Principauté épiscopale de Strasbourg
(de) Fürstbistum Straßburg
–
(821 ans)
Bannière |
Blason |
(Bibliothèque Perry-Castañeda, Texas)
Statut |
Principauté ecclésiastique État du Saint-Empire |
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Capitale | Strasbourg puis Saverne |
Langue(s) | Alémanique/alsacien, allemand, latin médiéval puis français |
Religion | Catholicisme |
Cercle impérial | Cercle du Haut-Rhin |
Immédiateté impériale (statut d’État) octroyée par Otton II à l'évêque de Strasbourg | |
Construction d'une première cathédrale à Strasbourg par Werner de Habsbourg | |
c. | Début de la reconstruction de la cathédrale de Strasbourg |
Défaite de l'évêque à la bataille de Hausbergen face aux bourgeois de Strasbourg | |
Paix entre la ville impériale libre de Strasbourg et l'évêque qui se retire sur ses terres | |
Achat par l'évêque du titre de landgrave de Basse-Alsace | |
- | Défaite de l'évêque lors de la guerre de Dachstein face à la ville de Strasbourg |
- | Guerre des Évêques |
Annexion de la principauté et des autres seigneuries de Basse-Alsace par la France (politique des Réunions) | |
Traité de Ryswick et reconnaissance internationale de l'annexion française | |
Abolition de la noblesse en France et perte des territoires dans la plaine d'Alsace | |
Ratification du recès d'Empire et perte des territoires sur la rive droite du Rhin |
(1er) - | Erchenbald |
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(Der) - | Louis-René de Rohan |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La principauté épiscopale de Strasbourg (en allemand : Fürstbistum Straßburg), ou évêché de Strasbourg (Hochstift Straßburg), était un État du Saint-Empire romain. Relevant à l'origine du duché de Souabe, les évêques de Strasbourg obtinrent l'immédiateté impériale par une charte de l'empereur Otton II émise à Salerne en [1]. Devenus princes-évêques ils pouvaient alors rendre la justice, battre monnaie, et exercer une autorité politique sur la principauté épiscopale comme seigneurs temporels.
Les frontières de la principauté ne coïncidaient pas avec celles du diocèse de Strasbourg fondé au IVe siècle, suffragant de la province ecclésiastique de Mayence. Alors que l'autorité spirituelle de l'évêque s’étendait sur le nord de la plaine d'Alsace, y compris la rive droite du Rhin, ses possessions territoriales se composaient de bailliages éparpillés entre le Brisgau, l'Ortenau, la Basse et la Haute-Alsace[2]. Vaincu à la bataille de Hausbergen en , l'évêque céda une partie de ses terres à la ville impériale libre de Strasbourg devenue indépendante après un soulèvement[3]. Les princes-évêques achetèrent le titre de landgrave de Basse-Alsace puis administrèrent au nom de l'empereur les différentes seigneuries et cités-États de la région à partir de . Ils faisaient partie du collège des princes ecclésiastiques à la Diète d'Empire.
Lors des traités de Westphalie de , le royaume de France obtint des revendications territoriales sur la Basse-Alsace. La principauté fut alors rattachée au territoire français et intégrée à la province d'Alsace le , à l'exception des terres situées sur la rive droite du Rhin. Les princes-évêques conservèrent le titre de landgrave jusqu’à la Révolution française et l'abolition de la noblesse en . Le prince Louis-René de Rohan, cardinal-évêque de Strasbourg émigra dans ses « terres allemandes » d'Ettenheim. La principauté épiscopale fut officiellement supprimée par le recès de la Diète d'Empire qui attribua ses territoires à l'Électorat de Bade en .
