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Mette Frederiksen

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Mette Frederiksen
Illustration.
Mette Frederiksen en 2022.
Fonctions
Première ministre du Danemark
En fonction depuis le
(5 ans, 4 mois et 28 jours)
Monarque Margrethe II
Frederik X
Gouvernement Frederiksen I et II
Législature 69e et 70e
Coalition SD (2019-2022)
SD-V-M (depuis 2022)
Prédécesseur Lars Lokke Rasmussen
Présidente de la Social-démocratie danoise[a]
En fonction depuis le
(9 ans, 4 mois et 27 jours)
Prédécesseur Helle Thorning-Schmidt
Ministre de la Justice

(8 mois et 18 jours)
Premier ministre Helle Thorning-Schmidt
Gouvernement Thorning-Schmidt II
Prédécesseur Karen Hækkerup
Successeur Søren Pind
Ministre de l'Emploi

(3 ans et 7 jours)
Premier ministre Helle Thorning-Schmidt
Gouvernement Thorning-Schmidt I et II
Prédécesseur Inger Støjberg
Successeur Henrik Dam Kristensen
Biographie
Date de naissance (47 ans)
Lieu de naissance Aalborg (Danemark)
Nationalité Danoise
Parti politique Social-démocratie
Diplômée de Université d'Aalborg
Université de Copenhague

Mette Frederiksen
Chefs du gouvernement danois

Mette Frederiksen (/ˈmetə ˈfʁeðʁeks/[1]), née le à Aalborg, est une femme d'État danoise, membre de la Social-démocratie (SD). Elle est Première ministre du Danemark depuis le 27 juin 2019.

Fille d'un typographe et d'une enseignante, elle est diplômée de l'université d'Aalborg. En 2001, elle est élue, à 24 ans, députée au Folketing. Elle entre au gouvernement dix ans plus tard, d'abord comme ministre de l'Emploi, puis de la Justice à partir de 2014. En 2015, elle prend la présidence de la SD après son retour dans l'opposition.

Mette Frederiksen remporte les élections législatives de 2019, le bloc de gauche obtenant la majorité absolue, et devient Première ministre. Âgée de 41 ans, elle est la plus jeune personne et la seconde femme à occuper ce poste[2].

Mette Frederiksen est née à Aalborg le . Son père, Flemming Frederiksen, est un ancien typographe militant social-démocrate[3]. Sa mère était enseignante[4].

Divorcée et mère de deux enfants[3], elle se remarie en juillet 2020 avec le réalisateur Bo Tengberg[5].

Travail et formation

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Mette Frederiksen fréquente le lycée Aalborghus[6] et étudie l'administration et les sciences sociales à l'université d'Aalborg. Elle passe avec succès son master d'études africaines[7] en 2009 à l'université de Copenhague. Après avoir obtenu son diplôme en 2000, elle travaille comme consultante pour la Confédération des syndicats du Danemark (LO)[8].

Carrière politique

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Mette Frederiksen s'engage dès l'âge de 15 ans au sein du Parti social-démocrate et ne cesse d'en gravir les échelons depuis. Dans sa jeunesse, elle milite au sein de la frange la plus à gauche du parti, ce qui lui vaut le surnom de « Mette la Rouge »[2]. Élue députée au Folketing lors des élections législatives du [3], à seulement 24 ans, elle est désignée vice-présidente du groupe parlementaire social-démocrate après les élections législatives du .

Ministre puis présidente de la SD

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Mette Frederiksen devient, le , ministre de l'Emploi dans le gouvernement de centre gauche formé, à la suite des élections législatives du , par Helle Thorning-Schmidt[3]. Elle devient ministre de la Justice le . Après la défaite de son parti aux élections législatives de 2015, elle devient présidente des Sociaux-démocrates.

Première ministre

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Après la victoire de son parti lors de ce scrutin, Mette Frederiksen est pressentie pour diriger le gouvernement danois[9]. Elle devient Première ministre le à la tête d'un gouvernement minoritaire composé uniquement de membres sociaux-démocrates[10]. Elle est âgée alors de 41 ans, ce qui fait d'elle la plus jeune personne à accéder à cette fonction dans l'histoire du pays[11].

