Aller au contenu

François-Marie Banier

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
François-Marie Banier
François-Marie Banier à la manifestation pour une autre réforme des retraites, en 2010.
Biographie
Naissance
(77 ans)
Paris (France)
Nom de naissance
François Marie Michel Banyaï
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Genre artistique

François-Marie Banier est un écrivain, photographe, dessinateur, peintre et acteur français, né François Marie Banyaï le dans le 17e arrondissement de Paris.

Il publie plusieurs romans et pièces de théâtre aux éditions Grasset et Gallimard. Ses photographies font l'objet d'une trentaine d'expositions dans différents musées et galeries d'Europe, d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud.

L'affaire Banier-Bettencourt lui attire une notoriété nationale à partir de 2007 et qui reste forte en 2023 après le succès sur Netflix du documentaire L'Affaire Bettencourt : Scandale chez la femme la plus riche du monde. Poursuivi pour abus de faiblesse, il est condamné en 2016 à quatre ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende.

Carrière littéraire et artistique

[modifier | modifier le code]

François-Marie Banier naît d'un père hongrois, Étienne Banyaï[1],[2], brièvement ouvrier à la chaîne chez Citroën, puis publicitaire à succès sous son vrai nom (modifié en Banier lors de sa naturalisation), et d'une mère d'origine italienne, Madeleine, autrice d'ouvrages de travaux d'aiguilles pour les enfants[3]. Il déclare par la suite avoir fait l'objet de mauvais traitements de la part de son père[4]. Sa famille réside dans le 16e arrondissement de Paris, dans l'atmosphère bourgeoise de l'avenue Victor-Hugo, ce qui lui permet de fréquenter le lycée Janson-de-Sailly[5]. Il interrompt ses études avant son baccalauréat[6] et quitte tôt le domicile familial. Autodidacte, il tente sa chance dans les arts[3].

À l'âge de 15 ans, il gagne sa vie en vendant ses dessins abstraits dans la rue[6]. À 16 ans, il rencontre Salvador Dalí, à qui il présente ses dessins[3]. Il devient attaché de presse du couturier Pierre Cardin[6].

En tant qu'écrivain, François-Marie Banier accède à une certaine notoriété, encouragé dès ses débuts en littérature par Louis Aragon qui publie dans Les Lettres françaises, le , un article intitulé Un inconnu nommé Banier, dans lequel il compare le jeune artiste à Benjamin Constant et à Stendhal[6], et le qualifie d'« être le plus fou, le plus généreux, le plus drôle que l'on puisse rencontrer »[3]. François-Marie Banier fait alors partie de l'entourage d'Aragon, mais dément la rumeur prétendant qu'il a été l'amant de ce dernier[7]. Banier bénéficie également des conseils littéraires de Paul Morand[6] et de François Mauriac[3]. Il écrit des chroniques dans Le Monde et Le Figaro[3]. Proche de plusieurs mécènes tels que Marie-Laure de Noailles, Pierre Bergé ou Pierre Cardin, mêlant habilement charme et insolence, François-Marie Banier devient une figure connue du Tout-Paris et de la jet-set internationale. Le , le journal britannique The Sunday Times Magazine lui consacre un article sous le titre Golden Boy of Paris. Il est à l'époque le compagnon du décorateur Jacques Grange, avec qui il forme un couple en vue, et achète un hôtel particulier, rue Servandoni à Paris[6]. François-Marie Banier a ensuite pour compagnon le comédien Pascal Greggory pendant sept ans, et, plus tard, le neveu de ce dernier, le photographe Martin Le Barrois d'Orgeval, avec qui il s'est pacsé[8] à Paris le .

Très rare en interview, François-Marie Banner accepte d'accorder un entretien à Léa Salamé dans la Matinale de France Inter en février 2024, dans lequel il se confie sur sa vie et sur l'époque[9].

Activité de photographe

[modifier | modifier le code]

Au début des années 1970, François-Marie Banier se met à la photographie[3].

Parmi les diverses personnalités dont il a réalisé le portrait, on peut citer Nathalie Sarraute, Samuel Beckett, Madeleine Castaing[10], Vladimir Horowitz, Silvana Mangano, Joyce Carol Oates, Pascal Greggory, Isabelle Adjani, Caroline de Monaco, Sophie Marceau, Johnny Depp, Vanessa Paradis, dont il est le parrain de la fille, Lily-Rose[11], Marlon Brando ou Liliane Bettencourt. Il fait la connaissance des Bettencourt à l'occasion d'un portrait réalisé en 1987, pour le magazine Égoïste, et en devient un ami proche[6].

