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Mine en France

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En France, c'est le code minier qui définit ce qu'est une mine. La notion repose uniquement sur la nature du matériau, que l'extraction se fasse à ciel ouvert ou en sous-sol. Sont concernés, les combustibles (charbon, pétrole, gaz), les métaux (fer, cuivre) et quelques autres matières (sel, soufre).

Pour les produits qui ne figurent pas dans la liste, on parle de carrières, il s'agit notamment des matériaux de construction sable, argile, gypse, calcaire etc. Ils relèvent de la législation sur les ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement).

La gestion du sous-sol minier appartient à l'État qui peut en concéder l'exploitation à une compagnie minière.

L'histoire des mines françaises

le charbon et le lignite

L'extraction du charbon de terre (par opposition au charbon de bois) est très ancienne et remonte au moins au Moyen-Age mais connaitra un développement à la fin du XVIIIème siècle et surtout pendant la Révolution industrielle dans la seconde moitié du XIXème siècle. Notons que la France, malgré ses richesses n'a jamais été auto-suffisante en charbon et que même au sommum de la production dans les années 1960, elle a toujours importé du charbon étranger (Royaume Uni, Allemagne, URSS, Pologne, etc.)

Les Houillères ont été nationalisées par la loi n°46-1072 du 17 mai 1946 et ses décrets d'application qui créent les différentes Houillères de bassin (Nord Pas de Calais, Lorraine, Auvergne, Loire, Blanzy, Dauphiné, Provence, Aquitaine et Cévennes). Mais de nombresuses petites exploitations échappèrent à la nationalisation (plus de 200) dont les principales étaient les exploitations de Faymoreau (Vendée), Ronchamp (Haute Saône), Ahun-Lavaveix (Creuse), le bassin du Briançonnais (Hautes Alpes) ... La dernère mine privée en France (Cruéjouls en Aveyron) ferma ses portes en 1988.

Le bassin du Nord-Pas-de-Calais

Affleurant en Wallonie, le gisement s'enfonce progressivement vers l'ouest. Son exploitation dans le département du Nord a débuté à Anzin au XVIIIe siècle. Mais les recherches en Artois étaient restées vaines, en raison d'un changement d'orientation des veines. C'est donc par hasard, en creusant un puits artésien qu'on en retrouvera la trace vers Oignies en 1841.

Cette découverte sera le point de départ d'une vaste campagne de prospection qui aboutira à la création de nombreuses compagnies minières.

Concessions minières
La découverte du bassin du Nord

Les historiens ne soient pas tous d'accord sur la date exacte à laquelle la houille a été découverte et a commencé à être exploitée dans les régions de Liège et de Mons : vers la fin du XlIème et au début du XIIIème siècles alors que ce n'est qu'au début du XVIIIème siècle que l'on a trouvé le charbon dans la région de Valenciennes. Il y a donc eu 500 ans entre ces deux périodes. Il y a à cela, à la fois des raisons géologiques et des raisons historiques. Les raisons géologiques sont assez simples : le gisement est de plus en plus profond vers l'Ouest, et, contrairement à ce qui se passe en France, en Belgique, les veines affleuraient en surface où, quand elles n'affleuraient pas, étaient à une profondeur relativement faible, ce qui a grandement facilité aussi bien la découverte que l'exploitation de la mine.

ll y a aussi des raisons historiques : cette région (Flandre et Hainaut) a été, pendant tout le Moyen-Age et jusqu'au XVIlème siècle, l'objet de nombreuses guerres et convoitises de la part à la fois du royaume de France que de la part de ses puissants voisins, la maison d'Autriche et la maison d'Espagne.

