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Version du 19 février 2019 à 23:27
Nom de naissance | Patrick Stéphane Kron[1] |
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Naissance | |
Diplôme | |
Profession |
Ingénieur, homme d’affaires |
Patrick Kron, né le , est un ingénieur et chef d'entreprise français. De 2003 à 2016, il a été président-directeur général du groupe Alstom, spécialisé dans les infrastructures de transport ferroviaire, de production et de transmission d'électricité.
Les conditions auxquelles il vend des éléments du groupe Alstom au groupe américain General Electric et les primes et revenus personnels qu'il en retire sont l'objet de controverses importantes dans la presse.
Famille
Patrick Kron est le fils de Beno et Helena Kron, juifs polonais[2] originaires de Łódź, en Pologne. Comptable de formation, Beno Kron monte une entreprise de confection pour hommes[3].
La famille Kron compte un autre fils, Philippe, frère cadet de Patrick et médecin radiologue[4].
Patrick Kron a trois enfants.
Formation
Patrick Kron fait ses études secondaires au lycée Jacques-Decour puis est en classes préparatoires scientifiques au lycée Louis-le-Grand. Il entre ensuite à l'École polytechnique (X1973)[5],[1], dont il sort major de promotion. Il choisit alors de rejoindre le Corps des mines[5],[6].
Carrière
Fonction publique
Patrick Kron commence sa carrière au ministère de l'Industrie de 1979 à 1984, d'abord à la DRIRE des Pays de la Loire (1979 à 1983), puis à la direction générale de l'Industrie (1983 à 1984).
Pechiney
Patrick Kron rejoint le groupe Pechiney en 1984[7], où il va faire une carrière de près de 15 ans, occupant diverses fonctions opérationnelles, financières et de direction générale.
De 1984 à 1988, Patrick Kron est responsable de l'exploitation de l'une des plus importantes usines du groupe installée en Grèce[8], avant de prendre la direction générale de la filiale grecque de Pechiney. Il occupe ensuite diverses fonctions opérationnelles et financières entre 1988 et 1993, à la direction d'un ensemble d'activités de transformation de l'aluminium, puis en tant que Président-directeur général de Pechiney électrométallurgie.
En 1993, Patrick Kron devient membre du comité exécutif du groupe Pechiney[9] et président-directeur général de Mersen (anciennement Carbone Lorraine) dont il assure la direction de 1993 à 1997.
De 1995 à 1997, il dirige les activités d'emballage alimentaire, hygiène et beauté de Pechiney et assure les fonctions de Chief Operating Officer d'American National Can Company à Chicago.
Imerys
En 1998, Patrick Kron rejoint Imerys (ex Imetal) en tant que président du directoire, responsabilité qu'il exerce jusqu'en 2002, s'attachant à développer l'entreprise, devenue un des leaders mondiaux des minéraux industriels.
Alstom
Administrateur du groupe Alstom depuis 2001, Patrick Kron est nommé directeur général le puis président-directeur général le .
Sa mission est de mener à bien le redressement du groupe. À court de trésorerie, le groupe énergétique et ferroviaire est au bord de la faillite. L'Etat vient à la rescousse, apporte 730 millions d'euros et prend 21 % du capital. En contrepartie, la Commission européenne exige de lourdes cessions. Les effectifs vont passer de 115 000 à 60 000 personnes. En 2006, l'entreprise redevient bénéficiaire. L'Etat cède la place à Bouygues en réalisant une plus-value d'1,3 milliard d'euros[10].
La cession de la branche énergie à General Electric
En , Patrick Kron propose la vente de 70 % d'Alstom au groupe américain General Electric. Le sujet est largement commenté dans les médias, jusqu’à la signature de l’accord entre les deux entreprises, effectif en [11]. Le projet est suivi de près par le gouvernement français et notamment mis en cause par Arnaud Montebourg alors ministre de l'Économie[12]. Patrick Kron explique avoir pris une décision pour préparer l’avenir de l’entreprise[13] et donner un avenir aux salariés, alors qu’Alstom n’a pas la taille critique pour être concurrentielle sur le secteur de l’énergie[14]. Si la bourse lui est plutôt favorable[10], la presse généraliste est beaucoup plus partagée.
