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Margaret Thatcher

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Margaret Thatcher
Illustration.
Margaret Thatcher.
Fonctions
71e Premier ministre du Royaume-Uni
Monarque Élisabeth II
Gouvernement Thatcher
Législature 48e, 49e et 50e Parlements
Prédécesseur James Callaghan
Successeur John Major
Chef du Parti conservateur
Prédécesseur Edward Heath
Successeur John Major
Ministre de l'Éducation et des Sciences
Premier ministre Edward Heath
Prédécesseur Edward Short
Successeur Reginald Prentice
Députée au Parlement du Royaume-Uni
pour la circonscription de Finchley
Prédécesseur John Crowder
Successeur Hartley Booth
Biographie
Lieu de naissance Grantham (Royaume-Uni)
Lieu de décès Londres (Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Parti politique Parti conservateur
Conjoint Sir Denis Thatcher,
baron Thatcher of Scotney
Enfants Hon. Carol Thatcher
Sir Mark Thatcher,
baron Thatcher of Scotney
Diplômée de Somerville College
Profession Chimiste
Barrister (avocate)
Religion Méthodisme puis Anglicanisme

Signature de Margaret Thatcher

Margaret Thatcher
Premier ministre du Royaume-Uni

Margaret Hilda Thatcher, baronne Thatcher, LG, OM, PC, FRS, née Roberts le à Grantham et morte le à Londres, est une femme d'État britannique.

Fille d'épicier, d'abord chimiste puis avocate de profession, elle fait son entrée au Parlement du Royaume-Uni en 1959. Elle est la première et unique femme à avoir dirigé le Parti conservateur, de 1975 à 1990, et également la première – et à ce jour la seule – femme Premier ministre du Royaume-Uni, de 1979 à 1990. Arrivée au pouvoir dans un pays en situation d'instabilité, Margaret Thatcher en redresse l'économie en mettant en place une série de réformes libérales radicales. Effectuant le plus long mandat ininterrompu de Premier ministre au Royaume-Uni depuis le début du XIXe siècle, elle est devenue « par sa personnalité autant que par ses réalisations, la plus renommée des leaders politiques britanniques depuis Winston Churchill[1]. »

Attachée à ses convictions chrétiennes méthodistes, conservatrices et libérales, invoquant la souveraineté britannique, la protection de l'intérêt de ses administrés et les principes de droit, elle mène une politique étrangère marquée par l'opposition à l'URSS, la promotion de l'atlantisme, la guerre des Malouines en 1982 ou la promotion d'une Europe libre-échangiste au sein de la Communauté économique européenne. Sa politique économique, fortement influencée par les idées issues du libéralisme économique, est marquée par d'importantes privatisations, par la baisse de la pression fiscale, la maîtrise de l'inflation et du déficit, l'affaiblissement des syndicats, et la chute du chômage non sans se voir reprocher par ses adversaires des conséquences sociales négatives.

Margaret Thatcher est à la fois l'une des figures politiques britanniques les plus admirées et les plus détestées. Le surnom de « Dame de Fer », que le journal soviétique L’Étoile rouge, organe de l'armée soviétique, lui décerna en janvier 1976 dans le but de stigmatiser son anticommunisme, symbolise sa fermeté face aux grévistes de la faim de l'IRA provisoire en 1981 ou aux mineurs grévistes en 1984-1985. Elle reste associée à la « révolution conservatrice » des années 1980. En effet, l'influence de son passage au gouvernement du Royaume-Uni est souvent qualifiée de « révolution » sur les plans politique, idéologique, et économique[2],[3],[4],[5].

Au-delà des conservateurs, elle a influencé une partie des travaillistes, notamment Tony Blair[6].

Jeunesse et études

Maison natale de Margaret Thatcher à Grantham.
Plaque commémorative ornant la maison natale de Margaret Thatcher[7].

Margaret Thatcher naît le à Grantham, en Angleterre. Elle est issue des classes moyennes[8], voire d'un milieu modeste[9]. Elle est la fille d'Alfred Roberts (1892 – 1970) et de Beatrice Roberts, née Stephenson (1888 – 1960). Sa mère est couturière[10], un de ses grands-parents, gallois, est cordonnier, l'autre, irlandais, est cheminot[10]. Membre du Parti conservateur local, son père est à l'origine un petit épicier de quartier qui va connaître une ascension sociale grâce au travail et à l'épargne[9] au point de devenir brièvement maire de Grantham en 1945-1946, perdant son poste de conseiller municipal lorsque le Parti travailliste remporte pour la première fois les élections municipales en 1950. Sa sœur aînée, Muriel, est née en 1921 dans l'appartement au-dessus de la boutique familiale[11].

Margaret Thatcher va pendant sa jeunesse aider à faire fonctionner l'épicerie[10], donnant naissance à des intuitions favorables au libre-échange et au marché[9]. Elle suit une éducation rigoureuse et très imprégnée par le méthodisme, pour lequel son père prononce des sermons[12]. La foi de Margaret Thatcher est l'un des fondements du thatchérisme : sa morale religieuse préconise aux hommes de « travailler dur »[13], afin d'élever leur position sociale par l'épargne et le mérite, dénotant un lien évident avec L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber[14]. Elle confia à ce propos : « Nous étions méthodistes, c'est-à-dire que nous aimions l'ordre, la précision et la rigueur[10]. »Elle découvre très jeune la politique à travers l'engagement de son père[15].

Élève brillante, elle se révèle être un bourreau de travail, aptitude qu'elle préservera toute sa vie durant[16]. Elle étudie jusqu'au lycée dans la ville, rejoignant la Kesteven and Grantham Girls' School avec une bourse. Elle passe la première partie de la Seconde Guerre mondiale à Grantham, qui est bombardée[17]. En 1943, elle est admise au Somerville College de l'Université d'Oxford, pour un cursus de chimie. Elle est alors la première de sa famille à entrer à Oxbridge[18], qu'elle finance grâce à des bourses[19]. Elle étudie la cristallographie sous la tutelle de Dorothy C. Hodgkin (prix Nobel de chimie en 1964)[20], et effectue des recherches sur la gramicidine B, un antibiotique polypeptidique[21]. Elle sort de l'université avec une licence de chimie[10]. Elle rejoint dès son arrivée l'Oxford University Conservative Association (OUCA), l'association des étudiants conservateurs d'Oxford et, en , elle en devient la présidente, étant la troisième femme à accéder à ce poste[22]. Son origine sociale et son engagement politique en font une personnalité atypique, la plupart des étudiants étant progressistes et de milieu social élevé[9]. Alors qu'elle a une aventure avec un étudiant d'un milieu aristocratique, elle est humiliée par la famille de celui-ci pour son rang social inférieur[9]. Malgré le snobisme ambiant, elle parvient à faire passer le nombre de membres de l'OUCA de 400 à son arrivée à plus de 1 000 durant sa présidence[23]. Dans le même temps, elle participe pour la première fois au congrès national du Parti conservateur britannique à Blackpool.

De 1947 à 1951, elle travaille dans le secteur de la recherche en chimie, dans l'industrie des plastiques, chez BX Plastics. En 1949, désignée candidate conservatrice dans la circonscription de Dartford, elle déménage de Colchester et rejoint J. Lyons and Co.[24]

Débuts en politique

Aux élections de 1950, elle tente de se faire élire députée dans le bastion travailliste de Dartford, que le parti lui a assigné, mais elle échoue, réduisant néanmoins de 6 000 voix l'avance travailliste[25]. À 24 ans, elle est la plus jeune femme candidate du pays[26]. Il est à l'époque rare qu'une femme fasse de la politique, ce qui est d'ailleurs généralement mal vu. L'année suivante, elle se représente et prend 1 000 voix supplémentaires à son concurrent travailliste. Ses discours reflètent déjà les idées qui guideront sa politique future, comme ce discours tenu à Dartford[27] :

« Notre politique n'est pas fondée sur la jalousie ou sur la haine, mais sur la liberté individuelle de l'homme ou de la femme. Nous ne voulons pas interdire le succès et la réussite, nous voulons encourager le dynamisme et l'initiative. En 1940, ce n'est pas l'appel à la nationalisation qui a poussé notre pays à combattre le totalitarisme, c'est l'appel de la liberté. »

Margaret Thatcher commence en 1950 des études juridiques, y consacrant ses soirées ou ses weekends durant trois années[28]. Elle rencontre à cette époque Denis Thatcher (1915 – 2003), un divorcé de milieu aisé[10]. Celui-ci recherche une relation stable et sûre, tandis qu'elle recherche un mari qui pourra subvenir à ses besoins pendant qu'elle se consacre à la politique[9]. Ils se marient le . Si leur mariage n'est pas passionnel, leur relation sera extrêmement forte et la mort de Denis, en 2003, l'affectera considérablement[29]. De leur union naissent des jumeaux, en 1953 : Mark et Carol, prématurés de six semaines[30]. Ce mariage marque également une rupture : elle quitte sa ville d'origine et son milieu social, se convertit à l'anglicanisme, religion de son mari[11]. L'année suivante, elle devient barrister spécialisée en droit fiscal[1].

