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Tomomi Inada

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Tomomi Inada
稲田 朋美
Illustration.
Tomomi Inada en .
Fonctions
Ministre de la Défense

(11 mois et 25 jours)
Premier ministre Shinzo Abe
Gouvernement Abe III
Prédécesseur Gen Nakatani
Successeur Fumio Kishida (intérim)
Itsunori Onodera
Ministre d'État chargée de la Réforme administrative et réglementaire

(1 an, 11 mois et 8 jours)
Premier ministre Shinzo Abe
Gouvernement Abe II
Prédécesseur Katsuya Okada
Successeur Haruko Arimura (ja)
Ministre d'État chargée de la stratégie Cool Japan

(1 an, 11 mois et 8 jours)
Premier ministre Shinzo Abe
Gouvernement Abe II
Prédécesseur Création du poste
Successeur Shun'ichi Yamaguchi (ja)
Représentante du Japon
En fonction depuis le
(19 ans et 29 jours)
Élection 11 septembre 2005
Réélection 30 août 2009
16 décembre 2012
14 décembre 2014
22 octobre 2017
31 octobre 2021
Circonscription 1re de Fukui
Législature 44e, 45e, 46e, 47e, 48e et 49e
Prédécesseur Isao Matsumiya (ja)
Biographie
Date de naissance (65 ans)
Lieu de naissance Echizen
Drapeau du Japon Japon
Nationalité Japonaise
Parti politique PLD
Diplômée de Université Waseda
Profession Avocate
Site web Site officiel de Tomomi Inada

Tomomi Inada (稲田 朋美, Inada Tomomi?), née à Echizen le , est une avocate et femme politique japonaise, membre du Parti libéral-démocrate et représentant la première circonscription de la préfecture de Fukui à la Chambre des représentants. Elle est nommée à plusieurs postes au sein de différents gouvernements, notamment ministre de la Défense dans le gouvernement Abe III. Elle conserve après son passage au gouvernement plusieurs postes clés au sein de l'organigramme du PLD.

Considérée comme conservatrice et affiliée au lobby révisionniste Nippon Kaigi, Inada nie l’implication de l’armée japonaise dans l'exploitation des femmes de réconfort, remet en question le consensus international autour du nombre de victimes du massacre de Nankin et est favorable à la visite par les membres du gouvernement du sanctuaire Yasukuni, sanctuaire shinto, considéré par certains comme l'un des symboles nationalistes du Japon, qu'elle visite régulièrement. Parallèlement, elle défend ouvertement les droits des personnes LGBT+, une posture peu partagée au sein de sa famille politique, et milite pour une meilleure inclusion des femmes dans la politique japonaise.

Jeunesse, études et carrière pré-électorale

Inada naît le à Echizen, dans la préfecture de Fukui. Elle effectue ses études supérieures à l’université Waseda, où elle étudie le droit[1]. Elle obtient son diplôme en 1981, et devient avocate en 1985[2].

Durant sa carrière d'avocate, elle représente notamment le gouvernement lors d’un procès relatif à la visite d’un Premier ministre au sanctuaire Yasukuni[3], les familles des auteurs du concours de décapitation de 100 personnes lors d’un procès en diffamation[4], ainsi que les plaignants lors d’un autre procès en diffamation contre Kenzaburō Ōe et la maison d’édition Iwanami Shoten[1],[5].

Carrière électorale

Débuts en politique

Le gouvernement Abe II, dans lequel Inada (au deuxième rang, à droite), est nommée ministre d'État.

Tomomi Inada débute sa carrière politique en 2005, après avoir été approchée par Shinzō Abe. Alors sympathisante du Parti libéral-démocrate, elle est approchée par Abe pour représenter le PLD dans la première circonscription de la préfecture de Fukui lors des élections législatives de la même année[6]. La circonscription était tenue jusqu'alors par Isao Matsumiya (ja), lui aussi membre du PLD, mais s'étant opposé au gouvernement Koizumi au sujet de la réforme de la privatisation postale. Inada accepte, remporte l'élection face à Matsumiya, et fait son entrée à la Diète du Japon[7]. Elle fait face à de nombreuses remarques de la part de ses parents, opposés à son entrée en politique[8].

Candidate à sa réélection, Inada est réélue lors des élections législatives de 2009 et 2012[9]. Elle reste proche de Shinzō Abe, qui la considère comme l'un de ses potentiels successeurs[7]. À partir d'octobre 2012, elle occupe des places plus importantes dans l'organigramme du PLD, président notamment le centre de recherche politique du parti et la commission des affaires judiciaires du PLD[2],[7],[10], une position qu'elle occupe jusqu'en 2016[11].

Le , elle est nommée dans le gouvernement Abe II au poste de ministre d'État chargée de la Réforme règlementaire, administrative et de la fonction publique, ainsi que ministre d'État chargée de la stratégie Cool Japan[2]. Elle est réélue à l'issue des élections législatives japonaises de 2014, mais ne conserve pas ses portefeuilles ministériels à l'issue de la formation du gouvernement Abe III[12],[13].

Ministre de la Défense de Shinzō Abe

Le , Inada est nommée ministre de la Défense du Japon, la deuxième femme à occuper ce poste après Yuriko Koike[1]. Elle démissionne de ce poste le après un scandale dans son ministère de rétention d'informations relatives au séjour des Forces d'autodéfense au Soudan du Sud[6]. Une partie des hauts fonctionnaires de son ministère démissionne également[6]. Fumio Kishida est en réponse nommé à sa succession[14].

Après le gouvernement

Considérée un temps comme un des potentiels successeurs de Shinzō Abe, ses différentes gaffes à répétition l'ont écarté du pouvoir, et, bien qu'intéressée, elle n'est pas candidate en 2021 à la présidence du PLD[6],[15],[16],[17].

Inada, après son passage au gouvernement, continue à tenir des positions clés dans l'organigramme du PLD et son bureau exécutif, devenant notamment secrétaire générale du parti par intérim en 2023[18],[19].

Prises de positions

Révisionnisme historique

Affiliée au lobby révisionniste Nippon Kaigi[1], Tomomi Inada a exprimé ses vues conservatrices dans plusieurs livres[7],[8], notamment dans l'ouvrage collectif Les assassins du Japon, où est défendue l'idée que l'âme, la souveraineté, l'intégrité nationale et l'identité du Japon sont sans cesse menacées par des influences extérieures, particulièrement depuis la défaite et l'occupation de 1945. Selon elle, il faudrait se débarrasser de ces apports étrangers, qui se marquent notamment dans les traités internationaux signés par le Japon[20].

Similairement, Tomomi Inada considère que le massacre de Nankin est un mensonge[4],[5]. Elle soutient notamment le film révisionniste de Satoru Mizushima The Truth About Nanjing[21], et a écrit plusieurs livres ayant pour but de démontrer l'inauthenticité de plusieurs évènements clés de ce massacre[4],[22]. Inversement, elle a fortement et publiquement critiqué le film Yasukuni de Li Ying et déploré qu’il ait reçu un subside de l’État japonais[5].

Tomomi Inada est proche du groupe raciste anti-coréen Zaitokukai[11], et nie également l’implication de l’armée japonaise dans le cas des femmes de réconfort[5],[8].

Elle est également favorable à la visite par les membres du gouvernement du sanctuaire Yasukuni, sanctuaire shinto, considéré par certains comme l'un des symboles nationalistes du Japon, mais également de son passé colonialiste[8]. Elle-même s'y rendit publiquement alors qu'elle était ministre en [22],[23],[24]. Elle s'y rend également alors qu'elle est ministre de la défense en exercice, interférant avec un exercice diplomatique de Shinzō Abe[25].

Prises de positions diverses

Tomomi Inada, Masako Mori et Rahm Emanuel lors de la Marche des Fiertés de Tokyo en 2023.

Comme la majorité des représentants de son parti, Inada fait la promotion des Abenomics, politique économique japonaise promue par le Premier ministre Shinzō Abe[16]. Elle estime également que l'énergie nucléaire est nécessaire à la contribution énergétique japonaise pour le moment, même si l'armement nucléaire ne devrait pas être envisagé[26]. En outre, elle souhaite une révision de la constitution antimilitariste du Japon[9],[27],[28], ainsi qu'une augmentation des capacités de défense du Japon[26].

En 2015, elle crée une commission chargée de réfléchir aux questions liées aux personnes LGBT au sein du PLD[8]. Sa position personnelle sur ce thème, initialement hostile à des droits particuliers pour les LGBT, aurait changé après avoir rencontré des personnalités LGBT américaines conservatrices. En décembre 2015, elle écrit sur son blog qu'« il est du devoir des personnalités politiques de créer une société où tout le monde a sa chance » et qu'il faut inclure les couples LGBT dans la politique nataliste du Japon[29].

En 2020, elle cosigne un ouvrage rédigé par 10 femmes parlementaires, qui défend des quotas de femmes en politique et une loi sur la parité. Lors de la campagne interne au PLD pour la succession de Shinzō Abe, elle remet avec des consœurs plusieurs propositions allant dans ce sens aux candidats mais regrette a posteriori que celles-ci « n'ont pas été prises au sérieux »[8].

Controverses

En , avec d’autres parlementaires nationalistes du PLD, elle se voit refuser l'entrée du territoire coréen, alors qu'elle se rend sur l’île Ulleungdo, la base de contrôle des rochers Liancourt, territoire contesté à l'origine d'un contentieux entre Japon et Corée du Sud[22],[30].

En 2015, Inada a posé souriante aux côtés de Kazunari Yamada, leader du Parti national-socialiste des travailleurs japonais, qui a fait l'éloge d'Adolf Hitler et des attentats du 11 septembre 2001 sur le World Trade Center[1],[24]. Après la publication de la photo par la presse, elle déclara ne pas être au courant de l'identité de l'homme. Un membre de l'équipe de Sanae Takaichi, ministre des Affaires intérieures, également présente sur la photo, déclara qu'il s'agissait d'un assistant d'un journaliste, et que « nous ne savions pas qui il était à ce moment-là, mais il a demandé une photo »[24].

Lors de la campagne pour les élections municipales de Tokyo, le , Inada a déclaré qu'un candidat de son parti bénéficiait de l'appui du ministère de la Défense et des Forces d’autodéfense[6]. Comme celles-ci sont censées être politiquement neutres, cette déclaration a été très critiquée, et cela a forcé le Premier ministre Shinzō Abe et Inada à présenter leurs excuses[31]. La même année, elle se retrouve impliquée dans le scandale Moritomo Gakuen[32],[15].

En 2023, Inada est impliquée dans l'affaire de la caisse noire du PLD, bien qu'elle déclare ne pas avoir eu connaissance de l'existence des comptes l'incriminant. Elle annonce immédiatement rembourser au parti l'argent détourné, non utilisé[33].

Vie privée

Inada est mariée et mère de deux enfants[2]. Elle déclare parmi ses passe-temps apprécier la lecture et la course[2]. Elle déclare également s'inspirer de Saigō Takamori, une figure politique ayant joué un rôle clé dans la restauration de Meiji, comme l'une de ses inspirations politiques[2].

Afin de marquer son appartenance à la préfecture de Fukui, dont elle est originaire, Inada accessoirise son style vestimentaire avec des collants en résille et des lunettes artisanales, spécifiquement fabriquées dans sa préfecture natale[7],[1].

