproche la ''{{lang|br|groac'h}}'' d'un grand nombre de fées des eaux maléfiques, comme [[Peg Powler]], [[Jenny Greenteeth]], la mère Engueule et les ogresses vertes de [[Cosges]], qui entraînent les humains au fond des eaux pour les dévorer<ref name="Dubois109">{{harvsp|Dubois|2008|p=109}}</ref>. Joseph Rio l'inscrit dans une évolution globale des fées bretonnes entre 1820 et 1850 qui, de petites créatures noiraudes et ridées proches des [[korrigan]]s, deviennent de plus en plus souvent de grandes et jolies femmes dans les textes des lettrés de l'époque, probablement pour rivaliser avec les fées germaniques<ref>{{harvsp|Rio|2006|p=151-152}}</ref>.


La ''{{lang|br|groac'h}}'' a été rapprochée du personnage énigmatique et archétypal de « [[Vieille (folklore)|la Vieille]] », étudié par différents folkloristes. Ce nom est souvent lié à des [[mégalithisme|mégalithes]]<ref>{{article|auteur=A. Soutou|titre=Toponymie, folklore et préhistoire : Vieille Morte|périodique=Revue internationale d’onomastique|mois=septembre|année=1954|passage=183-189}}</ref>. Edain McCoy assimile la ''{{lang|br|groac'h}}'' à la Vieille (''{{lang|en|Crone}}'', en anglais), citant notamment la traduction courante par « [[sorcière]] ». Elle ajoute que {{citation|nombre de contes bretons présentent cette créature de manière négative, aucun n'en dresse un portrait flatteur}}<ref>{{ouvrage|lang=en|titre=Celtic Women's Spirituality: Accessing the Cauldron of Life|auteur=Edain McCoy|éditeur=Llewellyn Worldwide|année=1998|isbn=1567186726|isbn2=9781567186727|passage=103}}</ref>.
La ''{{lang|br|groac'h}}'' a été rapprochée du personnage énigmatique et archétypal de « [[Vieille (folklore)|la Vieille]] », étudié par différents folkloristes. Ce nom est souvent lié à des [[mégalithisme|mégalithes]]<ref>{{article|auteur=A. Soutou|titre=Toponymie, folklore et préhistoire : Vieille Morte|périodique=Revue internationale d’onomastique|mois=septembre|année=1954|passage=183-189}}</ref>. Edain McCoy assimile la ''{{lang|br|groac'h}}'' à la Vieille (''{{lang|en|Crone}}'', en anglais), citant notamment la traduction courante par « [[sorcière]] ». Elle ajoute que {{citation|nombre de contes bretons présentent cette créature de manière négative, aucun n'en dresse un portrait flatteur}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Edain McCoy|titre=Celtic Women's Spirituality|sous-titre=Accessing the Cauldron of Life|éditeur=Llewellyn Worldwide|année=1998|pages totales=328|passage=103|isbn=1-56718-672-6|isbn2=9781567186727|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DYV7RdFnH_AC&printsec=frontcover}}</ref>.


== Dans la littérature ==
== Dans la littérature ==
Une ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît dans le roman ''La pâleur et le sang'' publié par [[Nicolas Bréhal]] en 1988. Cette sorcière maudite redoutée des pêcheurs fait peser une malédiction sur la famille Bowley<ref>{{ouvrage|titre=La pâleur et le sang|auteur=Nicolas Bréhal|collection=Folio|éditeur=Mercure de France|année=1988|isbn=2070380726|isbn2=9782070380725|pages totales=247}}</ref>. Roman « mystique et fantastique », ''La pâleur et le sang'' inclut la ''{{lang|br|groac'h}}'' aux forces mystérieuses et presque diaboliques qui assaillent l'île de Vindilis. Cette vieille femme est présentée comme ayant des {{citation|pouvoirs magiques et maléfiques}}, met en garde d'autres personnages quand ils l'offensent et prédit des représailles. Son assassinat est l'une des causes des malheurs qui frappent l'île<ref>{{article|lang=en|titre=Nicolas Brehal: Writing as Self-Preservation|auteur=David J. Bond|périodique=LitteRealite|année=1994|lire en ligne=http://pi.library.yorku.ca/ojs/index.php/litte/article/download/26798/24784}}</ref>. Une ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît également dans le recueil de nouvelles ''Absinthes & Démons''<ref>{{ouvrage|titre=Absinthes & Démons|auteur=Ambre Dubois|éditeur=Éditions du Riez|année=2012|isbn=2918719439|isbn2=9782918719434|passage=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IXiJAQAAQBAJ&pg=PT37}}</ref>. Dans le roman ''Fleur de tonnerre'' de [[Jean Teulé]], ''{{lang|br|groac'h}}'' est un surnom donné à la petite Fleur de Tonnerre de [[Plouhinec (Morbihan)|Plouhinec]]<ref>{{ouvrage|titre=Fleur de tonnerre|auteur=[[Jean Teulé]]|éditeur=Robert Laffont/bouquins/segher|année=2013|isbn=2260020585|isbn2=9782260020585|passage=livre numérique, rech. groac'h|pages totales=170}}</ref>.
Une ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît dans le roman ''La Pâleur et le Sang'' publié par [[Nicolas Bréhal]] en 1983. Cette sorcière maudite redoutée des pêcheurs fait peser une malédiction sur la famille Bowley<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Nicolas Bréhal]]|titre=La Pâleur et le Sang|lieu=Paris|éditeur=Mercure de France|collection=Folio|année=1988|pages totales=247|isbn=2-07-038072-6|isbn2=9782070380725}}</ref>. Roman {{Citation|mystique et fantastique}}<ref name="Brehal"/>, ''La Pâleur et le Sang'' inclut la ''{{lang|br|groac'h}}'' aux forces mystérieuses et presque diaboliques qui assaillent l'île de [[Belle-Île-en-Mer#Toponymie|Vindilis]]. Cette vieille femme est présentée comme ayant des {{citation|pouvoirs magiques et maléfiques}}, met en garde d'autres personnages quand ils l'offensent et prédit des représailles. Son assassinat est l'une des causes des malheurs qui frappent l'île<ref name="Brehal">{{article|lang=en|titre=Nicolas Brehal: Writing as Self-Preservation|auteur=David J. Bond|périodique=LitteRealite|année=1994|lire en ligne=http://pi.library.yorku.ca/ojs/index.php/litte/article/download/26798/24784}}</ref>. Une ''{{lang|br|groac'h}}'' apparaît également dans ''Absinthes & Démons'', recueil de nouvelles d'Ambre Dubois paru en 2012<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ambre Dubois|titre=Absinthes & Démons|éditeur=Éditions du Riez|année=2012|pages totales=|isbn=978-2-918719-43-4|isbn2=2-918719-43-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IXiJAQAAQBAJ&pg=PT37}}</ref>. Dans le roman ''[[Fleur de tonnerre (roman)|Fleur de tonnerre]]'' (2013) de [[Jean Teulé]], ''{{lang|br|groac'h}}'' est un surnom donné à [[Hélène Jégado]] quand elle est une petite fille, à [[Plouhinec (Morbihan)|Plouhinec]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean Teulé]]|titre=[[Fleur de tonnerre (roman)|Fleur de tonnerre]]|éditeur=Robert Laffont/bouquins/segher|année=2013|pages totales=170|passage=livre numérique, rech. groac'h|isbn=978-2-260-02058-5|isbn2=2-260-02058-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jq9VLHzdG78C&printsec=frontcover}}.</ref>.


