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Rassemblement national

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Modèle:Infobox parti politique français

Le Front national (FN) est un parti politique nationaliste français fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen et présidé, depuis le , par Marine Le Pen. Son nom complet, à l'origine, était Front national pour l'unité française (FNUF).

La plupart des observateurs politiques situent ce parti à l'extrême droite de l'échiquier politique, même si le Front national récuse cette appartenance[1] et se définit comme un mouvement patriote[2], populiste[3] et souverainiste[4]. Marine Le Pen considère pour sa part que le Front national n'est « ni de droite, ni de gauche »[5].

Le Front national revendique 40 000 adhérents à jour de cotisation en juin 2011[6].

Histoire

Le Front national est créé le . Lors du deuxième congrès de l'organisation Ordre nouveau des 10 et 11 juin, est décidé à la suite d'un vote de participer aux élections législatives de 1973 au sein d'une structure plus large, nommée « Front national ». Le est réellement créé le « Front national pour l'unité française », communément appelé « Front national ». Jean-Marie Le Pen en devient le premier président. Les cadres du parti s'organisent autour de François Brigneau, de Roger Holeindre, de Pierre Bousquet et de Jean-Pierre Stirbois qui forment le bureau national du FN.

Jusqu'au début des années 1980, le parti, alors fortement concurrencé par le Parti des forces nouvelles, ne décolle pas tant du point de vue du nombre d'adhérents que des résultats électoraux. Aux élections cantonales de 1982, Jean-Pierre Stirbois crée la surprise en obtenant 12,6 % à Dreux. Le Front national obtient son plus gros score sur le plan national le lors des élections européennes. Ce score lui permet d'avoir dix élus au Parlement européen. Le , après le passage au scrutin proportionnel voulu par François Mitterrand afin d'atténuer une défaite programmée[réf. souhaitée], le Front national entre à l'Assemblée nationale et obtient 35 sièges.

Décrit par Bruno Mégret comme un « parti artisanal », « sans cohérence politique ni idéologique », et « constitué de multiples chapelles issues de l'extrême droite et d'une masse de militants et de cadres nouveaux, venus pour beaucoup du RPR », le Front National rassemble des personnalités hétéroclites et des courants parfois antagonistes[7]. En 1988, Bruno Mégret devient le délégué général du FN, devenant ainsi le rival de Jean-Pierre Stirbois au sein du FN, d'autant plus qu'il devient l'un des leaders du FN dans la région PACA. Après la mort accidentelle de Jean-Pierre Stirbois en 1988, l'exécutif du FN voit arriver de nouvelles têtes autour de Bruno Mégret, comme Carl Lang ou Bruno Gollnisch.

Dans les années 1980, le FN voit l'adhésion de monarchistes comme Michel de Rostolan, Thibaut de La Tocnaye ou Olivier d'Ormesson, qui reconnaissent dans le FN une continuité de l'Action française[réf. nécessaire].

Dans les années 1990, le FN prend une place de plus en plus importante dans la vie politique française. Ses campagnes s'axent sur la dénonciation de la corruption qui toucherait les grands partis français comme le PS ou le RPR. Le FN vise ainsi les déçus des partis ayant gouvernés les décennies précédentes.

En décembre 1998, Bruno Mégret alors numéro deux du Front national quitte le parti pour fonder ce qui deviendra le Mouvement national républicain.

En 2001, Carl Lang invite les déçus du MNR à rejoindre le FN. Jean-Marie Le Pen déclare que Bruno Gollnisch est son successeur préféré.[réf. souhaitée]

Logo du FN lors de la campagne présidentielle de 2002.

En 2002, Jean-Marie Le Pen accède au second tour de l'élection présidentielle avec 16,86 % au premier tour. Après de nombreux appels (et manifestations) à voter pour Jacques Chirac, son adversaire, de tous les bords politiques, — à l'exception notable de certains partis d'extrême gauche dont Lutte ouvrière —, il obtient le plus faible score jamais atteint (17,79 %) dans un second tour d'une élection présidentielle de la Ve République.

En 2004, les opposants de Le Pen au sein du bureau national comme Jacques Bompard et Marie-France Stirbois sont mis à l'écart.

En 2006, Louis Aliot est désigné secrétaire général du parti. Le , renonçant à se présenter lui-même, Bruno Mégret se rallie à la candidature de Jean-Marie Le Pen pour l'élection présidentielle de 2007, dans le cadre d'une « Union des patriotes », chaque mouvement gardant son autonomie et ses spécificités. Bruno Mégret avait déjà appelé à voter pour le président du Front national au second tour de l'élection présidentielle de 2002 où il avait réalisé 2,34 % des suffrages de vote lors du premier tour.

