Vagin et vulve dans l'art
Le vagin et la vulve sont représentés depuis la Préhistoire. Les organes génitaux féminins se retrouvent dans des œuvres bidimensionnelles (ex : en peinture) et tridimensionnelles (ex : en statuettes). Il y a déjà 35 000 ans, on sculptait des femmes dont les courbes de l'abdomen, des hanches, des seins, des cuisses ou de la vulve étaient exagérées. Il existe depuis longtemps des traditions folkloriques, telles que le vagina loquens (en) (« vagin parlant ») et le vagina dentata (« vagin denté »).
En 1866, Gustave Courbet peint L'Origine du monde représentant une femme nue écartant les jambes. Lorsqu'elle fut postée sur Facebook 150 ans plus tard, cette œuvre fut à l'origine d'une controverse autour de la censure. Les artistes contemporains font encore aujourd'hui face à des réactions hostiles lorsqu'ils représentent des appareils génitaux féminins. Megumi Igarashi, par exemple, fut arrêtée pour avoir commercialisé une représentation en 3D de sa vulve. Les œuvres produites après la deuxième vague féministe (vers 1965) vont d'installations monumentales dans lesquelles le public pouvait rentrer (Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely) à des petites pièces d'art textile qui tiennent dans la main. Certaines d'entre elles étaient explicitement féministes : Judy Chicago créa The Dinner Party afin de rendre hommage à 39 femmes de l'Histoire et de la mythologie, pour beaucoup oubliées. D'autres artistes nient faire référence à l'appareil génital féminin malgré ce qu'en disent les critiques. Alors que les peintures de Georgia O'Keeffe ont été interprétées par certaines artistes féministes modernes comme des représentations stylisées de la vulve, O'Keeffe elle-même a constamment nié cette interprétation de ses peintures.
En 2021, des professionnels du milieu médical ont prouvé que les connaissances sur l'appareil génital féminin restent limitées, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes[réf. souhaitée]. Des recherches modernes, comme Femalia, 101 Vagina et The Great Wall of Vagina ont pour but de combattre cette ignorance en fournissant des représentations de vulves diverses et visuellement différentes.
Outre les arts visuels, d'autres formes d'expression créative ont permis de normaliser les discussions autour de la sexualité féminine. La dramaturge Eve Ensler a écrit Les Monologues du vagin, une pièce populaire discutant de plusieurs aspects de la sexualité des femmes.
Aspects culturels
[modifier | modifier le code]Le vagin a été perçu de différentes façons au fil de l'histoire ; on l'a notamment considéré comme étant la source du désir sexuel, une métaphore de la vie à travers l'accouchement, inférieur au pénis, visuellement rebutant, fondamentalement malodorant, ou encore vulgaire. Le vagin a plusieurs noms connus, comme l'archaïsme (devenu aujourd'hui une insulte) "con", des euphémismes, de l'argot ("chatte"), et des noms péjoratifs. Certaines cultures voient la vulve comme quelque chose de honteux qui devrait être dissimulé. Le terme latin pudendum, utilisé en anglais pour décrire l'appareil génital externe peut être traduit littéralement par "chose honteuse".
Parfois, le vagin est représenté de manière positive, comme symbole de sexualité féminine, de spiritualité, de vie ou comme "un symbole puissant de féminité, d'ouverture, d'acceptation, de réceptivité... l'esprit de la vallée intérieure." Le symbole hindouiste du yoni s'est popularisé à travers le monde, ce qui est une preuve de la valeur attribuée à la sexualité féminine et de la capacité de la femme à donner vie dans la société Hindu. La vulve était célébrée, voire vénérée, dans d'autres cultures anciennes, comme dans les religions du Proche-Orient ancien et les œuvres paléolithiques européennes étudiées par l'archéologue Marija Gimbutas. Dans certaines croyances néopaïennes, le vagin est parfois inclus dans l'"adoration de la Déesse".
Histoire
[modifier | modifier le code]Préhistoire
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La sculpture dite Vénus de Hohle Fels est le plus ancien exemple de vulve dans l'art.
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Deux femmes dansant et menstruant, avec le contour de leurs organes génitaux. Art rupestre par les Australiens autochtones de la rivière Upper Yule, Pilbara, Australie occidentale[1].
Art contemporain
[modifier | modifier le code]C'est particulièrement dans l'art contemporain que les vulves sont représentées, notamment dans le cadre des mouvements féministes[2]. En autoportrait, quelques artistes, dont Jenny Saville, se sont représentées nues en exposant leur vulve.
Références
[modifier | modifier le code]- C. Knight, Blood relations: Menstruation and the origins of Culture, London & New Haven, Yale University Press, , p. 443 Re-drawn after B. J. Wright, Rock Art of the Pilbara Region, North-west Australia, Canberra, Australian Institute of Aboriginal Studies, (lire en ligne )
- « Art féministe: la vengeance de la vulve », sur Elle Québec (consulté le )