Affaire Philippe Monguillot
Affaire Monguillot | |
Marie, Véronique, Mélanie et Manon Monguillot (de gauche à droite), le , lors de la marche blanche organisée en hommage à Philippe Monguillot (portrait). | |
Titre | Affaire Philippe Monguillot |
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Fait reproché | Homicide involontaire |
Chefs d'accusation | - Récidive de violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, commises en réunion, sur un agent de service public (pour Wyssem Manai et Maxime Guyennon) - Soustraction d'un criminel à une arrestation et aux recherches (pour Mohammed Akrafi) |
Pays | France |
Ville | Bayonne |
Lieu | Arrêt de bus « Balishon » |
Date | (agression) (décès) |
Nombre de victimes | 1 mort : Philippe Monguillot |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée en première instance : - 15 ans de réclusion criminelle (pour Wyssem Manai) - 13 ans de réclusion criminelle (pour Maxime Guyennon) - Jugement à venir (pour Mohammed Akrafi) |
Tribunal | Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau |
Date du jugement | (Manai et Guyennon) |
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L'affaire Philippe Monguillot est une affaire criminelle qui débute à Bayonne, en France, le . Ce jour-là, Philippe Monguillot, chauffeur de bus de 58 ans, sort de sa cabine pour contrôler le titre de transport d'un groupe de personnes tout en leur demandant de porter un masque de protection, obligatoire à bord, dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Là, une altercation éclate et tous se retrouvent à l'extérieur du bus. Philippe Monguillot est frappé plusieurs fois, avant d'être laissé inconscient sur le sol. Conduit au centre hospitalier de la Côte Basque, il se trouve en état de mort cérébrale. Le , la famille de la victime et les médecins s'accordent pour arrêter les soins, prélude au décès du chauffeur.
Plusieurs suspects sont rapidement arrêtés et placés en garde à vue. Deux d'entre eux sont mis en examen pour « homicide volontaire sur un agent de réseau de transports publics » et deux autres pour « non-assistance à personne en danger ». Ils sont placés en détention provisoire dès le . En , la juge d'instruction chargée de l'affaire requalifie les faits reprochés à Wyssem Manai et Maxime Guyennon en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner », confirmé en septembre de la même année par la cour d'appel de Pau. Ces derniers sont jugés du 15 au par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau. À l'issue des débats, Wyssem Manai est condamné à une peine de 15 ans de réclusion criminelle et Maxime Guyennon à une peine de 13 ans de réclusion criminelle.
Cette affaire provoque un vif émoi tant au niveau local que national. De nombreux hommages sont rendus à Philippe Monguillot. Notamment le , dans la commune de Bayonne, où une marche blanche est organisée, réunissant près de 6 000 personnes.
En conséquence de l'agression, les collègues du chauffeur exercent leur droit de retrait, ce qui conduit les pouvoirs publics à adopter des mesures rapides pour renforcer la sécurité sur les lignes du réseau et ainsi permettre une reprise progressive de l'activité.
Contexte
La famille Monguillot
Philippe Monguillot, né le [M 1], est décrit comme sportif. À la fin des années 1980, il intègre l'Association sportive bayonnaise, où il joue au rugby à XV, avant de rejoindre le club des Croisés de Bayonne où il joue au football. S'il abandonne par la suite son activité de joueur, il reste impliqué dans le club, notamment en arbitrant des rencontres de jeunes ou des matchs amicaux[1],[2].
Passionné de la route, il commence sa carrière professionnelle en conduisant des cars internationaux. En 1990, il intègre la société des transports en commun de l'agglomération de Bayonne (STAB) et garde son poste lors de la mue du réseau en Chronoplus, en 2011[1],[2]. Il est surnommé « le Tigre » par ses amis et collègues[3].
En , il rencontre Véronique (âgée de 52 ans en 2020), alors que cette dernière prend régulièrement son bus[M 2]. Le couple se marie en 1995[M 3]. Ensemble, ils ont trois filles : Marie, Manon et Mélanie, âgées respectivement en 2020 de 18, 21 et 24 ans[1],[2].
Impliqué dans l'écoquartier où il réside avec sa famille, il est le trésorier de l'association de défense du « Hameau de Plantoun »[1],[2].
Réaction des chauffeurs
Dans la semaine précédant cette affaire, trois agressions ont lieu sur différentes lignes du réseau Chronoplus[M 4]. Certains chauffeurs se disent alors « choqués mais pas étonnés », en pointant « le manque de sécurité sur les lignes de Tram'Bus et les tensions quotidiennes avec les usagers »[4].
