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Sept puretés

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Les Sept puretés, ou sept stades de purification (pāli : « satta-visuddhi ») sont une notion du bouddhisme theravāda. Elles sont communément décrites comme des étapes dans l'avancement de la pratique bouddhiste, depuis la prise des préceptes jusqu'à l'atteinte du Nirvana.

Introduction

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Parabole des chariots

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On trouve initialement la description de ces sept puretés dans le Rathavinitasutta[1], un discours de Gautama Bouddha enseignant cela au moyen d'une parabole des sept relais [de poste]. Le Bouddha explique que de même qu'un voyageur doit changer plusieurs fois d'attelage pour arriver à sa destination, celui qui pratique, s'il veut atteindre le Nibbana, doit passer par sept étapes de purification[2].

« De la même manière, mon ami, la pureté en termes de vertu est simplement en considération de la pureté en termes de l'esprit. La pureté en termes de l'esprit est simplement en considération de la pureté en termes de façon de voir. La pureté en termes de façon de voir est simplement en considération de la pureté en termes de la capacité à surmonter la perplexité. La pureté en termes de la capacité à surmonter la perplexité est simplement en considération de la pureté en termes de connaissance et de vision de ce qui est et n'est pas la voie. La pureté en termes de connaissance et de vision de ce qui est et n'est pas la voie est simplement en considération de la pureté en termes de connaissance et de vision de la voie. La pureté en termes de connaissance et de vision de la voie est simplement en considération de la pureté en termes de connaissance et de vision. La pureté en termes de connaissance et de vision est simplement en considération d'une Libération totale grâce à l'absence d'attachement. Et c'est en considération d'une Libération totale grâce à l'absence d'attachement qu'on vit la vie sainte sous le Béni du Ciel. »

On voit donc que la pureté de la discipline (vertu) permet la pureté de la concentration (esprit), qui permet la pureté de la vue (façon de voir), etc.

Commentaires classiques

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Cette parabole est travaillée par un moine du Ve siècle du nom de Upatissa, tout au long du Vimutti-vagga, « la voie de la libération ». Cet ouvrage est un premier commentaire classique dans le theravāda. Un peu plus tard, Buddhaghosa commente à son tour en détail les sept puretés dans un ouvrage fondamental, le Visuddhimagga (« la voie de la pureté »), ainsi que tous les grands concepts théoriques du courant theravāda. Il détaille en particulier, « connaissances » associées à la pratique de vipassana bhavana, fournissant ainsi une illustration parfois surprenante de la pratique méditative.

Les sept puretés

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Pureté de la discipline

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La pureté de la discipline (ou moralité, ou vertu — sila) décrit l'application des nombreux préceptes bouddhiques, comme ne pas tuer, voler, tromper etc. Le moine peut également pratiquer l'un des exercices, dhutanga. Mais la discipline n'est bien respectée que lorsqu'elle permet la concentration. Le but de la discipline est de permettre au moine d'accéder à la concentration, qui est la pureté suivante.

Pureté de la concentration

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La pureté de la concentration correspond à la pratique de samatha bhavana, le développement de la tranquillité. Samatha est la pratique qui amène le moine (bhikkhu) à développer sa capacité d'attention et de concentration. Il ne s'agit alors pas de développer sa sagesse, mais, selon le Dhammapada[Où ?] : « Il n'y a pas de concentration pour celui qui manque de sagesse. Il n'y pas de sagesse pour celui qui manque de concentration. Il est vraiment près du Nirvana, celui en qui se trouvent la concentration et la sagesse. » La pratique de Samatha amène à réaliser les différents niveaux de concentration: la concentration préparatoire; la concentration de proximité; la concentration d'insertion. Et la pureté de la concentration se définit comme l'obtention de l'une des concentrations d'insertion, ou simplement comme l'obtention de la concentration de voisinage.

Pureté de la vue

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La pureté de la vue, ou pureté de la compréhension (pāli : diṭṭhivisuddhi), désigne la compréhension qu'il y a un esprit et un corps (pāli : nāmarūpa). Cette intellection signifie donc un premier dépassement de la notion de Soi, d'atman ; l'esprit et le corps recoupent des phénomènes variés qui ne sauraient être pris pour une unité. (Voir aussi cinq constituants de la personne.) De plus, l'enseignement de sept puretés présente cette connaissance comme la compréhension de la première des quatre nobles vérités, c’est-à-dire la vérité de la souffrance (dukkha).

Pureté dans l'élimination des doutes

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La purification d'évasion de tout doute (pāli : kaṅkhā-vitaraṇā-visuddhi) signifie la compréhension étendue aux conditions (pāli : paccaya) du corps et de l'esprit. Cette connaissance s'applique aux « trois temps »: passé, présent et futur. Cette connaissance serait compréhension de la deuxième noble vérité: l'origine de la souffrance.

