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Utilisateur:Pancrat/Essai8

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Pancrat/Essai8

La pharmacopée chinoise Zhonghua renmin gongheguo yaodian, yi jiu qi qi nian ban 中华人民共和国,一九七七年版 « Code des médicaments de la République populaire de Chine, édition de 1977 » est une réédition en deux volumes de Zhonghua renmin gongheguo yaodian 中华人民共和国药典 publiée en 1953. Ces deux ouvrages édictent des réglementations juridiquement contraignantes sur les normes de qualité des médicaments tant chinois qu’occidentaux, et leurs exigences de préparation.

Préface

Les deux volumes ont la même préface qui donne les autorités de tutelle, et donne les précisions suivantes

« Cette édition du Code des médicaments liste 1 925 drogues et 74 règles générales de préparation et de méthodes d’évaluation. Pour une utilisation plus pratique, il est divisé en deux parties, toutes deux classées selon le nombre de traits [du premier caractère] des noms chinois des substances pharmaceutiques.
Comité du Code des médicaments du Ministère de la Santé publique de la République populaire de Chine »

— Traduction à partir de la traduction anglaise de Paul Unschuld[1]

Texte

La section des monographies du premier volume

Le premier volume contient, des monographies de

« substances pharmaceutiques végétales, d’huiles végétales ainsi que de préparations sur la base d’ordonnances établies. Les annexes énumèrent les règles générales pour examiner et déterminer les médicaments à base de plantes chinoises, les règles générales pour la préparation [de médicaments spécifiques], les règles générales pour le traitement des médicaments, les méthodes microscopiques pour identifier les médicaments à base de plantes chinoises et établir des formules, etc. »

— Traduction à partir de la traduction anglaise de Paul Unschuld[1]

Une table des matière précède la section des monographies de 856 pages, suivie de l’annexe de 93 pages et enfin trois index différents, un pour les noms chinois en caractères chinois, un pour les noms chinois en romanisation pinyin, et un pour les noms latins de tous les articles mentionnés dans le texte principal et en annexe.

La section monographique combine pour la première fois dans un code des médicaments en chinois, plusieurs centaines des plus importantes préparations de drogues végétales, animales et minérales. Ainsi pour la première fois, dans l’histoire des pharmacies chinoises, des directives officielles sont disponibles pour une utilisation standardisée de la matière médicale traditionnelle chinoise.

Voyons la monographie de badou, le Croton cathartique (Croton tiglium), une plante de la famille des Euphorbiaceae, dont les graines sont extrêmement toxiques. Cette drogues n’avait pas reçu de traitement dans la première édition du code des médicaments de la République Populaire de 1953.

Croton tiglium

« Badou, Fructus Crotonis
Cet article est constitué du fruit mûr et séché, de la plante Croton tiglium L., badou, de la famille daji 大戟. On le récolte à l'automne lorsque les fruits sont mûrs, on l'entasse pendant deux ou trois jours, on l'étale et on le fait sécher.
Nature et apparence. Cet article a une forme circulaire comme un œuf. En général, [le fruit] a trois bords, il mesure de 0,8 à 2,2 centimètres de long et mesure de 1,4 à 2 centimètres de diamètre. L'extérieur de couleur gris-jaune, parfois d'une couleur foncée, rugueuse, présente six lignes. Il est coiffé à plat sur son sommet et porte une marque de pédoncule à sa base. Si l'on ouvre la coque du fruit, on peut voir trois chambres, chacune contenant une graine. Les graines sont de forme légèrement elliptique ; leur longueur est de 1,2 à 1,5 centimètre, avec un diamètre de 0,7 à 0,9 centimètre. L'extérieur est brun ou gris-brun ; à une extrémité se trouve une cicatrice en forme de point du nombril et du monticule de graines. À l'autre extrémité se trouve un point légèrement concave et, entre les deux, un renflement de l'épine de la graine. L'enveloppe externe de la graine est fine et fragile. L'enveloppe interne de la graine est une fine membrane blanche. Le noyau de la graine est de couleur blanc jaunâtre ; il est huileux, n'a pas d'odeur et a un goût piquant.
Les meilleurs échantillons sont ceux qui sont remplis [de graines] et dont le noyau a une couleur jaune-blanc.
Identification. Prenez environ 5,0 grammes de cet article, broyez-le, ajoutez-y 10 millilitres d'éther, laissez tremper pendant deux heures et remuez fréquemment. Filtrez ensuite, mettez le filtrat dans un tube à essai et, après évaporation [du liquide], ajoutez 0,5 millilitre d'une solution saturée d'hydrochlorate d'hydroxylamine dans du méthanol, ainsi qu'une goutte de liquide indicateur de thymol phtaléine à 1 pour cent. Ajoutez encore une solution saturée d'hydroxyde de potassium dans du méthanol jusqu'à ce qu'une couleur bleu vif apparaisse, puis ajoutez quelques gouttes. Ajoutez du feu jusqu'à ébullition, attendez qu'il refroidisse et ajoutez de l'acide chlorhydrique dilué jusqu'à atteindre un pH de 2 à 3. Ajoutez 3 gouttes de solution de trichlorure ferrique à 10 % et 1 millimètre de chloroforme. Remuez. La solution de phase inférieure affichera une couleur rouge violacée brillante. »

