Roger Priouret
Roger Priouret (né le 15 septembre 1913 au Puy-en-Velay, Haute-Loire - mort en 2000) est un journaliste français.
Biographie
Le début de carrière
Roger Priouret est issu d’une famille nombreuse aux origines paysannes très modestes. L’ascension sociale de son père – devenu commis des postes après avoir été domestique de ferme – comme de sa mère – commerçante après avoir commencé comme bonne de café – lui permet tout de même de financer ses études de droit et de philosophie jusqu’à la licence. Monté à Paris vers 1934 pour trouver un travail dans le journalisme, il trouve portes closes et doit se résoudre à prendre la petite étude d’avoué que ses parents lui ont achetée.
En 1943, il abandonne son travail pour s’engager dans la Résistance. Arrêté brièvement cette année-là puis, plus sérieusement, en mai 1944, il échappe de peu à la déportation. À la Libération, alors qu’il retourne s’occuper de son étude, un des journalistes parisiens qu’il a connu durant l’occupation, Roger Giron, le fait entrer au journal Front national. S’il y assure les fonctions de rédacteur parlementaire, la cohabitation avec les communistes s’avère trop difficile et il doit démissionner au bout de sept mois. Il faut dire qu’il ne cache pas ses sympathies pour un Parti radical-socialiste dont il va jusqu’à être le candidat aux élections cantonales, municipales et législatives de 1945.
Journaliste radical
Suite à son triple échec électoral, il se recentre sur sa carrière journalistique. Après un passage de deux ans à Paris-Presse, il rejoint L'Intransigeant en 1947 sous la direction de Paul Gordeaux. C'est là que Pierre Lazareff l’intègre à l’équipe qui, à partir de 1948, doit moraliser France Dimanche. Y faisant la connaissance de Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, il en profite pour publier son premier livre, La République des partis (Grasset, 1948). Mais l’opération de moralisation de France Dimanche échoue et il est remercié en 1950. À partir de là, notamment durant sa collaboration à La Vie française (1952) et à La Tribune de Saint-Étienne, il commence à s'intéresser aux questions économiques.
Il publie un livre sur la franc-maçonnerie (La Franc-maçonnerie sous les lys, Grasset) et collabore (bénévolement) aux entretiens entre L'Express et Pierre Mendès France. De même, il lui arrive d’organiser pour Le Figaro des tables rondes mensuelles ouvertes à des opinions différentes de celle du journal. Mais, vers 1958/1959, il se tourne définitivement vers l’économie. Il faut dire que, voyant dans le 13 mai 1958 l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, il est violemment opposé au nouveau régime. À partir de 1959, il cesse donc de suivre l’actualité politique pour prendre la direction du service économique de France-Soir.
Le groupe Express
L’orientation pro-gouvernementale assignée au quotidien en 1965 engendre alors sa démission et son entrée au groupe Express. À partir de septembre 1966, il y devient éditorialiste économique et conseiller de la direction, associé de très près à la gestion de l’entreprise (management, publicité).
Il a d’ailleurs dans ce domaine publié des ouvrages comme La France et le Management (Denoël, 1968) ou Les Managers européens (Denoël, 1970). Il lui arrive aussi de servir, pour l’ORTF, d’interlocuteur au premier ministre (26 septembre 1966) ou de présentateur d’un débat politique entre Michel Debré et Gaston Defferre (1966). Mais sa seconde activité principale est surtout celle de conseiller de la rédaction de L'Expansion. Il y impose l’interdiction de toute publicité financière et y favorise, en « faisant le pont [...] entre la démocratie chrétienne et des gens qui y étaient totalement étrangers », le rapprochement entre Jean-Louis Servan-Schreiber et Jean Boissonnat.
L’année 1970 marque toutefois une première rupture avec le groupe Express. S’il participe à la rédaction du Manifeste radical “Ciel et terre” de Jean-Jacques Servan-Schreiber, il perd son rôle de conseiller lorsque ce dernier se lance dans la politique. Tout en continuant à y assurer son éditorial, il se tourne vers son voisin de maison de campagne, Jean Farran, qui lui offre la possibilité d’assurer sur RTL une chronique quotidienne sur les problèmes économiques et sociaux. Comme il l’expose dans son essai Les Français mystifiés (Grasset, 1973), sa mission consiste à apporter « au grand public la connaissance de l’économie » ou, « qu’au moins, il ne soit pas mystifié ».
Les années 1970 le voient s’ouvrir aux thématiques de gauche sur les limites du développement du capitalisme et de la consommation. S’il se définit clairement comme un radical, il lui arrive de collaborer à L'Unité afin d’ouvrir « le débat sur les objections que peuvent faire au Programme commun des responsables économiques – cadres ou fonctionnaires – qui se sont ralliés à Francois Mitterrand en faisant des réserves sur les aspects économiques de ce programme ». Il considère notamment que la victoire de la gauche n’est possible « que si elle obtient le concours d’une fraction de salariés assez au courant des faits économiques mais qui font des réserves » sur ce plan là.
Le Nouvel Observateur
Ainsi, entre les deux tours de la campagne présidentielle de 1974, il n’hésite pas à utiliser sa tribune dans L'Express pour prendre parti pour Mitterrand. Mais, il s’y sent beaucoup moins intégré dans la vie de la rédaction qu’avant 1970 et lorsque son ami Jean-Jacques Servan-Schreiber vend à Jimmy Goldsmith, il le quitte (mars 1977). Tout en continuant ses interviews pour L'Expansion et ses éditoriaux au Progrès de Lyon, il participe au lancement du Matin de Paris comme éditorialiste économique (mars 1977). Mais sa collaboration est de courte durée et, dès février 1978, il intègre la maison mère du groupe Perdriel, Le Nouvel Observateur. Chargé d’y couvrir l’actualité économique avec le titre d’éditorialiste, il ne se gène pas pour critiquer “Les faiblesses du Projet socialiste” (10 décembre 1979 – no 857) ou “Les nouveaux choix économiques de François Mitterrand” (21 juin 1980 – no 815). En septembre 1978, il doit quitter ses fonctions d’intervieweur à L'Expansion.
Il poursuit celles-ci à L’Obs en s’attachant à donner la parole à des décideurs politiques ou économiques de tous bords. De mai 1978 à décembre 1979, il ne donne d’ailleurs la parole presque qu’à des ministres ou des personnalités de la majorité (René Monory, Jean-François Deniau, André Giraud, Raymond Barre, Jacques Chirac, Maurice Charretier). Il cesse totalement cette ouverture en 1980 pour ne se consacrer qu’à des grands patrons (Christophe Riboud, Jean-Pierre Bouyssonnie) puis, lors de la campagne présidentielle de 1981, qu’à des personnalités de gauche (Pierre Mendès France le 13 avril, François Mitterrand le 4 mars).
En 1983, il écrit, en collaboration avec Philippe Alexandre, Marianne et le pot au lait (Grasset), un livre consacré à la politique économique de la gauche. Il prend sa retraite du journal en avril 1986 et est mort en 2000.
Publications
- La Franc-maçonnerie sous les lys, Grasset
Notes et références