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« Théorie du déséquilibre » : différence entre les versions

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==== Sous-consommation ====
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Lorsqu'il y a un excès d'offre sur le marché des biens, et un excès de demande sur le marché du travail, alors l'économie se trouve en situation de surproduction généralisée. La faiblesse de la demande crée des invendus et des pertes pour les entreprises, mais il y a un déséquilibre sur le marché du travail en défaveur des entreprises, qui peinent à recruter. Cette situation est qualifiée par [[Valérie Mignon]] de {{Citation|fortement improbable}}<ref name=":0" />.
Lorsqu'il y a un excès d'offre sur le marché des biens, et un excès de demande sur le marché du travail, alors l'économie se trouve en situation de surproduction généralisée. La faiblesse de la demande crée des invendus et des pertes pour les entreprises, mais il y a un déséquilibre sur le marché du travail en défaveur des entreprises, qui peinent à recruter. Cette situation est qualifiée par [[Valérie Mignon]] de {{Citation|fortement improbable}}<ref name=":0" />.

=== Politiques économiques adéquates ===
La théorie du déséquilibre met en évidence que, selon le déséquilibre subi par l'économie, la réponse diffère en termes de [[politique économique]]. Dans le cas d'un chômage keynésien, où la demande est insuffisante sur le marché des biens et où il y a plus d'offreurs de travail que de demande de travail, il faut mettre en œuvre une [[politique de relance]], notamment par la consommation. Le cas du chômage classique est très différent, car dans ce cas, les entreprises n'ont pas la possibilité d'augmenter leur production, et une politique de relance serait inflationniste. Dans ce cas, il faut diminuer le salaire réel afin d'augmenter la demande de travail et augmenter l'offre des entreprises<ref name=":0" />.


== Exemples ==
== Exemples ==

Version du 25 juillet 2022 à 11:59

La théorie du déséquilibre (aussi appelée théorie des équilibres à prix fixes ou théorie des équilibres avec rationnements) est une théorie économique qui explique le chômage involontaire et l'insuffisance de la demande effective comme étant dus à un déséquilibre de marché lié à des imperfections d'information et des défauts de coordination entre les agents économiques. Cette théorie a cherché à donner des microfondations à la théorie keynésienne du chômage involontaire. Elle a été élaborée dans les années 1970, notamment par Edmond Malinvaud ou Jean-Pascal Benassy.

Historique

La théorie du déséquilibre est principalement formulée par des économistes américains. Les travaux pionniers émergent dans les années 1969 sous la plume de Robert Clower (1965 et 1969), puis de Axel Leijonhufvud (1967 et 1968)[1].

La théorie est développée au cours d'une seconde vague par Robert Barro et Herschel Grossman en 1971 et 1976. A cette date, la théorie est reprise par Jean-Pascal Benassy, puis par Edmond Malinvaud en 1977. Ils se basent sur certaines analystes de Don Patinkin (1956)[1].

Concept

La théorie du déséquilibre est une théorie dérivée du keynésianisme. Elle cherche à fonder une explication du chômage et de l'insuffisance de la demande effective (qui cause le chômage chez Keynes) comme un problème lié à des imperfections d'information et de coordination entre les agents économiques[1].

Cette théorie part du constat de la permanence des déséquilibres sur le marché du travail. Afin d'expliquer ce déséquilibre, la théorie fait le choix d'abandonner les hypothèses néoclassiques de l'information parfaite et de la parfaite flexibilité des prix[1].

Cette théorie admet notamment la possibilité qu'un chômage keynésien puisse exister, en plus du chômage classique, donc qu'il puisse y avoir un chômage involontaire prolongé. En effet, les prix à court terme sont rigides, ce qui peut provoquer des déséquilibres dont le chômage, qui apparaît comme un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché de l'emploi. Cette théorie des déséquilibres fait donc partie de l'ensemble des théories de la croissance endogène : c'est un facteur interne à l'économie qui suscite une crise plus ou moins durable ; ici la rigidité des prix.

Cette étude est macroéconomique : ses auteurs travaillent sur l'équilibre général de Walras et plus précisément le rationnement surproduction / pénurie, mais ils sont amenés à effectuer une application microéconomique. En effet, les entreprises et les individus doivent prendre en compte les rationnement des marchés. La Théorie du job search constitue une application particulière de la théorie du déséquilibre sur le marché du travail.

Postulats

Rigidité des prix

La théorie du déséquilibre soutient que les prix sont rigides, du moins à court terme. Cela empêche l'ajustement spontané de l'offre et de la demande par le prix comme on peut le trouver dans la théorie néoclassique[1]. Ainsi, la variation du prix ne pouvant pas agir comme mécanisme d'ajustement de l'offre et de la demande, l'ajustement a lieu sur les volumes[1].

