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Pierre Gattaz

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Pierre Gattaz
Illustration.
Pierre Gattaz à l’université d'été
du MEDEF-Alsace, Strasbourg 3 septembre 2015.
Fonctions
Président du MEDEF
En fonction depuis le
(11 ans, 3 mois et 7 jours)
Prédécesseur Laurence Parisot
Biographie
Date de naissance (65 ans)
Lieu de naissance Boulogne-Billancourt (Seine)
Nationalité Française
Diplômé de ENST Bretagne
Université George Washington
Profession Chef d'entreprise

Pierre Gattaz, né le à Boulogne-Billancourt, est un industriel français.

Il est président du directoire de l'entreprise Radiall[1], depuis 1994. Parallèlement à ses activités de chef d’entreprise, il occupe diverses fonctions au sein d'organisations professionnelles, d’abord sectorielles puis généralistes, dont celle de président de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication de 2007 à 2013. Il est élu à la présidence du MEDEF le , succédant à Laurence Parisot.

Biographie

Jeunesse et formation

Pierre Gattaz est le fils d'Yvon Gattaz[2], chef d'entreprise français et président du CNPF (Conseil national du patronat français) de 1981 à 1986, et de Geneviève Gattaz.

Diplômé en 1983 de l’École nationale supérieure des télécommunications de Bretagne (ingénieur[3]), il est également titulaire d’un « Certificate in Administrative Management » à l'université George Washington, université privée de Washington[2], durant cette même période il est attaché industriel au poste de l'expansion économique à l’ambassade de France[4].

Parcours professionnel

De 1984 à 1989, Pierre Gattaz rejoint l’entreprise Dassault Électronique en tant qu’ingénieur d’affaires[5] et devient ensuite chef de projet export. Il a successivement occupé, de 1989 à 1992, la fonction de directeur général des entreprises Fontaine électronique et de Convergie (une filiale du groupe Dynaction dans le secteur de l'énergie).

En 1992, il reprend la direction de l'entreprise familiale Radiall, créée par Lucien et Yvon Gattaz, en 1952. À la tête de Radiall, il connaîtra notamment la crise des télécoms de 2001 (la bulle Internet qui a aussi affecté les équipementiers en télécommunications), qui le conduira à modifier les orientations stratégiques de son entreprise, à explorer de nouveaux marchés, et à « l’accélération des transferts de production vers des sites low-cost et la fermeture de deux usines de 250 personnes chacune en Europe et aux USA »[6].

Il loue la « solidité » du capitalisme familial, dans lequel l'on « travaille dans la durée » et l'on « évite les risques maximums »[7].

Activités syndicales

Activités syndicales dans le secteur de l'industrie

Activités syndicales dans le secteur de l'industrie électronique

Pierre Gattaz est élu président du Syndicat des industries de composants électroniques passifs (SYCEP) en 1999[8]. Le SYCEP devient par la suite le Groupement professionnel des industries de composants et de systèmes électroniques (GIXEL).

C'est dans ce cadre que Pierre Gattaz mène une réflexion sur l’évolution de la filière électronique et numérique française. Cette réflexion donne lieu à plusieurs rapports[9],[10],[11]. Un de ces rapports, « Livre bleu », préconise le développement des technologies liées à « la biométrie, la vidéosurveillance et [aux] contrôles. » Les auteurs du rapport notent que « la sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population [c]es technologies […]. Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes[12]. » Est notamment recommandée l'éducation des enfants dès l'école maternelle afin de favoriser l'acceptation de ces technologies[12]. Le GIXEL est récompensé pour ces propos par le prix « Orwell Novlang » lors des Big Brother Awards de 2004[13].

Pierre Gattaz est président du Groupement des industries de l’interconnexion, des composants et des sous-ensembles électroniques de 1999 à 2003. Il est président fondateur de la Filière des industries électroniques et numériques de 2002 à 2007, avant d’être élu président de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication, organisation professionnelle qui regroupe les industries des nouvelles technologies de l’énergie et du numérique[14] (FIEEC) en 2007.

Autres activités syndicales dans le secteur de l'industrie

Pierre Gattaz est nommé, le 17 juin 2009, président du Conseil national qualité et performance[15] (CNQP), organe de réflexion visant à promouvoir l’approche qualité en France.

En juin 2010, il devient président du Groupe des Fédérations industrielles[16] (le GFI représente 15 fédérations industrielles, soit 80 % de l’industrie française). Il est également membre du bureau du Conseil national de l'industrie, membre du conseil d'administration du think-tank la Fabrique de l'Industrie et membre du bureau de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)[17].

Activités syndicales au sein du MEDEF

Ascension au sein du MEDEF

En 2007, Pierre Gattaz intègre le comité exécutif[18] du Mouvement des entreprises de France (MEDEF).

Le , il remporte la primaire interne à l'UIMM afin de désigner un candidat pour la présidence du MEDEF[19]. Parmi ses thèmes de campagnes, figure notamment l'idée de réduire de 5 % par an les Codes du travail et des impôts, ou encore d'envoyer les énarques en stage en tant que directeur général d'une PME[20]. En mai 2013, il reçoit le soutien de la Fédération bancaire française[21] et le 13 juin 2013, Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi se rallient, à la surprise générale, à sa candidature. Pierre Gattaz est élu président de l'organisation patronale le 3 juillet 2013.

