Odéon de Patras
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Site archéologique de Grèce (d) |
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L,odéon de Patras (en grec moderne : Ωδείο της Πάτρας) est un des principaux monuments de la période romaine visibles dans la ville grecque de Patras, dans le Péloponnèse. Vraisemblablement érigé durant la première moitié du IIe siècle, l'odéon fut redécouvert en 1889 et largement reconstruit au milieu du XIXe siècle. Il accueille depuis lors manifestations culturelles et autres événements.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le monument à l'époque romaine
[modifier | modifier le code]Au IIe siècle, Patras fut une cité romaine d'importance régionale au sein de la province d'Achaïe[1]. La date précise de construction de l'odéon est cependant incertaine. Si la majorité des sources en font une réalisation de la première moitié du IIe siècle[2],[3], voire aux alentours de 160 après J.-C.[4],[5], certains auteurs avancent l'hypothèse d'une commande de l'empereur Domitien pour le centenaire de la fondation de la colonie[6]. Toujours est-il que le monument est mentionné par Pausanias, lors de sa visite du Péloponnèse vers 173 après J.-C., comme l'odéon le plus considérable de Grèce après celui d'Hérode Atticus à Athènes[7],[8].
Le monument fut vraisemblablement détruit au IIIe siècle, peut-être à la suite d'un tremblement de terre[9] ou du pillage par les Hérules, comme en témoignent les restes calcinés du toit et les tessons découverts au niveau de la scène. Lors de la période byzantine, le lieu est occupé par des fours de tuiliers[10].
Reconstructions modernes et usages actuels
[modifier | modifier le code]Au début du XIXe siècle, les ruines émergées sont décrites par François Pouqueville dans son Voyage de la Grèce, qui situe le monument sur la propriété du consul de Suède de l'époque, ainsi que par Edward Dodwell[11].
L'édifice, qui se situe toujours à l'époque sur un terrain privé[12], fut redécouvert en 1889[3]. Une fois excavé, le monument fut victime de pillage de la part de la population, qui récupéra notamment les éléments en marbre[13]. D'importantes campagnes d'anastylose furent conduites à partir des années 1930 avec des matériaux modernes se démarquant des éléments architecturaux antiques[14]. En particulier, le mur de scène fut partiellement remonté en 1938 par Efstáthios Stíkas et Anastásios Orlándos[15],[16], tandis que la scène fut dégagée en 1957 par Nikólaos Zafirópoulos[15],[17]. Dans les années suivantes, les archéologues grecs Nikólaos Gialoúris et Efthýmios Mastrokóstas (el) conduisirent des fouilles importantes[18] et participèrent à la reconstruction de l'orchestra et de la cavea[19]. Ces travaux, conduits entre 1959 et 1961 par l'Éphorie des antiquités d'Achaïe d'après les plans de l'architecte Ioánnis Vassilíou, transformèrent la ruine romaine en un équipement moderne ouvert au public[3].
Le monument accueillit depuis lors des manifestations culturelles et d'autres événements, parmi lesquels l'assemblée générale de l'Union astronomique internationale en 1982[5],[20]et un festival de musique dirigé par Andréas Mikroútsikos (en) entre 1986 et 1990[21]. Toutefois, cet afflux de visiteurs ne fut pas sans conséquence sur la dégradation du lieu[22] et depuis l', des travaux de restauration d'un montant de 800 000 euros sont en cours[23].
Architecture
[modifier | modifier le code]Bien que le terrain sur lequel l'odéon fut érigé soit en légère pente, les concepteurs romains ont peu profité de la déclivité naturelle pour soutenir la cavea de 48 mètres de diamètre[3], conformément à l'architecture traditionnelle du théâtre romain[2]. Les gradins reposent ainsi sur une importante sous-structure de murs et de voûtes rayonnant en éventail, formant un réseau de galeries. Depuis ces espaces voûtés, trois escaliers conduisent aux gradins ainsi qu'à l'orchestra à travers les parodotoi[24]. L'orchestra semi-circulaire, d'un diamètre de dix mètres, présente un dallage reconstitué en marbre[3],[25]. Plusieurs fragments de mosaïque de pavement, aux motifs géométriques noirs et blancs, ont été découverts lors des fouilles de la scène et des parodotoi[16],[17].
Trois arcs en plein cintre ajourent le mur de scène de huit mètres de haut, qui était paré de colonnes et de statues lovées dans les huit niches. Près des espaces servant de coulisses, deux escaliers latéraux inaccessibles au public permettaient d'atteindre les galeries[3],[26].
La maçonnerie est caractérisée par un appareil d'amas de pierres irrégulières et de mortier (opus caementicium), incluant à certains endroits un lit de briques (opus mixtum), entièrement paré de briques et renforcé par des entretoises et des contreforts[27]. Du marbre fut également utilisé pour certaines parties inférieures du monument[24].
Aux abords immédiats du monument ont été mis au jour des sarcophages en marbre de l'époque romaine ainsi que des vestiges d'habitation et de mosaïques antérieurs à l'odéon[28],[29]. À une centaine de mètres à l'ouest de l'odéon se trouvent les ruines du stade-théâtre (el).
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Vue distante de l'odéon depuis le sud-ouest.
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Extérieur du mur de scène au sud.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Yannis Papapostolou 1989, p. 351 et 353.
- Élena Bazíni 2015, p. 2.
