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Earl Doherty

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Earl J. Doherty, qui vit actuellement au Canada, est l'auteur de The Jesus Puzzle, un ouvrage publié en 1999 par les Canadian Humanist Publications et où il soutient que Jésus n'a jamais existé.

biographie

Doherty est titulaire d'un diplôme en Histoire ancienne et Langues classiques, et il a été amené à l'idée d'une origine mythique de Jésus par les écrits de G. A. Wells, auteur de plusieurs livres présentant une forme plus modérée de la théorie du « Christ mythique ». Doherty a utilisé ses compétences linguistiques[1] pour étudier les versions du Nouveau Testament dans leur langue originale, et est arrivé à son point de vue au moyen d'une analyse critique de ces textes.

les constructions et interprétations des jésus

Selon lui ni Paul ni les autres qui ont écrit les plus anciens documents existant sur le christianisme ne croyaient en Jésus comme en une personne ayant vécu sur la Terre dans un cadre historique, mais ils voyaient en lui au contraire un héros mythique qui avait subi sa mort sacrificielle dans les sphères inférieures du ciel entre les mains d'esprits démoniaques, et par la suite avait été ressuscité par Dieu. Ce mythe du Christ ne se fondait pas sur une tradition qui remonterait à un Jésus historique, mais sur une exégèse de l'Ancien Testament dans le contexte d'un syncrétisme religieux judéo-hellénistique fortement influencé par le platonisme, et sur ce que les auteurs croyaient être des visions mystiques d'un Jésus ressuscité.

Selon Doherty, c'est seulement la deuxième génération de chrétiens qui a donné un cadre historique au mythe de Jésus, quelque part entre le Ier et le IIe siècle. Doherty prétend que l'auteur de l'Évangile de Marc lui-même (qu'il place après 90 après J-C, c'est-à-dire plus tard que la plupart des spécialistes du Nouveau Testament) n'envisageait sans doute pas son évangile comme un véritable livre historique, mais comme une composition midrashique allégorique fondée sur les prophéties et l'Ancien Testament. Dans le cadre de l'hypothèse largement soutenue des deux sources, l'histoire de Marc a par la suite été fondue dans les autres évangiles avec une autre tradition rapportant des paroles anonymes et que l'on trouve dans le document Q ; et ce sont ces évangiles selon Doherty qui ont interprété tout cela comme une histoire littérale de la vie de Jésus. Doherty refuse toute valeur historique aux Actes des Apôtres, les écartant comme un ouvrage tardif reposant sur la légende.

Réception

La façon dont Doherty a traité la question dans son ouvrage et sur son site Internet a été suivie avec intérêt sur la Toile dans les deux camps et, parmi les sceptiques, son livre a reçu des commentaires favorables chez les spécialistes comme Robert M. Price[2], Richard Carrier[3] et Frank R. Zindler[4], lequel, dans un commentaire sur The Jesus Puzzle, y voit « l'argumentation la plus convaincante contre l'historicité de Jésus qui ait été publiée de mon vivant ». Cependant, George Albert Wells, professeur d'allemand émérite au Birkbeck College, qui a également combattu l'existence d'un Jésus historique, rejette l'opinion de Doherty selon laquelle les premiers chrétiens ne croyaient pas que Jésus était un homme historique qui avait vécu sur la Terre[5]. R. Joseph Hoffmann, président du Committee for the Scientific Examination of Religion estime qu'il existe des raisons pour que des chercheurs estiment que Jésus n'a jamais existé, mais juge le livre de Doherty « qualitativement et académiquement bien inférieur à tout ce qui a pu être écrit sur le sujet jusqu'à maintenant. »[6].

La thèse mythiste

La thèse mythiste (la non-existence historique de Jésus) a été abandonnée par la recherche universitaire en 1933 à la suite de l'ouvrage critique de l'écrivain athée Charles Guignebert[7]. Elle se perpétue néanmoins dans le milieu non universitaire, cercles rationalistes ou fondalentalisme athée.

En effet, la thèse de l'inexistence historique de Jésus, apparue à la fin du XVIIIe siècle, restée marginale au sein de la recherche historique académique, complètement rejetée par les spécialistes universitaires du christianisme ancien depuis la fin des années 1930[8], a néanmoins continué d’être reprise régulièrement par des auteurs en dehors du milieu académique, se diffusant notamment sur internet[9].

Notes

  1. Dans The Jesus puzzle il assure avoir « une connaissance suffisante du grec et du latin, [qu'il a] complétée avec les bases de l'hébreu et du syriaque ».
  2. Professeur de théologie et d'études scripturaires au Johnnie Colemon Theological Seminary, établissement non reconnu de Carol City en Floride.
  3. Auquel un article du journal Los Angeles Times donne le titre d'historien. Voir Did Jesus Exist? Earl Doherty and the Argument to Ahistoricity.
  4. Ancien professeur de géologie à l'Université d'État de New-York et rédacteur en chef d'American Atheist.
  5. Earliest christianity New Humanist 114.
  6. Maurice Goguel and the 'Myth Theory' of Christian Origins. Jesus the Nazarene: Myth or History?. traduit par Frederick Stephens, avec une nouvelle introduction de R. Joseph Hoffmann. Amherst, NY: Prometheus. pp. 15, 39 n. 31. ISBN 1-59102-370-X.
  7. Charles Guignebert, Jésus, Albin Michel, 1933.
  8. « Nous ne sommes plus au temps où B. Bauer (1840), ou P. L. Couchoud (1937) s'ingéniaient à nier que Jésus eut existé : le sens de ses faits et gestes, non son existence fait aujourd'hui débat » » introduction de Daniel Marguerat à Jésus de Nazareth: nouvelles approches d'une énigme (Daniel Marguerat, Michel Bouttier, Enrico Norelli, Jean-Michel Poffet), Labor et Fides, 1998, p. 13 [1] - Voir aussi la citation de Pierre Geoltrain dans l'Encyclopædia Universalis
  9. comme le reconnaît le mythiste Earl Doherty : « Le problème est que, à l'exception de Robert M. Price, [...] personne dans le milieu académique n'a mis sérieusement en question l'existence de Jésus[...]. Cela montre que la communauté des "extérieurs", centrée sur l'Internet et les ouvrages à compte d'auteur est toujours en avance sur l'établissement académique et universitaire en matière d'innovation et de courage » (The « problem is, with the exception of Robert M. Price, [...], no one inside mainsteam academia has been seriously questioning Jesus’ existence, [...]. It shows that the ‘outsider’ community, centered on the Internet and privately produced books, is still miles ahead of established, university-based academia in its innovation and courage. » [2] -

Œuvres

  • The Jesus Puzzle: Did Christianity Begin with a Mythical Christ? (1999) ISBN 0-9689259-1-X (Age of Reason Publications edition, 2005)
  • Challenging the Verdict: A Cross-examination of Lee Strobel's "The Case for Christ" (2001) ISBN 0-9689259-0-1

Liens externes