Aller au contenu

Guerre de Succession d'Autriche

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 26 février 2014 à 15:56 et modifiée en dernier par 77.84.20.46 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Guerre de Succession d'Autriche
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Fontenoy, par Édouard Detaille
Informations générales
Date
-
Lieu Europe, Inde,
Amérique du Nord
Casus belli Pragmatique Sanction
Issue Traité d'Aix-la-Chapelle Marie Thérèse monte sur le trône d'Autriche.
Belligérants
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Drapeau de l'Électorat de Bavière Électorat de Bavière (1741-1745)
Drapeau du Royaume des Deux-Siciles Royaume des Deux-Siciles
 Royaume de Suède
Drapeau de la République de Gênes République de Gênes
Drapeau de l'Électorat de Saxe Électorat de Saxe (1741-1742)
Jacobites
Monarchie de Habsbourg
Drapeau de la Grande-Bretagne. Royaume de Grande-Bretagne
Drapeau de l'Électorat de Bavière Électorat de Bavière (1745-1748)
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Modèle:Hanovre
Drapeau de l'Électorat de Saxe Électorat de Saxe (1743-1745)
Royaume de Sardaigne Royaume de Sardaigne
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Commandants
Frédéric II de Prusse
Maurice de Saxe
François de Broglie
Charles VII du Saint-Empire
Charles Emil LewenhauptGian Francesco II Brignole Sale
Marie-Thérèse
François Ier du Saint-Empire
Ludwig Andreas von Khevenhüller
Charles de Lorraine
George II d'Angleterre
Charles-Emmanuel III de Sardaigne

Notes

100 000 à 450 000 morts au total[1]

Batailles

Campagnes italiennes
Amérique du Nord
Antilles
Sous-continent indien

La guerre de Succession d'Autriche (1740-1748, traité d'Aix-la-Chapelle) est un conflit européen né de la Pragmatique Sanction, par laquelle l'empereur Charles VI du Saint-Empire lègue à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche les États héréditaires de la Maison des Habsbourg.

Origines

Le , l'empereur romain germanique de la maison de Habsbourg, Charles VI meurt. Conformément à la Pragmatique Sanction de 1713 ratifiée par l'ensemble des états européens, sa fille aînée, Marie-Thérèse d'Autriche, lui succède dans ses états patrimoniaux. Une femme ne pouvant régner sur l'Empire, Marie-Thérèse pense pouvoir faire élire son mari François de Lorraine à la tête de l'Empire.

Âgée de seulement 23 ans, et de plus étant une femme, elle est considérée comme un souverain politiquement faible. En effet, d'autres princes, qui lui sont apparentés, aspirent à la remplacer sur le trône autrichien ou du moins à s'emparer des possessions patrimoniales de la jeune princesse, tel Charles-Albert, électeur de Bavière ou Frédéric-Auguste II, électeur de Saxe et Roi de Pologne.

L'entrée en guerre de la Prusse

Cependant, c'est un souverain monté tout récemment sur le trône, que Marie-Thérèse considère comme son allié le plus fidèle et dont personne ne soupçonne encore l'ambition et la duplicité, qui met le feu aux poudres  : Frédéric II de Prusse, qui, sans déclaration de guerre préalable, fait envahir la riche région minière de Silésie dès décembre 1740. Tout nouveau roi de Prusse, son père le «  Roi-Sergent » est mort le , il a demandé en vain la Silésie, riche et peuplée d'un million d'habitants, pour prix de son vote à l'élection impériale. Marie-Thérèse compte alors sur George II de Grande-Bretagne pour intervenir, sans succès  : Walpole refuse d'entraîner son pays dans le conflit. Très vite, le 16 décembre, Frédéric II remporte ses premières victoires avec une armée petite mais très bien entraînée et équipée de fusils modernes, permettant à l'infanterie de tirer cinq coups quand ses adversaires en tirent trois. Il prend les forteresses de Głogów, Brzeg et Neisse et hiverne, ayant envahi la Silésie, ce qui lui permet de doubler sa population avec une grande industrie.