En 1668, au Traité d'Aix la Chapelle, que les frontières ont été définitivement stabilisées. La ville de Valenciennes n'a, cependant, été rattachée à la France qu'au Traité de Nimègue, en 1678. Valenciennes était une ville de marchands très prospère. Son expansion s'est poursuivie très longtemps lorsqu'au XVIème siècle un certain nombre de villes belges commencèrent à décliner du fait du développement très important des Pays-Bas. A partir de ce moment, Valenciennes a connu un trafic très important avec le port d'Anvers grâce à la navigation sur l'Escaut qui était possible dès cette époque.

En 1669, Valenciennes comptait 30 000 habitants, ce qui était quand même une population considérable pour l'époque. Avec le rattachement à la France, cette population a diminué puisqu'elle n'était plus que de 17 000 habitants. Par contre, tous les villages qui entouraient Valenciennes, ce que l'on appelait la prévôté de Valenciennes, restaient pauvres et misérables. Anzin avait, en 1669, 221 habitants, 45 maisons, 2 charrues et 1 moulin. Valenciennes était donc entourée d'un véritable désert. Sa population périclite après 1670 pour ne remonter qu'au XIXÈ siècle, avec la découverte du charbon. Les villages avoisinants ont vu leur population augmenter à une vitesse extrêmement rapide. C'est ainsi que la prévôté de Valenciennes n'avait en 1700 que 8 450 habitants. Cette population a triplé pendant tout le XVIIIÈ siècle, pour atteindre, en 1800, 25 000 habitants. Un village comme Anzin est passé de 220 à 2 900 habitants, un village comme Fresnes de 248 à 2 666.

Jusqu'au début du XVIIIème siècle, on ne s'était guère préoccupé de découvrir du charbon. A partir de la séparation de Valenciennes d'avec la Belgique, on commença à encourager les recherches et c'est en 1716 que se constitua une société de personnes pour rechercher le charbon dans la région de Valenciennes. Les recherches furent extrêmement difficiles et coûteuses, car le gisement n'affleurait pas en surface et il fallait donc creuser un peu au hasard. De plus, la nappe phréatique se trouvait à une distance relativement faible de la surface. On devait donc, au fur et à mesure qu'on approfondissait les puits, évacuer les eaux. Or, à l'époque on ne disposait pas de pompes suffisantes. Les recherches furent donc longues et onéreuses.

C'est le Vicomte Jacques Désandrouins, né en Belgique mais qui s'était fixé en France très jeune, qui fonda la première société de personnes en 1716 avec son frère, ainsi qu'un verrier de Fresnes, un habitant de Condé, Désaubois, et Pierre Taffin de Valenciennes. Ils confièrent les travaux à un ingénieur, Jacques Mathieu, directeur des Etablissements Désandrouins à Charleroi et mirent en route le chantier le 1er juillet 1716 à Fresnes.

Ils commencèrent par creuser deux fosses qui furent rapidement inutilisables, puis quatre autres qui durent être abandonnées à cause des eaux. Fin 1718, ils décidèrent de creuser deux fosses un peu plus grandes.

L'une des deux grandes fosses finit en 1720, après 18 mois de travail acharné, par atteindre une veine de quatre pieds (à peu près 1,20 m) à 35 toises de profondeur (à peu près 70 m). De ce fait, c’est l’année qui a été retenue comme la date de la découverte de la houille dans ce bassin. On raconte que la veille de Noël de 1720, une planche qui, paraît-il, aurait dû être en chêne alors qu'elle était en hêtre, se rompit sous la poussée des eaux. Le chantier fut submergé et, malgré le travail acharné des mineurs et de l'équipe de Desandrouins, le 15 juillet 1721 les associés devaient décider d'abandonner les travaux, acceptant de combler les fosses et de vendre le matériel.

Heureusement, Désandrouins et Taffin étaient des hommes du Nord, ils ne se sont pas découragés. Ils ont reconstitué une nouvelle société quelques mois plus tard, le 1er septembre 1721. Ils ont construit deux nouvelles fosses dans la région de Fresnes et, en 1723, ont découvert une nouvelle veine du type de celle qu'ils avaient découverte en 1720. La fosse fut exploitée pendant quelques années d'une façon continue.

