André Grandclément
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Résistant, agent du SOE, courtier en assurances |
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André Marie Hubert Grandclément, dit « Bernard », né le à Rochefort et abattu le à Saugnacq-et-Muret, est un résistant français de la Seconde Guerre mondiale, responsable en Aquitaine du mouvement de résistance, l’Organisation civile et militaire. Soupçonné d'imprudences graves, voire de trahison, il fut exécuté sur ordre de Roger Landes, chef d'un réseau du SOE (Special Operations Executive).
Éléments biographiques
Entre-deux-guerres
Fils de l’amiral Raoul Gaston Grandclément et d’Amélie de Barolet, André suit les garnisons de son père. Élève chez les jésuites au collège Franklin à Paris 16e, il y noue une amitié avec Marc O'Neill. À la fin de l'adolescence, il interrompt les cours de Franklin pour l'université de Beyrouth où son père vient de prendre la direction de la division navale de Syrie, puis pour le lycée de Tunis. Il passe ses bacs à Paris, dort au collège Massillon et étudie au lycée Saint-Louis. Au moment d'entrer en classe préparatoire à l'école navale, il rencontre sa future première femme Geneviève Toussaint, surnommée « Myssett », se fâche avec son père et renonce à poursuivre ses études. En octobre 1928, il entre dans l'armée, d'abord comme simple soldat dans un corps de tirailleurs sénégalais. Rapidement, il suit les cours d'élève officier. Le 7 novembre 1929 il épouse religieusement à l’Église Notre-Dame-de-France de Bizerte. Ils auront cinq enfants, dont trois mourront en bas âge ; seules survivront deux filles, Ghislaine[1] et Francine[2].
En poste à Sfax, il annonce à son père, en septembre 1930, son désir de quitter l'armée. En 1931, André et Mysset s'installent à Toulon. L’année suivante, Ils sont à Saint-Maixent-l'École. André n'a pas quitté l'armée, mais entre, pour deux ans, dans l'école d'officier. En même temps, il fait son droit à Poitiers. En 1934, il fait une grave chute de cheval, tombe malade (les lettres évoquent une tuberculose avec hémoptysie). Il quitte Saint-Maixent pour l'hôpital militaire de Clamart. Il est en congé maladie. En 1935, grâce à un cousin agent d'assurances, Paul Pierson, il entre à la Mutuelle Vie et s'installe avec Myssett à Bordeaux, 13, rue Basse. En 1937, la commission de réforme renouvelle sa pension à titre définitif, au taux de 100 %. Il travaille pour l’Union Vie à Annecy. En 1938, le couple s'installe à Bordeaux, au 44 rue Ferrère. Bientôt, les discordes se multiplient et le couple décide de se séparer. André s'installe au 34 cours de Verdun, où il dirige une affaire d'assurances.
Seconde guerre mondiale
- 1939
À la déclaration de guerre, bien que réformé à 100 %, il obtient d’être déclaré « bon pour le service ». À la fin de l'année, il rencontre Lucette Tartas qui a eu un fils, Christian, né vers 1930 de son premier mari, Philippe Rigou.
- 1940
En février 1940, il rejoint son unité, le 5e R.I.C.. En mai, il s'illustre dans les Ardennes, lors de la bataille de Stonne, et il est cité à l'ordre de la division pour son action[3]. À l’armistice de juin 1940, il est pendant quelque temps proche de la position collaborationniste de Vichy[4]. Fin août, son unité étant démobilisée, il retourne à Bordeaux et reprend ses activités dans les assurances.
- 1941
Si Grandclément est anticommuniste, la politique servile de Vichy à l’égard des Allemands finit par l’écœurer. Il tourne définitivement le dos à la Révolution nationale et entre dans la Résistance, comme le fera plus tard le colonel de La Rocque.