Les évènements
Philippe Monguillot, 58 ans, est chauffeur de bus dans l'agglomération du Pays basque. Le dimanche , il ne travaille normalement pas. Cependant, il accepte de remplacer l'un de ses collègues[M 5] et prend donc son service en conduisant le Tram'Bus no 814 du réseau Chronoplus[5].
Alors qu'il effectue son dernier trajet de la journée[M 6], en direction de Biarritz, trois hommes montent dans son bus au niveau de l'arrêt « Gare de Bayonne », dont l'un avec un chien. Le chauffeur poursuit sa route jusqu'à l'arrêt « Balishon », aux alentours de 19 h, où les trois individus sont rejoints par un quatrième homme[6].
Il est 19 h 7[7], Philippe Monguillot décide de marquer l'arrêt, sort de sa cabine et se dirige vers le fond du bus. Il désire contrôler le titre de transport de l'homme qui vient de monter et demande aux autres de porter leur masque de protection, obligatoire à bord[8]. À ce moment-là, des insultes sont proférées et une altercation éclate[Note 1]. Tous les protagonistes se retrouvent à l'extérieur du bus et Philippe Monguillot est frappé plusieurs fois, notamment au niveau du haut du corps et de la tête. Les quatre agresseurs présumés prennent alors la fuite, laissant la victime inconsciente au sol[6],[9],[10].
Les premiers soins sont prodigués par un pompier volontaire témoin de la scène[11]. Les secours sont rapidement prévenus et le chauffeur est conduit au centre hospitalier de la Côte Basque[12].
Véronique, épouse du chauffeur, est mise au courant à 20 h 12 par un appel téléphonique de « Yoyo », contrôleur et ami de la famille[M 7]. Elle prévient sa fille Marie qui prévient ensuite Manon et les deux décident de patienter avant de prévenir Mélanie qui, à ce moment-là, est employée dans la restauration. Finalement toutes se retrouvent à leur domicile[M 8]. Le soir-même, Philippe est opéré au niveau « de la tête » pendant près de cinq heures avant d'être envoyé en réanimation aux alentours de minuit[M 9]. Son pronostic vital est alors engagé[13], avant qu'il ne soit déclaré en état de mort cérébrale[14].
Le , soit cinq jours après l'agression, la famille et les médecins s'accordent pour arrêter les soins. À 17 h 30, Marie, l'une de ses filles annonce à une correspondante de l'AFP : « Nous avons décidé de le laisser partir. Les médecins étaient pour et nous aussi ». Son épouse, Véronique, l'annonce au même moment sur les réseaux sociaux, en ces mots : « Mon époux s'est éteint à 17H30, RIP mon amour. »[15],[16].
Enquête ( à )
L'enquête est confiée au commissariat de police de Bayonne[4]. Le lendemain des faits, soit le , un appel à témoins est lancé, à la recherche de « toute personne ayant pris la ligne T1 entre la gare de Bayonne, où sont montés les suspects, et l'arrêt Balishon entre 19 h et 19 h 15. »[17].
Profil des mis en examen
Le dimanche soir, une première personne est interpellée près du lieu de l'agression et placée en garde à vue. Trois autres, retrouvées dans un appartement du quartier Balishon, le sont dans la matinée du , et une cinquième, qui se trouvait également dans l'appartement, à la mi-journée[4],[18],[24]. Lundi soir, la garde à vue de quatre des cinq individus est prolongée, le cinquième homme, mineur, est relâché[25].
Wyssem Manai et Maxime Guyennon
Wyssem Manai et Maxime Guyennon[Note 2], âgés de 22 et 23 ans (âges non respectifs), sont les principaux mis en cause. Arrêtés le et mis en examen deux jours plus tard pour « tentative d'homicide volontaire », ils sont placés en détention provisoire. À la suite du décès de Philippe Monguillot, le , les faits qui leur sont reprochés sont requalifiés en « homicide volontaire sur un agent de réseau de transports publics ». Jérôme Bourrier, procureur de la République de Bayonne, expliquant qu'il s'agit d'une circonstance aggravante[31].
Le , la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau rejette la demande de remise en liberté, formulée une semaine plus tôt[32], par l'homme de 23 ans poursuivi pour « homicide volontaire »[33],[34],[35]. Le , ce même individu demande une nouvelle fois sa remise en liberté. Il estime n'avoir porté que des coups « légers », expliquant aussi qu'il « [avait] essayé d'empêcher ça, [et avoir] tout fait pour les séparer »[36]. Véronique Monguillot a réagi, en déclarant : « avec mes filles, nous trouvons cette demande de liberté aberrante, intolérable ». Dans la foulée, l'association Philippe Monguillot a d'ailleurs lancé une pétition, s'opposant à la remise en liberté du prévenu[37]. Trois jours plus tard, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau rejette cette demande. Le mis en cause reste alors incarcéré[38].