Mais ce charbon n'était pas apte à tous les usages. Ils voulaient absolument découvrir du charbon qui puisse servir aux usines, aux ateliers et aux usages domestiques. C'est pourquoi les travaux furent poursuivis en creusant de nouvelles fosses, mais en se déplaçant vers l'Est, vers la région de Valenciennes.

Les travaux avaient coûtés tellement cher que Désandrouins et ses collaborateurs étaient prêts à abandonner, lorsque Désandrouins obtint d'eux la poursuite d'une ultime recherche. Celle-ci eut lieu tout près de Valenciennes sur la rive gauche de ce qu'on appelait le Pavé de Condé, où se trouvent actuellement les Ateliers Centraux d'Anzin. C'est là que le 24 juin 1734 fut découverte une houille qui pouvait servir à tous les usages.

La première gaillette, aux dires de Désandrouins, avait coûté 100 000 écus, soit 300 000 livres. C’était le début d'une grande épopée. C'est à cette date que la Compagnie Désandrouins, n'ayant pas de main-d'œuvre sur place, commença à faire venir des mineurs de Charleroi. Elle leur construisit des maisons et en 1736 elle commença l'exploitation.

la découverte du bassin du Pas de Calais

Ce n'est qu'un siècle après la découverte de la houille dans la région de Valenciennes que l'on commença à découvrir et à extraire de la houille dans le Pas-de-Calais. On peut s'étonner également du délai d'exploitation qui s'est produit entre le Nord et le Pas-de-Calais. La raison en est simple, on a tout simplement cherché dans le prolongement du Bassin minier belge et du gisement du Nord. En suivant cette ligne, on est allé dans la région d'Arras et de Doullens, alors que, à partir de Douai, le gisement s'infléchit nettement vers le Nord. En outre, les sondages étaient en général trop peu profonds pour trouver le charbon.

On dit que c’est que tout à fait par hasard, à l'occasion d'une recherche d'eau, qu'en 1841 on découvrit à nouveau du charbon dans la région d'Oignies. Quelques années plus tard, on en découvrait dans la région de l'Escarpelle et ce fut le départ d'une autre conquête, celle du Pas-de-Calais. Un certain nombre de Compagnies minières se créèrent après 1850 qui ont nom : Courrières,-Dourges, Lens, Bully-Grenay, Noeux , Bruay, Marles et Ostricourt. Après 1875, on développa l'exploitation vers le Sud : Liévin, la Clarence et Drocourt.

2 - l’exploitation jusqu’à la nationalisation

Dès 1880 d'ailleurs, le Pas-de-Calais, qui était parti nettement après le Nord, l'avait rattrapé et même dépassé puisque cette année là, la production du Pas-de-Calais atteignit 4,5 millions de tonnes et celle du Nord 3 300 000 tonnes. En 1880, le Bassin a donc produit au total 7 800 000 t.

Le Bassin s'est développé, à partir de ce moment, d'une façon continue et en 1913, à la veille de la première guerre, la production avait atteint un chiffre déjà très important, 27 400 000 tonnes avec un rendement fond de 975 kg. A l'époque, cela représentait le tiers de la production française.

Son développement ne se fit pas, bien sûr, sans que les mineurs et leurs dirigeants ne s'aperçoivent des difficultés de l'exploitation minière et des dangers de cette expIoitation. Il est difficile de retracer l'histoire de ce bassin sans évoquer les accidents qui se sont produits dans la mine et plus particulièrement cette première catastrophe minière du 10 mars 1906 où un coup de poussière fit près de 1 100 victimes à Courrières.

Pendant la guerre de 1914-1918, le bassin fut coupé en deux. Le front se stabilisa pendant très longtemps suivant une ligne Arras- Béthune, si bien que la partie Ouest du Bassin continua à travailler alors que la partie Est, dont les puits avaient été noyés par les exploitants avant l'arrivée des troupes allemandes, fut arrêtée pendant toute la guerre.

