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Oran

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Coordonnées : minutes ou secondes > 60 Modèle:Infobox Commune algérienne Oran ( وهران en arabe Wahrān), surnommée « la radieuse » (الباهية en arabe El Bahia), est la deuxième ville d’Algérie[1] et une des plus importantes du Maghreb. Oran a su préserver son identité tout en s'imprégnant de l'influence de ses occupants successifs. C'est une ville portuaire de la Méditerranée, au nord-ouest de l'Algérie, et le chef-lieu de la wilaya du même nom, en bordure du golfe d'Oran.

La ville est située au fond d'une baie ouverte au nord et dominée directement à l'ouest par la montagne de l'Aïdour, d'une hauteur de 420 m, ainsi que par le plateau de Moulay Abdelkader al-Jilani. L'agglomération s'étend de part et d'autre du ravin de l'oued Rhi, maintenant couvert.

Située à 432 km de la capitale Alger, la commune comptait en 2007 685 000 habitants, tandis que l'agglomération en comptait environ 1 235 000[2]. La ville est un pôle économique et universitaire important[3].


Toponymie

Hôtel de ville, avec les deux lions symboles de la ville

Selon l'explication la plus courante, Oran ou Wahran, est la forme duelle du mot arabe wahr (وهر) « lion » et signifie donc « Deux Lions »[4]. Dans les langues latines, en raison de l'absence de son des lettres w ( و en arabe) et ḥ ( ه en arabe), la transcription de Wahran ou Wohran de l'arabe a donné Oran.

Il est toutefois probable que ce nom soit d'origine berbère[5] et que la ville soit nommée d'après un oued el-haran, cours d'eau dont le nom reçu diverses graphies au cours de l'histoire[5].

La légende retient la première explication et raconte que les derniers lions de cette côte méditerranéenne furent chassés dans la montagne voisine d'Oran, elle aussi dénommée « Montagne des Lions ». Le nom de la ville lui fut donné par l'ancien chasseur de lions Sidi Maâkoud Al Mahaji en hommage à deux lions qu'il avait apprivoisés. Aujourd'hui, deux grandes statues en bronze représentant deux lions mâles sont installées devant l'hôtel de ville en référence au nom de la ville, et le mausolée (Goubba) de Sidi Maakoud Al Mahaji se trouve dans le cimetière de Sidi El Fillali, dans le quartier les Planteurs.

Le nom Oran apparaît pour la première fois dans un portulan génois en 1384[6].

Oran portait auparavant le nom d’Ifri, qui signifie en berbère « la caverne »[5], toponyme sans doute lié aux nombreux abris dans les collines environnantes.

Géographie

Situation

Oran se trouve au bord de la rive sud du bassin méditerranéen ; elle se situe au nord-ouest de l'Algérie, à 432 km à l'ouest de la capitale Alger.

La ville s'élève au fond d'une baie ouverte au nord sur le Golfe d'Oran ; elle est dominée à l'ouest par la montagne de l'Aïdour (429 m d'altitude) qui la sépare de la commune de Mers-el-Kébir. Au sud, elle est bordée par les communes d'Es Senia, par le plateau de Moulay Abdelkader al-Jilani (Moul el Meida), et, au sud-ouest, par une grande sebkha. La ville de Bir El Djir constitue sa banlieue est.

Oran, l'Aïdour, le port.
Oran et sa région.
Communes limitrophes de Nom ?
Nom ?

Climat

Oran bénéficie d'un climat méditerranéen[7] classique marqué par une sécheresse estivale, des hivers doux, un ciel lumineux et dégagé[8]. Pendant les mois d'été, les précipitations deviennent rares voire inexistantes, et le ciel est lumineux et dégagé. L'anticyclone subtropical recouvre la région Oranaise pendant près de quatre mois. En revanche la région est bien arrosée pendant l'hiver. Les faibles précipitation (294mm de pluie) et leur fréquence (72,9 jours par an) sont aussi caractéristiques de ce climat.


  Relevé météorologique d'Oran[9]
Mois Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Année
Températures minimales moyennes (°C) 5,6 7,2 8,3 10,1 12,7 16,8 19,0 19,8 18,1 13,8 9,7 6,8 12,3
Températures moyennes (°C) 10,9 12,3 13,8 15,5 18 21,9 24,6 25,5 23,7 19,5 15,3 12 17,7
Températures maximales moyennes (°C) 16,3 17,4 19,4 20,9 23,3 27,1 30,2 31,3 29,3 25,2 20,9 17,3 23,3
Moyennes mensuelles de précipitations (mm) 43 45 34 20 30 4 3 3 9 22 38 44 294
Nombre de jours avec pluie 8,7 8,5 7,1 7,2 6,9 2,0 1,3 1,8 3,6 6,6 8,4 8,8 72,9
Diagramme climatique

Hydrographie

La sebkha d'Oran

La question de l'approvisionnement en eau a toujours joué un rôle capital car les eaux dont la ville dispose ont toujours été de quantité insuffisante, et sont souvent très chargées de sel[10]. En raison du faible taux de précipitation, les ressources souterraines n'offrent pas à la ville un moyen d'approvisionnement suffisant. En 2002, la wilaya d'Oran est parmi celles d'Algérie qui comptent le moins de forages. Seuls 18 forages en exploitation sont inventoriés[11].

Oran est alimentée en eau par plusieurs barrages notamment ceux du bassin hydrographique de l'Oued Tafna, situé à environ 80 km à l'ouest de la ville[12] et sur le fleuve Cheliff à environ 200 km à l'est de la ville. Ce nouvel ouvrage, entré en fonctionnement en 2009, doit fournir annuellement 110 millions de m3 d'eau pour la wilaya d'Oran[13].

La wilaya d'Oran est également équipée de plusieurs usines de dessalement et prévoit la construction d'une unité à Magtaa d'une capacité de 500 000 m³/jour[14],[15].

La grande Sebkha au sud d'Oran, dans le bassin hydrographique d'Oranie Chott Chergui, est soumise à la Convention de Ramsar[16].Elle est alimentée par un réseau hydrographique complexe venant du Murdjajo au nord et du Tessala au sud. Ce réseau hydrographique fait l'objet de tractations entre les partisans du développement des riches plaines agricoles environnantes d'une part et les défenseurs de l'écosystème d'autre part. La partie septentrionale de la Sebkha a tiré profit de l’expansion et du développement de la ville d’Oran et de son activité industrielle. Celle-ci est maintenant la source d'une pollution importante qui accentue la salinisation de la Sebkha. La partie méridionale est au contraire faiblement exploitée et les infrastructures y sont peu développées.

Le manque d'informations et d'études sur les eaux souterraines et de surface de ce lac ont poussé le Ministère des Ressources en Eau à commander en 2002 une étude globale autour de ce thème[17].

Faune et flore remarquable

Les flamands roses affectionnent particulièrement la sebkha d'Oran.

La ville d'Oran ne recèle aucune zone d'intérêt écologique particulier. À ses abords immédiat l'Aïdour et la grande Sebkha présentent une faune et une flore méditerranéennes caractéristiques.

Les flancs de l'Aïdour sont plantés en pin d'Alep sur une surface de 668 hectares[18]. On y rencontre également des figuiers de Barbarie et des agaves notamment aux abords immédiats du fort de Santa Cruz.

La grande Sebkha est constituée d'une fine pellicule d'eau salée dépourvue de végétation. Cependant, aux environs immédiats de la Sebkha se développe une végétation adaptée au climat sec et à la terre salée de la zone. On y trouve des suæda maritimes, des juncus et de petites touffes de Chamærops humilis. Quelque rares tamaris poussent sur la rive.

Dans la région oranaise, la Sebkha semble être le lieu privilégié des espèces migratrices venant de Gibraltar à l'Ouest. C'est notamment le cas des limicoles, des grues et des flamants roses qui affectionnent particulièrement les zones humides et de très faible profondeur. La présence de flamants roses et de tadornes de Belon est particulièrement développée sur la Sebkha[19].

Topographie

Latitude : 35° 691′ N - Longitude : O° 642′ W Altitude moyenne : environ 60 m

La ville s'étend de part et d'autre du ravin de l'oued Rhi, maintenant couvert, au pied de l'Aïdour et sur une surface d'environ 75 km2[20]. La hauteur de la ville augmente de manière importante une fois passée la zone portuaire. Le front de mer est construit 40m au dessus des flots, les falaises de Gambetta culminent à plus de 50m. La ville monte en pente douce. Elle atteint 70m sur le plateau de Kargentah, puis 90m dans la proche banlieue de Es Senia[21].

La ville est essentiellement construite sur un plateau calcaire, le Murdjajo ainsi que ses abords sont fait d'une couche marno-diatomitique recouverte d'une complexe carboné[22].


La carte d'Oran en 1942 et ses relevés topographiques
Lieu dans la ville Altitude (m)
Port 0 m[21]
Falaises 50 m[21]
Kargentah 70 m[21]
Es Senia 90 m[23]
Sebkha 110 m[24]
Aïdour 429,3m[21]

Géographie administrative

Arrondissements et quartiers

Oran est divisée en douze arrondissements également appelés « secteurs urbains ». Chaque arrondissement ou secteur a sa propre antenne communale, administrée par un délégué communal élu qui gère les affaires administratives, techniques, politiques et sociales.