Depuis le XIXe siècle l’évêché de Strasbourg, en tant qu'autorité spirituelle, correspond aux actuels départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]La principauté épiscopale est créée à partir des territoires des évêques à proximité immédiate de Strasbourg, ainsi qu'à Rouffach et dans la vallée de la Bruche qu'ils avaient déjà reçus par les rois mérovingiens, notamment par Dagobert Ier au VIIe siècle. Les religieux évangélisèrent également les régions de la Forêt-Noire outre-Rhin où ils possédèrent des propriétés autour d'Ettenheim.
Avec le duché de Souabe, les évêques se sont orientés vers la Francie orientale à partir du IXe siècle et vers le royaume de Germanie sous la dynastie des Ottoniens. L'évêque Werner de Habsbourg, nommé par l'empereur Otton III en 1001, fait bâtir la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg en style roman ; il joue également un rôle important à l'élection du roi Conrad II le Salique en 1024, qui fait ensuite obtenir à son neveu Guillaume le siège épiscopal de Strasbourg après Werner. Pendant la querelle des Investitures au XIe siècle, les évêques de Strasbourg étaient des soutiens fidèles des empereurs saliens. Plus tard, toutefois, le chapitre à la cathédrale a soutenu la papauté contre les souverains de la maison de Hohenstaufen et en 1199, les troupes de Philippe de Souabe occupaient le siège épiscopal.
Au XIIIe siècle, les évêques ont considérablement accru leur seigneurie temporelle. Leur territoire était dispersé en Alsace avec les châteaux du Bernstein, de Guirbaden et du Haut-Barr, ainsi que les domaines autour d'Ettenheim et d'Oberkirch dans l'Ortenau, située entre le Rhin et la Forêt-Noire. Le conflit qui oppose depuis de nombreuses années les évêques aux citoyens de Strasbourg, alliés au comte Rodolphe de Habsbourg, s'achève par la défaite de l'évêque Walter de Geroldseck à la bataille de Hausbergen en 1262. La cité devient une ville libre d'Empire. Depuis le XVe siècle, les évêques résidaient à Saverne.
Sous le règne de l'évêque Guillaume III de Hohnstein (1506 – 1541), une grande partie de la population de Strasbourg et de ses environs devint protestante. Au XVIIe siècle, une partie de son territoire se trouva annexé au royaume de France à la suite de la guerre de Trente Ans, cependant d'autres territoires restaient dans l'Empire. Cette distinction permettra à l'évêque, lors de la Révolution française, de conserver son titre pour ses domaines germaniques.
Au début du XVIIe siècle, un conflit dit guerre des évêques (1592 – 1608), opposait catholiques et protestants pour le contrôle de l'évêché. Après la mort du prince-évêque Jean de Manderscheidt, les chanoines protestants élurent pour « administrateur » le petit-fils du prince-électeur de Brandebourg, Jean-Georges de Brandebourg. Dans le même temps les catholiques désignaient en 1604 l'évêque de Metz, Charles de Lorraine, comme seigneur. Il doit conquérir son nouveau diocèse ; le conflit est tranché une première fois par la diète en 1593 puis à nouveau une seconde fois par le traité de Haguenau, le , au profit de Charles de Lorraine.
Après la guerre de Trente Ans, l'évolution de l'évêché de Strasbourg a été encore de nouvelles fois largement marquée par l'histoire de l'Alsace, ainsi depuis 1648, on a observé :
- 1648 : traités de Westphalie : une partie de l'Alsace devient française ;
- 1681 : la cité de Strasbourg, jusqu'alors ville libre impériale, est annexée par le roi Louis XIV de France.
L'évêque François-Egon de Fürstenberg avait reconnu la souveraineté française en 1680. Par un arrêt du , le conseil souverain d'Alsace, siégeant à Brisach, réunit le domaine de l'évêché en Basse et Haute-Alsace à la France.
Par le recès d'Empire du , les possessions de l’évêque de Strasbourg situées sur la rive droite du Rhin sont sécularisées et cédées au nouvel électorat de Bade.