== Note et références ==
== Notes et références ==
=== Note ===
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== Annexes ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:La Groac'h de l'Île du Lok|commons titre=La Groac'h de l'Île du Lok}}

=== Articles connexes ===
*[[Vieille (folklore)]]
*[[Fée des houles]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===

==== Sources primaires ====
==== Sources primaires ====

*{{ouvrage|titre=Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises|volume=3|prénom1=Pierre|nom1=Saintyves|lien auteur=Pierre Saintyves|éditeur=E. Nourry|année=1934|libellé=Saintyves 1934}}
*{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Saintyves|lien auteur1=Pierre Saintyves|titre=Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises|volume=3|éditeur=E. Nourry|année=1934|pages totales=|libellé=Saintyves 1934}}
*{{chapitre|titre=La Groac’h de l’Île du Lok|titre ouvrage=Le foyer breton: Traditions populaires|illustrateur=Tony Johannot|prénom1=Émile|nom1=Souvestre|lien auteur1=Émile Souvestre|éditeur=Coquebert|année=1845|passage=76-89|lire en ligne=http://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=Lks6AAAAcAAJ|libellé=Souvestre 1845}}
*{{chapitre|titre=La Groac’h de l’Île du Lok|titre ouvrage=Le foyer breton: Traditions populaires|illustrateur=Tony Johannot|prénom1=Émile|nom1=Souvestre|lien auteur1=Émile Souvestre|éditeur=Coquebert|année=1845|passage=76-89|lire en ligne=https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=Lks6AAAAcAAJ|libellé=Souvestre 1845}}
*{{chapitre|titre ouvrage=Contes et légendes de Basse-Bretagne|titre=La Groac’h de l’Île du Lok|prénom1=Émile|nom1=Souvestre|illustrateur=Théophile Jean-Marie Busnel|éditeur=Société des bibliophiles bretons|lieu=Nantes|année=1891|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Souvestre,_Laurens_de_la_Barre,_Luzel_-_Contes_et_l%C3%A9gendes_de_Basse-Bretagne.djvu|libellé=Souvestre 1891}}
*{{chapitre|titre ouvrage=Contes et légendes de Basse-Bretagne|titre=La Groac’h de l’Île du Lok|prénom1=Émile|nom1=Souvestre|illustrateur=Théophile Jean-Marie Busnel|éditeur=Société des bibliophiles bretons|lieu=Nantes|année=1891|lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Souvestre,_Laurens_de_la_Barre,_Luzel_-_Contes_et_l%C3%A9gendes_de_Basse-Bretagne.djvu|libellé=Souvestre 1891}}