À partir de 2007, le FN subit une importante érosion de son influence électorale. Jean-Marie Le Pen n'obtient que 10,44 % des suffrages exprimés lors de l'élection présidentielle de 2007 (soit plus de 6 points de moins qu'en 2002), arrivant en quatrième position derrière Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Le FN s'effondre ensuite à 4,3 % lors des élections législatives ayant eu lieu dans la foulée (moins 7 points par rapport au scrutin précédent). Une seule candidate, Marine Le Pen, se maintient au second tour dans sa circonscription et est battue. Ce sont les plus mauvais résultats du FN lors d'élections nationales depuis la fin des années 1980. Cet effondrement est confirmé l'année suivante lors des élections municipales, au cours desquelles les candidats du FN, qui éprouvent souvent des difficultés financières à constituer des listes, obtiennent des résultats extrêmement faibles (0,93 % des suffrages exprimés au premier tour, 0,28 % au second et seulement une soixantaine de conseillers municipaux). Le bilan des cantonales ayant eu lieu simultanément apparaît moins désastreux mais confirme lui aussi une nette tendance à la baisse (4,85 % des suffrages exprimés au niveau national au premier tour, contre 12,13 % lors du scrutin précédent, en 2004). Le FN perd ainsi son influence sur le paysage politique français. Cette baisse d'influence s'accompagne de problèmes financiers importants qui ont notamment conduit à la vente du siège du Front national à Saint-Cloud[8],[9].

Lors du XIIIe Congrès du Front national réuni à Bordeaux les 17 et , Jean-Marie Le Pen est réélu président du Front national avec 97,7 % des voix et 2,3 % de bulletins blancs ou nuls.

Le Front national doit par ailleurs faire face à la concurrence que lui oppose le MPF de Philippe de Villiers, qui défend des idées proches et qui a vu le rejoindre quelques anciens membres du FN, notamment les deux seuls maires affiliés au parti, tels Jacques Bompard, maire d'Orange, mais dont les deux fédérations corses ont rejoint le FN.

Fin 2008, le parti se retrouve en difficulté financière avec une dette de 8 millions d'euros et en grande perte de vitesse électorale sur fond de succession difficile à sa tête[10]. En octobre 2008, le parlementaire européen Jean-Claude Martinez, vice-président du Front national, fait dissidence : il annonce sa décision de présenter en juin 2009 dans la circonscription Sud-Ouest sa propre liste « MVL-Maison de la vie et de la liberté » face à celle du FN et de présenter une liste MVL dans toutes les autres circonscriptions. Un autre parlementaire européen, Fernand Le Rachinel, se rallie aussitôt à cette initiative. Le , le député européen Carl Lang annonce qu'il monte sa propre liste dans la circonscription Nord-Ouest face à Marine Le Pen investie par le parti.

Le , lors de la réunion de son parti, Jean-Marie Le Pen confirme son intention de prendre sa retraite après les régionales de 2010, où il sera candidat en PACA. Le même jour, lors d'une interview sur France 2, il déclare : « Je pense raisonnable de passer la main aux jeunes en 2010 ou 2011 », sans préciser s'il préfère sa fille Marine ou Bruno Gollnisch pour lui succéder[11].

Lors des élections régionales de 2010, le parti rebondit dans un contexte d'abstention record. Avec 11,42 % des voix au premier tour, il se maintient au second tour dans 12 régions. Le score est en retrait par rapport aux régionales de 2004, mais le parti réussit à progresser dans toutes les régions où ses listes restent en lice et atteint 17,5 % des voix au second tour.

Les candidats à la présidence du Front national en 2010 : les deux vice-présidents exécutifs, Marine Le Pen, à gauche, et Bruno Gollnisch, à droite, lors du traditionnel défilé du 1er mai du FN.

Le , le bureau politique a décidé que le prochain congrès du Front national aura lieu les 15 et . Il aura pour but de désigner le nouveau président du parti puisque Jean-Marie Le Pen a indiqué qu'il ne serait pas candidat à sa succession. Deux candidats sont d'ores et déjà déclarés : Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, tous deux vice-présidents exécutifs du parti et députés européens. Au terme d'un Bureau politique exceptionnel tenu à Nanterre le , le calendrier et les modalités d'organisation de ce congrès sont arrêtées, en quatre étapes : à partir du , ouverture du délai de recueil des parrainages des Secrétaires départementaux pour les candidats à la présidence du Front national, et ouverture des candidatures au Comité central ; avant le , réception par le secrétariat général des formulaires de parrainage pour l’élection à la présidence du Front national, au , publication de la liste officielle des candidats à l’élection du président du Front national, et à partir du , ouverture de la campagne électorale pour l’élection du président du Front national[12].

