« Muhammad Asad » : différence entre les versions
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⚫ | '''Muhammad Asad''' (né '''Leopold Weiss''' en juillet [[1900]] dans la ville de [[Lviv]] en [[Galicie]], maintenant en [[Ukraine]], autrefois partie de l'empire d'[[Autriche-Hongrie]], puis de la [[Pologne]] ; mort en [[1992]] à Granada en [[Espagne]]) était un [[journaliste]], un [[Linguistique|linguiste]] et [[diplomate]]. |
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== Biographie == |
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Asad descend d'une longue lignée de [[rabbin]]s, sauf son père qui était avocat. |
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Il reçut une solide éducation religieuse, et connaissait bien l'[[hébreu]] et avait des notions d'[[araméen]]. Il a étudié le [[Talmud]] et a creusé les complexités de l'[[exégèse biblique]], le [[Targoum]]. |
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Leopold Weiss descend d'une longue lignée de [[rabbin]]s, sauf son père, Karl Weiss, passionné par la [[physique]] mais qui était avocat en [[Galicie]], dans une communauté [[Sionisme|sioniste]]. Son grand-père, Binyamin Aryeh Weiss, était rabbin de la ville de [[Tchernivtsi]], capitale de la [[Bucovine]], et goûtait aussi les [[mathématiques]], les [[échecs]] et l'[[astronomie]] ; il cultivai une longue amitié avec l’[[archevêque]] [[Grec orthodoxe|grec-orthodoxe]], lui-même également un grand expert aux échecs. Le rabbin meurt quand son petit-fils Leopold a 13 ans, l'âge de la [[Bar Mitzvah|bar mitsva]] (majorité religieuse).<ref name=":0">{{Chapitre|prénom1=Leopold|nom1=Weiss|titre chapitre=Introduction|titre ouvrage=Un Proche-Orient sans romantisme : Journal de voyage|éditeur=CNRS Éditions|collection=Histoire|date=2016-07-01|isbn=9782271090942|lire en ligne=http://books.openedition.org/editionscnrs/5081|consulté le=2019-11-02|passage=5–33}}</ref> |
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Leopoldl reçut une solide éducation religieuse, connaissait bien l'[[hébreu]] et avait des notions d'[[araméen]] dès l'adolescence. Il a étudié le [[Talmud]] et a creusé les complexités de l'[[exégèse biblique]], le [[Targoum]]. Il avoua plus tard à son fils que ce fut à cette époque où il avançait dans sa connaissance du [[judaïsme]], que sa foi commençait à s'étioler : « il me semblait que le Dieu de la Bible était indûment préoccupé par les rites à observer par ses fidèles et par le destin d’une seule nation : la nation hébraïque ». En définitive, son apprentissage aboutissait à l'inverse du but recherché par ses parents et l'éloigna de la religion de ses ancêtres<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Amir Ben-David|titre=LA VIE MOUVEMENTÉE D'UN SAGE. Leopold Weiss, alias Muhammad Asad, islamologue|description=Source : ''Haaretz''|url=https://www.courrierinternational.com/article/2001/12/20/leopold-weiss-alias-muhammad-asad-islamologue|site=Courrier international|périodique=|date=2003-10-01|consulté le=2019-11-02}}</ref>{{,}}<ref name=":0" />. |
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En 1914, lors de la [[Première Guerre mondiale|Première guerre mondiale]], sa famille se réfugie à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] et assiste au délitement d'un monde qui laisse place à une fragilité ambiante et une insécurité inquiétantes<ref name=":0" />. |
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En [[1922]], se produit un grand tournant dans sa vie. Invité par un oncle vivant en [[Palestine mandataire]], il arrive à [[Jérusalem]] et y découvre le monde arabe. Fasciné par cette nouvelle culture, il [[Conversion à l'islam|se convertit à l'islam]] en 1926. Par la suite, il a longuement voyagé dans les [[Pays musulman|pays à majorité musulmane]]. Il a été le témoin privilégié des [[Mouvements de libération nationale|mouvements de libération]] au {{s-|XX|e}}. Il a été proche du roi saoudien [[Abdel Aziz Ibn Saoud]] et ami du roi [[Fayçal d'Arabie saoudite]]. |
