Missile de croisière naval
Missile de croisière naval (MdCN) | |
Présentation | |
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Type de missile | missile de croisière |
Constructeur | MBDA |
Coût à l'unité | 2,86 millions d'Euros (2014)[1] |
Déploiement | frégates : 2015 sous-marins : 2019[2] |
Caractéristiques | |
Moteurs | Microturbo TR 50 |
Masse au lancement | 1 400 kg |
Longueur | 6,50 m |
Diamètre | 53 cm |
Envergure | 2,85 m |
Vitesse | 980 km/h (Mach 0.80) |
Portée | 1 000 km[3] |
Charge utile | 250 kg |
Guidage | navigation inertielle, topographique, GPS (vol de croisière) radar et imagerie infrarouge (attaque terminale) |
Précision | métrique |
Détonation | à l'impact |
Plateforme de lancement | navires, sous-marins |
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Le missile de croisière naval (MdCN) (anciennement appelé « SCALP Naval ») fait partie, avec l’air-sol moyenne portée amélioré, l’Apache et le SCALP-EG, des missiles de croisière utilisés par l’Armée française. Son développement par la société MBDA a commencé en 2006. Il est entré en service sur les frégates de la classe Aquitaine (les six premières FREMM[4]) en 2015 et le premier tir par un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) de classe Suffren a lieu en octobre 2020.
Il offre une capacité de première frappe rapide, massive et coordonnée, ainsi qu’une complémentarité avec les missiles de croisière aéroportés. Ils sont utilisés pour la première fois lors de bombardements en avril 2018 contre des sites supposés de production et de stockage d'armes chimiques en Syrie.
Historique
Avant le missile de croisière naval, la France ne pouvait utiliser des missiles de croisières que depuis des avions de combat. Seuls quelques pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Russie possèdent la capacité de lancer des missiles de croisière depuis la mer[5].
Le contrat de développement et de production du missile de croisière naval est notifié par la direction générale de l'Armement à MBDA en [6].
Le premier tir d’essai du MdCN, dans sa version à décollage vertical a été effectué avec succès le [7] depuis le centre d’essais de missiles de la direction générale de l’Armement (DGA EM) de Biscarrosse. Le premier tir sous-marin a eu lieu, lui, le [8], depuis une plateforme immergée simulant un lancement depuis un sous-marin, au large de l’île du Levant (DGA EM Méditerranée), l’un des deux autres sites d’expérimentations de la DGA.
Le premier tir complet d’un MdCN a été effectué avec succès le , depuis le centre DGA EM de Biscarrosse. Lors de ce troisième tir de développement, tous les objectifs ont été atteints, notamment la validation de la phase terminale avec guidage autonome par reconnaissance de scène infrarouge, qui assure une très grande précision d'impact[9]. Un quatrième tir de développement a été réalisé avec succès le depuis le centre DGA EM Méditerranée, à l’Île du Levant, en configuration sous-marine[10]. Le dernier tir de qualification a été effectué le [2],[11] depuis le site de Biscarrosse, permettant de valider définitivement toutes les capacités du missile, et plus particulièrement sa portée opérationnelle[11].
Le , la frégate multimissions Aquitaine a procédé avec succès au tir d’un MdCN au large de l’île du Levant. Selon la DGA, c'est la première fois qu’un bâtiment de surface européen tire un missile de croisière (des missiles Tomahawk ont déjà été tirés par le Royaume-Uni dans le passé, mais à partir de sous-marins)[12].
Le , le SNA Suffren effectue un premier tir[13].
Le 18 avril 2024, la frégate multimissions Aquitaine et un sous-marin nucléaire d’attaque de classe Suffren ont, pour la première fois et avec succès, réalisé un tir simultané d’entraînement d'un missile de croisière naval sur une cible terrestre unique localisée au centre d'essais des Landes[14].
