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Langues malayo-polynésiennes

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Langues malayo-polynésiennes
Pays Indonésie, Malaisie, Brunei, Philippines, Timor-oriental, Birmanie, Chine, Cambodge, Vietnam, Sri-Lanka, Madagascar, France, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Zélande, Îles Salomon, Vanuatu, Fidji, Samoa, États-Unis, Palaos, Îles Marshall, Kiribati, Micronésie, Tonga, Nauru, Royaume-Uni, Chili
Région Mayotte, Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Niué, Îles Cook, Îles Caroline, Guam, Haïnan, Nouvelle-Calédonie, Hawaï, Samoa américaines, Île de Paques
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-5 poz
Glottolog mala1545
Carte des langues malayo-polynésiennes à Madagascar et en Asie du Sud-Est, avec une possible classification :

Les langues malayo-polynésiennes forment la plus grande des branches de la famille des langues austronésiennes, langues parlées de l'ouest de l'océan Indien à l'est de l'océan Pacifique, en passant par l'Asie du Sud-Est.

Les autres langues de la famille forment un ensemble, les langues formosanes, dans lesquels les linguistes distinguent plusieurs autres branches.

Présentation

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Au départ, ce terme, apparu dans la première moitié du XIXe siècle, servait à désigner l'ensemble des langues de cette famille, en en excluant les langues des peuples dits mélanésiens[1]. Mais depuis les années 1960, en soulignant les étroites affinités internes entre les langues du monde indonésien d'Asie du Sud-Est et celles gravitant autour du noyau polynésien d'Océanie, certains auteurs ont isolé, à tort, celui-ci à l'intérieur d'un vaste sous-ensemble, faisant lui-même partie de la supra-famille qualifiée d'austronésien. Par la suite, avec le développement de la recherche linguistique, l'habitude de qualifier de malayo-polynésien (MP) toutes les langues de cette famille est revenue, à la seule exception de celles plus archaïques de l'île de Formose ou Taïwan, appelées formosanes.

Sur l'origine des langues formosanes, l'autre groupe des langues austronésiennes, cf. cet article.

On doit sans doute au voyageur italien Antonio Pigafetta, qui accompagnait Magellan dans sa circumnavigation de 1519–22, les plus anciens lexiques de deux langues malayo-polynésiennes : le malais et le malgache. Pigafetta remarqua immédiatement la parenté entre les deux langues.

Dès 1706, le philologue hollandais Hadrian Reland relève des ressemblances entre des langues aussi éloignées que le malgache, le malais et le futunien, à partir des listes de mots recueillies à Futuna par le Hollandais Jacob Le Maire. L'existence d'une famille qui sera plus tard nommée malayo-polynésienne est établie par Lorenzo Hervas y Panduro dans son Catalogo delle lingue. En 1834, c'est Wilhelm von Humboldt qui baptise la future famille des langues austronésiennes, étendue à l'île de Pâques, malayo-polynésienne dans Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java (1836-39, publication posthume). Le kawi était la langue littéraire ancienne de Java. Cette œuvre est désormais considérée comme novatrice en matière linguistique.

