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Georges Acampora

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Georges Acampora
Nom de naissance Georges Antoine Acampora
Alias
Georgio
Naissance
Bab El Oued
Décès (à 85 ans)
Alger
Nationalité Drapeau de l'Algérie Algérienne
Pays de résidence Algérie
Profession
Lieutenant-Colonel à la protection civile algérienne
Conjoint
Julia Garcia (Juliette)

Georges Antoine Acampora dit Georgio, né le à Bab El Oued (Alger) est un militant et moudjahid de la cause nationale algérienne et ex-condamné à mort sous l'occupation coloniale française durant la guerre d'Algérie.

Membre phare des Combattants de la libération (CDL), groupes armés constitués par le Parti communiste algérien (PCA) qu'il rejoint afin de mener des actions de sabotage visant les grands capitalistes européens partisans du maintien de l’occupation coloniale.

Biographie

Dernier d'une fratrie de 6 frères et sœurs, il naît en à la rue d’Orléans au vieux quartier de la Marine, à Bab El Oued. Ses parents, d'origine italienne, Augustin Acampora et Clémentine Castagna, travaillaient respectivement en tant que marin-pêcheur chez un patron à La Pérouse — aujourd'hui Tamenfoust — et cordonnière à domicile.

Originaire d'une famille modeste, bon élève et malgré le refus de sa mère, Georgio dû quitter l'école en 1940 à l'âge de 14 ans et entre dans la vie active en tant qu'ouvrier pêcheur afin d'aider son père à ramener le pain quotidien, il se souvient : « transporter à la force des bras et sur ses épaules les cageots de poissons à partir d’Hussein Dey pour les vendre au marché de Belcourt. ».

Il s'oriente ensuite vers le métier de tourneur et est embauché chez Spinoza en tant qu'apprenti puis chez Fotiadis près de la gare de l'Agha.

Vient ensuite la période où il intègre l’usine de tabac Job à Bab El Oued en tant qu'ouvrier responsable de l’entretien du matériel. C’est dans cette usine qu'il décidera de se syndiquer à la CGT et dirigera une grève de 40 jours de l’ensemble des quatre usines de tabac de Bab El Oued.

Ses débuts dans la vie politique

Jeune homme très impliqué dans la vie de son pays, c'est en 1950, alors âgé de 24 ans, qu'il décide d'adhérer au Parti communiste algérien (PCA) après avoir participé à plusieurs grèves et actions sociales avec plusieurs de ses camarades du quartier de Bab-El-Oued, il confie :

« hé bien comme j’étais sur le quartier, je connaissais des camarades qui y activaient pour le PCA ; j’ai commencé à participer à des actions sociales avec les camarades, sans être membre du parti. Ensuite on assiste aux premières grèves, et là, tu commences à voir, à comprendre, à rentrer dans l’action. Je n’avais ni mon père, ni ma mère, ni mon frère dans ses idées-là. Les choses de la famille ce n’était pas ça… Je connaissais des camarades dans le quartier, alors j’y suis allé tout seul, à la section de Bab-El-Oued… C’est dans l’action avec les camarades que j’ai décidé d’entrer au PCA » (socialgerie[1])

De simple syndicaliste à défenseur de l'Algérie

Georgio effectue son service militaire à Cherchell, service lors duquel il acquiert une expérience militaire qui lui sera très utile dans ses futures actions. En effet, il s'engage dans le mouvement de lutte pour l'indépendance de l'Algérie et met à profit son expérience pour réparer les armes et rectifier les culasses dans les ateliers des pompiers[2], « je rentrais une arme à la fois » dit-il. C'est après l'accord entre le Front de libération nationale (FLN) et le PCA qu'il intègre les Combattants de la libération (CDL), mène des actions contre l'occupant français et sera « Fidaï » (Un « fidaï », en arabe, est un soldat, soumis à un code de l'honneur strict et prêt à sacrifier sa vie pour une cause, sans pour autant aspirer à devenir martyr).[3]


Prêt au sacrifice pour faire triompher l'indépendance de l'Algérie, il se fait arrêter sur dénonciation à la caserne de pompiers, est affreusement torturé et emprisonné à la prison de Serkaji. Il est ensuite condamné à mort en 1956 pour l’attentat contre le commissariat de police de la Redoute (El Mouradia), sur les hauteurs d'Alger.