Le quartier historique par excellence est Sidi El Houari que l'on appelle aussi « les bas quartiers ». Il est considéré comme « le vieux Oran » et recèle à ce jour l'empreinte des diverses occupations qu'a connues la ville : espagnoles, ottomanes et française.

Arrondissements d'Oran

Les quartiers et arrondissements d'Oran.
Anciennes et nouvelles appellations des arrondissements d’Oran
Arrondissement Ancienne appellation Nouvelle appellation
1    Lamur El Hamri
2    La Marine Hai Imam El Houari
3    Protin Hai Esaada
4    Saint-Eugène, Delmonte, Les Castors, Petit Lac Al-Maqqari
5    Medioni, Lyautey, Lamur, Saint-Hubert El-Hamri
6    Boulanger, Choupot, Magnan, Sananès El Badr
7    Carteaux, Point du Jour, Gambetta, Falaises Es-Seddikia
8    Canastel El Menzeh
9    Miramar, Bel Air, Saint-Pierre El Amir
10    Maraval, Cuvelier, les Palmiers El Othmania
11    Cité Petit, Planteurs Bouamama
12    Ekhmühl, Saint-Antoine. Es-Saada

Arrondissement historique

L'arrondissement de Sidi El Houari est le centre historique de la ville. Il se situe au nord ouest de la ville, le long du Ras el Aïn, sur les flanc du Murdjadjo et donne sur la Méditerranée. Il porte les traces du passage de plusieurs civilisations : espagnole, turque et française. On y trouve des fortifications espagnoles du XVIe siècle, la mosquée du Pacha du XVIIIe siècle, Cadi Boulahbal, saint patron de la ville, y est enterré dans un mausolée (Goubba) édifié en 1793 par le Bey ottoman « le borgne » qui y a également fait construire son palais. Enfin, on peut y voir l'ancienne préfecture française du XIXe siècle boulevard Stalingrad.

Quartier La Calère Basse et La Calère Haute en Espagnol (La Calaira) arrondissements de Sidi El Houari qui est située au pied du Djebel Murdjajo est un quartier construit par l’Espagnols était un ancien quartier de pêcheurs au centre historique et patrimoniale d’Oran détruit en 1980. L’historique d’Oran fait de La Calère le premier quartier d’El Bahia.

Arrondissements périphériques

La Wilaya d'Oran porte le numéro 31. Elle compte 25 arrondissements périphérique à Oran qui en regroupent plus de la moitié de la population. Oran est la deuxième ville d'Algérie, mais la plus petite des wilaya d'Algérie.

Oran capitale économique de l’Oranie.

Agglomération oranaise

La métropole oranaise comporte plusieurs communes, dont deux, agglomérées à la ville.

Bir el-Djir constitue la principale ville dans la banlieue immédiate à l'est d’Oran hors des arrondissements. Baptisée Arcole à l'époque coloniale, la commune est située à 8 kilomètres du centre-ville. C'est une ville restée essentiellement agricole jusqu'à la fin des années 1980. Elle accueille aujourd'hui une population de 118 000 habitants, et devient un pôle majeur de l’agglomération oranaise. Elle abrite plusieurs sièges d’entreprises à l'architecture moderniste comme les bâtiments de Sonatrach, le nouveau Centre Hospitalier Universitaire «1er novembre 1954», le Palais des Congrès, des instituts d'enseignement supérieur et la Cour de Justice. On y projette la construction d'un stade olympique de 50 000 places.

La ville d'Es Senia est également limitrophe d'Oran. Connue sous le nom de La Sénia à l'époque coloniale, elle est située au sud, à 7 kilomètres du centre-ville. Elle abrite des zones industrielles, plusieurs instituts universitaires et centres de recherche comme le Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC)[25] ou le Centre d'Études Maghrébines en Algérie (CEMA)[26], et l’aéroport international. Elle sera le terminus du Tramway d'Oran.

D'autres communes plus éloignées font partie de l'aire d'attraction de la ville, sans toutefois faire partie de l'agglomération. C'est notamment le cas de Aïn-el-Turk et de Mers el-Kébir. La première ville se situe au nord-ouest d’Oran à 15 km du centre d'Oran. Il s'agit d'une station balnéaire qui comprend plusieurs édifices hôteliers et complexes touristiques. Le paysage de cette commune change grâce aux nombreux projets entrepris : réseau autoroutier, stations balnéaires, hôpitaux, etc. À 8 km de cette commune se trouve la station balnéaire Les Andalouses.

La commune de Mers el-Kébir se situe au nord-ouest d’Oran à quelque 7 kilomètres du centre-ville. C'est le siège de la marine nationale algérienne, et son port est une importante base navale.

À l'est d'Oran, se trouvent les villages de Canastel, Ain Franin et Kristel.

Histoire

Oran

De très nombreux ouvrages ont été consacrés à Oran, une ville dont les auteurs et chercheurs reconnaissent « le caractère insaisissable ». Beaucoup d'écrivains et d'historiens concluent qu'il faudrait des centaines de livres, peut-être, pour cerner toutes les subtilités d'Oran, ce qui explique la profusion d'ouvrages sur la ville. Certains en racontent l'histoire à travers les siècles et en soulignent l'historicité ; d'autres narrent la vie quotidienne d'Oran et des Oranais[27].

Oran est un lieu de rencontre des cultures, qui conduit à l'effacement des origines. Il y a eu de la place dans cette ville pour toutes les professions de foi, et sans doute l'esprit de tolérance oranais vient-il des épreuves que la ville a endurées à travers les âges. Le dialogue des civilisations s'y est affirmé malgré les drames d'une histoire mouvementée[28].

Oran avant Oran

Période préhistorique

Le site d'Oran fut un lieu d'activité humaine préhistorique comme l'ont révélées les fouilles archéologiques entreprises aux XIXe et XXe siècles. Les vestiges de plusieurs occupations humaines et pré-humaines furent découverts en Oranie. Les artefacts d'hominidés près de Mascara remontent à 400 000 ans, ainsi que les occupations de grottes du Cuartel, de Kouchet El Djir et des carrières d'Eckmühl remontant aux époques paléolithique et néolithique.

Il y a environ 21 000 ans, le groupe des Ibéromaurusiens voit le jour. À 120 km au sud ouest d'Oran, dans la région d'Oujda, la grotte de Taforalt recèle le plus important gisement connu datant de cette époque. Cette civilisation se maintient et se répand sur l'ensemble du Maghreb avant de se métisser progressivement vers le neuvième millénaire avant notre ère avec les populations capsiennes pour former les ancêtres des Berbères modernes.

Antiquité

Si la légende biblique fait remonter à un disciple de Moïse la judaïsation initiale du Maghreb et d'Oran, les premières traces archéologiques antiques montrent que l'arrivée des premiers juifs[29] va de pair avec l'installation dans la région des Phéniciens dont on peut étudier l'immense nécropole des Andalouses datant de la période punique entre le VIe et Ier siècles av. J.-C..

Alors que les Phéniciens avaient choisi la crique de Madagh à l’ouest d’Oran pour y installer leur comptoir, les Romains préférèrent développer le site de Portus Magnus à 40 kilomètres à l’est, sur la ville actuelle de Bethioua[30]. Le port d'Oran ainsi que Mers-el-Kébir étaient connus sous le nom de Portus Divini (Port divin).

La région d'Oran, alors nommée Unica Colonia, est réputée pour sa douceur de vivre et sa prospérité[a 1]. De nombreuses statues antiques retrouvées dans l'oranais peuvent être vues au musée Ahmed Zabana. Au IIe siècle, la région voit une immigration juive depuis la Cyrénaïque et l'Égypte à l'instar du reste du Maghreb[29],[31]. La présence romaine induit vraisemblablement l'arrivée de chrétiens comme l'attestent de nombreux restes du IVe siècle dont certains sont visibles au musée d'Oran[a 2].

Disparition de la Unica Colonia

À la chute de l'Empire romain, la ville s'éteint sous les coups de l'occupation vandales en 445, de la reprise de la ville par les Byzantins en 533, de la peste Justinenne à partir de 541, puis de la conquête arabe en 645[32].

Fondation d'Oran

Au début du Xe siècle, après plusieurs siècles d'abandon, il ne restait rien du Portus Divini. La situation dans la région est confuse et laisse les criques de cette côte sans aucune juridiction stable, ni aucun contrôle officiel[a 3]. Le royaume Rostemides dominant la région est en proie aux combats contre les Fatimides et aux difficultés internes. Il n'est pas en mesure de défendre ses intérêts.

Pour les pouvoirs en place, la zone presque déserte d'Oran est d'un intérêt secondaire et reste sans contrôle.

D'autre part, les côtes du Maghreb étaient utilisées périodiquement par les marins de Pechina, alors sous domination d'Al Andalous, pour commercer avec le royaume Rostemides, sa proche capitale Tahert[a 4] et la ville de Tlemcen. Peu à peu ces implantations devinrent permanentes. Parallèlement, les émirs omeyyades de Cordoue souhaitaient s’installer sur les côtes africaines. Aux premiers signes de dislocation de l’empire abbasside, les Arabes d’Andalousie, au faîte de leur puissance, choisirent de développer des comptoirs commerciaux sur la côte Nord Africaine.

