Johann Naldi
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Johann Naldi est un galeriste parisien, spécialisé dans les productions artistiques du XIXe siècle[1].
Il s'est illustré en 2017 par la redécouverte, dans une collection particulière, d'œuvres inédites du mouvement des Arts incohérents, parmi lesquelles le Combat de nègres pendant la nuit, tableau de Paul Bilhaud [2],[3], classées Trésor national en avril 2021 à la demande du musée d'Orsay [4],[5].
Formation
Autodidacte, Johann Naldi entre dans la vie professionnelle dans un EHPAD du sud de la France, où il fait la rencontre d'un peintre belge qui « entreprend de lui inculquer tout ce qu’il sait des arts picturaux »[6]. Il peut ainsi se lancer dans l'achat et la revente, d'abord sur eBay, de toiles et tableaux.
En 2005, il transfère cette activité à Paris où il rencontre Francis Warin, l'un des derniers héritiers de son grand-oncle Alphonse Kann, dont les riches collections ont été l'objet de spoliation d'œuvres d'art par le régime nazi. Warin, qui a alors 75 ans, initie Naldi à la recherche d'œuvres d'art perdues.[réf. nécessaire]
Il est membre de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau (CSEDT) et du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM).
Recherches d'œuvres perdues
L'essayiste Michel Onfray qualifie Johann Naldi d'« authentique découvreur de trésors » [7].
Géricault
Naldi entame ses recherches[Où ?] sur la localisation possible d'un tableau de Théodore Géricault, La Main gauche de l'artiste, exposé au musée de la Vie romantique en 2015[8]. On remarquera que Le Louvre indique avoir acquis en 1882, par don, une œuvre (crayon (noir); sanguine; aquarelle) de cet artiste et portant ce titre[9].
Courbet
À partir d'avril 2023, une nouvelle découverte de Naldi est relatées par la presse (Arte, Le Figaro, Le Figaro magazine, Nice-matin, ...), un paysage inédit de Gustave Courbet [10],[11],[12],[13].
Au nombre des pièces exposées au musée Courbet d'Ornans à l'occasion du bicentenaire de la mort du peintre, figure Femme nue couchée au bord de l'eau[14] , [15], que Naldi dit avoir découverte[réf. nécessaire]. Le musée d'Orsay, lorsque ce tableau est présenté aux enchères en se prévalant de cette exposition, précise que « le fait que ce tableau ait été accroché à côté d’un autre tableau prêté par le Musée d’Orsay ne vaut en aucun cas validation de l’attribution par ce dernier, le musée d’Ornans ayant la pleine maîtrise de ses projets. »[16]
La toile est retirée de la vente sans qu'aucune enchère ait été enregistrée[17].
Arts incohérents
En 2017-2018, Naldi « remet au jour » un ensemble d'œuvres des Arts incohérents[18],[19]. En 2007, ces œuvres sont classées trésors nationaux. En avril 2022, elles sont brièvement exposées à l'Olympia[20].
Ces œuvres et leur découverte suscitent trois débats :
- Les circonstances de la découverte de Nadil sont-elles celles qu'il a décrites ?
- Les pièces ainsi découvertes sont-ellles authentiques ?
- Quelle valeur ont les œuvres de Arts Incohérents ?
- Découverte dans un grenier ?
- En décembre 2021, le Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie des IXème et XVIIIème arrondissements de Paris se fait l'écho de la découverte de Johann Naldi[21].
- Le 15 avril 2022, Libération, publie une enquête qui fait état de doutes et indique que la prétendue découverte fortuite dans une malle dans un grenier est fausse[22],[23]. Johann Naldi publie une réponse le 13 juillet[24].
- Le catalogue d'une exposition organisée à l'ING Art Center de Bruxelles mentionne la découverte : « la redécouverte en 2018 de 17 œuvres des Arts incohérents dont le monochrome noir de Paul Bilhaud, Combat de nègres dans un tunnel [sic] (1882), qui aurait peut-être inspiré Kasimir Malevitch pour son Carré noir (...) »[25].
- Trésors nationaux ou pas ?
- Le code du patrimoine dit « Les trésors nationaux sont des biens culturels qui présentent un intérêt majeur pour le patrimoine national au point de vue de l'histoire de l'art ou de l'archéologie »[26].