La controverse
Le quotidien Le Monde décrit le PDG en tant que « fossoyeur » du groupe industriel[15]. Analysant la gouvernance de Patrick Kron, Alain Trannoy tout en reconnaissant les effets positifs de celle-ci dans les années 2003-2008, lui attribue « une partie du manque de perspectives actuelles du groupe »[16]. Loïk Le Floch-Prigent, ancien dirigeant de Elf Aquitaine, est beaucoup plus sévère. Il voit dans la décision de vendre un acte « irresponsable » et « un mépris total à l’égard du personnel, des clients, du peuple et de ses représentants »[17].
En , les actionnaires d'Alstom votent à 99,2 % des voix la cession du pôle énergie du groupe à General Electric pour 12,35 milliards d’euros[18] et décident d’allouer une prime « conditionnelle exceptionnelle » de 4,1 millions d’euros à Patrick Kron[19],[20]. Cette dernière est critiquée par la CGT, qui y voit une prime « pour casser l'outil industriel » donnée « avec la bénédiction de l'État »[21]. De son côté, Patrick Kron, affirme que cette rémunération est « conforme aux bonnes pratiques »[22] et qu’elle a fait l’objet d’une décision unanime du Conseil d’administration après avoir recueilli l’avis du Haut conseil de la gouvernance[23].
Au début de 2015, Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique, dénonce les conditions de vente de l'entreprise Alstom au groupe General Electric (GE) soulignant que contrairement aux promesses d'Arnaud Montebourg, assurant que le secteur nucléaire resterait sous contrôle français, le protocole d'accord approuvé par Emmanuel Macron en novembre et voté par l'assemblée générale, a pour conséquence de placer sous la coupe du groupe américain les turbines produites par Alstom et de cette manière la maintenance des centrales françaises. « Nous avons donc délibérément confié à un groupe américain l'avenir de l'ensemble de notre filière nucléaire… ». Il met en garde également sur le fait que cette vente « donne à GE le monopole de la fourniture de turbines de l'ensemble de notre flotte de guerre ». Il évoque également la vente d'une filiale d'Alstom, Alstom Satellite Tracking Systems, spécialisée dans les systèmes de repérage par satellite, dont les produits équipent l'armée française ainsi que des entreprises du secteur de la défense et de l'espace qui tombe dans le giron de General Electric. Il évoque « la cupidité et l'incompétence de certains dirigeants d'entreprise qui ont fait passer leurs intérêts personnels avant ceux de la collectivité »[24].
Certains analystes voient un lien direct entre la cession du pôle énergie du groupe à General Electric et l'enquête américaine pour des faits de corruption ayant débouché sur une amende de 720 millions d'euros et présentant des risques judiciaires pour plusieurs cadres d'Alstom dont Patrick Kron[25].
Lors des polémiques qui accompagnent la vente d'Alstom, Patrick Kron se dit « fier » d’avoir conclu cette vente qui « donne un avenir » aux salariés des usines d’Alstom. C'est la raison pour laquelle il n'entend pas renoncer à sa prime qu'il considère « légitime »[26].
La commission d'enquête parlementaire
En octobre 2017, une commission d'enquête parlementaire est constituée afin « d’examiner les décisions de l’État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d’entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d’Alstom, d’Alcatel et de STX (...) » Elle rend son rapport le 19 avril 2018. Dans son avant-propos, le président Olivier Marleix revient sur les conditions du rachat du pôle énergie d'Alstom par General Electric. Il se montre particulièrement sévère à l'égard de Patrick Kron, écrivant notamment :
« Le poids éventuel de la procédure menée par le DoJ (Department of Justice) sur la décision de Patrick Kron a donné lieu à beaucoup de supputations (...) L’ancien Président d’Alstom a une grande part de responsabilité dans l’exagération dont a pu être entourée cette affaire en adoptant un système de défense clairement mensonger. En effet, lors de ses deux auditions devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale les 11 mars et 1er avril 2015, il a écarté tout lien entre la vente de la branche power d’une part, et « la négociation avec le DoJ » d’autre part, affirmant clairement que la seconde avait été postérieure.
La réalité n’est pas celle-là (...) : une enquête a été ouverte par le DoJ à l’encontre d’Alstom dès la fin de l’année 2010 et s’est poursuivie en 2011, 2012, 2013 pour se clore en 2014. À ce moment, l’enquête étant close, Alstom a été invitée soit à plaider coupable, soit à être renvoyée en procès. C’est ce que M. Kron appelle une « négociation ». Pourquoi donc avoir nié l’antériorité de cette enquête ?
