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« Apocalypse Now » : différence entre les versions

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{{voir homonyme|Apocalypse Now (peinture)}}
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'''''{{Lang|en|Apocalypse Now}}''''' est un [[cinéma américain|film américain]] réalisé par [[Francis Ford Coppola]], sorti en [[1979 au cinéma|1979]]. Ce film sur la [[guerre du Vietnam]] est une [[adaptation cinématographique|adaptation]] libre du [[roman court]] ''[[Au cœur des ténèbres]]'' (''{{Lang|en|Heart of Darkness}}'') de [[Joseph Conrad]], paru en [[1899 en littérature|1899]].


Il a obtenu, entre autres distinctions, la [[Palme d'or]] du [[festival de Cannes 1979]] et a été nommé pour huit [[Oscars du cinéma]], dont ceux du Meilleur film, de la Meilleure réalisation (pour Francis Ford Coppola), du Meilleur acteur dans un second rôle (pour [[Robert Duvall]]), et a remporté ceux de la Meilleure photographie et du Meilleur son. Le film est classé à la {{28e|place}} des [[AFI's 100 Years...100 Movies|100 meilleurs films du cinéma américain]] par l'{{Lang|en|[[American Film Institute]]}} et est considéré comme l'[[Liste des meilleurs films jamais réalisés|un des meilleurs films de tous les temps]]. En l'an 2000, le film est sélectionné par le {{Lang|en|[[National Film Registry]]}} pour être conservé à la [[bibliothèque du Congrès]] des [[États-Unis]] pour son « importance culturelle, historique ou esthétique »<ref>"The National Film Registry List – Library of Congress". loc.gov. Retrieved March 12, 2012</ref>.
'''''{{Lang|en|Apocalypse Now}}''''' est un [[cinéma américain|film américain]] réalisé par [[Francis Ford Coppola]], sorti en [[1979 au cinéma|1979]]. Ce film est une adaptation libre de la [[nouvelle (littérature)|nouvelle]] de [[Joseph Conrad]], ''[[Au cœur des ténèbres]]'' (''{{Lang|en|Heart of Darkness}}''), parue en [[1899]].


Le succès du film<ref>PLus de {{nobr|150 millions}} de dollars de recettes (pour un budget de {{nobr|31 millions}}).</ref> a sauvé le réalisateur du désastre financier auquel il était voué en cas d'échec. En effet, Francis Ford Coppola a dû investir sa fortune personnelle dans cette aventure en hypothéquant tous ses biens. En 1991, le documentaire ''[[Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène]]'' retrace l'aventure insensée du [[tournage (audiovisuel)|tournage]] : problèmes en tous genres, de [[budget]], de scénario et d'acteurs (surpoids de [[Marlon Brando]], crise cardiaque de [[Martin Sheen]], etc.).
Il a obtenu, entre autres distinctions, la [[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes 1979|Festival de Cannes]] en 1979. Un nouveau montage du film est sorti en [[2001 au cinéma|2001]] sous le titre '''''{{Lang|en|Apocalypse Now Redux}}'''''. Il est listé à la {{28e}} place [[AFI's 100 Years...100 Movies|des meilleurs films du cinéma américain]] par l'{{Lang|en|[[American Film Institute]]}} et est considéré comme l'[[Liste des meilleurs films de tous les temps|un des meilleurs films de tous les temps]]. En 2000, le film est sélectionné par le {{Lang|en|[[National Film Registry]]}} pour être conservé à la [[bibliothèque du Congrès]] des [[États-Unis]] pour son « importance culturelle, historique ou esthétique »<ref>"The National Film Registry List – Library of Congress". loc.gov. Retrieved March 12, 2012</ref>.


Un nouveau montage, plus long, est sorti en [[2001 au cinéma|2001]] sous le titre '''''{{Lang|en|Apocalypse Now Redux}}''''', puis une version dite '''''Apocalypse Now Final Cut''''' est sortie en 2019.
En 1991, le documentaire ''[[Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène]]'' retrace l'aventure insensée que fut le [[tournage (audiovisuel) |tournage]] du film. Coppola voit sa carrière presque anéantie par les problèmes de tournage, de [[budget]] et de [[casting]] tandis que son équipe est confrontée à toutes sortes de problèmes qui mettent leurs [[nerf]]s à rude épreuve.


== Synopsis ==
== Synopsis ==
[[Fichier:Debbie Reynolds Auction - Robert Duvall "Lt Col Kilgore" tropical combat coat and signature yellow branch scarf from "Apocalypse Now".jpg|thumb|Costume de [[Robert Duvall]] (lieutenant-colonel William Kilgore).]]
Pendant la [[guerre du Viêt Nam]], les [[services secrets]] [[militaire]]s américains confient au capitaine Willard la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le [[Cambodge]], a pris la tête d’un groupe d’[[indigène]]s et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante.
Pendant la [[guerre du Viêt Nam]], les [[Service secret|services secrets]] de l'[[Forces armées des États-Unis|armée américaine]] confient au capitaine Willard la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz, dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le [[Cambodge]], a pris la tête d’un groupe de [[Mnong]] et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante.


Au moyen d’un [[Patrouilleur (bateau)|patrouilleur]] et de son équipage mis à sa disposition, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la [[jungle]] pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme très différent de l’idée qu’il s’en faisait.
Au moyen d’un [[Patrouilleur (bateau)|patrouilleur]]<ref>{{lien web |titre=Les bateaux fluviaux américains |url=http://www.laguerreduvietnam.com/pages/materiel-1/bateaux-fluviaux-americains.html |site=laguerreduvietnam.com |consulté le=22-10-2021}}.</ref> et de son équipage mis à sa disposition, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la [[jungle]] pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme au parcours et au caractère exemplaires. Il devient fasciné par cet homme qu'il doit pourtant tuer. Plusieurs péripéties ont lieu durant ce voyage (notamment une rencontre avec l'excentrique lieutenant-colonel William Kilgore), et deux membres de l'équipage du patrouilleur sont tués avant d'arriver au camp du colonel Kurtz.


Une fois ce camp atteint, Willard est d'abord enfermé, puis laissé en liberté surveillée. Il fait la connaissance du colonel Kurtz, qui n'ignore pas la mission de Willard et lui explique les raisons qui l'ont décidé à mener son projet. Willard découvre alors que le colonel est devenu un [[gourou]] à la tête d'une tribu d'indigènes. Un slogan est inscrit sur une pierre : « ''Our motto : Apocalypse Now'' »<ref>« Notre slogan : L'Apocalypse Maintenant »</ref>. Un autre membre de l'équipage est [[décapitation|décapité]] avant de pouvoir transmettre les coordonnées du camp pour que celui-ci soit bombardé. Le dernier membre de l'équipage, Lance, se fond quant à lui dans la culture hallucinée du camp. Un soir, alors que se déroule une cérémonie de sacrifice d'un [[Bubalus bubalis|buffle domestique]], Willard assassine le colonel sans opposition de sa part, puis quitte les lieux avec Lance, sous les yeux des indigènes prosternés.
Deux membres de l'équipage du patrouilleur sont tués avant d'arriver au camp de Kurtz. Arrivé au camp, Willard est d'abord enfermé, puis est laissé libre. Un autre membre de l'équipage est [[décapitation|décapité]] avant qu'il ne donne les coordonnées du camp pour qu'il puisse être bombardé. Le dernier membre de l'équipage, Lance, se fond dans la culture ambiante du camp. Kurtz explique à Willard que ce sont les horreurs auxquelles il a assisté qui l'ont décidé à monter son projet. Willard finit par assassiner Kurtz, et repart avec Lance. Le camp est bombardé peu après<ref>Ce bombardement a constitué le fond du générique de fin dans la version exploitée commercialement, en salle et en DVD, entre la sortie du film en 1979 et la constitution de la version ''Redux'' en 2001. Voir [[#Versions : Apocalypse Now Redux|la section dédiée]] du présent article.</ref>.


== Fiche technique ==
== Fiche technique ==
* Titre : ''{{Lang|en|Apocalypse Now}}'' ([[1979 au cinéma|1979]]) ; ''{{Lang|en|Apocalypse Now Redux}}'' ([[2001 au cinéma|2001]])
[[Fichier:Vittorio Storaro - Lisbon 2017.jpg|thumb|[[Vittorio Storaro]] en 2017 à côté de l'affiche du film ''{{lang|en|Apocalypse Now Redux}}''.]]
* Titre original et [[français]] : ''{{Lang|en|Apocalypse Now}}''
* Titre [[Québec|québécois]] : ''C'est l'Apocalypse''
* Réalisation : [[Francis Ford Coppola]]
* Réalisation : [[Francis Ford Coppola]]
* Scénario : [[John Milius]], Francis Ford Coppola et [[Michael Herr]], d'après la [[nouvelle (littérature)|nouvelle]] ''[[Au cœur des ténèbres]]'' de [[Joseph Conrad]] non mentionné au [[Générique (œuvre)|générique]]
* Scénario : [[John Milius]], Francis Ford Coppola et [[Michael Herr]], d'après le [[roman court]] ''[[Au cœur des ténèbres]]'' de [[Joseph Conrad]], non mentionnée au [[Générique (œuvre)|générique]]
* Musique : [[Carmine Coppola]], Francis Ford Coppola, [[Mickey Hart]] et [[Randy Hansen]] (non crédités)
* Direction artistique : [[Dean Tavoularis]] (supervision) ; [[Angelo P. Graham|Angelo Graham]]
* Direction artistique : [[Dean Tavoularis]] (supervision) ; [[Angelo P. Graham|Angelo Graham]]
* Décors : [[George R. Nelson]] ; [[John LaSalandra]] (constructions monumentales)
* Décors : [[George R. Nelson]] ; [[John LaSalandra]] (constructions monumentales)
* Costumes : [[Charles E. James]]
* Costumes : [[Charles E. James]]
* Maquillage : [[Jack H. Young|Jack Young]] et [[Fred C. Blau Jr]]
* Maquillage : [[Jack H. Young|Jack Young]] et [[Fred C. Blau Jr]]
* Photographie : [[Vittorio Storaro]]
* Photographie : [[Vittorio Storaro]]
* Effets spéciaux : [[Joe Lombardi|Joseph Lombardi]] et [[:en:A. D. Flowers|A. D. Flowers]]
* Effets spéciaux : [[Joe Lombardi|Joseph Lombardi]] et {{Lien|langue=en|A. D. Flowers}}
* Son : [[Walter Murch]], [[Mark Berger]], [[Richard Beggs]] et [[Nathan Boxer]]
* Affiche : [[Bob Peak]]
* Son : [[Walter Murch]], Mark Berger, [[Richard Beggs]] et [[Nathan Boxer]]
* Montage : [[Walter Murch]], [[Gerald B. Greenberg]] et [[Lisa Fruchtman]] ; [[Michael Kirchberger]] (''Redux'')
* Montage : [[Walter Murch]], [[Gerald B. Greenberg]] et [[Lisa Fruchtman]] ; [[Barry Malkin]] (montage additionnel) ; [[Michael Kirchberger]] (''Redux'')
* Producteurs : Francis Ford Coppola, [[Eddie Romero]], [[John Ashley (acteur)|John Ashley]], [[Mona Skager]] (associés) ; [[Fred Roos]], [[Gray Frederickson]], [[Tom Sternberg]] (coproducteurs) ; [[Kim Aubry]], [[Shannon Lail]] (''Redux'')
* Musique : [[Carmine Coppola]], Francis Ford Coppola, [[Mickey Hart]] et [[Randy Hansen]] (non crédités)
* Production : Francis Ford Coppola, [[Eddie Romero]], [[John Ashley (acteur)|John Ashley]], [[Mona Skager]] (associés) ; [[Fred Roos]], [[Gray Frederickson]], [[Tom Sternberg]] (coproducteurs) ; [[Kim Aubry]], [[Shannon Lail]] (''Redux'')
* Société de production : [[American Zoetrope|Omni Zoetrope]]
* Société de production : [[American Zoetrope|Omni Zoetrope]]
* Sociétés de distribution : [[United Artists]], [[Gaumont Buena Vista International]] {{date|3|août|2001|au cinéma}} (Redux)
* Sociétés de distribution : [[United Artists]], [[Gaumont Buena Vista International]] (''Redux''), [[Titanus]] (Italie)
* Budget : {{formatnum:31000000}} [[dollar américain|$]]
* Budget : {{formatnum:31000000}} [[dollar américain|dollars]]
* Format : couleurs ([[Technicolor (procédé)|Technicolor]]) - [[35 mm]] - [[Formats de projection|2,35:1]] ([[Technovision]]) - [[Son stéréophonique|stéréo]] [[Dolby]] - copies V.O. gonflées au [[format 70 mm]]
* Format : couleurs ([[Technicolor (procédé)|Technicolor]]) - [[Format 35 mm|{{unité|35|mm}}]] - [[Format d'image|2,39:1]] ([[Technovision]]) - [[Son stéréophonique|stéréo]] [[Dolby]] - copies {{VO}} gonflées au [[format 70 mm]] 2,20 : 1 - version DVD 2.00 : 1<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Apocalypse Now (1979) - Technical specifications |url=https://www.imdb.com/title/tt0078788/technical?ref_=ttfc_sa_5 |site=IMDb |consulté le=30 janvier 2023 }}.</ref>
* Genre : [[Film de guerre|guerre]]
* Genre : [[Drame (cinéma)|Drame]], [[Film de guerre|guerre]]
* Durée : 141 minutes (''originale'') ; 194 minutes (''Redux'')
* Durée : {{nombre|141|minutes}}, {{nombre|194|minutes}} (version ''Redux'') ; {{nombre|183|minutes}} (version ''Final Cut'' de 2019)
* Pays d'origine : {{États-Unis}}
* Pays de production : {{États-Unis}}
* Langues : [[anglais]], [[vietnamien]] (et [[français]] dans ''Redux'')
* Langues originales : [[anglais américain|anglais]], [[vietnamien]] (et [[français]] dans ''Redux'')
* Lieux de tournage : {{Philippines}}
* Dates de sortie :
** [[France]] : {{date|10|mai|1979|au cinéma}} ([[Festival de Cannes 1979|festival de Cannes]]), {{date|26|septembre|1979|au cinéma}} (sortie nationale) ; {{date|11|mai|2001|au cinéma}} au [[Festival de Cannes 2001|festival de Cannes]] (''Redux'') ; {{date|21|août|2019|au cinéma}} (''Final cut'' restaurée)
* Dates de sortie :
** {{France}} : {{date|10|mai|1979|au cinéma}} ([[Festival de Cannes 1979|Festival de Cannes]]), {{date|26|septembre|1979|au cinéma}} (sortie nationale) ; {{date|11|mai|2001|au cinéma}} au [[Festival de Cannes 2001|Festival de Cannes]] (''Redux'')
** [[États-Unis]] : {{date|15|août|1979|au cinéma}} ; {{date|3|août|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** {{États-Unis}} : {{date|15|août|1979|au cinéma}} ; {{date|3|août|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** [[Belgique]] : {{date| 13 décembre 1979 | au cinéma}} (Gand) ; {{date|20|juin|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** [[Image:Flag of Switzerland.svg|19 px]] [[Suisse romande]] : {{date|16|mai|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** [[Suisse romande]] : {{date|16|mai|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** {{Belgique}} : {{date|20|juin|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** [[Canada]] : {{date|10|août|2001|au cinéma}} (''Redux'')
** {{Canada}} : {{date|10|août|2001|au cinéma}} (''Redux'')
* Classification : interdit aux moins de 12 ans{{}} (DVD ''Redux'')