==== Sources secondaires ====
==== Sources secondaires ====

*{{chapitre|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Dubois|lien auteur1=Pierre Dubois (auteur)|titre=La Groac'h|titre ouvrage=[[La Grande Encyclopédie des fées]]|illustrateur=[[Roland Sabatier (illustrateur)|Roland et Claudine Sabatier]]|éditeur=Hoëbeke|lieu=Paris|année=2008|pages totales=186|isbn=9782-84230-326-6|plume=oui|libellé=Dubois 2008}}
*{{chapitre|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Dubois|lien auteur1=Pierre Dubois (auteur)|titre=La Groac'h|titre ouvrage=[[La Grande Encyclopédie des fées]]|illustrateur=[[Roland Sabatier (illustrateur)|Roland et Claudine Sabatier]]|éditeur=Hoëbeke|lieu=Paris|année=2008|pages totales=186|isbn=9782-84230-326-6|plume=oui|libellé=Dubois 2008}}
*{{chapitre|prénom1=Richard|nom1=Ely|lien auteur1=Richard Ely|prénom2=Amélie|nom2=Tsaag Valren|titre=Groac'h|titre ouvrage=Bestiaire fantastique & créatures féeriques de France|éditeur=Terre de Brume|jour=25|mois=octobre|année=2013|ISBN=2843625084|isbn2=978-2843625084|passage=151|libellé=Ely et Tsaag Valren 2013}}
*{{chapitre|prénom1=Richard|nom1=Ely|lien auteur1=Richard Ely|prénom2=Amélie|nom2=Tsaag Valren|titre=Groac'h|titre ouvrage=Bestiaire fantastique & créatures féeriques de France|éditeur=Terre de Brume|jour=25|mois=octobre|année=2013|ISBN=2843625084|isbn2=978-2843625084|passage=151|libellé=Ely et Tsaag Valren 2013}}
*{{ouvrage|prénom1=Philippe|nom1=Le Stum|titre=Fées, Korrigans & autres créatures fantastiques de Bretagne|éditeur=Ouest-France|lieu=Rennes|année=2003|isbn=2-7373-2369-X|libellé=Le Stum 2003}}
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Le Stum|titre=Fées, Korrigans & autres créatures fantastiques de Bretagne|lieu=Rennes|éditeur=Ouest-France|année=2003|pages totales=121|isbn=2-7373-2369-X|libellé=Le Stum 2003}}
*{{ouvrage|titre=La douce vie des fées des eaux|prénom1=Françoise|nom1=Morvan|lien auteur1=Françoise Morvan|éditeur=Actes Sud|année=1999|isbn=2742724060|isbn2=9782742724062|pages totales=339|libellé=Morvan 1999}}
*{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Françoise|nom1=Morvan|lien auteur1=Françoise Morvan|titre=La douce vie des fées des eaux|lieu=Arles|éditeur=Actes Sud|année=1999|pages totales=339|isbn=2-7427-2406-0|isbn2=9782742724062|libellé=Morvan 1999}}
*{{ouvrage|titre=Légendes et mystères des régions de France|prénom1=Éloïse|nom1=Mozzani|éditeur=Robert Laffont|collection=Bouquins|année=2015|isbn=2221159225|isbn2=9782221159224|pages totales=1566|libellé=Mozzani 2015}}
*{{Ouvrage|prénom1=Éloïse|nom1=Mozzani|titre=Légendes et mystères des régions de France|éditeur=Robert Laffont|collection=Bouquins|année=2015|pages totales=1566|isbn=978-2-221-15922-4|isbn2=2-221-15922-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=fS0OBwAAQBAJ&printsec=frontcover|libellé=Mozzani 2015}}
*{{chapitre|titre=Groac'h|titre ouvrage=Le Dico féérique: Le Règne humanoïde|volume=1 de Bibliothèque des miroirs|prénom1=André-François|nom1=Ruaud|lien auteur1=André-François Ruaud|éditeur=Les moutons électriques|année=2010|isbn=2361830302|isbn2=9782361830304|libellé=Ruaud 2010}}
*{{chapitre|titre=Groac'h|titre ouvrage=Le Dico féérique: Le Règne humanoïde|volume=1 de Bibliothèque des miroirs|prénom1=André-François|nom1=Ruaud|lien auteur1=André-François Ruaud|éditeur=Les moutons électriques|année=2010|isbn=2361830302|isbn2=9782361830304|libellé=Ruaud 2010}}


==== Ouvrages scientifiques ====
==== Ouvrages scientifiques ====
*{{ouvrage|prénom1=Barber|nom1=Plotner-Le Lay|prénom2=Nelly|nom2=Blanchard|titre=Émile Souvestre, écrivain breton porté par l'utopie sociale|mois=février|année=2006|lieu=Morlaix|éditeur=Centre de Recherche Bretonne et Celtique ; LIRE ([[Université Lyon 2]])|lire en ligne=|libellé=Plotner-Le Lay et Blanchard 2006}}
*{{chapitre|prénom1=Joseph|nom1=Rio|titre=Du korrigan à la fée celtique|titre ouvrage=Littératures de Bretagne : mélanges offerts à Yann-Ber Piriou|éditeur=[[Presses Universitaires de Rennes]]|passage=237-252|année=2006|lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00453435/|libellé=Rio 2006|commentaire=Cet article a été attribué par erreur à Gaël Milin, les PUR ont publié un ''errata'' dans l'ouvrage.}}


*{{Ouvrage|prénom1=Bärbel|nom1=Plötner-Le Lay|prénom2=Nelly|nom2=Blanchard|titre=Émile Souvestre, écrivain breton porté par l'utopie sociale|lieu=Morlaix|éditeur=Centre de Recherche Bretonne et Celtique ; LIRE ([[Université Lyon 2]])|année=2006|mois=février|pages totales=|isbn=|libellé=Plötner-Le Lay et Blanchard 2006}}
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Groac'h
Description de cette image, également commentée ci-après
La Groac'h de l'île du Lok d'après Théophile Busnel, pour les Contes et légendes de Basse-Bretagne (1891)
Créature
Groupe Folklore populaire
Sous-groupe Fée
Caractéristiques Souvent vieille, solitaire et nocturne
Habitat Cavernes sous-marines, fontaines, forêts
Proches Ogre, sorcière.
Origines
Origines Folklore breton
Région Bretagne
Première mention Émile Souvestre, Le Foyer breton (1844)