(...) La menace d’une amende a-t-elle pu peser sur la décision de M. Kron de vendre ? À cette seconde question notre Commission d’enquête répond par l’affirmative. M. Kron a réaffirmé devant nous que « l’entreprise allait dans le mur ». La perspective d’une amende attendue à près d’1 milliard $ (finalement prononcée à 772 millions $) a incontestablement rapproché le mur… Même si elle n’en est probablement pas la cause déterminante - qui reste économique - il est clair que cette amende qui aurait absorbé la moitié de la trésorerie de l’entreprise (1,5 milliard € en mars 2015) a accéléré la prise de décision de M. Kron. Le délai demandé par l’entreprise pour ne payer l’amende qu’après la vente montre son embarras.
Enfin, la perspective d’une telle amende a probablement restreint le champ des acquéreurs possibles ; GE étant le plus familier du système judiciaire américain. [27]»
Le rapport met également en cause le montant "extravagant" des honoraires payés par Alstom et GE dans le cadre de cette fusion. Dix cabinets d’avocats, deux banques conseils (Rothschild & Co, Bank of America Merrill Lynch) et deux agences de communication (DGM et Publicis) côté Alstom. Côté General Electric, on comptait trois banques conseils (Lazard, Crédit Suisse, et Bank of America), l’agence de communication Havas et de nombreux cabinets d’avocats. Le coût de l’opération pour Alstom, s’est élevé à 262 millions d’euros (...) Il est difficile d’imaginer que GE n’a pas mis autant d’argent sur la table.
Les suites de la cession
En janvier 2016, GE annonce la suppression de 6 500 emplois en Europe, dont 765 en France, dans les activités énergie d'Alstom[28],[29]. Le groupe maintient cependant son engagement de créer 1 000 emplois nets en France dans les trois ans. En janvier 2019 General Electric annonce qu'il envisage de supprimer jusqu’à 470 postes à travers la France, pour l’essentiel via des ruptures conventionnelles collectives, selon des syndicats. Sont concernés 149 postes chez Power Conversion France, 90 chez Grid et 229 (dont 146 à Belfort) chez Alstom Power System[30].
En , la presse annonce qu'Alstom a provisionné 10,5 millions d'euros afin de financer la « retraite chapeau » de Patrick Kron[31]. Dans son ouvrage Le Piège américain, Frédéric Pierucci, ancien président de la filiale chaudière d'Alstom, qui fut emprisonné pendant vingt-cinq mois aux États-Unis dans le cadre de la procédure engagée par le Department of Justice contre Alstom, s'étonne : « Je note qu'à ce jour Patrick Kron n'a fait l'objet d'aucune poursuite en France, alors qu'en signant le plaider-coupable il a avoué l'une des plus gigantesques opérations de corruption à l'échelle planétaire.[32] »
Truffle
En novembre 2016, il prend la tête du fonds de capital-risque Truffle[33].
Autres mandats
- Depuis le : Administrateur du groupe de BTP Bouygues (échéance en 2016)[34].
- 2012-2013 : Premier président de l'organisme Fer de France
- Depuis 2014 : Administrateur du groupe pharmaceutique Sanofi (échéance en 2018)
- Depuis ? : Administrateur de l’Association française des entreprises privées
- Depuis ? : Vice-président du conseil d'administration de l'association d'art vocal Les Arts Florissants
Rémunérations
En 2012, le salaire de Patrick Kron s'élève à 2,290 millions € (+5 % vs 2011), ce qui le place 21e dans le classement des salaires des patrons du CAC 40 publié par le magazine Challenges[35]. Les Échos notent une augmentation de 17 % de sa rémunération entre 2011 et 2013 alors même que le CA et le résultat opérationnel sont en recul de 3 % et de 7 % sur la même période[16].
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur[36]
- Officier dans l'ordre national du Mérite
Bibliographie
- Anne-Marie Rocco, « Patrick Kron, PDG d'Alstom », Challenges, (lire en ligne)
Annexes
- Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric, de David Gendreau et Alexandre Leraître (Fr., 2017, 52 min)[37].
Notes et références
- Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Patrick Kron », résultat obtenu : « Kron, Patrick Stéphane (X 1973) ».
- Patrick Kron, de sauveur d'Alstom à fossoyeur ?, Jean-Michel Bezat, lemonde.fr, 28 avril 2014.
- Patrick Kron, chef de chantier, Lexpress.fr, 2 octobre 2003.
- Kron seul contre tous, Lepoint.fr, 18 janvier 2007.