Mais il échappe à la guillotine car, selon Mustapha Boudina, le président de l’Association algérienne des condamnés à mort, Georges Acampora faisait partie des militants indépendantistes condamnés à mort « dont la peine n’a pas été exécutée parce qu’ils étaient jugés dans d’autres affaires après leur condamnation », et ajoute que « les exécutions ont été ensuite suspendues après l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958 et le début des négociations entre l’Algérie et la France qui ont conduit au cessez-le-feu le  ».[4]

Il est en effet gracié en 1959, sera transféré à la prison d'El-Harrach et sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité, avec 181 patriotes condamnés à mort avant d'être libéré en 1962 lors de l'indépendance de l'Algérie.

Algérien jusqu'au bout, l'idéal d'un Homme

Après l'indépendance de l'Algérie du , Georges Acampora qui avait droit à la binationalité franco-algérienne décide de renoncer à la nationalité française. Il participe activement à la reconstruction de l'Algérie par diverses actions, continua sa carrière et occupa de hautes fonctions au sein de la protection civile de l’Algérie indépendante où il gravit les échelons avec un parcours exemplaire jusqu'au grade de lieutenant-colonel avant de prendre sa retraite à la fin des années 1980 dans son quartier natal où il était très sincèrement apprécié et respecté de l'ensemble des habitants.

La fin des mouvements communistes

Dans le début des années 90 survient la fin des mouvements communistes avec notamment la chute de l'URSS.

Le , après les événements qui ont secoué les partis communistes et les pays socialistes, le journal l’Humanité, organe central du Parti communiste français (PCF), publiait un entretien avec Georges Acampora, il déclare :

« Le mouvement de libération national a canalisé tous les patriotes sur l’objectif de l’indépendance de L’Algérie. Les communistes algériens ont participé à ce large mouvement de libération nationale. A cette époque la perspective socialiste donnait à notre combat un objectif à long terme. Nous avons partagé cet espoir avec des nationalistes issus du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques).

Personnellement j’ai participé après l’indépendance aux brigades de travail volontaire pour la réforme agraire. Nous avons aidé les paysans à occuper les grandes propriétés laissées vacantes par le départ des colons. Nous avons participé bénévolement au reboisement des régions entières napalmées. Je me souviens du rassemblement de L’Arbaatach. Plus d’un million de personnes étaient là. La venue de Che Guevara à Alger avait enthousiasmé notre jeunesse. Aujourd’hui ces arbres atteignent une hauteur respectable. Le socialisme n’est peut-être plus à l’ordre du jour, mais je reste profondément attaché à mon idéal. Je continue à militer au Parti de l’Avant-Garde Socialiste (PAGS). J’espère que la façon dont s’est déroulé la Guerre du Golfe va faire tirer aux peuples de la région les enseignements nécessaires pour qu’une telle tragédie ne puisse se renouveler ».

Un droit et juste jusqu'au bout

Dans son quartier, tous ceux qui le connaissent sont unanimes et parlent d'un « homme droit », « militant des causes justes », « défenseur des droits des travailleurs », toujours « modeste et discret » et le considèrent comme « algérien à part entière ».

Georgio, toujours à l'écoute de ses voisins et avec grande modestie, considérais les habitants de Bab-El-Oued comme ses frères et sœurs, et tous le considéraient comme un membre de sa famille. Il a d'ailleurs toujours été protégé par les habitants de son quartier, même dans les périodes les plus sombres en Algérie (notamment lors des attentats meurtriers des années 90).

En hommage, un jeune médecin du quartier donnera son nom à un centre de la clinique Saha Plus inaugurée à Hammamet près d’Alger.


Georges Acampora décède à 85 ans des suites d'une longue maladie le à 17h à l'hôpital militaire d'Aïn Naadja.

Pour ses voisins, Georges Acampora a toujours été considéré comme « un modèle de savoir vivre et de générosité » sans jamais avoir cherché à tirer gloire de son passé. Selon eux, « l'Algérie vient de perdre une personnalité hors pair, un homme discret et réservé mais toujours proche des autres, de ces voisins qu'il n'a jamais quittés et qui le trouvaient à leurs côtés dans le besoin ».

Il est inhumé le au cimetière chrétien de Bologhine (Alger) où reposent déjà des membres de sa famille[5].

Notes et références

  1. « DÉCÈS DU MILITANT ET MOUDJAHID, GEORGES ACAMPORA - socialgerie », sur www.socialgerie.net (consulté le )
  2. René Gallissot, Algérie : Engagements sociaux et question nationale : De la colonisation à l'indépendance de 1830 à 1962 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier : Maghreb, Le Maitron, , 605 p.
  3. Henri Alleg, La Guerre d'Algérie, Temps Actuels
  4. « Algérie: décès du militant anticolonialiste Georges Acampora », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )
  5. « Décès de Georges Acampora - Alger républicain », sur www.alger-republicain.com (consulté le )

Liens externes