- (el) Aslamatzídou Zoí, « Ρωμαϊκό ωδείο Πατρών » [« Odéon romain de Patras »], sur www.diazoma.gr (consulté le ).
- (en) Ministère de la Culture et des Sports, « Odeion of Patras », sur www.odysseus.culture.gr (consulté le ).
- (en) Thierry Montmerle et Yi Zhou, China and the International Astronomical Union: Divorce, Separation and Reconciliation (1958–1982), Londres, Springer Nature, , 213 p. (ISBN 978-3-031-01787-2, lire en ligne), p. 201.
- Athanasios Rizakis 2010, p. 137 et 138.
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] « Livre VII - Achaïe, chapitre XX, § 3 ».
- Athanasios Rizakis 2010, p. 142.
- (en) Stathis Stiros et Stella Pytharouli, « Archaeological evidence for a destructive earthquake in Patras, Greece », Journal of Seismology, vol. 18, no 3, (lire en ligne).
- Georges Daux, « Patras », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 83, no 2, , p. 618 (lire en ligne, consulté le ).
- Charles Nicolas Normand 1897, p. 34.
- Charles Nicolas Normand 1897, p. 35.
- Charles Nicolas Normand 1897, p. 36.
- (en) Dimitris Theodossopoulos, Structural Design in Building Conservation, Londres, Taylor & Francis, , 280 p. (ISBN 978-1-134-01992-2, lire en ligne), p. 168.
- (en) Dorothy Leekley et Robert Noyes, Archaeological Excavations in Southern Greece, New Jersey, Noyes Press, , 150 p. (ISBN 978-0-8155-5048-8, lire en ligne), p. 40.
- Paul Lemerle, « Patras », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 62, no 1, , p. 460 (lire en ligne, consulté le ).
- Georges Daux, « Patras », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 82, no 1, , p. 726 (lire en ligne, consulté le ).
- Georges Daux 1961, p. 680.
- Georges Daux, « Patras, Odéon romain », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 86, no 2, , p. 749 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Laird A. Thompson, The Discovery of Cosmic Voids, Cambridge, Cambridge University Press, , 290 p. (ISBN 978-1-108-85848-9, lire en ligne), p. 108.
- (en) Hans van Maanen et S. E. Wilmer, Theatre Worlds in Motion: Structures, Politics and Developments in the Countries of Western Europe, Rodopi, (ISBN 978-90-420-0554-9, lire en ligne), p. 300.
- (el) « Μειώνονται οι καλοκαιρινές εκδηλώσεις στο Ρωμαϊκό Ωδείο Πατρών » [« Les événements estivaux à l'odéon romain de Patras sont limités »], sur Ta Néa, (consulté le ).
- (el) Périphérie de Grèce-Occidentale, « Σε τροχιά πλήρους αποκατάστασης το Ρωμαϊκό Ωδείο της Πάτρας » [« L'odéon romain de Patras est sur la bonne voie pour une restauration complète »], sur www.pde.gov.gr (consulté le ).
- Élena Bazíni 2015, p. 3.
- Élena Bazíni 2015, p. 5.
- Élena Bazíni 2015, p. 3 et 4.
- Yannis Papapostolou 1989, p. 359.
- Élena Bazíni 2015, p. 6.
- Georges Daux 1961, p. 681.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Yannis Papapostolou, « Monuments de gladiateurs à Patras », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 113, no 1, , p. 351–401 (lire en ligne, consulté le ).
- Charles Nicolas Normand, « L'odéon inédit de Patras (Grèce) : Excursions d'érudits, d'artistes, d'amateurs », dans L'Ami des monuments et des arts parisiens et français, t. XI, Paris, , 386 p. (lire en ligne), p. 34–36.
- Athanasios Rizakis, « Colonia Augusta Achaïca Patrensis. Réaménagements urbains et constructions édilitaires. La nouvelle identité patréenne », dans Athanasios Rizakis et Claudia Lepenioti (éds.), Roman Peloponnese ΙΙΙ. Society, Economy and Culture in the Imperial Roman Order: Continuity and Innovation, Athènes, , 450 p. (ISBN 978-960-7905-54-3, lire en ligne), p. 129–154.
- Georges Daux, « Patras, Odéon », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 85, no 1, , p. 680–681 (lire en ligne, consulté le ).
- (el) Élena Bazíni et al., Ακολούθησέ με στo ρωμαϊκό ωδείο της Πάτρας [« Suis-moi dans l'odéon romain de Patras »], Ministère de la Culture et des Sports, (ISBN 978-960-386-225-3, lire en ligne).
- (en) Frank Sear, Roman Theatres: An Architectural Study, Oxford, Oxford University Press, , 612 p. (ISBN 978-0198144694), p. 403.
- (el) Dimítrios Chrónis, Πρόβλεψη ηχοπροστασίας και χαρτογράφηση θορύβου αρχαίου Ρωμαϊκού ωδείου Πατρών [« Prévision de la protection acoustique et cartographie du bruit de l'ancien odéon romain de Patras »], Patras, , 187 p. (lire en ligne).
- (el) Iríni Plaḯti, Μελέτη- προβολή και ανάδειξη του ρωμαϊκού ωδείου Πατρών [« Étude, projection et mise en valeur de l'odéon romain de Patras »], Patras, , 76 p. (lire en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative au spectacle :