Mohammed Akrafi
Mohammed Akrafi[Note 2], âgé de 34 ans, est qualifié comme « l'hébergeur de Balishon » par le quotidien Sud Ouest[26]. Il est arrêté le et mis en examen deux jours plus tard pour « non-assistance à personne en danger » et « soustraction d'un criminel à une arrestation et aux recherches ». Il est placé en détention provisoire.
Le , il est remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire, quatre mois étant la durée maximum de placement en détention pour les faits reprochés[39],[40].
Cependant, quelques jours plus tard, le , il est à nouveau placé en détention provisoire. Akrafi, interpellé la veille, est suspecté de « violences aggravées » sur la femme qui l'a hébergé à sa sortie de prison. En outre, il n'aurait pas respecté les conditions de sa libération conditionnelle, qui lui interdisaient de se trouver dans la ville de Bayonne. Il est jugé en comparution immédiate, le lundi [41],[42],[43]. Remis en liberté mi-, il est une nouvelle fois arrêté le pour « vol et rébellion », après avoir tenté de subtiliser le blouson, la carte bancaire et le portefeuille d'un livreur et insulté les policiers qui venaient de l'interpeller. Jugé en comparution immédiate quatre jours plus tard, une expertise psychiatrique est ordonnée, entraînant le renvoi du jugement au . En l'attente, Akrafi est de nouveau placé en détention[44]. Il est a nouveau incarcéré puis libéré et ainsi de suite, jusqu'au , où il est à nouveau jugé en comparution immédiate par le tribunal judiciaire de Bayonne. À cette date, il compte 27 condamnations sur son casier judiciaire et comparaît pour des faits de vol. Il est condamné à dix mois de prison ferme[45].
Quatrième individu
Un quatrième individu, âgé de 38 ans, est arrêté le et mis en examen deux jours plus tard pour « non-assistance à personne en danger ». Il est placé en détention provisoire.
Le , il est remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire, quatre mois étant la durée maximum de placement en détention pour les faits reprochés[39],[40].
Les enquêtes dans l'enquête
Plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse, saisie de l'IGPN
Lundi , Mourad, un Bayonnais de 29 ans, décide de porter plainte contre X pour « diffamation » et « dénonciation calomnieuse », ce dernier ayant vu sa photographie être diffusée sur les réseaux sociaux, le présentant, à tort, comme l'un des agresseurs de Philippe Monguillot. Rapidement épinglé par plusieurs personnalités politiques d'extrême droite, le cliché est notamment relayé sur Twitter, par Marine Le Pen, Jordan Bardella, ou encore Damien Rieu[46],[47],[48],[49].
Le , Jérôme Bourrier, procureur de la République de Bayonne, annonce l'ouverture d'une enquête préliminaire et la saisie de l'inspection générale de la Police nationale (IGPN)[50]. En effet, il explique qu'il s'agit de « savoir comment et par qui la photo a fuité et s'est retrouvée diffusée les réseaux sociaux », détaillant que le cliché, pris au commissariat de Bayonne pour une affaire antérieure et sans rapport, est « issu d'un fichier Traitement d'antécédents judiciaires (TAJ) »[51],[52].
Le lendemain, alors invitée sur France 2, Marine Le Pen déclare : « Je suis évidemment désolée pour cet homme qui, s'il est innocent, (s'est) retrouvé dans cette situation », ajoutant que son « community manager a commis une erreur de rapidité ». Elle demande cependant aux médias de « donner des noms »[53],[54],[55].
Condamnation pour incitation à la violence
Le lundi , Anastasia, une jeune bayonnaise de 33 ans est condamnée à deux mois de prison, 1 000 € d'amende, 600 € de dommages-intérêts et 400 € pour la société Keolis, par le tribunal correctionnel de Bayonne, pour « incitation à la violence ». Cette dernière avait posté, sur sa page Facebook, trois jours après l'agression de Philippe Monguillot : « Ça veut faire les cowboys Chronoplus et ça fini au paradis. Et oui le BAB se remplit… ce ne sera pas le premier mort [sic] ». Celle-ci a refusé de s'expliquer lors de l'audience[56],[57].