Conclusions du modèle

Échec du tâtonnement

Les agents disposent d'un budget, mais leur demande ne peut permettre un ajustement de l'offre, car les prix sont rigides ; ainsi, sur certains marchés, les agents ne pourront acheter la quantité désirée. Cela crée un déséquilibre. Les agents vont reformuler une demande, le tâtonnement s'effectuant désormais sur les quantités.Ce processus ne conduit toutefois pas nécessairement à un équilibre sur tous les marchés[1].

Quatre déséquilibres possibles

Chômage keynésien

La théorie du déséquilibre explique l'existence de quatre grands déséquilibres. Le premier d'entre eux est le chômage keynésien, caractérisé par un excès d'offre sur le marché des biens, et un excès d'offre sur le marché du travail. En d'autres termes, le producteur ne peut pas vendre autant qu'il n'a produit du fait d'une faiblesse de la demande, et les actifs qui proposent leur force de travail ne sont pas recrutés. L'insuffisance de la demande de biens (la faiblesse du nombre de ventes) se répercute sur la faiblesse du dynamisme du marché du travail[1].

Chômage classique

Le chômage classique, celui qui est soutenu par l'école néoclassique, est aussi explicable par la théorie du déséquilibre. Le marché de biens se situe dans une situation d'excès de demande (trop de demande par rapport à l'offre), et le marché du travail par un excès d'offre (trop d'actifs souhaitant obtenir un emploi par rapport aux besoins des entreprises). Dans ce cas, la capacité de production des entreprises est insuffisante, elles ne peuvent produire assez pour que leur offre égalise la demande. En même temps, l'entreprise a un équipement trop restreint pour employer plus de travailleurs. Dans ce cas, le chômage est dû à un salaire réel trop élevé[1].

Inflation contenue

Lorsqu'il y a un excès de demande sur les marchés de biens et de travail, alors l'économie chauffe car le chômage baisse en même temps que la demande augmente. Toutefois, les prix étant rigides, l'inflation demeure contenue[1].

Sous-consommation

Lorsqu'il y a un excès d'offre sur le marché des biens, et un excès de demande sur le marché du travail, alors l'économie se trouve en situation de surproduction généralisée. La faiblesse de la demande crée des invendus et des pertes pour les entreprises, mais il y a un déséquilibre sur le marché du travail en défaveur des entreprises, qui peinent à recruter. Cette situation est qualifiée par Valérie Mignon de « fortement improbable »[1].

Politiques économiques adéquates

La théorie du déséquilibre met en évidence que, selon le déséquilibre subi par l'économie, la réponse diffère en termes de politique économique. Dans le cas d'un chômage keynésien, où la demande est insuffisante sur le marché des biens et où il y a plus d'offreurs de travail que de demande de travail, il faut mettre en œuvre une politique de relance, notamment par la consommation. Le cas du chômage classique est très différent, car dans ce cas, les entreprises n'ont pas la possibilité d'augmenter leur production, et une politique de relance serait inflationniste. Dans ce cas, il faut diminuer le salaire réel afin d'augmenter la demande de travail et augmenter l'offre des entreprises[1].

Exemples

Deux marchés :

  • le marché des biens et services ;
  • le marché du travail.

Situation N°1 : une offre de travail inférieure à une demande de travail et une offre de biens et services supérieure à une demande de biens et services.

Situation N°2 : une offre de travail supérieure à une demande de travail et une offre de biens et services supérieure à une demande de biens et services.

Situation N°3 : une offre de travail inférieure à une demande de travail et une offre de biens et services inférieure à une demande de biens et services.

Situation N°4 : une offre de travail supérieure à une demande de travail et une offre de biens et services inférieure à une demande de biens et services. Les entreprises pourraient produire plus mais n'embauchent pas. Il leur est impossible de produire dans de bonnes conditions de rentabilité pour les raisons suivantes :

  • investissement antérieur faible ;
  • taux d'intérêt élevés.

Une politique qui pourrait être appliquée serait la relance keynésienne. C'est-à-dire que l’on pourrait aider les entreprises de façon à restaurer leurs marges : privilégier l'orientation de la valeur ajoutée (VA) à l'avantage des salariés pour qu'ils consomment et à l'avantage des entreprises pour qu'elles puissent investir.

Au-delà des années 1980, les économies occidentales ont pu être confrontées à la fois à un chômage keynésien et à un chômage classique.

Notes et références

  1. a b c d e f g h i j k et l Valérie MIGNON, La macroéconomie après Keynes, LA DECOUVERTE, (ISBN 978-2-7071-6467-4, lire en ligne)