Tableau comparatif de différentes langues malayo-polynésiennes

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Exemples de cognats de quelques langues malayo-polynésiennes
Français Malgache (Madagascar) Ma'anyan (Indonésie) Malais (Indonésie, Malaisie) Vieux-javanais (Indonésie) Cebuano ou visayan (Philippines) Tagalog (Philippines) Futunien (Wallis-et-Futuna) Tahitien (Polynésie française) Proto-langue commune
Un isa, iray isa, erai satu -sa, tunggal usa isa tasi tahi *esa, *isa
Deux roa rueh dua rwa, ro duha dalawa rua rua *duha
Trois telo telu tiga telu tulo tatlo tolu, toru toru *telu
Je, ma (iz)aho, -ko aku, -ku aku, -ku ako, -ko ako, -ko- akô, akin au, avau, -ku au, vau *i-aku
Tu, toi, ta ianao, -nao hanyu, -nyu engkau, -kau ko, ngko, kowe ikaw, -kaw ikaw, iyo akoe, kee oe *i-kahu
Il, lui izy, -ny hanye, -nye ia, dia, -nya sira siya siya, niya o-ia, ia ona *si-ia
Ciel lanitra langit langit langit langit langit rangi ra'i *langit
Lune, mois volana wulan bulan wulan bulan buwan mirama 'āva'e *bulan
Soleil masoandro mateandrau matahari ari adlaw arâw la mahana *ha(n)daw
Jour andro andrau hari dina adlaw araw ao, aso ao, mahana *qalejaw
Nuit alina (ka)malem malam wengi gab’i gabi bo, poo’uli *bengi
Année taona taun tahun tahun tu'ig taôn tau matahiti *taqun
Terre tany tane tanah tanah yuta lupa kere, kele fenua *tanaq, *taneq
Eau, (lac) rano, (farihy) ranu, (danaw) air, (danau) wway, (ranu) tubig, (lanaw) tubig, (ilog) wvai, (namo) vai, pape *danum, (*wai)
Pluie orana uran hujan udan ulan ùlan ua ua *quzan
Pierre vato watu batu watu bato batô fatu 'ōfa'i *batu
Feu afo apuy api apuy kalayo apôy afi ahi, auahi *hapuy
Bois, forêt hazo,kakazo, -kazo, ala kakaw, jumpun kayu, hutan alas lasang kahôy, gubat la’au, 'ara uru ra'au *kayuh, *alas
Feuille ravina rawen daun ron dahon dahon rau, lau rau'ere, rao'ere *dahun
Fruit voa wua buah wwah bunga bûnga fua mā'a hotu *buaq
Corde tady tadi tali tali pisi lubid taula, vava taura *talih
Oiseau vorona wurung burung manuk langgam ibon manu manu *manuk
Nom anarana ngaran (nama) ngaran jeneng ngalan pangalan ingoa i'oa *ngayan
Humain olona ulun orang, (ulun) uwong tawo taò tangata ta'ata *tau
Homme (lehi)lahy upu laki-laki lanang lalaki lalake tane tane *laki
Femme (vehi)vavy,viavy wawey bini (épouse) wadon, wedok babaye babae fafine vahine *bahi
Enfant (z)anaka, zaza ia anak anak bata batà tama tama, tamari'i *anak
Tête loha ulu' hulu hulu ulo ulô uru, ulu upo'o *qulu
Poil, cheveux volo wulu bulu bulu buhôk balahibo, buhok fulu, furu huruhuru, rouru *buhek
Peau hoditra kudit kulit kulit panit balât kili, kiri 'iri *kulit
Maison trano, (levo), vala lewu balai (pavillon) bale balay bahay fale fare *humaq,*balay
Toiture tafo hapau atap atep atup bùbông ato, inaki tapo'i fare *qatep
Chemin lalana lalan jalan dalan dalan daân ala, retu ara, 'ē'a *zalan
Manger (mi)hinana, homana kuman makan mangan mokaon kàin kai, omaki 'amu, tāmā'a *kaen
Boire misotro, (minona) ngo’ot minum ngombe moinum inòm inu inu *inum
Cuire / Cuit (ma)handro / masaka nandruk (me)masak masak (mag)luto lutò hkavi 'eu, tunu, 'ama *tanek,*zakan
Griller (mi)tono nutung (mem)bakar tunu sunugon ihaw tungia, tutu tunupa'a *tunu
Dormir (ma)tory, mandry mandre tidur turu katurog tulog moe, moerua moe, ta'oto *tidu(r)
Vivre, vivant velona belum hidup urip mabuhi mabuhay, buhay mouri ora *ma-hudip
Mourir, mort maty matey mati mati mamatay mamatay, patay mate mate, pohe *matay
Tuer mamono manuh (mem)bunuh mateni mopatay pumatay jiaka mate ha'amate, ha'apohe *bunuq
Chaud (ma)fana malaing panas mapanas init, alimuot init, banas mafana ahuahu, ve'ave'a *ma-panas
Blanc fotsy mahilak putih putih buti pùti hkengo, tea 'uo'uo, teatea *ma-putiq
Noir mainty maintem hitam ireng itum itim uli, uri 'ere'ere *ma-qitem
Nouveau vao wa’u baru anyar bag'ô bago fou 'āpī *ma-baqu
Ceci, cela ity, iny, iry iti, iru ini, itu iki, iku kini, kana ito, èto tenei, tena teie, tena, tera *i-ni, *i-na
  • Ces exemples sont donnés à titre indicatif et nécessitent des investigations plus poussées au niveau de chaque langue pour un usage vraiment scientifique.
  • Il reste malgré tout que l’orthographe utilisée pour chaque langue est globalement ici celle de l’usage courant qui ne reflète pas toujours la véritable prononciation, d’un point de vue phonétique.
  • Nous avons mis entre parenthèses toutes manifestations particulières, indiquant, soit un affixe, soit une forme anciennement attestée, soit un terme dont le sens est voisin mais non identique à l’entrée indiquée, soit enfin un emprunt qui n'a rien à voir avec le terme propre à la langue.
  • Le « vieux javanais » correspond ici aux manifestations anciennes de la langue, révélées par les manuscrits anciens jusqu’au XIXe siècle. Les formes modernes sont parfois un peu différentes.
  • Le proto-malayo-polynésien correspond à une reconstitution hypothétique (*) obtenue en comparant les différentes langues intégrées dans cette subdivision, à l’exclusion des langues plus archaïques du niveau « austronésien » comme celles du nord de Taïwan-Formose. L’écriture est ici plus phonétique (le ‘q’ correspondant par exemple au « coup de glotte ») mais sans être vraiment homogénéisée.