Une groac'h (breton pour « fée », « sorcière » ou « vieille femme », pl. groagez) est une fée bretonne liée à l'eau. Multiforme, elle est souvent vieille et nocturne, apparentée aux ogres et aux sorcières, parfois avec des dents de morse. Réputée vivre dans des cavernes, sous le sable ou sous la mer, la groac'h a du pouvoir sur les éléments de la nature et maîtrise la métamorphose. Elle est surtout connue comme une figure malveillante, en particulier à cause du conte d'Émile Souvestre La Groac'h de l'île du Lok. La fée y séduit les hommes qu'elle change en poissons et les sert comme repas à ses hôtes, sur l'une des îles de l'archipel des Glénan. D'autres contes les présentent comme de vieilles fées solitaires pouvant combler de cadeaux et de dons les humains qui leur rendent visite.

Plusieurs toponymes de Basse-Bretagne sont attribués à une groac'h, en particulier des mégalithes dans les Côtes-d'Armor, ainsi que l'île de Groix dans le Morbihan, et le phare de la Vieille. L'origine de ces fées appartenant à l'archétype de « la Vieille » est à rechercher dans des divinités féminines antiques diabolisées avec le christianisme. L'influence des écrivains bretons, au XIXe siècle, les a rapprochées de la figure féerique classique. La groac'h apparaît régulièrement dans des œuvres littéraires récentes, comme La Pâleur et le Sang (1983) de Nicolas Bréhal.

Étymologie

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Selon Philippe Le Stum, à l'origine, « groac'h » semble être le mot breton pour désigner les fées de manière générale. Il a évolué pour désigner une vieille créature, à la beauté trompeuse[1]. Il est parfois orthographié « groah », la consonne finale se prononçant comme le ch en allemand[2]. L'un des pluriels possibles est groagez[3]. Selon Joseph Rio, l'assimilation entre la groac'h et la fée est davantage le résultat de l'influence du conte et des commentaires d'Émile Souvestre qu'une croyance réellement issue des traditions populaires de Basse-Bretagne : La Groac'h de l'Île du Lok, conte destiné à un public de lettrés, fait appel à une technique d'écriture basée sur l'utilisation interchangeable des mots « fée » et « groac'h »[4]. Anatole Le Braz commente ce nom, disant que « Groac'h est pris tour à tour en bonne ou en mauvaise part. Il signifie vieille sorcière ou simplement vieille femme »[5].

Caractéristiques

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Les groagez sont les fées le plus souvent rencontrées en Bretagne[2], généralement dans les forêts et près des fontaines[6] : les fées des puits bretons en sont essentiellement[7]. Un certain nombre de « fées des mers » portent également le nom de groac'h[3], parfois de façon interchangeable avec ceux de « Mary Morgane » ou de « sirène »[8]. Joseph Mahé parle (1825) d'une mauvaise créature dont il était effrayé pendant son enfance, réputée vivre dans les puits d'où elle submerge les petits enfants tombés dedans[9]. Il est possible que Souvestre ait puisé les caractéristiques maléfiques de « sa » groac'h chez Mahé[10], il avoue en effet dans ses notes une certaine réinvention de la tradition[11].

Tête de morse au museau légèrement poilu avec de longues défenses blanches (40 cm) qui descendent de sa bouche
La groac'h arbore parfois de longues dents comme celles des morses.

En raison de leur caractère multiforme, les groagez sont difficiles à définir[12]. L'une d'elles passe pour fréquenter les alentours de Kerodi, mais les descriptions varient : une vieille femme courbée et appuyée sur une béquille, ou bien une princesse richement vêtue, accompagnée de korrigans[13]. Les descriptions insistent souvent sur l'aspect de vieille femme, Françoise Morvan parlant de fée-scarabée[14]. Elle relève des cas où les groagez ont des dents « de morse » exceptionnellement longues, depuis la longueur d'un doigt jusqu'à traîner par terre. Dans d'autres cas, elles n'ont pas de dents ou rien n'est précisé de cet attribut. Il arrive qu'elles soient bossues[2]. Le conteur Pierre Dubois les décrit comme des métamorphes capables de prendre des apparences des plus flatteuses aux plus répugnantes : cygnes ou larves myopes et flasques. Il leur attribue des dents vertes ou, beaucoup plus rarement, rouges, ainsi qu'un « mante[au] d'écailles »[15]. Pour Morvan, la variété de ces descriptions provient de deux phénomènes. D'une part, il se pourrait que ces fées changent d'apparence en vieillissant, pour prendre celle de batraciens à pustules. D'autre part, une tradition russe rapportée par André Siniavski veut que les fées passent par des cycles de rajeunissement et de vieillissement selon les cycles de la lune : une tradition similaire a peut-être existé en Bretagne[12].