Décrite comme une « femme de sang froid » par Le Monde en 2019, Mette Frederiksen se fait connaître notamment par son commentaire sur l'« absurdité » de la proposition du président américain Donald Trump d’acheter le Groenland[2].

Déclarant vouloir être le « Premier ministre des enfants »[12] elle présente en 2021 un plan appelé « Loi des enfants », donnant aux municipalités plus de ressources pour retirer la garde des enfants aux parents violents et donner aux enfants plus de droits dans les cas de divorce[13]. En 2020, elle conclut également un accord avec le Parti populaire socialiste, l'Alliance rouge et verte et le Parti populaire, afin de donner aux personnes qui ont travaillé longtemps la possibilité d'obtenir une retraite anticipée. C'était l'une de ses principales promesses de la campagne électorale de 2019[14].

Lors de la lutte contre la pandémie de Covid-19, elle donne l'ordre aux éleveurs de visons d'abattre des millions de ces animaux, décision qui s'avère par la suite inconstitutionnelle[15]. En 2021, elle s'associe au chancelier autrichien Sebastian Kurz et au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour mettre en place un fonds commun de recherche et développement et des installations de production de vaccins contre le virus.

Depuis son arrivée au pouvoir, Mette Frederiksen ne cesse depuis de durcir la politique migratoire du pays[16]. En , les députés débattent d’un projet de loi qui permettra au Danemark d'externaliser l’accueil des demandeurs d'asile ainsi que la prise en charge des réfugiés à un ou plusieurs pays tiers, aux rangs desquels le Rwanda fait figure de favori[16].

Lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, la position de Frederiksen suit celle du reste de l'Union européenne. Le Danemark applique des sanctions économiques contre la Russie, et autorise la fourniture d'armes à l'Ukraine, ainsi que le départ de volontaires désirant combattre pour l'Ukraine[17].

Début , son parti arrive largement en tête des élections législatives avec 27,5 % des voix contre 25,5 % en 2019, son meilleur score depuis 2001[18]. Son second gouvernement entre en fonction le 15 décembre suivant.

La reine Margrethe II abdique le 14 janvier 2024, le jour de ses 52 ans de règne[19],[20]. Le même jour, la Première ministre proclame l'avènement de son fils Frederik X depuis le balcon du château de Christiansborg. Cela fait de Mette Frederiksen la dernière Première ministre de l'ancienne reine, et la première de son successeur.

Le , Mette Frederiksen est agressée par un homme qui la frappe violemment sur la place Kultorvet (en) à Copenhague, provoquant chez elle une « légère entorse cervicale ». L'individu est rapidement arrêté et emmené devant un juge le [21]. Âgé de 39 ans, celui-ci semble en état d'ivresse au moment des faits. Le juge le place en détention provisoire jusqu'au [22], puis jusqu'au [23]. La Première ministre reçoit de nombreux messages de soutien de la part des différents dirigeants et hommes politiques européens, comme Magnus Heunicke, Ulf Kristersson, Roberta Metsola ou encore Emmanuel Macron[24].

Positions politiques

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Environnement et énergie

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Le gouvernement Frederiksen a accepté, en 2020, de réduire de 70 % des émission de dioxyde de carbone du pays d'ici 2030, comparé au niveau de référence de 1990[25]. Un autre engagement est de mettre fin à l'exploration pétrolière et gazière dans les eaux territoriales danoises d'ici 2050. L'impact de la deuxième décision a néanmoins été minimisé par les observateurs, qui font remarquer que les eaux danoises ont déjà été intensivement explorées et n'intéressent plus guère les compagnies pétrolières, les derniers appels d'offres ayant trouvé peu de candidats[26].

Mette Frederiksen est opposée à l'apposition par l'UE d'un label « vert » à l'énergie nucléaire[27]. Début 2022, le gouvernement Frederiksen annonce la mise en place d'une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre[28].