Le bassin du Nord Pas de Calais a beaucoup souffert de la Première Guerre Mondiale. La partie du bassin houiller envahie par les Allemands comprenait dans le département du Nord, la totalité des houillères et, dans le Pas-de-Calais, la totalité des concessions des Mines de Carvin, Courrières, Dourges, Drocourt, Lens, Liévin, Meurchin, Ostricourt plus un siège de la Compagnie de Béthune. Dans les territoires occupés, 103 sièges d’extraction, comprenant 212 puits étaient détruits, en outre plusieurs sièges non occupés avaient soufferts de bombardements. Tous les chevalets étaient abattus qauf quatre. Presque toutes les machines détruites ainsi que les lavoirs et usines. 800 km de chemins de fer étaient inutilisables ; Sur 212 puits, 140 furent minés. Dans le Nord, 5 puits avaient sautés. Au 31 décembre 1921, le déblaiement était pratiquement terminé., 113 chevalets définitifs étaient à nouveau debout dont 56 réparés et 53 neufs. Le dénoyage tait également avancé. A la fin de 1921, le dénoyage était terminé à Ostricourt dont les étages inférieurs avaient été noyés, il était très avancé à Dourges.

Après la guerre, il fallut plusieurs années pour que les fosses de l'Est du Bassin puissent se relever de leurs ruines. On a alors exploité l'Ouest du Bassin pendant près d'une dizaine d'années sans en exploiter l'Est. C'est la raison principale pour laquelle ensuite, bien que l'exploitation ait commencé par l'Est, les gisements de l'Ouest s'épuisent les premiers. C'est donc d'abord dans ces régions d'Auchel-Bruay-Béthune que se sont posés les problèmes d'arrêt des exploitations et de conversion du personnel des mines.

Après la guerre de 1914 - 1918, il y eut évidemment un très gros effort de reconstruction à faire et la capacité du Bassin fut retrouvée à partir de 1925 où la production a atteint 28 500 000 tonnes. Pour y parvenir, on dut faire appel à de la main-d'œuvre émigrée. En 1925, il y avait environ 75 000 mineurs étrangers, pour la plupart des Polonais, qui se sont parfaitement intégrés à la population de cette région.

C'est en 1930, que le Bassin, au sens géologique atteignit son record absolu avec une production de 35 000 000 de tonnes. Il n'a jamais retrouvé ce niveau. A l'époque, le rendement de l'ouvrier du fond était de 964 kg. Cette production a dû être réduite assez rapidement puisqu'en 1930 ce fut le début de la crise et en 1936 la production est retombée aux environs de 28 500 000 de tonnes, avec toutefois un rendement qui atteignait 1 250 kg. Pendant toute cette époque de l'entre-deux-guerres, les Sociétés Minières se sont rendu compte de la nécessité de se grouper pour essayer de réaliser la modernisation de leurs exploitations et de les restructurer. Elles ont créé un Groupement des Houillères mais il était insuffisant. A la veille de la guerre, elles avaient été jusqu'à créer un Comptoir Commercial qui s'était installé à Douai et qui a été l'embryon de la Direction Commerciale des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais.

A la veille de la guerre, 18 Sociétés exploitaient le Bassin, dont 8 faisaient pratiquement 75 % du tonnage : Anzin, Aniche, Béthune, Lens, Courrières, Bruay, Marles et Vicoigne-Drocourt. Chacune produisait à l'époque plus de 2 000 000 de tonnes.

La production du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais représentait en 1938-1939, 60 % de la production française et 40 % du charbon consommé en France .