Attributs et caractère

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Pierre Dubois compare la groac'h à une ogresse ou une sorcière d'eau[15]. André-François Ruaud la rattache plutôt aux ondines[16], Richard Ely et Amélie Tsaag Valren aux sorcières[17], Édouard Brasey la décrit comme une « fée lacustre »[18]. Quoi qu'il en soit, la groac'h est l'une des plus puissantes fées des eaux bretonnes[19]. Depuis son habitat aquatique comme sur terre, elle a pouvoir sur les éléments[20]. Celle du château de Lanascol pourrait faire bouger les feuilles mortes à l'automne et les changer en or, ou bien faire s'incliner les arbres et frissonner les étangs sur son passage[13]. Bien qu'elle soit surtout connue par des représentations négatives, la groac'h n'est pas forcément mauvaise. Il lui arrive de recevoir poliment des humains dans son repaire et d'offrir des objets magiques (par trois le plus souvent), des trésors et des guérisons. Comme de nombreuses autres fées, elle s'occupe aussi à ses lessives[6] et à filer[21]. Elles sont autoritaires mais généralement pleines de bonnes intentions. Le plus souvent, les groagez sont décrites comme des solitaires dans leur retraite sous la mer, dans un rocher ou dans le sable[3]. Certains contes font état d'une vie en famille uniquement féminine. Les groagez n'abandonnent par leurs enfants et ne laissent pas de changelin[22]. Il arrive qu'elles soient accompagnées d'un cheval d'eau vert et d'un homme-brochet[23]. Elles sont plus inconstantes et plus sensibles que les autres fées bretonnes, pouvant facilement prendre ombrage[23]. Dans le Finistère, des groagez révèlent aux mineurs l'existence du plomb argentifère[24].

Contes et légendes collectés

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Plusieurs collectes font état d'une groac'h en divers lieux de Bretagne. Souvestre évoque l'une de ces fées, assimilée à une naïade, dans un puits de Vannes[10],[20] : cette légende semble assez populaire à son époque, et pourrait avoir les mêmes sources que le conte de la fée du puits[25]. Il rejoint le thème des « fileuses près de la fontaine » dans la classification Aarne-Thompson[26]. Un récit collecté par Anatole Le Braz fait d'une de ces fées la personnification de la peste : un vieil homme de Plestin trouve une groac'h qui lui demande son aide pour traverser la rivière. Il la porte, mais elle devient de plus en plus lourde, si bien qu'il la re-dépose là où il l'a prise, évitant du même coup une épidémie de peste au pays de Lannion[27]. François-Marie Luzel rassemble lui aussi plusieurs traditions autour des groagez, que les habitants fuiraient comme l'Ankou. Certaines sont réputées pouvoir se changer en poulains, ou encore hanter la forêt de Coat-ann-noz (le bois de la nuit)[28]. L'étang du duc à Vannes hébergerait une groac'h, ancienne princesse qui s'est jetée à l'eau pour fuir un amant trop entreprenant, et que l'on verrait parfois démêler ses longs cheveux blonds avec un peigne en or[29].

La Groac’h de l’Île du Lok

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immense oiseau couché sur les flots sur lequel se tient un homme plus petit l'air effrayé, qui tient son chapeau
Houarn sur le canot enchanté de la groac'h. D'après Théophile Busnel, Contes et légendes de Basse-Bretagne, 1891.

Le plus célèbre conte évoquant une groac'h est celui de La Groac’h de l’Île du Lok, collecté puis écrit et arrangé par Émile Souvestre pour son recueil Le Foyer breton (1844). Houarn Pogamm et Bellah Postik, cousins orphelins, grandissent ensemble à Lannilis et s'aiment, mais ils sont pauvres. Houarn part chercher fortune. Bellah lui confie une clochette et un couteau, elle garde le troisième objet magique en sa possession, un bâton. Houarn arrive à Pont-Aven et y entend parler de la groac'h de l’île du Lok, une fée qui habite le lac de la plus grande des îles Glénan, réputée aussi riche que tous les rois réunis. Houarn se rend sur l’île du Lok et monte dans un canot enchanté en forme de cygne qui le conduit sous l'eau, dans la demeure de la groac'h. Cette femme superbe lui demande ce qu'il veut, Houarn répond qu'il cherche de quoi acheter une petite vache et un pourceau maigre. La fée lui offre à boire du vin enchanté et lui demande de l'épouser. Il accepte, mais en voyant la groac'h attraper et faire frire des poissons qui gémissent, il a peur et ressent des remords. La groac'h lui donne le plat de fritures de poisson et s'absente pour chercher du vin[30].

Houarn tire son couteau, dont la lame détruit les enchantements. Tous les poissons se redressent et deviennent de petits hommes. Ce sont des victimes de la groac'h, qui ont accepté de l'épouser avant d'être métamorphosés et servis à dîner aux autres prétendants. Houarn tente de s'échapper mais la groac'h revient et lui lance le filet d'acier qu'elle porte à sa ceinture, ce qui le change en grenouille. La clochette qu'il porte à son cou tinte et Bellah l’entend à Lannilis. Elle prend son bâton magique qui se change en bidet rapide, puis en oiseau pour traverser la mer. Au sommet d'un rocher, Bellah trouve un petit korandon noir, le mari de la groac'h. Il lui apprend le point faible de la fée. Le korandon offre des habits d'homme à Bellah et lui permet de se déguiser. Lorsqu'elle arrive auprès de la groac'h, celle-ci est très heureuse de recevoir un si beau garçon et cède à la demande de Bellah, qui voudrait attraper ses poissons avec le filet d’acier. Bellah lance le filet sur la fée en la maudissant : « deviens de corps ce que tu es de cœur ! ». La groac'h se change en créature hideuse, la reine des champignons, qui est jetée au fond d'un puits. Les hommes métamorphosés et le korandon sont délivrés, Bellah et Houarn prennent les trésors de la fée, s'épousent et vivent heureux[30].