Lors du congrès de Tours le , Marine Le Pen devient la présidente du parti, avec un taux de participation de 76,45 %, recueillant 67,65 % des voix[13],[14]. Jean-Marie Le Pen devient lui président d’honneur du parti.

Ligne politique

Les historiens et philosophes classent le Front national comme un parti d'extrême droite de la Cinquième République.

Jean-Marie Le Pen a une position différente: ainsi, il déclarait en 2007 : « Je suis un homme de centre-droit. J'appartenais en 1958 au Centre national des indépendants et paysans (CNIP) d'Antoine Pinay, j'étais du centre-droit. Je défendais les mêmes idées que maintenant. Ce n'est pas moi qui me suis déporté vers l'extrême-droite, c'est le corps politique français qui s'est déplacé vers la gauche. »

Selon Jean-Marie Le Pen, « l'extrême droite, le mot est équivoque dans la mesure où il comporte le mot extrême. Nos adversaires confondent volontairement, et dans l'intention de tromper, une position géographique sur l'échiquier politique avec une position d'extrémisme politique. Or notre philosophie, notre principe d'action et notre programme ne sont pas extrémistes et par conséquent nous occupons la place qui est libre. Je crois qu'il n'y a pas de droite, le centre actuel n'est pas la droite, bien qu'une grande partie du peuple de droite vote pour les candidats du centre et même de la gauche[15]. »

Michel Winock et Pascal Perrineau (Histoire de l'extrême droite en France) continuent quant à eux à parler d'extrême droite, mais sans pour autant confondre le FN avec les mouvements habituellement classés sous cette catégorie (GUD, Jeunesses identitaires, etc.). Dans La France politique : XIXe-XXe siècles, Michel Winock définit le FN comme la conjonction de toutes les familles de l'extrême droite française : contre-révolutionnaire, pétainiste, fasciste, OAS. À l'inverse de René Rémond, Michel Winock, s'appuyant sur diverses déclarations[réf. nécessaire], considère que le FN est radicalement hostile à l'essentiel de l'héritage légué par la Révolution française et à ses valeurs (exprimées par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui est violemment dénoncée par le chef du FN).

L'historien Pierre Milza, spécialiste du fascisme, et Guy Antonetti, professeur d'histoire contemporaine à Paris II, ne classent pas le FN parmi les partis fascistes[16]. Michel Dobry, professeur à Paris I, est plus enclin à qualifier le FN de parti « fascisant » que de parti fasciste[17].

À partir de 1998, le petit-fils du général De Gaulle, Charles De Gaulle (né en 1948) se rapproche du FN[18] pour y adhérer en 2001[réf. souhaitée].

Le qualificatif « populiste » est assez unanimement utilisé par les historiens et politologues de l'Institut d'études politiques de Paris[réf. nécessaire], mais est critiqué par les membres du laboratoire de Michel Dobry, professeur à l'Université Paris-I[réf. nécessaire]. Ainsi dès 1984, Pierre-André Taguieff parle de « national-populisme » pour qualifier le Front national. En 1988, René Rémond reprend ce qualificatif et parle de « résurgence du populisme » (Notre siècle, 1988, Fayard). Néanmoins, dans l'actualisation de son œuvre de référence Les Droites en France, il reprend l'expression « extrême droite » pour dire qu'elle est en France principalement représentée électoralement par le Front national qui se présente « comme la seule vraie droite », reprochant aux autres d'avoir trahi leurs valeurs, trompé leurs électeurs, et d'être de connivence avec la gauche (la « bande des quatre »). Dans son interview donnée le au journal Le Figaro, René Rémond confirme que le Front national « s'inscrit dans le cadre de la démocratie représentative », « ne se confond pas non plus avec celles des droites qui rejettent l'héritage de 1789 », qualifiant au passage Jean-Marie Le Pen de « fils de la Révolution » et réaffirme que « l'appellation qui est proposée de populiste me convient assez bien » car « si elle ne définit pas l'idéologie de cet “extrémisme de droite”, elle caractérise sa stratégie et désigne sa sociologie ».