== Distribution ==
== Distribution ==
<small>'''Légende''' : doublage de la version originale (1979) ; ''doublage de la version Redux (2001)''</small>
<small>'''Légende''' : doublage de la version originale (1979) ; ''doublage de la version Redux (2001)''</small>
* [[Martin Sheen]] <small>(VF : [[Philippe Ogouz]] ; ''idem'')</small> : le capitaine Benjamin L. Willard
* [[Martin Sheen]] <small>(VF : [[Philippe Ogouz]] ; [[Philippe Ogouz|''idem'']])</small> : le capitaine Benjamin L. Willard, officier des forces spéciales<ref>A cause de son [[infarctus]] survenu le {{date-|5 mars 1977}}, Martin Sheen fut remplacé jusqu'au {{date-|19 avril}} par son frère [[Joe Estevez|Joseph]] (non crédité) pour des scènes qui ne réclamaient pas de gros plan et les narrations en voix off du personnage.</ref>
* [[Marlon Brando]] <small>(VF : [[William Sabatier]] ; ''[[Jean-François Garreaud]]'')</small> : le colonel Walter E. Kurtz
* [[Frederic Forrest]] <small>(VF : [[Jacques Ferrière]] ; ''[[Boris Rehlinger]]'')</small> : Jay « Chef » Hicks, mécanicien et tireur de poupe du patrouilleur de rivière
* [[Robert Duvall]] <small>(VF : [[Pierre Santini]] ; ''[[Bernard-Pierre Donnadieu]]'')</small> : le lieutenant-colonel Bill Kilgore
* [[Sam Bottoms]] <small>(VF : [[François Leccia]] ; ''[[Adrien Antoine]]'')</small> : Lance Johnson, surfeur célèbre et tireur de proue du bateau
* [[Albert Hall]] <small>(VF : [[Serge Sauvion]] ; ''[[Bruno Dubernat]]'')</small> : le ''{{Lien|trad=Chief petty officer (United States)|fr=Chief petty officer|texte=Chief}}'' ([[Grades des Forces armées des États-Unis#Non-commissioned officers (officiers mariniers)|Maître]]) George Philipps, commandant de la vedette militaire
* [[Frederic Forrest]] <small>(VF : [[Jacques Ferrière]] ; ''[[Boris Rehlinger]]'')</small> : Jay « Chef » Hicks
* [[Albert Hall]] <small>(VF : [[Serge Sauvion]] ; ''[[Bruno Dubernat]]'')</small> : le lieutenant George Philipps, commandant du bateau
* [[Laurence Fishburne]] <small>(VF : ''[[Christophe Lemoine]]'')</small> : Tyrone « Clean » Miller, nettoyeur et canonnier du patrouilleur
* [[Sam Bottoms]] <small>(VF : [[François Leccia]] ; ''[[Adrien Antoine]]'')</small> : Lance Johnson
* [[Marlon Brando]] <small>(VF : [[William Sabatier]] ; ''[[Jean-François Garreaud]]'')</small> : le colonel Walter E. Kurtz, ancien béret vert
* [[Laurence Fishburne]] <small>(VF : ''[[Christophe Lemoine]]'')</small> : Tyrone « Clean » Miller
* [[Robert Duvall]] <small>(VF : [[Pierre Santini]] ; ''[[Bernard-Pierre Donnadieu]]'')</small> : le lieutenant-colonel Bill Kilgore, commandant de la « cavalerie aéroportée »
* [[Dennis Hopper]] <small>(VF : [[Gérard Hernandez]] ; ''[[Dominique Collignon-Maurin]]'')</small> : le journaliste-photographe
* [[Dennis Hopper]] <small>(VF : [[Gérard Hernandez]] ; ''[[Dominique Collignon-Maurin]]'')</small> : le journaliste-photographe
* [[G. D. Spradlin]] : <small>(VF : [[Jean-Claude Michel]] ; ''[[Georges Claisse]]'')</small> : le général Corman
* [[G. D. Spradlin]] : <small>(VF : [[Jean-Claude Michel]] ; ''[[Georges Claisse]]'')</small> : le général Corman
* [[Harrison Ford]] <small>(VF : [[Bernard Woringer]] ; ''[[Alain Courrivaud]]'')</small> : le colonel Lucas
* [[Harrison Ford]] <small>(VF : [[Bernard Woringer]] ; ''Alain Courrivaud'')</small> : le colonel Lucas
* Jerry Ziesmer : Jerry, le civil
* [[Scott Glenn]] : le capitaine Richard Colby
* [[Scott Glenn]] : le capitaine Richard Colby
* [[Bill Graham (acteur)|Bill Graham]] <small>(VF : [[Jacques Balutin]])</small> : l'agent
* Tom Mason <small>(VF : [[Dominique Paturel]] ; ''[[Hervé Rey]]'')</small> : le sergent ravitailleur
* [[Bill Graham (producteur)|Bill Graham]] <small>(VF : [[Jacques Balutin]])</small> : l'agent
* [[Cyndi Wood|Cynthia Wood]], Linda Carpenter et [[Colleen Camp]] : les [[playmate]]s
* [[Cyndi Wood|Cynthia Wood]] <small>(VF : ''[[Barbara Tissier]]'')</small> , Linda Beatty et [[Colleen Camp]] : les [[playmate]]s
* [[Robert Julien]] : le professeur français
* [[Aurore Clément]] <small>(VF : ''elle-même'')</small> : Roxanne Sarraut de Marais (Redux seulement)
* Glenn Walken <small>(VF : [[Éric Legrand]])</small> : le lieutenant Carlsen
* [[Jack Thibeau]] : le soldat dans la tranchée
* [[Christian Marquand]] <small>(VF : ''[[Joël Zaffarano]]'')</small> : Hubert de Marais, le propriétaire de la plantation française (Redux seulement)
* Damian Leake <small>(VF : [[Med Hondo]])</small> : le mitrailleur dans la tranchée
* [[Franck Villard]] : Gaston de Marais (Redux seulement)
* Herb Rice : Roach ({{Citation|Le Cafard}} ; ''{{Citation|La Fumette}}'' en VF)
* [[Francis Ford Coppola]] : le réalisateur de l'équipe de télévision
* William Upton <small>(VF : [[Roger Lumont]])</small> : Spotter
* Kerry Rossall <small>(VF : ''Antoine Doignon'')</small> : Mike
* [[Francis Ford Coppola]] : le réalisateur de l'équipe de télévision <small>([[caméo]])</small>


=== Distribution ''Redux'' et ''Final Cut'' ===
== Distinctions ==
* [[Christian Marquand]] <small>(VF : ''[[Joël Zaffarano]]'')</small> : Hubert de Marais, le propriétaire de la plantation française
=== Récompenses ===
* [[Aurore Clément]] <small>(VF : ''[[Aurore Clément|elle-même]]'')</small> : Roxanne Sarraut de Marais
* [[Festival de Cannes 1979]] :
* Michel Pitton <small>(VF : ''Jean-Michel Farcy'')</small> : Philippe de Marais
** [[Palme d'or]]
* [[Franck Villard]] : Gaston de Marais
** [[Prix FIPRESCI du Festival de Cannes|Prix FIPRESCI de la critique internationale]]
* David Olivier <small>(VF : ''[[Vincent Ropion]]'')</small> : Christian de Marais
* [[52e cérémonie des Oscars|Oscars 1980]] :
* Chrystel Le Pelletier : Claudine
** [[Oscar de la meilleure photographie|Meilleure photographie]] : [[Vittorio Storaro]]
* Yvon LeSeaux <small>(VF : ''[[Patrick Poivey]]'')</small> : le sergent Le Fevre
** [[Oscar du meilleur son|Meilleur son]] : [[Walter Murch]], [[Mark Berger]], [[Richard Beggs]], [[Nathan Boxer]]
* Robert Julien : le professeur français
* [[American Movie Awards]] [[1980 au cinéma|1980]] : meilleur acteur dans un second rôle pour [[Robert Duvall]]
* [[British Academy Film Award du meilleur acteur dans un rôle secondaire|BAFTA du meilleur second rôle masculin]] pour [[Robert Duvall]]
* [[Prix David di Donatello]] du meilleur film étranger pour [[Francis Ford Coppola]]
* [[Golden Globes|Golden Globes 1980]]
** [[Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle|Meilleur acteur dans un second rôle]] pour [[Robert Duvall]]
** [[Golden Globe du meilleur réalisateur|Meilleur réalisateur]] pour [[Francis Ford Coppola]]
* [[Goldene Leinwand]]
* [[National Society of Film Critics|NSFC Awards]] : meilleur second rôle masculin pour [[Frederic Forrest]]
* [[Prix du Cercle des critiques de film de Londres]] [[1981 au cinéma|1981]] : Film de l'année
* Le film a été sélectionné par le ''National Film Preservation Board'' pour figurer dans le ''[[National Film Registry]]'' en [[2000]].

=== Nominations ===
* [[César du meilleur film étranger]] [[5e cérémonie des César|1980]]
* [[52e cérémonie des Oscars|Oscars 1980]] :
** [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]
** [[Oscar du meilleur réalisateur|meilleur réalisateur]]
** [[Oscar du meilleur acteur dans un second rôle|meilleur acteur dans un second rôle]] pour [[Robert Duvall]]
** [[Oscar du meilleur scénario adapté|meilleur scénario adapté]]
** [[Oscar des meilleurs décors|meilleurs décors]]
** [[Oscar du meilleur montage|meilleur montage]]


== Production ==
== Production ==
=== Pré-production ===
=== Genèse et développement ===
''Apocalypse Now'' est une [[adaptation cinématographique|adaptation]] libre du [[roman court]] de [[Joseph Conrad]], ''[[Au cœur des ténèbres]]'' (''{{Lang|en|Heart of Darkness}}''), parue en [[1899]]. [[Orson Welles]] avait tenté d'en faire une adaptation en 1939, dans laquelle il devait interpréter [[Kurtz (personnage)|Kurtz]]. Mais aucun studio ne voulut financer ce projet<ref name="making-of" />.
[[George Lucas]], associé de Coppola au sein de la jeune société de production [[American Zoetrope]] est d'abord pressenti pour réaliser le film, mais des divergences artistiques entre les deux hommes le conduisent à se consacrer entièrement au premier épisode de la saga ''[[Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir|Star Wars]]''. Le titre initial du film en 1972, trouvé par [[John Milius]], était « {{Langue|en|texte=The Psychedelic Soldier}} ». Finalement, après trois années de travail et une dizaine de versions, Milius et Coppola accouchent d'un manuscrit de {{formatnum:1000}} pages avec pour titre « Apocalypse Now » inspiré du slogan « Nirvana Now » inscrit sur les badges des hippies{{sfn|Cowie|1990|loc= p.3}}.


En 1969, [[George Lucas]] et [[Francis Ford Coppola]] fondent la société de production [[American Zoetrope]], avec comme ambition de produire des films indépendants d'[[Hollywood]]. L'un des premiers projets développés est une adaptation de ''[[Au cœur des ténèbres]]'' mais transposée dans le contexte de la [[guerre du Viêt Nam]], qui dure alors depuis 1955 et divise l'Amérique<ref name="making-of" />.
Le montage financier est difficile et finalement fixé à 16 millions de dollars en 1976, tout dépassement incombant au producteur. Pour qu'American Zoetrope puisse produire son film, Coppola a l'idée d'adapter les deux premiers ''[[Le Parrain (films)|Parrain]]'' sous forme de [[Le Parrain (mini-série)|mini-série]] pour la télévision, pensant qu'elle ferait une bonne audience sur le petit écran permettant ainsi de se refaire financièrement{{sfn|Cowie|1990|loc= p.4}}.


George Lucas est d'abord pressenti pour réaliser le film, d'après un scénario de [[John Milius]]. Très motivé, ce dernier évoque un tournage sur le front au Viêt Nam, avec des caméras [[Format 16 mm|16 mm]]. Mais [[Warner Bros.]], craignant pour la sécurité, annule tout, et aucun autre studio ne veut y participer. Les studios sont par ailleurs réticents à l'idée de faire un film sur cette guerre très décriée aux États-Unis<ref name="making-of" />. Le projet est alors mis de côté. George Lucas se consacre entièrement au premier film de la saga ''[[Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir|Star Wars]]'' et Francis Ford Coppola tourne les deux premiers volets de la saga du ''[[Le Parrain (films)|Parrain]]''<ref name="making-of" />.
=== Tournage ===
La famille Coppola embarque le {{1er}} mars 1976 pour [[Manille]], [[Philippines]], louant une grande maison sur place car le tournage est prévu pour durer cinq mois. Le tournage débute le {{date-|20 mars}}{{sfn|Cowie|1990|loc= p.122}}.


Après le succès critique et commercial de ces films, Francis Ford Coppola décide en 1975 de relancer le projet. Initialement intitulé ''{{Langue|en|texte=The Psychedelic Soldier}}'' par [[John Milius]], le film est rebaptisé ''Apocalypse Now'', d'après le slogan {{citation étrangère|langue=en|Nirvana Now}} inscrit sur les badges de [[hippie]]s. Le scénario de John Milius et Francis Ford Coppola, dont l'écriture s'est étalée sur plusieurs années, est un manuscrit de {{formatnum:1000}} pages{{sfn|Cowie|1990|loc= p.3}}.
Le tournage est particulièrement éprouvant. Après avoir tenté de confier le rôle de Willard à différents acteurs, [[James Caan]], [[Jack Nicholson]], [[Steve McQueen]], [[Al Pacino]], [[Dustin Hoffman]] et [[Robert De Niro]], Coppola choisit [[Harvey Keitel]] et tourne les premières scènes avec lui. À la vision de premiers rushs au bout de trois semaines de tournage, mécontent de l'acteur, il décide finalement de le remplacer au pied levé par [[Martin Sheen]], qui fait un [[infarctus]] le 5 mars 1977, ne pouvant revenir sur le plateau que le 19 avril. Durant cette période son frère [[Joe Estevez|Joseph]] le double pour les scènes qui ne réclament pas de gros plan{{sfn|Cowie|1990|loc= p.125}}. Les conditions du tournage sont extrêmement difficiles et le plateau dans la jungle est ravagé par le [[Cyclone|typhon]] Olga le 26 mai 1976, si bien que le 8 juin, la production est interrompue pour six semaines{{sfn|Cowie|1990|loc= p.123}}. Les hélicoptères, prêtés par l'armée des Philippines, doivent être peints le matin aux couleurs de ceux de l'armée américaine, puis repeints le soir dans leurs couleurs officielles. Finalement, le tournage se termine le 21 mai 1977, après 238 jours. Le budget, qui était initialement de 13 millions de dollars, passe à {{unité|30|millions}}. Le succès du film, et en particulier sa [[Palme d'or]] au [[festival de Cannes 1979]] (partagée avec le film allemand ''[[Le Tambour (film) |Le Tambour]]''), sauve Coppola du désastre financier auquel il était voué. En effet, Coppola a dû investir sa fortune personnelle dans cette aventure en hypothéquant tous ses biens. Il a été décrit par de nombreux témoins comme de plus en plus [[Mégalomanie|mégalomane]] et paranoïaque au fur et à mesure du tournage, fumant de la [[marijuana]] et ayant perdu plus de 40 kilos{{sfn|Cowie|1990|loc= p.147}}.


Le montage financier est difficile et finalement fixé à seize millions de dollars en 1976, tout dépassement incombant au producteur-réalisateur. Pour qu'American Zoetrope puisse produire son film, Francis Ford Coppola a l'idée d'adapter les deux premiers ''[[Le Parrain (films)|Parrain]]'' sous la forme d'une [[Le Parrain (mini-série)|mini-série]] pour la télévision, pensant qu'elle y trouverait une bonne audience et lui permettrait de se refaire financièrement{{sfn|Cowie|1990|loc= p.4}}. En outre, il n'hésite pas à investir son propre argent et à hypothéquer ses biens<ref name="making-of" />.
{{Refnec|La scène de l'attaque des hélicoptères sur fond de la ''Chevauchée des Walkyries'' semble être inspirée d'une séquence de ''[[Die Deutsche Wochenschau]]'' portant sur la [[bataille de Crète]] où sont montrés attaques de bombardiers et largages de parachutistes}}<ref>{{Extrait vidéo | langue=de | titre=Bataille de Crète | série =Die Deutsche Wochenschau | année=1941 | mois=05 | jour=30 | passage=de 2 min 50 à 5 min 40 | présentation en ligne=https://www.dailymotion.com/video/x3ebo3_bataille-de-crete-1-die-deutsche-wo_news | commentaire= }}</ref>.