- De la promotion X1973, cf. « Fiche de Patrick Kron », sur le site de l’Association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique (l’AX), Paris (consulté le ) ; y est notamment indiqué le grade de Patrick Kron dans la fonction publique : « ingénieur des mines détaché ».
- Capital.fr - Les petits secrets de Patrick Kron, patron d'Alstom - - http://www.capital.fr/enquetes/hommes-et-affaires/les-petits-secrets-de-patrick-kron-patron-d-alstom-390792.
- Economie.trader-finance.fr - Biographies - Patrick Kron - http://economie.trader-finance.fr/patrick+kron/.
- Edubourse.com - Biographies - Patrick Kron - - http://www.edubourse.com/biographie/patrick-kron.php.
- directgestion.com - Alstom 2003-2013 : une décennie avec le même homme, Patrick Kron - - http://www.directgestion.com/sinformer/filactu/21060-2013-03-11-09-27-57.
- Alstom/General Electric: les confidences de Patrick Kron, challenges.fr, 8 mai 2014.
- (fr) « Alstom vote General Electric, Siemens contre-attaque », sur www.lefigaro.fr/ (consulté le )
- Alstom : Montebourg, l'anti-Kron, lepoint.fr, 30 avril 2014.
- (fr) « ALSTOM-GE : « UN PROJET OFFENSIF »] », sur estrepublicain.fr/ (consulté le )
- (fr) « Patrick Kron, le patron d'Alstom ce soir au « 20 Heures » de Gilles Bouleau », sur http://lci.tf1.fr/ (consulté le )
- Patrick Kron, de sauveur d'Alstom à fossoyeur ?, lemonde.fr, 28 avril 2014.
- Questions à Patrick Kron, lesechos.fr, 7 mai 2005.
- Alstom, le cri de révolte du mouton noir des industriels français : "Résistez !", Loïk Le Floch-Prigent, atlantico.fr, 2 mai 2014.
- (fr) « Le pôle énergie d'Alstom est autorisé à devenir américain », sur http://lexpansion.lexpress.fr / (consulté le )
- Alstom refuse de revenir sur la rémunération de son ex-PDG Patrick Kron
- L’ex-PDG d’Alstom voit sa rémunération contestée par les actionnaires
- Alstom : polémique sur une prime de Noël à 4 millions d'euros pour le patron, lefigaro.fr, 19 décembre 2014.
- « Alstom : le PDG ne renoncera pas à sa «prime de Noël» de 4 millions d'euros », sur http://www.lefigaro.fr (consulté le )
- Alstom : le PDG ne renoncera pas à sa «prime de Noël» de 4 millions d'euros, lefigaro.fr, 19 décembre 2014
- Vente d'Alstom : le dessous des cartes, entretien Jean-Michel Quatrepoint, lefigaro.fr, 7 janvier 2015
- Alstom vendu aux Américains : retour sur les dessous d'un scandale, marianne.net, 2 juillet 2015
- [1], la-croix.com, 30 juin2015
- Assemblée nationale - Rapport n° 897 fait au nom de la commission d'enquête chargée d’examiner les décisions de l’État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d’entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d’Alstom, d’Alcatel et de STX, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé - 19 avril 2018 - http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-enq/r0897-tI.asp#P276_20617
- General Electric va supprimer 765 emplois en France
- GE supprime 765 emplois en France dans l'ex-Alstom Power
- « General Electric envisage jusqu’à 470 suppressions de postes en France », Le Parisien, (lire en ligne)
- 35 millions pour arroser la mort d’Alstom, marianne.net, 6 novembre 2015
- Frédéric Pierucci avec Matthieu Aron, Le Piège américain, Paris, JC Lattès, , 396 p. (ISBN 978-2-7096-6407-3), p 294
- « Patrick Kron, l'ex-homme fort d'Alstom, prend la tête du fonds de capital-risque Truffle », lesechos.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Conseil d'administration du groupe Bouygues », Bouygues.fr (consulté le ).
- https://www.challenges.fr/galeries-photos/classement/20130503.CHA9077/classement-les-salaires-des-patrons-du-cac-40.html « Copie archivée », (archivé sur Internet Archive).
- Journal Officiel, décret du 9 avril 2004.
- TV : « Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric », lemonde.fr, 25 septembre 2017
- Naissance en septembre 1953
- Naissance à Paris
- Personnalité française du monde des affaires
- Élève du lycée Louis-le-Grand
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