Quant à l'épithète de « tribunitienne », René Rémond rappelle qu'elle est aussi appropriée, car il s'agit là d'une « fonction critique exercée par une démagogie qui exploite tous les sujets de mécontentement ». Il note par ailleurs que cette épithète a été introduite dans le vocabulaire politique par Georges Lavau à propos du Parti communiste français.

Les grandes orientations du programme du Front national sont[19] :

  • « retrouver la souveraineté législative, budgétaire et territoriale de la France » ;
  • « rétablir la démocratie en organisant régulièrement des référendums et la proportionnelle à toutes les élections » ;
  • « mettre fin aux délocalisations, réindustrialiser la France via des protections sociales et écologiques aux frontières » ;
  • « revenir sur la réforme des retraites du gouvernement, injuste et inefficace » ;
  • « mieux répartir la part capital/travail au bénéfice du travail et de la justice sociale » ;
  • « restaurer la Banque de France dans ses prérogatives d’institution monétaire » ;
  • « anticiper la sortie de l’euro plutôt que la subir » ;
  • « bâtir un État fort, stratège, fer de lance du redressement économique et social » ;
  • « alléger les charges des petites entreprises » ;
  • « nationaliser les secteurs stratégiques de la France » ;
  • « assurer la justice fiscale : chacun doit payer en fonction de ses moyens » ;
  • « limiter l'immigration » ;
  • « en finir avec l’insécurité en cessant de réduire les forces de police et gendarmerie. » ;
  • « inscrire dans notre Constitution : “la République ne reconnaît aucune communauté” » ;
  • « appliquer partout la laïcité républicaine » ;
  • « assurer le rayonnement international de la France et sortir de l'OTAN » ;
  • « redresser l'école républicaine ».

Place dans le paysage politique français

Du milieu des années 1980 à 2007, selon les types d'élections, le Front national représentait entre 11 et 18 % de l'électorat français au niveau national, dépassant 30 % dans certaines villes et régions, ce qui en a souvent fait le troisième parti de France. Il était cependant presque systématiquement écarté des responsabilités politiques, à cause des systèmes électoraux français, qui le privaient d'élus, et du refus des autres partis de droite, le jugeant trop extrémiste, de s'allier avec lui. À partir de 2007, les scores du FN lors des élections autres que présidentielle n'excèdent jamais 6,3 % des suffrages exprimés (score aux élections européennes de 2009), et ses élus sont de moins en moins nombreux, avec une influence électorale amoindrie[20]. Le Front national est le seul parti pour lequel a été créé un mouvement militant dont le seul but est depuis 1990 de perturber ou d'empêcher son expression politique : Ras l'front.[réf. nécessaire] Un regain est à constater pour les élections régionales de 2010 avec un score au premier tour dépassant les 11% ce qui lui confère la quatrième place des forces politiques pour ces élections. Ceci étant confirmé par les résultats du second tour, des résultats tels que 22.87% en région PACA, 22.2% dans la région Nord-Pas-de-Calais, 19.38% dans la région Languedoc Rousillon, 19.30% dans la région Picardie, 18.44% dans la région Lorraine, et encore quelques autres tournant autour des 13-14%. Le parti alors considéré comme presque mort talonne les listes favorites.

Alliances électorales

Des arrangements locaux entre droite et FN ont eu lieu entre 1977 et 1992. Le RPR a condamné les alliances en septembre 1988 ; le Parti républicain a fait de même en 1991. Ils sont passés à la rétorsion à partir de 1992 et celle-ci est devenue systématique à partir de 1998.

Aux élections cantonales de 1994, Ernest Chénière, député RPR de l'Oise, battu au premier tour à Creil, s'allie au candidat FN encore en lice, avec l'accord de Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, et la bénédiction de Jean-Marie Le Pen. En 1998, Philippe Séguin démet de ses fonctions partisanes Jean-François Mancel, qui a passé une alliance avec le FN pour conserver la présidence du conseil général de l'Oise.

Marine Le Pen refuse l'idée d'une alliance avec l'UMP, estimant que « nous ne pouvons pas faire d'accords électoraux, d'alliances politiciennes, alors que nous avons des divergences si profondes avec l'UMP. Ce n'est pas une différence de degré que nous avons avec l'UMP, c'est une différence de nature »[21].