Elle tente à plusieurs reprises d'obtenir l'investiture du parti dans des circonscriptions conservatrices ; en 1958, elle est choisie pour être la candidate conservatrice au Parlement dans la circonscription de Finchley (nord de Londres)[31], qui a la caractéristique d'avoir une forte communauté israélite[32], ce qui aura sans doute des répercussions sur sa politique étrangère future, plutôt pro-israélienne quand la tradition conservatrice était plutôt pro-arabe[9]. Le , elle remporte l'élection avec 29 697 voix contre 13 437 à son adversaire travailliste, et entre pour la première fois à la Chambre des communes. Elle sera élue sans discontinuer aux Communes jusqu'en 1992[16].

La première loi qu'elle propose, le , vise à permettre à la presse de relater les délibérations des conseils municipaux[33]. À l'issue de son maiden speech (premier discours donné par un nouveau membre du Parlement britannique), sa proposition de loi est adoptée par 152 voix contre 39 et son talent d'oratrice est salué, tant par ses collègues députés que par la presse, le Daily Express titrant d'elle « une nouvelle étoile est née[34] ». C'est à cette occasion qu'elle rencontre Keith Joseph, qui restera très proche d'elle et l'influencera fortement[35].

À la faveur d'un remaniement, en , elle devient Junior Minister (fonction semblable à celle de sous-secrétaire d'État durant la IIIe République française) auprès du ministre des Retraites et de l'Assurance sociale[36], où sa maîtrise du complexe thème des retraites impressionne très favorablement ses collègues[10]. À ce poste, elle découvre la lourdeur de l'administration, critique notamment le fait qu'on « paye davantage une femme quand elle est sans-emploi que quand elle travaille », soutient l'instauration de la retraite par capitalisation afin d'augmenter la retraite de base[37]. Elle considère, à titre privé, que son parti a abandonné ses valeurs et notamment la liberté d'entreprendre[38]. Pour The Guardian, « elle paraissait capable de les mettre tous à la retraite et de faire leur job »[38]. Elle conserve ses fonctions jusqu'au départ des conservateurs du pouvoir à l'issue des élections 1964, lors desquelles elle est réélue avec 9 000 voix d'avance sur le candidat du Parti libéral.

Margaret Thatcher soutient alors Edward Heath à la tête du parti tory contre Reginald Maudling. De 1964 à 1970, elle occupe la fonction de porte-parole de son parti à la Chambre des communes[39]. En tant que députée, elle est l'un des seuls conservateurs à soutenir la dépénalisation de l'homosexualité masculine et la légalisation de l'avortement[40]. Parallèlement, elle prend parti contre l'abrogation de la peine de mort et contre l'assouplissement des lois sur le divorce. Lors de discours à la Chambre, elle s'oppose fortement au Parti travailliste et à sa politique fiscale, qu'elle juge être un pas en direction « non seulement du socialisme mais aussi du communisme ».

Réélue à Finchley lors des élections de 1966, elle rejoint en le « Cabinet fantôme » conservateur d'Edward Heath et se voit confier le ministère de l'Énergie, puis celui des Transports en 1968 et de l'Éducation nationale quelques mois plus tard, à la veille des élections de 1970[41].

Ministre de l'Éducation et des Sciences

Lors des élections générales de 1970, elle est réélue dans sa circonscription avec une majorité de plus de 11 000 voix, tandis que les conservateurs l'emportent au niveau national. Elle est sans surprise nommée ministre de l'Éducation et des Sciences par Edward Heath le [42].

Sa politique est marquée par la volonté de protéger les « grammar schools » (sélectives et spécialisées), contre les « comprehensive schools » (généralistes)[43], ce qu'elle ne parvient pas à faire, principalement du fait des réticences du Premier ministre, l'opinion publique étant alors majoritairement en faveur des comprehensive schools[44]. Elle défend également l'Open University, système d'enseignement à distance que le Chancelier de l'Échiquier, Anthony Barber, voulait supprimer pour des raisons budgétaires[45].

Devant couper dans les dépenses de son ministère, elle décide de supprimer, en 1971, la distribution gratuite de lait pour les enfants de sept à onze ans[46], prolongeant la politique du Labour qui l'avait supprimée pour les classes secondaires[47], obtenant en contrepartie une augmentation des crédits pour l'éducation[10]. Cette décision suscite une importante vague de protestations et lui valut le quolibet de « Thatcher Thatcher, Milk Snatcher »[n 1]. En revanche, elle s'oppose à l'introduction de nouveaux frais pour l'accès aux bibliothèques. S'étant considérablement exposée politiquement sans obtenir de gain en contrepartie, elle tirera de cette expérience une leçon politique : n'aller à l'affrontement que pour les combats majeurs[48],[9].

Par ailleurs, Margaret Thatcher instaure la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, lance un grand programme de rénovation des écoles primaires, passablement délabrées, et augmente le nombre de crèches[49]. En ce qui concerne la recherche, Thatcher, à cette époque pro-européenne, investit des sommes substantielles dans le CERN, qui lui doit en grande partie son existence[50].

Après le U-Turn du Premier ministre Edward Heath, qui change radicalement de politique devant la pression de la rue, elle renonce un temps à pratiquer une politique libérale et se conduit de façon aussi dépensière qu'un ministre de l'Éducation habituel[9], ce qui lui permet de gagner en popularité[51]. Plus tard, elle se montrera critique envers son bilan au gouvernement[52].

À la suite de la courte défaite des conservateurs aux élections de , lors desquelles elle est réélue avec une majorité de 6 000 voix, elle devient shadow ministre de l'Environnement (qui englobe à cette époque le Logement et les Transports[53]).

À la tête de l'opposition

Margaret Thatcher, le .

Alors que de nombreux conservateurs sont favorables au principe du keynésianisme, Margaret Thatcher se rapproche de Keith Joseph et devient vice-présidente du Centre for Policy Studies, dont elle partage les analyses sur les causes de la défaite des conservateurs : tous deux estiment que le gouvernement Heath a perdu le contrôle de la politique monétaire et s'est discrédité par ses revirements permanents (« U-turns »). Peu à peu, un nombre croissant de conservateurs perçoit que la politique menée a conduit le pays au déclin relatif puis absolu, et recherche une alternative à Edward Heath[9].

De nouvelles élections générales ont lieu en . Margaret Thatcher est au centre de la campagne, principalement du fait de la proposition que Heath lui a demandé de défendre : l'abolition des rates, les impôts locaux[54]. Le , elle est réélue avec une majorité assez étroite (3 000 voix) dans sa circonscription. Au niveau national, le Parti travailliste remporte la majorité des sièges et Harold Wilson devient Premier ministre.

Edward Heath remet son poste de chef du Parti conservateur en jeu. Initialement candidat, Keith Joseph se retire à la suite d'une « gaffe » dans un discours[55],[9]. Margaret Thatcher décide alors de se présenter. Le , après avoir méthodiquement mené campagne auprès des députés, elle obtient 130 voix et devance à la surprise générale[n 2] Heath (119 voix), qui annonce aussitôt son retrait[11]. Le Daily Mail écrit que « le mot “sensationnel” est à peine adéquat pour décrire l'onde de choc qui secoua Westminster après l'annonce des résultats »[56]. Au second tour, elle recueille 146 voix contre 79 à William Whitelaw[57]. Elle prend la tête du parti le [58].

À la tête du parti tory, elle adopte une attitude anticommuniste, en particulier lors de discours comme celui de Kensington, le , dans lequel elle accuse les Soviétiques d'aspirer à la domination du monde et de sacrifier le bien-être de leur population à cette fin[59]. Cela lui valut le surnom de « Dame de Fer de l'Occident », donné par le journal du ministère de la Défense soviétique, L'Étoile rouge[60], et popularisé par Radio Moscou ; ce surnom lui restera dès lors attaché. Pour se forger une stature internationale, elle se rend dans trente-trois pays et rencontre de nombreux dirigeants, parmi lesquels Gerald Ford, Jimmy Carter, Valéry Giscard d'Estaing, Anouar el-Sadate, Mohammad Reza Pahlavi, Indira Gandhi, Golda Meir[61]. En 1978, avec la plupart des chefs de partis conservateurs européens, elle participe à la création de l'Union démocrate européenne[62].

Sur le plan intérieur, critiquée par plusieurs figures conservatrices, Margaret Thatcher fait appel aux services d'une compagnie, Saatchi and Saatchi, pour gérer sa campagne, comme cela se fait déjà aux États-Unis, mais pas encore en Europe. Des affiches sont imprimées, représentant une file de chômeurs sur fond blanc (les figurants étaient en fait des adhérents du Parti conservateur[63]), illustrée du slogan à double sens Labour Isn't Working (« Le travaillisme ne marche pas » / « Les travailleurs sont au chômage »)[64]. La presse reprend et diffuse ces affiches, qui n'avaient été imprimées qu'à une trentaine d'exemplaires, offrant à la campagne de Margaret Thatcher un large écho[65].

Les difficultés rencontrées par le gouvernement travailliste, obligé de demander trois prêts au FMI comme n'importe quel pays sous-développé[66], relancent les conservateurs, qui attaquent le bilan du gouvernement sur le chômage ou la surrégulation. En outre, l'hiver du mécontentement de 1978-1979, lors duquel des grèves massives paralysent le pays, a des conséquences désastreuses pour l'économie et la population (mise au chômage technique de plus d'un million de personnes, fermetures d'écoles, de crèches, absence de soins pour les malades, coupures régulières d'électricité, etc.)[67]. Margaret Thatcher en profite pour dénoncer le « pouvoir immense des syndicats »[68] et propose, « dans l'intérêt national », son soutien au gouvernement en contrepartie de mesures visant à réduire leur influence[69], mais le gouvernement refuse. Le , Margaret Thatcher déclare[70] :

« Quelques syndicats défient le peuple britannique. Ils défient les malades, ils défient les vieux, ils défient les enfants. Je suis prête à me battre contre ceux qui défient les lois de ce pays. […] Ce sont les tories qui doivent prendre seuls sur leurs épaules les responsabilités […] que ce gouvernement ne veut pas assumer. »

Les conservateurs sont dès lors largement en tête dans les sondages. Le , le gouvernement Callaghan est renversé par une motion de censure, ce qui provoque la tenue d'élections.