- 1942
Au printemps 1942, Alain Boyau lui propose, au nom du général Jouffrault (son oncle) et au nom de Marc O'Neill (son ami d'enfance), de devenir le chef du réseau de Résistance Organisation civile et militaire (OCM) pour la région B, c’est-à-dire le sud-ouest. Entré en résistance sous le nom de guerre de « Bernard », il est chargé, pour ses débuts, de prendre contact avec tous les petits groupes épars dans la région et de les rassembler au sein d'une organisation qu'il baptise « France vivra ». En octobre, il engage comme secrétaire une cousine de Lucette, Arlette Caussé, pour la faire échapper au STO.
- 1943
Le , il épouse Lucette Tartas. Claude de Baissac, chef du réseau SCIENTIST du SOE, est informé par France Antelme de l'existence à Bordeaux de la très forte organisation de résistance, dirigée par Grandclément et désireuse de recevoir armes et matériel. Le contact est établi et l'entente vite réalisée : Grandclément apporte ses groupes et ses contacts avec l’OCM, et Claude de Baissac apporte les moyens du SOE, c'est-à-dire les armes qu'il fait venir d'Angleterre par parachutage. En avril, l'appartement de Grandclément, cours de Verdun, devient un véritable salon où se retrouvent, pour parler de résistance entre amis, de Baissac et Lise de Baissac, Roger Landes (opérateur radio de SCIENTIST), Jean Renaud-Dandicolle, Jouffrault père et fils, Charles Corbin, Roland Chazeau, Maleyran, Charles Hayes.
En juillet 1943, un de ses adjoints, Christian Fossard, est arrêté par le commissaire Poinsot, qui le livre à Friedrich Dohse, le chef de la Gestapo à Bordeaux. Fossard parle et livre notamment l'adresse de Grandclément. À la fin du mois, les Allemands découvrent le fichier des membres du réseau, ce qui provoque de nombreuses arrestations. Grandclément, alors à Paris, échappe au coup de filet. Le 19 septembre, Grandclément est finalement arrêté à Paris et transféré à Bordeaux. Dohse l'interroge et lui montre ce qu'il sait depuis la chute du réseau Prosper-PHYSICIAN. Constatant son anticommunisme viscéral, Dohse propose à Grandclément un pacte : qu'il livre les dépôts d'armes et ses hommes arrêtés seront libérés. Couvert par son chef, le lieutenant Kunesh, Dohse accorde quelques heures de liberté à Grandclément pour convaincre ses subordonnés. Charles Corbin « Police » accepte. Roger Landes y est opposé. Grandclément propose d'informer l'OCM et Londres. Il envoie Marcel Defence auprès de Marc O'Neill. La réponse, condamnant Grandclément, ne viendra que bien plus tard, en juillet. L'accord est appliqué : des stocks d'armes sont livrés. Une centaine d'hommes sont libérés et des arrestations prévues sont annulées. Grandclément négocie avec Dohse la transformation de ses réseaux en « maquis blancs » destinés à lutter non plus contre les Allemands mais contre les communistes après le départ des troupes allemandes.
En octobre, le colonel Rollot, à Alger, envoie le DMR Claude Bonnier « Hypoténuse ». En novembre. Dohse accorde à Grandclément un nouveau jour de sortie, au cours duquel il fait connaître la demande de Dohse de rencontrer son successeur, le commandant Eugène Camplan[5], en vue de préparer une rencontre entre le colonel Machule, chef du KdS de Bordeaux, et le général Giraud. En décembre, deux émissaires se rendent en Algérie, avec l'accord tacite de Dohse, afin de soumettre le projet de pacte à l'approbation du général de Gaulle.
- 1944
En janvier 1944, le pacte est soumis au général de Gaulle, qui le refuse et fait emprisonner les émissaires. Le 4 juillet, Londres envoie un message par la BBC : « Attention, Grandclément, Noël[6] et Renaudin[7] sont des traîtres ». Le 28 juillet 1944, Grandclément, sa femme Lucette, son adjoint Marc Duluguet, sont exécutés par des agents britanniques et résistants français, sur ordre de Roger Landes, dit « Aristide », devenu chef du réseau ACTOR du SOE depuis mars.