Ainsi Oran fut fondée en 902 par les marins Andalous Mohamed Ben Abou Aoun et Mohamed Ben Abdoun et un groupe de marins, appuyés par les émirs de Cordoue[6],[33]. Ils fondèrent la ville pour commercer avec Tlemcen en développant l'occupation de la baie abritée de Mers el-Kébir.

Période islamique

Peu après sa fondation, Oran devient un objet de conflit entre Omeyyades de Cordoue et Fatimides. La ville est prise et reprise au cours d'un conflit qui durera de 910 à 1082[34].
Dès l'an 1000, la communauté juive est présente et structurée à Oran[b 1]. À cette époque, la valeur stratégique d'Oran dépasse celle d'Alger et de Tlemcen[7].
En 1077, la ville tombe sous le contrôle du fondateur de la dynastie des Almoravides, Youssef Ibn Tachfin, et subit cette souveraineté pendant 68 ans. En 1145, Oran est prise par les troupes Almohades de Abdl al Mumin Ibn Ali déjà victorieuses à Tlemcen, lorsque l'émir almoravide Ibrahim Ben Tachfin et sa favorite Aziza sont tués lors de leur retraite en tombant avec leur cheval du haut d'une falaise de la montagne Murdjajo[a 5], alors qu'ils comptaient rejoindre le port de Mers el-Kébir où ils devaient embarquer pour l’Andalousie[35].

En arrière plan, Bordj El-Mehel (Tour des Cigognes), ou Rozalcazar puis Château-Neuf sous les Espagnols et les Français

Sous le règne almohade, la ville connait une longue période de stabilité et de prospérité de plus d'un siècle au cours de laquelle sont développés le port et des chantiers navals[6]. Malgré des persécutions sous les Almohades, la communauté juive se développe, et entre le XIIe siècle et le XIVe siècle, les Juifs de la Méditerranée occidentale commercent avec les Juifs d'Oran[b 2].

L'empire Almohades qui domine le Maghreb plusieurs décennies s'émiette peu à peu pour finalement donner naissance à trois dynasties locales : Hafsides en 1230, Zianides en 1235 et Mérinides en 1258. Oran devient Zianide dès 1228, quand elle tombe entre les mains de Yaghmurasen. Plus tard la ville est prise par les Mérinides, et Abou El Hassan vient y résider en 1347[36].

« En moins d'un demi-siècle, dit M. L. Fey[37], Oran passa neuf fois sous différents pouvoirs... Ben-Abbad réussit à se maintenir à la tête du gouvernement oranais, à la condition qu'il se reconnaîtrait vassal du royaume hafside (1437) ». Oran accueille dans ses murs à cette époque, le célèbre Mohammed IX al-Aysar, surnommé le gaucher et quinzième roi de Grenade, obligé de fuir devant ses sujets insurgés. À la mort de Ben-Abbad, Oran obéit aux Zianides de Tlemcen. Sous cette nouvelle domination, Oran jouit d'une grande prospérité ; elle devient le centre d'un commerce très actif et très étendu. Marmo et Alvarès Gomès en rendent témoignage[37]. « L'ivoire, les dépouilles d'autruche, les peaux de bœuf tannées, la poudre d'or, les céréales étaient d'inépuisables sources de richesses pour les habitants, qui excellaient aussi dans la fabrication des étoffes de laine et dans celle des armes blanches. Les Vénitiens, les Pisans, les Génois, les Marseillais et les Catalans achetaient à l'envi ces produits, écoulant par contre des étoffes, des verroteries, de la quincaillerie grossière et du fer. » Oran compte alors 6 000 maisons, des mosquées splendides, de vastes entrepôts commerciaux et de nombreux superbes édifices. Plusieurs édifices remarquables datent de cette époque, comme les fortifications de Mers El Kébir et probablement des donjons du Rozalcazar.

Au XIVe siècle, Oran devient un centre intellectuel[36]. Plusieurs écrivains y séjournent et en vantent les attraits :

Carte des relations commerciales d'Oran au XIVe siècle
  • Ibn Khaldoun : « Oran est supérieure à toutes les autres villes par son commerce. C'est le paradis des malheureux. Celui qui arrive pauvre dans ses murs en repart riche »[38].
  • Al Idrissi : « Wahran est près du bord de la mer, elle fait face à Alméria sur la côte d'Andalousie dont elle est séparée par deux journées de navigation. Marsa El Kébir est un port sans pareil sur tous les rivages de la Berbérie. Les navires d'Andalousie y viennent souvent. On trouve à Wahran, des fruits à profusion. Ses habitants sont des hommes d'action, puissants et fiers »[39].
  • Ibn Khémis : « Les deux villes frontières qui m'ont plu dans le Maghreb sont Oran de Khazer et Alger de Bologhine »[39],[40].
  • Léon l'Africain : « Oran est une grande cité bien fournie d'édifices et de toutes sortes de choses qui sont séantes à une bonne cité, comme collèges, hôpitaux, bains publics et hôtellerie, la ville étant ceinte par ailleurs de belles et hautes murailles »[39].

Lors de la première expulsion en 1391 de juifs d'Espagne, les Séfarades prennent le chemin du Maghreb. En 1492, à la suite du décret de l'Alhambra, Séfarades et Marranes embarquent dans 25 navires au port de Santa Maria à Cadix à destination d'Oran[b 3].

À cette époque, Oran est une République maritime, une cité-État se comportant en principauté détachée du royaume zianide[7]. La ville est en guerre contre les souverains de Tlemcen et les habitants refusent d'avoir un gouverneur au sein de la cité. Ils choisissent chaque année un Juge Souverain ainsi que des assesseurs pour le gouvernement de la ville. Les pouvoirs de la cour de Tlemcen sont limités à la perception de l'impôt[41].

À partir de 1493, Oran accueille un nombre important de réfugiés grenadins chassés par la Reconquista. L'envie de vengeance, de reconquête, et le grand nombre de réfugiés vont faire de la côte algérienne le point de départ d'un grand nombre d'attaques contre l'Espagne chrétienne. Au début du XVIe siècle, les Rois Catholiques au sommet de leur puissance, vont ordonner en retour l'annexion de nombreux ports d'Algérie. L'appui militaire ottoman chasse les Espagnols de tous les ports conquis, à l'exception de ceux d'Oran (1509-1708) et de Mers el-Kébir (1505-1792)[42].

Période espagnole

Au mois de juillet 1501, quatre ans avant les Espagnols, les Portugais lancent une expédition pour tenter d'accoster sur la plage des Andalouses. Il faut attendre le débarquement de Mers-el-Kébir, en 1505, pour voir l'Espagne s'engager dans la première expédition organisée contre Oran.

Oran compte alors 6 000 feux, soit environ 25 000 habitants. Au lendemain de sa chute, le 17 mai 1509, Oran est désertée de ses habitants et totalement occupée par les troupes espagnoles. « C'est la plus belle ville au monde », s'écrie le cardinal Jiménez de Cisneros après avoir vu la ville qu'il vient d'annexer pour le compte des Rois Catholiques[a 6]. Cette même année, il fait construire sur les ruines de la mosquée Ibn El Beitar l'église Saint-Louis qui domine la vieille ville.

Lampe nasride pillée d'une mosquée d'Oran.
Francisco Jiménez de Cisneros
Débarquement des Morisques au port d'Oran (1613, Vicente Mestre).

En 1554, le gouverneur comte d'Alcaudete fait alliance avec le sultan marocain Mohammed ech-Cheikh contre les Turcs alors installés à Alger, et parvient à maintenir la présence espagnole.

Les Espagnols procèdent à des travaux de restauration de la forteresse destinée à loger les gouverneurs de la ville. « Les fortifications de la place se composaient d'une enceinte continue, surmontée de fortes tours espacées entre elles, du château proprement dit, ou casbah ». Le gouverneur espagnol « établira son quartier général dans ce donjon »[43]. Au XVIe siècle, les Espagnols font d’Oran une place forte et construisent une prison sur un éperon rocheux près de la rade de Mers El Kebir, avant que le marquis de Santa Cruz n'entreprenne en 1563 la construction d'un fort à son nom au sommet de l'Aïdour, baptisé Murdjadjo par les nouveaux maîtres de la ville. En 1568, la ville reçoit la visite de Don Juan d’Autriche.

À partir de 1609, à la suite d'un décret d'expulsion d'Espagne, plusieurs vagues de Morisques débarquent à Oran et beaucoup s'établissent dans les environs[44]. En 1669 c'est au tour des Juifs, traités d'ennemis de la religion, d'être expulsés des quartiers de Ras El Ain et du Ravin Blanc. Certains s'établissent dans la montagne de La Corniche Supérieure.