Prises de positions syndicales

Parmi ses premières déclarations, le nouveau président du MEDEF demande une baisse de 100 milliards d'euros d'impôts et de cotisations sociales des entreprises, afin qu'elles ne soient plus « asphyxiées, ligotées et terrorisées »[22].

En , il propose la création d'un « SMIC intermédiaire » pour les « publics éloignés de l’emploi  »[23],[24], c'est-à-dire une rémunération inférieure au SMIC pour les « jeunes » et les chômeurs de longue durée.

En , sur son initiative, l'Assemblée générale du MEDEF adopte une mesure statutaire limitant la fonction de président du MEDEF à un mandat de cinq ans non renouvelable (contre auparavant deux mandats, avec le second de trois ans)[25].

En 2013, Pierre Gattaz avait proposé un marché au président François Hollande, exigeant l'adoption d'une liste de revendications patronales en échange de la garantie de la création par le MEDEF d'« 1 million d'emplois en 5 ans », et arbora même un pin's « 1 million d'emplois » à la boutonnière pendant deux ans. L'essentiel des exigences fut consenti par le gouvernement, mais la création d'emploi promise ne vit jamais le jour, fragilisant la crédibilité du président du MEDEF aux yeux d'une partie de l'opinion publique[26]. L'entreprise de Pierre Gattaz, Radiall, ne créa elle-même aucun emploi, malgré plusieurs millions d'euros d'aide publique du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, dont l'essentiel du montant fut reversé aux actionnaires, c'est-à-dire principalement la famille Gattaz[27]. Début 2016, Pierre Gattaz est le dernier membre du MEDEF à arrêter de porter le pin's, déjà abandonné de longue date par le reste de ses associés depuis la découverte par la presse en 2014 du fait qu'il était produit en République Tchèque[26].

En , alors qu'un mouvement social obtient du gouvernement un assouplissement du projet de loi El Khomri, il tient une conférence de presse au cours de laquelle il menace le gouvernement de se retirer des négociations, et donne un trois semaines au gouvernement pour revenir sur ses concessions ; provocateur, il n'hésite pas à déclarer aux journalistes : « Ce n’est pas un ultimatum ; c’est comme ça, les gars, c’est tout »[28].

Prises de positions extra-syndicales et politiques

Pierre Gattaz conserve le caractère politique donné par ses prédécesseurs au syndicalisme du MEDEF. Il se prononce à plusieurs reprises, notamment lors d'une conférence organisée au ministère de l'Économie, pour la suppression de l'ISF, considérant que cet impôt freine la croissance des entreprises[29]. Selon lui, « à un moment, il faut dire "l'ISF c'est dramatique pour le pays, ça détruit l'emploi, ça détruit la croissance". Il faut le supprimer, point »[29]. Ceci lui vaut des critiques jusqu'au sein de son propre camp. En effet, l'ISF est un impôt qui frappe seulement le patrimoine des personnes physiques et non celui des entreprises. Christophe de Margerie indique ainsi que l'ISF est avant tout un « problème personnel » pour les dirigeants d'entreprises; en conséquence, il reproche à Pierre Gattaz de faire de l'ISF « un problème MEDEF [i.e. un problème relevant du syndicalisme patronal][30] ». Il ajoute: « la priorité des priorités des patrons, [ce n'est pas] de supprimer l'ISF. Non, notre priorité, c'est de contribuer à la richesse de l'économie française[31] ».

Fonctions

Patrimoine et revenus

Avec 250 millions d'euros, Pierre Gattaz est classé 224e fortune de France en 2014 par le magazine Challenges[35]. Selon ce même classement, sa fortune aurait plus que doublé en un an.

La société Radiall lui a versé une rémunération de 426 092 euros pour l'année 2013 au titre de ses fonctions de président du directoire de ladite société, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à l'année précédente[36]. Cette augmentation fait polémique au moment de sa révélation[37], étant donné que Pierre Gattaz s'était jusque là prononcé en faveur d'une modération des salaires[24].

Publications

  • Rapport de propositions au Gouvernement : « Une stratégie industrielle pour les marchés du futur », FIEEC, juin 2008
  • Pierre Gattaz, Le printemps des magiciens : La révolution industrielle, c'est maintenant, Nouveau Monde, coll. « Avenirs », , 191 p. (ISBN 2847364846 et 9782847364842)
  • Les 7 piliers de la Croissance, éditions du Nouveau Monde, 2013
  • Français, bougeons-nous !, éditions du Nouveau Monde, 2014
  • La France de tous les possibles, Nouveaux débats publics, 2016