=== Attribution des rôles ===
Les affiches du film et la typographie du titre sont de [[Bob Peak]].
Durant le tournage du film, outre son épouse, les trois enfants du réalisateur sont présents, en particulier [[Sofia Coppola|Sofia]] (la future cinéaste) ; [[Gian-Carlo Coppola|Gian-Carlo]] (décédé en [[1986]]) et [[Roman Coppola|Roman]] apparaissent dans la scène du dîner avec les Français.


Francis Ford Coppola fait un [[caméo]] dans le film : il apparaît dirigeant une équipe de télévision lors du débarquement, incitant les soldats à ne pas regarder la caméra et à continuer d'avancer. [[Laurence Fishburne]] mentit sur son âge pour participer au film. Il n'a alors que quatorze ans au début du tournage, en {{date-|mars 1976}}, alors qu'il devait en paraître 17.
=== Distribution ===
Durant le tournage du film, outre son épouse, les trois enfants du réalisateur sont présents, en particulier [[Sofia Coppola|Sofia]] (la future cinéaste) ; Giancarlo (décédé en [[1986]]) et Roman apparaissent dans la scène du dîner avec les Français.


Francis Ford Coppola offre aux acteurs d'exprimer ce que feraient leurs personnages, lors de la scène où leur bateau croise un sampan suspect. Le tournage de celle-ci est improvisé par les acteurs, qui choisissent, toujours en accord avec le metteur en scène, de la voir culminer en massacre.
Coppola fait un [[caméo]] dans le film : il apparaît dirigeant une équipe de télévision lors du débarquement, incitant les soldats à ne pas regarder la caméra et à continuer d'avancer. [[Laurence Fishburne]] mentit sur son âge pour participer au film. Il n'a alors que 14 ans au début du tournage, en mars 1976, alors qu'il devait en paraître 17.


Bien qu'il n'ait pas plus de dix minutes de scènes dans le film, et bien que souvent doublé à cause de son excès de poids ({{unité|95|kg}})<ref>Débarquant à Manille le 31 août 1976, le crâne rasé, Brando fut payé un million de dollars par semaine. Si de multiples histoires circulent sur le fait que Marlon Brando serait arrivé sur le tournage sans avoir pris la peine de lire le court roman de Conrad ou le script, les travaux de ses biographes ont montré qu'il avait pourtant plusieurs éditions du livre dans sa bibliothèque personnelle, qu'il avait lu et annoté plusieurs autres ouvrages en renfort et qu'il avait fait de nombreuses suggestions retenues par Coppola concernant ses choix d'interprétation. Les accusations portées par Coppola contre Brando lui auraient surtout servi après coup à trouver un [[bouc-émissaire]], peu populaire à Hollywood à la suite du scandale lié à son refus de l'Oscar du meilleur acteur 1972, pour les difficultés rencontrées pendant le tournage. {{Lien web|nom1=Susan L. Mizruchi|titre=Brando v. Coppola: Debunking the Myth of ''Apocalypse Now''|url=https://www.huffpost.com/entry/brando-v-coppola-debunkin_b_5587675|site=HuffPost|date=2015-07-15|consulté le=2022-07-21}}.</ref>{{,}}{{sfn|Cowie|1990|loc= p.124}}, [[Marlon Brando]] est crédité en premier au générique, avant [[Martin Sheen]] qui, pourtant acteur principal du film, est en troisième place après Robert Duvall.
[[Martin Sheen]] ayant eu trois semaines d'arrêt de travail à la suite de son infarctus, [[Francis Ford Coppola]] se contente de filmer des plans larges et de derrière de Willard avec le propre frère de Martin comme doublure. [[Steven Spielberg]] utilisera plus tard ce même procédé sur le tournage d'''[[Indiana Jones et le Temple maudit]]'' lorsqu'une hernie discale affectera [[Harrison Ford]].


Pour la séquence de la plantation française (coupée puis rajoutée dans la version ''Redux''), {{référence nécessaire|[[Lino Ventura]], pressenti pour le rôle d'Hubert de Marais, déclina la proposition, estimant que ce rôle n'était pas fait pour lui|date=21 mars 2020}}. Mais surtout, Lino Ventura refusa de partir en voyage dans un pays très lointain, les [[Philippines]]. En effet, le comédien détestait prendre l'avion et préférait prendre le train, un choix impossible pour le tournage de ce film.
Coppola offre aux acteurs d'exprimer ce que feraient leurs personnages, lors de la scène où leur bateau croise un sampan suspect. Le tournage de celle-ci est improvisé par les acteurs, qui choisissent, toujours en accord avec le metteur en scène, de la voir culminer en massacre.
Bien qu'il n'ait pas plus de dix minutes de scènes dans le film, et bien que souvent doublé à cause de son excès de poids ({{unité|120|kg}})<ref>Débarquant à Manille le 31 août 1976, Brando fut payé un million de dollars par semaine alors qu'il ne connaissait pas son texte (il improvisera à de nombreuses reprises) et n'était disponible que trois semaines. Devant jouer un officier des forces spéciales surentraîné dans un costume de militaire, Brando se proposa de lui raser la tête et Coppola l'habilla d'une ample chemise noire, le filmant en gros plan et en clair obscur.</ref>{{,}}{{sfn|Cowie|1990|loc= p.124}}, [[Marlon Brando]] est crédité en premier au générique, bien avant [[Martin Sheen]], pourtant acteur principal du film.


=== Tournage ===
Pour la séquence de la plantation française, {{refnec|[[Lino Ventura]] pressenti pour le rôle d'Hubert de Marais, décline la proposition estimant que ce rôle n'est pas fait pour lui}}. Mais surtout, Lino Ventura refusa de partir pour un voyage en un pays très lointain, les Philippines. De plus, ce comédien détestait prendre l'avion, et préférait prendre le train, une situation impossible pour ce film.
[[Fichier:Aurore et Dean Philippines.jpg|vignette|L'actrice [[Aurore Clément]] et le chef décorateur [[Dean Tavoularis]] dans les décors du film.]]
La famille Coppola embarque le {{date-|1 mars 1976}} pour [[Manille]], aux [[Philippines]], louant une grande maison sur place car le tournage est prévu pour durer cinq mois. Le tournage débute le {{date-|20 mars}}{{sfn|Cowie|1990|loc= p.122}}.


Le tournage est particulièrement éprouvant. Après avoir tenté de confier le rôle de Willard à différents acteurs {{incise|[[James Caan]], [[Jack Nicholson]], [[Steve McQueen]], [[Al Pacino]], [[Dustin Hoffman]] et [[Robert De Niro]]}}, Francis Ford Coppola choisit [[Harvey Keitel]] et tourne les premières scènes avec lui. À la vision des premières épreuves au bout de deux semaines de tournage, mécontent de l'acteur, il décide finalement de le remplacer au pied levé par [[Martin Sheen]]. Ce dernier fait un [[infarctus]] le {{date-|5 mars 1977}}, ne pouvant revenir sur le plateau que le {{date-|19 avril}}. Durant cette période, son frère [[Joe Estevez|Joseph]] le double pour les scènes qui ne réclament pas de gros plan{{sfn|Cowie|1990|loc= p.125}}. Les conditions du tournage sont extrêmement difficiles et le plateau dans la jungle est ravagé par le [[Cyclone tropical|typhon]] Olga, le {{date-|26 mai 1976}}, si bien que le {{date-|8 juin}}, la production est interrompue pour six semaines{{sfn|Cowie|1990|loc= p.123}}. Les hélicoptères, prêtés par l'armée des Philippines, doivent être peints le matin aux couleurs de ceux de l'armée américaine, puis repeints le soir dans leurs couleurs officielles. Francis Ford Coppola, qui comptait beaucoup sur l'arrivée de Marlon Brando pour fournir un liant au film, doit déchanter quand l'acteur arrive sur le tournage en surpoids d'environ 15 kg, alors que le personnage de Kurtz est censé être émacié et mourant. Si Coppola a soutenu que Brando n'avait même pas pris la peine de lire le roman d'origine de [[Joseph Conrad]], ''[[Au cœur des ténèbres]]'' pour préparer le rôle, ces affirmations ont été démenties par les travaux des biographes de Brando.
=== Bande originale ===
Outre les compositions originales de [[Carmine Coppola|Carmine]] et [[Francis Ford Coppola]], la bande originale comprend plusieurs morceaux de l'époque, dont [[The End (chanson des Doors)|''The End'']], des [[The Doors|Doors]] (principalement dans les séquences d'ouverture et de fin), [[(I Can't Get No) Satisfaction|''Satisfaction'']], des [[The Rolling Stones|Rolling Stones]], ''[[Susie Q]]'', de [[Dale Hawkins]] (interprétée ici par [[Flash Cadillac and the Continental Kids]]), mais aussi la « [[chevauchée des Walkyries]] », de [[Richard Wagner]], associée à un vol d’hélicoptères illustrant la folie guerrière du lieutenant-colonel Kilgore.


[[Martin Sheen]] ayant eu trois semaines d'arrêt de travail à la suite de son infarctus, [[Francis Ford Coppola]] se contente de filmer des plans larges et de derrière de Willard avec le propre frère de Martin comme doublure. [[Steven Spielberg]] utilisera, plus tard, ce même procédé sur le tournage d'''[[Indiana Jones et le Temple maudit]]'' lorsqu'une hernie discale affectera [[Harrison Ford]].
Les compositeurs [[Isao Tomita]] et [[David Shire]] ont également travaillé sur le film avant Carmine et Francis Ford Coppola. Tomita est allé jusqu’à accompagner l'équipe de tournage aux Philippines, mais un différend entre les labels a finalement empêché son implication<ref>{{Lien web|nom1=Red Bull Music Academy|titre=Isao Tomita (RBMA Tokyo 2014 Lecture)|url=https://www.youtube.com/watch?v=jj1igvo_WnQ&t=2840s|date=2014-11-13|consulté le=2017-12-12}}</ref>. [[David Shire]] a lui composé une bande originale de 20 titres, instrumenté en grande partie à l'aide de synthétiseur [[Moog]], elle n'a pas été retenue mais une version CD est sortie en décembre 2017<ref>{{Lien web|titre=film music {{!}} movie music{{!}} film score {{!}} DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW – THE UNUSED SCORE: LIMITED EDITION|url=http://www.lalalandrecords.com/Site/ApocalypseNowDS.html|site=www.lalalandrecords.com|consulté le=2017-12-12}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|nom1=Brigden|prénom1=Charlie|titre=UNEARTHING DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW|url=https://medium.com/@filmsonwax/unearthing-david-shires-apocalypse-now-ca7f0971567c|site=Charlie Brigden|date=2017-12-04|consulté le=2017-12-12}}</ref>.


Finalement, le tournage se termine le {{date-|21 mai 1977}}, après {{nobr|427 jours}} dont 238 de tournage effectif. Le budget, initialement de treize millions de dollars, passe à {{unité|30|millions}} en raison de tous ces retards et imprévus. Le tournage est très éprouvant pour toute l'équipe. Francis Ford Coppola a été décrit par de nombreux témoins comme de plus en plus [[Mégalomanie|mégalomane]] et paranoïaque au fur et à mesure du tournage, fumant de la [[Cannabis (drogue)|marijuana]] et ayant perdu plus de 40 kilos{{sfn|Cowie|1990|loc= p.147}}.
==== LP de 1979 ====

L'épique et long tournage du film est relaté dans le documentaire ''[[Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène]]'' (1991) de Fax Bahr et [[George Hickenlooper]], principalement constitué d'images d'archives tournées par [[Eleanor Coppola]] durant le tournage. L'épouse du réalisateur voulait initialement tourner un ''[[making-of]]'' promotionnel pour [[United Artists]], le distributeur du film. Elle décida ensuite de filmer tous les incidents du plateau et enregistra, parfois à son insu, des conversations avec son mari, en proie aux doutes<ref name="making-of">Voir ''[[Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène]]'' (''Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse'') - 1991</ref>. Comme expliqué dans ce documentaire, le tournage du film sera le sujet de nombreux articles dans la presse américaine, présentant le réalisateur comme un homme fou et dépensier<ref name="making-of" />.

== Bande originale ==
Outre les compositions originales de [[Carmine Coppola|Carmine]] et [[Francis Ford Coppola]], la bande originale comprend plusieurs morceaux de l'époque, dont [[The End (chanson des Doors)|''The End'']] des [[The Doors|Doors]] (pour la séquence d'ouverture), [[(I Can't Get No) Satisfaction|''Satisfaction'']] des [[The Rolling Stones|Rolling Stones]], ''[[Susie Q]]'' de [[Dale Hawkins]] (interprétée, ici, par [[Flash Cadillac and the Continental Kids]]), mais aussi la célèbre [[chevauchée des Walkyries]] de [[Richard Wagner]] associée à un vol d’hélicoptères qui illustre la folie guerrière du lieutenant-colonel Kilgore.

Les compositeurs [[Isao Tomita]] et [[David Shire]] (beau-frère du réalisateur par son mariage avec [[Talia Shire]]) ont également travaillé sur le film avant Carmine et Francis Ford Coppola. Tomita est allé jusqu’à accompagner l'équipe de tournage aux Philippines, mais un différend entre les labels a finalement empêché son implication<ref>{{Lien web|nom1=Red Bull Music Academy|titre=Isao Tomita (RBMA Tokyo 2014 Lecture)|url=https://www.youtube.com/watch?v=jj1igvo_WnQ&t=2840s|date=2014-11-13|consulté le=2017-12-12}}.</ref>. David Shire a composé une bande originale de vingt titres, instrumentée en grande partie à l'aide d'un synthétiseur [[Moog]]. Elle n'a pas été retenue, mais une version CD est sortie en {{date-|décembre 2017}}<ref>{{Lien web|titre=film music {{!}} movie music{{!}} film score {{!}} DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW – THE UNUSED SCORE: LIMITED EDITION|url=http://www.lalalandrecords.com/Site/ApocalypseNowDS.html|site=www.lalalandrecords.com|consulté le=2017-12-12|brisé le = 2023-10-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|nom1=Brigden|prénom1=Charlie|titre=UNEARTHING DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW|url=https://medium.com/@filmsonwax/unearthing-david-shires-apocalypse-now-ca7f0971567c|site=Charlie Brigden|date=2017-12-04|consulté le=2017-12-12}}.</ref>.