Formation intellectuelle

Friedrich Hayek, Prix Nobel d'économie de 1974, est l'une des inspirations intellectuelles de Margaret Thatcher[10].

La politique économique et sociale de Margaret Thatcher, le « thatchérisme », est, avec le « reaganisme », son pendant américain à la même époque, l'un des deux principaux avatars de la « révolution conservatrice » que connaît le monde à la suite de la phase de récession s'ouvrant avec les deux chocs pétroliers et la crise du keynésianisme. C'est dans les années 1970 que le thatchérisme prend forme, sous l'influence des penseurs et think tanks (clubs de réflexion) libéraux. Le thatchérisme se définit par trois caractéristiques fondamentales : le conservatisme politique, le libéralisme économique et le traditionalisme social[71]. Margaret Thatcher se revendique d'Edmund Burke, économiquement libéral mais politiquement conservateur[72].

Margaret Thatcher accorde une grande importance aux valeurs victoriennes du travail, de l'ordre, de l'effort et de self-help, qu'elle reçut dans son éducation et dont elle dit dans ses Mémoires qu'elles jouèrent un grand rôle dans son parcours[10]. Dès ses années d'université, elle se familiarise avec les idées libérales, à travers la lecture de La Société ouverte et ses ennemis de Karl Popper, La Route de la servitude ou, plus tard, La Constitution de la liberté de Friedrich Hayek[73]. Il s'agit là d'une source d'inspiration importante de sa pensée, avec les ouvrages libéraux que lui conseillera Keith Joseph[74]. De façon générale, le thatchérisme puise son inspiration politique et économique dans ces théories et dans celles de l'École monétariste de Chicago, incarnée par Milton Friedman, de l'école de l'offre d'Arthur Laffer et de l'École autrichienne, connue à travers Friedrich Hayek.

Les libéraux classiques, comme Adam Smith, ont aussi eu une importante influence sur Margaret Thatcher, qui était convaincue de la justesse de la métaphore de la « main invisible ». Elle encourage de ce fait les libertés économiques individuelles, car elle les considère comme permettant le bien-être de la société tout entière[75].

Margaret Thatcher mettra en application ces théories en réduisant fortement les dépenses publiques et la pression fiscale, en luttant contre la forte inflation de la fin des années 1970 par des taux d'intérêt élevés et en favorisant l'ouverture économique aux capitaux étrangers, et son corollaire : la fin des subventions aux « canards boiteux » (fermeture des mines non rentables par exemple), ce qui tranche avec le volontarisme des voisins européens pour tenter de sauver l'industrie au cours des années 1980. Nigel Lawson, chancelier de l'Échiquier entre 1983 et 1990, déclare ainsi en 1980 :

« La politique économique du nouveau conservatisme repose sur deux principes : le monétarisme et le libre marché en opposition à l'intervention de l'État et à la planification centralisée »

— Nigel Lawson, Conférence du « Bow Group » en août 1980

Elle revendique également des idées antisocialistes et écrit dans ses Mémoires[76] : « je n'ai jamais oublié que l'objectif inavoué du socialisme – municipal ou national – était d'accroître la dépendance. La pauvreté n'était pas seulement le sol nourricier du socialisme : elle en était l'effet délibérément recherchée ». Dans un discours devant le Conseil central de son parti, en mars 1990, elle déclare[77] : « Le socialisme a l'État pour credo. Il considère les êtres humains ordinaires comme le matériau brut de ses projets de changements sociaux. »

Concernant les vecteurs de transmission de ces idées, on peut souligner le rôle des think tanks libéraux britanniques comme l'Adam Smith Institute, fondé en 1977, l'Institute of Economic Affairs, fondé en 1955, ou le Centre for Policy Studies, fondé en 1974 par Keith Joseph[16].

Premier ministre du Royaume-Uni (1979-1990)

Margaret Thatcher et Jimmy Carter, le à la Maison-Blanche.

C'est dans un contexte marqué par une crise à la fois économique, sociale, politique et culturelle que Margaret Thatcher mène les conservateurs à la victoire le (43,9 % des voix et 339 élus, contre 36,9 % et 269 élus aux travaillistes). Le lendemain, elle devient la première femme à diriger le gouvernement d'un pays occidental.

Le nouveau Premier ministre apparaît alors relativement novice en politique, puisqu'elle dirige le Parti conservateur depuis seulement quatre années et qu'elle n'a pas occupé de poste véritablement de premier plan auparavant. Se décrivant elle-même comme « une femme de convictions[78] », elle entend mettre en pratique un programme, appuyé sur quelques principes fondamentaux, pour enrayer le déclin du pays. Elle déclare le que « la dame ne fait pas demi-tour[79] ! », s'affichant ainsi en opposition avec les revirements de l'ancien Premier ministre conservateur Edward Heath.

Le président américain Ronald Reagan et le Premier ministre britannique Margaret Thatcher en 1986, à Camp David.

Politique intérieure

Économie et redéfinition du rôle de l'État

Margaret Thatcher orchestre une réduction importante du rôle de l'État, accompagnée du renforcement de son autorité sur les domaines qu'il conserve, au détriment des corps intermédiaires[80].

Elle lance ses réformes les plus importantes aux débuts de ses mandats, lorsque sa légitimité démocratique est incontestable[81]. Lors de son premier mandat, elle commence le douloureux assainissement de l'économie et la réduction de la dépense publique, et donc du déficit et de la dette publics. Elle profite de sa triomphale réélection en 1983 (la plus forte majorité conservatrice depuis la guerre[82]) pour lancer un programme de privatisations et réduire le pouvoir des syndicats. Enfin, lors de son troisième mandat, sa volonté de réformer les impôts locaux provoque sa chute[81].

À la fin de son deuxième mandat, elle lance un programme de privatisations, comme celles de British Airways en 1987. Ce transporteur aérien déficitaire devient l'une des meilleures et plus rentables compagnies au monde[83]. L'année suivante, British Steel est privatisée. Sous la présidence d'Ian McGregor, cette compagnie doit s'aligner sur la productivité des industries étrangères : en 1975, elle a en effet une productivité une fois et demie inférieure à la productivité allemande et deux fois et demi inférieure à la productivité américaine. À partir de 1979, elle augmente de 10 % par an[84]. Cette entreprise perdant un milliard de livres par an avant sa privatisation devient ainsi le plus gros producteur d'acier européen.

Cette réduction du rôle de l'État s'accompagne d'une diminution du nombre de corps intermédiaires : on observe la disparition de plusieurs centaines de Quangos (Quasi-Autonomous Non-Government Organisations : organismes paritaires) et plusieurs conseils de comté sont démantelés ou supprimés[85]. À Londres, la suppression fin 1986 de la Greater London Council, dirigée par le populaire leader travailliste Ken Livingstone, est considérée comme une mesure politicienne.

Illustration de cette évolution du rôle de l'État, elle déclare dans un discours en 1975[86] :

« Un homme a le droit de travailler comme il veut, de dépenser ce qu'il gagne, de posséder sa propriété, d'avoir l'État pour serviteur et non pour maître. Ce sont là les héritages britanniques. Ils sont l'essentiel d'une économie libre et de cette liberté dépendent toutes les autres. »

Concernant sa politique fiscale, elle diminue les impôts sur le revenu (la dernière tranche de l'impôt sur le revenu était en 1979 à un taux très important de 83 %[87]), et augmente en échange les impôts sur la consommation (la TVA passe de 8 à 15 %[87]).

En matière de politique monétaire, Geoffrey Howe annonce la première année de son mandat la disparition progressive du contrôle étatique des taux de change[88].

Margaret Thatcher promeut une politique économique qui sera ultérieurement appelée « capitalisme populaire »[87] : elle encourage la classe moyenne à augmenter ses revenus grâce à la Bourse[87] (le nombre de détenteurs d'actions au Royaume-Uni passe de trois millions en 1980 à onze millions en 1990[89]) ; elle permet aussi à ceux qui le souhaitent de devenir propriétaires de leur logement, notamment en autorisant la vente des logements sociaux de l'État à ceux qui les louent[87],[90].

Si la politique économique de Margaret Thatcher met l'accent sur la réduction de la dépense publique et la maîtrise du déficit public, les Archives nationales britanniques indiquent qu'elle se montre également économe dans sa gestion du 10, Downing Street, insistant par exemple pour payer elle-même le fer à repasser utilisé durant ses mandats[91].