- Dans le communiqué de presse ministériel suscité, la ministre dit refuser d'accorder le certificat d'exportation pour (cet) ensemble de 19 œuvres, et précise que « sur la proposition du musée d’Orsay et à la lumière de l’avis favorable rendu par la commission consultative des trésors nationaux, (elle) a pris la décision de reconnaître à cet ensemble le statut de trésor national en refusant de lui accorder une autorisation d’exportation. »[27].
- Dans l'article de Libération, Emmanuel Coquery, conservateur au musée d'Orsay, indique qu'un classement comme trésor national est « une simple mesure de protection temporaire empêchant l'exportation des œuvres d'art pendant trente mois, le temps de leur expertise »[28].
En novembre 2023, l'historien et artiste plasticien Arnaud Labelle-Rojoux publie un large extrait d'un entretien réalisé avec le professeur Denys Riout, spécialiste de la peinture monochrome, initialement paru dans la revue Switch on paper', dans lequel Riout stipule : « Voir les objets, ça change complètement les choses, parce que l'imaginaire que l'on s'était forgé naît de ces descriptions, mais aussi d'un état d'esprit : on se disait, ce sont des amusettes, c'est drôle, c'est sans doute fait à la va-comme-je-te-pousse, sur un coin de table. Quand j'ai découvert les oeuvres, j'ai compris que ce n'était pas ça du tout ! Voir, de ses yeux voir, change la compréhension. Considérablement. [...] À voir ces objets, les regardeurs se recalent. Ils avaient un imaginaire de ces objets mais les objets ne correspondent pas à cet imaginaire. Il leur faut désormais s'adapter à cette réalité nouvelle »[29].
Dans un article paru en octobre 2022 dans la revue Critique, Daniel Grojnowski, spécialiste des Arts incohérents[30], note que Johann Naldi a fourni par ses travaux de recherche à l'essayiste Michel Onfray un dossier documentaire de qualité[31]. Thuriféraire de la « découverte historique » de Johann Naldi, qui lui permettrait d'étayer son entreprise de « déboulonnage » des principales figures de l'avant-garde artistique du XXe siècle, Michel Onfray, une semaine après la publication de l'enquête de Libération, considère comme « négationnistes » les chercheurs qui « sèment le doute » en dépit de l'absence d'un faisceau de preuve[32]. Dans son ouvrage consacré aux Arts incohérents, Johann Naldi explore l'hypothèse d'une connaissance du Combat de nègres pendant la nuit par le peintre suprématiste russe Kasimir Malevitch, le monochrome de Paul Bilhaud ayant pu constituer l'une des sources probables du Carré noir sur fond blanc. L'historien Andrew Spira, diplômé du Courtauld Institute et ancien conservateur au Victoria and Albert Museum de Londres [33], a également soutenu cette hypothèse en reproduisant dans un essai le tableau de Paul Bilhaud redécouvert[34].
Le , le professeur Astrid Mania de l'université de Hambourg a développé une réflexion quant à l'importance de cette découverte[35]. Dans une récente publication Andréi Nakov, éminent spécialiste de l'œuvre de Kazimir Malevitch et des Avant-gardes russes, soutien que les oeuvres des Arts incohérents exposées par Johann Naldi sont " parfaitement authentiques et intéressantes "[36]. Dans son ouvrage La tradition fumiste, De la marge au centre, publié en 2023, le Professeur Grojnowski reproduit le monochrome de Paul Bilhaud, relevant plus largement la qualité plastique des oeuvres redécouvertes et classées Trésor national, les rendant ainsi " dignes d'être appréciées différemment "[37].
Aucune preuve de l'inauthenticité des œuvres n'ayant été administrée par le biais d'une publication rigoureuse à caractère scientifique, les artefacts redécouverts des Arts incohérents sont finalement présentés en avant-première publique mondiale dans l'exposition Henri de Toulouse-Lautrec, Parigi 1881-1901[38] au sein du Palazzo Roverella de Rovigo, en Italie[39],[40], sous le commissariat général de Jean-David Jumeau-Lafond et Francesco Parisi.
Jacques-Émile Blanche [attribution] : Portrait présumé de Jack l'Éventreur
[réf. nécessaire]Johann Naldi affirme qu'un tableau longtemps disparu, qu'il dit avoir retrouvé et attribue au peintre français Jacques-Émile Blanche, est un portrait du peintre Walter Sickert.