Malgré ses fortifications, la ville est l'objet d'incessantes attaques jusqu'au pied même des remparts. En 1707, Moulay Ismaïl, sultan du Maroc ayant tenté d'en forcer la défense du Rocalcazar, voit son armée décimée. En 1708, le Bey turc Mustapha Ben Youssef annexe la ville qui devient pratiquement déserte. Les Espagnols la récupèrent en 1732. Oran retrouve alors pour quelques années une croissance continue qui l'oblige à se développer hors de ses murs. Les remparts sont peu à peu démolis. En 1770, Oran compte 532 maisons particulières et 42 édifices, une population de 2 317 personnes plus 2 821 déportés libres qui vivent du négoce. Entre 1780 et 1783,Charles III d'Espagne propose à l’Angleterre d’échanger Oran contre Gibraltar. Mais en 1790 un tremblement de terre et l'incendie qui s'en suit font plus de 3 000 victimes et détruisent complètement la ville.

La ville est devenue trop périlleuse et trop onéreuse à reconstruire et à défendre pour le roi d'Espagne Charles IV ; il entame des discussions de plus d'un an avec le Bey d'Alger pour la lui céder. Après un long siège et un nouveau tremblement de terre qui désorganise les défenses espagnoles, un traité est signé le 12 septembre 1792. Le bey Mohamed Ben Othman, dit Mohamed El Kébir, prend possession d'Oran.

Période ottomane

Mosquée du Bey, Oran
Blason de l'Empire ottoman.

Après une première annexion de la ville entre 1708 et 1730, le Bey d'Alger négocie entre 1790 et 1792 la cession de la ville et en fait sa capitale jusqu'en 1830 au détriment de Mascara.

Le 8 octobre 1792, il accorde diverses faveurs aux Juifs pour qu’ils se réinstallent à Oran. En 1793 s'achève la construction de la mosquée du Bey Mohamed el Kébir, qui servit de Médersa et de cimetière familial au bey. En 1793 toujours, le bey fait édifier le mausolée (Goubba) du saint patron de la ville au nom de Cadi Boulahbal. En 1794, des pèlerins venus de la Mecque apportent une nouvelle épidémie de peste et la ville redevient pratiquement déserte.

En 1796, la Mosquée du Pacha, nommée en l'honneur d'Hassan Pacha, dey d'Alger, est construite par les Turcs avec l'argent provenant du rachat des prisonniers espagnols, après le départ définitif de ces derniers. Le premier imam de la Mosquée, Sidi Mohamed Es-Senni Al Mahaji a été l’un des conseillers du bey d’Oran et inspecteur principal sous le règne du bey Mohamed El Kèbir. En 1800, Ben Abdelkader ben abdallâh Al Mahaji obtient le poste de cadi d’Oran, qu’il conserve jusqu’à sa mort.

Colonisation française

Conquête de la ville

Armoiries de la ville d'Oran pendant l'administration Française.
Vue d'Oran depuis le fort de Santa Cruz au sommet de l'Aïdour, avec la Montagne des lions à l'est de la ville (en haut à gauche).

Lorsque le le général comte Denys de Damrémont prend Oran, la ville porte encore les stigmates du tremblement de terre de 1790 et est en grande partie détruite. Un premier recensement de 1831 indique que la ville compte 3 800 habitants dont 3 531 juifs formant une écrasante majorité. Les premières mesures de l'administration militaire sont de raser les habitations qui masquent la vue à l'Est entre Château Neuf et le Fort Saint Philippe, puis au coteau du Ras El Ain pour réduire les risques d'embuscades. En 1832, Abd El Kader (qui obtient une fatwa des tribus d'Al Mahaja) dirige le soulèvement contre la conquête coloniale française. Dès 1834, il commence son œuvre avec le traité Desmichels, puis étend son emprise lorsqu'en mai 1837 le Traité de Tafna lui reconnaît le titre d’Émir et consacre son autorité sur la majeure partie des provinces algéroises et oranaises, aux exceptions des villes d'Oran, Mostaganem et Arzew. Abd El Kader groupe ses territoires, assied sa puissance politique et unifie administrativement les populations dans un sens égalitaire et populaire contre les Français.

Développement et peuplement

Place d'armes.

Entre 1841 et 1847, le général Lamoricière réorganise la ville par la création de quartiers (village nègre, ville nouvelle), le déplacement de populations autochtones, puis l'adaptation de la ville à la politique de colonisation de peuplement. C'est ainsi qu'Oran voit une vague d'immigration européenne : 47 300 Français venus d'Alsace, des Vosges, du Dauphiné et du sud de la France, 31 000 Espagnols, 8 800 Maltais, 8 200 Italiens et 8 600 Suisses et Allemands. La ville est décimée par une grave épidémie de choléra (du 11 octobre au 17 novembre 1849, 1 817 décès sont déclarés à l’état civil) avant de recevoir dix après une vague de migrants juifs de Tétouan.

Devant la rapide croissance d'Oran le développement d'un port adapté à l'envergure de la ville est décidé. Les premiers travaux commencent en 1848. Ils ne finiront qu’en 1962 et donnent son aspect actuel au port.

L'empereur Napoléon III séjourne en 1865 à l'Hôtel de la Paix[b 4] et offre la nationalité française aux Juifs et Musulmans, ainsi qu'aux étrangers justifiant de trois années de résidence en Algérie[45]. Ce décret provoque des résistances parmi les colons et il faudra attendre le décret Crémieux du 24 octobre 1870 pour permettre à 37 000 Juifs d'Algérie de passer du statut de sujet français à celui de citoyen. Comme en métropole, Oran suit à cette période le développement de l'antisémitisme politique.

Tournant du siècle

À partir de 1890, la ville connait une croissance continue. La ville dépasse les 100 000 habitants au changement de siècle. À l'étroit à l'intérieur de ses remparts, elle sort de ses limites, se développe sur le plateau vers Karguentah. De nombreux faubourgs se créent : Saint-Antoine, Eckmuhl, Boulanger, Delmonte, Saint-Michel, Miramar, Saint-Pierre, Saint Eugène, Gambetta. Elle devient le lieu d'une activité intense :

  • dans les jardins de l’orphelinat de Misserghin, le père Clément crée la clémentine en 1892 ;
  • en 1930, le Port d’Oran dépasse en tonnage celui d’Alger ;
  • entre1930 et1932, plusieurs records aériens mondiaux de durée et de distance en circuit fermé sont établis sur l'aérodrome d'Es Senia.

Oran est la cinquième ville de France[a 7].

Débarquement des troupes américaines à Oran.
Opération Torch
Opération Reservist (en) à Oran

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale Oran est le lieu de plusieurs évènements majeurs. Le 3 juillet 1940 a lieu la bataille de Mers el Kebir entre les flottes anglaises et françaises, qui entraîne la perte de 3 cuirassés, la mort ou la disparition de 1 297 marins ainsi que 351 blessés. Le 10 novembre 1942, Oran capitule lors de l'opération Torch. Le même mois, les Américains débarquent dans la baie, point de départ de la campagne d’Italie.

En 1942, les habitants de l’Est d’Oranie fuient en masse vers la ville d’Oran. La ville incapable de les accueillir devient insalubre, et les migrants sont surnommés Chéragas[46]. En 1943, le café El-Widad est créé par un groupe de militants nationalistes en plein centre-ville européen. Cet établissement va jouer un important rôle dans le développement du patriotisme algérien. Au fil du temps, il devient un centre de regroupement des différentes tendances représentatives des partis de l'époque.

Après guerre et prémisses de la guerre d'Algérie

Après les Massacres de Sétif et Guelma, le 8 mai 1945 , les familles oranaises adoptent des orphelins venus de l’est du pays. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, et à la veille de la guerre d'Algérie, Oran est démographiquement la ville la plus européenne de l'Algérie ; c'est aussi celle où la population d'origine espagnole a la plus forte prépondérance numérique. En 1948, la ville compte 352 721 habitants. La population oranaise originaire d'Espagne est estimée à 65 % du total des Européens, eux-mêmes plus nombreux que les musulmans[47].

En mars 1949, Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, responsables du PPA, préparent depuis « l'hôtel de Paris » le cambriolage de la poste d’Oran. Ce vol rapporte 3 070 000 francs et sert de trésor de guerre initial au FLN.

Guerre d'Algérie

Le 1er novembre 1954 marque le début de la Guerre d'Algérie. Larbi Ben M'Hidi commande la Wilaya v qui englobe toute l'Oranie. À cette époque le FLN dispose de 50 à 60 hommes dans l'Orannie[48]. Il laisse le commandement de la Wilaya à Boussouf au début de l'année 1957[49]. Ahmed Zabana fut désigné responsable de la zone de Zahana (Saint Lucien) dans la banlieue d'Oran. Il est chargé de préparer la Révolution avec le nécessaire en hommes et munitions[50]. Le 2 novembre 1954, quelques jours après son retour d'Égypte, Zeddour Mohamed Brahim Kacem (fils de Si Tayeb Al Mahaji), stratège de la révolution algérienne, est arrêté avec un responsable du mouvement nationaliste au Caire.

Le , dans les environs d'Oran se déroule la bataille de Ghar Boudjelida, au cours de laquelle Ahmed Zabana est capturé après avoir été atteint de deux balles. Il est incarcéré à la prison d'Oran, puis transféré à la prison Barberousse (Serkadji) avant d'être exécuté le 19 juin 1956[51]. Il fut le premier condamné à mort de la Guerre d'Algérie[52]. Deux ans plus tard, Cheriet Ali Chérif est le dernier combattant à être exécuté par la guillotine.

