Aller au contenu

Paul Wurth S.A.

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Paul Wurth S.A.
Création 1870
Fondateurs Eugène Muller
Personnages clés Paul Wurth (lb)
Forme juridique Société anonyme
Siège social Luxembourg
Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Direction Frank Wagener (Managing Director)

Paul Tockert (Technical Director)

Actionnaires Groupe SMS
Activité Production d'équipements pour la sidérurgie
Société mère Groupe SMS
Effectif ~500 (2024)
Site web www.paulwurth.com

Chiffre d'affaires 362,0 M € (2016)[1]
Résultat net 8,4 M € (2016)[1]

Paul Wurth S.A. est une entreprise luxembourgeoise d'ingénierie industrielle, active dans la construction de machines à destination de l'industrie sidérurgique, notamment les hauts fourneaux. Son offre va de l'étude de machines jusqu'à la fourniture d'usines clé en main, partout dans le monde.

En 2012, l'entreprise intègre le Groupe SMS, qui achète 59,1 % du capital. Puis, en 2021, SMS acquiert 100 % du capital.

1870-1919 : les débuts

[modifier | modifier le code]

Le , Eugène Muller, originaire de Châtelet et ancien ingénieur-régisseur des ateliers de construction de la Société anonyme de Couillet à Châtelineau, fonde une usine de fabrication de chaudières à Hollerich, un quartier de Luxembourg-Ville. Cette usine est connue par les habitants sous le nom de Kesselfabrek (l'usine de chaudières)[2].

Le , Eugène cède son entreprise à Paul Wurth (lb) (1863-1945), un jeune ingénieur luxembourgeois qu'il a embauché deux ans auparavant, en 1889[2]. Celui-ci, tout juste sorti de l'École centrale Paris va donner son nom à l'entreprise : l'Atelier Paul Wurth[3]. L'esprit entrepreneurial du nouveau propriétaire va profondément marquer l'histoire de l'entreprise. Celle-ci se spécialise dans la construction de grands ouvrages métalliques, essentiellement des ponts métalliques et des appareils de hauts fourneaux[4].

L'entreprise investit et innove alors en permanence pour améliorer sa compétitivité :

  • 1896 : achat d'une partie de la ligne de chemin de fer privée Gare de Luxembourg - Usine d'Hollerich. Puis l'entreprise achète une halle d'une usine à Beckingen, qu'elle démonte et remonte à Hollerich (ce sera la halle Beckinger)[5] ;
  • 1902 : construction du pont de Dommeldange de l'ancienne ligne de Luxembourg à Echternach. Ce pont, d'une portée totale de 90 m, est le premier emploi des poutrelles de 1 m du train de laminoirs Grey de l’usine sidérurgique de Differdange)[5] ;
  • 1905 : une troisième halle (halle C, de 121 x 19 m) est construite entre la halle Beckinger et la Kesselfabrik[5] ;

Le , l'Atelier Paul Wurth devient une SCA : la Société en Commandite par Actions Paul WURTH, Luxembourg avec un capital de 1,5 million de francs luxembourgeois et pour actionnaires Paul Wurth et ses frères Joseph et Albert-Louis[5]. En 1909, l'entreprise emploie 245 ouvriers et 24 cadres. Avec l'aide Eugène Ruppert, elle prospecte en Chine[4]. Pendant cette année et la suivante, les halles E (67 x 17 m) et F (67 x 17 m) sont édifiées[5].

En 1919 sont édifiées les halles A (121 x 25 m) et B (121 x 17 m) qui remplacent la vieille Kesselfabrik. La halle Beckinger, quant à elle, ne sera remplacée par la halle D qu'en 1949/50[5].

1920-1976 : le grand virage vers le haut fourneau

[modifier | modifier le code]

Le , la société devient une société anonyme : la S.A. des Anciens Etablissements Paul Wurth. Le capital passe à 5 millions de francs luxembourgeois, avec pour actionnaires l'Arbed, la Banque internationale à Luxembourg et Paul Wurth[5].

Le , fusion de l'Union des Aciéries, une usine fabricant des pièces métalliques et des machines pour l'industrie, avec les Anciens Etablissements Paul Wurth S.A.[5],[6].

En 1926, Paul Wurth, qui vient d'atteindre 60 ans, cède ses actions à l'Arbed et quitte la société[5].

En 1951, l'entreprise collabore avec une société sidérurgique britannique pour acquérir tous les brevets nécessaire à la construction de hauts fourneaux et de ses installations périphériques. Le premier haut fourneau construit complètement par l'entreprise (haut fourneau V, inauguré le [7]) est édifié en 1954, à Seraing (Belgique) pour le compte de la Société anonyme métallurgique d'Espérance-Longdoz[4].

En 1969, l'ingénieur Edouard Legille, invente le gueulard sans cloche, dit aussi « Bell Less Top » ou « gueulard Paul Wurth ». Ce gueulard, plus complexe que l'ancien système à cloches, est essayé en 1972 au haut fourneau 4 de l'August Thyssen-Hütte (de) de Hamborn (près de Duisbourg), où il s'avère aussi fiable que les gueulards à cloches traditionnels. Mais surtout, ce nouveau gueulard, plus léger et plus étanche à haute pression, permet à la fois de construire des hauts fourneaux encore plus gros[note 1], et de fonctionner à haute pression (quelques bars)[note 2], ce qui améliore l'efficacité de l'appareil. L'innovation, dûment brevetée, est une rupture dans le monde de la sidérurgie[8].

