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Cyprien et Justine

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Cyprien et Justine
Image illustrative de l’article Cyprien et Justine
Icônes bulgares de Cyprien et Justine.
Saints, martyrs
Naissance IIIe siècle
Antioche, province romaine de Cœlé-Syrie
Décès 304 
Nicomédie, province romaine de Bithynie et Pont
Vénéré par Église catholique, Église orthodoxe orientale, Église copte orthodoxe
Fête 26 septembre

Cyprien et Justine d'Antioche (lieu d'origine) ou Cyprien et Justine de Nicomédie (lieu du martyre) sont deux saints chrétiens étroitement associés dans l'hagiographie. Leur historicité est plus que douteuse, et leur romanesques aventures (fortement influencées, entre autres, par les Actes de Paul et Thècle) sentent la fiction édifiante. Ils auraient subi le martyre ensemble à Nicomédie pendant la persécution de Dioclétien. Cyprien d'Antioche a été confondu à date ancienne avec Cyprien de Carthage et un sort similaire advint beaucoup plus tard à Justine, confondue avec Justine de Padoue.

Légende primitive

Trois compositions hagiographiques grecques datables des IVe et Ve siècles ont pour héros le magicien Cyprien, qui se repent, devient clerc et même évêque et finit en martyr : il s'agit de la Conversion de Cyprien, intitulée également (et plus justement) Actes [Πρᾶξις τοῦ ἀγίου Κυπριανοῦ] (BHG 452)[1], de la Confession de Cyprien [Μετάνοια] (BHG 453) [2] et de la Passion de Cyprien (BHG 455)[3]. Les deux premiers de ces textes existaient avant 379, puisque Grégoire de Nazianze y fait allusion[4], et le troisième dut être rédigé entre la fin du IVe siècle et le début du Ve siècle, puisque Eudocie († 471/472) l'exploite. Les pièces de ce cycle furent ensuite traduites en latin et dans d'autres langues. La matière en fut reprise dans le poème d'Eudocie (BHG 458-459) et passa ensuite dans maintes collections occidentales dont La Légende dorée de Jacques de Voragine.

Voici le résumé de la Conversion de Cyprien (BHG 452). La jeune Justine, issue d'une famille noble et païenne d'Antioche de Syrie, est fascinée en entendant chaque matin, de sa fenêtre, le diacre Praylios prêcher l'Évangile, et aspire à embrasser cette religion si attirante[5]. Elle s'en ouvre à ses parents, qui non seulement respectent son désir mais encore la suivent dans son choix. Sans délai, Justine et ses parents se font baptiser. Le père de Justine devient prêtre et meurt pieusement un an et demi après son ordination. Lors de ses allées et venues permanentes entre sa demeure et l'église, Justine est remarquée par le noble et riche scholasticos Aglaïdas, qui tombe aussitôt amoureux d'elle. Il la demande en mariage et est éconduit. Il tente de l'agresser mais se fait rosser par la vaillante vierge[6]. Pour arriver à ses fins, le soupirant malheureux s'adresse alors à un magicien fameux nommé Cyprien. Celui-ci tente d'ensorceler Justine, d'abord pour servir Aglaïdas, puis pour son propre compte, car il s'est épris lui aussi de la belle jeune fille. Il invoque un ou plusieurs démons, mais comme la vierge se prémunit en faisant le signe de croix, l'assaut diabolique échoue. C'est au contraire Justine qui obtient la conversion de Cyprien. Passé au christianisme, l'ancien sorcier devient évêque, soit directement, soit après avoir été d'abord diacre puis prêtre. Justine et Cyprien subissent le martyre en 304 à Nicomédie dans la province romaine de Bithynie et Pont.

Transmission et postérité de la légende

L'histoire de Justine et Cyprien constitue le début de la première partie du poème en hexamètres de style homérique (BHG 458-459)[7] de l'impératrice Eudocie (vers 439-471/472) consacré à Cyprien d'Antioche/Nicomédie[8],[9].

Elle est reprise en latin, dans les années 1260, par Jacques de Voragine dans sa Légende dorée, sous la rubrique « de sainte Justine vierge »[10].

Le personnage du sorcier Cyprien, surtout tel que le présentent les Actes ou Confession [BHG 453] (où le repenti décrit sa soif de connaissances interdites et son commerce avec le démon), a été, avec Simon le Magicien et aux moins deux autres personnages hagiographiques, l'une des sources d'inspiration de la figure du Faust légendaire (celui du Faustbuch de 1587 et aussi, en quelque manière, celui de Goethe).

Le martyre de Justine et Cyprien est rapporté par la mystique Maria Valtorta, dans la vision qu'elle eut le 29 mars 1944 (Les Cahiers de 1944).

Culte

Peu connu en Europe, Cyprien est aujourd'hui vénéré par les occultistes et les sorciers de la Santeria qui est une religion originaire des Caraïbes (croyance aux esprits), comme un esprit protecteur et puissant. Sa couleur symbolique est le pourpre (mauve), comme la couleur de son manteau.

Le Livre de Saint Cyprien (portugais : Livro de São Cipriano ; espagnol : Libro de San Cipriano) fait référence à différents grimoires des XVIIe siècle, XVIIIe et XIXe siècles, populaires dans le monde hispanophone et lusophone, et attribués pseudépigraphiquement à Cyprien[11].

Notes et références

  1. Edition : Th. Zahn (1872), p. 139-153 ; L. Radermacher (1927), p. 76-112
  2. Édition : Acta sanctorum, Septembris VII (1760), p. 222-241.
  3. Édition : Acta sanctorum, Septembris VII (1760), p. 242-245.
  4. Grégoire de Nazianze, Laudatio (BHG 457), Patrologia Graeca, tome 35, col. 1169-1193
  5. Souvenir évident des Actes de Paul et Thècle (BHG 1710-1713), 7-8 : de sa fenêtre, Thècle entend Paul prêcher et est séduite par sa parole.
  6. Autre imitation des Actes de Paul et Thècle (BHG 1710-1713), 27 : Thècle neutralise son agresseur Alexandre.
  7. Texte grec dans Patrologia Graeca, tome 85, col. 831-864, ou mieux éd. A. Ludwig, Leipzig, 1897, p. 24-79.
  8. « Saint Cyprien : roman en vers de l'impératrice Eudocie (vers 439-471/472)(bAthénaïs », sur utqueant.org (consulté le ).
  9. Danièle Béranger-Auserve, « Cyprien, personnage romanesque dans la Conversion de saint Cyprien », dans Les personnages du roman grec : actes du colloque de Tours (18-20 novembre 1999), Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée, (lire en ligne).
  10. Jacques de Voragine, Legenda aurea, cap. CXLII (137), De sancta Iustina uirgine, éd. Th. Graesse, 3e éd., 1890, anast. 1969, p. 632-636. Traduction fr. : Jacques de Voragine, La légende dorée, Paris, Garnier Flammarion (ISBN 2-08-070133-9), t. II, p. 222-226.
  11. (en) José Leitão, The Book of St. Cyprian - The Sorcerer's Treasure, Hadean press, (ISBN 9781907881329).

Bibliographie

Theodor Zahn, Cyprian von Antiochien und die deutsche Faustsagen. Erlangen, 1882.

Ludwig Radermacher, Griechische Quellen zur Faustsage. Der Zauberer Cyprianus. Die Erzählung des Helladius. Theophilus. Wien & Leipzig, 1927.

Liens externes