Le , le 14e R.C.P. de Toulouse débarque à Oran. La flotte basée à Mers el Kebir participe à l'interception de plusieurs cargaisons d'armes livrées depuis le bloc soviétique, notamment à l'arraisonnement de l'Athos le 16 Octobre 1956[48]. Lors de la visite du général de Gaulle en Algérie, entre le 9 et le , les violentes manifestations dans la ville provoquent plusieurs morts. Deux ans après, alors que les Français ont accepté par référendum le principe de l'autodétermination de l'Algérie, les affrontements entre musulmans et Européens éclatent à Oran en septembre 1961.

Dans la ville à majorité européenne, l'OAS est particulièrement violente et s'attaque souvent aux Européens en désaccord avec elle. La ville est l'ultime refuge de l'organisation. En décembre 1961, elle tue le colonel Rançon, chef du 2e Bureau d'Oran. Le 28 février 1962 une voiture piégée cause la mort de 30 algériens dans la ville. Le mois suivant, des incidents entre l'OAS et les forces de l'ordre éclatent en marge de l'arrestation du chef de l'organisation en Oranie, le général putchiste Edmond Jouhaud. Quatre jours plus tard, cette organisation tente de soulever les Européens pour chasser les Algériens d'Oran. Fin avril, une bataille éclate entre les gendarmes et l'OAS. Le 14 juin, le général Ginestet et le médecin-colonel Mabille sont assassinés. Trois jours plus tard, l'OAS capitule à Oran[48].

Indépendance

Le 5 juillet 1962, alors que toute l'Algérie fête son indépendance, un drame se déroule à Oran, c'est le massacre d'Oran[53]. La foule se lance dans un massacre vengeur d'occidentaux. Le Général Katz refuse d'intervenir. Le lieutenant Rabah Kheliff, musulman de 29 ans à la tête de 300 soldats, pose un ultimatum à un détachement de l'ALN et réussit à libérer 400 des Européens retenus en otage. Condamné à mort par le FLN, il se réfugie en France[54],[55].

Les Accords d'Évian prévoient la location de la base navale de Mers El-Kébir et de ses annexes militaires pour 15 ans. Elle sera rétrocédée en 1967.

Le 17 juin 1965, Oran abrite le match amical du siècle opposant l'Algérie au Brésil, joué au Stade Ahmed Zabana devant 60 000 spectateurs. Ahmed Ben Bella, le premier Président de la république algérienne, et ancien joueur de l'Olympique de Marseille, est présent.

Durant les années 70 l’industrie pétrolière s’est installée à Arzew. Les autorités de l'époque détournent le barrage de Tafna vers la zone industrielle et le port d’Arzew situé à 50 km de la ville d’Oran pour assurer les exportations de pétrole et de gaz, privant la capitale de l'Ouest algérien d'une grande quantité d'eau douce.

Au début des années 80, les autorités ont démoli illégalement le quartier de La Calère (La Calaira en espagnol). C'était un quartier situé au pied du Murdjajo et construit par les Espagnols lors de leur présence dans la ville. Cet ancien quartier de pêcheurs du centre historique et patrimonial d’Oran était considéré comme le plus ancien quartier d’El Bahia.

La quasi totalité des grandes salles de cinéma ferment leurs portes. C'est le cas de «l'Empire», «l'Escurial», «le Régent», «le Colisée», «le Balzac», «le Lynx», «le Club» et «le Century». Les cinémas des quartiers subissent rapidement le même sort. Ils sont tous fermés et convertis à des activités artisanales et commerciales. C'est le cas des cinémas de quartier «Le Mondial» (Choupot), «Luxe» (Lamur),« Magique» (Saint-Antoine), «Lido» (Gambetta), «capitole» (Boulanger), «Alcazar» et «Olympia» (Saint-Eugène), «Studio» (Saint-Pierre).

Tahtaha (place populaire de Mdina Djdida)

Le début des années 90 voit une vie politique dominée par les conservateurs religieux. La victoire du FIS en décembre 1991 au premier tour des élections législatives, puis l'annulation du scrutin au lendemain du vote, mèneront à des manifestations politiques de toutes tendances à Oran comme dans le reste de l'Algérie.

À partir de 1992 débute une longue période de violences. Elle oppose l'État aux ultra-conservateurs religieux qui forment des groupes armés. Oran est relativement préservée de ces violences qui déchirent le pays. Elle verra néanmoins certains de ses célèbres citoyens tués à cause de l'intolérance : Abdelkader Alloula, considéré dans tout le Maghreb comme l'un des plus populaires dramaturges, est assassiné le 10 mars 1994 ; le 29 septembre de la même année, Cheb Hasni, Roi du Raï, est à son tour la victime de terroristes.

Démographie

Évolution de la population

Population totale

À la veille de la colonisation française, il y avait à peine 18 000 habitants à Oran et dans ses faubourgs. Alors que, pendant ses périodes fastes, la ville ne semble pas avoir accueilli plus de 30 000 habitants[b 5], la population oranaise double ce chiffre seulement 50 ans après l'arrivée des Français. Moins de 70 ans après le début de la colonisation, Oran passe le cap des 100 000 personnes pour devenir la cinquième ville française. Au début du XXIe siècle, elle est l'une des grandes agglomérations du Maghreb et se rapproche régulièrement de 1 000 000 d'habitants intramuros.

Depuis 1831, la population ne connait qu'une seule phase de contraction importante : lors de la guerre d'Algérie, après les accords d'Évian, la population européenne abandonne la ville. La moitié d'Oran se retrouve alors désertée et les logements laissés vides sont rapidement réinvestis après l'indépendance.


Population de la commune d'Oran de 1831 à 2010
1831 1876 1886 1896 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1948 1953 1954
18 000 45 640 63 929 80 981 101 009 118 023 138 212 145 183 187 981 217 819 352 721 415 299 457 972
1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
286 000 305 000 325 000 385 000 466 000 537 000 604 000 647 000 675 000 706 000 765 000 852 000
Recensements avant 1955[b 6] ; recensements à partir de 1955[56].

Évolution des populations à Oran

Évolution de la population à Oran. On note clairement la période de la guerre d'Algérie en 1954

Dès 1832 la ville est très majoritairement européenne. Le recensement de 1921 compte 138 212 habitants dont 20 059 Algériens et 118 153 Européens, soit plus 85% d'Européens.

Conséquence de la loi d'immigration de 1889, la population augmente rapidement. Quarante ans après, en 1961, le chiffre total de la population passe à 433 000 personnes. Mais alors que la population européenne a à peine doublé, augmentant à 213 000 personnes, la population algérienne est multipliée par onze en passant à 220 000 personnes. Si Oran reste en 1954 la plus européenne des villes d'Algérie avec 64,5% de sa population européenne dont une majorité d'Espagnols, elle attire les populations du Sud. En 1961, le rapport de force démographique est légèrement inversé en faveur des populations algériennes et Oran doit sa croissance démographique beaucoup plus aux Algériens, qui ont récupéré les maisons abandonnées par les Européens[57].

À la veille de la guerre d'Algérie Anne-Marie Duranton-Crabol[58] affirme que « Oran était donc une ville européenne. » , suivant en cela Benjamin Stora[59]. Ce rapport démographique explique selon elle la forme particulière que revêtit ici la violence de la guerre d'Algérie. Michel Coquery note qu’« Oran [...] s’était crue longtemps une ville seulement européenne. En moins de vingt ans, elle est devenue une ville où la population musulmane est plus nombreuse que celle de Constantine »[60]. Ses estimations contredisent les idées reçues.

Le début de la guerre d'Algérie provoque le départ de 200 000 Européens[61], les populations investissent la ville coloniale ; c'est la fin d'une dualité de la population oranaise. Dans un premier temps, l'appropriation est seulement physique et démographique[62].

Population actuelle

Origine de la population actuelle

Diverses études de population[63],[64] concluent qu'en 2007, les population algériennes et oranaises étaient pour plus de 78% d'origine berbère ou moyenne-orientale. La dualité de la population de l'époque coloniale n'existe plus.


Origines berbères Moyen-Orient & Ethiopie européen Sub-Saharien Non classés Total
pourcentage de la population 50,9% 27,4% 12,8% 7,8% 1,1% 100%

Pyramide des âges

La pyramide des âges[2] met en avant une importante population jeune : 42,3% de la population a moins de 20 ans et 62,6% est âgée de moins de 30 ans.

On note également une diminution des naissances à partir de 1993, sans qu'il soit possible de déterminer si la cause en est la guerre civile algérienne, un appauvrissement de la population ou un meilleur contrôle des naissances.

HommesClasse d’âgeFemmes
4 906 
80 et +
7 317 
5 213 
75-79
6 532 
8 188 
70-74
9 138 
13 933 
65-69
14 825 
18 634 
60-64
19 752 
21 816 
55-59
21 410 
23 705 
50-54
24 996 
36 066 
45-49
34 519 
43 507 
40-44
43 503 
52 650 
35-39
52 740 
67 208 
30-34
66 687 
74 470 
25-29
74 446 
82 290 
20-24
81 635 
89 431 
15-19
86 954 
89 154 
10-14
87 144 
81 447 
5-9
78 682 
78 644 
0-4
76 015 

Société

Le taux le plus faible de consanguinité en Algérie a été enregistré à Oran avec seulement 18,5%[65].