D'après Joseph Rio, ce conte de Souvestre témoigne d'un important travail d'écriture sur le personnage de la groac'h[10]. Il explique son choix de le placer sur l'île du Lok par la multiplicité des versions des conteurs[31]. La Groac'h de l'île du Lok connaît un grand succès en Allemagne, plus encore qu'en Bretagne. Henrich Bode le publie sous le titre de « La fée des eaux » en 1847[32]. Il est réédité en 1989 et 1993[33]. Ce conte est également traduit en anglais (the Groac’h of the Isle), et publié notamment dans The Lilac Fairy Book en 1910[34]. Il sert de matériel d'étude de la langue française pour les élèves britanniques entre 1880 et 1920[35].

La Groac'h de la fontaine

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Ce conte, collecté par Joseph Frison vers 1914, parle d'une fillette qui se rend de nuit à la fontaine pour aider sa mère. Elle découvre qu'une groac'h y habite. La fée lui demande de ne plus jamais revenir la nuit, faute de quoi jamais la fillette ne reverra sa mère. Cette dernière tombe malade et la fillette retourne puiser de l'eau la nuit malgré l'interdiction. La groac'h capture la fillette et la séquestre dans sa grotte, qui a tout le confort disponible. Bien que privée de sa famille, la petite fille y est heureuse. Une jeune groac'h vient la garder pendant que la groac'h de la fontaine est en visite auprès d'une de ses sœurs. Elle meurt en compagnie de sa sœur et transmet un message à la jeune groac'h : la fillette est libre de partir si elle le souhaite. Sachant que la demeure de la groac'h est bien plus confortable que la sienne, la fillette demande une clé pour pouvoir entrer et sortir à son aise. La jeune groac'h lui demande d'attendre un mois, le temps que meure la sœur aînée. Elle lui remet alors deux clés, avec la consigne de ne jamais rester dehors après le coucher du soleil. La jeune fille rencontre l'une des siennes en se promenant et décide de rentrer plus tôt pour tenir sa promesse. Elle rencontre plus tard un jeune homme très beau, qu'elle quitte en lui promettant de revenir le lendemain. La groac'h lui conseille de l'épouser, garantissant que cela lèvera l'interdiction de rentrer avant le coucher du soleil. Elle suit le conseil et vit heureuse avec son nouvel époux[36].

La Fée du puits / Groac'h ar puñs

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D'après ce conte récent (collecté par Théophile Le Graët en 1975), un homme veuf, ayant une fille, épouse une femme noire de peau, qui a une fille de même apparence. La nouvelle épouse traite très mal sa belle-fille et lui demande de filer toute la journée. Un jour qu'elle file près d'un puits, elle rencontre une vieille fée aux dents de morse qui lui offre de nouveaux habits, lui guérit les doigts, file à sa place et lui propose de partager sa demeure, où la jeune fille s'empresse d'emménager et y devient très heureuse. Quand elle annonce son souhait de partir, la fée lui remet une pierre magique. Elle rentre chez sa marâtre où, avec ses nouveaux habits, personne ne la reconnaît. La pierre fée lui permet d'obtenir tout ce qu'elle veut. La fille noire devient jalouse et se jette dans le puits en espérant obtenir les mêmes dons. La fée lui remet un chardon. La fille noire souhaite voir apparaître le plus grand prince du monde pour qu'il la demande en mariage, mais c'est le Diable qui apparaît et l'emporte. Depuis, la gentille fille est retournée dans sa maison au fond du puits, et on peut l'entendre chanter certains jours[37].

Les Fées de la mer / Groac'had vor

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Ce conte se déroule sur l'île de Groagez (l'« île des Femmes » ou l'« île aux fées »), que Paul Sébillot décrit comme étant la demeure d'une vieille enchanteresse fileuse, dans le Trégor, à un kilomètre de Port Blanc[19]. D'après ce conte collecté par G. Le Calvez à la fin du XIXe siècle, une groac'h vor (fée de mer[38]) vit dans un rocher creux de cette île. Une femme vient à y passer et tombe sur la vieille fée en train de filer sur sa quenouille. La groac'h invite la femme à l'approcher et lui remet sa quenouille, précisant que cela fera sa fortune, mais qu'elle ne devra en parler à personne. La femme rentre chez elle et devient très vite riche grâce à la quenouille qui ne diminue jamais, et dont le fil est d'une qualité bien supérieure à tous les autres. Mais la tentation d'en parler se fait plus forte. À l'instant où elle révèle que sa quenouille vient d'une fée, tout l'argent qu'elle a gagné avec disparaît[39].

La Fée de Lanascol / Groac'h Lanascol

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Cette histoire a été collectée par Anatole Le Braz, qui fait référence à la croyance aux fées parmi les personnes de sa connaissance auprès de son ami Walter Evans-Wentz. Une gentilhommière en ruine, nommée le « château de Lanascol », passe pour abriter une fée connue sous le nom de groac'h Lanascol. Un jour, les propriétaires des lieux mettent en vente une partie du domaine qu'ils n'habitent plus. Un notaire de Plouaret supervise la vente aux enchères, au cours de laquelle les prix montent très haut. Soudain, une voix féminine douce et impérieuse surenchérit de mille francs. Toute l'assistance cherche qui a dit cela, mais il n'y a aucune femme dans la salle. Le notaire demande alors à haute voix qui a enchéri, et la voix féminine répond « groac'h Lanascol ! ». Tout le monde s'enfuit et, depuis lors, d'après Le Braz, le domaine n'a jamais trouvé d'acquéreur[40].

Localisations, toponymes et cultes

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longues et grosses pierres grises couchées
Le Grand Menhir, dit Men Er Groah, à Locmariaquer.