Deux versions du déroulement des faits
Le , Mes Thierry Sagardoytho et Chloé Irigoin-Carricaburru, avocats de l'un des accusés, mis en examen pour homicide volontaire, remettent en cause la version avancée jusqu'alors. En effet, ces derniers indiquent avoir pu visionner les images de vidéosurveillance montrant la scène d'1 min 40 s à l'intérieur et à l'extérieur du Tram'Bus. Selon eux, le chauffeur de bus se rend à l'arrière du véhicule, puis après quelques mots, assène un violent coup de tête à leur client. Ce dernier, dans un premier temps sonné, réagit en s'acharnant sur le conducteur et le laissant effectivement au sol. Tout en indiquant qu'ils « ne [renient] pas la gravité des faits » et que la réaction de leur client est « à l'évidence disproportionnée », ces derniers désirent une instruction « à charge mais aussi à décharge »[58],[59],[60],[61]. En outre, il leur semble que le non-port du masque n'est pas le point de départ de l'altercation, car si les images montrent effectivement les accusés sans masque, elles laissent apparaitre que d'autres usagers ne le portent pas non plus au moment des faits[62].
Le corps de Philippe Monguillot est autopsié le jeudi à Bordeaux[63]. Le , la défense indique, au regard du rapport, être en mesure d'affirmer que « la mort du chauffeur du bus est consécutive à sa chute au sol et non au coup de poing reçu ». Expliquant en détail que : « Ce rapport n'accrédite en aucune manière la thèse d'un geste meurtrier volontaire. Il permet de constater que [Philippe Monguillot] est tombé au sol par l'effet d'un seul coup de poing. Un coup porté au visage, de face. Et ce n'est pas ce coup de poing qui l'a plongé dans le coma mais la chute au sol. »[64],[65],[66],[67].
Au regard de tous ces éléments, les avocats de la défense entendent demander la requalification des faits, passant d'« homicide volontaire sur un agent de réseau de transports publics » à « violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner »[64],[68],[69].
Reconstitution judiciaire
Le vendredi , une reconstitution judiciaire est organisée. Durant environ 4 h 30, la scène est rejouée au niveau de l'arrêt Balishon, où la circulation est coupée. Les quatre accusés sont présents accompagnés de leurs avocats, de même que l'avocat de la famille Monguillot, la juge d'instruction chargée de l'affaire et le procureur de la République de Bayonne[70],[71].
Fin de l'instruction et procès (depuis )
L'enquête est close mi-, un procès pouvant se tenir devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau avant la fin de cette même année[72].
Le parquet de Bayonne livre son réquisitoire définitif le . Il retient la qualification d'« homicide volontaire aggravé » (le meurtre, en réunion, d'une personne chargée de mission publique dans un transport collectif en étant les circonstances aggravantes) pour Wyssem Manai et Maxime Guyennon. La qualification de « non-assistance à personne en danger » et « soustraction d'un criminel à une arrestation et aux recherches » pour avoir hébergé les agresseurs présumés, pour Mohammed Akrafi. Enfin, la relaxe pour le quatrième homme mis en examen, n'ayant pas pris part active dans les violences[28],[73],[74].
La juge d'instruction décide finalement de requalifier les faits. Les deux auteurs principaux sont poursuivis pour « violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner » et ainsi jugés devant la cour criminelle des Pyrénées-Atlantiques. Un troisième homme n'est poursuivi que pour « soustraction d'un criminel à une arrestation et aux recherches » pour avoir hébergé les agresseurs présumés, la qualification de « non-assistance à personne en danger » disparaît. Enfin, le quatrième homme échappe aux poursuites. La famille Monguillot, partie civile, ainsi que le parquet de Bayonne font appel de cette décision[75],[76]. Véronique Monguillot réagit au micro d'RTL, déclarant notamment « C'est le monde à l'envers, ce n'est pas le procès des accusés mais celui de mon époux »[77], évoquant aussi « un coup de tonnerre », « comme une gifle […] un énorme coup de poing » face à Laurence Ferrari sur CNews[M 10]. Le , les débats ont lieu devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau, pour savoir quelle qualification retenir[78].
Le , la décision est rendue. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau choisit de renvoyer les mis en cause devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques et non devant la cour criminelle comme avait décidé la juge d'instruction. En revanche, Wyssem Manai et Maxime Guyennon, principaux mis en cause, restent poursuivis pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner » mais en état de récidive, « sur personne chargée d'une mission de service public » étant une circonstance aggravante, Mohammed Akrafi pour « soustraction d'un criminel à une arrestation et aux recherches » et enfin, le non-lieu est confirmé pour le quatrième homme[79],[80]. Ils sont jugés du 15 au [81].