Enfin, à partir des années 1980, François-Marie Banier entreprend également une carrière au cinéma en tant qu'acteur, tout en se consacrant en même temps au dessin et à la peinture. Bien qu'appréciant le métier de comédien, il préfère se limiter à de petits rôles, après que son compagnon Pascal Greggory lui a dit qu'il jouait « comme un pied »[6].

François-Marie Banier réalise également des portraits d'« anonymes », dans des clichés au noir et blanc caractéristique[6]. En 1991, il expose ses œuvres au Centre Georges-Pompidou : le conservateur de l'époque, Alain Sayag, estime possible que cette exposition ait été montée grâce au soutien de François Mitterrand, qui appréciait Banier[6].

François-Marie Banier, actif comme consultant dans les milieux de la mode et du luxe, est ainsi à l'origine du nom du parfum Poison de Dior[6].

Les ventes de ses romans déclinent beaucoup avec les années, et son activité de photographe dont les expositions sont sponsorisées par L'Oréal, prend progressivement le pas sur sa carrière littéraire[6].

Controverses

[modifier | modifier le code]

Affaire Bettencourt

[modifier | modifier le code]

En , la presse se fait l'écho d'une plainte contre X déposée par Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de Liliane Bettencourt[12]. Entre 2001 et 2007, François-Marie Banier aurait, par « abus de faiblesse », soutiré à cette dernière – deuxième fortune de France après Bernard Arnault et propriétaire d'un tiers de L'Oréal – une somme que les enquêteurs estiment à 993 millions d'euros[13],[14],[15]. La brigade financière considère disposer d’éléments sérieux justifiant d’éventuelles poursuites, à partir d'un faisceau d'éléments qui « tendent à confirmer l’existence » du délit d’abus de faiblesse[16]. Liliane Bettencourt, dans un entretien accordé au Journal du dimanche, indique qu'elle est une « femme libre » en parfaite possession de ses facultés intellectuelles[17].

À la fin du mois de , le procureur de la République au tribunal de grande instance de Nanterre, Philippe Courroye, décide de continuer ses investigations dans le passé de François-Marie Banier[18]. Puis, le dossier est classé sans suite en . Françoise Bettencourt-Meyers saisit alors le juge des tutelles[19]. Un procès devait avoir lieu du 1er au , mais il a été renvoyé pour complément d'information[20]. Les intérêts de Françoise Bettencourt-Meyers étaient représentés par Me Olivier Metzner, et ceux de sa mère par Me Georges Kiejman.

D'autre part, les enregistrements que Françoise Bettencourt-Meyers a remis à la brigade financière en , et qui lui ont été fournis par l'ancien majordome de sa mère, semblent impliquer plusieurs personnalités proches du gouvernement français et suscitent des remous dans les milieux politiques[21]. D'après Les Échos, le scandale politico-financier va amener à la démission de Florence Woerth, épouse du ministre du Travail Éric Woerth : celle-ci était en effet salariée de la société Clymène, chargée de la gestion du patrimoine de Mme Bettencourt[22].

En , après que François-Marie Banier a déposé une plainte pour subornation de témoin contre Françoise Bettencourt-Meyers et une autre pour faux témoignage contre divers employés de Liliane Bettencourt, un accord est trouvé entre Françoise Bettencourt-Meyers et sa mère afin de mettre un terme à toutes les procédures. Sans rien restituer, François-Marie Banier accepte de renoncer aux sommes promises mais non perçues, et de ne plus rien recevoir à l'avenir de la propriétaire de L'Oréal. Françoise Bettencourt-Meyers renonce de son côté aux poursuites engagées contre Banier, celui-ci acceptant à son tour de retirer ses plaintes pour subornation de témoin et pour faux témoignage. Les sommes auxquelles François-Marie Banier aurait renoncé s'élèveraient à environ 500 millions d'euros[23].

Renvoyé devant le tribunal correctionnel de Bordeaux avec plusieurs co-prévenus, le Parquet a requis le à son encontre la peine maximale de 3 ans d'emprisonnement, 375 000 euros d'amende et la confiscation des biens.

Il est condamné le , par le tribunal correctionnel, à trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350 000 euros d'amende et 158 millions d'euros de dommages-intérêts au profit de Liliane Bettencourt[24].