De nombreux toponymes en Basse-Bretagne sont attribués à une « groac'h ». Le Grand Menhir dit Men Er Groah, à Locmariaquer, doit probablement son nom à un amalgame entre le nom breton de la grotte (« groh ») et celui de cette vieille fée[41]. Pierre Saintyves cite dans la même commune une « table de la vieille », un dolmen nommé daul ar groac'h[42]. À Maël-Pestivien, trois pierres de deux mètres de hauteur, posées à côté l'une de l'autre au village de Kermorvan, sont connues sous le nom de Ty-ar-Groac'h, soit « la maison de la fée »[43].

En 1868, un menhir de huit mètres nommé Min-ar-Groach fut détruit à Plourac'h[44]. À Cavan, le tombeau de la « groac'h Ahès », ou « Be Ar Groac'h », est par contre attribué à la géante Ahès[45]. Il existe un « Tombeau de la Groac'h Rouge » à Prat, attribué à une « fée rouge » qui aurait apporté les pierres dans son tablier[46]. Ce mégalithe est cependant presque détruit[47]. D'après Souvestre et le celtomane Alfred Fouquet (1853), l'île de Groix devrait son nom (en breton) à des groagez, décrites comme « des druidesses » désormais vues comme de vieilles femmes ou de vieilles sorcières[48]. La philosophe Claire de Marnier relie cette croyance faisant des îliens des fils de la sorcière à une « pensée merveilleuse », propre à l'« âme bretonne »[49],[Note 1].

Un rocher de Croac'h Coz, soit l'« île de la vieille fée » rattachée à Plougrescant, serait habité par une vieille groac'h qui file de temps en temps. Sébillot raconte que les pêcheurs de Loguivy (à Ploubazlanec) craignaient jadis de passer près de la grotte nommée Toul ar Groac’h (trou de la fée), et préféraient se coucher sous leur bateau retourné sur la grève en attendant la prochaine marée, pluôt que de risquer de fâcher la fée[50]. De même, Anatole Le Braz cite Barr-ann-Hëol, près de Penvénan, comme étant un lieu dangereux où veille une groac'h prête à se saisir des gens attardés, à l'angle de deux routes[51]. À Ouessant, de nombreux toponymes y font référence, dont la Pointe de la Groac'h et le phare de la Vieille, en référence, d'après Georges Guénin, à « une espèce de sorcière »[52].

Quelques traces de possibles cultes rendus à ces fées sont recensées. Paul-Yves Sébillot raconte que les malades venaient jadis se frotter à la statue préchrétienne dite Groac'h er goard (ou Groac'h ar Goard), pour obtenir guérison[53],[54]. Cette vieille statue de granit de sept pieds de haut, plus connue sous le nom de Vénus de Quinipily, représente une femme nue aux « formes indécentes »[55] et pourrait être un vestige du culte de Vénus ou d'Isis.

Sculpture de tête de vieille femme effrayante, nez crochu, yeux exorbités, Bouche édentée, très ridée.
La groac'h est rapprochée du personnage archétypal de « la Vieille » (ici, une représentation de Baba Yaga).

Selon Marc Gontard, la groac'h témoigne de la diabolisation des anciennes divinités féminines sous l'influence du christianisme : elle a été changée en sorcière, tout comme d'autres divinités l'ont été en filles perdues et en sirènes[56]. Son palais au fond des eaux est un motif typique des contes et récits féeriques, que l'on retrouve entre autres dans les textes de la légende arthurienne, le folklore irlandais et plusieurs contes hispaniques[57]. Pierre Dubois rapproche la groac'h d'un grand nombre de fées des eaux maléfiques, comme Peg Powler, Jenny Greenteeth, la mère Engueule et les ogresses vertes de Cosges, qui entraînent les humains au fond des eaux pour les dévorer[58]. Joseph Rio l'inscrit dans une évolution globale des fées bretonnes entre 1820 et 1850 qui, de petites créatures noiraudes et ridées proches des korrigans, deviennent de plus en plus souvent de grandes et jolies femmes dans les textes des lettrés de l'époque, probablement pour rivaliser avec les fées germaniques[59].

La groac'h a été rapprochée du personnage énigmatique et archétypal de « la Vieille », étudié par différents folkloristes. Ce nom est souvent lié à des mégalithes[60]. Edain McCoy assimile la groac'h à la Vieille (Crone, en anglais), citant notamment la traduction courante par « sorcière ». Elle ajoute que « nombre de contes bretons présentent cette créature de manière négative, aucun n'en dresse un portrait flatteur »[61].

Dans la littérature

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Une groac'h apparaît dans le roman La Pâleur et le Sang publié par Nicolas Bréhal en 1983. Cette sorcière maudite redoutée des pêcheurs fait peser une malédiction sur la famille Bowley[62]. Roman « mystique et fantastique »[63], La Pâleur et le Sang inclut la groac'h aux forces mystérieuses et presque diaboliques qui assaillent l'île de Vindilis. Cette vieille femme est présentée comme ayant des « pouvoirs magiques et maléfiques », met en garde d'autres personnages quand ils l'offensent et prédit des représailles. Son assassinat est l'une des causes des malheurs qui frappent l'île[63]. Une groac'h apparaît également dans Absinthes & Démons, recueil de nouvelles d'Ambre Dubois paru en 2012[64]. Dans le roman Fleur de tonnerre (2013) de Jean Teulé, groac'h est un surnom donné à Hélène Jégado quand elle est une petite fille, à Plouhinec[65].

Notes et références

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  1. Cette étymologie liant Groix à la groac'h n'est qu'une possibilité parmi de nombreuses autres. Voir Frédéric Le Tallec, « À propos de l'étymologie de Groix » dans La Chaloupe de l'île, journal de l'île de Groix, 1984.

