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Né le [[18 janvier]] [[1949]] à Wilmington ([[Delaware]], U.S.A.), Franz-Olivier Giesbert est issu, côté paternel, d’une famille d’origine allemande et juive immigrée aux [[Etats-Unis]] à la veille de la première Guerre Mondiale et, côté maternel, d’une famille normande et catholique dirigeant à [[Elbeuf]] une importante imprimerie régionale. Avec une mère professeur de philosophie et un père dessinateur commercial passé par l’Art Institut of [[Chicago]], il est élevé dans un milieu intellectuellement élevé mais touché par la violence d’un père traumatisé par son débarquement en [[Normandie]].


====La socialisation politique====
====Une socialisation politique de gauche====


Sous l’influence d’une mère très croyante, il suit une éducation religieuse dont il tire un fort attachement à la foi catholique et un vif intérêt pour les réformes de l’Eglise de [[Jean XXIII]]. Politiquement, il est baigné dans une famille nettement ancrée à gauche qui l’élève « dans la haine de l’argent et de l’apparence<ref>Franz-Olivier Giesbert, ''L’Américain'', Gallimard, 2004, 122 p.</ref>», des patriotes et des patrons, de l’armée et de la colonisation. Sa mère est une rocardienne<ref>D’après Franz-Olivier Giesbert in “93, faubourg Saint-Honoré”, ''Paris-Première'', 9 octobre 2004., 22 h 25.</ref> devenue adjoint au maire [[PS]] de [[Lisieux]], son père un lecteur assidu de [[Trotski]], anticlérical et antigaulliste, mais aussi hostile aux [[Etats-Unis]] qu’à l’[[Union soviétique]]. Sa socialisation politique passe donc par la lecture de la presse de gauche non-communiste ([[Der Spiegel]], [[L'Express]], [[France Observateur]], [[Canard Enchaîné]]).
Sous l’influence d’une mère très croyante, il suit une éducation religieuse dont il tire un fort attachement à la foi catholique et un vif intérêt pour les réformes de l’Eglise de [[Jean XXIII]]. Politiquement, il est baigné dans une famille nettement ancrée à gauche qui l’élève « dans la haine de l’argent et de l’apparence<ref>Franz-Olivier Giesbert, ''L’Américain'', Gallimard, 2004, 122 p.</ref>», des patriotes et des patrons, de l’armée et de la colonisation. Sa mère est une rocardienne<ref>D’après Franz-Olivier Giesbert in “93, faubourg Saint-Honoré”, ''Paris-Première'', 9 octobre 2004., 22 h 25.</ref> devenue adjoint au maire [[PS]] de [[Lisieux]], son père un lecteur assidu de [[Trotski]], anticlérical et antigaulliste, mais aussi hostile aux [[Etats-Unis]] qu’à l’[[Union soviétique]]. Sa socialisation politique passe donc par la lecture de la presse de gauche non-communiste ([[Der Spiegel]], [[L'Express]], [[France Observateur]], [[Canard Enchaîné]]).

Version du 15 mai 2006 à 01:16

Franz-Olivier Giesbert (18 janvier 1949, Wilmington, États-Unis) est un journaliste, biographe et romancier français.

Biographie

Né le 18 janvier 1949 à Wilmington (Delaware, U.S.A.), Franz-Olivier Giesbert est issu, côté paternel, d’une famille d’origine allemande et juive immigrée aux Etats-Unis à la veille de la première Guerre Mondiale et, côté maternel, d’une famille normande et catholique dirigeant à Elbeuf une importante imprimerie régionale. Avec une mère professeur de philosophie et un père dessinateur commercial passé par l’Art Institut of Chicago, il est élevé dans un milieu intellectuellement élevé mais touché par la violence d’un père traumatisé par son débarquement en Normandie.

Une socialisation politique de gauche

Sous l’influence d’une mère très croyante, il suit une éducation religieuse dont il tire un fort attachement à la foi catholique et un vif intérêt pour les réformes de l’Eglise de Jean XXIII. Politiquement, il est baigné dans une famille nettement ancrée à gauche qui l’élève « dans la haine de l’argent et de l’apparence[1]», des patriotes et des patrons, de l’armée et de la colonisation. Sa mère est une rocardienne[2] devenue adjoint au maire PS de Lisieux, son père un lecteur assidu de Trotski, anticlérical et antigaulliste, mais aussi hostile aux Etats-Unis qu’à l’Union soviétique. Sa socialisation politique passe donc par la lecture de la presse de gauche non-communiste (Der Spiegel, L'Express, France Observateur, Canard Enchaîné).