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[[Fichier:Muhammad Asad Square in Vienna.jpg|vignette|Place Muhammad Asad à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Autriche]]]] |
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Après la guerre, sa mère meurt et il part, contre l'avis de son père, étudier pendant deux ans l'[[histoire de l'art]] et la [[philosophie]] à l'[[Université de Vienne]] puis se rend à Prague puis à [[Berlin]]. Le cinéaste [[Friedrich Wilhelm Murnau|Friedrich W. Murnau]] l'engage comme assistant pendant deux mois<ref name=":0" />. |
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⚫ | Entre 1931 et 1939, il s'établit, avec sa famille, au nord de l'[[Inde]], alors sous contrôle britannique<ref name="GRECA">{{ouvrage|éditeur=Université de Saint-Etienne|collection=|série=|titre=Construction de l'identité dans la rencontre des cultures chez les auteurs d'expression allemande : Tome 1, Être ailleurs|titre vo=|ref=|volume=|titre volume=|auteur=|prénom=|nom=|auteurs=Groupe de recherche et d'études sur la culture allemande, Patricia Desroches-Viallet, Geoffroy Rémi|directeur=|préface=|trad=|langue=français|lien langue=|lieu=|année=2007|mois=|jour=|publi=|pages=274|format=|isbn=2862724319|issn=|oclc=|présentation en ligne=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ohCJ17x6tyUC&printsec=frontcover&source=gbs_v2_summary_r&cad=0|partie=|numéro=|chap=|passage=89-90|id=|commentaire=}}</ref>. |
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=== Journaliste === |
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⚫ | Il amorce une carrière de journaliste, travaillant d'abord dans l'agence de presse ''United Telegraph'' puis, après l'obtention d'une interview exclusive de la femme de l’écrivain [[Maxime Gorki]], au principal quotidien de langue allemande de l'époque, le « ''[[Frankfurter Zeitung]] »''<ref name=":1" />. |
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=== En Palestine === |
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En [[1922]], se produit un grand tournant dans sa vie. Invité par un oncle maternel installé en [[Palestine mandataire]], le Dr Dorian Isador Feigenbaum (1887-1937)<ref>{{Article |titre=In Memoriam Dorian Feigenbaum, M.D. 1887-1937 |périodique=The Psychoanalytic Quarterly |volume=6 |numéro=1 |date=1937-01-01 |issn=0033-2828 |doi=10.1080/21674086.1937.11925305 |lire en ligne=https://doi.org/10.1080/21674086.1937.11925305 |consulté le=2019-11-02 |pages=1–3 }}</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Eran|nom1=ROLNIK|titre=Freud à Jérusalem: La psychanalyse face au sionisme|éditeur=Antilope (L')|date=2017-01-05|isbn=9791095360162|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GBDGDQAAQBAJ&pg=PT100&lpg=PT100&dq=Dorian+Feigenbaum&source=bl&ots=a_jrhboRmn&sig=ACfU3U32DCf0krkCl5AULc-SIB8KYhs5fw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiI5Pbh9MvlAhWnx4UKHcNgDps4ChDoATAKegQICRAB#v=onepage&q=Dorian%20Feigenbaum&f=false|consulté le=2019-11-02}}</ref>, élève de [[Sigmund Freud|Sigmung Freud]], [[psychanalyste]], qui devient directeur de l'unique hôpital des maladies mentales (fondé par l'organisation de femmes juives, ''Ezrat Nashim'', en 1895) à Jérusalem (puis fondera à [[New York]], en 1932, ''The Psychoanalytic Quarterly''), il arrive dans la ville avec la famille de sa mère et y retrouve aussi son autre oncle Arieh Leopold, directeur du département d'[[ophtalmologie]] à l'hôpital Rothchild de [[Jérusalem]]<ref>{{Article |langue=en |auteur1= |nom1=Psychoanalytic Quarterly |titre=Dorian Feigenbaum, M.D—1887-1937 |périodique=Psychoanal Q. |volume=6 |date=1937 |issn= |lire en ligne=https://www.pep-web.org/document.php?id=paq.006.0001a |consulté le=2019-11-02 |pages=1–3 }}</ref>{{,}}<ref name=":3">{{Article |langue=fr |auteur1=Sylvain Cypel |titre=La surprenante odyssée de Leopold Weiss |périodique=Le Monde |date=2005-05-26 |issn= |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2005/05/26/la-surprenante-odyssee-de-leopold-weiss_654129_3260.html |consulté le=2019-11-02 |pages= }}</ref>. |