— Traduction à partir de la traduction anglaise de Paul Unschuld[1]

Après avoir parcouru la longue histoire des pharmacopées chinoises, on s’aperçoit qu’on est entré brusquement dans un autre monde, celui des sciences modernes, à savoir ici la botanique et la chimie. La description botanique très précise, permet d’identifier facilement la graine (bien qu’actuellement on emploierait d’autres termes techniques). Le test chimique prouve la présence de crotonine ou de composés similaires spécifique du Croton tiglium[n 1]. La réaction de coloration rouge violacée est une indication caractéristique de ces composants. La procédure est un test qualitatif classique dans les pharmacopées pour vérifier l'authenticité et l'identité de la plante utilisée, s'assurant que la poudre dont on dispose, contient bien les composés chimiques attendus qui définissent ses propriétés pharmacologiques.

Les Zhonghua yaodian de 1953 puis surtout celle de 1977 marquent une avancée notable dans l’histoire des bencao. Traditionnellement, les bencao se basaient principalement sur des critères organoleptiques (goût, odeur, aspect) et sur des méthodes empiriques, souvent visuelles ou basées sur l’expérience des praticiens, pour identifier les matières médicales. L'introduction des tests chimiques modernes dans le Code des médicaments de 1977, comme la procédure décrite pour le Croton tiglium, s'inscrit dans une évolution visant à standardiser la MTC en alignant ses critères d'identification et de qualité sur ceux de la chimie et de la pharmacologie modernes.

Si on compare avec la monographie du Bencao gangmu (1593) de Li Shizhen, considéré comme un modèle de bencao, avec une excellente sélection d’auteurs anciens, on voit tout de suite que la description de la plante et de son fruit par le savant polymathe Su Song (1020-1101) manifestait certainement un grand progrès par rapport à ce qui avait été fait auparavant, mais commençait à être dépassé à la fin du XVIe siècle et l’était totalement au XXe[n 2].

Sans l’outil des tests chimiques, Li Shizhen n’offre pas de test d’identification de la matière médicale. Après lui, les auteurs se réfèrent toujours à son travail, sans arriver à le dépasser. Au contraire, face aux difficultés, en bons lettrés confucéens, ils prônent au contraire, en adeptes du Hanxue 汉学, aux textes de la dynastie Han, pour restaurer et approfondir la compréhension des textes anciens.


Notes

  1. la procédure utilise une extraction à l'éther, suivie d'une réaction avec de l'hydroxylamine et de l'hydroxyde de potassium. Cela conduit à la formation d'oximes par réaction avec les esters présents dans la graine, qui, lorsqu'ils sont traités avec du trichlorure ferrique (FeCl₃) et du chloroforme, produisent une couleur rouge violacée dans la phase organique.
  2. voir Bencao gangmu où l’article sur le badou est traduit

Références

  1. a b et c Paul U. Unschuld, Medicine in China. A History of Pharmaceutics, University of California Press, , 368 p.

Liens internes

Liens externes