Ainsi, si dans sa préadolescence, il se veut, par réaction au père, un partisan déclaré de l’Algérie Française, il marque, à l’arrivée de l’âge adulte, un attrait pour le communisme sans pour le moins « devenir complètement communiste[3]». Cette sensibilité se retrouve en 1968 à Caen où il aurait appartenu aux Cercles Rouges, vitrine légale des JCR[4], durant ses études de droit. Il est alors orienté dans cette filière par sa mère dans l’optique de passer l’ENA ou le diplôme d’avocat.

Une vocation au journalisme très précoce

Mais, comme l’illustrait au lycée d’Elbeuf sa participation à un journal d’école (Le Crotale) ou sa collaboration, dès l'âge de 19 ans, aux pages littéraires de Paris-Normandie, il exprime plutôt sa préférence pour le journalisme. Il faut dire qu'il peut publier, dans la page littéraire de Paris Normandie, des entretiens avec Louis Aragon, Henry de Montherlant, Jules Romains, etc. La possession par sa famille maternelle d’actions au sein de ce quotidien fait d’ailleurs qu’à peine son bac passé, on lui y offre un poste de rédacteur en chef-adjoint.

Mais refusant ce mode de promotion, il choisit d’obtenir par son propre mérite une légitimité journalistique. Ainsi, il entre en 1969 au Centre de formation des journalistes où il se lie, entre autre avec Patrick Poivre d'Arvor. Marqué par les enseignements de François Furet, de Jacques Julliard ou de Gilles Martinet, il s’oriente naturellement vers Le Nouvel Observateur et va jusqu’à refuser un stage au Monde pour pouvoir s’y former. C'est ainsi, qu’alors que la vente des parts familiales à Robert Hersant lui bouchent toutes perspectives du côté de Paris–Normandie, il effectue durant l’été 1971 son stage au service “Notre Epoque”.

Des débuts prometteurs comme journaliste politique au Nouvel Observateur

Dès la rentrée, il est recruté au service politique sur recommandation de Jacques Ozouf, alors à la recherche de jeunes journalistes susceptibles de le professionnaliser.

Y publiant comme premier papier une interview de Michel Rocard, il crée vite avec Jean Daniel une bonne entente qui lui permet d’être présenté à nombre des connaissances du directeur de la rédaction. Il publie aussi plusieurs papiers sur la presse mais aussi sur Edgar Faure qu’il fréquente beaucoup. A partir du printemps 1972, il se met à traiter la gauche et des “affaires” de la droite. Après les élections législatives de mars 1973, il prend en charge la droite et l’exécutif. Enfin, il récupère à partir de janvier 1974 la gauche et notamment le P.S., abandonné par Marcelle Padovani en mars. Cela ne l’empêche pas de traiter parfois du PCF jusqu’à l’arrivée d’Irène Allier en septembre 1977. Mais il est essentiellement attaché à la gauche non communiste dont il interview deux fois le leader en l’espace de deux mois. Les autres leaders à qui il donne la parole présentent plutôt un profil réformiste comme Edgard Faure à droite ou, à gauche, des radicaux de gauche et des sociaux-démocrates comme Jacques Delors et Pierre Mauroy (16 juin 1975 ; 26 juillet 1976). Ses liens avec ce denier sont alors si importants qu’il se définit comme "mauroyiste". Pris sous l’aile de l’équipe du numéro deux du PS, il se retrouve la chaleur, le pragmatisme et le souci d’unité qui y règnent.

Il rédige même, avec Lucien Rioux, le livre du maire de Lille, Les Héritiers de l’Avenir (Stock, 1977), défendant, entre autre, la crédibilité du Programme commun à travers celle du modèle économique soviétique[5]. Mais il ne cache pas sa fascination pour le député de la Nièvre dont il publie une biographie (François Mitterrand ou la Tentation de l'histoire) au Seuil en mars 1977. Le portrait positif qu’il en dégage « peut-être interprété, du moins par les lecteurs sensibilisés qui connaissaient Le Nouvel Observateur – de près comme un exercice objectif, distancié, non partisan parce que le journaliste “intellectuel” supposé libéré de certaines contraintes est libre de ce qu’il écrit [...] – de loin, comme une hagiographie, un travail de courtisan, embellissant la réalité[6]». Ce livre lui vaut pourtant un vif ressentiment de la part du premier secrétaire, ce dernier lui en voulant pour quelques indiscrétions ressenties comme une trahison.