=== LP de 1979 ===
{{Infobox Musique (œuvre)
{{Infobox Musique (œuvre)
| charte = bande originale
| charte = bande originale
Ligne 148 : Ligne 147 :
| producteur = [[David Rubinson]]
| producteur = [[David Rubinson]]
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| label = [[Elektra Records]]
| sortie = [[1979 en musique|1979]]
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}}
}}
# ''The End'' (4:15)
# ''The End'' (4 min 15 s)
# ''Saigon (Narration & Dialogue)'' (1:38)
# ''Saigon (narration & dialogue)'' (1 min 38 s)
# ''The End - Part 2'' (1:37)
# ''The End - part 2'' (1 min 37 s)
# ''Terminate (Narration & Dialogue)'' (5:44)
# ''Terminate (narration & dialogue)'' (5 min 44 s)
# ''The Delta'' (2:38)
# ''The Delta'' (2 min 38 s)
# ''P.B.R. (Narration & Dialogue)'' (2:02)
# ''P.B.R. (narration & dialogue)'' (2 min 02 s)
# ''Dossier #1'' (1:51)
# ''Dossier 1'' (1 min 51 s)
# ''Colonel Kilgore (Narration & Dialogue)'' (5:43)
# ''Colonel Kilgore (narration & dialogue)'' (5 min 43 s)
# ''Orange Light'' (2:15)
# ''Orange Light'' (2 min 15 s)
# ''The Ride of the Valkyries'' (2:00)
# ''The Ride of the Valkyries'' (2 min 00 s)
# ''Napalm in the morning (Dialogue)'' (0:55)
# ''Napalm in the Morning (dialogue)'' (0 min 55 s)
# ''Pre Tiger'' (4:50)
# ''Pre-Tiger'' (4 min 50 s)
# ''Dossier #2'' (3:30)
# ''Dossier °2'' (3 min 30 s)
# ''Suzie Q'' (4:26)
# ''Suzie Q'' (4 min 26 s)
# ''Dossier #3'' (3:09)
# ''Dossier °3'' (3 min 09 s)
# ''75 Kucks (Dialogue)'' (1:09)
# ''75 Kucks (dialogue)'' (1 min 09 s)
# ''The Nung River'' (3:10)
# ''The Nung River'' (3 min 10 s)
# ''Do Lung Bridge'' (9:37)
# ''Do Lung Bridge'' (9 min 37 s)
# ''Letters from Home'' (2:39)
# ''Letters from H\home'' (2 min 39 s)
# ''Clean's Death'' (3:10)
# ''Clean's Death'' (3 min 10 s)
# ''Chief's Death / Strange Voyage'' (6:47)
# ''Chief's Death / Strange Voyage'' (6 min 47 s)
# ''Strange Voyage'' (4:16)
# ''Strange Voyage'' (4 min 16 s)
# ''Kurtz' Compound (Dialogue)'' (2:18)
# ''Kurtz' Compound (dialogue)'' (2 min 18 s)
# ''Willard's Capture'' (1:18)
# ''Willard's capture'' (1 min 18 s)
# ''Errand Boy (Dialogue)'' (2:04)
# ''Errand Boy (dialogue)'' (2 min 04 s)
# ''Chef's Head'' (2:04)
# ''Chef's Head'' (2 min 04 s)
# ''The Hollow Men'' (1:09)
# ''The Hollow Men'' (1 min 09 s)
# ''Horror (Dialogue)'' (5:42)
# ''Horror (dialogue)'' (5 min 42 s)
# ''Even the Jungle wanted him dead (Dialogue)'' (1:01)
# ''Even the Jungle Wanted Him Dead (dialogue)'' (1 min 01 s)
# ''The End'' (3:14)
# ''The End'' (3 min 14 s)


==== Édition ''Redux'' de 2000 ====
=== Édition ''Redux'' ===
# ''The End (Edit version from the film)'' (6:29)
# ''The End (Edit version from the film)'' (6 min 29 s)
# ''The Delta'' (2:48)
# ''The Delta'' (2 min 48 s)
# ''Dossier'' (2:17)
# ''Dossier'' (2 min 17 s)
# ''Orange Light'' (1:13)
# ''Orange Light'' (1 min 13 s)
# ''Ride of the Valkyries'' (1:49)
# ''Ride of the Valkyries'' (1 min 49 s)
# ''Suzie Q'' (3:13)
# ''Suzie Q'' (3 min 13 s)
# ''Nung River'' (2:53)
# ''Nung River'' (2 min 53 s)
# ''Do Lung'' (4:08)
# ''Do Lung'' (4 min 08 s)
# ''Letters from home'' (1:17)
# ''Letters from Home'' (1 min 17 s)
# ''Clean's Death (feat. M. Hart)'' (2:02)
# ''Clean's Death (feat. M. Hart)'' (2 min 02 s)
# ''Chief's Death'' (1:55)
# ''Chief's Death'' (1 min 55 s)
# ''Voyage'' (3:08)
# ''Voyage'' (3 min 08 s)
# ''Chef's Head'' (1:58)
# ''Chef's Head'' (1 min 58 s)
# ''Kurtz Chorale'' (1:29)
# ''Kurtz Chorale'' (1 min 29 s)
# ''Finale'' (6:06)
# ''Finale'' (6 min 06 s)


== Accueil ==
== Accueil ==
=== Accueil critique ===
''Apocalypse Now'' est projeté pour la première fois au [[festival de Cannes 1979]] en version de travail, inachevée<ref>{{Lien web |titre=« Apocalypse Now » : le coup d'éclat cannois de Francis Ford Coppola |url=https://www.lepoint.fr/culture/apocalypse-now-le-coup-d-eclat-cannois-de-francis-ford-coppola-26-08-2019-2331608_3.php |site=lepoint.fr |date=26/08/2019 |consulté le=25/05/2022}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=« Apocalypse Now » : le film que détestait Françoise Sagan |url=https://www.lepoint.fr/culture/apocalypse-now-le-film-que-detestait-francoise-sagan-27-08-2019-2331823_3.php |site=lepoint.fr |date=27/08/2019 |consulté le=25/05/2022}}.</ref>. Il y reçoit la [[Palme d'or]], qu'il partage avec ''[[Le Tambour (film)|Le Tambour]]'' (''Die Blechtrommel''), de [[Volker Schlöndorff]]. À Cannes, Francis Ford Coppola déclare en conférence de presse : {{citation|''Apocalypse Now'' n'est pas un film sur le Viêt Nam, c'est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé ''Apocalypse Now'' ressemble à ce qu'étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et, petit à petit, nous sommes devenus fous<ref name="making-of" />.}}

À sa sortie, Christian Zimmer, dans ''[[Le Monde diplomatique]]'', relativisa la vigueur protestataire que le reste de la presse perçut dans le film : {{cita|Que dénonce Coppola ? Les crimes américains au Vietnam ? Allons donc ! Veut-il nous faire croire qu’on a poursuivi un officier pour le meurtre de quatre agents doubles, alors qu’il existait un plan du Pentagone, le plan Phénix, destiné à l’élimination de tous les cadres nord-vietnamiens ? […] La vérité, c’est qu’''Apocalypse Now'' n’est pas un film sur le Vietnam. Ou, plus exactement, si c’est bien un film de l’après-Watergate, de la moralisation cartériste et de la mauvaise conscience, ce n’est pas un film politique. Le Vietnam dont il s’agit ici est un Vietnam intérieur, mythique. Ce qui explique sans doute que le Vietnamien lui-même y soit physiquement si peu présent<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Christian |nom=Zimmer |titre=« Apocalypse Now » ou la faillite de l'histoire |url=https://www.monde-diplomatique.fr/1979/11/ZIMMER/35317 |site=Le Monde diplomatique |date=1979-11-01 |consulté le=2021-04-03}}.</ref>.}}

=== Box-office ===
=== Box-office ===
{| class="wikitable right" style="text-align:center; font-size:79%;"
* [[États-Unis]] : {{formatnum:78000000}} [[dollar américain|$]]
|+Récapitulatif du box-office
* [[France]] : {{formatnum:4537431}} entrées
! Pays
! Box-office<br/>(1979)
! Box-office<br/>(1987)
! Box-office<br/>(2001-03)
! Box-office<br/>(2008-11)
! Box-office<br/>(2019-20)
! Total
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|{{USA}}
|{{Unité|78784010|$}}||{{Unité|61211|$}}||{{Unité|4626290|$}}||colspan="2"|<small>N/A</small>||'''{{Unité|83471511|$}}'''
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|{{France}}
|{{Unité|4537867|entrées}}||<small>N/A</small>||{{Unité|162175|entrées}}||<small>N/A</small>||{{Unité|31458|entrées}}||'''{{Unité|4731500|entrées}}'''
|-
|{{Mondial}}
|{{Unité|150000000|$}}||<small>N/A</small>||{{Unité|12564582|$}}||{{Unité|95586|$}}||{{Unité|481060|$}}||'''{{Unité|163141228|$}}'''
|-
|}
''Apocalypse Now'' sort dans les salles [[États-Unis|américaines]] le {{date-|15 août 1979}}, où il est d'abord distribué dans trois salles à New York, Toronto et Hollywood, rapportant {{Unité|322489|$}} les cinq premiers jours<ref name="BOMojo">{{Lien web|url=https://www.boxofficemojo.com/title/tt0078788/?ref_=bo_rl_ti|titre=''Apocalypse Now'' (1979)|site=[[Box Office Mojo]]|éditeur=[[IMDb|IMDbpro]]|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Finalement, le film parvient à fonctionner au box-office avec {{Unité|78784010|$}}<ref name="BOMojo"/>{{,}}{{Sfn|Cowie|1990|p=130}}. À l'international, le long-métrage rapporte plus de {{Unité|71215000|$}}, portant le total à {{Unité|150000000|$}} de recettes mondiales{{Sfn|Cowie|1990|p=132}}. En France, sorti le {{date-|25 septembre 1979}}, le film prend directement la première place du box-office avec {{Unité|624548|entrées}}, soit un total de {{Unité|627654|entrées}} en prenant en compte les avant-premières<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-hebdos-france-1979-c30739332/15|titre=BO Hebdo - 2 octobre 1979|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=31 juillet 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Il occupe la tête du box-office français la semaine suivante avec {{Unité|507313|entrées}}, pour un cumul de {{Unité|1134967|entrées}}<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-hebdos-france-1979-c30739332/14|titre=BO Hebdo - 9 octobre 1979|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date={{1er}} août 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref> avant d'être délogé en troisième semaine par ''[[Moonraker (film)|Moonraker]]'', le rétrogradant à la seconde place (qu'il occupera la semaine suivante), mais en ayant enregistré {{Unité|377135|entrées}} durant cette période, pour un total de {{Unité|1512102|entrées}}<ref name="ekablog c30739332">{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-hebdos-france-1979-c30739332/13|titre=BO Hebdo - 16 octobre 1979|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=2 août 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. ''Apocalypse Now'' atteint les {{Unité|2000000|entrées}} en cinquième semaine<ref name="ekablog c30739332" />. Malgré une fréquentation en baisse, le film s'approche des {{Unité|3000000|entrées}} ({{Unité|2989428|entrées}}) en quatorzième semaine durant les fêtes de fin d'année<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-hebdos-france-1979-c30739332/2|titre=BO France - 31 décembre 1979|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=13 août 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Le cumul enregistré depuis sa sortie lui vaut d'être classé à la quatrième place du box-office lors de sa première année d'exploitation<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-annuels-70-s-c30212040/02|titre=BO Annuel 1979|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=13 août 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Le film atteint le cap des {{Unité|3000000|entrées}} la semaine du {{date-|1 janvier 1980}}<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-hebdos-france-1980-c30838196/53|titre=BO Hebdo - 8 janvier 1980|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=14 août 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Il quitte le top 30 hebdomadaire après la dix-septième semaine de présence. Le film a enregistré {{Unité|374140|entrées}} supplémentaires en 1980<ref>{{Lien web|url=http://archives-box-office.eklablog.com/bo-annuels-80-s-c30996584/2|titre=BO Annuel 1980|site=Les Archives du Box-Office|auteur=Fabrice BO|date=4 octobre 2019|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>, permettant d'obtenir un total de {{Unité|3363568|entrées}}. Au gré des ressorties au fil des années, ''Apocalypse Now'' totalise {{Unité|4537867|entrées}}<ref name="BOJp">{{Lien web|url=http://jpbox-office.com/fichfilm.php?id=7617|titre=''Apocalypse Now'' (1979)|site=JPBox-office|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Le film ressort une première fois en {{date-|août 1987}} sur le territoire américain pour capitaliser sur le succès d'autres films de guerre au Viet Nam, ''[[Platoon]]'' (1986) d'[[Oliver Stone]] et ''[[Full Metal Jacket]]'' (1987) de [[Stanley Kubrick]] et engrange {{Unité|61211|$}}<ref name="BOMojo"/>, portant le cumul à {{Unité|78845221|$}} avec la première exploitation.


La version ''Redux'' sort d'abord dans les salles françaises en mai 2001 dans vingt-neuf salles et totalise {{Unité|162175|entrées}}<ref>{{Lien web|url=http://jpbox-office.com/fichfilm.php?id=11527|titre=''Apocalypse Now (Redux)''|site=JPBox-office|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref> avant d'être distribuée aux États-Unis dans 105 salles et de rapporter {{Unité|4626290|$}} de recettes<ref name="Redux">{{Lien web|langue=en|url=https://www.boxofficemojo.com/release/rl1833076225|titre=''Apocalypse Now (Redux)''|site=Box Office Mojo|éditeur=IMDbpro|consulté le=23 juillet 2020}}.</ref>. Les deux versions ont permis de rapporter {{Unité|83471511|$}} de recettes américaines<ref name="BOMojo"/> et totaliser {{Unité|4700042|entrées}} en France. À l'international, la version ''Redux'' totalise {{Unité|7916979|$}} de recettes, pour {{Unité|12543269|$}} de recettes mondiales<ref name="Redux"/>.
=== Réception critique ===
''Apocalypse Now'' est projeté pour la première fois au [[Festival de Cannes 1979|Festival de Cannes de 1979]] en tant que ''[[work in progress]]''. Il reçoit la [[Palme d'or]] qu'il partage avec ''[[Le Tambour (film)|Le Tambour]]'' (''Die Blechtrommel'') de [[Volker Schlöndorff]]. Au sujet du film, Coppola déclare : {{citation|''Apocalypse Now'' n'est pas un film sur le Viêt Nam, c'est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé ''Apocalypse Now'' ressemble à ce qu'étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et petit à petit, nous sommes devenus fous}}<ref>Francis Ford Coppola, Festival de Cannes, mai 1979</ref>{{référence insuffisante}}.


''Apocalypse Now'' connaît de nombreuses reprises en salles ({{Unité|21313|$}} en République tchèque à l'occasion du FabioFest en 2003, {{Unité|3663|$}} pour la version ''Redux'' en Turquie en 2008, {{Unité|91923|$}} pour la même version en Corée du Sud et au Royaume-Uni en 2011, {{Unité|288823|$}} pour la ressortie en 2019 dans quatre pays, {{Unité|105115|$}} en Italie en 2019 pour la version originale et {{Unité|87122|$}} dans deux pays également pour la version originale entre décembre et {{date-|février 2020}})<ref name="BOMojo"/>. La version ''Final Cut'' a été vue par {{Unité|31458|spectateurs}} en France en 2019<ref name="BOJp"/>.
À sa sortie, ''[[Le Monde diplomatique]]'' relativisa la vigueur protestataire que le reste de la presse perçut dans le film. Comment croire, écrivait l'auteur de l'article, qu'on ait envoyé une patrouille capturer un homme coupable du meurtre de trois agents doubles quand on connaît l'existence officielle d'un plan, le '''[[programme Phoenix]]''', qui planifiait l'élimination physique de tous les responsables viet-cong ?


== Distinctions ==
==== Polémique de la [[Palme d'or]] ====
=== Récompenses ===
Le film aurait prêté à polémique, car il semblerait que Coppola dût opérer un [[chantage]] sur [[Gilles Jacob]], [[Maurice Bessy]] et [[Robert Favre Le Bret]], les dirigeants du festival de Cannes : le film ne viendrait à Cannes que s'il remportait la Palme d'or. [[Françoise Sagan]], la [[Président du jury du festival de Cannes|présidente du jury]], n'apprécia pas du tout le film, ni ce marché imposé. On proposa le compromis de la Palme d'or ex-æquo, ce qui ne serait plus possible avec le règlement actuel<ref>{{Lien web|url= www.telerama.fr/festival-de-cannes/2013/cannes-et-les-americains-3-5-1979-l-annee-d-apocalypse-now,97253.php|titre= Cannes et les Américains (3/5) : 1979, l'année ''d'Apocalypse Now''|site= Télérama|date= 14 mai 2013}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= www.vanityfair.fr/cannes2014/culture/cinema/articles/cannes-sagan-crie-au-complot/13549|titre= Flashback : Sagan et le "complot" cannois|site= Vanity Fair|date= 14 mai 2014}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= www.critikat.com/actualite-cine/critique/le-tambour/|titre= Beaucoup de Bruit pour Rien : ''Le Tambour''|site= Critikat|date= 9 août 2011}}</ref>. [[Thierry Frémaux]] et [[Gilles Jacob]] nient ce qu'ils considèrent comme une [[légende urbaine]], déclarant que Coppola demanda seulement de venir au festival à la seule condition que son film soit en compétition<ref>{{Lien web|format= vidéo|url= https://www.youtube.com/watch?v=e0mPID88M3U|site= Youtube|titre= ''La Grande Librairie'' – Thierry Frémaux publie ''Sélection officielle'', un an dans la vie d'un boulimique de cinéma|date= 24 février 2017|description= L'épisode est évoqué à la {{4e}} minute}}</ref>.
* [[Festival de Cannes 1979]] :
** [[Palme d'or]]
** [[Prix FIPRESCI du Festival de Cannes|Prix FIPRESCI de la critique internationale]]
* [[52e cérémonie des Oscars|Oscars 1980]] :
** [[Oscar de la meilleure photographie|Meilleure photographie]] : [[Vittorio Storaro]]
** [[Oscar du meilleur mixage de son|Meilleur son]] : [[Walter Murch]], [[Mark Berger]], [[Richard Beggs]], [[Nathan Boxer]]
* [[Golden Globes|Golden Globes 1980]]
** [[Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle|Meilleur acteur dans un second rôle]] pour [[Robert Duvall]]
** [[Golden Globe de la meilleure réalisation|Meilleure réalisation]] pour [[Francis Ford Coppola]]
* [[American Movie Awards]] [[1980 au cinéma|1980]] : meilleur acteur dans un second rôle pour [[Robert Duvall]]
* [[British Academy Film Award du meilleur acteur dans un second rôle|BAFTA du meilleur second rôle masculin]] pour [[Robert Duvall]]
* [[Prix David di Donatello]] du meilleur film étranger pour [[Francis Ford Coppola]]
* [[Goldene Leinwand]]
* [[National Society of Film Critics|NSFC Awards]] : meilleur second rôle masculin pour [[Frederic Forrest]]
* [[London Film Critics Circle|Prix du Cercle des critiques de film de Londres]] [[1981 au cinéma|1981]] : Film de l'année
* Le film a été sélectionné par le ''National Film Preservation Board'' pour figurer dans le ''[[National Film Registry]]'' en [[2000]].