Syndicalisme

Margaret Thatcher s'occupe également de la question des syndicats, qui disposent d'une influence considérable sur l'économie britannique lors de son arrivée au pouvoir : des responsables syndicaux non élus peuvent en effet provoquer d'importants mouvements de grève paralysant le pays[87], comme ce fut le cas à l'occasion de l'hiver du mécontentement avant l'élection de Thatcher. Cette puissance est pour une part due à leur influence au sein même du Parti travailliste, alors nettement ancré à gauche[92]. Le conflit le plus significatif entre le nouveau pouvoir et les syndicats est la longue grève des mineurs britanniques de 1984-1985, dont Thatcher sort victorieuse[93]. Cette grève, qui dure un an sans s'étendre aux autres activités du pays ou en grève générale, avait pour enjeu direct la question de la fermeture des puits de charbon déficitaires, une perspective catégoriquement rejetée par Arthur Scargill, le chef marxiste du NUM, le syndicat national des mineurs. Les films Billy Elliot et Les Virtuoses évoquent ces grèves.

Durant son passage au pouvoir, cinq lois sur les syndicats sont votées : en 1980, 1982, 1984, 1987 et 1988. Ces lois ont pour objectif premier de mettre fin au « closed shop », qui permet à un syndicat de n'autoriser que les recrutements de travailleurs syndiqués[94].

La question irlandaise

La situation en Irlande du Nord se dégrade au début de son mandat ; Lord Mountbatten, cousin de la reine et organisateur de l'indépendance de l'Inde, est assassiné par l'IRA le [95]. En 1980, plusieurs membres de l'Armée républicaine irlandaise provisoire et de l'Irish National Liberation Army incarcérés à la prison de Maze se lancent dans une grève de la faim pour obtenir le statut de prisonniers politiques, qui avait été supprimé en 1976 par les travaillistes, mais dont certains prisonniers continuaient à bénéficier. Elle dure 53 jours, sans que les grévistes obtiennent rien. En 1981, une deuxième grève est organisée par Bobby Sands. Malgré la mort de 10 grévistes de la faim (dont Bobby Sands, élu entre-temps membre du Parlement) au bout de 66 jours de grève et des pétitions envoyées du monde entier, Thatcher se montre inflexible[96],[97], déclarant par exemple à la Chambre des communes que Bobby Sands « a choisi de se donner la mort ; c'est un choix que son organisation ne laissait pas à beaucoup de ses victimes »[11],[n 3]. Des attentats visent Hyde Park et Regent Street en 1982, faisant 23 morts, puis Harrods en 1983, faisant 9 morts. En , l'explosion d'une bombe à retardement de l'IRA au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du Parti conservateur, manque de provoquer la mort de Margaret Thatcher et de plusieurs membres de son gouvernement[98]. Le sang-froid dont elle fait preuve au cours de cet attentat à la bombe dans le Grand Hôtel de Brighton suscite le respect et l'admiration du peuple britannique[99]. L'attentat fait cinq morts et de nombreux blessés, dont la femme de Norman Tebbit, un des principaux ministres, qui est restée paralysée. Concernant Margaret Thatcher, sa salle de bain est détruite mais pas son bureau, où elle travaillait encore, ni sa chambre, où dormait son mari. En 1987, un attentat de l'IRA à Enniskillen fait onze morts. Le , elle rencontre à Dublin le Premier ministre irlandais Charles James Haughey. À la suite de ces premières discussions, la coopération entre la République d'Irlande et le Royaume-Uni est intensifiée, aboutissant aux accords d'Hillsborough Castle (en anglais, l'Anglo-Irish Agreement), signés le , dans lesquels elle reconnaît la « dimension irlandaise » en échange d'avancées en matière de sécurité, qui ne verront pas le jour[100]. Ils ont cependant été considérés comme un important pas en avant dans la résolution du conflit[101]. À la fureur des Unionistes, l'accord donne des garanties au gouvernement irlandais et aux pacifistes et affirme la nécessité de la règle majoritaire pour toute évolution du statut de la province. Cela ne suffit pas à mettre un terme à la violence qui continue[102].

Questions de société

Le Royaume-Uni connait une vague croissante d'immigration après les chocs pétroliers des années 1970[103], notamment en provenance de ses anciennes colonies aux Caraïbes, mais aussi et surtout du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'Inde. De nouveaux types de problèmes sociaux apparaissent dans des quartiers souvent considérés comme des ghettos ethniques, particulièrement touchés par le chômage. C'est également à cette époque que le phénomène des skinheads, mouvement culturel (devenu majoritairement raciste et antisémite dans les années 1980) appelant à l'usage de la violence contre les immigrés, la gauche et l'extrême-gauche, devient relativement important au Royaume-Uni.

Média

Margaret Thatcher, bien conseillée, notamment par le très efficace directeur de presse du Number 10, Bernard Ingham[104], utilise une stratégie de communication efficace. Elle suit notamment des cours de maintien et d’élocution afin de perfectionner son accent Oxbridge (accent de ceux qui sont passés par les universités de Cambridge ou Oxford) et faire passer une image de fermeté et d'assurance qui assure sa crédibilité dans les médias audiovisuels. Ses rapports avec la BBC furent houleux avec notamment une polémique éclatant au grand jour en 1986[105]. En revanche, la « Dame de fer » entretient de bonnes relations avec certains journaux, tout particulièrement ceux de Rupert Murdoch, jugés être en faveur de sa politique[106]. Les tribunes du Guardian et de The Independent étaient cependant largement ouvertes à ses opposants politiques[107].

Éducation

Margaret Thatcher visitant l'université de Salford, en 1982.

En 1983, le gouvernement Thatcher augmenta les frais d’inscription pour les étudiants étrangers[108][source insuffisante] ouvrant ainsi la voie à l’augmentation ultérieure des frais d’inscription pour tous les étudiants, étrangers ou non, et incitant certaines universités à construire des cursus spécifiques destinés à attirer des étudiants fortunés américains, japonais ou des pays du Golfe. Le troisième gouvernement de Thatcher (1987-1990) vit l'introduction d'une législation (Education Reform Act de 1988) qui modifie considérablement le système de financement des universités. Le financement de l’enseignement est distingué de celui de la recherche (régulièrement évalué) et le Universities Funding Council (Conseil du Financement Universitaire, composé notamment de non-universitaires, acteurs de la sphère économique) est créé pour superviser l’utilisation des fonds publics par les universités. Un système de contractualisation des universités est mis en place : pour recevoir des fonds publics les universités doivent répondre aux appels d’offres du Ministère et se conformer aux critères imposés par celui-ci. Une concurrence entre les universités est mise en place pour l’obtention des fonds publics. Les universitaires perdent la sécurité d’emploi et passent au régime général de contrats à durée déterminée.[réf. nécessaire]

Le Local Management of Schools Act accorde aux conseils d'administration des établissements d'enseignement (composés pour moitié de personnel enseignant, pour l'autre de parents d'élèves) une liberté totale des ressources financières et de leur utilisation[109]. En pratique, le salaire des enseignants pouvait être modulé au mérite, ce qui irrita fortement les syndicats enseignants[110]. Cette mesure fut en revanche plébiscitée par les parents d'élèves, puisqu'en 1993, 75 % des écoles choisirent la rémunération au mérite[110].

Margaret Thatcher fait aussi adopter le National Curriculum, qui unifie le niveau de connaissance des élèves, indépendamment de leur comté, le « socle commun » étant le même pour tous jusqu'à 16 ans[111].

Politique étrangère

Margaret Thatcher, participant au G7 de Williamsburg, en 1983.

Sa politique étrangère fut guidée par plusieurs idées fortes, notamment l'anticommunisme, l'atlantisme et l'euroscepticisme.

Guerre des Malouines

Les généraux qui alors gouvernaient l'Argentine, prirent possession le 2 avril 1982 de deux petits archipels argentins qui étaient occupés par les britanniques depuis un siècle dans l'Atlantique Sud : les îles Malouines (Falkland Islands en anglais) et la Géorgie du Sud. Margaret Thatcher décide rapidement de recourir à la force contre cette occupation. Dès le 5 avril, une flotte dirigée par l'amiral Sandy Woodward appareille pour l'Atlantique Sud et la Géorgie du Sud qui est reprise le 25 avril. La reconquête des Malouines prit trois semaines (21 mai-14 juin) et fit 293 morts britanniques contre 712 argentins[112] selon certaines sources ou 649 Argentins selon d'autres sources[113].

La guerre des Malouines se solda par la défaite de l'armée argentine qui précipita la chute de la dictature militaire. L'inflexibilité de Margaret Thatcher dans ce conflit a partiellement contribué à son surnom de Dame de Fer ; alors que sa popularité était au plus bas avant le conflit[114][source insuffisante], l'élan de patriotisme puis le succès militaire contribuèrent à sa première réélection. Parallèlement, elle augmente l'effort militaire jusqu'au milieu des années 1980, dans un contexte de « guerre fraîche » entre les deux blocs.

La relation avec le Chili sera l'occasion d'une controverse beaucoup plus tard. Thatcher remerciera en effet le général Augusto Pinochet pour le soutien qu'il avait apporté à l'armée britannique durant le conflit en mettant à sa disposition les radars chiliens et en recueillant les blessés. L'Argentine et le Chili, tous deux gouvernés par des dictatures militaires, entretenaient en effet des relations tendues en raison d'un conflit territorial. Le conflit du Beagle avait manqué de déclencher une guerre entre les deux pays du Cône Sud. Thatcher remerciera encore publiquement et personnellement Pinochet en 1999, après sa mise en résidence surveillée au Royaume-Uni suite à un mandat d'arrêt international lancé par le juge espagnol Baltasar Garzón pour les violations des droits de l'homme commis sous son gouvernement. S'exprimant en faveur de sa libération, elle déclara alors [115] : « je suis bien consciente que vous êtes celui qui a amené la démocratie au Chili, vous avez établi une constitution appropriée à la démocratie, vous l'avez mise en œuvre, des élections ont été tenues, et enfin, conformément aux résultats, vous avez quitté le pouvoir »[116]. Selon l’écrivain chilien Ariel Dorfman, cette affirmation est aussi « absurde » que si l’on disait « qu’elle a apporté le socialisme à la Grande-Bretagne »[117].