Connaissance du chemin et du non-chemin

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La « connaissance de ce qui est la voie et de ce qui n'est pas la voie » (pāli : maggāmagga-ñāṇadassana-visuddhi) désigne la compréhension de ce qui constitue le chemin vers l'éveil, ce qui correspond à la quatrième noble vérité, le chemin menant à l'éradication de la souffrance, ou noble sentier octuple.

Cette étape décrit d'abord les premières réalisations heureuses du « yogi », qui développe des « motifs de souillure », ainsi appelés parce qu'ils pourraient être confondus avec l'éveil lui-même – ce sont les dix souillures de l'inspection, vipassananūpakkilesa, listées avec leur équivalent pāli :

  1. L'effulguration, apparition de lumière, obhasa;
  2. La connaissance, ñāṇa;
  3. La joie, pīti;
  4. La tranquillité, passaddhi;
  5. Le bien-être, sukha;
  6. La détermination, adhimokkha;
  7. L'énergie ou ferveur, paggaha;
  8. L'avertissement ou établissement, upatthana;
  9. L'imperturbabilité (ou équanimité), upekkha;
  10. Le plaisir ou encore le désir subtil, nikanti.

Ces émotions positives, ces nouvelles capacités sont cependant correctement interprétées par le méditant, qui reconnaît en elles de simples phénomènes qui ne constituent pas en eux-mêmes la véritable méthode vers la libération. Cette reconnaissance de l'énergie, la joie, etc., comme simples « symptômes » constitue alors la pureté de la connaissance du chemin et du non-chemin.

La connaissance et vision du parcours

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Après que le méditant a pu comprendre ses réalisations comme des phénomènes, plutôt que la libération, ces manifestations de joie, de tranquillité, cèdent à huit connaissances, auxquelles s'ajoute la « connaissance dans le droit fil » :

  1. contemplation de l'apparition et de la disparition;
  2. connaissance de la dissolution;
  3. conscience de l'épouvante;
  4. contemplation de la misère;
  5. contemplation de l'aversion ;
  6. contemplation du désir de libération;
  7. contemplation réfléchie;
  8. la connaissance de l'équanimité envers les formations;

Selon le Visuddhimagga, les sixième, septième et huitième connaissances constituent trois aspects d'une seule et même connaissance, à différents stades de son développement, qui serait l'inspection conduisant à l'ascension, vutthana gamini vipassana. Il n'y a donc, selon le Visuddhimagga, que six connaissances avant la connaissance dans le droit fil.

Détail des huit connaissances

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La contemplation de l'apparition-disparition, udayabbayanupassana nana, est à présent libérée des « dix souillures » qui caractérisaient encore la connaissance du chemin et du non-chemin : c'est en fait la connaissance de l'ensemble des trois caractéristiques qui devient plus claire.

  • La connaissance de la dissolution, bhanga nana, marque cependant un tournant. En effet, le méditant voyait jusque-là les phénomènes apparaître et disparaître, de plus en plus rapidement. Une fois les souillures disparues, le méditant ne perçoit plus que disparition : d'où le terme de dissolution.
  • La conscience de l'épouvante, bhayat'upatthana nana, est le surgissement d'une terreur face à cette disparition des phénomènes. Cette épouvante, décrite par exemple par Robert Kientz, s'entend cependant comme la révélation d'une souffrance qui existait auparavant, mais qui appartenait au courant subconscient, « bhavanga sota » : c'est l'épouvante du « mirage », du « village où il n'y a personne », etc.
  • La conscience de la misère, adinavanupassana nana, montre le passage de la peur au dégoût.
  • La connaissance de l'aversion, nibbidanupassana nana,
  • La contemplation du désir de libération, muccitu-kamyata nana, est désir d'être libéré de toutes les formations d'existence - l'esprit n'éprouve aucun plaisir aux formations et désire s'en libérer.
  • La contemplation réfléchie, patisankhanupassana nana, est la considération des phénomènes comme des bulles, des mirages, sans maîtres ; ces formations ne sont ni homme, ni personnalité, ni moi ni mien ni appartenant à qui que ce soit.
  • L'imperturbabilité face à tous les phénomènes, sankharupekkha nana, marque un passage, puisque après l'épouvante, la misère, le désir de libération, advient l'équanimité. Selon le patisambhida magga, présente trois « portes de libération » caractérisant différents disciples ; quand l'esprit considère l'aspect limité de toutes les formations, il peut être entraîné au-devant de
    • l'élément inconditionné, animitta dhatu ;
    • l'élément dépourvu de désir, appanihita dhatu ;
    • l'élément du vide, sunnata dhatu.