Thèse
Deux thèses s’affrontent sur l’affaire Grandclément.
Celle de la trahison et du pacte avec l’ennemi, soutenue par les auteurs Arthur Calmette, Gilles Perrault ou Michel Slitinsky. Et celle qui minimise la trahison d’André Grandclément en mettant en avant le nombre de libérations obtenues et un nombre minoré d’armes remises aux allemands. Celle-ci étant soutenue par René Terrisse et Guy Penaud.
Pour Dominique Lormier, Grandclément aurait été exécuté car Roger Landes avait découvert qu'il connaissait la véritable raison du démantèlement de l'OCM et du SOE dans le Sud-Ouest, à savoir l'opération Starkey et le sacrifice d'une partie de la résistance pour faire croire à Hitler à l'imminence d'un débarquement en France. [8]
Daniel Grandclément évoque même la possibilité dans le dernier chapitre de son livre « L’énigme Grandclément » que André Grandclément n’ait pas été exécuté.
Documentaire
- "L'Affaire Grandclément", film de Daniel Grandclément, France, 2007, 52 minutes, HDV [9].
Notes et références
- Née – en 1930 ? – à Sfax.
- Née en 1934 à Nuits-Saint-Georges.
- « Réformé à 100 %, a repris volontairement du service à l’occasion de la guerre, s’est révélé un excellent chef de section, faisant preuve de volonté, de sang-froid et d’initiative dans tous les combats auxquels a pris part l’unité, s’est particulièrement distingué le alors que sa section était complètement débordée par un ennemi très supérieur en nombre, a réussi à maintenir tout le monde à son poste et à redresser une situation un moment compromise.» [Source : Daniel Grandclément, p. 48]
- Au lendemain de l’armistice de 1940, Grandclément se tourne vers le régime de Vichy, professe des opinions royalistes et s’attache à la personne du colonel de La Rocque, fondateur des Croix-de-feu, puis du P.S.F. (Parti social français) [Source : Lormier, p. 31]
- Par lettre du 23 octobre 1943, au nom du Comité de coordination militaire de zone nord, Alfred Touny charge Eugène Camplan de coordonner l'action des FFI dans la région de Bordeaux. Dès sa nomination, Camplan constitue un nouvel état-major, sans relations avec Grandclément.
- André Noël, chef d'un maquis de Corrèze. Il est abattu le en août 1944.
- Georges Julien, alias Renaudin, est un des responsables du mouvement de libération nationale. Suite à une arrestation groupée à laquelle il échappe de manière suspecte, il est abattu à la fin du mois de juin 1944 à Bordeaux. Il sera blanchi par un jugement, rendu le 15 décembre 1946, du Jury d'honneur mis en place par le gouvernement provisoire de la République française.
- Dominique Lormier, Bordeaux brûle-t-il?, Les Dossiers d'Aquitaine , 2003, (ISBN 978-2905212573)
- Daniel Grandclément, « L'Affaire Grandclément », .
Annexes
Sources
- Daniel Grandclément, L'Énigme Grandclément, le chef de réseau qui voulait un pacte entre la Résistance et les S.S., Balland, 2003, (ISBN 2-7158-1465-8)
- Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance, Le cherche-midi, 2005, (ISBN 2-74910-456-4). Article Granclément, André, p. 146-148.
- René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Librairie académique Perrin, 1993, (ISBN 2-262-00991-0).
- René Terrisse, Grandclément, traître ou bouc-émissaire ?, Aubéron, 1996, (ISBN 978-2-908650-41-9).
- Dominique Lormier, L’Affaire Grandclément, Sud-Ouest, 1991, (ISBN 2-879010-14-4)
- Michel Slitinsky, La Résistance en Gironde, Éditions Les Cahiers de la Résistance, 1970 SLITINSKY Michel, La Résistance en Gironde, Bordeaux, Cahiers de la Résistance, , le drame de l'OCM , Pages 187 à 190 Pages 186 à 190 sur le drame de l'OCM et Grand-Clément.