L'entrée en guerre de la France

La bataille de Lauffeld le 2 juillet 1747 est une lourde défaite anglo-néerlandaise face aux troupes françaises (tableau de Lenfant).

La France avait accepté à mi-mot la Pragmatique Sanction en 1738, pour autant qu'elle ne lésât pas les intérêts des tiers. En l'espèce, elle lèse ceux de Charles-Albert, du moins le prince bavarois peut-il le prétendre. Dans l'opinion, après la mort de Charles VI, un fort courant se dessine pour affaiblir l'ennemi traditionnel, les Habsbourg. Le comte de Belle-Isle, petit-fils du surintendant Fouquet et gouverneur des Trois-Évêchés, région frontalière, se fait le champion de cette position, contre celle plus pacifiste du cardinal de Fleury.

Louis XV cède finalement au parti belliciste : la France soutiendra les prétentions de l'Électeur de Bavière, ne laissant à Marie-Thérèse que son domaine héréditaire. Le , il envoie Belle-Isle, à qui il vient de remettre son bâton de maréchal, assister comme son ambassadeur à l'élection du Bavarois à Francfort.

Le , Frédéric II signe un traité d'alliance avec le maréchal de Belle-Isle. Par ce traité, la France s'engage à soutenir militairement l'Électeur de Bavière, et à reconnaître les conquêtes prussiennes en Silésie. En contrepartie, Frédéric ne consent que des promesses.

Autres belligérants

Déroulement

Contre l'Autriche, deux fronts se dessinent, l'un prussien, rapidement gagné et entériné par le traité de paix de Breslau du 11 juin 1742, l'autre français, marqué par les victoires autrichiennes, sur son terrain, où personne ne perd.

En 1743, l'Autriche signe une alliance militaire, le Traité de Worms.

Le front Prusse-Autriche

La Prusse, victorieuse, gagne des territoires sur l'Autriche. Prusse et Autriche signent alors une paix séparée : la Prusse cesse la guerre au mépris des conventions passées avec ses alliés, conserve les territoires conquis, et s'engage à respecter la Pragmatique Sanction de l'empereur Charles VI du Saint-Empire qui cède les trônes héréditaires des Habsbourg à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche. Par cette paix séparée, la Prusse laisse la France seule dans l'embarras d'une guerre où elle avait été poussée par la Prusse.

Le front France-Autriche

La guerre se porte rapidement en Allemagne, où les Français s'engagent sous le commandement théorique des Bavarois. Maurice de Saxe s'empare de Prague le . Mais Marie-Thérèse, disposant de la couronne de Hongrie, parvient à repousser par une « petite guerre », menée par des éléments Croates et Hongrois, les forces franco-bavaroise. Prague est reprise par les Autrichiens à l'issu d'un siège de 7 mois. L'armée française, dont les lignes de ravitaillement sont étendues, doit retraiter vers le Rhin.

Passage du Rhin devant Strasbourg par le duc de Lorraine.

À Dettingen en juin 1743, le roi d’Angleterre se laisse prendre dans un piège par les Français. Mais, sachant que la bataille va reprendre le lendemain, l’armée anglaise réussit à s’enfuir durant la nuit en abandonnant ses blessés et une partie de son artillerie sur le champ de bataille. C'est la dernière fois qu'un roi britannique commande sur un champ de bataille contre les Français. Toutefois, le roi Georges II réussit à présenter au peuple anglais, comme une grande victoire personnelle, l’échec de sa capture par les Français.[réf. nécessaire] À sa demande est publié un livre à Londres qui présente Dettingen comme une victoire[2] et Haendel compose même un Te Deum (HWV 283) et un Anthem à cette occasion. Le , Louis XV déclare officiellement la guerre à l'Angleterre et à l'Autriche.