Politique européenne

« Photo de famille » au palais royal de Bruxelles, durant la présidence belge de l'UE de 1987.

Eurosceptique, elle demanda que le Royaume-Uni puisse ne pas payer plus que ce qu'il reçoit de l'Europe. Elle fait cette déclaration célèbre : « We are simply asking to have our own money back »[118] (Nous voulons récupérer notre argent). Le Royaume-Uni, alors en pleine récession, paie en effet beaucoup plus que ce qu'il reçoit. Le , elle justifie sa position par un discours dans lequel elle déclare : « La Grande-Bretagne ne peut accepter la situation actuelle du budget. [...] Je ne peux jouer les Père Noël de la Communauté alors que mon propre électorat est prié de renoncer des améliorations dans le domaine de la santé, de l'éducation [...] et ainsi de suite[119]. » Elle obtient gain de cause en 1984[1], avec ce qu'on appelle le « rabais britannique ». Ses relations avec le président de la Commission européenne, le socialiste français Jacques Delors, sont exécrables[120]. Il est en faveur d'une Europe fédérale et administrée, ce qui est en opposition complète avec les idées de Thatcher, et a des répercussions sur la politique européenne du Royaume-Uni[121].

Dans son fameux discours de Bruges du , elle réaffirme son opposition à une Europe fédérale et déléguant plus de pouvoirs à Bruxelles[122] tout en défendant sa vision de l'Europe, une Europe des patries[123]. Son discours de Bruges défend donc trois idées fondamentales : l'Europe doit fonctionner selon la méthode coopérative, elle doit être l'outil de la création du marché commun[124] et les États-membres doivent se placer dans une logique internationaliste. Elle s'est également opposée à ce que la Communauté européenne dispose de ressources propres.

Margaret Thatcher avait approuvé l'adhésion à la Communauté économique européenne (CEE)[125] et considérait que celle-ci ne devait être qu'un moyen de mettre en place le libre-échange et de garantir la concurrence. Elle déclara ainsi : « Nous n'avons pas réussi à repousser les frontières de l'État avec succès en Grande-Bretagne pour nous les voir réimposées au niveau européen, avec un super-État européen exerçant une nouvelle domination depuis Bruxelles[126]. » Le discours, très critiqué par les autres Européens, révéla les divisions des conservateurs sur la question européenne[1]. C'est d'ailleurs l'Europe qui accéléra la chute de son cabinet avec la démission de l'europhile Geoffrey Howe.

Relation avec les États-Unis

Les Thatcher et les Reagan à la Maison Blanche, avant un dîner officiel, le 16 novembre 1988.

L'amitié avec un dirigeant étranger qui marque le plus son mandat est celle avec le président américain Ronald Reagan, qu'elle connaît depuis 1975, et dont elle partage les principes, notamment l'anticommunisme et le libéralisme économique. Ronald Reagan la surnommait « the best man in England », alors qu'elle le qualifiait de deuxième homme le plus important de sa vie[127]. Les deux dirigeants s'étaient rencontrés en 1975 alors que Reagan n'était encore que gouverneur de Californie[128]. Les deux dirigeants s'apporteront à maintes occasions un soutien réciproque inébranlable.

Avant même l'arrivée de Reagan au pouvoir, Thatcher entreprit de resserrer les liens avec les États-Unis. Sur le plan du nucléaire, elle confirma, notamment par un échange de lettres avec le président Carter, les accords de Nassau signés par MacMillan en 1962 alors que les travaillistes avaient un temps envisagé un rapprochement avec la France sur cette question[129],[130].

Elle montrera tout au long de sa carrière un attachement profond à la doctrine de la dissuasion nucléaire. En 1986, lors du sommet de Reykjavik, elle convainc ainsi Ronald Reagan de décliner la proposition de Gorbatchev d'éliminer l'ensemble des systèmes offensifs soviétiques et américains à moyenne portée.

Réunion de travail des cabinets ministériels de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher, en 1981.

Malgré de nombreux points de convergence, les deux chefs d'État seront en désaccord sur quelques points ponctuels. Concernant la guerre des Malouines, les intérêts américains penchaient originellement du côté argentin. Alors que les États-Unis tenteront dans un premier temps de trouver un compromis susceptible de sauver la face de leur protégé Galtieri, ils fourniront finalement au Royaume-Uni une importante aide logistique et militaire (en particulier les missiles Sidewinder qui feront changer le déroulement du conflit).

Concernant la politique de sanctions contre la Pologne réprimant le syndicat Solidarité, Margaret Thatcher reprocha aux Américains d'avoir unilatéralement décrété des sanctions qui affectaient les économies de ses alliés occidentaux bien plus que la leur[131]. Leur relation bilatérale n'en sera cependant pas affectée.

Guerre froide

Margaret Thatcher adopta une politique opposée à l'URSS et à ses satellites, et soutient activement l'OTAN et la capacité de dissuasion nucléaire indépendante britannique[1]. En 1979, elle condamne l'invasion par l'Armée rouge de l'Afghanistan. En 1980, à la suite de cette invasion, le Royaume-Uni fait partie des 50 pays qui boycottent les Jeux olympiques de Moscou en y participant sous la bannière olympique. Jusqu'en 1985, elle renforce les moyens militaires britanniques, avec une hausse du budget de la défense de 21,3 % entre 1979 et 1985[102]. Avec la détente et l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, les relations s'améliorent et les dépenses militaires décroissent à nouveau.

Relations avec le Commonwealth

Margaret Thatcher passant en revue les troupes des Bermudes, le 12 avril 1990.

Thatcher s'intéresse assez peu aux vestiges de l'Empire durant ses mandats ; les intérêts du Royaume-Uni étant sa priorité[132].

Dès son entrée en fonction en 1979, elle imprime sa marque en réglant en un peu plus de six mois le problème rhodésien vieux de 15 ans avec les accords de Lancaster House[133].

La Grenade, ancienne possession britannique membre du Commonwealth depuis son indépendance en 1974, est envahie par les troupes américaines en 1983. Margaret Thatcher se déclara alors « consternée et trahie »[129]. Son soutien au régime grenadais ne se traduisit cependant que par quelques protestations devant l'Assemblée générale des Nations unies.

Elle s'oppose à de dures sanctions contre le régime sud-africain qui pratique l'apartheid, les jugeant nocives aux intérêts britanniques, voire dangereuses pour la stabilité de la région[134]. Elle convainc ses partenaires du Commonwealth d'accepter les mesures graduées et moins radicales de la Communauté européenne juin 1986[135]. Ses prises de position relatives à l'apartheid ont été critiquées et ont créé des tensions au sein du commonwealth. Le premier ministre français de l'époque, Laurent Fabius, s'est même déclaré lors d'un entretien tout à la fois fasciné et épouvanté par les vues qu'elle lui avait exposées lors d'un repas[136]. Dans ses Mémoires, Thatcher soutient qu'une abolition immédiate de l'apartheid, sans compromis (et donc propre à pousser l'establishment à l'obsidionalité) et imposée de l'extérieur (et donc ignorante des contraintes locales telles que les différences ethniques), aurait produit l'anarchie dont les noirs comme les blancs auraient pâti[137]. Pour le diplomate américain John Campbell, les positions de Margaret Thatcher étaient bien plus fondées sur les principes que ses détracteurs ne l'admettaient mais il estime qu'elle a fait erreur en ne percevant pas que l'ANC était attaché aux valeurs démocratiques et humanistes[138]. Margaret Thatcher et Nelson Mandela se rencontrent finalement à Downing Street en avril 1990, en dépit de l'opposition de la direction de l'ANC[139].

Après des négociations sino-britanniques très difficiles, et l'affirmation par Deng Xiaoping du principe « un pays, deux systèmes »[140], elle signe le la déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong qui prévoit la restitution à la République populaire de Chine de l'île de Hong Kong et de la presqu'île de Kowloon (cédées à perpétuité par les traités de 1842 et 1860), conjointement avec les Nouveaux Territoires (loués en 1898 pour 99 ans), avec effet au [141].

Élections

Les électeurs britanniques lui donnèrent la majorité à trois reprises, lui confiant le plus long mandat de Premier ministre au Royaume-Uni depuis le XVIIIe siècle[1].

En 1982, sa situation était difficile et sa popularité faible. La guerre des Malouines restaura cependant son autorité morale et le Falkland Factor (Facteur des Malouines) joua un rôle important (mais non primordial) dans sa réélection. Elle est alors un personnage charismatique, à l'aura semblable à celle du général de Gaulle selon l'historienne Monica Charlot[142]. Néanmoins, pour l'historien Philippe Chassaigne, c'est surtout l'amélioration de la situation économique qui explique cette réélection[143]. Les tories obtiennent finalement 397 députés sur 635 en 1983[3].

En 1987, les tories remportent à nouveau la victoire mais avec une moindre avance puisqu'ils gagnent 375 sièges sur 650[3]. Les travaillistes sont à chaque fois distancés, en nombre de sièges mais surtout sur le terrain des idées. Michael Foot, le dernier « archéo-travailliste »[À attribuer], laisse la place à des dirigeants plus modérés en 1983[144].