Lois électorales

Du fait de son isolement politique, le FN, malgré ses résultats électoraux qui l'ont fait apparaître comme le troisième parti politique de France en nombre d'électeurs, n'a aucun député et aucun sénateur, un seul maire de ville importante (Orange de 1995 à 2005) — conséquence de la crise mégrétiste, le Front national a perdu certaines municipalités — et n'est représenté dans aucun des grands organismes nationaux. Il dispose cependant de quelques députés européens (trois depuis les dernières élections, sept auparavant) et conseillers régionaux (156 depuis les dernières élections, 138 auparavant). L'ancien président socialiste François Mitterrand, en faisant changer la loi électorale pour les législatives (en passant à la proportionnelle par listes départementales), avait permis, en son temps, l'entrée au Parlement de députés frontistes, dont la majorité venaient de la droite (comme Bruno Chauvierre, François Bachelot, Bruno Mégret, Charles de Chambrun, Pierre Descaves, Gabriel Domenech, Jean Roussel, Olivier d'Ormesson, Michel de Rostolan, Yvon Briant, Édouard Frédéric-Dupont), ce qui permit à Pierre Joxe d'ironiser en 1985 : « Mais l'extrême droite est déjà à l'Assemblée ! ». Les analystes politiques[Qui ?] ont souvent vu dans cette modification un moyen de limiter l'ampleur de la « victoire annoncée » de la droite emmenée par Jacques Chirac. Ce dernier changea d'ailleurs le mode de scrutin dès son accès au pouvoir en 1986.

Les modes électoraux en France ont régulièrement été changés — à ce titre la France peut être considérée comme le pays d'Europe le plus instable dans le choix des modes électoraux. Le dernier changement en date est celui mis en place dans le cadre des élections régionales de 2004. Celles-ci ont été remportées par des partis de la gauche dans 24 des 26 régions françaises (à l'exception de l'Alsace et de la Corse). Ses opposants expliquent son manque d'élus et son isolement politique par ses positions extrêmes, notamment sur l'immigration, et à cause des écarts verbaux de son président.

Un effet important de la faible représentation du FN dans les instances élues est que la dotation financière allouée au FN est la moitié de ce qu'elle serait si les scrutins étaient proportionnels. En effet, l'État français verse une dotation à tous les partis politiques fixée suivant le nombre d'élus appartenant au parti, établie à 50 % sur le nombre de suffrages réalisés, et à 50 % sur le nombre de parlementaires (aucun dans le cas du FN) affiliés au parti politique en question. Le FN percevra ainsi au titre de l'année 2007 un financement public de 4 579 545,86 €, sur la seule première fraction de l'aide publique (décret n° 2007-100 du 26 janvier 2007). Cette absence de représentation parlementaire permet aussi au président de la République de ne pas tenir compte de l'opinion des électeurs du FN. Ainsi Jacques Chirac, contrairement à son successeur Nicolas Sarkozy, avait pris l'habitude de consulter uniquement les représentants des partis représentés au Parlement français (Assemblée nationale et Sénat), même lorsqu'il s'agit de l'Union européenne.

Résultats électoraux

Année Type d'élection Nombre de voix % Nombre d'élus %
1973 Législatives 122 000 1,33 0 0
1974 Présidentielle 190 921 0,75 - -
1978 Législatives 0,33 0 0
1981 Législatives 90 392 0,18 0 0
1984 Européennes 2 210 299 10,95 10 12,34
1986 Législatives 2 703 442 9,65 35 5,54
1988 Présidentielle 4 376 742 14,38 - -
1988 Législatives 2 359 280 9,66 1 0
1989 Européennes 2 129 668 11,73 10 12,34
1993 Législatives 3 152 543 12,42 1 0
1994 Européennes 2 050 086 10,52 11 12,64
1995 Présidentielle 4 571 138 15,00 - -
1997 Législatives 3 785 383 14,94 1 0
1999 Européennes 1 005 225 5,69 5 5,75
2002 Présidentielle 1e tour : 4 804 713
2e tour : 5 525 032
1e tour : 16,86
2e tour : 17,79
- -
2002 Législatives 2 862 960 11,34 0 0
2004 Européennes 1 684 868 9,8 7 8,97
2004 Régionales 1e tour : 3 564 059
2e tour : 3 199 392
1e tour : 14,70
2e tour : 15,10*
156 8,3
2007 Présidentielle 3 834 530 10,44 - -
2007 Législatives 1 116 005 4,29 0 0
2009 Européennes 1 091 681 6,34 3 4,17
2010 Régionales 1e tour : 2 223 800
2e tour : 1 943 307
1e tour : 11,42
2e tour : 17,81*
118 6,28

(*) sur les régions où le Front national était présent au second tour.