1977 à nos jours : l'internationalisation

[modifier | modifier le code]

En 1977, la Société Anonyme des Anciens Etablissements Paul Wurth change de nom pour Paul Wurth S.A.. C'est dans cette période que l'entreprise accède à un statut de leader sur le marché international de l'ingénierie sidérurgique. Elle crée des filiales, la première au Brésil en 1977, suivi du Canada et des États-Unis. Cette stratégie développement se maintient pendant toute la suite du XXe siècle, afin de disposer de représentations dans toutes les grandes régions productrices d'acier[4].

L'entreprise se recentre progressivement sur l'ingénierie : la fonderie ferme en 1978. Le bureau technique d'Arbed Dommeldange est absorbé en 1987. Pour autant, les ateliers de montage et de réparation mécanique sont conservés jusqu'en 2004, où ils sont intégrés à MecanArbed Dommeldange, du groupe Arcelor (maintenant ArcelorMittal)[5]. Paul Wurth S.A. devient alors une pure entreprise d'ingénierie[4].

En 2000, Paul Wurth S.A. s'engage dans le développement de PRIMUS, un procédé combinant un four à étages et un four à arc électrique, particulièrement adapté au recyclage des poussières et des boues générées par les convertisseurs et les fours électriques. Celles-ci sont riches en oxydes de fer, mais leur teneur en zinc (plus de 5 %) empêche leur recyclage au haut fourneau. Le procédé fonctionne bien mais le succès commercial reste très limité : après un démonstrateur à Esch-Belval en 2000, une installation industrielle devient opérationnelle en 2003 à Differdange. Le procédé n'est exporté qu'à Taïwan, où une installation démarre en 2009 à la Dragon Steel Corporation[9].

Au début des années 2000, Paul Wurth S.A. procède à plusieurs acquisitions clés d'entreprises possédant un savoir-faire reconnu dans le domaine de l'ingénierie des hauts fourneaux :

  • en 2003, Paul Wurth S.A. et Dango & Dienenthal Maschinenbau GmbH fondent la coentreprise TMT Tapping Measuring Technology, spécialisée dans la construction de machines de plancher de haut fourneau et d'instrumentation dédiée[4] ;
  • en 2004, l'entreprise allemande d'ingénierie Didier - M&P Energietechnik GmbH, spécialisée dans le domaine des cowpers et des réfractaires pour haut fourneau est rachetée. Cette nouvelle entité prend le nom de Paul Wurth Refractory & Engineering GmbH en 2006[4] ;
  • en 2005, les activités de SMS Demag S.p.A. relatives au haut fourneau, à la cokerie et à la réduction directe, basées à Gênes, sont rachetées. La nouvelle entité est baptisée Paul Wurth Italia S.p.A.[4] ;
  • en 2009, une participation de 50,4 %, passée à 75,2 % en 2011 et 100 % en 2013[10], dans CTI Systems S.A., une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes automatisés de levage et manutention de charges lourdes, ouvre des perspectives de diversification[4].

À l'issue de ces acquisitions, Paul Wurth S.A. emploie 1 700 personnes, dont 500 au Luxembourg[5].

Le , ArcelorMittal annonce revendre à SMS les 48,1 % du capital qu'il possède. Luxempart S.A. revend également les 11 % du capital qu'elle possédait, l'acheteur disposant ainsi de la majorité (59,1 %) du capital. L'intégration dans le Groupe SMS devient effective le [5].

Le , SMS rachète le reste des parts de Paul Wurth encore détenues par l'État luxembourgeois, soit 40,6 %, afin de contrôler 100 % du capital[11]. Quelques réorganisations suivent : le , la filiale CTI Systems S.A. spécialisée dans la manutention est revendue à son management via une LBO[12]. Pour rationaliser la structure du groupe SMS, Paul Wurth cède ses parts de Paul Wurth Italia et Paul Wurth Deutschland à des affiliés de la maison mère, et échange ses parts dans Paul Wurth India Private contre des actions de SMS India Private[13].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Dans les années 1970, le diamètre et la pression des hauts fourneaux augmentant, des gueulards à 3 ou 4 cloches s'imposent pour garantir une distribution plus homogène des matières et une meilleure étanchéité. Les poids croissants de cette construction, composée d'éléments de 120 tonnes… à hisser jusqu'au sommet du haut fourneau), limitent alors la taille des hauts fourneaux[8].
  2. En effet, de par leur conception, les systèmes à cloches ne peuvent garantir une bonne étanchéité : la portée circulaire assurant l'étanchéité subit l'usure ou les garnis dus au passage de la matière, toute fuite entraine des poussières abrasives qui aggravent le phénomène, les circularités sont difficiles à garantir, etc.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b (en) « RESULTS 2016 »,
  2. a et b « Eugène Muller - Buck Luxembourg »,
  3. « Paul Wurth, ingénieur Luxembourg »,
  4. a b c d e f g h et i (en) « Company history », Paul Wurth
  5. a b c d e f g h i j k et l « Ateliers de Constructions Paul Wurth S.A. »,
  6. « Fonderie d'Hollerich - Aciéries et Ateliers de Luxembourg S.A. - Union des Aciéries »,
  7. « S.A. Métallurgique d'Espérance Longdoz - Liège / Belgique »,
  8. a et b (de) Roger Kneip, « Aus der Geschichte der Stahlindustrie - Über 25 Jahre glockenloser Gichtverschluss » (consulté le )
  9. (en) « PRIMUS », Paul Wurth
  10. Alain Ducat, « Paul Wurth à 100% derrière CTI », Paperjam,‎ (lire en ligne)
  11. Jeremy Zabatta, « Une nouvelle étape pour Paul Wurth », Paperjam,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « Change of ownership: Paul Wurth sells CTI SYSTEMS to its management », Paul Wurth, (consulté le )
  13. Émilio Naud, « Bénéfices en forte hausse pour Paul Wurth », Paperjam,‎ (lire en ligne)