Comme l'écrivaine Patricia Cornwell en 2002[41], il affirme que Sickert était Jack l'Éventreur[42],[43],[44].
Ouvrages publiés
- Johann Naldi (dir.), Arts incohérents - Découvertes et nouvelles perspectives, Paris, Lienart éditions, 2022.
- Johann Naldi, avec la collaboration de Rodolphe Trouilleux, Hors cadre, éditions Herscher / Humensis, 2023.
- Johann Naldi, Catalogue raisonné des œuvres inédites et retrouvées des Arts incohérents (à paraître aux éditions Lienart)[45].
- Johann Naldi, L'Unique Portrait de Jack l'Éventreur, Éditions de l'Observatoire, 2024.
Notes et références
- (BNF 17834592).
- Isabelle Lortholary, « Les Arts incohérents, la malle au trésor », Point de vue, , p. 46-49 (lire en ligne)
- Philippe Dagen, « 17 œuvres des Arts incohérents : un trésor redécouvert dans une malle », Le Monde, (lire en ligne)
- « Longtemps disparues, des œuvres des "Arts incohérents" retrouvées et classées trésor national », Le Figaro, (lire en ligne)
- Arrêté du 28 avril 2021 refusant le certificat prévu à l'article L. 111-2 du code du patrimoine (lire en ligne)
- « Johann Naldi — Conseil, Expertise, Négoce »
- Michel Onfray, Les anartistes, Paris, Éditions Albin Michel, , 169 p. (ISBN 9782226472496), p. 9-13
- "Visages de l'effroi, violence et fantastique de David à Delacroix", 2 novembre 2015 - 28 février 2016, musée de la Vie romantique, Lienart, 285 p. (ISBN 978-2-35906-147-5), p. 125
- « La main gauche de Gericault »
- « Johann Naldi, l'homme qui fait réapparaitre les chefs-d'oeuvres », sur Arte,
- Pierre de Boishue, « Johann Naldi, l’aventurier de l’art perdu », Le Figaro magazine, (lire en ligne)
- Mathilde Tranoy, « Il sauve les œuvres d'art que l'on pensait perdues », Nice-matin, (www.nicematin.com/belle-histoire/cet-azureen-redecouvre-des-oeuvres-d-art-que-l-on-pensait-perdues-840994)
- Anne-Emmanuelle Isaac, « Johann Naldi, profession chercheur de trésors », Le Figaro, (lire en ligne)
- Guillaume Lasserre, « Bonjour Monsieur Hodler », sur Mediapart,
- Diana Blome et Niklaus Manuel Güdel, Courbet, 31 octobre 2019 - 6 janvier 2020 : Hodler, Une rencontre, Musée Courbet à Ornans, Editions Notari, (ISBN 978-2-940617-35-7), p. 180-181
- Didier Rykner, « Orsay et Courbet », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
- « Franche-Comté. Stupeur aux enchères : faute d’acheteur, le « vrai faux » tableau de Courbet estimé à 300 000 € retiré de la vente », sur Est Républicain (consulté le )
- . Le 7 mai 2021, un communiqué de presse du ministère français de la Culture précise que « parmi cet ensemble de productions représentatives des Incohérents, que l’on croyait définitivement disparues, se distinguent deux œuvres importantes. [...] Il s’agit tout d’abord du Combat de nègres dans la nuit de l’auteur de théâtre Paul Bilhaud (1854-1933), numéro 15 du catalogue de la première exposition de 1882. C’est une toile peinte entièrement noire qu’on peut considérer comme le premier monochrome de l’histoire de la peinture. [...] La seconde est une œuvre d’Alphonse Allais (1854-1905), intitulée Des souteneurs encore dans la force de l’âge et le ventre dans l’herbe boivent de l’absinthe, constituée d’un rideau de fiacre vert, avec un cartouche donnant le titre. Elle constitue une sorte de prototype de ready made. [...] »
- Johann Naldi et professeur Phillip Dennis Cate, Arts incohérents : Découvertes et nouvelles perspectives, Paris, éditions Lienart, , 232 p. (ISBN 978-2-35906-366-0)
- « À l'Olympia, des anartistes et des arts incohérents ! », sur CultureTops,