Controverses

Un scandale éclate le 13 septembre 1987, lorsque le président du FN, Jean-Marie Le Pen, déclare au Grand Jury RTL-Le Monde, à propos de la contestation, par des négationnistes, de l'utilisation par les nazis de chambres à gaz homicides : « Je n'ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Face à la réaction du journaliste, il répond : « non, la question qui a été posée, c'est de savoir comment ces gens ont été tués ou non ». Son argumentation reposera plus tard, notamment lors de la conférence de presse du 18 septembre à l'Assemblée nationale, sur le fait que ces chambres à gaz ne sont pas le seul lieu où des gens ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale et, qui plus est, ne seraient pas mentionnées dans les Mémoires sur la Seconde Guerre mondiale de Winston Churchill (Plon, 1953), point qu'il n'avait pas mentionné sur le moment. Plus tard, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, il exprimera ses regrets pour avoir blessé lors de sa précédente déclaration, puis, le 31 janvier 1995, il fit, à la demande de Florence Belkacem, un instant de silence à la mémoire des victimes juives de ce camp[22]. Ces propos seront pourtant réitérés en 1997 en Bavière (pour lesquels il sera à nouveau condamné), en 2008 dans le magazine Bretons[23], puis en séance du Parlement européen le 25 mars 2009[24] qui avait antérieurement levé son immunité parlementaire le 6 octobre 1998 pour les propos de 1997[25].

En 2004, Bruno Gollnisch tient des propos controversés lors d'une conférence de presse au sujet de la 2e guerre mondiale et du « rôle des historiens » concernant la Shoah. Le 18 janvier 2007, Bruno Gollnisch a été condamné en première instance pour « contestation de l'existence de crime contre l'humanité », condamnation confirmée en appel. Le 23 juin 2009, la Cour de cassation annule cette condamnation et blanchit Bruno Gollnisch. Il a par ailleurs été exclu 5 ans de l'université Lyon III pour ces propos.

En 2005, Jean-Marie Le Pen déclenche une nouvelle polémique, avec ses déclarations à l'hebdomadaire Rivarol[26].

Relations internationales

Au Parlement européen, le Front national n'appartient à aucun groupe et est enregistré parmi les non-inscrits, à l'instar, lors de la septième législature (2009-2014), des partis nationalistes et d'extrême-droite Vlaams Belang (Belgique), Partidul România Mare (Roumanie), British National Party (Royaume-Uni), Freiheitliche Partei Österreichs (Autriche), Jobbik Magyarországért Mozgalom (Hongrie), et Partij voor de Vrijheid (Pays-Bas).

Du 11 au , Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Thibaut de la Tocnaye, prennent part à Tokyo pour le Front national à la première Conférence internationale des mouvements patriotiques, rassemblement euro-japonais des droites radicales initié par l’association extraparlementaire japonaise Issuikai. Une délégation de mouvements patriotiques du continent européen, pays membres de l'Alliance européenne des mouvements nationaux (fondée fin 2009 par Bruno Gollnisch) les y accompagne afin de renforcer des liens politiques éventuels et préfigurer une alliance internationale future face au « Nouvel ordre mondial américanisé » : des représentants de Belgique, du Royaume-Uni (British National Party), d’Autriche (Freiheitliche Partei Österreichs), d’Italie, d’Espagne, du Portugal (PNR), de Bulgarie (Ataka), de Hongrie (Jobbik) et d’Ukraine.

Dénominations du parti

Le Front national, fondé en 1972 sous le nom de « Front national pour l'unité française », a immédiatement cessé de faire usage de ce nom officiel pour se désigner comme « Front national » (affiches électorales dès 1973, etc.). À une date inconnue entre 1990 et 1997, le nom du parti est statutairement devenu « Front national ».

Lors de la crise « mégrétiste », la veille du jour () où Bruno Mégret, délégué général exclu du parti, allait faire déposer, en sous-préfecture de Boulogne-Billancourt, une déclaration de changement d'intitulé d'association, visant à renommer le parti en « Front national-Mouvement national » (déclaration considérée comme nulle par la justice en mai 1999), Jean-Marie Le Pen, président du parti, faisait déposer, le , une déclaration de création d'association « Front national pour l'unité française », peut-être par précaution contre la volonté du camp mégrétiste de s'emparer du parti.

Parallèlement, les services du FN restés au « Paquebot » (surnom courant du siège du FN à Saint-Cloud) avaient commencé à faire usage, pour leurs envois postaux, d'un cachet « F.N.U.F. » (sigle de la nouvelle association) avec l'adresse du FN (même bâtiment avec entrée dans deux rues différentes).