Procès pénal aux assises de Pau, du 15 au
Cinquième jour d'audience : plaidoiries, réquisitions, délibéré et verdict
Au terme des débats, Marc Mariée, l'avocat général, a requis 15 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Wyssem Manai et de Maxime Guyennon[82].
Après 4 h 30 de délibéré, la cour d'assises condamne Wyssem Manai à 15 ans de réclusion criminelle et Maxime Guyennon à 13 ans de réclusion criminelle[83].
Réactions et hommages
Dès le lendemain de l'agression, des fleurs sont déposées au niveau de l'arrêt de bus Balishon[84].
Témoignages et réactions
De la famille Monguillot
Dès le lendemain de l'agression, la famille de Philippe Monguillot a accepté de témoigner publiquement.
Véronique, sa femme, indique au micro d'RTL : « On nous l'a enlevé, on a rien demandé, il a été travailler et il a trouvé la mort. », ajoutant qu' « on ne peut pas enlever la vie de quelqu'un pour un ticket de transport ». « Imaginez la souffrance quand il a vu tous ces gens s'acharner sur lui […]. Quand j'ai vu sa tête, je me suis dis qu'il avait dû souffrir le martyr. »[85]. Au micro du journal de 20 heures de TF1, celle-ci explique : « J'ai pleuré, pleuré… Et aujourd'hui, je pleure beaucoup moins. J'ai une colère en moi, une haine… J'ai promis à Philippe de le venger. Il faut vraiment que la justice se rende compte de la gravité qui est extrême et qu'elle punisse ces inhumains au maximum. »[86].
Sa fille, Marie, décrit à Sud Ouest, un « un père cool et grande gueule, mort pour un ticket »[87].
De personnalités
Diverses personnalités ont réagi publiquement à l'affaire, notamment via Twitter, après le décès du chauffeur[88].
Des personnalités politiques ont aussi réagi à l'affaire. Notamment[89],[90] : Jean Castex, Premier ministre ; Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur ; ou encore, Olivier Faure, Christian Estrosi, Xavier Bertrand, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen.
Le , Florence Lasserre, députée des Pyrénées-Atlantiques, rend hommage à Philippe Monguillot au sein de l'Assemblée nationale[91].
Cagnottes en ligne
Plusieurs cagnottes participatives en ligne sont lancées dès le lendemain des faits. Une première par Mélanie, l'une des filles de Philippe Monguillot ; une autre par ses collègues du réseau Chronoplus, enfin, une par les conducteurs du réseau palois Idelis. Au , elles cumulent respectivement 16 500 €, 5 800 € et 840 €[92].
Antonin Ferreira, alors candidat de l'émission Les Douze Coups de midi diffusée sur TF1 au moment des faits, décide de reverser une partie de sa cagnotte, soit 500 €, pour les familles de Philippe Monguillot et Mélanie Lemée, une gendarme fauchée lors d'un contrôle routier, indiquant que : « Personne ne devrait mourir pour le simple fait d’exercer son devoir et son travail. Ils sont chacun devenus les symboles de la violence quotidienne exacerbée que subissent beaucoup de Français, et que nous ne vaincrons qu’unis, mobilisés et solidaires. »[93],[94],[95].
En , une nouvelle cagnotte participative est mise en ligne par un parisien, salarié de l'audiovisuel, qui dénonce « la banalisation de la violence et le laxisme de la justice »[96].
Marche blanche et minutes de silence
Le mercredi à 19 h 30, soit trois jours après les faits, une marche blanche est organisée dans la ville de Bayonne, à l'appel de la famille de la victime. Celle-ci s'élance de l'arrêt de bus « Balishon », lieu de l'agression, pour aller jusqu'au centre hospitalier de la Côte Basque, où se trouve Philippe Monguillot, toujours en état de mort cérébrale. Selon la police, quelque 6 000 personnes y participent[97],[98].
Au même moment, dans toute la France, plusieurs réseaux de transports sont mis à l'arrêt, permettant aux personnels et usagers d'observer une minute de silence, notamment via un appel de l'intersyndicale nationale des transports publics urbains de voyageurs[99],[100].
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La famille Monguillot[Note 3], en tête de la marche.