=== Nominations ===
== Adaptation et documentaire ==
* [[33e cérémonie des British Academy Film Awards|British Academy Film Awards 1980]] :
Le tournage du film a fait l'objet d'un documentaire sorti en [[1991 au cinéma|1991]] : ''Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène'' (''{{Lang|en|Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse}}''), réalisé par [[Fax Bahr]] et [[George Hickenlooper]] sur la base des films amateurs tournés sur les plateaux par l'épouse de Coppola, [[Eleanor Coppola]].
** [[BAFTA du meilleur film]] ([[Francis Ford Coppola]])
** [[British Academy Film Award du meilleur acteur|BAFTA du meilleur acteur]] ([[Martin Sheen]])
** [[BAFTA du meilleur scénario]] ([[John Milius]] et [[Francis Ford Coppola]])
** [[BAFTA de la meilleure photographie]] ([[Vittorio Storaro]])
** [[BAFTA de la meilleure direction artistique]] ([[Dean Tavoularis]])
** [[BAFTA du meilleur montage]] ([[Walter Murch]], [[Richard Marks]], [[Lisa Fruchtman]] et [[Gerald B. Greenberg]])
** [[BAFTA du meilleur son]] ([[Walter Murch]], [[Mark Berger]], [[Richard Beggs]] et [[Nathan Boxer]])
** [[BAFTA de la meilleure musique de film]] ([[Francis Ford Coppola]] et [[Carmine Coppola]])
* [[52e cérémonie des Oscars|Oscars 1980]] :
** [[Oscar du meilleur film|meilleur film]] ([[Francis Ford Coppola]])
** [[Oscar de la meilleure réalisation|Meilleure réalisation]] ([[Francis Ford Coppola]])
** [[Oscar du meilleur acteur dans un second rôle|meilleur acteur dans un second rôle]] ([[Robert Duvall]])
** [[Oscar du meilleur scénario adapté|meilleur scénario adapté]] ([[John Milius]] et [[Francis Ford Coppola]])
** [[Oscar des meilleurs décors|meilleurs décors]] ([[Dean Tavoularis]])
** [[Oscar du meilleur montage|meilleur montage]] ([[Walter Murch]], [[Richard Marks]], [[Lisa Fruchtman]] et [[Gerald B. Greenberg]])
* [[Golden Globe du meilleur film dramatique]] [[1980]] ([[Francis Ford Coppola]])
* [[César du meilleur film étranger]] [[5e cérémonie des César|1980]]
* [[Directors Guild of America Award de la meilleure réalisation pour un film]] [[1980]] ([[Francis Ford Coppola]])
* [[Writers Guild of America Awards]] [[1980]] du meilleur scénario ([[John Milius]] et [[Francis Ford Coppola]])
* [[National Society of Film Critics]] [[1980]] de la meilleure photographie ([[Vittorio Storaro]])
* [[Prix de l'Académie japonaise]] [[1981]] du meilleur film en langue étrangère ([[Francis Ford Coppola]])


=== Polémique de la Palme d'or ===
Le livre de [[Joseph Conrad]] a fait l'objet d'une adaptation beaucoup plus fidèle, réalisée pour la télévision par [[Nicolas Roeg]] en [[1994 à la télévision|1994]] : ''[[Au cœur des ténèbres (téléfilm)|Au cœur des ténèbres]]'' avec [[Tim Roth]], [[John Malkovich]], [[Isaach de Bankolé]], [[James Fox (acteur)|James Fox]]. Le roman fut également adapté en 1958 dans le cadre de ''[[Playhouse 90]]''.
[[Fichier:Palmed'or.jpg|vignette|Palme d'or 1979.]]
Le film aurait prêté à polémique, car Coppola aurait opéré un [[chantage]] sur [[Gilles Jacob]], [[Maurice Bessy]] et [[Robert Favre Le Bret]], les dirigeants du festival de Cannes : le film ne viendrait à Cannes que s'il remportait la [[Palme d'or]]. [[Françoise Sagan]], la [[présidents du jury du festival de Cannes|présidente du jury]], n'aurait apprécié ni le film, ni ce marché imposé. On aurait alors proposé le compromis de la Palme d'or ex æquo, ce qui ne serait plus possible avec le règlement actuel<ref>{{Lien web|url= www.telerama.fr/festival-de-cannes/2013/cannes-et-les-americains-3-5-1979-l-annee-d-apocalypse-now,97253.php|titre= Cannes et les Américains (3/5) : 1979, l'année d’''Apocalypse Now''|site=Télérama|date=14 mai 2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= www.vanityfair.fr/cannes2014/culture/cinema/articles/cannes-sagan-crie-au-complot/13549|titre= Flashback : Sagan et le "complot" cannois|site= Vanity Fair|date= 14 mai 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url= www.critikat.com/actualite-cine/critique/le-tambour/|titre=Beaucoup de bruit pour rien : ''Le Tambour''|site= Critikat|date= 9 août 2011}}.</ref>.


[[Thierry Frémaux]] et [[Gilles Jacob]] nient ce qu'ils considèrent comme une [[légende urbaine]], déclarant que Coppola demanda seulement de venir au festival à la seule condition que son film soit en compétition<ref>{{Lien web|format= vidéo|url= https://www.youtube.com/watch?v=e0mPID88M3U|site= Youtube|titre=''La Grande Librairie'' – Thierry Frémaux publie ''Sélection officielle'', un an dans la vie d'un boulimique de cinéma|date=24 février 2017|description=L'épisode est évoqué à la {{4e}} minute}}.</ref>.
== ''Apocalypse Now Redux'' ==
Lors de sa sortie en [[1979 au cinéma|1979]], le film, projeté en copie [[Format 70 mm|{{unité|70|mm}}]], ne comporte aucun générique, ni de début ni de fin. Un petit livret, avec la liste des techniciens et des acteurs, est distribué à l'entrée des salles. L'absence du générique de fin s’explique par le fait que les dernières images, où le camp de Kurtz est bombardé, ont été retirées. On peut trouver des versions avec cette fin.


Selon le réalisateur [[Andreï Kontchalovski]], Françoise Sagan voulait partager la Palme d'or avec ''[[Sibériade]]'' de Kontchalovski, ce qui ne déplaisait pas à Coppola, mais ce dernier film a fini par recevoir le [[Grand prix du Festival de Cannes|Grand Prix]] pour éviter que la Palme d'or ne soit partagé entre les deux superpuissances dans le contexte de [[guerre froide]]<ref name=Kontchalovskivérités>{{ouvrage|langue=ru|auteur=Andreï Kontchalovski|titre=Низкие истины|traduction titre=Faibles vérités|éditeur=Совершенно секретно|année=1999|pages totales=384|ISBN=5-89048-057-X}}</ref>.
Une nouvelle version considérablement rallongée (49 minutes supplémentaires) a été distribuée en [[2001 au cinéma|2001]] sous la dénomination ''Apocalypse Now Redux''. Elle a été accueillie de manières diverses. En effet, certains considèrent que le sens du film est clarifié et que des détails flous de la première version retrouvent leur place. D'autres voient les ajouts comme des digressions qui amoindrissaient la force du récit, car elles constituent des pauses dans la remontée du fleuve. David Lynch indique par exemple : {{citation|Quand un film est fini, on ne doit plus s'en approcher. Changer un détail aura des répercussions partout, et l'ensemble peut s'effondrer. Dans ''Apocalypse Now'', les scènes supplémentaires, à mon avis, ont endommagé le film}}<ref name="telerama2866">David Lynch, ''Télérama'' n° 2866 - 15 décembre 2004</ref>. Par ailleurs cette version révèle également un capitaine Willard plus humain voire plus drôle par moment. Quoi qu'il en soit, Coppola a travaillé le nouveau montage à partir des éléments originaux. Il le justifie de la manière suivante :


== Documentaire et adaptation ==
{{citation|Mon but avec ''Apocalypse Now Redux'' est de présenter une expérience plus riche, plus ample, plus texturée du film, qui comme l'original à l'époque donne aux spectateurs la sensation de ce que fut le Viêt Nam ; l'immédiateté, l'insanité, la griserie, l'horreur, la sensualité et le dilemme moral de la guerre la plus surréaliste et la plus cauchemardesque de l'Amérique. Qu'une culture puisse mentir sur ce qui se passe en temps de guerre, que des êtres humains soient brutalisés, torturés, mutilés et tués et que tout cela soit présenté comme moral, voilà ce qui m'horrifie.}}<ref name="autogenerated1">Francis Ford Coppola, Festival de Cannes, mai 2001</ref>
Le tournage du film a fait l'objet d'un documentaire sorti en [[1991 au cinéma|1991]] : ''[[Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène]]'' (''{{Lang|en|Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse}}''), réalisé par [[Fax Bahr]] et [[George Hickenlooper]] sur la base des films amateurs tournés sur les plateaux par l'épouse de Coppola, [[Eleanor Coppola]].


Le livre de [[Joseph Conrad]] a fait l'objet d'une adaptation beaucoup plus fidèle, réalisée pour la télévision par [[Nicolas Roeg]] en [[1994 à la télévision|1994]] et intitulée ''[[Au cœur des ténèbres (téléfilm)|Au cœur des ténèbres]]'', avec [[Tim Roth]], [[John Malkovich]], [[Isaac de Bankolé]] et [[James Fox (acteur)|James Fox]]. Le roman avait également été adapté en 1958 dans le cadre de la série ''[[Playhouse 90]]''.
Dans cette version ''Redux'' :


== Différentes versions ==
* Le lieutenant-colonel Kilgore fait désormais son apparition en atterrissant avec son hélicoptère (dans la première version, il est déjà à terre). De ce fait, une réplique a été modifiée : lorsque le capitaine Willard demande à un soldat où se trouve l'officier-commandant, celui-ci lui répond : « Avec le chapeau, vous ne pouvez pas le louper. » dans la première version, puis « C'est le colonel. Il va se poser. » dans la version ''Redux''.
=== ''Apocalypse Now Redux'' ===
* Après avoir demandé un bombardement au [[napalm]] par radio, Kilgore fait rapatrier une Vietnamienne et son enfant puis remet à Lance un caleçon de bain de la part de sa ''cavalerie aéroportée''.
Lors de sa sortie en [[1979 au cinéma|1979]], le film d'environ 153 minutes, projeté en copie [[Format 70 mm|{{unité|70|mm}}]], ne comporte aucun générique, ni de début ni de fin. Un petit livret, avec la liste des techniciens et des acteurs, est distribué à l'entrée des salles. L'absence du générique de fin s’explique par le fait que les dernières images, que les spectateurs interprétèrent comme le bombardement du camp de Kurtz, ont été retirées.

Une nouvelle version de 202 minutes (soit {{nombre|49|minutes}} supplémentaires) a été distribuée en [[2001 au cinéma|2001]] sous la dénomination ''Apocalypse Now Redux''. Elle a été accueillie de manières diverses. En effet, certains considèrent que le sens du film est clarifié et que des détails flous de la première version retrouvent leur place. D'autres voient les ajouts comme des digressions qui amoindrissent la force du récit, car elles constituent des pauses dans la remontée du fleuve. [[David Lynch]] indique, par exemple : {{citation bloc|Quand un film est fini, on ne doit plus s'en approcher. Changer un détail aura des répercussions partout, et l'ensemble peut s'effondrer. Dans ''Apocalypse Now'', les scènes supplémentaires, à mon avis, ont endommagé le film<ref name="telerama2866">David Lynch, ''Télérama'' {{n°|2866}}, 15 décembre 2004.</ref>.}}

Par ailleurs cette version révèle également un capitaine Willard plus humain voire plus drôle par moments. Quoi qu'il en soit, Coppola a travaillé le nouveau montage à partir des éléments originaux. Il le justifie de la manière suivante :
{{citation bloc|Mon but avec ''Apocalypse Now Redux'' est de présenter une expérience plus riche, plus ample, plus texturée du film, qui comme l'original à l'époque donne aux spectateurs la sensation de ce que fut le Viêt Nam ; l'immédiateté, l'insanité, la griserie, l'horreur, la sensualité et le dilemme moral de la guerre la plus surréaliste et la plus cauchemardesque de l'Amérique. Qu'une culture puisse mentir sur ce qui se passe en temps de guerre, que des êtres humains soient brutalisés, torturés, mutilés et tués et que tout cela soit présenté comme moral, voilà ce qui m'horrifie<ref name="autogenerated1">Francis Ford Coppola, Festival de Cannes, mai 2001.</ref>.}}

Dans cette version ''Redux'' :
* Le lieutenant-colonel Kilgore fait désormais son apparition en atterrissant avec son hélicoptère (dans la première version, il est déjà à terre). De ce fait, une réplique a été modifiée : lorsque le capitaine Willard demande à un soldat où se trouve l'officier-commandant, celui-ci lui répond « Avec le chapeau, vous ne pouvez pas le louper », dans la première version, puis « C'est le colonel. Il va se poser », dans la version ''Redux''.
* Après avoir demandé un bombardement au [[napalm]] par radio, Kilgore fait rapatrier une Vietnamienne et son enfant puis remet à Lance un caleçon de bain de sa « cavalerie aéroportée » en guise de cadeau.
* Kilgore se plaint du changement de vent, causé par le napalm, qui sabote les vagues pour surfer. Ensuite, Willard et l'équipage du bateau s'éclipsent, le capitaine dérobant au passage la planche de surf du lieutenant-colonel.
* Kilgore se plaint du changement de vent, causé par le napalm, qui sabote les vagues pour surfer. Ensuite, Willard et l'équipage du bateau s'éclipsent, le capitaine dérobant au passage la planche de surf du lieutenant-colonel.
* Kilgore envoie ses hélicoptères afin de retrouver le bateau et ainsi récupérer sa planche, en vain.
* Kilgore envoie ses hélicoptères afin de retrouver le bateau et, ainsi, récupérer sa planche, en vain.
* Le matin qui suit la soirée avec les [[playmates]], Clean raconte à Philips l'histoire d'un sergent américain qui a tué un lieutenant sud-vietnamien pour une stupide histoire de magazine ''[[Playboy]]'' confisqué.
* Le matin qui suit la soirée avec les ''[[playmate|playmates]]'', Clean raconte à Philips l'histoire d'un sergent américain qui a tué un lieutenant sud-vietnamien pour une stupide histoire de magazine ''[[Playboy]]'' confisqué.
* Tandis que Lance fait du ski nautique au son des [[Rolling Stones]] (la scène avait été insérée bien plus tôt dans la première version), Willard lit un article écrit par le colonel Kurtz tout en mangeant du chocolat.
* Tandis que Lance fait du ski nautique au son de ''[[(I Can't Get No) Satisfaction]]'' des [[The Rolling Stones|Rolling Stones]] (la scène avait été insérée bien plus tôt dans la première version), Willard lit un article écrit par le colonel Kurtz tout en mangeant du chocolat.
* Alors qu'il pleut à torrent, le bateau fait escale dans un camp américain totalement désordonné. Willard y rencontre l'animateur de la soirée et négocie avec lui deux bidons de gasoil contre une heure et demie en compagnie des playmates. "Chef" passe son temps avec Miss Mai dans l'hélico de la troupe et Lance avec la playmate de l'année dans un entrepôt (il y découvre au passage le corps d'un soldat mort). Clean, quant à lui, attend son tour sous la pluie.
* Alors qu'il pleut à torrents, le bateau fait escale dans un camp américain totalement désordonné. Willard y rencontre l'animateur de la soirée et négocie avec lui deux bidons de gasoil contre une heure et demie en compagnie des ''[[playmate|playmates]]''. « Chef » (qui, au passage, révèle son véritable nom, Jay Hicks) passe son temps avec Miss May dans l'hélico de la troupe et Lance avec la playmate de l'année dans un entrepôt (il y découvre, au passage, le corps d'un soldat mort). Clean, quant à lui, attend son tour sous la pluie.
* La fameuse séquence de la plantation française (Coppola l'avait retirée volontairement à l'époque car il l'avait jugée ratée) dans laquelle :
* La séquence de la plantation [[France|française]] (Coppola l'avait retirée volontairement à l'époque car il l'avait jugée ratée) dans laquelle :
** Willard et ses hommes sont chaleureusement accueillis par Hubert De Marais, propriétaire de la terre ;
** Willard et ses hommes sont chaleureusement accueillis par Hubert De Marais, propriétaire de la plantation ;
** Clean, tout juste abattu, obtient des funérailles militaires ;
** Clean, tout juste abattu, obtient des funérailles militaires ;
** Le dîner familial tourne au débat politique. Ayant chacun un point de vue différent, les membres de la famille française se disputent entre eux avant de quitter tour à tour la table ;
** Le dîner familial tourne au débat politique. Ayant chacun un point de vue différent, les membres de la famille française se disputent entre eux avant de quitter tour à tour la table ;
** Willard passe la nuit avec Roxanne Sarraut.
** Willard fume de l'opium avec Roxanne Sarraut.