Ses relations avec Mitterrand alternent alors entre périodes de froid et de réconciliation même si lui-même participe à la construction médiatique de Michel Rocard. Interviewant cinq fois l’ancien leader du PSU en un peu plus de deux ans (mai 1977 - septembre 1979), il couvre avec attention ses déplacements en province (“Rocard chez les sudistes”, 19 mars 1979) ou à l’étranger (“Rocard à Washington”, 9 juin 1980). Mais il donne aussi la parole à un écologiste comme Brice Lalonde à la veille des élections de 1977 et de 1978 ainsi qu’à des leaders du CERES. Il apparaît ainsi comme le moins politisé du service politique, un véritable “OVNI” sans grandes convictions.

Un bref séjour aux Etats-Unis comme grand reporter

Lassé de la politique française, il souhaite devenir correspondant aux Etats-Unis. Il prend alors contact à L'Express avec Olivier Todd qui lui obtient une proposition d’embauche alléchante de la part de Jimmy Goldsmith. Mais après en avoir fait part à Jean Daniel et Claude Perdriel, il est finalement promu “grand reporter” (septembre 1979) puis correspondant aux Etats-Unis en janvier 1980.

Celà dit, à la suite du départ de Thierry Pfister pour le cabinet de Pierre Mauroy (mai 1981), il est rappelé à Paris pour prendre la tête du service politique.

Le chef du service politique du Nouvel Observateur

Nommé rédacteur en chef après la mort d’Hector de Galard (1985), il quitte le journal le 8 septembre 1988 pour Le Figaro. De 1998 à juin 2000, il devient directeur des rédactions et membre du directoire du Figaro. Il quitte ses fonctions en septembre 2000, et entre à l’hebdomadaire Le Point en qualité de directeur.

Franz-Olivier Giesbert a présenté et dirigé une émission hebdomadaire littéraire sur la chaîne câblée Paris Première, intitulée Le Gai Savoir, dont il a été récompensé par le Prix Richelieu de l’association de la Défense de la Langue Française en mars 1999. Depuis octobre 2001, il présente l'émission littéraire Culture et Dépendances sur France 3.

Notes

  1. Franz-Olivier Giesbert, L’Américain, Gallimard, 2004, 122 p.
  2. D’après Franz-Olivier Giesbert in “93, faubourg Saint-Honoré”, Paris-Première, 9 octobre 2004., 22 h 25.
  3. Franz-Olivier Giesbert, ibidem, 122 p.
  4. D’après la fiche des RG M.R. 68/3455 de décembre 1968 dont la Direction centrale aurait annulée le 25 juin 1970 in J. Devidal “Ces journalistes d’extrême gauche qui font l’opinion”, Minute, 12 octobre 1983.
  5. Sa vision du progrès économique y apparaît essentiellement productiviste et quantitative : « L’acquis est énorme, surtout économique. [...] Les victoires technologiques soviétiques, l’essor du pays a été prodigieux. Dans la plupart des domaines : 275 millions de journaux sont distribués chaque jours et dévorés par un public avide de connaissances. [...] Le bilan économique de l’U.R.S.S. n’en est pas moins positif. »
  6. Laurence Plenis, La biographie politique comme processus de construction d’une image, Paris I, mémoire de DEA de sociologie politique, 1998, p. 122.

Chronologie

Romans

  • L’Américain, 2004 ;
  • L’Abatteur, 2003 ;
  • Mort d’un Berger, 2002 ;
  • Le Sieur Dieu, 1998 ;
  • La Souille, 1995 (prix interallié) ;
  • L’Affreux, 1992 (prix de l'Académie);
  • Monsieur Adrien, 1982.

Documents politiques

  • La tragédie du président, 2006 ;
  • François Mitterrand, une vie, 1996 ;
  • Le vieil homme et la mort, 1996 ;
  • Le Président, 1991 ;
  • La fin d’une époque, 1988 ;
  • Jacques Chirac, 1987 ;

Controverses sur son dernier essai

Certains hommes politiques ou observateurs se sont émus du caractère particulièrement critique de son dernier essai intitulé "La tragédie du président", paru en mars 2006. Franz-Olivier Giesbert y révèle en effet certains aspects de la vie privée de Jacques Chirac, profitant, selon ses détracteurs, de 15 ans de proximité avec celui-ci pour révéler des secrets bien gardés.
L'auteur a répondu à ces critiques en affirmant que si un homme politique souhaite garder sa part d'ombre, il ne doit pas fréquenter les journalistes, dont le métier est de faire la lumière sur tout.


Liens externes

  • cfpj : centre de formation des journalistes

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