- Rodolphe Trouilleux, « Découverte d'un trésor incohérent », Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements de Paris, no 90, , p. 32-41
- [vidéo] Emmanuel Fansten, Guillaume Gendron, « Suspicions (..). Révélations sur la malle qui a fait trembler le monde de l'art », Libération, (lire en ligne)
- « L'authenticité du premier monochrome, peint au XIXe siècle, est remise en question », sur FranceInfo & AFP,
- « Droit de réponse de Monsieur Johann NALDI », Libération,
- Thomas Bertail, Ha Ha Ha, sous la direction de Nicolas Liucci-Goutnikov, Skira, septembre 2021 - janvier 2022 (ISBN 978-2-37074-151-6), p.64
- « Trésors nationaux », sur Ministère de la Culture (France)
- « Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture, annonce sa décision de refuser d'accorder le certificat d'exportation pour un ensemble de dix-neuf œuvres relevant du mouvement des Arts incohérents », sur Ministère de la Culture France),
- « Cf. dans l'enquête de Libération, la précision apportée par Emmanuel Coquery, conservateur général du patrimoine. »
- LCDB, Le culte des banni.e.s. Conversation avec Denys Riout, les presses du réel, , 816 p. (ISBN 9-782378-964764), p. 499-506
- Daniel Gronowski et Denys Riout, Les arts incohérents et le rire dans les arts plastiques, Paris, Corti, , 328 p. (ISBN 978-2714311382)
- Daniel Grojnowski, « De l'Art et du Cochon », Critique, n°905, octobre 2022, p. 876-878
- [vidéo] Au micro d'André Bercoff sur Sud Radio le 22 avril 2022 Interview de Michel Onfray par André Bercoff, Sud-Radio, 22 avril 2022
- « Andrew Spira, Art historian, author, curator, lecturer »
- Andrew Spira, « Precedents of the Unprecedented, Black Squares Before Malevich. », sur The Public Domain Review,
- Prof.Dr. Astrid Mania, « Les Incohérents », sur HFBK, Hambourg,
- Andréi Nakov, Malewicz, au-delà des censures, Éditions Selena, (ISBN 979-10-94886-42-7), p. 119
- Daniel Grojnowski, La tradition fumiste, De la marge au centre, Champ Vallon, (ISBN 979-10-267-1143-8), p. 144-156
- (it) A cura di Jean-David Jumeau-Lafond & Francesco Parisi, Henri de Toulouse-Lautrec, Parigi 1881-1901, Milano, Dario Cimorelli Editore, (ISBN 9791255610533)
- Federico Giannini, « Un Henri de Toulouse-Lautrec finalmente sottratto agli stereotipi. Com'è la mostra di Rovigo », Finestre sull'Arte, (lire en ligne)
- Elisabetta Zanchetta, « Record ingressi alla mostra a Palazzo Roverella di Rovigo, già seimila visitatori per Toulouse-Lautrec », Il Gazzettino, (lire en ligne)
- Patricia Cornwell, Portrait of a killer, Jack the Ripper - Case Closed, G.P. Putnam's Sons, a member of Penguin Putnam Inc.,
- Johann Naldi, L'Unique portrait de Jack l'Éventreur, Paris, Éditions de l'Observatoire, , 224 p. (ISBN 979-10-329-3061-8)
- Pierre de Boishue, « Jack l'Éventreur : l'incroyable portrait qui relance l'enquête », Le Figaro Magazine, (www.lefigaro.fr/histoire/archives/jack-l-eventreur-l-incroyable-portrait-qui-relance-l-enquete-20240203)
- Thierry Gandillot, « Jack l’Éventreur. Et si c’était lui ? », Le Journal. Info, (lire en ligne)
- « Arts incohérents », sur Gazette Drouot,
Annexes
Bibliographie
- Niklaus Manuel Güdel, Gustave Courbet : Une enquête sur le paysage, Dijon, Les presses du réel, , 331 p. (ISBN 978-2-37896-111-4), p. 151
- Michel Onfray, Les anartistes : Le trésor retrouvé des "Arts incohérents", Albin Michel, 2022.
- Henri de Toulouse-Lautrec, Parigi 1881-1901, a cura di Jean-David Jumeau-Lafond et Francesco Parisi, Palazzo Roverella, Rovigo, Arti incoerenti : né censura, né onore, dunque, Dario Cimorelli Editore, 2024.
Liens externes