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=== Voyages et conversion === |
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L’impact du voyage à Jérusalem et en Palestine, en passant par [[Alexandrie]], « sur sa vie ultérieure, se révèlera considérable »<ref name=":0" />. Il découvre le monde arabe qui l'accueille avec hospitalité.<blockquote>« Si l’on m’avait dit à ce moment-là que ma première prise de contact avec le monde de l’islam irait beaucoup plus loin qu’un simple épisode de vacances et marquerait un tournant décisif de ma vie, j’en aurais ri comme d’une idée absurde. Je ne me sentais certes pas fermé à ce que pouvaient offrir des pays associés dans mon imagination, comme dans celle de la plupart des Européens, à l’atmosphère romantique des ''Mille et une nuits.'' Je m’attendais à trouver de la couleur, des coutumes exotiques, des scènes pittoresques. Mais je n’aurais jamais songé à la possibilité d’aventures également dans le domaine de l’esprit »<ref>Asad, ''Le Chemin de La Mecque,'' p. 74</ref> </blockquote>En Palestine, Weiss considère que le [[sionisme]] est une erreur<ref name=":2" />. |
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Par la suite, il voyage longuement dans les [[Pays musulman|pays à majorité musulmane]], en [[Syrie]], [[Transjordanie (région)|Transjordanie]] (aujourd’hui [[Jordanie]]), en [[Perse]], en [[Afghanistan]] ou en [[Arabie saoudite|Arabie Saoudite]] où sa maîtrise de l'hébreu et de l'araméen l'aident grandement dans son apprentissage de la langue arabe<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":3" />. Il commence à rejeter ce qui pervertit l'Occident comme « le [[matérialisme]], la course à la [[consommation]], le [[nationalisme]] et... la quête insondable de la ''"pureté originelle" ».'' Il considère que dans l'islam, l''a «'' pureté est accordée à l'homme avec la naissance » et il désire « être créé de nouveau ». Fasciné par cette nouvelle culture, il [[Conversion à l'islam|se convertit à l'islam]] à 26 ans et prend le nom arabe de Muhammad Asad : « Muhammad pour Mahomet. Asad (lion) pour Leo »<ref name=":3" />. |
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''Ayant quitté le Frankfurter Zeitung,'' il signe avec la ''[[Neue Zürcher Zeitung|Neue Zurcher Zeitung]]'' de [[Zurich]], le ''[[De Telegraaf|Telegraaf]]'' d’[[Amsterdam]] et la ''Kolnische Zeitung'' de [[Cologne]]. Il voyage accompagné d'une peintre, Elsa Schiemann, qui mourra après son pèlerinage à [[La Mecque]]<ref name=":0" />. |
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=== Politique et spiritualité === |
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Il est le témoin privilégié des [[Mouvements de libération nationale|mouvements de libération]] au {{s-|XX|e}} et on lui prête une influence sur certains théoriciens du [[Islamisme|fondamentalisme islamique]]<ref name=":3" />. Il fut proche conseiller du roi saoudien [[Abdel Aziz Ibn Saoud]] et ami du roi [[Fayçal d'Arabie saoudite]].[[Fichier:Muhammad Asad Square in Vienna.jpg|vignette|Place Muhammad Asad à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], [[Autriche]]]] |
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⚫ | Entre 1931 et 1939, il s'établit, avec son épouse Munira (fille d’un cheikh saoudien) et sa famille, à [[Lahore]] au nord de l'[[Inde]], alors sous contrôle britannique<ref name="GRECA">{{ouvrage|éditeur=Université de Saint-Etienne|collection=|série=|titre=Construction de l'identité dans la rencontre des cultures chez les auteurs d'expression allemande : Tome 1, Être ailleurs|titre vo=|ref=|volume=|titre volume=|auteur=|prénom=|nom=|auteurs=Groupe de recherche et d'études sur la culture allemande, Patricia Desroches-Viallet, Geoffroy Rémi|directeur=|préface=|trad=|langue=français|lien langue=|lieu=|année=2007|mois=|jour=|publi=|pages=274|format=|isbn=2862724319|issn=|oclc=|présentation en ligne=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ohCJ17x6tyUC&printsec=frontcover&source=gbs_v2_summary_r&cad=0|partie=|numéro=|chap=|passage=89-90|id=|commentaire=}}</ref>. Son fils Talal naît en 1932<ref name=":0" />. |