En 1939, le Bassin produit 32 000 000 de tonnes pour un rendement de 1 222 kg. Le Bassin du Nord et du Pas-de-Calais a le plus mauvais gisement de tous les Bassins d'Europe Occidentale. Ceci explique son très faible rendement par rapport aux autres Bassins. Il a par contre la chance d'être le seul Bassin français disposant de toutes les gammes de charbons. Le Bassin du Nord et du Pas-de-Calais avait donc une clientèle extrêmement étendue. Tous les secteurs de consommation utilisaient des charbons du Nord. La clientèle était extrêmement dispersée puisque les Compagnies Minières du Nord vendaient jusque dans les régions de Lyon, Toulouse et Marseille.

Les Compagnies Minières avaient, dès cette époque, créé un certain nombre d'usines annexes de la production de charbon : des centrales électriques, des cokeries. Elles produisaient déjà les 3/5 du coke français et avaient commencé à traiter les sous-produits de la carbonisation : le benzol, l'ammoniaque, le méthanol, les carburants Au lendemain de la Libération, le charbon était absolument tout dans la consommation d'énergie de la France. Il représentait à l'époque 86 % de la consommation d'énergie alors que le fuel représentait 2 %. Le reste était surtout constitué par l'électricité hydraulique.

La charbon, c'était d'abord le transport. Les chemins de fer ne connaissaient encore à l'époque que la machine à vapeur. Ce n'est que dans les années 1950 qu'on a commencé à électrifier les chemins de fer. Le gaz consommé à l'époque était uniquement d'origine charbonnière, produit soit dans les cokeries comme sous-produit du coke, sait dans les usines à gaz comme sous-produit du charbon.

3 – La Nationalisation

Il était donc nécessaire d'augmenter la production. Comme après la guerre 1914 - 1918, on importera de la main-d'œuvre mais cette fois elle fut temporaire. Ce fut en particulier des prisonniers allemands dont la plupart regagnèrent leurs pays quelques années plus tard. En 1946, l'extraction était déjà remontée à 28 400 000 tonnes.L’ensemble du bassin, y compris le Boulonnais fut nationalisé pour former les Houillères du Bassin Nord-Pas de Calais (HBNPC).

En 1952 que l'on a atteint le niveau record de la période d'après-guerre avec 29 400 000 tonnes. Durant cette période, la production a augmenté d'à peu près 1 200 000 tonnes par an et les effectifs ont diminué de 7 000 ouvriers par an dont 4 500 au fond. Le rendement a fait des progrès considérables, ce qui n'était pas difficile car il était tombé très bas pendant la guerre.

A partir de 1952, on n'a jamais retrouvé le niveau de production d'avant guerre. En 1930, le Bassin avait battu son record avec 35 000 000 de tonnes alors qu'on n'a pas dépassé depuis la guerre 29 400 000 de tonnes. Pourquoi ? Il y a deux raisons : la première, c'est que de très nombreuses fosses ont dû être fermées après la guerre, soit parce qu'elles était épuisées, soit parce qu'elles étaient devenues très difficiles à exploiter, en particulier dans la région de Valenciennes. Un certain nombre de fosses étaient devenues extrêmement coûteuses. Il aurait fallu des travaux considérables pour les rendre exploitables. C'est ainsi qu'on a été amené à arrêter les exploitations à Crespin,à Thivencelles, à Douchy et même dans la région de Denain. La seconde raison, c'est qu'entre 1930 et 1945, il y a eu des lois sociales réduisant la durée de travail, donc également la capacité de l'outil de travail.

A partir de 1952 jusqu'en 1960, on entre dans la période de stabilité du Bassin. La production reste constante entre 28 et 29 000 000 de tonnes et le rendement augmente pour atteindre un peu plus de 1.500 Kg à la fin de la période. Au fur et à mesure que le rendement augmente, la production restant constante, les effectifs diminuent relativement lentement, mais à une allure qui n'est pas négligeable puisqu'ils se sont réduits de 4.700 au total dont 1.700 au fond.

Par contre, si cette période est une période de stabilité pour la production, c'est une période de dégradation très vive des résultats financiers du Bassin. Au cours de la période de 1945 à 1952, le Bassin détenait une situation de monopole, mais il n'a jamais pu en profiter pour accumuler ce que l'on appelle aujourd'hui du cash-flow ou moyens financiers qui permettent de garantir les mauvaises périodes. La période 1952 - 1960 ne lui a pas non plus donné la possibilité de lutter à armes égales contre les différents concurrents qu'il a rencontrés, que ce sait le gaz naturel ou le pétrole. Il n'a pas pu augmenter ses prix pendant toute cette période alors que les salaires ont continué à augmenter ainsi que les prix des fournitures. Il n'est pas d'industrie qui puisse résister à pareille situation surtout lorsque l'on sait que dans le prix de revient de l'exploitation de la production de charbon, la main-d'œuvre intervient pour 70 %. Il n'est donc pas étonnant que vers 1960, les résultats financiers se soient dégradas, les bénéfices tombant à 0. On a commencé à entrevoir dès la fin de cette période le spectre du déficit. L'autre conséquence de cette situation a été la diminution des débouchés du charbon.

4 - le déclin et la fin de l’exploitation

A partir de 1960, du fait de l'aggravation de nos résultats financiers d'une part et de la diminution de nos débouchés d'autre part, on entre dans la période qu'on peut appeler période de déclin. Cette période peut être divisée en deux parties : avant et après 1967. Jusqu'en 1966, la décroissance de la production est seulement de 5 à 600 000 tonnes par an, la diminution des effectifs est plus faible que pendant la période précédente, la croissance du rendement n'est pas brillante. A partir de 1967, on entre au contraire dans une période de décroissance extrêmement rapide. Elle atteint 2 000 000 de tonnes par an avec une diminution considérable des effectifs. Pourquoi cette décroissance ? La dégradation des résultats financiers a amené le gouvernement, en 1960, à étudier un plan de régression de la production charbonnière. Ce premier plan Jeanneney fixait des objectifs de production qui n'étaient pas tellement diminués par rapport à ceux de 1960.

Jusqu'en 1966, la situation a été relativement stable. Elle siest très sérieusement détériorée à partir de 1967 à cause de la dégradation accentuée du gisement au fur et à mesure qu'on s'approfondis- sait et de la diminution du personnel compte tenu du fait qu'à partir de 1960, le gouvernement a demandé d'arrêter l'embauchage. Dès cette date, le Bassin a été amené à faire appel à la main d'oeuvre marocaine. En effet, à partir du moment où l'on admet que la production va diminuer et où, par conséquent, les ouvriers doivent se convertir, si l'on veut quand même maintenir l'extraction pendant un temps suffisamment long pour que la conversion se fasse sans difficulté, il était nécessaire de disposer d'une main-d'oeuvre relativement jeune afin que la pyramide des âges ne se détériore pas d'une façon trop grave. En 1966, sur un effectif total de 65 à 70 000 ouvriers, les ouvriers marocains étaient de 11.000 à 12 000. A partir de 1967, devant la diminution des possibilités du gisement, la main-d'oeuvre marocaine a dû être réduite (3 636 ouvriers marocains à fin 1980.)

Il est évident que l'évolution qui s'est produite depuis 1960 (diminution progressive des débouchés et dégradation des résultats financiers) n'a pas manqué d'inquiéter aussi bien les mineurs que la population de la région. Cette inquiétude s'est exprimée a plusieurs reprises d'abord par la grève de 1963, par toutes les manifestations silencieuses qui se sont produites dans un certain nombre de villes de cette région, par la grève de 1968, bien que cette grève ait eu une origine plus nationale que locale, et par la grève d'Auchel -Bruay au début de 1971.

Cette évolution a amené tous les responsables, qu'il s'agisse du gouvernement, des syndicats ou des dirigeants des Houillères, à prendre conscience de la nécessité de prévoir et d'organiser la fin de l'exploitation charbonnière. Lorsque le gisement s'approfondit, les pressions de terrains deviennent beaucoup plus importantes et les conditions de travail sont plus difficiles. Il ne faut donc pas tellement s'étonner que les H.B.N.P.C. abandonne un certain nombre de ressources et que leurs dirigeants aient déclaré que dans les conditions du moment, il ne paraissait guère possible d'exploiter le Bassin au-delà des années 80 à 85.

Entre la thèse du maintien à tout prix de l'exploitation dans le Bassin et celle préconisant l'arrêt le plus rapide possible, les dirigeants des H.B.N.P.C. ont adopté une position raisonnable qui a consisté à essayer d'établir un programme de production et d'effectifs à long terme compatible à la fois avec les possibilités de reclassement du personnel du Bassin. Ce programme conduisait à cesser l'exploitation du Bassin autour des années 1983.

Puis, dans le courant de l'année 1973, donc avant que n'éclate la "crise de l'énergie", les dirigeants des H.B.N.P.C. soulignèrent que le rapide vieillissement du personnel apte aux travaux du fond et l'impossibilité de renforcer le rendement dans un gisement d'exploitation aussi difficile risquaient d'accélérer la chute de production du Bassin. Aussi, dès le deuxième semestre 1973, des mesures furent prises, d'une part, pour suspendre la conversion du personnel apte aux travaux du fond, d'autre part, pour embaucher, dans la région, du personnel ouvrier. Puis est intervenue la "crise" de l'énergie",

Les études entreprises dès le début de 1974 par Charbonnages de France et les Houillères de Bassin à la demande de la Délégation Générale à l'Energie ont eu pour objet de procéder à la réévaluation des réserves exploitables aux nouvelles conditions économiques et d'étudier les modifications éventuelles aux plans de production. Il en ressortait que l'avenir du Bassin ne pouvait être profondément modifié. En effet, le quadruplement du prix du pétrole n'a pas suffi à transformer le "plan social" de conversion des Houillères en plan de relance.

C'est à Oignies également que sera extraite la dernière gaillette de charbon du bassin du Nord-Pas-de-Calais le 21 décembre 1990.

Le bassin de Lorraine

Bien que connu depuis le XVIème siècle, c’est au début du XIXème que l’exploitation du bassin lorrain va connaître son développement. En 1810, deux ingénieurs du Corps Impérial des Mines dressent le premier atlas du bassin houiller sarro-lorrain.

La Sarre qui avait été annexée par la France en 1792, lui a été retirée par le second traité de Paris en 1815 ; elle se trouvait ainsi privée des ressources charbonnières de cette région déjà très connues suite à une exploration systématique ; la perte de ce territoire incita naturellement à développer les recherches de ce côté des nouvelles frontières.

En territoires restés français, les explorations reprennent en 1818 aux alentours de Forbach dans le prolongement du gisement sarrois. Le charbon est découvert à proximité du village de Schoeneck, Dans ce secteur, les recherches sont menées par MM. Duhamel, inspecteur général des mines, Gangloff, ancien inspecteur impérial des mines de la Sarre, Chère, ingénieur aux mines d’Anzin commandités par MM. Claude Joseph Rupied, négociant à Sarrebruck et Jean-Nicolas Thieriet, inspecteur d’assurance à Sarreguemines, et sous la surveillance de M. de Gargan, ingénieur royal des mines. Un permis provisoire est obtenu le 24 mars 1817 et le 22 septembre 1818, est entrepris le fonçage du puits de Schoeneck en bordure du chemin de Schoeneck à Gersweiler. Suite à ce sondage, une demande en concession est déposée le 22 janvier 1818 et la première concession lorraine, "Schoenecken", est attribuée le 10 septembre 1820 au profit la société des houillères de Schoenecken constituée par MM. Gangloff, Thieret et Rupied sur 2.679,5 ha.