* Willard se réveille enfermé dans une boîte. Il reçoit la visite de Kurtz qui lui lit un vieil article du ''[[Time (magazine)|Time]]''. Une fois la lecture terminée, le colonel décide d'accorder une liberté surveillée à Willard mais celui-ci s'évanouit à nouveau.
* Willard se réveille enfermé dans une boîte. Il reçoit la visite de Kurtz qui lui lit un vieil article du ''[[Time (magazine)|Time]]''. Une fois la lecture terminée, le colonel décide d'accorder une liberté surveillée à Willard mais celui-ci s'évanouit à nouveau.
* Le film a, cette fois-ci, un générique de fin mais sans les images du bombardement du camp de Kurtz.
* Le film a, cette fois-ci, un générique de fin mais sans les images d'explosions dans la jungle.


La version originale de 1979 et la version ''Redux'' de 2001 sont désormais disponibles dans un coffret DVD également disponible en Blu-Ray depuis le 27 avril 2011 en France (chez Pathé Vidéo). Les deux éditions incluent les deux doublages français 1979 et 2001. Le générique final où le camp de Kurtz est bombardé est disponible dans les bonus de ces éditions.
La version originale de 1979 et la version ''Redux'' de 2001 sont disponibles dans un coffret DVD également disponible en Blu-ray depuis le {{date-|27 avril 2011}} en [[France]] (chez Pathé Vidéo). Ces deux coffrets incluent les deux doublages [[français]] 1979 et 2001. Le générique final où le camp de Kurtz est bombardé est disponible dans les bonus de ces éditions.


La version ''Redux'' n'est pas une version définitive, car dans le film, le capitaine Richard Colby, qui fut envoyé avant le soldat Willard, est évoqué et montré, mais sans scènes avec des dialogues, et le monologue du colonel Kurtz à propos des « mains coupées » est coupé, sans doute du fait que le contenu raconté était trop choquant à l'époque. Coppola n'a jamais caché qu'il avait envisagé de donner une suite TV à ce film, en envisageant une série TV complète, de plus de 5 heures, comme il l'avait fait avec sa trilogie du ''Parrain'', en ajoutant par exemple des scènes inédites avec le colonel Kurtz, qui ne figurent pas dans les versions de 1979 et 2001, car choquantes ou scandaleuses, et en proposant enfin les scènes filmées avec les dialogues de Colby, acquis à la cause du colonel Kurtz.
La version ''Redux'' n'est pas une version définitive car des scènes tournées n'y ont pas été incluses : le capitaine Richard Colby, qui fut envoyé tuer Kurtz avant le soldat Willard, est évoqué et montré, mais sans scènes avec des dialogues.


=== ''Final cut'' de 2019 ===
== Versions françaises ==
En 2019, Francis Ford Coppola dévoile une nouvelle version dite ''Final Cut'' (« montage final »). Elle est présentée, en {{date-|avril 2019}}, au [[festival du film de Tribeca]], pour les 40 ans du film<ref>{{lien web|langue=en|nom=Lewis|prénom=Gordon|titre=Tribeca: Danny Boyle's Beatles Movie ''Yesterday'' Set as Closing Night Film|url=https://www.hollywoodreporter.com/amp/news/beatles-movie-yesterday-say-anything-apocalypse-now-set-tribeca-2019-1194756|consulté le=24 avril 2019|site=[[The Hollywood Reporter]]|date=14 mars 2019}}.</ref>, et également le {{date-|20 octobre 2019}} à la séance de clôture du [[Festival Lumière de Lyon]] en présence du réalisateur, qui recevait le prix du festival. Cette nouvelle version dure {{nombre|182|minutes}}. [[Francis Ford Coppola]] a ainsi coupé 20 minutes de la version ''Redux'' et les scènes des [[Playboy Bunny|Playboy bunnies]] et du colonel Kurtz en train de lire des articles de ''[[Time (magazine)|Time]]'' à Willard furent retirées<ref>{{article|titre= Troisième Apocalypse|périodique= [[Cahiers du Cinéma]]|auteur= [[Jean-Sébastien Chauvin]]|numéro= 759|date= octobre 2019|passage= 84}}</ref>. Il s'agit, par ailleurs, d'une version restaurée en [[4K]], d'après le négatif original<ref>{{lien web|langue=en|nom1=O'Falt|prénom1=Chris|titre=''Apocalypse Now'': 5 Things You Need to Know About Coppola's New ''Final Cut''|url=https://www.indiewire.com/2019/04/apocalypse-now-final-cut-5-things-to-know-francis-for-coppola-new-version-1202129340/|site=IndieWire|consulté le=30 avril 2019}}.</ref>. ''Apocalypse Now Final Cut'' sort dans les salles de différents pays fin {{date-|août 2019}}<ref>{{lien web|url=http://collider.com/apocalypse-now-final-cut-imax-theaters/|titre=Restored ''Apocalypse Now Final Cut'' Coming to IMAX Theaters for the 40th Anniversary|site=[[Collider (site web)|Collider]]|date=25 juillet 2019|consulté le=6 août 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Allociné titre|id=27061}}</ref>.
Il existe deux doublages du film, en raison des deux montages différents :

* Le premier de 1979 dans lequel les noms des personnages sont prononcés {{Citation|à la française}} (Willard prononcé {{Citation|Villard}}). Les protagonistes comme les personnages secondaires sont doublés par des comédiens très expérimentés (J-C. Michel, D. Paturel, M. Hondo...).
=== Une série annulée ===
* Le second de 2001 pour la version ''Redux'' respecte plus fidèlement les noms originaux des personnages. [[Philippe Ogouz]] est le seul à avoir réenregistré sa voix (sur [[Martin Sheen]]), son timbre n'ayant que très légèrement vieilli avec les années. Tous les autres ont chacun une nouvelle voix. L'actrice française [[Aurore Clément]] s'est elle-même doublée contrairement à [[Christian Marquand]] (décédé un an plus tôt) qui est doublé par le comédien [[Joël Zaffarano]].
Coppola n'a jamais caché qu'il avait envisagé de sortir ''Apocalypse Now'' dans une version série télé complète de plus de cinq heures, comme il l'avait fait avec la série ''[[Le Parrain (mini-série)|Le Parrain]]''. Il y aurait ajouté par exemple des scènes inédites avec le colonel Kurtz qui ne figurent pas dans les versions de 1979 et 2001 (car jugées choquantes), et aurait enfin proposé les scènes filmées avec les dialogues de Colby, acquis à la cause du colonel Kurtz.

=== Versions françaises ===
Il existe deux [[doublage]]s français du film, en raison des deux montages différents :
* Le premier, de 1979, dans lequel les noms des personnages sont prononcés {{Citation|à la française}} (ex : « Willard » prononcé {{Citation|Villard}}).
* Le second, de 2001, pour la version ''Redux'', respecte plus fidèlement les noms originaux des personnages, élément dû notamment à l'anglicisation de la langue française . [[Philippe Ogouz]] est le seul à avoir réenregistré sa voix (sur [[Martin Sheen]]), son timbre n'ayant que très légèrement vieilli avec les années. Tous les autres ont chacun une nouvelle voix. L'actrice française [[Aurore Clément]] s'est elle-même doublée, contrairement à [[Christian Marquand]] (décédé un an plus tôt), qui est doublé par le comédien [[Joël Zaffarano]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets
{{Autres projets|wikiquote = Apocalypse Now|commons=Category:Apocalypse Now}}
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Peter Cowie|titre=The Apocalypse Now Book|éditeur=[[Da Capo Press]]|année=1990|isbn=}}
{{conventions bibliographiques|date= Février 2017}}
* [[Jean-Baptiste Thoret]], ''Le Cinéma américain des années 1970'', éd. des Cahiers du cinéma, 2006
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Peter Cowie|titre=The Apocalypse Now Book|éditeur=Da Capo Press|date=1990|passage=|isbn=|lire en ligne=}}
* Jean-Baptiste Thoret, ''Le Cinéma américain des années 1970'', éd. des Cahiers du cinéma, 2006
* Jean-Baptiste Thoret, ''Apocalypse Now : Un cauchemar psychédélique'', livre DVD/Blu-ray Pathé
* Jean-Baptiste Thoret, ''Apocalypse Now : Un cauchemar psychédélique'', livre DVD/Blu-ray Pathé
* Franck Buioni, ''Absolute Directors : Rock, cinéma, contre-culture'', tome 1, [[Éditions du Camion blanc|Camion Noir]], 2011
* Franck Buioni, ''Absolute Directors : Rock, cinéma, contre-culture'', tome 1, [[Éditions du Camion blanc|Camion Noir]], 2011
* Eleanor Coppola, ''Apocalypse Now Journal'', [[Sonatine Éditions]], 2011
* [[Eleanor Coppola]], ''Apocalypse Now Journal'', [[Sonatine Éditions]], 2011
* Jean-Philippe Gunet, « Chef-d'œuvre, version intégrale : diffusé pour la première fois depuis sa sortie en salles en 2001, ''Apocalypse Now: Redux'', fort de 50 minutes inédites, permet de redécouvrir un classique dont on pensait tout connaître. », ''[[Télécâble Sat Hebdo]] {{Numéro avec majuscule|1428}}'', SETC, [[Saint-Cloud]], 11-9-2017, {{p.|24}} {{ISSN|1280-6617}}
* Florent Silloray, ''Un tournage en enfer : au cœur d'Apocalypse now'', Casterman, 2023, 152 p. (bande dessinée)


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
{{Colonnes|taille=30|
* ''[[Platoon]]''
* ''[[Platoon]]''
* ''[[Full Metal Jacket]]''
* ''[[Full Metal Jacket]]''
* ''[[Voyage au bout de l'enfer]]''
* ''[[Cat Shit One]]'', manga japonais écrit et illusté par Motofumi Kobayashi, s'est inspiré de ce film pour composer son récit parodiant la guerre du Viêt Nam en utilisant le zoomorphisme.
* ''[[Cat Shit One]]'' {{commentaire|Manga japonais écrit et illustré par Motofumi Kobayashi, qui s'est inspiré du film pour composer son récit parodiant la guerre du Viêt Nam en utilisant le zoomorphisme.}}
* ''[[L'Adieu au roi (film)|L'Adieu au roi]]'' ([[1989 au cinéma|1989]]), film de [[John Milius]]. Le co-scénariste d'''Apocalypse Now'' porte à l'écran ce roman de [[Pierre Schoendoerffer]] de [[1969 en littérature|1969]], au thème proche de la [[nouvelle (littérature)|nouvelle]] de [[Joseph Conrad]] et surtout du film ''Apocalypse Now'' lui-même.
* ''[[L'Adieu au roi (film)|L'Adieu au roi]]'' ([[1989 au cinéma|1989]]), film de [[John Milius]] {{commentaire|Le co-scénariste d'''Apocalypse Now'' porte à l'écran ce roman de [[Pierre Schoendoerffer]] de [[1969 en littérature|1969]], au thème proche de la [[nouvelle]] de [[Joseph Conrad]] et surtout du film ''Apocalypse Now'' lui-même.}}
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=== Liens externes ===
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* [http://www.cadrage.net/films/apocalypse.htm Analyse du film] par la revue Cadrage
* [http://www.objectif-cinema.com/pointsdevue/0188.php Analyse à l'occasion de la sortie ''Redux''] sur ''objectif-cinema.com''
* [http://www.thucydide.com/realisations/voir/analyses/apocalypse.htm L'analyse du film] par un historien sur thucydide.com
* [http://www.objectif-cinema.com/pointsdevue/0188.php Analyse à l'occasion de la sortie ''Redux''] sur objectif-cinema.com
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Dernière version du 27 septembre 2024 à 23:03

Apocalypse Now
Description de l'image Apocalypse Now.svg.
Titre québécois C'est l'apocalypse
Réalisation Francis Ford Coppola
Scénario John Milius
Francis Ford Coppola
Michael Herr
Acteurs principaux
Sociétés de production American Zoetrope
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Guerre
Durée 140 minutes
Sortie 1979

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Apocalypse Now est un film américain réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1979. Ce film sur la guerre du Vietnam est une adaptation libre du roman court Au cœur des ténèbres (Heart of Darkness) de Joseph Conrad, paru en 1899.

Il a obtenu, entre autres distinctions, la Palme d'or du festival de Cannes 1979 et a été nommé pour huit Oscars du cinéma, dont ceux du Meilleur film, de la Meilleure réalisation (pour Francis Ford Coppola), du Meilleur acteur dans un second rôle (pour Robert Duvall), et a remporté ceux de la Meilleure photographie et du Meilleur son. Le film est classé à la 28e place des 100 meilleurs films du cinéma américain par l'American Film Institute et est considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps. En l'an 2000, le film est sélectionné par le National Film Registry pour être conservé à la bibliothèque du Congrès des États-Unis pour son « importance culturelle, historique ou esthétique »[1].

Le succès du film[2] a sauvé le réalisateur du désastre financier auquel il était voué en cas d'échec. En effet, Francis Ford Coppola a dû investir sa fortune personnelle dans cette aventure en hypothéquant tous ses biens. En 1991, le documentaire Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène retrace l'aventure insensée du tournage : problèmes en tous genres, de budget, de scénario et d'acteurs (surpoids de Marlon Brando, crise cardiaque de Martin Sheen, etc.).

Un nouveau montage, plus long, est sorti en 2001 sous le titre Apocalypse Now Redux, puis une version dite Apocalypse Now Final Cut est sortie en 2019.

Costume de Robert Duvall (lieutenant-colonel William Kilgore).

Pendant la guerre du Viêt Nam, les services secrets de l'armée américaine confient au capitaine Willard la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz, dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le Cambodge, a pris la tête d’un groupe de Mnong et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante.

Au moyen d’un patrouilleur[3] et de son équipage mis à sa disposition, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la jungle pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme au parcours et au caractère exemplaires. Il devient fasciné par cet homme qu'il doit pourtant tuer. Plusieurs péripéties ont lieu durant ce voyage (notamment une rencontre avec l'excentrique lieutenant-colonel William Kilgore), et deux membres de l'équipage du patrouilleur sont tués avant d'arriver au camp du colonel Kurtz.