Territoire
[modifier | modifier le code]Selon Jacques Baquol et Paul Ristelhuber, le territoire de la principauté épiscopale de Strasbourg aurait compris en :
- sur la rive gauche du Rhin (province d'Alsace) :
- en Basse-Alsace, les bailliages de Benfeld, Dachstein, La Wantzenau, Marckolsheim, Saverne, Schirmeck et du Kochersberg[5] ;
- les terres du Grand-Chapitre de Strasbourg comprenant le Comte-Ban de Frankenbourg et les bailliages de Bœrsch et d'Erstein[6] ;
- en Haute-Alsace, le « Haut-Mundat » comprenant les bailliages de Rouffach, Soultz et Eguisheim[7].
- sur la rive droite du Rhin (Pays de Bade) :
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Burg 1986, p. 831
- Kammerer et Droux 2012
- Bischoff 2020, p. 35-43
- Droux 2003
- Baquol et Ristelhuber 1865, p. 619-620
- Baquol et Ristelhuber 1865, p. 618
- Baquol et Ristelhuber 1865, p. 615
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (de) Francis Rapp, « Strassburg Hochstift und freie Reichsstadt », dans Anton Schindling et Walter Ziegler, Die Territorien des Reichs im Zeitalter der Reformation und Konfessionalisierung. Land und Konfession 1500-1650, t. 5 : Der Südwesten, Münster, Aschendorff, (ISBN 3-4020-2974-X et 978-3-4020-2974-9), p. 73-96
- Jacques Baquol et Paul Ristelhuber, L'Alsace ancienne et moderne ou dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut et du Bas-Rhin, Strasbourg, chez Salomon, libraire-éditeur, , 3e éd., 642 p. (lire en ligne).
- Georges Bischoff, La merveilleuse histoire de Strasbourg, Bordeaux, Éditions Hervé Chopin, , 106 p. (ISBN 978-2-3572-0540-6).
- André-Marcel Burg, « Erchenbald (Archambaud, Erkenbold) », dans Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 9 : Eb à Er, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (ISBN 978-2-8575-9007-1, lire en ligne), p. 831.
- Jean-Philippe Droux, « Évolution de l'évêché de Strasbourg (1802 à actuel) », sur atlas.historique.alsace.uha.fr, (consulté le ).
- Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
- François-Jacques Himly, Chronologie de la Basse Alsace : Ier-XXe siècle, Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, , 350 p.
- Jean-Pierre Kintz, Regards sur l'histoire de l'Alsace : XVIe – XXe siècle, [Strasbourg], [Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace], , 578 p. (ISBN 2-913162-77-0 et 978-2-9131-6277-8).
- Jean-Pierre Kintz, La conquête de l'Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
- Odile Kammerer et Jean-Philippe Droux, « L’Oberrhein en 1262 », sur atlas.historique.alsace.uha.fr, (consulté le ).
- Georges Livet et Francis Rapp (dir.), Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, t. 2, [Strasbourg], Dernières nouvelles de Strasbourg, , 2475 p. (ISBN 2-7165-0041-X).
- Philippe Meyer (préf. Rudolf von Thadden), Histoire de l'Alsace, Paris, Perrin, , 426 p. (ISBN 978-2-262-02769-8).
- Marie Pottecher (dir.), Jean-Jacques Schwein (dir.), Jean-Philippe Meyer (dir.) et al., L'Alsace au cœur du Moyen Âge : de Strasbourg au Rhin supérieur XIe et XIIe siècles, Lyon, Lieux dits éditions, , 256 p. (ISBN 978-2-3621-9120-6)
- Rodolphe Reuss, Histoire de Strasbourg : depuis ses origines jusqu'à nos jours, Paris, Fischbacher, , X-432 p.
- Francis Rapp (dir.), Le Diocèse de Strasbourg, Paris, Éditions Beauchesne, , 352 p. (ISBN 2-7010-1037-3)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Histoire de Strasbourg
- Archidiocèse de Strasbourg
- Liste des évêques puis des archevêques de Strasbourg