Politique économique

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Lors de l'élection qui porte Mette Frederiksen au pouvoir, un observateur danois du monde de la finance[Qui ?] juge que sa politique économique sera assez peu différente de celle de la majorité précédente[29].

Prostitution

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Elle est une opposante décidée à la prostitution. Pendant de nombreuses années, elle défend vivement l'interdiction de la prostitution mise en place en Islande, en Norvège et en Suède[30]. En 2002, elle ouvre un débat sur l'interdiction de la prostitution au Danemark et est à l'origine de la décision du Parlement de 2009 selon laquelle les sociaux-démocrates « travailleraient à l'interdiction de l'achat de services sexuels ».

Immigration

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Elle mène un virage à droite de son parti sur les questions migratoires, à l'image de l'ensemble de la classe politique danoise[31],[32]. Elle présente en 2018 un projet de réforme prévoyant de renvoyer les migrants « non occidentaux » dans des camps africains sous supervision des Nations unies[33]. Elle mène ainsi lors des élections législatives danoises de 2019 une campagne alignée sur des positions de gauche sur l'économie et de droite sur l'immigration[34]. Frederiksen déclare ainsi : « Pour moi, il devient de plus en plus clair que le prix de la mondialisation incontrôlée, de l'immigration massive et de la libre circulation des travailleurs est payé par les classes populaires »[35]. Elle s'engage à poursuivre la politique de contrôle de l'immigration du gouvernement sortant de Lars Løkke Rasmussen soutenu par le Parti populaire danois[36].

Cette évolution est payante puisqu'elle permet à Mette Frederiksen de disposer de la plus grande majorité parlementaire pour le centre gauche depuis un demi-siècle, via un accord de coalition[37]. En particulier, cette politique a provoqué un effondrement des résultats du Parti populaire danois classé à l'extrême droite[38].

Première ministre, elle officialise un objectif « zéro demande d'asile »[39]. En 2022, elle se déclare favorable à l'accueil de réfugiés ukrainiens à la suite de l'invasion russe[40].

Intégration

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Le Danemark possède une loi « anti-ghettos » qui limite à 50 % la part de personnes d'origine « non-occidentale » dans les logements sociaux d'un quartier donné. Cette loi est antérieure au gouvernement Frederiksen, mais celui-ci a décidé, début 2021, de la durcir en réduisant le seuil à 30 %[41]. Fin 2021, elle se déclare favorable à une large extension de l'inventaire des délits pouvant, pour les binationaux, donner lieu à une déchéance de nationalité. En particulier, avec la nouvelle loi, les combattants de mouvements terroristes pourront être déchus de la nationalité par simple décision administrative, sans procès[42].

Notes et références

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  1. Le parti se nomme « Sociaux-démocrates » jusqu'en .

