Médina
Une médina (en arabe : المدينة العتيقة, « la ville ancienne », donc « la vieille ville ») désigne la partie ancienne d'une ville par opposition aux quartiers modernes de type européen. Ce terme est surtout employé dans les pays du Maghreb et dans une moindre mesure au Machrek, en Espagne, en Afrique de l'Ouest, en Afrique de l'Est et dans la Méditerranée, notamment à Malte. En raison de leur patrimoine et des savoir-faire qu'elles abritent, un certain nombre de médinas sont inscrites au patrimoine mondial par l'UNESCO, notamment en Afrique du Nord. La médina de Fès est la plus grande du monde[1].
Terminologie
Le substantif féminin[2],[3] médina est emprunté à l'arabe[2],[3] مدينة[4] / madīna[3] (« ville »[2],[3],[4]).
Attesté dès le XVIIIe siècle, notamment[3] par le Dictionnaire de Trévoux[5], le nom propre Médina a été employé pour désigner certaines villes d'Espagne[3] telles que Medina del Campo, Medina de Pomar, Medina de Rioseco et Medina-Sidonia. Notons que ce terme est également un toponyme de Malte, celui de la ville de L-Imdina ou Mdina.
Par ailleurs, on notera d'une part que la deuxième ville sainte de l'islam s'appelle Médine, c'est-à-dire « Ville [du Prophète] » et d'autre part que le phénomène n'est pas limité à l'arabe : en français, le terme villette, qui signifie « petite ville », est aussi un toponyme courant[6], aux côtés de Villeneuve, Neuveville ou encore, en allemand Neustadt.
Attesté vers [3], le nom commun médina est aujourd'hui employé pour désigner, dans une ville d'Afrique du Nord, la vieille ville[2].
De la « ville » à la « ville traditionnelle »
Initialement, le mot arabe médina ne désigne rien d'autre que « la ville ». Avec la colonisation européenne et la création de « villes nouvelles » qui sont venues se juxtaposer aux anciennes médinas[7], la signification du terme s'est restreinte à la notion de « ville historique », « ville traditionnelle » ou même « ville indigène ».
Une médina se caractérise par ses échanges avec les zones rurales environnantes qui la nourrissent et par les activités marchandes qui la soutiennent, malgré les remparts qui la ferment et la protègent de la menace des envahisseurs. Une grande partie d'une médina est occupée par les souks.
Les médinas se caractérisent par une grande mixité d'activités humaines. Elles forment un espace où se juxtaposent les fonctions résidentielle, économique, sociale et culturelle[8].
Aujourd'hui, la mondialisation et/ou le développement des pays anciennement colonisés remettent en question les modes de production traditionnels des biens et des services et, en conséquence, le tissu traditionnel des médinas. Les médinas se définissent dès lors par rapport à et dans une relation socioéconomique avec les villes modernes qui ont grandi à leur côté. La prise de conscience de la nécessité de les sauvegarder est récente. Ainsi, la médina de Tunis est classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1979. En effet, les médinas peuvent jouer un rôle très important dans la revitalisation des arts et des traditions qui ont modelé un artisanat de grande qualité, en cours de disparition ou uniquement tourné vers le tourisme.
Un modèle « médinal »?
L’urbanisme « médinal », inventé au Moyen Âge[réf. souhaitée], est souvent considéré comme portant en lui les concepts les plus actuels en matière d’environnement (architecture bio-climatique, ville piétonne, densité élevée, compacité, faible impact environnemental, etc.), à l'instar des villes médiévales d'Europe ou d'Asie.
Comme le dit l'architecte et urbaniste Marc Gossé, « les grands principes du développement durable y sont présents – bien avant l’adoption de ce concept à Rio – à savoir : un écosystème subtil et abouti entre nature et urbanisation, une capacité d’adaptation étonnante de la morphologie et des typologies architecturales, une économie d’énergie par la limitation de la mobilité polluante des automobiles et la densité du bâti, un processus participatif et une gestion conviviale des espaces urbains, des systèmes de solidarité et une pratique de l’égalité de statut entre personnes et représentations symboliques spatiales, qui tous ne demandent qu’à être encouragés, réactivés ou réinterprétés, contre un modèle urbain « générique » porté par l’« ultralibéralisme » moderniste mondialisé, qui génère la destruction de l’environnement, du lien social et de la diversité culturelle »[9].