Architecture et urbanisme

Paysage urbain

Si le quartier historique mêle les architectures espagnole, turque et française, le plateau de Karguentha, avec ses immeubles hausmaniens et son front de mer inspiré de celui de Nice est représentatif de l'architecture française.

Au lendemain de l'indépendance, les plans d'équipement des communes, le plan triennal et le premier plan quadriennal ont eu très peu d'influence sur l'extension et l'urbanisation de la ville vidée de la majorité de ses habitants. L'administration achève les programmes du plan de Constantine et reconvertit quelques espaces militaires en bâtiments universitaires.

Avec le deuxième plan quadriennal, le PMU en 1975 et le PUD en 1976, l'urbanisation prend un nouvel essor. Ces développements se font dans la continuité des plans d'urbanisation coloniale. Ils conservent les mêmes formes et les mêmes axes. En conséquence, les résultats se situent dans la lignée des villes française à la même époque. De 1978 à 1991, l'extension d'Oran est marquée par l'urbanisation de la deuxième couronne en 1986, la construction des ZHUN et de quelques lotissements.

La ville bloquée par l'Aïdour à l'ouest continue de s'étendre à l'Est. L'absence de planification urbaine provoque la paupérisation et l'exclusion des quartiers ouest (Planteurs, Ras El Ain et Sidi El Houari). Le tissu urbain historique dépérit. L'agglomération se développe autour des villes coloniales récentes comme Alberville, Fernanville ou Bir El Djir.

La pression démographique constante entraîne un important déficit de logements. Les programmes locaux se sont avérés nettement sous-dimensionnés. Dans le cadre du programme présidentiel du million de logement, la commune d’Oran a acquis un important parc de nouveaux logements et a pu loger ou reloger des familles vivant dans des logements insalubres ou précaires (Raz el Aîn, Planteurs). Ce programme reste toute fois très insuffisant au regard de la surface d'habitat précaire d'Oran. Bloquée par l'Aïdour, la ville se développe vers l’est. À l’ouest, le quartier de Sidi El Houari bénéficie d'un plan de sauvegarde du bâti historique. Ce plan concerne les parties historiques et les monuments du quartier, au détriment du bâti résidentiel, ainsi que les vestiges archéologiques[66].

En 2008, les routes, les voiries et l'infrastructure en général sont sous-dimensionnées par rapport à la population de la ville et souffrent d'importants manques d'entretien et d'investissements. Un programme de réhabilitation et d'investissement a été lancé.

Édifices religieux

Dans une ville où le mélange des religions a longtemps été la norme, il est naturel de rencontrer des lieux de cultes variés. Oran compte des édifices pour les trois religions du livre. Les deux mosquées historiques sont situées dans le vieux quartier Sidi El Houari. La mosquée du Pacha a été construite en 1797 sous le règne du bey Mohamed El-Kèbir sur ordre de pacha Baba Hassane[67], et la mosquée du Bey a été construite 4 ans plus tôt.

Les deux principaux lieux de cultes chrétiens sont la cathédrale et la Chapelle Santa Cruz. La cathédrale d'Oran de style romano-byzantin, fut édifiée de 1904 à 1913. Son grand orgue Cavaillé-Coll-Mutin fut inauguré le 3 février 1918[68].

La chapelle de Santa Cruz fut construite en 1850 en contrebas du fort de Santa Cruz, après l'épidémie de choléra de 1849 qui avait fait plusieurs centaines de victimes. Elle est dédiée à la Vierge (Notre-Dame du Salut). La statue originale de la Vierge rapatriée en 1962 est dans une chapelle construite dans une grotte à Nîmes.

Enfin, la grande synagogue fut construite entre 1880 et 1917 sur le plateau Kargentha.

Il est à noter que la cathédrale fut transformée en bibliothèque en 1983. En 1975 la synagogue devient la mosquée Abdellah Ben Salem, du nom d'un un riche juif médinois converti à l'Islam. Enfin les offices à la chapelle Santa Cruz sont anecdotiques.


Autres lieux notables

Espaces verts

La promenade de Létang est un ensemble de jardins en terrasse au pied du Château neuf. Les jardins sont plantés d'espèces variées et dominent la mer. La promenade est nommée d'après le Général Georges de Létang en 1837 qui initia sa construction. Elle fut classée monument historique en 1932.

L'Aïdour est un lieu privilégié de ballades pour les Oranais. Ils peuvent y découvrir le fort et la chapelle de Santa Cruz, domine la mer et la ville dans une végétation méditerranéenne, notamment des pins d'Alep, des figuiers de Barbarie et des agaves. L'accès se fait par la route, par des sentiers ou par téléphérique.

La gare

Gare ferroviaire

L'architecture de la gare d'Oran construite lors de la colonisation française reprend les symboles des trois religions du livre. Ainsi son aspect extérieur est celui d'une mosquée, où l'horloge a la forme d'un minaret ; les grilles des portes, fenêtres et plafond de la qoubba (dôme) portent l'étoile de David ; alors que les peintures intérieures des plafonds portent des croix catholiques.

Fortifications

Le fort de Mers el-Kébir

Oran abrite la plus grande concentration de forts militaires d'Afrique[b 7] Les fortifications qui entourent Oran se répartissent en deux groupes :

  1. celles qui dominent le ravin à l'Est, dont les principales étaient les châteaux de Saint-Philippe, Saint-André et Rosalcazar ;
  2. celles de l'Ouest, bâties sur le pic de l'Aïdour, les châteaux de Santa-Cruz et de Saint-Grégoire.

Tous les grands forts de la ville étaient entourés de fossés profonds, dont le bord était garni d'énormes palissades armées de fer.

Porte d'Espagne

Située dans la vielle Casbah, la porte d'Espagne est l'un des plus importants vestiges encore préservés de l'architecture espagnole à Oran. Elle fut exécutée en 1589 sous l'ordre du capitaine général Don Pedro de Padilla. Malheureusement, le riche écusson qui en ornent le faîte a subi des dégâts irréversibles[b 8].

Arènes

Arènes d'Oran

Symbole par excellence de la forte présence espagnole à Oran, la ville possède les seules arènes d'Afrique et, durant la colonisation française avait une bonne réputation tauromachique.

Culture

Musées

Le musée Ahmed Zabana[69], ancien musée Demaegt est créé en 1879 par la Société de géographie et d’archéologie de la province d’Oran. Les bâtiments actuels datent de 1933. Le musée est depuis 1986 sous la tutelle du Ministère de la Culture et a été rebaptisé « Musée National Ahmed Zabana ». Il comporte sept sections centrées sur Oran et sa région : beaux arts, El Moudjahid, numismatique, préhistoire, vieil Oran, ethnographie et histoire naturelle.

Le Musée du Moudjahid d’Oran se situe dans la commune de l'USTO, il recouvre la mémoire physique de la lutte pour l'indépendance nationale durant la Guerre d'Algérie.

Musique

Si l'éveil musical de la ville remonte à l'entre deux guerres et au phénomène de citadinisation du bédouin, avec des chanteurs comme Abdelkader El Khaldi ou Cheikh Hamada, le style Oranais, Wahrani, est plus récent. Il allie l'art du melhoun avec des éléments bédouins et espagnols, et se veut plus universel. Il est remis à la mode dans les années 1960 par des chanteurs tels que Ahmed Wahby avant d'être développé plus tard dans la chanson oranaise (Cheikh Fethi, par exemple)

Oran, capitale du Raï

Oran est la capitale du raï, style musical issu d'anciennes traditions algériennes. Comme le chant wahrani, les chant bédouins ou la musique marocaine, le raï a longtemps été considéré comme une musique vulgaire avant d'être développé dans les années 1960 et 1970 par des chanteurs comme Bouteldja Belkacem. Le style a été révolutionné par des chanteurs oranais ( Mohammed Maghni, Rachid Baba Ahmed) dès le début des années 1980.

Ce style musical, et les messages hédonistes et contestataires qu'il véhicule, a été dans un premier temps méprisé par les autorités algériennes avant d'être associé à la culture algérienne dans son ensemble.

Festivals et évènements

Logo du festival national de la chanson Raï

Oran organise plusieurs festivals. Les plus célèbres sont sans doute le Festival du Raï et le Festival International du Film Arabe qui sont organisés chaque année à Oran[70].

Le Festival de la musique et de la chanson oranaise impose à chaque artiste de participer avec au moins une nouvelle chanson. Il a lieu peu après le festival de la chanson Rai, du 26 au 31 août. Enfin, le salon national de la peinture des enfants est organisé par l'association Le Libre pincea à la maison de la culture Zeddour Mohamed Brahim Kacem. Il regroupe des enfants des 48 wilayas algériennes, soit en moyenne 3000 enfants.