Le cachet « F.N.U.F. » a continué de rester en usage (même à la fin de l'année 2005) après que la justice française, en mai 1999, eut déclaré nuls et non avenus le « congrès de Marignane » (23-24 janvier 1999) et les réunions ayant abouti à sa convocation (« conseil national » du FN du ). L'usage continu du cachet « F.N.U.F. » a contribué à faire croire que le FN avait, sinon conservé, du moins retrouver son intitulé complet d'origine.

Souvent, les opposants au FN se livrent à des calembours sur son nom, en l'appelant par exemple « F-Haine »[27], ou donnent au sigle une signification fantaisiste, comme « F comme facho et N comme nazi », ou « race FN » une anagramme du mot « France »[28],[29].

Les militants et les électeurs du Front national sont appelés « frontistes ».

Organisation interne actuelle

Fichier:Marine Le Pen Palais des Sports 2007.jpg
Marine Le Pen au Palais des Sports de Paris lors de la campagne présidentielle de 2007

Bureau exécutif

Bureau politique

Conseil national

Il se réunit 2 à 3 fois par an.
Composition : membres du Comité central et du Bureau politique, élus nationaux et régionaux, secrétaires départementaux, personnalités nommées en raison de leurs compétences ou de services rendus.
Il débat de l'orientation générale du parti[30].

Congrès

Composé de centaines de cadres et militants, il se réunit tous les trois ans. Il élit le Comité central et le président du parti. Il élabore également les plates-formes électorales du Front national[31].

Organisations liées

Comme la plupart des partis, des membres du Front national ont créé des cercles de réflexion ; un certain nombre d'organisations ou associations lui sont très fortement liées :

  • Association pour la suppression de l'impôt sur le revenu et la réforme fiscale (ASIREF) ;
  • Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (AGRIF) ;
  • Cercles des amitiés protestantes ;
  • Cercle chasse pêche et nature ;
  • Cercle des Français résidant à l'étranger ;
  • Cercle national des automobilistes ;
  • Cercle national des agriculteurs de France ;
  • Cercle national de la banque ;
  • Cercle national des combattants ;
  • Cercle national du corps de santé ;
  • Cercle national de défense des handicapés ;
  • Cercle national de défense de la vie, de la nature et de l'animal ;
  • Cercle national des femmes d'Europe ;
  • Cercle national des Français Juifs ;
  • Cercle national des rapatriés ;
  • Cercle national des préretraités et retraités ;
  • Cercle national des taxis ;
  • Égalité et Réconciliation d'Alain Soral (2007-2009) ;
  • Fraternité française ;
  • Front anti-chômage ;
  • Ligue pour la vie ;
  • Mouvement pour un enseignement national ;
  • SOS Égalité d'Alain Sulzer (2009 -) pour la défense de la laïcité et de l'égalité ;
  • SOS Enfants d'Irak ;
  • Rassemblement national des Corses.
Membres du Front national collectant de l'argent dans un drapeau tricolore géant, au défilé du parti en l'honneur de Jeanne d'Arc, le 1er mai 2007 à Paris (méthode empruntée au Club des Cordeliers)

Syndicat patronal proche du Front national, la Fédération nationale entreprise moderne et liberté se compose de trois secteurs :

  • la coordination nationale des commerçants et artisans de France ;
  • la coordination nationale des PME-PMI ;
  • la coordination nationale des professions libérales.

Son objectif est d'être présent dans toutes les assemblées socioprofessionnelles : chambres de commerce et d'industrie, chambres de Métiers, Prud'hommes, conseils économiques et sociaux, tribunaux de commerce, etc.

Le Département protection sécurité (DPS) est le service d'ordre du Front national, il fait également office de service de renseignement interne.

Le Front national tente également de pénétrer l'univers du syndicalisme, notamment avec les syndicats Front national dans les années 1990 puis la présentation aux élections de 2011 de quelques candidats issus de syndicats. Devant les difficultés rencontrées dans ce domaine, le Cercle national de défense des travailleurs syndiqués (CNDTS) a été créé.