Liste des médinas
Algérie
En Algérie, la médina est le centre historique des villes anciennes, elle n’occupe que 1/5 ou 1/10 de la superficie de la ville, alors que la ville européenne représente le centre économique. Elles sont créées généralement pendant la grande période islamique, mais elles peuvent reprendre des éléments des cités romaines. Ces villes commandent des espaces intérieurs et sont entourées de vergers et de jardins qui sont devenus des espaces d'urbanisation. Mais d’autres villes portuaires ont un noyau ancien[10].
- Alger[11]
- Annaba
- Constantine[10]
- Oran
- Tlemcen[10]
- Béjaïa[11]
- Cherchell[11]
- Jijel[11]
- Dellys
- Nedroma[10]
- Blida[10]
- Mascara[10]
- Médéa[10]
- Mostaganem
- Mila[10]
- Miliana[10]
- Biskra[réf. nécessaire]
- El Goléa
- Tébessa[10]
- Ighil Ali[12]
- Timimoun[13]
- Ouargla [14]
- Ténès [15]
- Bou Saada [16]
- Béchar[17]
- Adrar
- Touggourt
- Laghouat
- Mazouna
- El Oued
Un important patrimoine médinal et oasien, la pentapole du Mzab, est classée au patrimoine mondial de l'humanité[18]:
-
Casbah d'Alger vue depuis la mer
-
La ville de Ghardaïa
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Vue sur le minaret de la mosquée Sidi Boumediene dans la médina de Tlemcen
-
Médina de Beni Isguen
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Médina de El-Oued
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Mosquée du bey dans la médina d'Oran
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Bab Fouka l'entrée de la médina de Béjaïa
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Ruelle de la médina de Constantine
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Marchand d'olives dans les ruelles de la médina d'Annaba
-
Médina de El Atteuf
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Gorges du Rhummel à Constantine, avec la médina sur la rive gauche.
-
Ruelle de Laghouat
Égypte
Espagne
- Cordoue : site archéologique de Madinat al-Zahra (employée pendant le califat de Cordoue)
- Grenade, on dénombre quatre :
- médina Elvira[19], noyau urbain issu de la fondation phénicienne, en bas de la colline de l'Albayzín,
- médina Garnata, cité primitive bâtie par les Zirides, sur l'Albayzín,
- 2 médinas palatines dans l'enceinte de l'Alhambra et dans l'Alcazaba (colline de la Sabika)
Maroc
Les 31 médinas recensées du Maroc (population en 2004)[20] :
- Marrakech (182 241 habitants)[21]
- Casablanca (175 163)[22]
- Fès (156 059)[22]
- Meknès (47 069)
- Salé (34 372)
- Tétouan (28 271)[23]
- Taroudant (27 697)
- Rabat (26 423)
- Oujda (25 736)
- Tiznit (19 990)
- Essaouira (Mogador) (16 601)[24]
- Beni Mellal (16 205)
- Safi (14 671)
- Ouazzane (14 552)
- Tanger (14 127)
- Chefchaouen (12 343)
- Sefrou (10 512)
- Taza (9 194)
- Larache (7 904)
- Khénifra (7 533)
- Moulay Driss Zerhoun (7 430)
- Boujad (7 324)
- Figuig (5 143)
- Kasbat Tadla (4 826)
- Azemmour (4 500)
- Ksar El Kebir (4 199)
- Debdou (2 397)
- El Jadida (Mazagan) (2 263)[25]
- Bhalil (1 501)
- Asilah (1 443)
- Demnate (1 416)
-
Médina de Marrakech
-
Ruelle de la médine bleue de Chefchaouen
-
Bab el Mansour, une des portes d'entrées de la médina de Meknès
-
Muraille de la médina d'Essaouira
-
Fontaine et entrée du musée Nejjarine dans la médina de Fès
-
Mosquée dans la médina de Tétouan
-
Vue sur la kasbah des oudayas, médina de Rabat
-
Remparts d'El Jadida
Portugal
- Coimbra (en arabe : القلمريّة Al-Qulumriyya) : quartier Almedina
- Silves (en arabe : شلب Shelb) : vieux centre-ville arabe près du château Al Hamra
- Olhão (en arabe : Al-Hain) : vieux quartier historique
Tunisie
- Bizerte
- Grombalia
- Hammamet
- Houmt Souk
- Kairouan
- Le Kef
- Mahdia
- Moknine
- Monastir
- Nabeul
- Sousse[26]
- Sfax
- Tozeur
- Tunis[27]
-
Médina de Sousse dominée par sa Casbah.