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En 1939, il est interné dans un camp par les autorités britanniques des [[Inde britannique|Indes]], puis rejoint par son épouse et son fils Talal, comme Juif autrichien et « ennemi étranger », pour avoir publié des articles anti-britanniques dans la presse allemande de longues années durant, alors qu'il commence à être reconnu comme un théoricien important de l'islam<ref name=":3" />. On les transfère dans un autre camp de détention pour familles, près de [[Bombay]] où sont aussi emprisonnés des Juifs germaniques ayant fui le [[nazisme]]. Alors qu'il avait tenté de les sauvé, ses parents (son père, sa belle-mère, sa soeur, sa tante) sont assassinés dans les [[Camps d'extermination nazis|camps d'extermination nazie]] de la [[Shoah]] lors de la [[Seconde Guerre mondiale|Seconde guerre mondiale]]<ref name=":1" />. |
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Sur place, il collabore, avec [[Muhammad Iqbal]], à la formation d'un futur Etat islamique qui devriendra le [[Pakistan]] en [[1947]]<ref name="GRECA" />{{,}}<ref name=":0" />. Il participe l'organisation du [[Pendjab (Inde)|Pendjab]] à travers le nouveau Département de la reconstruction islamique à Lahore et aux débats autour de la future [[Constitution]]. Il est ensuite nommé directeur de la division du Moyen-Orient au [[ministère des Affaires étrangères]]<ref name=":0" />. Il devient [[ministre plénipotentiaire]], le premier [[ambassadeur]] du Pakistan à l'[[Organisation des Nations unies]] (ONU) en 1952. |
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Des problèmes liés probablement à ses succès et ses origines ethnique et religieuse naissent au sein de son ministère allant jusqu'à ce que son ministre des Affaires étrangères lui refuse l'autorisation d'épouser sa quatrième femme, Paola Hamida, une Américaine d’origine [[Église catholique|catholique]] [[Polonais (peuple)|polonaise]], elle aussi convertie à l’islam<ref name=":0" />. |
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Il écrit ensuite son autobiographie ''The Road to Mecca'' (Le Chemin de La Mecque) en 1954 où il raconte notamment « la découverte de l’islam par un Européen et de son intégration dans la communauté musulmane »<ref name=":1" />. [[Intellectuel]] [[polyglotte]], il appartient à l'élite pakistanaise mais quitte le monde diplomatique<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":0" />. |
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À la fin de sa vie, il vit en [[Suisse]] puis une grande période à [[Tanger]] au nord du [[Maroc]], avant de s’installer à Granada en Espagne avec son épouse Paola Hamida Asad, jusqu'à sa mort en 1992 à [[Mijas]] en [[Andalousie]]. Il est enterré dans le cimetière musulman de Granada. |
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Il a écrit plusieurs livres, le plus connu étant ''Le Chemin de [[la Mecque]]'' (1954), qui raconte ses voyages en Orient et, sans renier son origine juive, sa conversion à l'[[islam]]. Son ouvrage principal après avoir quitté Lahore, soutenu matériellement par le secrétaire général de la Ligue musulmane mondiale, le sheikh Muhammad Sarur as-Sabban et la famille Shaya du [[Koweït|Koweit]], est sans doute sa [[Traductions du Coran|traduction du Coran]] d'[[arabe]] en [[anglais]], sous le titre ''The Message of the Qur'ān'' (1980) dont le premier volume paraît en 1964, qu'il met près de vingt ans à construire mais qui sera censurée par les Saoudiens<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":0" />. Il y a donc consacré la dernière partie de son existence, après avoir renoncé à son action politique. Son but était de faire connaître le [[Coran]] à l'[[Occident]]. |