Les dissensions au sein du parti se multiplient néanmoins, en partie à cause de son autoritarisme, qui suscite des brouilles avec Francis Pym, Geoffrey Howe ou Nigel Lawson.

Chute

Margaret Thatcher, en 1990.

En 1990, l'instauration d'un nouvel impôt local supprimant la taxe d'habitation, la poll tax – très impopulaire, au point d'entraîner des émeutes[145] –, sa politique monétaire (taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre à 15 % en 1989[146]) et sa réserve face à l'intégration du Royaume-Uni dans les Communautés européennes la mirent en minorité dans son propre parti, alors très divisé sur ces sujets. Elle accepta cependant l'entrée du Royaume-Uni dans le SME en 1990.

Le , son ministre Geoffrey Howe, l'un de ses plus anciens alliés mais europhile, démissionna pour protester contre sa politique européenne[147]. Il en appela à quelqu'un de nouveau pour mener une nouvelle politique[148]. L'ancien ministre de la Défense Michael Heseltine fit alors acte de candidature pour diriger le Parti conservateur, défiant alors Margaret Thatcher. De quatre voix seulement, sur les 356 exprimées, il reçut suffisamment de suffrages pour mettre en ballotage le Premier ministre[149].

Le , de retour d'une conférence à Paris, elle annonça qu'elle refusait de se soumettre à un second tour et par conséquent, annonça son retrait et sa démission du leadership conservateur[1]. Elle se justifia en invoquant la nécessité de choisir quelqu'un de nouveau qui pourrait mener les conservateurs à la victoire dès l'échéance électorale suivante. Elle apporta son soutien à son ancien dauphin John Major, qui gagna la primaire conservatrice par 185 voix contre 131 pour Heseltine[150], et qui lui succéda donc au poste de Premier ministre dès le 28 novembre.

Elle reste à ce jour le Premier ministre à avoir tenu le plus longtemps les rênes du pouvoir au Royaume-Uni depuis Lord Salisbury[151] : 11 ans et six mois.

L'après 10 Downing Street

Thatcher assistant à la cérémonie commémorative du 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, avec Dick Cheney et sa femme Lynne.
Margaret Thatcher lors des funérailles d'État de Ronald Reagan, le .

Après avoir démissionné, en , du 10, Downing Street, elle est nommée pair du Royaume-Uni, en 1992, comme baronne « Thatcher of Kesteven in the County of Lincolnshire[151] », sur proposition de son successeur John Major, et siège depuis lors à la Chambre des Lords[151]. En 1995, on l'honore de l'Ordre de la Jarretière, plus haute distinction britannique[151].

Après la fin de son mandat, elle donne des conférences un peu partout dans le monde, et se consacre à sa fondation[10].

Le , elle assiste, en compagnie de son époux et de plusieurs autres personnalités, aux funérailles de Lady Diana Spencer à l'abbaye de Westminster.

Elle se retire de la vie publique en 2002, pour ménager sa santé[10].

Santé fragile et décès

Après plusieurs petites attaques cérébrales et sur avis de ses médecins, elle se retire de la vie publique en 2002, tout en restant impliquée dans la politique[20]. Très affectée par le décès de son époux en 2003, Margaret Thatcher continue néanmoins à faire quelques apparitions publiques. Elle tient ainsi à assister aux funérailles de son grand ami, l'ancien président américain Ronald Reagan, qui ont lieu le en la cathédrale nationale de Washington. Pour les cinq ans de l'anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, elle se rend au Pentagone à Washington, en compagnie de la Secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, pour rendre hommage aux victimes étrangères[n 4]. Le , elle assiste à l'installation de sa statue à la Chambre des communes, aux côtés des effigies de Winston Churchill, Lloyd George et Clement Attlee ; premier chef de gouvernement britannique à avoir sa statue de son vivant, elle déclare à cette occasion : « J'aurais préféré une statue en fer, mais le bronze me convient. Au moins, elle ne rouillera pas. Et, cette fois, j'espère que la tête restera en place »[152] (elle fait allusion à une précédente sculpture d'elle, en marbre, du sculpteur Neil Simmons, exposée à la Guildhall Art Gallery et décapitée en 2002 par l'artiste Paul Kelleher dans un geste de protestation symbolique)[153].

Le , le Sunday Telegraph publie des extraits d'un entretien exclusif accordé par la « Dame de fer » à la chaîne de télévision BBC, qui a été depuis diffusé le 19 juin : il s'agit de sa première interview depuis presque cinq ans. Peu avant le 10e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong, elle évoque la journée du , lorsque le Royaume-Uni rétrocéda Hong Kong à la Chine. Elle déclare que ce jour-là, elle ressentit de la tristesse, affirmant qu'elle aurait souhaité que Hong Kong restât sous contrôle de l'administration britannique.

Sa fille Carol indique dans un livre qu'elle publie et qui sort le que sa mère souffre de troubles importants de la mémoire depuis sept ans[154]. Elle présente des troubles cognitifs importants secondaires à une démence vasculaire, consécutive à plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Elle s'est fait hospitaliser à plusieurs reprises depuis[155].

Le , elle fête, au Carlton Club, le 30e anniversaire de son élection en tant que première femme Premier ministre du Royaume-Uni, puis rencontre le pape Benoît XVI au Vatican le Année invalide (mai) suivant[156], après s'être recueillie devant la tombe de Jean-Paul II, sur laquelle elle a déposé un bouquet de roses blanches et une dédicace : « à un homme de foi et de courage ». Le , elle participe à une réception donnée par le Premier ministre Gordon Brown en compagnie du chef du Parti conservateur David Cameron, au 10 Downing Street, pour l'inauguration d'un portrait de l'artiste Richard Stone la représentant ; elle est la première parlementaire à être honorée de son vivant par un portrait à Downing Street et le troisième chef de gouvernement après Winston Churchill et David Lloyd George[157]. Elle effectue une visite à Downing Street le , à l'invitation du nouveau chef du gouvernement, David Cameron, qui a mis fin le mois précédent à une période de treize années dans l'opposition pour le Parti conservateur. Margaret Thatcher avait également rendu visite aux Premiers ministres travaillistes Tony Blair et Gordon Brown peu après leur prise de fonctions, respectivement en 1997 et 2007[158]. Elle assiste également, en présente des autres anciens premiers ministres et du premier ministre en exercice, à l'allocution donnée par le Pape Benoît XVI à Westminster Hall le 17 septembre 2010 lors de sa visite d'Etat au Royaume-Uni. En raison de son état de santé, elle décline ensuite plusieurs invitations, et n'assiste pas au mariage du prince William et de Catherine Middleton le [159].

En septembre 2011, elle participe à la fête d'anniversaire donnée pour le 50e anniversaire du secrétaire d'État à la Défense, Liam Fox, dans son appartement à Admiralty House. Liam Fox déclare alors « être ravi d'avoir deux Premiers ministres (Margaret Thatcher et David Cameron) de son parti pour son 50e anniversaire ».

Pour son 87e anniversaire en octobre 2012, elle fait une rare apparition publique en déjeunant dans un restaurant londonien avec son fils Mark et son épouse. Elle est ensuite hospitalisée, le 20 décembre 2012, et opérée d'une tumeur à la vessie le lendemain[160]. Elle ressort de l'hôpital avant la Saint-Sylvestre et regagne sa résidence du quartier de Belgravia sur Chester Square.

Elle meurt le à l'hôtel Ritz londonien, des suites d'un accident vasculaire cérébral, à l'âge de 87 ans[161],[162],[163].

Réactions à l'annonce de son décès

De nombreux éloges suivent l'annonce de son décès[164]. Elle est en particulier saluée au Royaume-Uni, les éloges provenant de l'ensemble du spectre politique britannique[165]. David Cameron rend hommage à celle qui a « sauvé son pays », saluant son « immense courage[166]. » Indiquant sa tristesse d'avoir perdu « un grand leader, un grand Premier ministre, une grande Britannique », il estime que Margaret Thatcher restera dans les mémoires comme « le meilleur Premier ministre du pays en temps de paix[165]. » Ed Miliband, dirigeant de l'opposition, déclare que « les travaillistes ont souvent été en désaccord avec elle, ce qui ne nous empêche pas d'éprouver le plus grand respect envers ses accomplissements politiques et sa force de caractère[165]. » À l'instar de Lady Diana, Margaret Thatcher bénéficiera d'une ceremonial funeral à la Cathédrale Saint-Paul de Londres, un grand honneur accordé par autorisation royale[167]. Le ministre des Affaires étrangères britannique, William Hague, a lui indiqué sur Twitter que la « Dame de Fer » avait changé la Grande-Bretagne « pour toujours » et que chaque citoyen du Royaume « lui doit beaucoup ».

Mais dans son pays, des critiques s'élèvent aussi, comme c'est le cas du réalisateur Ken Loach ou de David Hopper, responsable régional du syndicat des mineurs (NUM) dans le nord-est de l'Angleterre, qui relèvent les divisions sociales qu'a créées la Dame de fer[168]. La presse britannique se montre partagée quant au bilan de l'action de la Dame de Fer[169].

Le président américain Barack Obama salue l'« un des grands avocats de la liberté[170] » ; il indique par ailleurs que son mandat de Premier ministre « est un exemple pour nos filles : aucun plafond de verre n'est impossible à briser[165]. »

La chancelière allemande Angela Merkel reconnaît en Margaret Thatcher un « leader extraordinaire de notre époque[170]. »

Le président russe Vladimir Poutine a lui rendu hommage à « l'une des personnalités politiques les plus remarquables du monde moderne[171]. »

L'ancien dirigeant soviétique Mikaël Gorbatchev, interlocuteur direct de Margaret Thatcher lors de son mandat de Premier ministre, rend hommage à une « personne brillante » qui restera « dans nos mémoires, comme dans l'Histoire[170]. »

Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarité, souligne quant à lui l'engagement de Margaret Thatcher pour la délivrance de l'Europe de l'est du communisme[170]. Fervent catholique, il annonce « prier pour elle[170]. »

Gianni Alemanno, le maire de Rome, indique que malgré ses désaccords politiques avec Margaret Thatcher, il « ne peut que s'incliner face à une femme qui a été une figure majeure non seulement de l'histoire européenne, mais également de celle du monde[172]. »

Le président français François Hollande estime que Margaret Thatcher « aura profondément marqué l'Histoire de son pays. » « Tout au long de sa vie publique, avec des convictions conservatrices qu’elle assumait pleinement, elle fut soucieuse du rayonnement du Royaume-Uni et de la défense de ses intérêts », ajoute-t-il dans un communiqué[173].

Elle est également saluée en Israël, où est louée son action en faveur de la paix au Moyen Orient (Margaret Thatcher avait été à l'origine d'un accord de paix entre Israël et la Jordanie)[174].

Bilan du thatchérisme

Margaret Thatcher mit en application les théories libérales en luttant contre l'inflation forte de la fin des années 1970 par des taux d'intérêt élevés et en favorisant l'ouverture économique aux capitaux étrangers ; elle réduisit également les impôts et les dépenses publiques. Pour atteindre ce dernier objectif, elle mit fin à la participation financière de l'État qui soutenait l'activité de plusieurs industries « historiques », notamment des mines déficitaires, attitude qui tranche avec le volontarisme des voisins européens du Royaume-Uni dans leur tentative de sauvetage de l'industrie au cours des années 1980.

Elle laisse à son départ une situation économique jugée « assainie »[10],[175], et qui peut être caractérisée par quatre éléments : une inflation qui reste forte malgré une baisse au milieu des années 1980[n 5], une croissance économique importante[176], un État dont la place dans l'économie s'est réduite, et un chômage qui atteint 6,8 % lors de la dernière année au pouvoir de Thatcher, en 1990[177],[178]. La proportion de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté (50 % du salaire moyen) est passée de 8 % en 1979 à 22 % en 1990 selon l'hebdomadaire The Economist en 1994. Les inégalités de revenus se sont creusées : entre 1980 et 1990, la part des 10 % les plus pauvres de la population a un revenu moyen en baisse de 10 %, tandis que les moyennes des revenus de tous les autres déciles augmentent, d'autant plus fortement que les revenus sont élevés, ainsi celle du deuxième décile a augmenté de 4 % et celle du dernier décile a augmenté de près de 60 %[179] : ainsi les mandats de Margaret Thatcher permettent l'émergence d'une classe moyenne de petits propriétaires[16].

Le développement de la propriété privée, en particulier grâce à la vente des logements sociaux à leurs occupants, fait partie des conséquences directes de la politique de Margaret Thatcher, conformément à sa volonté affichée de faire du Royaume-Uni une « société de propriétaires » : la proportion de propriétaires-occupants dans la population totale est passée de 55 à 67 % entre 1979 et 1989[180]. De même, elle a favorisé le développement de l'actionnariat : si trois millions de foyers détiennent des actions en 1979, ils sont trois fois plus nombreux en 1987[181]. La City au centre de Londres, devient sous son gouvernement, l'un des centres financiers les plus importants de la planète[182].

Si au cours des années 1980 le niveau de vie britannique a augmenté en moyenne, les inégalités de revenu se sont en revanche creusées[n 6] ; plus largement, les conséquences sociales et le « style abrasif »[183] de Margaret Thatcher ont suscité de nombreuses critiques. On a notamment attaqué son bilan en matière de protection sociale, même si le système de la santé publique (National Health Service) n'a pas été réformé sous son gouvernement[16],[n 7].

Héritage politique

Reconnaissance nationale

Margaret Thatcher reçoit de nombreux honneurs et décorations : elle est par exemple faite en 1991 Citoyenne d'honneur de la ville de Westminster, un honneur qui n'avait été accordé qu'à Churchill[184].

Le blairisme du Premier ministre Tony Blair, qui prend la suite du conservateur John Major en 1997, marque un prolongement du thatchérisme pour sa trame libérale, mais avec des infléchissements[6] : une reconsidération de la question des inégalités, la renationalisation d'entreprises d'intérêt général en déroute, ou encore une attitude moins isolée vis-à-vis de l'Union européenne, sans pour autant remettre fondamentalement en cause l'atlantisme traditionnel dans le pays.

Son influence culturelle sur la revitalisation des idées d'économie de marché lui a été reconnue par ses adversaires politiques ; Peter Mandelson, député travailliste, écrivit ainsi dans une tribune libre publiée le dans The Times : « Nous sommes tous des thatchériens »[8]. Elle conserve aujourd'hui une aura importante dans le pays et est considérée par les britanniques comme leur plus grand Premier ministre de l'après-guerre[185]. En 2011, un sondage mené par Ipsos Mori montre que les Britanniques considèrent Margaret Thatcher comme étant le Premier Ministre le plus compétent du pays ces 30 dernières années[186]. Elle demeure néanmoins critiquée par plusieurs personnalités politiques[Lesquelles ?], parmi lesquelles le député de la région de Rotherham Denis MacShane, qui affirme en 2008 « qu'elle a condamné [la population de sa région] à un niveau de vie indigne pendant près de quinze ans [qui lui voue encore] une haine viscérale »[187].

Margaret Thatcher est une des très rares personnalités politiques à avoir donné son nom à une doctrine — le thatchérisme — et à avoir polarisé la vie politique du pays autour d'elle. Plus de 15 ans après son départ, l'intention prêtée en à Tony Blair de lui préparer des obsèques nationales a entraîné de nombreuses réactions ; le Daily Telegraph a consacré le 9 août sa une aux remous de l'affaire au sein du Parti travailliste. Plusieurs membres du parti du Premier ministre évoquent la possibilité de quitter le parti si cette information était confirmée. Les obsèques nationales sont normalement réservées à la famille royale britannique[188]. Mais il existe certaines exceptions, comme en 1965 lors du décès de Winston Churchill, qui avait dirigé le pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Devant cette perspective, qui coûterait trois millions de livres, une pétition stipulant que, « en conformité avec son héritage, les funérailles devraient être financées et organisées par le secteur privé afin d'offrir le meilleur choix et rapport qualité-prix aux usagers et autres parties prenantes », reçoit en 2012 plus de 25 000 signatures en deux mois sur le site officiel du gouvernement britannique ; si le seuil des 100 000 signataires est atteint avant l'automne, cette pétition pourra faire l'objet d'un débat parlementaire[189],[190]. Finalement, après l'annonce de son décès, il est révélé qu'elle n'aura pas d'obsèques nationales mais des funérailles avec les honneurs militaires à la St Paul's Cathedral avec des honneurs militaires qui lui seront rendus[164]. Son compatriote, le réalisateur Ken Loach rappelle [191] : "Souvenez-vous qu'elle a qualifié Mandela de terroriste et qu'elle a pris le thé avec Pinochet, ce tortionnaire et assassin. Comment lui rendre hommage ? En privatisant ses obsèques. Faisons jouer la concurrence et allons au moins offrant. C'est ce qu'elle aurait fait."

Reconnaissance internationale

Magaret Thatcher recevant la plus haute décoration civile américaine, la Médaille présidentielle de la liberté, des mains de George H.W. Bush, 1991

Margaret Thatcher a reçu de nombreuses reconnaissances, britanniques ou étrangères. Elle a ainsi été décorée au Royaume-Uni de l'Ordre de la Jarretière et de l'Ordre du Mérite ; elle fait partie de la Royal Society et du Conseil privé de la Reine Elizabeth II.

Elle a été également décorée de la Médaille présidentielle de la liberté américaine, du Ronald Reagan Freedom Award et est membre honoraire de la Heritage Foundation. Le magazine libertarien américain Reason l'a célébrée comme « héros de la liberté »[192].

D'après un sondage réalisé en décembre 1999 par l'institut de sondage Gallup, elle était la 18e personnalité la plus admirée par les Américains[193].

Plusieurs lieux portent son nom dans les Malouines, en souvenir du conflit de 1982 : Thatcher drive à Port Stanley ou la péninsule de Thatcher en Géorgie du Sud. Le 10 janvier est un jour férié dans les Malouines, le « Margaret Thatcher Day ».

Culture populaire

Margaret Thatcher est une source inépuisable de représentations culturelles (cinéma, théâtre, musique, etc.)[194], étant bien plus présente dans les médias et la culture populaire que n'importe quel autre dirigeant politique européen actuel ou passé, dans une dimension de fascination-répulsion des artistes[194]. Ainsi, l'image dans la présentation artistique de son bilan outre-manche est souvent très biaisée[194] car elle fait l'impasse sur sa popularité et les succès de sa politique économique[194], insistant sur les aspects les plus négatifs de son action ou la représentant comme hystérique[194].

