Destroyers for Bases Agreement
Destroyers for Bases Agreement est le nom donné à un accord signé entre les États-Unis et au Royaume-Uni le 2 septembre 1940 visant à transférer 50 destroyers de la United States Navy en échange de droits fonciers sur des possessions britanniques. Les destroyers forment la classe Town en prenant des noms de villes communes aux deux pays.
Contexte
La Seconde Guerre mondiale débute en septembre 1939. Après l'intermède de la drôle de guerre, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique sont rapidement envahie par la Blitzkrieg allemande. Après la bataille de France en mai 1940, le Royaume-Uni se trouve seul contre l'Allemagne nazie.
Bien que les États-Unis soient compatissants devant la détresse du Royaume-Uni, l'opinion publique américaine plébiscite l'isolationnisme pour éviter d'être impliquer dans « another European war » (une autre guerre européenne). Reflétant ce sentiment, le Congrès signe des actes de neutralités trois ans avant le début du conflit. Enfin, le président Franklin Delano Roosevelt est contraint par la prochaine élection présidentielle en 1940, ses détracteurs cherchant à le dépeindre comme étant pro-guerre.
Fin mai, après l'évacuation des forces britanniques de Dunkerque, en France, au cours de l'Opération Dynamo, la Royal Navy a un besoin immédiat de navires, d'autant plus qu'ils doivent maintenant fournir un effort considérable lors de la bataille de l'Atlantique. Les U-boats allemands exercent une pression croissante sur les fournitures du Royaume-Uni en ressources essentielles à l'effort de guerre.
Les troupes allemandes progressent rapidement en France et beaucoup, dans le gouvernement américain, sont convaincus que la défaite de la France et du Royaume-Uni est imminente. Les États-Unis, par le biais de l'ambassadeur britannique Philip Kerr marquis de Lothian, font une proposition au Royaume-Uni de bail pour des terrains d'aviation à Trinidad aux Bermudes et à Terre-Neuve. Le Premier ministre britannique Winston Churchill rejette d'abord l'offre le 27 mai, dans la mesure où le Royaume-Uni ne reçoit rien immédiatement en échange. Le 1er juin, alors que la défaite de la France est certaine, le président Roosevelt contourne l'acte de neutralité de son pays en proposant un « surplus » de plusieurs millions de munitions et d'armes américaines, et autorisant leur envoi vers le Royaume-Uni. Mais Roosevelt rejette les demandes de Churchill pour les destroyers.
En août, tandis que le Royaume-Uni se trouve seul face à l'Allemagne, l'ambassadeur américain Joseph Patrick Kennedy rapporte de Londres qu'une défaite britannique est « inévitable ». Cherchant à convaincre Roosevelt de céder des destroyers, Churchill avertit Roosevelt que si le Royaume-Uni est vaincu, ses îles coloniales près des côtes américaines pourrait devenir une menace directe pour l'Amérique si elles tombaient aux mains des Allemands.
L'accord
Le 2 septembre 1940, alors que la bataille d'Angleterre s'intensifie, le Secrétaire d'État américain Cordell Hull signale un accord pour le transfert des navires de guerre à la Royal Navy. En échange, les États-Unis se voient accorder des terrains dans diverses possessions britanniques pour l'établissement de bases navales ou aériennes, se forme de baux pour une durée de 99 ans avec loyer gratuit. Il s'agit de terrains se trouvant :
- à Terre-Neuve (qui fait aujourd'hui partie de la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador) ;
- sur la côte est des Bahamas ;
- sur la côte sud de la Jamaïque ;
- sur la côte ouest de Sainte-Lucie ;
- sur la côte ouest de Trinidad (golfe de Paria) ;
- à Antigua ;
- en Guyane britannique (aujourd'hui Guyana) à 50 miles de Georgetown.
L'accord permet aussi aux forces américaines de créer des bases navales et aériennes :
- dans le Great Sound et le Castle Harbour aux Bermudes ;
- sur les cotes sud et est de Terre-Neuve.
Aucun destroyer n'est reçu en échange des bases dans les Bermudes et Terre-Neuve. Les deux territoires sont vitaux pour les transports de marchandises outre-Atlantique, ces bases permettent de sécuriser en partie ces transports lors de la bataille de l'Atlantique. Bien qu'une attaque ennemie soit peu probable, elle ne peut pas être écartée, le Royaume-Uni est contraint de maintenir des forces défensives, y compris une garnison aux Bermudes. La transaction a permis au Royaume-Uni qu'une grande-partie de la défense des Bermudes passe sous la responsabilité des États-Unis, libérant ainsi les forces britanniques redéployées sur des théâtres d'opérations plus importants.
Annexes
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Destroyers for Bases Agreement » (voir la liste des auteurs).