Le , il est condamné en appel à quatre ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende[25],[26]. La condamnation à 158 millions d'euros de dommages-intérêts au profit de Liliane Bettencourt est infirmée par la Cour d'Appel, au regard de l'accord intervenu entre les parties.

Rapports avec L'Oréal

[modifier | modifier le code]

François-Marie Banier possède une société personnelle, Hericy, parrainée depuis 1994 par L'Oréal. De plus, deux contrats lient L'Oréal et Hericy. Par convention de parrainage, Hericy reçoit 305 000  par an de L'Oréal[27]. Un contrat de 2002 fait payer à L'Oréal 405 000  à F.-M. Banier contre une mission de conseils[28]. Depuis 2007, Hericy enregistre des pertes importantes (544 030  en 2009)[29]. En , à la suite des révélations d'un contrat entre L'Oréal et F.-M. Banier, un petit actionnaire porte plainte contre X pour abus de biens sociaux. Le groupe L'Oréal rompt alors les contrats qui le liaient à Hericy[30].

Droit à l'image sur l'espace public

[modifier | modifier le code]

Après une altercation sur les Champs-Elysées samedi François-Marie Banier a voulu poursuivre en justice un SDF : ce dernier, n'ayant pas apprécié d'avoir été pris en photo sans son autorisation, avait demandé l'effacement des clichés, et après avoir essuyé un refus de Banier accompagné d'un « Ta gueule, clochard ! », l'aurait giflé et proféré des injures homophobes (et des menaces de mort selon les sources). François-Marie Banier indique avoir retiré sa plainte, le , après avoir appris par la presse que cet individu était sans domicile fixe[31],[32],[33].

Les 12 et , Isabelle Chastenet de Puységur a assigné les Éditions Gallimard et François-Marie Banier devant le tribunal de grande instance de Paris pour atteinte au droit à l'image et au droit au respect de la vie privée du fait de la publication d'une photographie prise à son insu au sein du recueil Perdre la tête. Après avoir été déboutée en première instance, sa demande est à nouveau rejetée par la Cour d'appel de Paris le [34] qui fait primer dans sa décision la protection de la liberté artistique et la liberté d'expression sur le droit au respect de la vie privée[35].

Dans la culture populaire

[modifier | modifier le code]
  • Les Résidences secondaires, Grasset, 1969 ; Folio no 2444, 1993
  • Le Passé composé, Grasset, 1971 ; Folio no 2564, 1994
  • La Tête la première, Grasset, 1972 ; Folio no 2715, 1995
  • Balthazar, fils de famille, Gallimard, 1985 ; Folio no 1828, 1987
  • Sur un air de fête, Gallimard, 1990 ; Folio no 3283, 1999
  • Les Femmes du métro Pompe, Gallimard, 2006
  • Johnny Dasolo, Gallimard, 2008
  • Hôtel du lac, Gallimard, 1975
  • Nous ne connaissons pas la même personne, Grasset, 1978
  • Je ne t'ai jamais aimé, Gallimard, 2000

Recueils de photographies (liste non exhaustive)

[modifier | modifier le code]
  • Photographies, Gallimard/Denoël, 1991
  • Past-Present, William Morrow, New York, 1996 ; Schirmer/Mosel, Munich 1997
  • Vivre, Sao Paulo, Pinacoteca do Estado ; Rio de Janeiro, Museum de Arte Moderna, 1999
  • François-Marie Banier, Tokyo Metropolitan Museum of Photography, Asahi Shinbun, 2000
  • Brésil, Gallimard, 2001
  • François-Marie Banier, Miami Beach, Bass Museum of Art ; Gallimard, 2003
  • Le Chanteur muet des rues, en collaboration avec Erri De Luca, éd. Martin d'Orgeval, Gallimard, 2006
  • Perdre la tête, Die schönsten deutschen Bücher (prix du meilleur livre allemand, section photographie), 2006 ; Silver Crown Award, Moscou, 2007
  • Vive la Vie, avec Natalia Vodianova, Steidl, Göttingen, Allemagne, 2008 (ISBN 978-3-86521-821-6)
  • Beckett, Steidl, 2009
  • Imprudences, Steidl, 2016 (ISBN 9783869309194)

Expositions (liste non exhaustive)

[modifier | modifier le code]