Caractéristiques
Le missile de croisière naval reprend une grande partie de l’architecture fonctionnelle du SCALP-EG. Il a nécessité un certain nombre d’adaptations pour pouvoir être lancé depuis des plateformes navales, parmi lesquelles une structure cylindrique lui permettant d'être lancé par le système de lancement vertical Sylver A-70 ou un tube lance-torpilles de 533 mm, ainsi que l'ajout d’un accélérateur à carburant solide lui faisant acquérir rapidement sa vitesse de croisière après le lancement[Note 1]. La phase de vol est assurée par un turboréacteur à simple flux Microturbo TR 50[15] qui lui assure une portée supérieure à 1 000 km, double de celle du SCALP-EG, soit une allonge se rapprochant de celle du BGM-109 Tomahawk américain[Note 2].
Pour être transformé en missile à changement de milieu pouvant être lancé depuis un sous-marin de classe Suffren (mis en service à partir de ), il est enfermé à l’intérieur d’une capsule hydrodynamique solide qui se brise dès l’instant où le missile fait surface.
La navigation repose sur un système de navigation inertielle (Thales Avionics), recalé en croisière par corrélation altimétrique (semblable au système TERCOM américain), et sur la réception d’un signal GPS. Le guidage final se fait grâce à un autodirecteur infrarouge (SELEX (en)).
Le MdCN est assemblé à l’usine de Selles-Saint-Denis de MBDA[16].
Mise en service
Initialement, les frégates de la classe La Fayette devaient être équipées du système de lancement vertical Sylver A-70 leur permettant de lancer indifféremment des MdCN ou des missiles ASTER, mais le projet fut abandonné pour des raisons budgétaires, bien que l'emplacement soit resté disponible.
Le , la DGA a passé une première commande de 50 unités de la version « surface » à MBDA[17], pour un montant de 560 millions d'euros, pour une livraison en 2012. Une deuxième commande a été passée en 2009 pour 150 exemplaires[Note 3],[18], 100 destinés aux frégates de la classe Aquitaine et 50 aux SNA de la classe Suffren. Le coût du programme pour ces 200 missiles est de 1,153 milliards d'euros, avec un prix unitaire (hors développement) de 2,86 millions d'euros[1]. La livraison des 60 premiers exemplaires a été reportée à 2015 en raison du décalage causé par le retard pris par la qualification opérationnelle du missile[1].
Le MdCN est opérationnel depuis 2015 sur les frégates de classe Aquitaine[19] et depuis le 20 octobre 2020 sur le premier sous-marin nucléaire d'attaque de la classe Suffren[20].
Doctrine d'emploi
Sur les bâtiments de la Marine nationale française, c'est le commandant qui a le contrôle des différents systèmes d'arme (Missiles Exocet, missiles Aster, torpilles, artillerie…). Ce n'est pas le cas du MdCN, puisqu'il est considéré comme une arme « stratégique ». La décision de l'emploi d'un MdCN est donc prise au plus haut sommet de l’État[21].
Première utilisation en condition de guerre
Dans la nuit du 13 au , lors de l'opération Hamilton, la France utilise pour la première fois des missiles de croisière navals pour frapper des « sites de production et de stockage d'armes chimiques » en Syrie par décision commune avec les États-Unis et le Royaume-Uni[22]. Selon Jean-Dominique Merchet, six missiles auraient dû être tirés. Trois d'abord par la frégate Aquitaine, puis trois par la frégate Languedoc. Un problème technique semblerait avoir empêché le tir des trois premiers. Quand le problème a été résolu, le créneau de tir donné par la coalition était clos, les trois autres missiles n'ont donc pas été tirés [23]. À la date du , la Marine et les industriels concernés (Naval Group et MBDA) n'ont pas d'explications au fait que certains missiles ne sont pas partis à la suite d'« aléas techniques »[23],[24].
Exportation
En 2015, le MdCN n’a pas fait l’objet de commandes à l’exportation. Le Royaume-Uni, qui avait collaboré avec la France pour le programme SCALP-EG, a choisi de commander 65 Tomahawk américains[16].
Les Frégate de défense et d'intervention acquises par la Grèce, bien que pouvant potentiellement le lancer, n'en sont pas équipées.[25]
Toutefois, la Pologne, qui veut acquérir de nouveaux sous-marins pour remplacer sa flotte vieillissante, exige que tout remplacement potentiel soit armé des missiles de croisière navals tels que le MdCN. Naval-Group a répondu avec son offre des sous-marins de la classe Scorpène avec des MdCN[26].