Après l'entrée en guerre formelle de l'Angleterre, la guerre se porte dans les Pays-bas Autrichiens. L'armée française, sous le ordre du maréchal de Noailles, envahit ces provinces. Plusieurs villes tombent, et par une habile combinaison de coups de main et de pressions exercées par des troupes légères, Maurice de Saxe parvient à bloquer l'armée adverse pour le reste de la campagne. En 1745, alors que l'armée principale sous Noailles investit Tournai, une armée de secours anglo-austro-hollandaise, sous les ordres du duc de Cumberland, se porte à la rencontre de l'armée du maréchal de Saxe, qui a franchit l'Escaut pour couvrir le siège. La rencontre des deux armées amène à la bataille de Fontenoy, et voit les Français sortir victorieux de l'affrontement. Outre la portée stratégique de la bataille, le symbole de la victoire en présence du Roi Louis XV ainsi que de son fils illumine cette campagne de 1745 pour les Français. L’invasion des Pays-Bas autrichien se poursuit, et l'armée française remporte victoire sur victoire : Rocourt le et Lauffeld le consacrent le succès français, alors que la menace pesant sur les Provinces-Unies se concrétise lorsque tombent Berg-op-Zoom le et Maastricht le . Les forces coalisées ont perdu sur ce front, les Français ont fait une démonstration de force, mais les conquêtes sont en intégralité rendues par Louis XV lors du traité de paix d'Aix-La-Chapelle.

La guerre navale franco-anglaise

Protection du commerce. C'est une des missions essentielles de la Marine française dans cette guerre.

Les hostilités en mer, latentes entre la France et l'Angleterre depuis 1740 (plusieurs petites escadres se sont canonnées dans les îles)[3] s'ouvrent officiellement en 1744 devant Toulon avec la bataille navale du cap Sicié. Une flotte espagnole qui s'y était réfugiée en 1742 peut se dégager et regagner ses ports tandis que le blocus de Toulon est levé. La flotte française qui combat en grande infériorité numérique (51 vaisseaux contre 120 en 1744) essaie malgré tout d'organiser deux débarquements en Angleterre, en 1744 et 1746. Ces opérations échouent à cause de la météo et de la supériorité de la Royal Navy dans la Manche[4]. L’Angleterre opère en 1746 un débarquement contre Lorient (port de la Compagnie des Indes) mais l'opération ne donne rien et les troupes rembarquent peu après. L'Espagne, en guerre depuis 1739, poursuit pour l'essentiel ses actions de son côté et ne coopère avec la marine française que pour l'escorte des convois, ce qui évite aux positions anglaises d'être menacées, surtout dans les Antilles (Barbade, Jamaïque).

Si les opérations navales sont indécises en Europe, la flotte française est plus heureuse dans les colonies où les résultats sont équilibrés. En 1745, une expédition montée depuis la Nouvelle Angleterre s'empare de Louisbourg, qui défend l'entrée du Canada français. La Marine échoue à reprendre la place en 1746, à cause des tempêtes et d'une terrible épidémie (expédition du duc d'Anville), mais le Canada réussit à se défendre seul jusqu'à la fin de la guerre. Aux Indes, la situation tourne carrément à l'avantage de la France avec la prise de Madras (le « Londres indien ») par la petite escadre de l'océan Indien conduite par La Bourdonnais (1746)[5]. De même, Pondichéry résiste en 1748 à une attaque massive d'une forte escadre anglaise grâce à l'action de Dupleix. Dans les Antilles, les positions restent globalement inchangées, malgré la prise de quelques petites îles françaises. Les épidémies tropicales, qui déciment les escadres, y gênent considérablement les opérations pour les deux pays.

