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Dictionnaire de théologie catholique/ANGÉLIQUE (Salutation)

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 664-666).

1. ANGÉLIQUE (Salutation). La salutation angélique, dans sa forme actuelle, est une prière composée de trois parties : du salut de l’ange Gabriel : Ave gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus, Luc, i, 28 ; du salut d’Elisabeth : et benedictus fructus ventris tui, Luc, i, 42 ; et d’une invocation à Marie ajoutée par l’Église. La première moitié de la prière, composée des saluts de Gabriel et d’Elisabeth, devint populaire à partir du {{rom|xii)e siècle ; la seconde fut généralement introduite au xv e, amplifiée et propagée au xvi e. Cette opinion, défendue en 1706 par dom Massuet, bien que condamnée par l’évêque de Bayeux, est cependant conforme à la vérité historique. Le Cerf, Bibl. hist. et crit. de la congrég. de Saint-Maur, La Haye, 1726, p. 342-343 ; Tassin, Hist. lilt. de la congrég. de Saint-Maur, Bruxelles, 1770, p. 377 ; Hippeau, L’abbaye de Saint-Étienne de Cæn, 288, cf. Bibl. nat. Paris, mss. français 15 444, fol. 66 ; 11 750, fol. 121 ; 11 165 ; fol. 194.

I. Salut de l’ange Gabriel et de sainte Elisabeth. —

1° Date de son emploi. —

L’usage d’invoquer Marie en lui adressant le salut de l’ange Gabriel est attesté au {{rom-maj|VI)e siècle dans l’Église syriaque par une formule du rituel du baptême de Sévère d’Antioche, Bibl. max. patr., Lyon, 1677, t. xii, p. 736 ; Act. sanct., oct. t. vii, p. 1108 ; en Occident, au plus tard au {{rom-maj|IX)e siècle, par la vie de saint Ihlepbonse, Acta sanct. O. S. B., sœc il, p. 521 ; au vni’, par les sermons de saint Jean Damascène, Opéra, édit. Le Quien, 1718, t. il, p. 835 ; P. G., t, cxcvi, col. 650 ; cf. André de Crète, Hom. in Annunt., dansP. G., t. cxcvii, col. 894895 ; Trombelli dans Sutnma, t. vi, p. 107. Son insertion dans l’antiphonaire grégorien, comme offertoire du {{rom-maj|IV)e dimanche de l’Avent, en généralisa l’usage. Saint Pierre Damien le signale chez un clerc de sa connaissance. Opusc xxix, De bono suffr., P. L., t. cxlv, col. 564.

Au {{rom|xii)e siècle on constate un développement dans la pratique de la salutation angélique qui, dès lors, comprend généralement les mots : Ave gratia plena… ventris tui. C’est la formule dont se servent saint Bernard Serm., iii, m Missus, P. L., t. clxxxiii, col. 72-74 ; saint Albert de Crespin, Act. sanct., april. t. I, Vita, n.l4, p.674 ; Aded’Avesnesdans llerman deTournai, Mon. Germ. hist., t. xiv, p. 299, et, au xiii e, sainte Mechtilde de Helfta, Liber grat. spec, 1. I, c. xliii, édit. Solesmes. Amédée de Lausanne, Hom., iii, de B. M. V., dans P. L., t. Clxxxxviii, col. 1319, semble faire exception, car il donne l’ajoute : Jésus Christusquiest super omnia benedictus in sœcula sœculorum. Amen, mais ce n’est là, à n’en pas douter, que la finale de son sermon.

L’usage de la salutation angélique, avec des formules qui ont dû varier de longueur, est signalé au {{rom|xii)e siècle dans la méditation 15, Opéra S. Anselmi, édit. Gerberon, Paris, 1721, p. 230 ; dans Arnaud de Bonneval, De laudib. B. M. V., P. L., t. clxxxix, col. 1729 ; dans la vie du moine Bainald de Clairvaux, Exord. magn. Cisterc, dist. III, c. i, P. L., t. clxxxv, col. 1062 ; Herbert, De mirac, 1. I, c. i, ibid., col. 1276 ; dans celle de saint Bernard à propos d’un convers, Exord. magn., dist. IV, c. xiii, ibid., col. 439 ; dans la chronique de l’abbé Herman de Tournai, Mon. Germ. hist., t. xiv, p. 299 ; dans la vie de la bienheureuse Asceline, nièce de saint Bernard, Act. sanct., t. iv aug., n. 6, 8, p. 653-654 ; dans Césaire d’Heisterbach, Dial., t. vii, p. 25, 26 ; t. vii, 50 ; dans Élizabeth de Schœnau, Bevelat., dans Roth, Die Visionender hl. Elisab. von Schœnau, Brunn, 1884, t. i, c. vi, p. 6 ; t. il, c. xiii, p. 45. De pieux récits commencent à se répandre sur les merveilles qui accompagnent cette dévotion : tels sont ceux qui concernent le moine Jossion à Saint-Bertin, le moine Josbert à Déols. Thomas de Cantimpré, Lïb. apum., t. ii, p. 29 ; Vincent de Beauvais, Spec. histor., t. vii, p. 116 ; Spec. exempl., dist. IX, p. 119 ; Iperius, Chron. S. Bertini, c. xliii, dans Martène, Thés, anecd., t. iii, p. 651 ; cf. Esser, p. 98 ; Bridgett, p. 178-179.