Mais ce n’est que 10 ans après le début des travaux que le puits de Schoeneck atteignit les veines exploitables entre 80 et 120 m de profondeur. L’exploitation commença mais sa gestion fut si désastreuse (ennoyage des puits) que les travaux sont arrêtés en novembre 1835 ; la société est dissoute en 1840 et les droit cédés à Gangloff fils et à M. d'Hausen qui reprennent les travaux en 1841.

Ce n’est qu’à partir de 1846 que les conditions économiques, redevenues favorables, rendirent possible le développement de l’industrie houillère en Moselle avec, en particulier, l’extension du réseau de chemins de fer comme la mise en service de la ligne Forbach-Metz en 1852 ; c’est aussi la période de la croissance de l’industrie sidérurgique en Lorraine. En 1853, la maison de Wendel, déjà prospère en Lorraine (Hayange, Moyeuvre) met en service les hauts fourneaux de Stiring.

Cette nouvelle tentative s'avérant tout aussi infructueuse, la concession est vendue en 1846 à Charles de Wendel, à un financier anglais du nom de Tom Hainguerlot et au baron d’Hausen qui créent en 1850 la compagnie des houillères de l’Est puis la Cie des houillères de Stiring en 1853 et entreprennent d’abord plusieurs sondages pour mieux repérer le gisement puis en 1849 le fonçage des puits Ste Marthe et Ste Stéphanie à Stiring, sur l’emprise de l’usine sidérurgique. Mais ces différents fonçages se soldèrent tous par des échecs. A la suite de quoi, Wendel va concentrer ses efforts sur une autre région : Petite Rosselle avec le fonçage du puits St Charles en 1854. Le 27 juin 1856 ce fonçage recoupe à 120 m une veine de 2 m de puissance.

A la suite de cette découverte, les recherches vont progressivement se déplacer vers l’Ouest à Creutzwald, à Carling, à l’Hôpital et à Freyming. Entre 1852 et 1857, 32 sondages sont ainsi effectués ; elles donnerent lieu à l’attribution de 9 nouvelles concessions dont, en 1857, la concession du Hochwald sur 2.424 ha.

Après la défaite de 1870, on assiste sous le régime allemand à la concentration des compagnies et la formation des 3 grandes sociétés d'exploitation : Sarre et Moselle, La Houve et de Wendel. La production se développe rapidement et atteint en 1913, 3.800.000 tonnes.

Le bassin est peu concerné par la guerre 14-18. Après le retour de la Lorraine à la France les installations d'abord mises sous séquestre sont attribuées à des société françaises.

Pendant l'Occupation 1940-45, la Lorraine est à nouveau annexée et les houillères dirigées par du personnel allemand. La région minière est progressivement libérée, Faulquemont, Folschwiller et Merlebach en novembre 1944, Forbach et Petite Rosselle en février 1945.


En avril 2004, les dernières tonnes de charbon sont arrachées au sous-sol français. Huit siècles d’histoire minière s’achèvent avec la fermeture du puits de la Houve à Creutzwald en Moselle. Après la fermeture du siège de Merlebach au mois d’octobre 2003, le puits de la Houve, exploité par les Houillères du Bassin de Lorraine arrête sa production, signant ainsi du même coup la fermeture de la dernière exploitation charbonnière française.

Les mines françaises en activité 2005

Après la fermeture des mines de fer de Lorraine (1998), de charbon (2004) d'uranium, de potasse, d'or (Salsigne fermé en 2004), ne subsistent que des mines de sel (Lorraine et divers autres gisements utilisés essentiellement comme stockages souterrains d'hydrocarbures, notamment à Manosque et Etrez), de bauxite dont une petite exploitation à ciel ouvert subsiste à Villeveyrac (Hérault) dont le minerai n'est pas destiné à la production d'alumine, et d'hydrocarbures (Ile de France, Aquitaine, Alsace).

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