Dérivé éventuel en version terrestre
Dans le cadre du programme « Frappe Longue Portée Terrestre » [FLP-T] lancé par la DGA, le groupe MBDA associé à Safran propose de le décliner en version sol-sol, lors de l’édition 2024 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory,[27] face à une proposition concurrente réunissant ArianeGroup et Thales dérivée elle de l'A2SM.[28]
Notes et références
Notes
- Le SCALP-EG est aéroporté, et n’a donc pas besoin d’aide pour atteindre sa vitesse de croisière.
- La portée d'un missile Tomahawk est comprise entre 1250 et 2 500 km.
- Au lieu des 200 initialement prévus.
Références
- Xavier Pintat, Daniel Reiner et Jacques Gautier, « Projet de loi de finances pour 2015 : Défense : équipement des forces : A. 1. Le Missile de croisière naval (MDCN) », sur www.senat.fr, Sénat, (consulté le ).
- « Actus en images : 27/10 MdCN », Cols bleus, Marine nationale, no 3034, , p. 12 (ISSN 0010-1834).
- « Premier tir réussi pour le missile de croisière Scalp Naval », Mer et Marine, (consulté le ) « Du Scalp Naval au MdCN », Fauteuil de Colbert, (consulté le ).
- « Toutes les FREMM françaises seront équipées de missiles de croisière » (consulté le ).
- « Des missiles russes tirés sur la Syrie depuis la mer Caspienne », sur www.rfi.fr, .
- (en) « MdCN Press Information » [PDF], sur www.mbda-systems.com, (consulté le ).
- (en) Jean Dupont, « Successful first firing of MBDA's SCALP Naval missile », sur mbda-systems.com, (consulté le ).
- Bruno Daffix, « Premier tir sous-marin du futur missile de croisière naval », sur www.defense.gouv.fr/dga, (consulté le ).
- Bertrand Guy, « Succès du premier tir complet d'un missile de croisière naval », sur www.defense.gouv.fr/dga, (consulté le ).
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- (en) Jean Dupont, « Successful final qualification firing for MdCN », sur www.mbda-systems.com, MBDA, (consulté le ).
- Laurent Lagneau, « La frégate multimissions Aquitaine a tiré son premier missile de croisière naval », sur Opex360.com, .
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- « Pour la première fois, la Marine nationale réalise un double tir MdCN simultané », sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
- « Le missile de croisière naval (MdCN) », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le ).
- Véronique Guillermard, « MBDA assemble le futur missile de croisière naval français », sur www.lefigaro.fr, (consulté le ).
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- Xavier Pintat et Daniel Reiner, « Projet de loi de finances pour 2010 : Défense, équipement des forces », sur www.senat.fr, Sénat, (consulté le ).
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- Laurent Lagnaux, « Succès du premier tir d’un missile de croisière naval par le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren », sur www.opex360.com, .
- « Frégates : Fleuron de la Marine Française » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
- « Frappes en Syrie : la France a lancé pour la première fois des missiles de croisière navals », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le ).
- « La Marine a rencontré des « aléas technique » lors du tir des missiles de croisière (actualisé) », L'Opinion, (consulté le ).
- « Couacs inexpliqués pour les missiles de MBDA au large des côtes syriennes » , La Lettre A, (consulté le ).
- André THOMAS, « Ce que l’on sait sur la vente de frégates et leurs missiles à la Grèce pour 3 milliards d’euros », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « La France propose à la Pologne des Scorpène dotés de missiles de croisière », sur meretmarine.com, .
- Laurent Lagneau, « MBDA confirme le développement d'une version terrestre du Missile de Croisière Naval », sur Zone Militaire, (consulté le )
- Laurent Lagneau, « Safran propose une version sol-sol de l'A2SM pour la capacité de frappe à longue portée de l'armée de Terre », sur Zone Militaire, (consulté le )