Liste et classification

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ethnologue.com[2] dénombre 1 248 langues malayo-polynésiennes (sur un total de 1 268 langues austronésiennes), qui se répartissent entre les groupes suivants :

Groupe Nombre de langues Région
Bali-Sasak 3 Bali et Lombok
Grand Barito 33 Bornéo, Madagascar, Philippines (*)
Central-oriental 708 Indonésie orientale, Océanie
Chamorro 1 Guam
Gayo 1 Nord de Sumatra
Javanais 5 Île de Java, Nouvelle-Calédonie, Suriname
Kayan-murik 17 Bornéo
Lampunguienne 9 Sud de Sumatra
Dayak des terres 16 Bornéo
Madurais 2 Bawean, Kangean, Madura
Malaisien 70 Brunei, Indonésie, Malaisie, Singapour
Méso-philippin 61 Philippines
Nord-philippin 72 Philippines
Nord-Ouest 84 Bornéo
Paluan 1 Palaos
Punan-nibong 2 Bornéo
Mindanao du Sud 5 Mindanao
Sud-philippin 23 Philippines
Sulawesien 114 Célèbes
Sumatrien 12 Enggano, îles Mentawai, Nias, Sumatra
Soundanais 2 Java
Gorap (non classée) 1 Moluques
Hukumina (non classée) 1 Moluques
Katabaga (non classée) 1 Philippines
Rejang (non classée) 1 Sud de Sumatra.

(*) Les langues grand barito incluent désormais le groupe des langues sama-bajaw

Notes et références

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  1. Cf. notamment Les Langues du monde, d'A. Meillet et Marcel Cohen, 2e édition, 1952.
  2. [1]

Indications bibliographiques

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  • Tryon, Darrell T., (ed.). Comparative Austronesian Dictionary. An Introduction to Austronesian Studies, Mouton de Gruyter, Berlin, 1995.
  • Dahl, Otto Christian, Malgache et Maanjan. Une comparaison linguistique. Oslo: Egede Instituttet, 1951.
  • —, « La subdivision du Barito et la place du malgache. » Acta Orientalia, 38.77-134., 1977.
  • Wittmann, Henri (1972). « Le caractère génétiquement composite des changements phonétiques du malgache. » Actes du Congrès international des sciences phonétiques 7.807-10. La Haye: Mouton.[2]
  • (en) Peter Bellwood, First Islanders : Prehistory and Human Migration in Island Southeast Asia, John Wiley & Sons Inc, , 384 p. (ISBN 978-1119251552, lire en ligne), p. 201-256 (surtout 201-204)

Articles connexes

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