Une fois ce camp atteint, Willard est d'abord enfermé, puis laissé en liberté surveillée. Il fait la connaissance du colonel Kurtz, qui n'ignore pas la mission de Willard et lui explique les raisons qui l'ont décidé à mener son projet. Willard découvre alors que le colonel est devenu un gourou à la tête d'une tribu d'indigènes. Un slogan est inscrit sur une pierre : « Our motto : Apocalypse Now »[4]. Un autre membre de l'équipage est décapité avant de pouvoir transmettre les coordonnées du camp pour que celui-ci soit bombardé. Le dernier membre de l'équipage, Lance, se fond quant à lui dans la culture hallucinée du camp. Un soir, alors que se déroule une cérémonie de sacrifice d'un buffle domestique, Willard assassine le colonel sans opposition de sa part, puis quitte les lieux avec Lance, sous les yeux des indigènes prosternés.

Fiche technique

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Vittorio Storaro en 2017 à côté de l'affiche du film Apocalypse Now Redux.

Distribution

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Légende : doublage de la version originale (1979) ; doublage de la version Redux (2001)

Distribution Redux et Final Cut

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Genèse et développement

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Apocalypse Now est une adaptation libre du roman court de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (Heart of Darkness), parue en 1899. Orson Welles avait tenté d'en faire une adaptation en 1939, dans laquelle il devait interpréter Kurtz. Mais aucun studio ne voulut financer ce projet[7].

En 1969, George Lucas et Francis Ford Coppola fondent la société de production American Zoetrope, avec comme ambition de produire des films indépendants d'Hollywood. L'un des premiers projets développés est une adaptation de Au cœur des ténèbres mais transposée dans le contexte de la guerre du Viêt Nam, qui dure alors depuis 1955 et divise l'Amérique[7].

George Lucas est d'abord pressenti pour réaliser le film, d'après un scénario de John Milius. Très motivé, ce dernier évoque un tournage sur le front au Viêt Nam, avec des caméras 16 mm. Mais Warner Bros., craignant pour la sécurité, annule tout, et aucun autre studio ne veut y participer. Les studios sont par ailleurs réticents à l'idée de faire un film sur cette guerre très décriée aux États-Unis[7]. Le projet est alors mis de côté. George Lucas se consacre entièrement au premier film de la saga Star Wars et Francis Ford Coppola tourne les deux premiers volets de la saga du Parrain[7].

Après le succès critique et commercial de ces films, Francis Ford Coppola décide en 1975 de relancer le projet. Initialement intitulé The Psychedelic Soldier par John Milius, le film est rebaptisé Apocalypse Now, d'après le slogan « Nirvana Now » inscrit sur les badges de hippies. Le scénario de John Milius et Francis Ford Coppola, dont l'écriture s'est étalée sur plusieurs années, est un manuscrit de 1 000 pages[8].

Le montage financier est difficile et finalement fixé à seize millions de dollars en 1976, tout dépassement incombant au producteur-réalisateur. Pour qu'American Zoetrope puisse produire son film, Francis Ford Coppola a l'idée d'adapter les deux premiers Parrain sous la forme d'une mini-série pour la télévision, pensant qu'elle y trouverait une bonne audience et lui permettrait de se refaire financièrement[9]. En outre, il n'hésite pas à investir son propre argent et à hypothéquer ses biens[7].

Attribution des rôles

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Durant le tournage du film, outre son épouse, les trois enfants du réalisateur sont présents, en particulier Sofia (la future cinéaste) ; Gian-Carlo (décédé en 1986) et Roman apparaissent dans la scène du dîner avec les Français.

Francis Ford Coppola fait un caméo dans le film : il apparaît dirigeant une équipe de télévision lors du débarquement, incitant les soldats à ne pas regarder la caméra et à continuer d'avancer. Laurence Fishburne mentit sur son âge pour participer au film. Il n'a alors que quatorze ans au début du tournage, en , alors qu'il devait en paraître 17.

Francis Ford Coppola offre aux acteurs d'exprimer ce que feraient leurs personnages, lors de la scène où leur bateau croise un sampan suspect. Le tournage de celle-ci est improvisé par les acteurs, qui choisissent, toujours en accord avec le metteur en scène, de la voir culminer en massacre.

Bien qu'il n'ait pas plus de dix minutes de scènes dans le film, et bien que souvent doublé à cause de son excès de poids (95 kg)[10],[11], Marlon Brando est crédité en premier au générique, avant Martin Sheen qui, pourtant acteur principal du film, est en troisième place après Robert Duvall.

Pour la séquence de la plantation française (coupée puis rajoutée dans la version Redux), Lino Ventura, pressenti pour le rôle d'Hubert de Marais, déclina la proposition, estimant que ce rôle n'était pas fait pour lui[réf. nécessaire]. Mais surtout, Lino Ventura refusa de partir en voyage dans un pays très lointain, les Philippines. En effet, le comédien détestait prendre l'avion et préférait prendre le train, un choix impossible pour le tournage de ce film.

L'actrice Aurore Clément et le chef décorateur Dean Tavoularis dans les décors du film.

La famille Coppola embarque le pour Manille, aux Philippines, louant une grande maison sur place car le tournage est prévu pour durer cinq mois. Le tournage débute le [12].

Le tournage est particulièrement éprouvant. Après avoir tenté de confier le rôle de Willard à différents acteurs — James Caan, Jack Nicholson, Steve McQueen, Al Pacino, Dustin Hoffman et Robert De Niro —, Francis Ford Coppola choisit Harvey Keitel et tourne les premières scènes avec lui. À la vision des premières épreuves au bout de deux semaines de tournage, mécontent de l'acteur, il décide finalement de le remplacer au pied levé par Martin Sheen. Ce dernier fait un infarctus le , ne pouvant revenir sur le plateau que le . Durant cette période, son frère Joseph le double pour les scènes qui ne réclament pas de gros plan[13]. Les conditions du tournage sont extrêmement difficiles et le plateau dans la jungle est ravagé par le typhon Olga, le , si bien que le , la production est interrompue pour six semaines[14]. Les hélicoptères, prêtés par l'armée des Philippines, doivent être peints le matin aux couleurs de ceux de l'armée américaine, puis repeints le soir dans leurs couleurs officielles. Francis Ford Coppola, qui comptait beaucoup sur l'arrivée de Marlon Brando pour fournir un liant au film, doit déchanter quand l'acteur arrive sur le tournage en surpoids d'environ 15 kg, alors que le personnage de Kurtz est censé être émacié et mourant. Si Coppola a soutenu que Brando n'avait même pas pris la peine de lire le roman d'origine de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres pour préparer le rôle, ces affirmations ont été démenties par les travaux des biographes de Brando.

Martin Sheen ayant eu trois semaines d'arrêt de travail à la suite de son infarctus, Francis Ford Coppola se contente de filmer des plans larges et de derrière de Willard avec le propre frère de Martin comme doublure. Steven Spielberg utilisera, plus tard, ce même procédé sur le tournage d'Indiana Jones et le Temple maudit lorsqu'une hernie discale affectera Harrison Ford.

Finalement, le tournage se termine le , après 427 jours dont 238 de tournage effectif. Le budget, initialement de treize millions de dollars, passe à 30 millions en raison de tous ces retards et imprévus. Le tournage est très éprouvant pour toute l'équipe. Francis Ford Coppola a été décrit par de nombreux témoins comme de plus en plus mégalomane et paranoïaque au fur et à mesure du tournage, fumant de la marijuana et ayant perdu plus de 40 kilos[15].

L'épique et long tournage du film est relaté dans le documentaire Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène (1991) de Fax Bahr et George Hickenlooper, principalement constitué d'images d'archives tournées par Eleanor Coppola durant le tournage. L'épouse du réalisateur voulait initialement tourner un making-of promotionnel pour United Artists, le distributeur du film. Elle décida ensuite de filmer tous les incidents du plateau et enregistra, parfois à son insu, des conversations avec son mari, en proie aux doutes[7]. Comme expliqué dans ce documentaire, le tournage du film sera le sujet de nombreux articles dans la presse américaine, présentant le réalisateur comme un homme fou et dépensier[7].

Bande originale

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Outre les compositions originales de Carmine et Francis Ford Coppola, la bande originale comprend plusieurs morceaux de l'époque, dont The End des Doors (pour la séquence d'ouverture), Satisfaction des Rolling Stones, Susie Q de Dale Hawkins (interprétée, ici, par Flash Cadillac and the Continental Kids), mais aussi la célèbre chevauchée des Walkyries de Richard Wagner associée à un vol d’hélicoptères qui illustre la folie guerrière du lieutenant-colonel Kilgore.

Les compositeurs Isao Tomita et David Shire (beau-frère du réalisateur par son mariage avec Talia Shire) ont également travaillé sur le film avant Carmine et Francis Ford Coppola. Tomita est allé jusqu’à accompagner l'équipe de tournage aux Philippines, mais un différend entre les labels a finalement empêché son implication[16]. David Shire a composé une bande originale de vingt titres, instrumentée en grande partie à l'aide d'un synthétiseur Moog. Elle n'a pas été retenue, mais une version CD est sortie en [17],[18].

Apocalypse Now

Bande originale
Sortie 1979
Compositeur Carmine Coppola
Francis Ford Coppola
Producteur David Rubinson
Label Elektra Records
  1. The End (4 min 15 s)
  2. Saigon (narration & dialogue) (1 min 38 s)
  3. The End - part 2 (1 min 37 s)
  4. Terminate (narration & dialogue) (5 min 44 s)
  5. The Delta (2 min 38 s)
  6. P.B.R. (narration & dialogue) (2 min 02 s)
  7. Dossier n°1 (1 min 51 s)
  8. Colonel Kilgore (narration & dialogue) (5 min 43 s)
  9. Orange Light (2 min 15 s)
  10. The Ride of the Valkyries (2 min 00 s)
  11. Napalm in the Morning (dialogue) (0 min 55 s)
  12. Pre-Tiger (4 min 50 s)
  13. Dossier °2 (3 min 30 s)
  14. Suzie Q (4 min 26 s)
  15. Dossier °3 (3 min 09 s)
  16. 75 Kucks (dialogue) (1 min 09 s)
  17. The Nung River (3 min 10 s)
  18. Do Lung Bridge (9 min 37 s)
  19. Letters from H\home (2 min 39 s)
  20. Clean's Death (3 min 10 s)
  21. Chief's Death / Strange Voyage (6 min 47 s)
  22. Strange Voyage (4 min 16 s)
  23. Kurtz' Compound (dialogue) (2 min 18 s)
  24. Willard's capture (1 min 18 s)
  25. Errand Boy (dialogue) (2 min 04 s)
  26. Chef's Head (2 min 04 s)
  27. The Hollow Men (1 min 09 s)
  28. Horror (dialogue) (5 min 42 s)
  29. Even the Jungle Wanted Him Dead (dialogue) (1 min 01 s)
  30. The End (3 min 14 s)

Édition Redux

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  1. The End (Edit version from the film) (6 min 29 s)
  2. The Delta (2 min 48 s)
  3. Dossier (2 min 17 s)
  4. Orange Light (1 min 13 s)
  5. Ride of the Valkyries (1 min 49 s)
  6. Suzie Q (3 min 13 s)
  7. Nung River (2 min 53 s)
  8. Do Lung (4 min 08 s)
  9. Letters from Home (1 min 17 s)
  10. Clean's Death (feat. M. Hart) (2 min 02 s)
  11. Chief's Death (1 min 55 s)
  12. Voyage (3 min 08 s)
  13. Chef's Head (1 min 58 s)
  14. Kurtz Chorale (1 min 29 s)
  15. Finale (6 min 06 s)

Accueil critique

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Apocalypse Now est projeté pour la première fois au festival de Cannes 1979 en version de travail, inachevée[19],[20]. Il y reçoit la Palme d'or, qu'il partage avec Le Tambour (Die Blechtrommel), de Volker Schlöndorff. À Cannes, Francis Ford Coppola déclare en conférence de presse : « Apocalypse Now n'est pas un film sur le Viêt Nam, c'est le Viêt Nam. Et la façon dont nous avons réalisé Apocalypse Now ressemble à ce qu'étaient les Américains au Viêt Nam. Nous étions dans la jungle, nous étions trop nombreux, nous avions trop d'argent, trop de matériel et, petit à petit, nous sommes devenus fous[7]. »

À sa sortie, Christian Zimmer, dans Le Monde diplomatique, relativisa la vigueur protestataire que le reste de la presse perçut dans le film : « Que dénonce Coppola ? Les crimes américains au Vietnam ? Allons donc ! Veut-il nous faire croire qu’on a poursuivi un officier pour le meurtre de quatre agents doubles, alors qu’il existait un plan du Pentagone, le plan Phénix, destiné à l’élimination de tous les cadres nord-vietnamiens ? […] La vérité, c’est qu’Apocalypse Now n’est pas un film sur le Vietnam. Ou, plus exactement, si c’est bien un film de l’après-Watergate, de la moralisation cartériste et de la mauvaise conscience, ce n’est pas un film politique. Le Vietnam dont il s’agit ici est un Vietnam intérieur, mythique. Ce qui explique sans doute que le Vietnamien lui-même y soit physiquement si peu présent[21]. »

Récapitulatif du box-office
Pays Box-office
(1979)
Box-office
(1987)
Box-office
(2001-03)
Box-office
(2008-11)
Box-office
(2019-20)
Total
Drapeau des États-Unis États-Unis 78 784 010 $ 61 211 $ 4 626 290 $ N/A 83 471 511 $
Drapeau de la France France 4 537 867 entrées N/A 162 175 entrées N/A 31 458 entrées 4 731 500 entrées
Alt=Image de la Terre Mondial 150 000 000 $ N/A 12 564 582 $ 95 586 $ 481 060 $ 163 141 228 $

Apocalypse Now sort dans les salles américaines le , où il est d'abord distribué dans trois salles à New York, Toronto et Hollywood, rapportant 322 489 $ les cinq premiers jours[22]. Finalement, le film parvient à fonctionner au box-office avec 78 784 010 $[22],[23]. À l'international, le long-métrage rapporte plus de 71 215 000 $, portant le total à 150 000 000 $ de recettes mondiales[24]. En France, sorti le , le film prend directement la première place du box-office avec 624 548 entrées, soit un total de 627 654 entrées en prenant en compte les avant-premières[25]. Il occupe la tête du box-office français la semaine suivante avec 507 313 entrées, pour un cumul de 1 134 967 entrées[26] avant d'être délogé en troisième semaine par Moonraker, le rétrogradant à la seconde place (qu'il occupera la semaine suivante), mais en ayant enregistré 377 135 entrées durant cette période, pour un total de 1 512 102 entrées[27]. Apocalypse Now atteint les 2 000 000 entrées en cinquième semaine[27]. Malgré une fréquentation en baisse, le film s'approche des 3 000 000 entrées (2 989 428 entrées) en quatorzième semaine durant les fêtes de fin d'année[28]. Le cumul enregistré depuis sa sortie lui vaut d'être classé à la quatrième place du box-office lors de sa première année d'exploitation[29]. Le film atteint le cap des 3 000 000 entrées la semaine du [30]. Il quitte le top 30 hebdomadaire après la dix-septième semaine de présence. Le film a enregistré 374 140 entrées supplémentaires en 1980[31], permettant d'obtenir un total de 3 363 568 entrées. Au gré des ressorties au fil des années, Apocalypse Now totalise 4 537 867 entrées[32]. Le film ressort une première fois en sur le territoire américain pour capitaliser sur le succès d'autres films de guerre au Viet Nam, Platoon (1986) d'Oliver Stone et Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick et engrange 61 211 $[22], portant le cumul à 78 845 221 $ avec la première exploitation.

La version Redux sort d'abord dans les salles françaises en mai 2001 dans vingt-neuf salles et totalise 162 175 entrées[33] avant d'être distribuée aux États-Unis dans 105 salles et de rapporter 4 626 290 $ de recettes[34]. Les deux versions ont permis de rapporter 83 471 511 $ de recettes américaines[22] et totaliser 4 700 042 entrées en France. À l'international, la version Redux totalise 7 916 979 $ de recettes, pour 12 543 269 $ de recettes mondiales[34].