Ce n’est qu’à partir de la fin du {{rom|xii)e siècle que l’Ave Maria est joint au Credo et au Pater par lesévêqueset les conciles dans les prières qui sont imposées au peuple ou dont celui-ci doit être instruit. La salutation angélique est prescrite par l’évêque Odon de Paris, en 1198, Hardouin, Conc, t. vi, col. 2, 1938 ; Mansi, Conc, t. xxii, col. 681 ; vers le même temps par un concile d’Orléans, Labbe, Conc, t. vii, col. 1282 ; en 1217 à Durham. Mansi, t. xii, col. 1108 ; en 1227 à Trêves, Binterim, Gesch. der deut. Concil., 1. 1 v, p. 480, cf. p. 404 ; en 1237 à Con ventry,

Mansi, t. xxiii, col. 432 ; en l’246 à Béziers, ibid., t. xxiii, col. 693 ; en 1247 au Mans, ibid., col. 756 ; en 1256à Albi, ibid., col. 837 ; IIardouin, t. vii, col. 460 ; en 1253 à Valence en Espagne, Mansi, t. xxiii, col. 892 ; en 1257 à Norwich, ibid., col. 966 ; en 1278 à Roue ii, Bessin, Concil. Rotomag., t. il, p. 81 ; en 1287 à Liège, Hartzlieim, Cunc. Germ., t. iii, p, 681 ; la même année à Exeter, Mansi, t. xxiv, col. 816 : dans un concile sans date de cette époque, Martène, Thes. anecd., t. iv, col. 162.

On ne tarde pas à la voir mentionnée dans les statuts des ordres religieux. Les cisterciens la prescrivent dans leurs chapitres" de 1221, 1236, 1239, 1240 comme prière de suffrage. Martène, Tltes. anecd., t. iv, col. 1130, 1361, 1368, 1373. Si la Régula conversorum o. Cist., qui doit être antérieure à ces dates, ibid., col. 1647-1652, n’en parle pas, on voit qu’en 121O YAve Maria est mis au nombre des prières en usage parmi les convers de Citeaux. Iust.capit.gen. Cist., dist. XIV, c. il. Les chartreux portent le même statut vers 1230. Le Couteulx, Annal, ord. cartus., Montreuil, 1888, t. iii, p. 524. En 1266, les dominicains le prescrivent dans l’office des convers, Martène, Thés, anecd., t. iv, col. 1742 ; Reichert, Monum. ord. præd., t. iii, Acta cap. gen., Stuttgart, 1898, t. i, p. 136, tandis que dans les constitutions de 1228 il n’est question que du Pater seulement. Denille, Archiv. f. Litt. und Kirchen-Geschichte des M. A., t. i, 1885, p. 226-227. On le voit cité comme prière de suffrage à partir de 1246, Martène, t. iv, col. 1691, 1695, 1697, 1700, etc., mais il est à remarquer que le texte plus correct publié par le P. Reichert n’en parle pas à ces endroits. L’Ave Maria, comme prière, est aussi signalé dans les constitutions des chanoines réguliers de Nicosie au diocèse de Pise, Trombelli, Summa, diss. IV, c. H, q. il, n. 19, dans Bourassé, t. iv, p. 225 ; cf. Amort, Vet. discipl. canon., Venise, 1747, t. I, p. 520, et dans celle de religieuses anglaises, Bridgett, p. 18$1-$285. L’usage de cette prière se répand au xiiie siècle, toutefois il >ne manque pas de constitutions synodales où l’Ave Maria soit passé sous silence. Esser, p. 92-93.

C’est aussi à partir du xiiie siècle que l’on commence à prêcher sur Y Ave Maria (voir entre autres auteurs lienoît d’Alignan, Vacant, Dict. delhéol., t. i, col. 829), et que les légendes poétiques de Marie, notamment en Allemagne, cherchent à popuraliser cette dévotion. Esser, p. 95-100. On trouve dans les inscriptions tombales la demande de réciter cette prière pour les défunts. Barbier de Montault, VAve Maria du Musée de Gucret, p. 42, 67-68 ; Gall. christ., t. i, col. 1234. L’Ave devient une exclamation de joie. Gay, