Aller au contenu

Tribu Ka

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Tribu Ka
Logo de Tribu Ka, représentant Horus ou Rê-Horakhty avec un disque solaire amarnien duquel sortent les bras qui tendent le signe ânkh.
Histoire
Fondation
Décembre 2004
Dissolution
20 juillet 2006
Successeur
Scission de
Cadre
Type
Mouvement politico-religieux
Pays
Organisation
Fondateur
Idéologie

La Tribu Ka est un mouvement français créé par Kémi Séba et se présentant comme le défenseur du « peuple noir », attribuant aux populations noires, dans un discours politique comparable au kémitisme, la fondation de la civilisation égyptienne et prônant la ségrégation raciale[1]. Elle est créée en décembre 2004 par Kémi Séba et dissoute par le Conseil des ministres le pour cause d'incitation à la haine raciale.

Kémi Séba a ensuite formé le mouvement politique Génération Kémi Séba[2], lui aussi dissous pour incitation à la haine raciale.

La Tribu Ka est un groupuscule extrémiste noir en France[3]. Elle fut fondée par Kémi Séba. Le groupe compterait une centaine de sympathisants.[réf. nécessaire]

La Tribu Ka dénonce le métissage et prône la ségrégation à l'échelle mondiale. Elle réclame par ailleurs un dédommagement financier à l'Occident pour l'esclavage ayant résulté de la traite transatlantique[4]. Elle revendique ses liens avec des organisations d'extrême droite suprémacistes blanches partageant le même projet racial[réf. nécessaire].

Selon Kémi Séba, il existerait une « civilisation noire » unique et cette civilisation serait supérieure et antérieure à toutes les autres[4]. Les Kémites (soit les personnes à la peau noire) auraient pour vocation d'être les guides de l'humanité[4]. S'inscrivant dans la mouvance kémitiste, la tribu Ka défend l'idée que tous les pharaons de l’Égypte antique étaient noirs[4]. Son nom même se réfère à ce courant : le terme KA se réfère aux initiales de K pour kémite et A pour Aton[4]. L'organisation rejette le judaïsme, l'islam, le christianisme, le vaudou et l'animisme, et promeut la vénération du dieu Aton de la mythologie égyptienne[5],[6]. Les personnes de confession musulmane ne sont pas autorisées à adhérer à l'organisation[4].

Antisémitisme

[modifier | modifier le code]

Son idéologie se caractérise par son antisémitisme et sa défense d'une thèse conspirationniste[4]. Les Blancs, et plus particulièrement les Juifs, seraient les responsables de la colonisation, de l'esclavage et de la pauvreté du continent africain ; les Juifs porteraient en outre une responsabilité particulière parce qu'ils auraient fomenté un complot pour détruire la civilisation noire[4].

En , après le meurtre d'Ilan Halimi, Kémi Séba menace, dans un courrier adressé à des associations juives, de s'en prendre physiquement aux rabbins français si ces organisations avaient « l'envie d'effleurer ne serait-ce qu'un seul [des] cheveux » de Youssouf Fofana[7].

Rêve de pureté raciale

[modifier | modifier le code]

Kémi Séba appelle les personnes afrodescendantes à aller vivre en Afrique, à ne pas se métisser ni s'intégrer dans la société française[5]. Ce projet ne séduit que très peu de personnes, le nombre d'adeptes reste minuscule[5].

Seules les personnes noires ont le droit d'adhérer à la tribu Ka, même les personnes métissées n'y étant pas les bienvenues[4],[8].

Pendant sa période d'activité, la Tribu Ka organise régulièrement des réunions interdites aux Blancs (les « Leucodermes »), aux Juifs (les « Hyksos ») et aux Arabes.

Actions médiatiques

[modifier | modifier le code]

Le dimanche , 40 membres de la Tribu Ka se rendent dans le quartier juif de la rue des Rosiers à Paris, le Pletzl, avec le but affiché d'y provoquer les membres de la Ligue de défense juive et du Betar dans leur salle d'entrainement au krav maga, les accusant de ratonnade envers des noirs lors des marches de soutien après le meurtre d'Ilan Halimi. Des commerçants et des témoins font état d'insultes racistes[réf. nécessaire], de provocations envers la population de ce quartier de la part des manifestants. La police ne constate pas de port d'arme[9].