Obsèques
Les obsèques de Philippe Monguillot se déroulent le à 14 h 30, en l'église Sainte-Croix de Bayonne[101],[102]. Le réseau Chronoplus est mis à l'arrêt toute la journée et les chauffeurs des réseaux connexes (Hegobus, Car Express et Proxi'bus) peuvent s'arrêter entre 14 h 30 et 15 h 30[103],[104]. Entre 800 et 1 000 personnes y assistent, notamment Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, ou encore Jean-René Etchegaray et Claude Olive, maires de Bayonne et d'Anglet. Ses collègues sont vêtus d'un tee-shirt blanc et d'un brassard noir. Un écran géant et deux cent chaises sont disposées à l'extérieur de l'église[105],[106]. Peu avant les obsèques, Marc Aillet, évêque de Bayonne, présente ses « sincères condoléances » aux proches de la victime, ajoutant qu'il « formule le souhait que cessent ces violences intolérables et que chacun assume ses responsabilités pour que la paix, qui est la tranquillité de l’ordre, règne en notre ville et dans notre pays »[107].
Au cours de la cérémonie, le chant traditionnel basque Agur Jaunak est entonné. L'abbé Jean-Marc Lavigne — qui a marié Véronique et Philippe et baptisé leurs trois filles — évoque une « attaque ignoble » et « une grande injustice », avant que la femme et les filles du défunt ne prennent la parole. La chanson Understand de George Michael est ensuite diffusée[108],[109],.
Au même moment, comme quelques jours plus tôt lors de la marche blanche, plusieurs réseaux de transport ont tenu a rendre un dernier hommage à Philippe Monguillot. C'est notamment le cas à Marseille, où les véhicules de la RTM marquent un temps d'arrêt à 14 h 30, afin d'observer une minute de silence[110]. À Lyon, plusieurs agents de la Sytral arborent un ruban noir[111],[112], comme les agents de Citéa à Valence[113]. Enfin, à Pau, les agents du réseau Idelis marquent l'arrêt le temps des obsèques et observent une minute d'applaudissements[114].
Hommages ultérieurs
Pose d'une plaque commémorative
Avec l'accord de la famille de Philippe Monguillot, la mairie de Bayonne fait apposer une plaque commémorative sur un lampadaire, situé à proximité de l'arrêt Balishon. Cette dernière est dévoilée le , en présence de la famille de la victime et d'élus, notamment Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et Claude Olive, maire d'Anglet et président du syndicat des mobilités de l'agglomération[115],[116],[117].
Création d'une association
Au début d'année 2021, la famille de la victime créé l' « Association Philippe Monguillot », qui a pour but d'aider des chauffeurs victimes d'agression, qu'elle soit physique ou verbale[118],[119].
En octobre de la même année, l'association distribue gratuitement, à tous les chauffeurs du réseau Chronoplus, des porte-clés anti-agression, lesquels produisent un fort bruit (environ 140 dB) s'ils sont déclenchés par leur détenteur, permettant ainsi d'alerter les personnes se trouvant aux alentours. Elle se propose aussi d'envoyer gratuitement ce dispositif à tous les chauffeurs adhérents[120].
Le , un tournoi de football est organisé à La Cadière-d'Azur, en soutien à l'association. À cette date, celle-ci revendique 32 000 adhérents[121].
Lâchers de ballons
Le , un an jour pour jour après le décès de Philippe Monguillot, près de 200 personnes se réunissent au pied de la croix de Mouguerre pour lui rendre hommage. Tous vêtus de blanc, la famille de la victime, d'anciens collègues, des membres de l'« Association Philippe Monguillot » et des anonymes y participent. Un lâcher de ballons termine la cérémonie[122],[123],[124]. A Habsheim[125], ou encore à Bourg-en-Bresse[126], un lâcher de ballons est aussi organisé.
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Plaque commémorative, surmontée d'une croix basque et d'un tigre[Note 4]. -
La famille Monguillot, le , lors du lâcher de ballons à Mouguerre. -
Plusieurs membres de l'association en train d'applaudir.
Conséquences
Droit de retrait et renforcement de la sécurité
Le lendemain de l'altercation, le , dès 5 h du matin, les chauffeurs du réseau Chronoplus exercent leur droit de retrait, jugé « totalement légitime » par la direction. À 11 h, un entretien a lieu entre la direction, les syndicats, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et Claude Olive, président du syndicat des mobilités, au cours duquel les élus promettent des « mesures rapides » et évoquent un « acte de barbarie ». Une cellule d'aide psychologique est mise en place au sein de l'hôpital de Bayonne, à destination du personnel Chronoplus[127],[128].
Le mardi , Jean-Baptiste Djebbari, Ministre des Transports, se rend à Bayonne pour rencontrer le personnel Chronoplus et tient à apporter « tout son soutien » à la famille de la victime[129],[130].