Apocalypse Now connaît de nombreuses reprises en salles (21 313 $ en République tchèque à l'occasion du FabioFest en 2003, 3 663 $ pour la version Redux en Turquie en 2008, 91 923 $ pour la même version en Corée du Sud et au Royaume-Uni en 2011, 288 823 $ pour la ressortie en 2019 dans quatre pays, 105 115 $ en Italie en 2019 pour la version originale et 87 122 $ dans deux pays également pour la version originale entre décembre et )[22]. La version Final Cut a été vue par 31 458 spectateurs en France en 2019[32].

Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Polémique de la Palme d'or

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Palme d'or 1979.

Le film aurait prêté à polémique, car Coppola aurait opéré un chantage sur Gilles Jacob, Maurice Bessy et Robert Favre Le Bret, les dirigeants du festival de Cannes : le film ne viendrait à Cannes que s'il remportait la Palme d'or. Françoise Sagan, la présidente du jury, n'aurait apprécié ni le film, ni ce marché imposé. On aurait alors proposé le compromis de la Palme d'or ex æquo, ce qui ne serait plus possible avec le règlement actuel[35],[36],[37].

Thierry Frémaux et Gilles Jacob nient ce qu'ils considèrent comme une légende urbaine, déclarant que Coppola demanda seulement de venir au festival à la seule condition que son film soit en compétition[38].

Selon le réalisateur Andreï Kontchalovski, Françoise Sagan voulait partager la Palme d'or avec Sibériade de Kontchalovski, ce qui ne déplaisait pas à Coppola, mais ce dernier film a fini par recevoir le Grand Prix pour éviter que la Palme d'or ne soit partagé entre les deux superpuissances dans le contexte de guerre froide[39].

Documentaire et adaptation

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Le tournage du film a fait l'objet d'un documentaire sorti en 1991 : Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène (Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse), réalisé par Fax Bahr et George Hickenlooper sur la base des films amateurs tournés sur les plateaux par l'épouse de Coppola, Eleanor Coppola.

Le livre de Joseph Conrad a fait l'objet d'une adaptation beaucoup plus fidèle, réalisée pour la télévision par Nicolas Roeg en 1994 et intitulée Au cœur des ténèbres, avec Tim Roth, John Malkovich, Isaac de Bankolé et James Fox. Le roman avait également été adapté en 1958 dans le cadre de la série Playhouse 90.

Différentes versions

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Apocalypse Now Redux

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Lors de sa sortie en 1979, le film d'environ 153 minutes, projeté en copie 70 mm, ne comporte aucun générique, ni de début ni de fin. Un petit livret, avec la liste des techniciens et des acteurs, est distribué à l'entrée des salles. L'absence du générique de fin s’explique par le fait que les dernières images, que les spectateurs interprétèrent comme le bombardement du camp de Kurtz, ont été retirées.

Une nouvelle version de 202 minutes (soit 49 minutes supplémentaires) a été distribuée en 2001 sous la dénomination Apocalypse Now Redux. Elle a été accueillie de manières diverses. En effet, certains considèrent que le sens du film est clarifié et que des détails flous de la première version retrouvent leur place. D'autres voient les ajouts comme des digressions qui amoindrissent la force du récit, car elles constituent des pauses dans la remontée du fleuve. David Lynch indique, par exemple :

« Quand un film est fini, on ne doit plus s'en approcher. Changer un détail aura des répercussions partout, et l'ensemble peut s'effondrer. Dans Apocalypse Now, les scènes supplémentaires, à mon avis, ont endommagé le film[40]. »

Par ailleurs cette version révèle également un capitaine Willard plus humain voire plus drôle par moments. Quoi qu'il en soit, Coppola a travaillé le nouveau montage à partir des éléments originaux. Il le justifie de la manière suivante :

« Mon but avec Apocalypse Now Redux est de présenter une expérience plus riche, plus ample, plus texturée du film, qui comme l'original à l'époque donne aux spectateurs la sensation de ce que fut le Viêt Nam ; l'immédiateté, l'insanité, la griserie, l'horreur, la sensualité et le dilemme moral de la guerre la plus surréaliste et la plus cauchemardesque de l'Amérique. Qu'une culture puisse mentir sur ce qui se passe en temps de guerre, que des êtres humains soient brutalisés, torturés, mutilés et tués et que tout cela soit présenté comme moral, voilà ce qui m'horrifie[41]. »

Dans cette version Redux :

  • Le lieutenant-colonel Kilgore fait désormais son apparition en atterrissant avec son hélicoptère (dans la première version, il est déjà à terre). De ce fait, une réplique a été modifiée : lorsque le capitaine Willard demande à un soldat où se trouve l'officier-commandant, celui-ci lui répond « Avec le chapeau, vous ne pouvez pas le louper », dans la première version, puis « C'est le colonel. Il va se poser », dans la version Redux.
  • Après avoir demandé un bombardement au napalm par radio, Kilgore fait rapatrier une Vietnamienne et son enfant puis remet à Lance un caleçon de bain de sa « cavalerie aéroportée » en guise de cadeau.
  • Kilgore se plaint du changement de vent, causé par le napalm, qui sabote les vagues pour surfer. Ensuite, Willard et l'équipage du bateau s'éclipsent, le capitaine dérobant au passage la planche de surf du lieutenant-colonel.
  • Kilgore envoie ses hélicoptères afin de retrouver le bateau et, ainsi, récupérer sa planche, en vain.
  • Le matin qui suit la soirée avec les playmates, Clean raconte à Philips l'histoire d'un sergent américain qui a tué un lieutenant sud-vietnamien pour une stupide histoire de magazine Playboy confisqué.
  • Tandis que Lance fait du ski nautique au son de (I Can't Get No) Satisfaction des Rolling Stones (la scène avait été insérée bien plus tôt dans la première version), Willard lit un article écrit par le colonel Kurtz tout en mangeant du chocolat.
  • Alors qu'il pleut à torrents, le bateau fait escale dans un camp américain totalement désordonné. Willard y rencontre l'animateur de la soirée et négocie avec lui deux bidons de gasoil contre une heure et demie en compagnie des playmates. « Chef » (qui, au passage, révèle son véritable nom, Jay Hicks) passe son temps avec Miss May dans l'hélico de la troupe et Lance avec la playmate de l'année dans un entrepôt (il y découvre, au passage, le corps d'un soldat mort). Clean, quant à lui, attend son tour sous la pluie.
  • La séquence de la plantation française (Coppola l'avait retirée volontairement à l'époque car il l'avait jugée ratée) dans laquelle :
    • Willard et ses hommes sont chaleureusement accueillis par Hubert De Marais, propriétaire de la plantation ;
    • Clean, tout juste abattu, obtient des funérailles militaires ;
    • Le dîner familial tourne au débat politique. Ayant chacun un point de vue différent, les membres de la famille française se disputent entre eux avant de quitter tour à tour la table ;
    • Willard fume de l'opium avec Roxanne Sarraut.
  • Willard se réveille enfermé dans une boîte. Il reçoit la visite de Kurtz qui lui lit un vieil article du Time. Une fois la lecture terminée, le colonel décide d'accorder une liberté surveillée à Willard mais celui-ci s'évanouit à nouveau.
  • Le film a, cette fois-ci, un générique de fin mais sans les images d'explosions dans la jungle.

La version originale de 1979 et la version Redux de 2001 sont disponibles dans un coffret DVD également disponible en Blu-ray depuis le en France (chez Pathé Vidéo). Ces deux coffrets incluent les deux doublages français 1979 et 2001. Le générique final où le camp de Kurtz est bombardé est disponible dans les bonus de ces éditions.

La version Redux n'est pas une version définitive car des scènes tournées n'y ont pas été incluses : le capitaine Richard Colby, qui fut envoyé tuer Kurtz avant le soldat Willard, est évoqué et montré, mais sans scènes avec des dialogues.

Final cut de 2019

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En 2019, Francis Ford Coppola dévoile une nouvelle version dite Final Cut (« montage final »). Elle est présentée, en , au festival du film de Tribeca, pour les 40 ans du film[42], et également le à la séance de clôture du Festival Lumière de Lyon en présence du réalisateur, qui recevait le prix du festival. Cette nouvelle version dure 182 minutes. Francis Ford Coppola a ainsi coupé 20 minutes de la version Redux et les scènes des Playboy bunnies et du colonel Kurtz en train de lire des articles de Time à Willard furent retirées[43]. Il s'agit, par ailleurs, d'une version restaurée en 4K, d'après le négatif original[44]. Apocalypse Now Final Cut sort dans les salles de différents pays fin [45],[46].

Une série annulée

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Coppola n'a jamais caché qu'il avait envisagé de sortir Apocalypse Now dans une version série télé complète de plus de cinq heures, comme il l'avait fait avec la série Le Parrain. Il y aurait ajouté par exemple des scènes inédites avec le colonel Kurtz qui ne figurent pas dans les versions de 1979 et 2001 (car jugées choquantes), et aurait enfin proposé les scènes filmées avec les dialogues de Colby, acquis à la cause du colonel Kurtz.

Versions françaises

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Il existe deux doublages français du film, en raison des deux montages différents :

  • Le premier, de 1979, dans lequel les noms des personnages sont prononcés « à la française » (ex : « Willard » prononcé « Villard »).
  • Le second, de 2001, pour la version Redux, respecte plus fidèlement les noms originaux des personnages, élément dû notamment à l'anglicisation de la langue française . Philippe Ogouz est le seul à avoir réenregistré sa voix (sur Martin Sheen), son timbre n'ayant que très légèrement vieilli avec les années. Tous les autres ont chacun une nouvelle voix. L'actrice française Aurore Clément s'est elle-même doublée, contrairement à Christian Marquand (décédé un an plus tôt), qui est doublé par le comédien Joël Zaffarano.

Notes et références

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  1. "The National Film Registry List – Library of Congress". loc.gov. Retrieved March 12, 2012
  2. PLus de 150 millions de dollars de recettes (pour un budget de 31 millions).
  3. « Les bateaux fluviaux américains », sur laguerreduvietnam.com (consulté le ).
  4. « Notre slogan : L'Apocalypse Maintenant »
  5. (en) « Apocalypse Now (1979) - Technical specifications », sur IMDb (consulté le ).
  6. A cause de son infarctus survenu le , Martin Sheen fut remplacé jusqu'au par son frère Joseph (non crédité) pour des scènes qui ne réclamaient pas de gros plan et les narrations en voix off du personnage.
  7. a b c d e f g et h Voir Aux cœurs des ténèbres : L'Apocalypse d'un metteur en scène (Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse) - 1991
  8. Cowie 1990, p.3.
  9. Cowie 1990, p.4.
  10. Débarquant à Manille le 31 août 1976, le crâne rasé, Brando fut payé un million de dollars par semaine. Si de multiples histoires circulent sur le fait que Marlon Brando serait arrivé sur le tournage sans avoir pris la peine de lire le court roman de Conrad ou le script, les travaux de ses biographes ont montré qu'il avait pourtant plusieurs éditions du livre dans sa bibliothèque personnelle, qu'il avait lu et annoté plusieurs autres ouvrages en renfort et qu'il avait fait de nombreuses suggestions retenues par Coppola concernant ses choix d'interprétation. Les accusations portées par Coppola contre Brando lui auraient surtout servi après coup à trouver un bouc-émissaire, peu populaire à Hollywood à la suite du scandale lié à son refus de l'Oscar du meilleur acteur 1972, pour les difficultés rencontrées pendant le tournage. Susan L. Mizruchi, « Brando v. Coppola: Debunking the Myth of Apocalypse Now », sur HuffPost, (consulté le ).
  11. Cowie 1990, p.124.
  12. Cowie 1990, p.122.
  13. Cowie 1990, p.125.
  14. Cowie 1990, p.123.
  15. Cowie 1990, p.147.
  16. Red Bull Music Academy, « Isao Tomita (RBMA Tokyo 2014 Lecture) », (consulté le ).
  17. « film music | movie music| film score | DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW – THE UNUSED SCORE: LIMITED EDITION »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur www.lalalandrecords.com (consulté le ).
  18. Charlie Brigden, « UNEARTHING DAVID SHIRE’S APOCALYPSE NOW », sur Charlie Brigden, (consulté le ).
  19. « « Apocalypse Now » : le coup d'éclat cannois de Francis Ford Coppola », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  20. « « Apocalypse Now » : le film que détestait Françoise Sagan », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  21. Christian Zimmer, « « Apocalypse Now » ou la faillite de l'histoire », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  22. a b c d et e « Apocalypse Now (1979) », sur Box Office Mojo, IMDbpro (consulté le ).
  23. Cowie 1990, p. 130.
  24. Cowie 1990, p. 132.
  25. Fabrice BO, « BO Hebdo - 2 octobre 1979 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  26. Fabrice BO, « BO Hebdo - 9 octobre 1979 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  27. a et b Fabrice BO, « BO Hebdo - 16 octobre 1979 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  28. Fabrice BO, « BO France - 31 décembre 1979 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  29. Fabrice BO, « BO Annuel 1979 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  30. Fabrice BO, « BO Hebdo - 8 janvier 1980 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  31. Fabrice BO, « BO Annuel 1980 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  32. a et b « Apocalypse Now (1979) », sur JPBox-office (consulté le ).
  33. « Apocalypse Now (Redux) », sur JPBox-office (consulté le ).
  34. a et b (en) « Apocalypse Now (Redux) », sur Box Office Mojo, IMDbpro (consulté le ).
  35. « Cannes et les Américains (3/5) : 1979, l'année d’Apocalypse Now », sur Télérama, .
  36. « Flashback : Sagan et le "complot" cannois », sur Vanity Fair, .
  37. « Beaucoup de bruit pour rien : Le Tambour », sur Critikat, .
  38. « La Grande Librairie – Thierry Frémaux publie Sélection officielle, un an dans la vie d'un boulimique de cinéma », L'épisode est évoqué à la 4e minute [vidéo], sur Youtube, .
  39. (ru) Andreï Kontchalovski, Низкие истины [« Faibles vérités »], Совершенно секретно,‎ , 384 p. (ISBN 5-89048-057-X)
  40. David Lynch, Télérama no 2866, 15 décembre 2004.
  41. Francis Ford Coppola, Festival de Cannes, mai 2001.
  42. (en) Gordon Lewis, « Tribeca: Danny Boyle's Beatles Movie Yesterday Set as Closing Night Film », sur The Hollywood Reporter, (consulté le ).
  43. Jean-Sébastien Chauvin, « Troisième Apocalypse », Cahiers du Cinéma, no 759,‎ , p. 84
  44. (en) Chris O'Falt, « Apocalypse Now: 5 Things You Need to Know About Coppola's New Final Cut », sur IndieWire (consulté le ).
  45. « Restored Apocalypse Now Final Cut Coming to IMAX Theaters for the 40th Anniversary », sur Collider, (consulté le ).
  46. « Apocalypse Now » (fiche film), sur Allociné

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Bibliographie

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  • (en) Peter Cowie, The Apocalypse Now Book, Da Capo Press,
  • Jean-Baptiste Thoret, Le Cinéma américain des années 1970, éd. des Cahiers du cinéma, 2006
  • Jean-Baptiste Thoret, Apocalypse Now : Un cauchemar psychédélique, livre DVD/Blu-ray Pathé
  • Franck Buioni, Absolute Directors : Rock, cinéma, contre-culture, tome 1, Camion Noir, 2011
  • Eleanor Coppola, Apocalypse Now Journal, Sonatine Éditions, 2011
  • Jean-Philippe Gunet, « Chef-d'œuvre, version intégrale : diffusé pour la première fois depuis sa sortie en salles en 2001, Apocalypse Now: Redux, fort de 50 minutes inédites, permet de redécouvrir un classique dont on pensait tout connaître. », Télécâble Sat Hebdo No 1428, SETC, Saint-Cloud, 11-9-2017, p. 24 (ISSN 1280-6617)
  • Florent Silloray, Un tournage en enfer : au cœur d'Apocalypse now, Casterman, 2023, 152 p. (bande dessinée)

Articles connexes

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Liens externes

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