Herbarius du Pseudo-Apulée
L’Herbarius du Pseudo-Apulée, (Herbarius Apulei), est un herbier artificiel d'origine latine, compilé au IVe siècle. Il passe en revue 131 plantes en indiquant les différents noms que l'on leur donne selon les régions, la façon de les cueillir, les zones où on les trouve et les usages médicinaux que l'on peut en faire[1].
Histoire
[modifier | modifier le code]Auteur
[modifier | modifier le code]L'œuvre a longtemps été attribuée à Apulée (de Madaure), philosophe et écrivain romain platonicien et intéressé par la magie, comme de nombreux manuscrits en font mention :
- Apulei Platonis (Londres, British Library, Add ms 8928, f.28r)
- Apuleius Plato (Londres, British Library, Coton Vitellius C III, f.19r)
- Apuleius Platonicus Madaurensis (Londres, British Library, Harley ms 4986, f.1r)
- Apuleius Platonis (Paris, BNF, Latin 6862, f.22v)
Cependant, les historiens sont arrivés à la conclusion qu'Apulée n'en était pas l'auteur, que l'on désigne désormais de « Pseudo-Apulée ».
Des recherches récentes[2], ont démontré qu'en réalité, deux auteurs ont participé à la rédaction de l'Herbarius : le premier au IVe siècle, et le second entre le Ve et le VIIe siècle. Le second aurait ajouté la préface, un nombre considérable de synonymes pour chaque plante, et quelques remèdes.
Diffusion et copies
[modifier | modifier le code]Cet ouvrage a connu une importante diffusion en Europe[3] et au Proche-Orient, traduit, copié et recopié par des générations de scribes jusqu'à l'invention de l'imprimerie[1]. Le manuscrit le plus ancien date du VIe siècle et est conservé à Leyde. La Bibliothèque nationale de France en conserve une copie du IXe siècle[4], mais il s'en trouve dans beaucoup de bibliothèques. Au total, on dénombre une soixantaine de manuscrits copiés entre le VIe et le XVe siècle[5].
L'Herbarius a aussi connu une traduction en vieil anglais, datée de la fin du Xe siècle. Certains remèdes sont adaptés aux ingrédients insulaires, et pourraient dénoter d'un usage effectif de cet herbier.
Autour de 1481 parut sous les presses de Johannes Philippus de Lignamine sa première version imprimée, ce qui en fit le tout premier herbier totalement illustré imprimé[6].
Stemma codicum
[modifier | modifier le code]Les chercheurs Ernst Howald et Henry Sigerist ont comparé autant de manuscrits qu’ils ont pu en trouver et sont arrivés à la conclusion que le stemma de l'Herbarius se décomposait en trois branches, qu’ils nommèrent α, β et γ :
- Les manuscrits de classe α seraient les plus proches de l’original, et la plupart de leurs représentants auraient été copiés entre les VIIe et VIIIe siècles.
- Les manuscrits de classe β auraient les plus belles illustrations, le plus de représentants mais un texte insatisfaisant, et la classe se divise elle-même rapidement en plusieurs branches.
- La classe γ comporte le moins de manuscrits, mais le Leyden Voss. Q.9 qui en fait partie est le plus ancien manuscrit que nous ayons conservé (7èmesiècle). Charles Singer a comparé cette classe à d’anciens papyrus et, selon lui, la classe γ apparaît la plus proche de ces reliquats antiques[7].
Contenu
[modifier | modifier le code]L’Herbarius débute par une préface, suivie d'environ cent trente notices (le nombre varie d'un manuscrit à l'autre).
Chaque entrée suit une structure stéréotypée, claire et efficace. Elle débute par le nom censé être le plus commun de la plante, souvent mis en relief (par des lettres capitales ou de l’encre rouge dans les manuscrits). Suit une liste de synonymes, puis une description succincte de l’habitat de la plante, et très rarement de son apparence. Enfin, le préambule se complète assez souvent par des instructions de cueillette.
Chaque notice porte ensuite sur les remèdes que l'on peut concevoir avec la plante. Ps-Apulée indique d’abord le mal à soigner (par exemple ad luxum) avant de donner des instructions quant à l’utilisation du simple dont il est question, des mixtures à préparer, des amulettes à fabriquer, des ingrédients à réunir, parfois des incantations à prononcer, sans jamais déroger à cette structure en diptyque.
Enfin, nombre de manuscrits donnent une illustration pour chaque plante, parfois en pleine page, parfois en marge.
Index
[modifier | modifier le code]Chapitres tels que transcrits dans l'édition de Howald et Sigerist :
Illustrations
[modifier | modifier le code]-
Plantago.