Le vendredi , les représentants du personnel signent un accord avec Keolis, afin de reprendre le travail dès le lundi . Cet accord prévoit notamment la présence d'un agent de sécurité dans tous les Tram'Bus (de jour comme de nuit), ainsi que dans tous les bus assurant un service de nuit. Il prévoit aussi le renforcement de la sécurité, par la présence d'une équipe d'agents véhiculés, pouvant intervenir en tous lieux, ainsi que l'amélioration du système de communication entre les chauffeurs et le poste de commande, notamment par la remise en route d'une antenne-relais à Saint-Pierre-d'Irube, ainsi que l'utilisation provisoire de talkies-walkies[131],[132].
Le , Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, se rend à Bayonne, où il rencontre la famille du défunt[133],[134],[135].
Le , une convention pour sécuriser le réseau Chronoplus est signée et prévoit la géolocalisation de tous les bus, en temps réel par la police nationale, qui peut aussi écouter les discussions des chauffeurs, et ainsi intervenir plus rapidement. Elle prévoit aussi la formation de tous les agents par la direction départementale de la Sécurité publique[136],[137]. Le , cette convention est étendue à l'ensemble du réseau Txik Txak[138],[139].
Affaires liées
Le , un homme de 25 ans est placé en garde à vue à Saint-Jean-de-Luz. Au cours de la nuit, ce dernier a emprunté l'une des lignes du réseau Hegobus et s'est endormi, ce qui lui a fait manquer son arrêt. Lorsque le chauffeur le réveille au niveau du terminus, l'homme, en état d'ébriété, lui lance plusieurs projectiles et lui assène un coup de pied, avant d'indiquer : « Tu finiras comme ton collègue de Bayonne »[140].
Le , un Landais de 32 ans est placé en garde à vue à Dax. Alors qu'il monte dans un bus à Montfort-en-Chalosse, le chauffeur lui demande de porter un masque. Énervé et ivre, l'homme l'insulte et le menace de mort en faisant référence à cette affaire[141].
Notes et références
Notes
- Le déroulement exact des faits est remis en cause (voir la section Deux versions du déroulement des faits).
- Après que le nom complet de Mohammed Akrafi ait été donné par le quotidien Sud Ouest le [26] et malgré une demande de Marine Le Pen, formulée aux médias, de « [donner] les noms », au cours d'une interview pour France 2 cinq jours plus tard[27] (voir cette section) ; ce n'est que le , que les noms partiels des deux principaux mis en cause (Wyssem M. et Maxime G.) sont évoqués pour la première fois dans La Nouvelle République des Pyrénées[28]. Le , date de l'ouverture du procès, le quotidien Sud Ouest donne le nom complet des deux accusés (Manai et Guyennon)[29]. Selon le site Arrêt sur images, ceci s'explique à la fois par le choix de certaines rédactions de ne plus nommer les suspects, mais aussi par la réticence de plus en plus forte de la police et la justice de révéler les identités des mis en cause[30].
- De gauche à droite, se trouvent Marie, Véronique, Mélanie et Manon Monguillot. Véronique tient un portrait d'elle et de son mari Philippe.
- La plaque commémorative comporte les inscriptions suivantes : « Hommage à Philippe Monguillot. Chauffeur de bus bayonnais, agressé en ce lieu le dimanche , dans l'exercice de ses fonctions, et décédé le vendredi , des suites de cette agression. ».
Références
Médiagraphiques
- Morandini 2020, 12 min.
- Morandini 2020, 5 min 35 s.
- Morandini 2020, 6 min 14 s.
- Sarrade 2021, 18 min 15 s.
- Hanouna 2020, 2 min 10 s.
- Morandini 2020, 9 min.
- Bollaert 2022 (extrait vidéo), 0 min 2 s.
- Bollaert 2022 (extrait vidéo), 1 min 35 s.
- Bollaert 2022 (extrait vidéo), 3 min 30 s.
- Ferrari 2022.
Autres
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Voir aussi
Médiagraphie
Cette section répertorie des médias d'une durée égale ou supérieure à cinq minutes. Les sujets plus courts, présentés dans des journaux télévisés notamment, ne sont pas listés.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Story 5 : Témoignage de la famille du chauffeur agressé à Bayonne [[vidéo]] [émission télévisée], Olivier Truchot (présentateur), Véronique et Mélanie Monguillot (intervenantes), dans BFM Story sur BFM TV (, 9 minutes).
- Chauffeur de bus agressé à Bayonne : ses collègues sous le choc [[vidéo]] [émission radiophonique et télévisée], Jean-Jacques Bourdin (présentateur), Laurent Weber (intervenant), dans Bourdin Direct sur RMC et RMC Découverte (, 5 minutes).