Notes et références

  1. Voir par exemple Jean-Marie Le Pen au journal télévisé de la nuit sur TF1, le  : « Plateau Le Pen », sur ina.fr (consulté le )
  2. http://frontnat36.hautetfort.com/archive/2011/03/25/le-fn-tend-la-main-aux-personnalites-patriotes.html
  3. « Pour M. le Pen, “le populisme vaincra le pipolisme” de M. Sarkozy », Le Monde, 14 janvier 2008.
  4. Jean-Marie Le Pen, dans son discours à l'université d'été 2004 du Front national, affirme que son parti est « souverainiste depuis le jour même de sa création en 1972 ».
  5. « Marine Le Pen, la présidentielle et le brin de muguet », Le Point, 1er février 2011.
  6. http://www.nationspresse.info/?p=137208
  7. Les numéros deux du Front national (3/4) : Bruno Mégret, le technocrate sur lemonde.fr du 27 juillet 2011
  8. « FN - Le Pen vend le "Paquebot" », lci.fr, .
  9. « FN : actifs et passifs à céder », C dans l'air, 5 mai 2008.
  10. « Au FN, «Marine» à la peine pour retenir élus et militants », Libération, 14 octobre 2008.
  11. Tribune De Genève.ch
  12. « Le Congrès du Front National se tiendra les 15 et 16 janvier 2011 », sur le site officiel du FN
  13. Le Monde
  14. France2
  15. Jean-Pierre Apparu, La Droite aujourd'hui, Paris, Albin Michel, 1978, p. 176.
  16. « Entretien avec Pierre Milza », Outre-Terre 2/2003 (no 3), p. 15-17
  17. Brian Jenkins (éd.), France in the Era of Fascism. Essays On The French Authoritarian Right, Berghahn Books, 2005, p. 201.
  18. « Charles de Gaulle junior : hélas ! », Le Point, 23 avril 1999.
  19. Programme du Front national
  20. « Le FN confirme sa perte d'influence électorale » sur europe1.fr (municipales de 2008)
  21. http://info.france2.fr/politique/marine-le-pen-veut-en-finir-avecla-diabolisation-66312343.html
  22. « Le Pen : une minute de silence pour un “détail” », Libération, 2 février 1995.
  23. « Jean-Marie Le Pen récidive sur les chambres à gaz », Le Monde, 26 avril 2008.
  24. web « Le Pen continue à minimiser les chambres à gaz au Parlement européen », AFP, 25 mars 2009.
  25. Gauthier Nicole, « Le « détail » de Le Pen sera jugé en Allemagne. Le Parlement européen a levé hier son immunité parlementaire », Libération,‎ (lire en ligne)
  26. « En France du moins, l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés », Rivarol, .
  27. Alternative libertaire : Front Haine - La politique du pire
  28. Dans un sketch du Vrai Journal.
  29. Les slogans anti-FN
  30. Conseil national du Front National
  31. Congrès du Front national

Voir aussi

Bibliographie

Bibliographie sur le Front national ou sur ses membres
Bibliographie sur la droite ou l'extrême droite
  • René Rémond, Les Droites en France, éd. Aubier-Montaigne, 1982
  • Pierre-André Taguieff, « La Rhétorique du national-populisme », dans Cahiers Bernard Lazare, n° 109, juin-juillet 1984, pp. 19-38.
  • Michel Winock (dir.), Histoire de l'extrême droite en France, éd. du Seuil, « Points », 1994.
  • Pierre-André Taguieff, « Le Populisme et la science politique. Du mirage conceptuel aux vrais problèmes », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 56, octobre-décembre 1997, pp. 4-33.
  • Anne-Marie Duranton-Crabol, « L'extrême droite », dans Serge Berstein, Pierre Milza et Jean-Louis Bianco, Les Années Mitterrand, les années du changement. 1981-1984, éd. Perrin, 2001.
  • Pierre-André Taguieff, « Populisme, nationalisme, national-populisme. Réflexions critiques sur les approches, les usages et les modèles » in Gil Delannoi et Pierre-André Taguieff (sous la dir.), Nationalismes en perspective, Paris, Berg International, 2001, pp. 303-407.
  • Pierre Milza, L'Europe en chemise noire : les extrêmes droites en Europe de 1945 à aujourd'hui, Champs Flammarion, 2002.
  • Michel Dobry (dir.), Le Mythe de l'allergie française au fascisme, éd. Albin Michel, 2003.
  • Erwan Lecoeur, Un néo-populisme à la française. Trente ans de Front national. éd. La Découverte, 2003.
  • Michel Winock, La France politique. XIXe-XXe siècles, éd. du Seuil, « Points », 2003.
  • Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, éd. du Seuil, 2004.
  • René Rémond : Les Droites aujourd'hui, éd. Audibert, 2005.

Articles connexes

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