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« Initialement très [[Rigorisme|rigoriste]] il sera fasciné par le [[wahhabisme]] puis les idées [[Salafisme|salafistes]], et convaincu de ''"l'incompatibilité spirituelle"'' entre l'islam et l'[[Occident]] ». Dans ses derniers ouvrages de [[théologie]], il prône finalement une réforme de l'islam en se retournant contre les [[Fondamentalisme|fondamentalistes]]<ref name=":3" />. |
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Son fils, Talal Asad, né en Arabie Saoudite, a grandi en Inde puis au Pakistan, a fait ses études à [[Oxford]] en Angleterre et vit désormais à New York où il enseigne l’[[anthropologie]] à la [[Université de la ville de New York|City University of New York]]<ref name=":1" /> |
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Il a écrit plusieurs livres, le plus connu étant ''Le Chemin de [[la Mecque]]'' (1954), qui raconte ses voyages en Orient et sa conversion à l'[[islam]]. |
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Son ouvrage principal est sans doute sa [[Traductions du Coran|traduction du Coran]] d'[[arabe]] en [[anglais]] sous le titre ''The Message of the Qur'ān'' (1980). Il y a consacré la dernière partie de son existence, le dernier tiers, après avoir renoncé à son action politique. Son but était de faire connaître le Coran à l'[[Occident]]. |
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== Bibliographie == |
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=== Œuvres === |
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* ''Un Proche-Orient sans romantisme : Journal de voyage'' (publié en allemand en 1922, traduit en français en 2005). Écrit sous son ancien nom: Leopold Weiss. |
* ''Un Proche-Orient sans romantisme : Journal de voyage'' (publié en allemand à [[Francfort-sur-le-Main]], aux éditions Societät-Druckerei en 1922, traduit en français en 2005), éd. du CNRS., 180 pp. Écrit sous son ancien nom : Leopold Weiss<ref name=":0" />. |
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* ''L'Islam à la croisée des chemins'', éditions Renaissance (publié en anglais en 1934, traduit en français en 2004). |
* ''L'Islam à la croisée des chemins'', éditions Renaissance (publié en anglais en 1934, traduit en français en 2004). |
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* Traduction en anglais du ''Sahih Al-Bukhari'' (1935-1938) |
* Traduction en anglais du ''Sahih Al-Bukhari'' (1935-1938) |
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=== Études === |
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* Florence Heymann, ''Un Juif pour l'islam'', Stock, 2005, 304 pp., |
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* Tom Butler-Bowdon, ''50 classiques de la spiritualité'' (2005), trad., Le Jour, Montréal, Canada, 2008. |
* Tom Butler-Bowdon, ''50 classiques de la spiritualité'' (2005), trad., Le Jour, Montréal, Canada, 2008. |
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== Notes et références == |
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== Voir aussi == |
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* [[Histoire des Juifs en Galicie]] |
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== Annexes == |
== Annexes == |
Version du 2 novembre 2019 à 22:09
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Leopold Weiss |
Nationalités | |
Formation | |
Activités | |
Enfant |
A travaillé pour |
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The Road to Mecca (d) |
Muhammad Asad (né Leopold Weiss en juillet 1900 dans la ville de Lviv en Galicie, maintenant en Ukraine, autrefois partie de l'empire d'Autriche-Hongrie, puis de la Pologne ; mort en 1992 à Granada en Espagne) était un journaliste, un linguiste et diplomate.