Enseignement

Oran est un pôle universitaire important[c 1], la ville et sa banlieue comptent plusieurs universités telles que l'Université d’Oran-Es-Sénia[71], l'Université des Sciences et Technologies[72] ; conçue par l’architecte japonais Kenzo Tange, ainsi que l'École normale supérieure d'enseignement technique d'Oran (ENSET)[73]. La ville abrite enfin plusieurs établissements d’enseignement supérieur tels que l'Institut National des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication[74] et l'Institut des Sciences Médicales.

La ville comporte par ailleurs de nombreuses écoles de commerce et de gestion : l'École de formation en gestion, informatique et commerce Ibn Sina (EGIC Ibn Sina), l'Institut de Développement des Ressources Humaines (IDRH)[75],[76].

Lors de l'année universitaire 2007/2008, on y comptait 63 094 étudiants[2].

Bibliothèques

En dehors des bibliothèques universitaires, Oran compte cinq bibliothèques principales :

  1. La bibliothèque régionale d'Oran est installée depuis 1983 dans l'ancienne cathédrale. Elle compte une médiathèque au sous-sol et possédait en 2006 un nombre de 60 000 ouvrages[c 2] ;
  2. La bibliothèque municipale, est située dans une aile du Palais des Beaux-Arts, elle abrite 29 000 volumes et quelques manuscrits arabes[77] ;
  3. La bibliothèque biomédicale d'Oran, créée en 1990 par le Conseil du Diocèse. Le développement et la gestion est confiée à la communauté des « Pères blancs »[78] ;
  4. L’Institut Cervantes d’Oran a sa propre bibliothèque, elle était composée en 2007 de 2 500 documents de la culture espagnole et hispano-américaine[42] ;
  5. La bibliothèque du Centre Culturel Français compte également un vaste trésor d'ouvrages dans la langue française dans les différents domaines culturel, scientifique, littéraire et technique[79].

Oran en littérature

De nombreux écrivains ont fait d'Oran le théâtre de scènes de leurs livres. Le célèbre hidalgo Don Quichote de Cervantes fait étape à Oran[80]. Une partie du roman Clovis Dardentor de Jules Verne se déroule dans la ville.

Les plus célèbres des références sont sans doute signées par Albert Camus dans son roman La peste et dans son essai l'été.

Économie

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Le siège de la Sonatrach à Oran
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L'hôtel Sheraton

Tableau général

Oran est un pôle économique important, comme le démontre l'organisation de cinq manifestations d’envergure mondiale en l’espace de 18 mois (2009-2010)[3].

La ville jouit d'une grande attractivité économique et industrielle. La capitale de l'Ouest attire beaucoup d'investisseurs et d'hommes d'affaires, elle occupe une place de choix sur l'échiquier économique national.
C'est un pôle d'attraction économique et industriel comprenant pas moins de trois zones industrielles : celle d'Arzew avec 2 610 hectares, de Hassi Ameur avec 315 ha et celle d'Es Sénia avec 293 ha. Elle dispose par ailleurs de 21 zones d'activité réparties à travers cinq communes[35].

Secteurs d'activité

Après l'échec du modèle socialiste et des industries industrialisantes l'Algérie a changé de système économique en 1988 pour aller vers l'économie de marché. Cette mutation a favorisé l'investissement privé dans une économie d'État planifiée depuis 1962.

Le secteur secondaire occupe une place essentielle dans le paysage économique oranais. L'industrie pétrochimique, ses dérivés énergétiques et plastique dominent le paysage économique. la présence d'hydrocarbures a permis le développement d'industries consommatrices d'énergies comme l'industrie sidérurgie et celle des matériaux de construction. Quelques autres secteurs sont bien représentés : les industries textile et agro-alimentaire. Dans ces activités le secteur public reste en monopole dans la plupart des domaines. Le secteur privé n'étant représenté que dans la plasturgie, l'agro-alimentaire, ainsi que dans les industries du bois et du papier.

Si le secteur secondaire reste important et largement dominé par le secteur public, le secteur tertiaire est en croissance rapide et est essentiellement le fait d'acteurs privés.

La ville est également un lieu touristiques. De nombreuses personnes viennent découvrir ou redécouvrir cette cité méditerranéenne. « Rien n'est plus beau, rien n'est plus significatif pour celui qui aime du même amour l'Afrique et la Méditerranée que de contempler leur union du haut de Santa Cruz...Ce tas de monnaies blanches jetées au hasard, c'est Oran ; cette tache d'encre violette c'est la Méditerranée ; cette poussière d'or sur un miroir d'argent, c'est le sel de la plaine à travers le soleil »[32]. Oran n'a pas perdu de son charme, depuis l'époque où Jean Grenier a couché ces mots sur du papier.

L'agglomération d'Oran compte quinze[81] Zones d'Expansion Touristique (ZET)[82].


Transports

Local

La ville dispose de moyens de transport limités, qui ne couvrent pas suffisamment les zones suburbaines. L'entreprise ETO (Entreprise du transport oranais) a acquis des bus neufs pour couvrir 70% de la demande, ce qui reste insuffisant au regard du nombre d'usagers et notamment d'étudiants qui fréquentent les deux grandes universités de la ville.

Cette situation évoluera radicalement lors de la mise en œuvre prochaine du tramway d'Oran. La ligne devrait comporter 31 stations réparties sur 17,7 kilomètres. Ses terminus seront Es-Sénia au Sud, et Sidi Maarouf à l'Est, et la ligne desservira le centre-ville (place du 1er Novembre). L'inauguration prévue en 2009 a dû être retardée.

Une ligne de métro serait projetée pour 2014[83].

International

Les deux principaux moyens de transports pour rejoindre Oran sont l'avion et le bateau. L'aéroport international Oran - Es Senia est à 12 km du centre-ville et des ferries assurent des liaisons depuis le port d'Oran vers les villes européennes de Marseille, Sète, Alicante et Almería via les compagnies nationales Algérie Ferries ou la SNCM.

Bien que reliée au réseau marocain, la gare ferroviaire ne dessert que des villes algériennes notamment Alger et Tlemcen. La frontière terrestre algéro-marocaine est actuellement fermée.

Sport

Oran a toujours compté une multitude de clubs et associations sportives. En 1897 elle a vu naître le plus premier club de foot d'Afrique et des pays arabes, le CALO (Club Association Liberté d'Oran). En mai 1956, les clubs et associations musulmanes de toute l’Algérie ont boycotté les compétitions officielles. Le Nidam FLN organisa alors un tournoi entre les formations des hawma (quartiers) d’Oran comme Médioni, M’dina J’dida, Lamur et de la périphérie El Karma, Sidi Chahmi, Douar Es Senia, Sig, ainsi que d’autres équipes régionales comme USM Bel-Abbès.
Le MC Oran est un club omnisports, il est aujourd'hui le club phare de la ville. Il est le doyen de la D1 et a gagné de nombreux titres nationaux et internationaux. L'équipe est domiciliée au Stade Ahmed Zabana d’une capacité de 45 000 places, ainsi qu'à la salle omnisports (Palais des Sports) pour les autres sports.
L'autre grand club omnisports de la ville est le ASM Oran, il est domicilié au Stade Habib Bouakeul d’une capacité de 20 000 places.

Le Marathon international d'Oran est un évènement annuel, à la fois sportif et festif.

Annexes

Liste des maires d'Oran

Le premier d’entre est Benabdellah, nommé directement après l’indépendance en juillet 1962. Une année après, le 18 juin 1963, Boudraa Bel Abbes l’a remplacé. Le troisième de la délégation spéciale que la mémoire de ces collaborateurs retient encore est Seghier Ben Ali, Il a été précédé par Hadj Brahim Tayeb Mokhtar Al Mahaji dont le règne n’a duré que quelque mois. Le 20 juillet 1965, Seghier Ben Ali a été installé. Il sera deux ans plus tard élu comme premier maire de la ville d’Oran.


Gastronomie Oranaise

La pêcherie

D'une manière générale, la cuisine oranaise est méditerranéenne, nord-africaine, influencée par la cuisine du sud de l'Espagne et, dans une moindre mesure, par la cuisine française. Oran est à l'origine de plusieurs mets comme la karantika et la mouna. La ville a également adapté plusieurs plats espagnols tel le gaspacho oranais, régionaux comme l'harira et les escargots lors de la colonisation française.

Paradoxalement l'oranais, tartelette à l'abricot et à la crème inventée à Oran sous la colonisation française, est peu connu à Oran.

Personnalités nées à Oran

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Parmi les Oranais célèbres, on remarque ceux qui ont permis à la ville d'obtenir son surnom de capitale du Raï. On notera également la fin tragique de certains d'entre eux, comme Cheb Hasni, lors de la guerre civile des années 1990.

Albert Camus a fait de long séjours à Oran qui sert de cadre à plusieurs de ses livres.

De nombreuses personnalités françaises du monde du spectacle et de la politique sont originaires d'Oran.

Jumelages

Oran est jumelée avec les villes suivantes :

Bibliographie

  • E. Cruck : Oran et les témoins de son passé, Heintz Frères, 1959.
  • P. Ruff : La domination espagnole à Oran, 1554-1558, Éditions Bouchène.
  • Le roman d'Albert Camus, La peste se déroule à Oran.
  • L'Algérie vue du ciel, par Yann Arthus-Bertrand, 2005.
  • Oran, mémoires en images en cédérom , par Kouider Métaïr, éditions Association Bel Horizon de Santa Cruz, 2005.