Tribunes dans la presse spécialisée

  • « Des marchés extrêmement instables, des rigidités extrêmement contraignantes », Les Échos, no 18505,‎ , p. 48 (lire en ligne)
  • « La crise des télécoms, c’est aussi celle de la filière des composants électroniques », Les Échos, no 18778,‎ , p. 41 (lire en ligne)
  • « Protéger et renforcer l’électronique française », Les Échos, no 19059,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  • « Lettre ouverte à une jeunesse qui doit croire en son avenir », Les Échos, no 19713,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  • « Entre libéralisme et volontarisme industriel », La Tribune,‎ , p. 31
  • Pierre Gattaz et Laurent Gouzènes, « Le poison de l'euro trop cher », Les Échos, no 20158,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  • « Les grandes entreprises veulent une stratégie pour les industries du futur », Les Échos, no 20201,‎ , p. 26 (lire en ligne)
  • « Oui à l’emprunt, mais pour des investissements importants », Le Figaro,‎
  • « Indispensable industrie », Les Échos, no 20678,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  • « Croissance : il faut renouer avec le temps des conquérants », Les Échos, no 20795,‎ (lire en ligne)
  • « Réindustrialiser la France : un enjeu collectif », Les Échos, no 21088,‎ , p. 9 (lire en ligne)

Distinctions

Notes et références

  1. Présentation de la direction de Radiall.
  2. a et b Patrice Desmedt, « Pierre Gattaz, porte-parole de l'industrie », L'Usine nouvelle,‎ (lire en ligne).
  3. http://www.telecom-bretagne.eu/lexians/2013/sur-les-campus/pierre-gattaz-medef/
  4. « Pierre Gattaz : un entrepreneur familial impliqué depuis 13 ans dans le monde patronal », sur Destimed.fr, (consulté le ).
  5. Les Échos n° 20453 du 26 juin 2009 • page 13 - Pierre Gattaz
  6. Rapport annuel 2002 Radiall, page 4
  7. Nicolas Cori, Pierre Gattaz. Epris d’entreprise, Libération, 13 juin 2013
  8. Article Les Échos no 17931 du 30 juin 1999, p. 59.
  9. « L'électronique française réclame des grands programmes aidés », Les Échos no 19194 du 6 juillet 2004, p. 24.
  10. « L'électronique française pour le retour des grands programmes », Les Échos no 19425 du 1er juin 2005, p. 25.
  11. « Filière électronique : François Loos veut restaurer l'attractivité de la France », Les Échos no 19431 du 9 juin 2005, p. 24.
  12. a et b Livre Bleu, p. 35
  13. Big Brother Awards 2004
  14. « Pierre Gattaz prend la présidence de la FIEEC - Fédération des industries électriques, électroniques et de communication », Les Échos, no 20025,‎ , p. 26 (lire en ligne).
  15. Brève de nomination de Pierre Gattaz en tant que président du CNQP parue dans Le Figaro Économie du 18 juin 2009.
  16. « Pierre Gattaz prend la Présidence du GFI », Les Échos,‎ , texte additionnel.
  17. Brève de nomination de Pierre Gattaz en tant que membre du bureau de l'UIMM parue dans Les Échos du 30 mai 2011.
  18. « Le MEDEF renouvelle son conseil exécutif », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  19. « L'UIMM choisit Pierre Gattaz pour la présidence du Medef », Le Figaro, 18 avril 2013.
  20. Agnès Laurent, « Pierre Gattaz, l'enfant de la base », in L'Express no 3233, semaine du 19 juin 2013, pages 72-75.
  21. « Medef : un nouveau soutien de poids pour Pierre Gattaz », Le Figaro, 27 mai 2013.
  22. Cécile Crouzel, « Pierre Gattaz exige 100 milliards de baisse des prélèvements », in Le Figaro, jeudi 4 juillet 2013, p. 18.
  23. "Esclavagiste", "indécent"... le "smic jeune" suggéré par Gattaz déchaîne les passions, La Tribune, 2014
  24. a et b Pierre Gattaz relance le débat sur le niveau du SMIC - Les Échos - 2014
  25. Jean-Christophe Chanut, « Le président du Medef ne fera qu'un seul mandat », latribune.fr, 19 mai 2015.
  26. a et b AG., « Gattaz met son pin's en berne », Le Canard Enchaîné, no 4969,‎ .
  27. « Aides aux entreprises : le grand bluff », Spécial Investigation, sur canalplus.fr, .
  28. Marie Bellan, « Loi Travail : Gattaz donne trois semaines au gouvernement pour corriger sa copie », sur lesechos.fr, .
  29. a et b « Fiscalité : Pierre Gattaz appelle à supprimer l'ISF », sur leparisien.fr, (consulté le )
  30. Extrait du discours de Christophe de Margerie lors des Universités d'Eté du MEDEF de 2013, publié par L'Opinion, 2013.
  31. "ISF : Margerie renvoie Gattaz dans les cordes", Lepoint.fr, 30 août 2013.
  32. Rapport financier 2011 (version rectifiée diffusée AMF 18 mai 2012).
  33. « Pierre Gataz prend la présidence de la FIEEC », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  34. « Le Medef renouvelle son conseil exécutif », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  35. Les plus grandes fortunes, Pierre Gattaz et sa famille
  36. Radiall, Rapport financier annuel 2013, p. 90
  37. http://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/05/13/pierre-gattaz-veut-couper-court-a-la-polemique-sur-son-salaire_4416048_1698637.html

Voir aussi

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Articles connexes

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