Biographie
Famille
Leopold Weiss descend d'une longue lignée de rabbins, sauf son père, Karl Weiss, passionné par la physique mais qui était avocat en Galicie, dans une communauté sioniste. Son grand-père, Binyamin Aryeh Weiss, était rabbin de la ville de Tchernivtsi, capitale de la Bucovine, et goûtait aussi les mathématiques, les échecs et l'astronomie ; il cultivai une longue amitié avec l’archevêque grec-orthodoxe, lui-même également un grand expert aux échecs. Le rabbin meurt quand son petit-fils Leopold a 13 ans, l'âge de la bar mitsva (majorité religieuse).[1]
Etudes
Leopoldl reçut une solide éducation religieuse, connaissait bien l'hébreu et avait des notions d'araméen dès l'adolescence. Il a étudié le Talmud et a creusé les complexités de l'exégèse biblique, le Targoum. Il avoua plus tard à son fils que ce fut à cette époque où il avançait dans sa connaissance du judaïsme, que sa foi commençait à s'étioler : « il me semblait que le Dieu de la Bible était indûment préoccupé par les rites à observer par ses fidèles et par le destin d’une seule nation : la nation hébraïque ». En définitive, son apprentissage aboutissait à l'inverse du but recherché par ses parents et l'éloigna de la religion de ses ancêtres[2],[1].
En 1914, lors de la Première guerre mondiale, sa famille se réfugie à Vienne et assiste au délitement d'un monde qui laisse place à une fragilité ambiante et une insécurité inquiétantes[1].
Après la guerre, sa mère meurt et il part, contre l'avis de son père, étudier pendant deux ans l'histoire de l'art et la philosophie à l'Université de Vienne puis se rend à Prague puis à Berlin. Le cinéaste Friedrich W. Murnau l'engage comme assistant pendant deux mois[1].
Journaliste
Il amorce une carrière de journaliste, travaillant d'abord dans l'agence de presse United Telegraph puis, après l'obtention d'une interview exclusive de la femme de l’écrivain Maxime Gorki, au principal quotidien de langue allemande de l'époque, le « Frankfurter Zeitung »[2].
En Palestine
En 1922, se produit un grand tournant dans sa vie. Invité par un oncle maternel installé en Palestine mandataire, le Dr Dorian Isador Feigenbaum (1887-1937)[3],[4], élève de Sigmung Freud, psychanalyste, qui devient directeur de l'unique hôpital des maladies mentales (fondé par l'organisation de femmes juives, Ezrat Nashim, en 1895) à Jérusalem (puis fondera à New York, en 1932, The Psychoanalytic Quarterly), il arrive dans la ville avec la famille de sa mère et y retrouve aussi son autre oncle Arieh Leopold, directeur du département d'ophtalmologie à l'hôpital Rothchild de Jérusalem[5],[6].
Voyages et conversion
L’impact du voyage à Jérusalem et en Palestine, en passant par Alexandrie, « sur sa vie ultérieure, se révèlera considérable »[1]. Il découvre le monde arabe qui l'accueille avec hospitalité.
« Si l’on m’avait dit à ce moment-là que ma première prise de contact avec le monde de l’islam irait beaucoup plus loin qu’un simple épisode de vacances et marquerait un tournant décisif de ma vie, j’en aurais ri comme d’une idée absurde. Je ne me sentais certes pas fermé à ce que pouvaient offrir des pays associés dans mon imagination, comme dans celle de la plupart des Européens, à l’atmosphère romantique des Mille et une nuits. Je m’attendais à trouver de la couleur, des coutumes exotiques, des scènes pittoresques. Mais je n’aurais jamais songé à la possibilité d’aventures également dans le domaine de l’esprit »[7]
En Palestine, Weiss considère que le sionisme est une erreur[4].