-
Dracontea.
-
Ruta hortensis.
-
Ruta silvatica, Piganum agrium.
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Mandragora.
-
Plantago.
-
Drag[on]tea.
-
Ruta, Peganon.
-
Erifion.
-
Mandragora.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
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Références
[modifier | modifier le code]- « Qantara - L'herbier du Pseudo-Apulée » (consulté le )
- (it) Gigliola Maggiulli et Maria Franca Buffa Giolito, L'altro Apuleio, Naples, loffredo editore, , 205 p., p. 19-31
- Olivier Espié, L’Herbarius du Pseudo-Apulée et sa réception dans la tradition médico-magique européenne (projet de thèse de doctorat)
- Anonyme, De ponderibus medicinalibus (3r). Pseudo-Hippocrates latinus, Epistola ad Maecenatem (3v-5v). Antonius Musa, Epistola de herba vetonica (19-22v). Pseudo-Apuleius, Herbarius (sive Liber de nominibus et virtutibus herbarum) et Pseudo-Dioscorides, De herbis femininis (22v-63v).
- Mylène Pradel-Baquerre, Herbier, précédé du Traité sur la bétoine d’Antonius Musa. D’après le manuscrit H277, Paris, Classiques Garnier, , 530 p., p.8
- (de) Stefan Wulle, « 50 Jahre DFG-Sondersammelgebiet Pharmazie Bilsenkraut und Bibergeil : Zur Entwicklung des Arzneischatzes, Begleitheft und Auswahlbibliographie zur Ausstellung, vom 30.4. bis 19.6.1999 », Veröffentlichungen der Universitätsbibliothek Braunschweig, vol. 13, , p. 17 (lire en ligne [PDF]).
- (en) Charles Singer, « The Herbal in Antiquity and Its Transmission to Later Ages », The Journal of Hellenic Studies, vol. 47, , p. 1-52 (lire en ligne )
- #De Vriend (1984) p. 286-328; #Pradel-Baquerre (2013) p. 523-552
- Suzanne Amigües, "Des Plantes nommées moly" in Journal des savants (1995) no. 1 p. 3-29
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Manuscrits numérisés
[modifier | modifier le code]- Londres, British Library, Add, ms. 8928, [voir en ligne]
- Londres, British Library, Coton Vitellius, ms. C III, [voir en ligne]
- Londres, British Library, Harley ms. 4986, [voir en ligne]
- Paris, BNF, Latin, ms. 6862, [voir en ligne]
- Montpellier, BU, section médecine, ms. H277, (XVe), [voir en ligne]
- Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 1031, (XVe), [voir en ligne]
Editions modernes
[modifier | modifier le code]- 1888 : Hermann Koebert (ed.), De Pseudo-Apulei Herbarum Medicaminibus, 1888, Université Louis-Maximilien, Munich, 60p.
- 1927 : HOWALD Ernest, SIGERIST Henry (éd.). Antonii Musæ De herba vettonica liber. Pseudo-Apulei Herbarius. Anonymi De taxone liber. Sexti Placiti Liber medicinæ ex animalibus, 1927, Teubner (Corpus Medicorum Latinorum IV), Leipzig et Berlin
- 1984 : VRIEND, Hubert Jan de (éd.). The old english herbarium and medicina de quadrupedibus, 1984, Early English text society, Oxford, 403 p.
- 2018 : PRADEL-BAQUERRE, Mylène (éd.). Herbier, précédé du Traité sur la bétoine d’Antonius Musa. D’après le manuscrit H277, 2018, Classiques Garnier, Paris, 530 p.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) COLLINS Minta, Medieval Herbals, The illustrative Traditions, Londres, The British Library and University of Toronto press, , 334 p.
- PRADEL-BAQUERRE Mylène, Herbier, précédé du Traité sur la bétoine d’Antonius Musa. D’après le manuscrit H277, Paris, Classiques Garnier, , 530 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
- DELATTE, Armand, Herbarius, recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des simples et des plantes magiques, Paris, Les Belles Lettres collection d'études anciennes, , 120 p.
- (en) MAC KINSEY Loren, Medical illustrations in medieval manuscripts, Londres, Wellcome Historical Medical Library, , 263 p. (lire en ligne)
- (en) SINGER Charles, « The Herbal in Antiquity and Its Transmission to Later Ages », The Journal of Hellenic Studies, vol. vol.47, , p. 1-52
- (it) MAGGIULLI Gigliola, BUFFA GIOLITO Maria Franca, L'altro Apuleio, Naples, Loffredo editore, , 205 p.