Références

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  4. Rio 2006, p. 251
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  6. a et b Morvan 1999, p. 74
  7. Morvan 1999, p. 99
  8. Mozzani 2015, p. Chap. « Vannes »
  9. Joseph Mahé, Essai sur les antiquités du Morbihan, Vannes, , p. 417
  10. a b et c Rio 2006, p. 250
  11. Souvestre 1845, p. 156
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  15. a et b Dubois 2008, p. 108
  16. Ruaud 2010
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  19. a et b Le Stum 2003, p. 21
  20. a et b Louis Pierre François Adolphe marquis de Chesnel de la Charbouclais, Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires : où sont exposées le croyances superstitieuses des temps anciens et modernes..., J.-P. Migne, (lire en ligne), p. 442
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  22. Morvan 1999, p. 77
  23. a et b Morvan 1999, p. 78
  24. Paul Sébillot, Les travaux publics et les mines dans les traditions et les superstitions de tous les pays : les routes, les ponts, les chemins de fer, les digues, les canaux, l'hydraulique, les ports, les phares, les mines et les mineurs, J. Rothschild, , p. 410
  25. Morvan 1999, p. 106
  26. Morvan 1999, p. 107
  27. Anatole Le Braz, La légende de la mort, Archipoche, , 309 p. (ISBN 978-2-35287-281-8 et 2-35287-281-2, lire en ligne), Chap. « Celui qui porta la peste sur les épaules »
  28. François-Marie Luzel, commentaires de Françoise Morvan, Nouvelles veillées bretonnes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 239 p. (ISBN 2-86847-169-2 et 9782868471697), p. 74; 83-84
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  33. Nelly Blanchard, « Le succès d’Émile Souvestre dans le monde germanophone » dans Plötner-Le Lay et Blanchard 2006, p. 262 [lire en ligne]
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  52. Georges Guénin, Le légendaire préhistorique de Bretagne : les mégalithes, traditions et légendes, Rennes, La Découvrance, coll. « Amateur averti », , 263 p. (ISBN 2-910452-38-7 et 9782910452384), p. 33
  53. Louis Richard, « Recherches récentes sur le culte d'Isis en Bretagne », Revue de l'histoire des religions, Armand Colin, t. 176, Fasc. 2,‎ , p. 126 (lire en ligne)
  54. Louis Jacques Marie Bizeul, « Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne; et en particulier celles du Morbihan », Bulletin monumental, Société française d'archéologie, Musée des monuments français, vol. 9,‎ , p. 241
  55. Louis Jacques Marie Bizeul, Mémoire sur les voies romaines de la Bretagne, et en particulier de celles du Morbihan, Chalopin, , p. 82
  56. Marc Gontard, « Le récit oral dans la culture populaire bretonne », dans La Langue muette: Littérature bretonne de langue française, Presses universitaires de Rennes, , chap. 16 à 17, p. 65
  57. Haggerty Krappe Alexander, « Le Lac enchanté dans le Chevalier Cifar », Bulletin Hispanique, t. 35, no 2,‎ , p. 113 (lire en ligne, consulté le )
  58. Dubois 2008, p. 109
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  61. (en) Edain McCoy, Celtic Women's Spirituality : Accessing the Cauldron of Life, Llewellyn Worldwide, , 328 p. (ISBN 1-56718-672-6 et 9781567186727, lire en ligne), p. 103
  62. Nicolas Bréhal, La Pâleur et le Sang, Paris, Mercure de France, coll. « Folio », , 247 p. (ISBN 2-07-038072-6 et 9782070380725)
  63. a et b (en) David J. Bond, « Nicolas Brehal: Writing as Self-Preservation », LitteRealite,‎ (lire en ligne)
  64. Ambre Dubois, Absinthes & Démons, Éditions du Riez, (ISBN 978-2-918719-43-4 et 2-918719-43-9, lire en ligne)
  65. Jean Teulé, Fleur de tonnerre, Robert Laffont/bouquins/segher, , 170 p. (ISBN 978-2-260-02058-5 et 2-260-02058-5, lire en ligne), livre numérique, rech. groac'h.

Bibliographie

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Sources primaires

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  • [Saintyves 1934] Pierre Saintyves, Corpus du folklore préhistorique en France et dans les colonies françaises, vol. 3, E. Nourry,
  • [Souvestre 1845] Émile Souvestre (ill. Tony Johannot), « La Groac’h de l’Île du Lok », dans Le foyer breton: Traditions populaires, Coquebert, (lire en ligne), p. 76-89
  • [Souvestre 1891] Émile Souvestre (ill. Théophile Jean-Marie Busnel), « La Groac’h de l’Île du Lok », dans Contes et légendes de Basse-Bretagne, Nantes, Société des bibliophiles bretons, (lire en ligne)

Sources secondaires

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Ouvrages scientifiques

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  • [Plötner-Le Lay et Blanchard 2006] Bärbel Plötner-Le Lay et Nelly Blanchard, Émile Souvestre, écrivain breton porté par l'utopie sociale, Morlaix, Centre de Recherche Bretonne et Celtique ; LIRE (Université Lyon 2),
  • [Rio 2006] Joseph Rio, « Du korrigan à la fée celtique », dans Littératures de Bretagne : mélanges offerts à Yann-Ber Piriou, Presses Universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 237-252
    Cet article a été attribué par erreur à Gaël Milin, les PUR ont publié un errata dans l'ouvrage.

Articles connexes

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