Par la suite, il voyage longuement dans les pays à majorité musulmane, en Syrie, Transjordanie (aujourd’hui Jordanie), en Perse, en Afghanistan ou en Arabie Saoudite où sa maîtrise de l'hébreu et de l'araméen l'aident grandement dans son apprentissage de la langue arabe[2],[6]. Il commence à rejeter ce qui pervertit l'Occident comme « le matérialisme, la course à la consommation, le nationalisme et... la quête insondable de la "pureté originelle" ». Il considère que dans l'islam, la « pureté est accordée à l'homme avec la naissance » et il désire « être créé de nouveau ». Fasciné par cette nouvelle culture, il se convertit à l'islam à 26 ans et prend le nom arabe de Muhammad Asad : « Muhammad pour Mahomet. Asad (lion) pour Leo »[6].
Ayant quitté le Frankfurter Zeitung, il signe avec la Neue Zurcher Zeitung de Zurich, le Telegraaf d’Amsterdam et la Kolnische Zeitung de Cologne. Il voyage accompagné d'une peintre, Elsa Schiemann, qui mourra après son pèlerinage à La Mecque[1].
Politique et spiritualité
Il est le témoin privilégié des mouvements de libération au XXe siècle et on lui prête une influence sur certains théoriciens du fondamentalisme islamique[6]. Il fut proche conseiller du roi saoudien Abdel Aziz Ibn Saoud et ami du roi Fayçal d'Arabie saoudite.
Entre 1931 et 1939, il s'établit, avec son épouse Munira (fille d’un cheikh saoudien) et sa famille, à Lahore au nord de l'Inde, alors sous contrôle britannique[8]. Son fils Talal naît en 1932[1].
En 1939, il est interné dans un camp par les autorités britanniques des Indes, puis rejoint par son épouse et son fils Talal, comme Juif autrichien et « ennemi étranger », pour avoir publié des articles anti-britanniques dans la presse allemande de longues années durant, alors qu'il commence à être reconnu comme un théoricien important de l'islam[6]. On les transfère dans un autre camp de détention pour familles, près de Bombay où sont aussi emprisonnés des Juifs germaniques ayant fui le nazisme. Alors qu'il avait tenté de les sauvé, ses parents (son père, sa belle-mère, sa soeur, sa tante) sont assassinés dans les camps d'extermination nazie de la Shoah lors de la Seconde guerre mondiale[2].
Sur place, il collabore, avec Muhammad Iqbal, à la formation d'un futur Etat islamique qui devriendra le Pakistan en 1947[8],[1]. Il participe l'organisation du Pendjab à travers le nouveau Département de la reconstruction islamique à Lahore et aux débats autour de la future Constitution. Il est ensuite nommé directeur de la division du Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères[1]. Il devient ministre plénipotentiaire, le premier ambassadeur du Pakistan à l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1952.
Des problèmes liés probablement à ses succès et ses origines ethnique et religieuse naissent au sein de son ministère allant jusqu'à ce que son ministre des Affaires étrangères lui refuse l'autorisation d'épouser sa quatrième femme, Paola Hamida, une Américaine d’origine catholique polonaise, elle aussi convertie à l’islam[1].
Il écrit ensuite son autobiographie The Road to Mecca (Le Chemin de La Mecque) en 1954 où il raconte notamment « la découverte de l’islam par un Européen et de son intégration dans la communauté musulmane »[2]. Intellectuel polyglotte, il appartient à l'élite pakistanaise mais quitte le monde diplomatique[2],[1].
À la fin de sa vie, il vit en Suisse puis une grande période à Tanger au nord du Maroc, avant de s’installer à Granada en Espagne avec son épouse Paola Hamida Asad, jusqu'à sa mort en 1992 à Mijas en Andalousie. Il est enterré dans le cimetière musulman de Granada.