Connaissance du droit fil

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La connaissance « dans le droit fil », ou connaissance de l'adaptation, anuloma nana, s' « adapte » aux six ou huit connaissances précédentes, ainsi qu'aux voies supramondaines. Cette définition renvoie en fait aux différentes fonctions de la conscience : il est donné une description assez précise des manifestations de la conscience au moment de cette connaissance.

La connaissance de l'imperturbabilité considère les phénomènes selon les trois caractéristiques, puis s'enfonce dans le courant subconscient. Immédiatement après apparaît l'attention. La connaissance de l'adaptation apparaît alors, ayant pour objet la même formation. Vient ensuite un premier « moment impulsif », javana, appelé préparation, parikamma, puis un deuxième javana, appelé accès, upacara, et enfin un troisième javana, appelé adaptation, anuloma.

La Connaissance et vision

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La connaissance de l'ennoblissement, ou de la maturité, gotrabhū nana, ne fait pas partie, selon le Visuddhimagga, de la connaissance et vision ; elle se situe entre la connaissance et la vision du parcours, préparant la connaissance et vision.

Immédiatement après la connaissance de l'adaptation, la connaissance de l'ennoblissement prend pour objet l'inconditionné, l'arrêt de l'existence, le nirvana. C'est la première considération du « supramondain ».

Apparaît alors la première connaissance de la voie, l'entrée dans le courant (voir plus bas), ce qui est connaissance de la Voie comme résultat ; viennent ensuite deux ou trois états de conscience produits par la Voie, - c'est la conscience de Fruit. Cette conscience s'enfonce alors dans le courant subconscient, bhavanga, puis apparaît une connaissance rétrospective, paccavekkhana nana, ayant pour objet la conscience de la Voie.

Quatre chemins

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La connaissance et vision (ñāṇadassana-visuddhi) est associée à l'une des quatre consciences «supramondaines». Les consciences supramondaines décrivent les états qui ne sont plus de ce monde, qui sont hors du samsara.

Aperçu d'autres approches

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Gradualisme et subitisme

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La présentation de la pratique en sept points, avec le « yogi » passant de l'un à l'autre, ne se retrouve pas dans toutes les écoles du bouddhisme. Certaines d'entre elles sont en effet subitistes : elles considèrent que l'éveil s'atteint subitement, sans pratique progressive.

Au sein même du bouddhisme theravāda, des maîtres tels que Walpola Rahula [Où ?] selon laquelle il n'y a pas de pratique progressive. Selon cette conception, il n'y a que la connaissance venant effacer l'aveuglement : la sagesse jaillit alors et l'éveil est atteint. Cette présentation propose, plus particulièrement, un chemin dans lequel les quatre nobles vérités sont peu à peu comprises : d'abord la souffrance (dukkha), puis son origine, etc. Cette présentation ne va pas sans provoquer un débat[réf. nécessaire], puisque les quatre nobles vérités sont enseignées comme comprises instantanément au moment de l'éveil. Mais cette vision progressive de la compréhension des quatre nobles vérités peut vraisemblablement se comprendre comme une image.

Gradualisme dans le theravāda

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  • Le satipatthana sutta présente la pratique de l'attention au souffle en seize étapes.
  • Le Upanisā Sutta (SN 12.23) énumère douze étapes, depuis dukkha jusqu'à l'atteinte de l'éveil, sur le modèle de la coproduction conditionnée (voir cet article).
  • Sayadaw U Pandita propose la notion de quatre « vipassana jhanas ».

Dans les autres écoles

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Références

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  1. Voir « Bibliographie ».
  2. Rathavinitasutta (V. Bibliographie). Italiques ajoutées.

Bibliographie

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  • (en) Bhikkhu Analayo, « The Seven Stages of Purification in Comparative Perspective », Journal of the Centre for Buddhist Studies, vol. 3,‎ , p. 126-138 (lire en ligne)
  • (en) Bhikkhu Analayo, « The Treatise on the Path to Liberation (解脫道論) and the Visuddhimagga », Fuyan Buddhist Studies, no 4,‎ , p. 1-15 (v. en part. p. 12) (lire en ligne)
  • (en) U Dhammaratana, Guide through the Visuddhimagga, Kandy (Sri Lanka), Buddhist Publication Society, (1re éd. 1965), x + 105 (ISBN 978-9-552-40357-6, lire en ligne), chap. III, section ii (« The Seven Purifications »), p. 91-105
  • (en) Matara Nânarâma, The Seven Stages of Purification and the Insight Knowledges : A Guide to the Progressive Stages of Buddhist Meditation, Kandy, Buddhist Publication Society, (1re éd. 1983), 141 p. (ISBN 9-552-40059-7, lire en ligne)

Articles connexes

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