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Géographie et climat d'Algérie »,
  2. a b et c Données au 31/12/2007 « Direction de la Planification et de l'Aménagement du Territoire de la Wilaya d'Oran », Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « dirPlanifOran » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  3. a et b « Cinq manifestations d’envergure mondiale en l’espace de 18 mois : Oran, capitale mondiale de l’énergie »,
  4. Les noms de lion en arabe sont Wahr, Assad, Laith, Fahd et Sabaâ. Voir aussi (ar) « Wahr »
  5. a b et c « Origine du nom d'Oran », Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « origineNom » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  6. a b et c Louis Abadie, Oran et Mers el Kébir, Jaques Gandini, 2002 (ISBN 2-906431-53-2), p. 7-9.
  7. a b et c « Assises du tourisme, »,
  8. « studentsoftheworld, Algérie »,
  9. « meteo France »,
  10. Augustin Bernard, Oran, étude de géographie et d'histoire urbaines, 1939, p. 414. (ISBN 9789961953310)
  11. « Office National de la statistique, Les prélèvements annuels d’eau durant les 12 dernières années »,
  12. « Traitement des eaux du bassin hydrographique de la Tafna » (ISSN 0011-9164)
  13. « Sellal, aujourd’hui à Mostaganem : Le méga projet MAO entre en service »,
  14. « La carte des investissements en Méditerranée - Guide sectoriel à travers les politiques publiques pour l'investissement en Méditerranée »
  15. « Dessalement d’eau de mer à Oran, une station de 500 000 m3/jour »,
  16. « The Annotated Ramsar List: Algeria »
  17. « Cas d’étude Nostrum-DSS:Le grand Sebkha D’Oran »,
  18. « La ville d'Oran en Algérie, synopsis »
  19. « Sebkha d'Oran »
  20. « ANALYSE RADIALE DU TISSU URBAIN D'ORAN, Un bref aperçu sur le tissu analysé : la ville d'Oran »,
  21. a b c d et e « Carte militaire US d'Oran en 1942 »,
  22. Biodiversité dans les calcaires micritiques blancs des plates-formes messiniennes d’Algérie, Jean-Paul SAINT MARTIN
  23. « Oran Es-Sénia international aéroport »,
  24. « Sebkha d’Oran »,
  25. « centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle »
  26. « Centre d'Études Maghrébines en Algérie »
  27. Magazine LNG16 News, numéro 3 - mai 2009, p47.
  28. Kouider Metair, Fatéma Bakhai, Fouad Soufi et Sadek Benkada, Oran face à sa mémoire, Bel Horizon, 2003. p.  153
  29. a et b Yann Le Bohec,« Bilan des recherches sur le judaïsme au Maghreb dans l'Antiquité »
  30. Association Bel Horizon, « Lieux et mémoires »
  31. Richard Ayoun, Bernard Cohen, Les Juifs d'Algérie, édition Jean-Claude Lattès.
  32. a et b « Guide Site Touristique : Oran »,
  33. Oran Info, « Oran info, fondation de la ville »
  34. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères
  35. a et b Oran, « Oran » : « histoire d'Oran », « projets oranais »
  36. a et b Association Oran Bel-Horizon, histoire « Histoire d'Oran, période arabo-islamique »,
  37. a et b Description d'Oran et de sa région, Éditions Rouff, p. 11 « Département d'Oran »
  38. Oraninfo, « Oran durant la période Zianide »
  39. a b et c Association Bel horizon « textes choisis »,
  40. R.Basset, o.c., p.14.
  41. Histoire Universelle, Depuis Le Commencement Du Monde Jusqu'à Présent, par Société des Gens de Lettres, Moutard, 1784, p.  427 « Ouvrage en ligne »
  42. a et b (es)Institut Cervantes, « Los moriscos antes y después de la expulsión », « Bibliothèque de l'institut Cervantes »
  43. Oran et les témoins de son passé: récits historiques et anecdotiques, avec un plan de la ville Par Eugène Cruck. Publié par , 1959
  44. (es)alyamiah, « Arrivée des Andalous et des Morisques en Algérie »
  45. Ligue des droits de l'homme, Toulon : « Français, Juifs, Musulmans ... en Algérie de 1830 à 1962 »,
  46. africanites, « Histoire d'Oran »,
  47. Oran, étude de géographie et d'histoire urbaines, Jean Soulas, Année 1939; Volume 48; Numéro 274; p.  412-41 DOI 10.3406/geo.1939.11425 « Oran, étude de géographie et d'histoire urbaines »
  48. a b et c « Du FLN à l'O.A.S. ou la guerre d'Algérie », « 1954 », « 1955 », « 1956 », « 1957 », « 1958 », « 1959 », « 1960 » « 1961 », « 1962 »
  49. (en) Histoire de l'Algérie, « Larbi Ben M'Hidi, 1923 - 1957 »
  50. zoom-algerie, « Ahmed Zabana »
  51. Algerie-monde, « Ahmed Zabana »
  52. La France et son passé colonial,« Guy Môquet, Ahmed Zabana, Huynh Khuong An... »
  53. herodote, « 5 juillet 1962 : Le massacre d'Oran »
  54. Chronologie de la guerre d'Algérie, « 1962 »
  55. L’Agonie d’Oran, tome 2, p. 77-78 (ISBN 2-906431-91-5)
  56. (en) ESA, Nation Unies, article : « World Urbanization Prospects:The 2007 Revision Population Database »,
  57. ligue des droits de l'Homme, Fouad Soufi,« Oran 1962, l’histoire entre mémoire et oubli - géographie inhumaine »
  58. Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, Bruxelles, Éditions Complexe, 1995 (Questions au XX’ siècle).
  59. Benjamin Stora, « Oran, été 1962 », in J.-P. Rioux, Fin d’empires, Paris, Plon, 1992.
  60. Michel Coquery, « L’extension récente des quartiers musulmans d’Oran », Bulletin de l’Association des géographes français, n°307-308, mai-juin 1962.
  61. Quid, « Oran »
  62. Ivrognerie, religiosité et sport dans une ville algérienne (Oran), 1962-1983, Mohammed Hocine Benkheira, Archives des sciences sociales des religions, 1985, Volume 59, Numéro 59-1, p 146 « ouvrage en ligne »
  63. (en) Études basées sur la fréquences haplogénique du chromosome Y, « Analysis of Y-chromosomal SNP haplogroups and STR haplotypes in an Algerian population sample »
  64. (en) the genetic atlas, World Haplogroup Frequencies : « World Haplogroup Frequencies »
  65. Farid Belgacem, « Les dangers des mariages consanguins en Algérie », Liberté-Algérie, (consulté le )
  66. lexpressiondz,«Oran sera une métropole méditerranéenne»,
  67. Quid, « mosquée du Pacha »
  68. Souvenirs et soupirs d'Algérie et du Sahara, Père Roger Duvollet, vol XV p. 61, 70360 Scey-sur-Saône (ISBN 9782851570321)
  69. « Musée National Ahmed Zabana »
  70. « Festival International du Film Arabe »
  71. « Université d'Oran Es-Senia »
  72. « Université des Sciences et Technologies »
  73. « Ecole Nationale Supérieure Enseignement Technique »
  74. « Institut National des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication »
  75. « Institut de Développement des Ressources Humaines »
  76. « INSIM Oran »
  77. « villedoran.com »
  78. « africa mission »
  79. « Centre culturel français »
  80. Miguel de Cervantes, « L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, deuxième partie, chapitre XVII »
  81. reflexiondz : « L'etude de la ZET des Andalouses présentée à la wilaya »
  82. Décret fixant les modalités d'établissement du plan d'aménagement touristique des zones d'expansion et sites touristiques
  83. {{lien web|url=http://news.fibladi.com/algerie-divers/?ida=36703%7COran aura son métro avant 2014
  84. « Note de synthèse sur les relations Bordeaux-Oran »
Notes se rapportant à Oran la joyeuse : mémoires franco-andalouses d'une ville d'Algérie

L'Harmattan, Paris, 2004 (ISBN 2-7475-6585-8)

  1. op. cit., p. 98.
  2. op. cit., p. 98.
  3. op. cit., p. 35.
  4. op. cit., p. 39.
  5. op. cit., p. 44.
  6. op. cit., p. 118.
  7. op. cit., présentation du livre par l'auteur.
Notes se rapportant à Oran, Histoire d'une ville,

Houari Chaila, Edik, 2002, 2e éd. (ISBN 9961-31-006-3)

  1. op. cit., p. 91.
  2. op. cit., p. 91.
  3. op. cit., p. 91.
  4. op. cit., p. 21.
  5. op. cit., p. 13.
  6. op. cit., p. 13.
  7. op. cit., p. 226.
  8. op. cit., p. 31.
Notes extraites du journal El Watan


Port et front de mer
Port et front de mer


Modèle:Quartiers d'Oran Modèle:Cités romaines d'Algérie