La marine française réussit aussi, tant bien que mal, à protéger l'important commerce colonial français. Celui-ci, malgré la tentative de blocus anglais, se contracte, mais ne s'effondre pas. Pour cela, le ministre Maurepas oblige les armateurs à naviguer en convoi sous la protection de petites escadres, ce qui limite les pertes entre 1745 et 1747[6]. Les chefs anglais, longtemps assez médiocres, ne parviennent pas à intercepter les convois, malgré le plus grand nombre de vaisseaux dont ils disposent. Il faut attendre 1747 pour que des nouveaux amiraux anglais (Anson, Hawke) réussissent à imposer un blocus hermétique sur les côtes atlantiques, ce qui provoque deux grandes batailles navales, au cap Ortégal (mai) et cap Finisterre (octobre). Ces deux défaites françaises mettent la marine de Louis XV au bord de l'effondrement, mais ne sont cependant pas dramatiques car les convois marchands sont pour l'essentiel sauvés et la signature de la paix, en 1748, stoppe à temps les opérations navales. Une guerre de course acharnée oppose aussi tous protagonistes, mais les résultats, c'est-à-dire les pertes, sont équilibrés. Le commerce colonial français, un moment menacé, repart de plus belle après la guerre. L'empire colonial espagnol résiste lui aussi, malgré la prise de Porto-Bello et du galion du Pacifique.

Bilan

La prise de la forteresse néerlandaise de Bergen-op-Zoom en 1747 hâte les négociations de paix.

À la sortie de la guerre, les alliances ont grandement évolué. La Prusse est la grande gagnante, territorialement. L'Autriche a perdu des territoires mineurs mais obtient un accord de paix acceptable et, avec la reconnaissance de la Pragmatique Sanction, Marie-Thérèse d'Autriche confirme sa place sur le trône d'Autriche comme successeur de l'empereur Charles VI  : la volonté de la cour autrichienne est accomplie.

La France, elle, n'a ni gagné ni perdu sur le plan militaire mais ses aspirations ont été trahies ; d'une part par la paix séparée prussienne, traîtrise qui va laisser des traces et qui se situe à l'opposé du rapprochement d'alliance souhaité initialement, d'autre part, par ses propres faiblesses militaires. Elle n'a rien gagné territorialement et sort affaiblie sur le plan économique. La France, déjà sous tension avec la Grande-Bretagne, se retrouve en difficulté sous l'angle diplomatique car froissée avec la Prusse et l'Autriche. Cette situation laisse présager les mauvais augures des années suivantes tel le marasme de la guerre de Sept Ans (1756-1763). Voltaire, devant ce conflit (la guerre de succession d'Autriche) qui lui semble vain et contraire aux intérêts français, exprime son énervement par une expression devenue proverbiale : « travailler pour le roi de Prusse » ; c'est à dire « œuvrer sans en retirer le moindre bénéfice » ou encore « travailler contre soi-même, contre ses propres intérêts ». Toutefois, il parait nécessaire de nuancer ce phénomène. Bien que la France, au sortir de la guerre semble ne rien avoir gagné, il semble que Louis XV ait, avec cette paix, préparé le renversement d'alliance de 1756. Ménager l'Autriche permet à Louis XV de se rapprocher des Habsbourg dans une atmosphère de méfiance vis-à-vis de la Prusse, selon l’historien Jean-Pierre Bois.

Notes et références

  1. 1
  2. British Glory Reviv’d. Being a compleat collection of all the accounts, papers, expresses and private letters, relating to the late glorious action at Dettingen, between the army of the allies of the Q. of Hungary, under the command of His Britannic Majesty, and the French army under the command of the Duke de Noailles, J. Roberts, Londres, 1743
  3. Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la Marine française, éditions Ouest-France, 1994, p. 97.
  4. André Zysberg, La Monarchie des Lumière, Nouvelle Histoire de la France Moderne, collection Point Seuil, 2002, p. 229.
  5. André Zysberg, op. cit., p. 233.
  6. Patrick Villiers, Jean-Pierre Duteil, L'Europe la mer et les colonies au XVIIe-XVIIIe siècles, collection carré Histoire, éditions Hachette, 1997, p.86-87.

Bibliographie

  • Michel Antoine, Louis XV, Fayard, 1989.
  • Lucien Bély :
    • Guerre et paix dans l'Europe du XVIIe siècle (s. dir.), SEDES, coll. « Regard sur l'histoire », 1991
    • Les relations internationales en Europe, XVIIe – XVIIIe siècles, PUF, 1992
  • Voltaire, Histoire de la guerre de 1741, éd. Garnier Frères, 1971, Paris

Articles connexes


Modèle:Lien AdQ