Musique

Plusieurs chanteurs lui ont consacré des chansons, comme Renaud en 1985 avec Miss Maggie dans l'album Mistral gagnant. D'abord écrite pour stigmatiser la catastrophe du Heysel, la chanson prend la forme d'un hymne pour les femmes et est une charge féroce contre Margaret Thatcher (« Moi je me changerai en chien si je peux rester sur la terre, et comme réverbère quotidien je m'offrirai Madame Thatcher »). La chanteuse française Sapho, dans son album de 1982 intitulé Passage d'enfer interprète également une chanson relative à Margaret Thatcher : Thatcher Murderer. En 1982, Roger Waters (chanteur, bassiste et compositeur de Pink Floyd) publie un concept-album, The Final Cut, où il est plusieurs fois question de Margaret Thatcher. Il y critique largement sa politique de l'époque (l'album a pour point de départ notamment la guerre des Malouines), son nom est mentionné à plusieurs reprises : « Oh, Maggie, Maggie, what have we done?, […] Galtieri took the Union Jack / And Maggie over lunch one day took a cruiser with all hands, apparently to make'em give it back ».

Portrait de Margaret Thatcher, par Brian Pike (1985).

Le nom du groupe de heavy metal britannique Iron Maiden, bien que désignant un instrument de torture (la vierge de fer), n'est pas sans rappeler le surnom de Dame de fer. Ils publient en 1980 le single Sanctuary, dont la pochette représente Margaret Thatcher poignardée par Eddie (la mascotte du groupe) pour avoir arraché une de leurs affiches de concert. Sur l'illustration de la première édition, les yeux sont masqués par un bandeau noir afin de faire croire à une décision de censure[n 8]. L'année suivante paraît le single Women In Uniform où apparaît à nouveau le Premier ministre du Royaume-Uni, cette fois armée d'un fusil d'assaut et guettant Eddie.

La chanson Shipbuilding (en) dont les paroles ont été écrites par Elvis Costello est un pamphlet à l'encontre de Margaret Thatcher et de « sa » guerre des Falkland Islands. Selon la chanson, la guerre donne du travail dans les chantiers navals abandonnés. Mais, à peine construits, les bateaux conduiront les jeunes ouvriers au combat pour s'y faire tuer[195]. Shipbuilding a été créée en 1983 par Robert Wyatt avant d'être reprise par Elvis Costello, lui-même alors accompagné par Chet Baker.

En 1988, Morrissey lui consacre également une chanson, Margaret on the guillotine, dans son premier album solo Viva Hate. Dans cette chanson, Morrissey s'adresse à Thatcher et lui demande quand elle va mourir (« When will you die? »), car les gens comme elle l'épuisent et le font se sentir mal.

C'est également à cette époque qu'apparaît la Cold Wave, littéralement vague froide, référence mortifère à des tonalités froides et torturées avec des groupes tels que Joy Division.

Le mouvement gothique à l'esthétique sombre et macabre et la new wave naissent au Royaume-Uni et développent un style autant musical que vestimentaire, d'une excentricité mélancolique parfois provocatrice, dominée par le noir et le métal et s'inspirant du romantisme sombre. Citons des groupes tels que The Cure, Paradise Lost, les Tears for Fears, Depeche Mode ou Killing Joke.

On assiste également à l'avènement de la musique techno (la house music).

Margaret Thatcher mène une politique obligeant les clubs de musique comme les pubs à fermer plus tôt, à 2 heures du matin, poussant les clubbers à continuer leurs fêtes de façon clandestine via les raves party, permettant l'émergence de ce qui deviendra la free party.

Films

L'Angleterre des laissés pour compte de l'ère Thatchérienne est le sujet de nombreux films. Notamment My Beautiful Laundrette (1985) de Stephen Frears, Les Virtuoses (1996) de Mark Herman, The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo, Trainspotting (1995) de Danny Boyle, Billy Elliot (2000) de Stephen Daldry ou encore Raining Stones (1993), de Ken Loach.

En 2011, sort un film biographique, La Dame de fer, avec Meryl Streep dans le rôle de Margaret Thatcher, et Jim Broadbent dans celui de Denis Thatcher. Si ce film est salué de manière quasi-unanime pour son jeu d'acteurs par la critique, il n'en est pas de même pour la représentation de la politique et du portrait personnel de la « Dame de Fer » qui en ressortent. Ainsi, certains journaux, tels que The Guardian, The Telegraph, The Times ou encore The Spectator, estiment qu'il ne témoigne pas ou mal des années Thatcher et du thatchérisme[196]. Plusieurs personnalités politiques, notamment parmi les anciens ministres de Margaret Thatcher, insistent sur le côté « très émotionnel » du film, soit en saluant la performance de Meryl Streep, comme Nigel Lawson, soit, au contraire, en condamnant l'image « à moitié hystérique » qui en ressort, comme Norman Tebbit[197]. David Cameron, dans une interview à la BBC, a reproché au film d'être « vraiment un film concernant davantage l'âge, la démence plutôt que l'action d'un ex-premier ministre extraordinaire. »[198]

Ouvrages

Notes et références

Notes

  1. On pourrait traduire approximativement par « celle qui arrache le lait aux enfants »
  2. Y compris à la sienne, disant elle-même qu'elle n'aspirait à l'origine qu'à devenir ministre des Finances.
  3. Le journaliste français Roger Faligot rapporte que « selon des informations convergentes, » elle aurait donné son aval à une série d'assassinats de républicains irlandais en 1980-1981, commis par l'intermédiaire de paramilitaires loyalistes : l'assassinat de la présidente du Parti socialiste républicain irlandais Miriam Daly en juin 1980 ou encore la tentative d'assassinat de Bernadette Devlin et de son mari en janvier 1981. Ces assassinats auraient été destinés à affaiblir les mouvements de soutien aux prisonniers grévistes de la faim. cf Roger Faligot, La résistance irlandaise (1916-2000), Éditions Terre de Brume, 1999, pages 255-256. Ces accusations n'ont cependant été reprises par aucun autre auteur ni aucune biographie de Margaret Thatcher, et n'ont pas donné lieu à des enquêtes ni à des mises en cause officielles de l'ancienne premier ministre britannique.
  4. La secrétaire d'État américaine a rendu, à cette occasion, un hommage particulier à Margaret Thatcher, en déclarant : « Je vous remercie d'avoir inspiré autant de monde, y compris moi-même, parce que vous vous êtes toujours tenue du côté de ce qui était juste ».
  5. L'inflation atteint des niveaux élevés au début de son mandat puis diminue fortement pour atteindre 4,5 % en 1983 et remonter à 8 % en 1990, avec les tensions sur le marché du travail et des salaires en hausse de près de 10 %. Hervé Monet & Jean-Jacques Santini, L'Économie britannique, Nathan, , p. 57.
  6. Le décile inférieur a vu ses revenus baisser d'environ 10 % alors que les revenus de tous les autres déciles ont augmenté : +4 % pour le deuxième décile, + 60 % pour le premier décile. Roland Marx, Philippe Chassaigne, Histoire de la Grande-Bretagne, Librairie académique Perrin, Paris, 2004.
  7. De fait, les effectifs du NHS ont plutôt augmenté pendant la période, en hausse de 6 % alors que le reste de la fonction publique diminue de 12,5 %. Delas, ibid, p.159
  8. « La controverse sur ce single fut montée de toutes pièces par le management du groupe. Ils mirent ce bandeau noir sur les yeux de la victime et crièrent à la censure, alors qu'il n'y en avait aucune. Toute cette controverse fut inventée afin de faire la publicité au groupe. C'est un vieux truc et ça fait vendre des disques presque à chaque fois… » (Derek Riggs, auteur de l'illustration concernée)

Références

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     :
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    Margaret Thatcher, Membre du Parlement
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  198. David Cameron critique la Dame de Fer, Le Figaro

Voir aussi

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Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Clare Beckett, Thatcher, Haus Publishing Limited, (ISBN 978-1-904950-71-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • John Campbell, Margaret Thatcher, vol. 2 : The Iron Lady, Londres, Jonathan Cape, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Monica Charlot, L'Effet Thatcher, Économica, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Chassaigne, La Grande-Bretagne dans le monde de 1815 à nos jours, Armand Colin, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Catherine Cullen, Margaret Thatcher, une dame de fer, Odile Jacob, (ISBN 978-2738101167). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre-François Gouiffès, Margaret Thatcher face aux mineurs, Privat, (ISBN 978-2708968807[à vérifier : ISBN invalide]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Peter Jenkins, La Révolution de Madame Thatcher, ou la Fin de l'ère socialiste, Robert Laffont, (ISBN 978-2221066447)
  • Jacques Leruez, Le Phénomène Thatcher, Éditions Complexe, , 336 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • François-Charles Mougel, L'Angleterre au XXe siècle, Ellipses, coll. « Les essentiels de civilisation », , 128 p. (ISBN 2-7298-7976-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • François-Charles Mougel, La Grande-Bretagne au XXe, PUF, coll. « Que sais-je », . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Michel de Poncins, Thatcher à l'Elysée. Le jour où elle est devenue Président de la République, Odilon Media, , 220 p. (ISBN 2-8421-3030-8)
  • Jean-Claude Sergeant, La Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, 1979-1990, PUF, (ISBN 978-2130465102). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Louis Thiériot, Margaret Thatcher, de l'épicerie à la Chambre des Lords, Éditions de Fallois, (ISBN 978-2877066129). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

Liens externes

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