-
Une rue de la médina de Tunis.
-
Passage voûté de la médina de Tunis.
-
Enceinte de la médina de Hammamet.
-
Bab Diwan, une des entrées de la médina de Sfax.
-
Une ruelle de la médina de Tozeur.
Autres
- Dakar ( Sénégal)
- Mdina ( Malte)
- Mombasa ( Kenya)
- Moroni ( Comores)
- Mutsamudu ( Comores)
- Stone Town ( Tanzanie)
- Houn ( Libye)
- Sebha ( Libye)
- Tripoli ( Libye)
- Ghadamès ( Libye)
Médinas classées patrimoine mondial
- Ghadamès ( Libye)
- Sousse ( Tunisie)
- Kairouan ( Tunisie)
- Tunis ( Tunisie)
- El Atteuf ( Algérie)
- Bounoura ( Algérie)
- Beni Isguen ( Algérie)
- Melika ( Algérie)
- Ghardaïa ( Algérie)
- Alger ( Algérie)
- Aït-Ben-Haddou ( Maroc)
- Marrakech ( Maroc)
- Essaouira ( Maroc)
- El Jadida ( Maroc)
- Rabat ( Maroc)
- Meknès ( Maroc)
- Fès ( Maroc)
- Tétouan ( Maroc)
Notes et références
- Jean Bastié et Bernard Dézert, L'Espace urbain, Paris, Masson, (lire en ligne), p. 19
- « Médina », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 janvier 2016).
- Informations lexicographiques et étymologiques de « médina » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 janvier 2016).
- (ar) Entrée « ville », sur Dictionnaire bilingue français-arabe (en ligne), Larousse (consulté le ).
- « Médina » dans le Dictionnaire de Trévoux, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 14 janvier 2016).
- « Villette », sur cnrtl.fr (consulté le )
- Marcel Robert, « La Médina, ville du futur ? »,
- Bachir Hajjaj, « La médina, une cité nouvelle ? »,
- Marc Gossé, « La médina, modèle urbain pour le XXIe siècle ? », .
- Marc Côte, L'Algérie : espace et société, Paris, Masson, , 253 p. (ISBN 2-225-85146-8), p. 95, 96
- Hassan Remaoun Ahmed Khouadja, « Les mots au Maghreb Dictionnaire de l’espace public », sur ouvrages.crasc.dz (consulté le )
- Ighil Ali, Encyclopédie Berbère, en ligne
- Fernand Lanore, Rochers, Neiges Et Sables, en ligne
- Patrice Bergougnoux, L'Intérieur: Un ancien directeur de la Police témoigne, ch.2, en ligne
- « Qantara Med : Mosquée du Vieux Ténès »
- Médina de Bou Saada, sur le site de Architecture Méditerranéenne [1].
- Azeddine Belakeha, Les ambiances environnementales de la médina : Le patrimoine oublié, [2]
- Vallée du M’Zab, sur le site de Architecture Méditerranéenne [3].
- L'origine de la médina Elvira remonte à l'époque antique. Elle a été utilisée par les évêques par la suite comme centre religieux. Puis, elle fut prise par les arabes au moment de conquête de l'Espagne en 711. La ville reste en mains musulmanes jusqu'à l'avènement des Aghlabides en 1010. Aujourd'hui, on y trouve du mobilier, des ruines de la mosquée et des objets décoratifs.
- Banque Européenne d’Investissement, étude pour sa conférence du 30 octobre 2008 à Venise (lire en ligne)
- « Médina de Marrakech », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- « unesco ».
- « Médina de Tétouan (ancienne Titawin) », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- « Médina d’Essaouira (ancienne Mogador) », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- « Ville portugaise de Mazagan (El Jadida) », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- « Médina de Sousse », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
- « Médina de Tunis », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Myriam Bacha (Dir.), Architectures au Maghreb (XIXe – XXe siècles), Tours, Presses universitaires François-Rabelais, (lire en ligne)
- Marcello Balbo (dir.), Médinas 2030 : Scénarios et stratégies, Paris, L'Harmattan, coll. « Itinéraires géographiques », , 283 p. (ISBN 978-2-296-11309-1 et 2-296-11309-5, lire en ligne) [aperçu en ligne]
- Anne-Claire Kurzac-Souali, « Les médinas marocaines : une requalification sélective », Les Cahiers d’EMAM, no 17, , p. 117-120 (lire en ligne)