- Témoin RMC : Véronique Monguillot [[vidéo]] [émission radiophonique et télévisée], Jean-Jacques Bourdin (présentateur), Véronique Monguillot (intervenante), dans Bourdin Direct sur RMC et RMC Découverte (, 6 minutes).
- Agression du chauffeur de bus à Bayonne : Justice sera-t-elle rendue ? [[vidéo]] [débat radiophonique et télévisé], Olivier Truchot (présentateur), Véronique Monguillot (intervenante), dans Les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story (, 29 minutes).
- Bayonne : La famille du chauffeur de bus parle [[vidéo]] [émission télévisée], Jean-Marc Morandini (présentateur), Véronique et Marie Monguillot (intervenantes), dans Crimes & faits divers, la quotidienne sur NRJ 12 (, 30 minutes) .
- Le témoignage émouvant de Véronique et Marie, veuve et fille du chauffeur de bus de Bayonne [[vidéo]] [émission télévisée], Cyril Hanouna (présentateur), Véronique et Marie Monguillot (intervenantes), dans Balance ton post ! sur C8 (, 35 minutes) .
- Laxisme judiciaire ? La veuve de Philippe Monguillot s'exprime ! [[vidéo]] [interview], Un présentateur, Véronique Monguillot (intervenante) (, 26 minutes), Boulevard Voltaire
- Chauffeurs de bus, peur sur la ligne [[vidéo]] [reportage télévisé], Benoît Sarrade (journaliste), Véronique Monguillot (intervenante), dans Ligne Rouge sur BFM TV (, 23 minutes), la scène se produit à 17:05 .
- Sécurité, où va la France ? [[vidéo]] [débat télévisé], David Pujadas (présentateur), Véronique Monguillot (intervenante), dans La Grande confrontation sur LCI (, 160 minutes) .
- Reconstitution de l'affaire Monguillot à Bayonne [[vidéo]] [reportage journalistique], Me Thierry Sagardoytho (intervenant) (, 5 minutes), Sud Ouest .
- Coupables d'avoir été victimes : quand la Justice déraille [[vidéo]] [documentaire], Armel Joubert des Ouches (journaliste), Véronique Monguillot (intervenante) (, 80 minutes), Institut pour la justice, la scène se produit à 20:37
- Spéciale insécurité, justice - Les témoignages poignants de Véronique et Marie Monguillot [[vidéo]] [émission radiophonique], André Bercoff (présentateur), Véronique et Marie Monguillot (intervenantes), dans Bercoff dans tous ses états sur Sud Radio (, 53 minutes).
- Chauffeur de bus battu à mort à Bayonne : sa veuve exprime sa colère après la requalification des faits [[vidéo]] [émission télévisée], Laurence Ferrari (présentatrice), Véronique Monguillot (intervenante), dans Punchline sur CNews (, 12 minutes) .
- Face à Apolline : Véronique Monguillot [[vidéo]] [émission radiophonique et télévisée], Apolline de Malherbe (présentatrice), Véronique Monguillot (intervenante), dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story (, 8 minutes).
- Affaire Philippe Monguillot : Va-t-on vers un permis de tuer ? [[vidéo]] [interview], Armel Joubert des Ouches (journaliste), Véronique Monguillot (intervenante) (, 22 minutes), Citizen Light
- Philippe Monguillot : un « homicide involontaire » ? Sous le choc, sa veuve demande justice [[vidéo]] [interview], Wilfried Mortier (journaliste), Véronique Monguillot (intervenante) (, 18 minutes), VA+ [présentation en ligne sur le site valeursactuelles.com].
- Véronique Monguillot : «Je veux rendre justice à mon mari mort sous les coups» [[vidéo]] [témoignage], Charlotte Darche (journaliste), Véronique Monguillot (intervenante) (, 9 minutes), Le Figaro
- Ils ont été tués sans raison [[vidéo]] [émission télévisée], Faustine Bollaert (présentatrice), Véronique et Marie Monguillot (intervenantes), dans Ça commence aujourd'hui sur France 2 (, 59 minutes) [extrait vidéo sur YouTube] .
- Le Portrait de la Semaine [[vidéo]] [témoignage], Harry Roselmack (présentateur), Audrey Crespo-Mara (intervieweuse), Véronique Monguillot (intervenante), dans Sept à huit sur TF1 (, 11 minutes) [présentation en ligne sur le site tf1info.fr].
Articles connexes
- Liste d'affaires criminelles françaises depuis 1900
- Chronoplus - Société des transports en commun de l'agglomération de Bayonne
- Bus à haut niveau de service de l'agglomération du Pays Basque - Ligne T1