À la suite de ces évènements, Philippe de Villiers appelle à ce que les membres de Tribu Ka soient déchus de la nationalité française, tandis que l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS Racisme demandent la dissolution du groupe[10].

Par la suite, ils exercent des actions à visée médiatique (irruption dans un tribunal pour assister au procès d'un policier accusé d'avoir tué un enfant noir, déplacement à Compiègne pour soutenir un jeune noir s'étant fait tirer dessus par un blanc, inauguration du Musée du Quai Branlyetc.)[11].

Dissolution

[modifier | modifier le code]

Le président Jacques Chirac décide de dissoudre la Tribu Ka le [11],[12].

Le , le Conseil d'État rejette la demande d'annulation du décret portant dissolution du groupement[13].

Le , Kémi Séba tient une conférence à Tours dans laquelle il annonce la création de son nouveau groupe "Génération Kemi Seba" formé afin de succéder à la Tribu Ka[14]. Ce nouveau groupe reprend la doctrine afrocentriste de la Tribu Ka[15]. À cette occasion, il a déclaré : « Je rêve de voir les Blancs, les Arabes et les Asiatiques s'organiser pour défendre leur identité propre. Nous combattons tous ces macaques qui trahissent leurs origines, de Stéphane Pocrain à Christiane Taubira en passant par Mouloud Aounit. [...] Les nationalistes sont les seuls Blancs que j'aime. Ils ne veulent pas de nous et nous ne voulons pas d'eux. [...] Parce qu'il y aurait eu la Shoah, je n'ai rien le droit de dire sur mon oppresseur sioniste[15]? »

Le nouveau groupe est dissous par décret le accusé de « propager une idéologie raciste et antisémite » et de « se livrer à des actes intolérables de provocation et de violence »[16],[17].

En 2008, Kemi Seba est condamné à un an de prison avec sursis pour reconstitution d'une ligue dissoute à la suite de son appel, contre une sentence initiale de six mois de prison dont deux fermes[18].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Pierre-André Taguieff, Les contre-réactionnaires : le progressisme entre illusion et imposture, Paris, Denoël, , 620 p. (ISBN 9782207253212, OCLC 184969430, BNF 40944175), p. 90-91.
  2. « Cinq mois après sa dissolution, la Tribu Ka prépare son retour », Le Monde, 15 janvier 2007
  3. « Tribu Ka : “Le sang va couler” », Le Nouvel Observateur 7 juillet 2006.
  4. a b c d e f g h et i (en) Véronique Altglas, « Antisemitism in France », European Societies, vol. 14, no 2,‎ , p. 259–274 (ISSN 1461-6696, DOI 10.1080/14616696.2012.676450)
  5. a b et c Camille Jourdan, « Kémi Séba, du radicalisme noir à l'extrême droite », Les Inrockuptibles, (consulté le )
  6. Zaka Toto, « Le Sucre IV : Kémi Seba International Ltd » Accès libre, sur Zist, (consulté le )
  7. Jean Chichizola et Cécilia Gabizon, « Les délires antisémites de la Tribu Ka », Le Figaro, (consulté le ), p. 10
  8. « La Tribu Ka », sur France Inter, (consulté le )
  9. « Ouverture d'une enquête après le défilé d'un groupe extrémiste rue des Rosiers », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Tribu Ka rue des Rosiers : les réactions », 20 Minutes, (consulté le )
  11. a et b Ludovic Blecher, « La Tribu Ka dissoute » Accès libre, Libération, (consulté le )
  12. Décret du portant dissolution d'un groupement de fait.
  13. Agence France-Presse, « Kémi Séba placé en garde à vue », Le Figaro, (consulté le )
  14. Agence France-Presse et Reuters, « Cinq mois après sa dissolution, la Tribu Ka prépare son retour », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b Mourad Guichard, « L'ex-Tribu Ka de retour sur la même ligne », Libération, (consulté le )
  16. « Un groupuscule de Kemi Seba à nouveau dissous », sur Le Figaro, (consulté le )
  17. Décret du 15 juillet 2009 portant dissolution d'un groupement de fait, JORF no 162 du 16 juillet 2009, p. 11890, texte no 16, NOR IOCD0912870D.
  18. « Kémi Seba condamné à un an de prison avec sursis », sur L'Obs, (consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]