Il a écrit plusieurs livres, le plus connu étant Le Chemin de la Mecque (1954), qui raconte ses voyages en Orient et, sans renier son origine juive, sa conversion à l'islam. Son ouvrage principal après avoir quitté Lahore, soutenu matériellement par le secrétaire général de la Ligue musulmane mondiale, le sheikh Muhammad Sarur as-Sabban et la famille Shaya du Koweit, est sans doute sa traduction du Coran d'arabe en anglais, sous le titre The Message of the Qur'ān (1980) dont le premier volume paraît en 1964, qu'il met près de vingt ans à construire mais qui sera censurée par les Saoudiens[2],[6],[1]. Il y a donc consacré la dernière partie de son existence, après avoir renoncé à son action politique. Son but était de faire connaître le Coran à l'Occident.
« Initialement très rigoriste il sera fasciné par le wahhabisme puis les idées salafistes, et convaincu de "l'incompatibilité spirituelle" entre l'islam et l'Occident ». Dans ses derniers ouvrages de théologie, il prône finalement une réforme de l'islam en se retournant contre les fondamentalistes[6].
Son fils, Talal Asad, né en Arabie Saoudite, a grandi en Inde puis au Pakistan, a fait ses études à Oxford en Angleterre et vit désormais à New York où il enseigne l’anthropologie à la City University of New York[2]
Bibliographie
Œuvres
- Un Proche-Orient sans romantisme : Journal de voyage (publié en allemand à Francfort-sur-le-Main, aux éditions Societät-Druckerei en 1922, traduit en français en 2005), éd. du CNRS., 180 pp. Écrit sous son ancien nom : Leopold Weiss[1].
- L'Islam à la croisée des chemins, éditions Renaissance (publié en anglais en 1934, traduit en français en 2004).
- Traduction en anglais du Sahih Al-Bukhari (1935-1938)
- Le Chemin de La Mecque (1954), trad., Fayard, 1999.
The Message of the Qur'ān (1962-1980). Dernière édition anglaise en 2004 (édition The Book Foundation). Traduction française en préparation.
Études
- Florence Heymann, Un Juif pour l'islam, Stock, 2005, 304 pp.,
- Tom Butler-Bowdon, 50 classiques de la spiritualité (2005), trad., Le Jour, Montréal, Canada, 2008.
Documentaire
- Un chemin vers l'Islam ': le voyage de Muhammad Asad, Arte, 2009.
Notes et références
- Leopold Weiss, « Introduction », dans Un Proche-Orient sans romantisme : Journal de voyage, CNRS Éditions, coll. « Histoire », (ISBN 9782271090942, lire en ligne), p. 5–33
- Amir Ben-David, « LA VIE MOUVEMENTÉE D'UN SAGE. Leopold Weiss, alias Muhammad Asad, islamologue », Source : Haaretz, sur Courrier international, (consulté le )
- « In Memoriam Dorian Feigenbaum, M.D. 1887-1937 », The Psychoanalytic Quarterly, vol. 6, no 1, , p. 1–3 (ISSN 0033-2828, DOI 10.1080/21674086.1937.11925305, lire en ligne, consulté le )
- Eran ROLNIK, Freud à Jérusalem: La psychanalyse face au sionisme, Antilope (L'), (ISBN 9791095360162, lire en ligne)
- (en) Psychoanalytic Quarterly, « Dorian Feigenbaum, M.D—1887-1937 », Psychoanal Q., vol. 6, , p. 1–3 (lire en ligne, consulté le )
- Sylvain Cypel, « La surprenante odyssée de Leopold Weiss », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Asad, Le Chemin de La Mecque, p. 74
- Groupe de recherche et d'études sur la culture allemande, Patricia Desroches-Viallet, Geoffroy Rémi, Construction de l'identité dans la rencontre des cultures chez les auteurs d'expression allemande : Tome 1, Être ailleurs, Université de Saint-Etienne, , 274 p. (ISBN 2862724319, lire en ligne), p. 89-90