Références

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  1. Prononciation en danois du Seeland (danois standard) retranscrite phonémiquement selon la norme API.
  2. a b et c « Qui est vraiment Mette Frederiksen ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a b c et d « Mette Frederiksen, social-démocrate décomplexée », VQH,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
  4. Anne-Françoise Hivert, « Défense de l’Etat-providence et rejet de l’immigration : la recette ultra-droitière de la gauche danoise », lemonde.fr, 25 juin 2021.
  5. (en) Jennifer Rankin, « After bumps, bows and birthday gifts, EU leaders get down to business », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (da) « Overraskede studenter: Mette Frederiksen holdt dimissionstalen », sur TV2 Nord, (consulté le )
  7. « Les sociaux-démocrates danois s'attaquent à l'immigration "non-occidentale" », sur France 24, (consulté le )
  8. (da) Thomas Larsen, Mette Frederiksen : Et politisk portræt, Gyldendal A/S, , 320 p. (ISBN 978-87-02-27730-2, lire en ligne)
  9. « Le centre-gauche à la tête du Danemark avec Mette Frederiksen », sur fr.euronews.com (consulté le )
  10. Simone Skyum, « Danemark. Mette Frederiksen, une idéaliste devenue Première ministre », Courrier international, (consulté le )
  11. (en) « Denmark's Social Democrat leader forms new leftist govt », sur France 24, (consulté le )
  12. (da) « For 'Børnenes statsminister' er der tydeligvis forskel på børn », sur Altinget.dk (consulté le )
  13. (da) « Sådan vil Mette F. blive 'børnenes statsminister': Økonomisk straf til voldelige forældre og partshøring af børn på 10 år », sur DR, (consulté le )
  14. (da) « Tidlig pension vedtaget: 41.000 får ret til at trække sig tilbage før pensionsalderen », sur bm.dk (consulté le )
  15. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Danish PM faces calls to quit over 'illegal' mink cull | DW | 18.11.2020 », sur DW.COM (consulté le )
  16. a et b « Le Danemark veut sous-traiter les demandes d’asile au Rwanda », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en-GB) Charles Szumski, « Denmark to send weapons, allow nationals to fight in Ukraine », sur www.euractiv.com, (consulté le )
  18. Anne-Françoise Hivert, « Au Danemark, le bloc de gauche de la première ministre Mette Frederiksen remporte les élections législatives », Le Monde, .
  19. « Danemark : la reine Margrethe II annonce abdiquer après 52 ans de règne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. (en-GB) « Queen of Denmark Margarethe II announces abdication live on TV », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Danemark : ce que l’on sait de l’agression de la Première ministre à Copenhague », sur Le Parisien, (consulté le ).
  22. « L'agression de la Première ministre danoise ne serait pas justifiée par un mobile politique », sur TF1, (consulté le ).
  23. « Au Danemark, l’agresseur présumé de la première ministre en détention jusqu’au 4 juillet », sur Le Monde, (consulté le ).
  24. « Ce que l’on sait de l’attaque de la Première ministre danoise », sur Ouest France, (consulté le ).
  25. (en) « Denmark: We can slash CO2 by 70% in a decade and still have welfare », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. (en) « Denmark to end oil and gas hunt in North Sea in 2050 », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Par Le Parisien avec AFP Le 21 février 2022 à 19h59, « L’Espagne et le Danemark opposés à un label vert de l’UE pour le gaz et le nucléaire », sur leparisien.fr, (consulté le )
  28. (en-US) « Denmark Focuses on CO2 Tax and Green Aviation | NordSip », (consulté le )
  29. (en) « No real impact on the outlook for the Danish economy from the socialist party gaining government power », sur jyskecapital.com (consulté le )
  30. (da) « Socialdemokrater vil forbyde købesex », sur Berlingske.dk, (consulté le )
  31. (en) The 2019 Danish general election: What you should know about the parties on the right
  32. Au Danemark, la victoire idéologique de l'extrême droite, liberation.fr, 4 juin 2019
  33. Avec Mette Frederiksen, le Danemark fait le choix de l’alternance, la-croix.com, 6 juin 2019
  34. « Elections européennes: le Danemark en ordre de marche », rfi.fr, 19 mai 2019.
  35. (en) Mette Frederiksen: the anti-immigration left leader set to win power in Denmark, theguardian.com, 11 mai 2019
  36. Au Danemark, deux décennies d'austérité migratoire, AFP, news.yahoo.com, 3 juin 2019.
  37. Anne-Françoise Hivert, « Défense de l’Etat-providence et rejet de l’immigration : la recette ultra-droitière de la gauche danoise », sur Le Monde, (consulté le ).
  38. Laurence Dequay, « Moins d'immigrés… et moins d'extrême droite : au Danemark, des "soc-dem" à la dure », sur www.marianne.net, 2021-11-28utc12:00:00+0100 (consulté le )
  39. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Denmark tells Syrian refugees to return to Damascus | DW | 13.04.2021 », sur DW.COM (consulté le )
  40. (en-US) « Denmark ready to take in refugees from Ukraine: PM Frederiksen », sur ThePrint, (consulté le )
  41. « Le Danemark veut durcir sa loi pourtant controversée sur les "ghettos" », sur InfoMigrants, (consulté le )
  42. « Dealers, hackers… – Le Danemark veut étendre la déchéance de nationalité », Le Matin,‎ (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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