Filmographie comme acteur

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « François-Marie Banier: un ami qui vous veut du bien », L'Express.
  2. « François-Marie Banier, l’homme par qui l’affaire Bettencourt a éclaté », Le Temps, 22 juillet 2010.
  3. a b c d e f et g François-Marie Banier, nouvelobs.com.
  4. « François-Marie Banier – Au bonheur des dames », Le Petit journal, 16 juillet 2010.
  5. « Enfant terrible », Vanity Fair, décembre 2006.
  6. a b c d e f g h i j k et l Michel Guerrin, François-Marie Banier le mauvais génie, Le Monde magazine, 16 octobre 2010.
  7. Pascal Riché, « Quand François-Marie Banier séduisait le vieil Aragon », Rue89, nouvelobs.com, 29 juin 2010.
  8. David Le Bailly, « Le compagnon de Banier se dévoile », parismatch.com, 24 septembre 2010.
  9. « François-Marie Banier : "Les gens, qu'on prend pour des cons, ont tout compris" », sur France Inter, (consulté le )
  10. Portrait de Madeleine Castaing assise sur un rond de feuilles, le regard triste dans le jardin des Tuileries, épreuve argentique septembre 1981.Vendu 16.000 euros à la vente des 30 septembre et 1 octobre 2004 Sotheby's France SVV, Gazette de Drouot n°34 du 8 octobre 2004, p.34.
  11. « Un homme tourné vers les autres », Voici.
  12. « La justice s'intéresse aux dons de Liliane Bettencourt », nouvelobs.com, 14 décembre 2008.
  13. « La milliardaire et le favori », Lepoint.fr, 18 décembre 2008.
  14. Le Figaro fr. 15 décembre 2008.
  15. « La milliardaire et le poète », Match, 18 décembre 2008.
  16. Benoît Collombat, « Enquête : quand la brigade financière privilégiait l'abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt », non daté, sur le site de France inter.
  17. Interview de Liliane Bettencourt, « Je n'ai plus envie de voir ma fille », leJDD.fr, 21 décembre 2008..
  18. Lefigaro.fr, 12 février 2009..
  19. lemonde.fr, 2 décembre 2009.
  20. lenouvelobs.com .
  21. France-info, 21 juin 2010.
  22. 22 juin 2010.
  23. Banier garde les dons de Bettencourt, L'Express, 7 décembre 2010.
  24. « Procès Bettencourt : Eric Woerth relaxé, François-Marie Banier condamné à trois ans de prison », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  25. « Affaire Bettencourt : François-Marie Banier condamné à quatre ans de prison avec sursis », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  26. « Affaire Bettencourt : François-Marie Banier échappe à la prison », sur www.lefigaro.fr, (consulté le ).
  27. François Krug, « Affaire Bettencourt : L'Oréal a signé deux contrats avec Banier », Rue89, nouvelobs.com, (consulté le ).
  28. Laurent Neumann, « Fraude fiscale : un étrange courrier… », Marianne 2, (consulté le ).
  29. « Affaire Bettencourt : comment L'Oréal finance Banier », Rue89, nouvelobs.com, (consulté le ).
  30. François Krug, « Affaire Bettencourt : L'Oréal lâche Banier, question d'image », Rue89, nouvelobs.com, (consulté le ).
  31. Cécile Baulieu, « François-Marie Banier porte plainte contre… un SDF », Le Parisien, 6 juillet 2011.
  32. Jean-Frédéric Tronche, « François-Marie Banier : giflé parce qu'il le vaut bien ? », Le Nouvel Observateur, 6 juillet 2011.
  33. « Giflé par un SDF, Banier renonce à porter plainte », L'Express, 6 juillet 2011.
  34. Cour d'appel de Paris, 11e Chambre - Section A, 5 novembre 2008, Numéro 07/10198.
  35. Gérard Lefort, « Banier, le droit d’être un artiste », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  36. "Affaire Bettencourt : pourquoi il faut absolument regarder la série documentaire de Netflix" par Philippe Chesnaud le 12/11/2023 dans Le Point [1].
  37. "Le succès surprise du documentaire sur l’affaire Bettencourt, en France et dans le monde" par Thibaut Lescuyer le 21/11/2023 dans Ouest-France [2].

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Patrick Roegiers, François-Marie Banier - Photographies, Paris, Gallimard, 2003.
  • Christophe d'Antonio, La Lady et le Dandy, Paris, Éditions Jacob-Duvernet, 2010, 213 p. (ISBN 978-2-84724-287-4)
  • Jean-Marc Roberts, François-Marie, Paris, Gallimard, 2011.
  • Gaspard Dhellemmes, La vie démesurée de François-Marie Banier, Paris, Fayard, 2017.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]