Notes et références

  1. a b c d e et f Arnaud Vaulerin, « Faucon nationaliste et négationniste, Tomomi Inada prend la Défense du Japon », sur Libération, (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Kantei, « List of Abe Cabinet Members : Tomomi Inada », sur kantei.go.jp (consulté le )
  3. (en) Hyon Suk Chung, « Tomomi Inada, LDP Member of the House of Representatives », sur Club des correspondants étrangers du Japon, (consulté le )
  4. a b et c (ja) « 国の名誉守りたい 稲田衆院議員 「百人斬り裁判」を本に », sur Fukui shinbun (ja),‎ (consulté le )
  5. a b c et d (en) David McNeill, « Dancing with the devil over 'Yasukuni' Blame the politicians who flirt with fascists for the debacle over Li's documentary », sur The Japan Times, (consulté le )
  6. a b c d et e Phillipe Mesmer, « La démission de la ministre japonaise de la défense fragilise Shinzo Abe », sur Le Monde, (consulté le )
  7. a b c d et e (ja) « 女性大臣の系譜 写真特集 : 稲田 朋美 », sur Jiji Press (consulté le )
  8. a b c d e et f Philippe Mesmer, « Le Japon, "une démocratie sans femme" », sur Le Monde, (consulté le ).
  9. a et b (ja) « 選挙 > 2012衆院選 > 小選挙区 > 福井 > 1区 > 稲田 朋美 », sur Mainichi shinbun (consulté le )
  10. (en) Mizuho Aoki et Reiji Yoshida, « Tanigaki gets nod as LDP No. 2; hawkish Inada named party policy chief », sur The Japan Times, (consulté le )
  11. a et b (en) « Supreme Court dismisses LDP's Inada's defamation suit against the Mainichi », sur Mainichi shinbun, (consulté le )
  12. (ja) « 福井1区 : 稲田 朋美(55) », sur Mainichi shinbun (consulté le )
  13. (ja) Kantei, « 安倍 晋三 あべ しんぞう 第97代 内閣総理大臣 », sur kantei.go.jp (consulté le )
  14. (en) Tomohiro Osaki, « Inada makes resignation official; Kishida to pick up defense portfolio », sur The Japan Times, (consulté le )
  15. a et b Phillipe Mesmer, « Tomomi Inada, la pétroleuse du Japon », sur L'Express, (consulté le )
  16. a et b (en) Kelly Olsen, « Meet the woman hoping to succeed Japanese Prime Minister Shinzo Abe », sur CNBC, (consulté le )
  17. Phillipe Mesmer, « Fumio Kishida, un modéré, sera le futur premier ministre du Japon », sur Le Monde, (consulté le )
  18. (ja) « 自民・幹事長代理に木原氏 幹事長の補佐役に女性3割起用 », sur Mainichi shinbun,‎ (consulté le )
  19. (ja) « 自民幹事長代理に木原誠二氏 政調会長補佐も兼務 女性局長に高橋はるみ参院議員 », sur Nikkan Sports,‎ (consulté le )
  20. (en) Matthew Penny (trad. Michiko Hase), « Opposition to the Japanese Government’s “Ceremony to Commemorate the Anniversary of Japan's Restoration of Sovereignty” », sur The Asia-Pacific Journal: Japan Focus (en), (consulté le )
  21. (en) David McNeill, « Entertainment Spotlight : Nanjing Massacre 70th anniversary - Look back in anger », sur The Japan Times, (consulté le )
  22. a b et c (en) Tim Kelly, « Japan's defense minister ducks questions on war aggression, Nanjing massacre », sur Reuters, (consulté le )
  23. (en) Kyodo News, « Inada now fourth Cabinet minister to visit Yasukuni », sur The Japan Times, (consulté le )
  24. a b et c (en) Tim McCurry, « Neo-Nazi photos pose headache for Shinzo Abe », sur The Guardian, (consulté le )
  25. (en) Reiji Yoshida, « Defense chief Inada disrupts Abe's historic moment by visiting Yasukuni », sur The Japan Times, (consulté le )
  26. a et b (ja) « 朝日新聞デジタル>2017衆院選>候補者アンケート (朝日・東大谷口研究室共同調査) », sur Asahi shimbun (consulté le )
  27. Harold Thibault, « Une femme à la tête du principal parti d’opposition japonais », sur Le Monde, (consulté le )
  28. (en) Reuters, « As LDP set for election victory, policy chief Inada calls for changing pacifist Constitution », sur The Japan Times, (consulté le )
  29. Patrick Carland-Echavarria, We Do Not Live to Be Productive: LGBT Activism and the Politics of Productivity in Contemporary Japan, The Asia-Pacific Journal - Japan Focus 20, 2, 1 (Article ID 5669) (15 janvier 2022).
  30. (en) Kyodo News, « South Korea bars three lawmakers », sur The Japan Times, (consulté le )
  31. (en) « Defense chief's gaffe adds to Abe's headaches », sur Nihon keizai shinbun, (consulté le )
  32. (en) Reiji Yoshida, « Japan defense chief Inada in crosshairs after Moritomo scandal flip-flop », sur The Japan Times, (consulté le )
  33. (ja) « 稲田朋美氏、還流82万円を不記載…「パーティー券の管理口座を把握してなかった」 », sur Yomiuri shinbun,‎ (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes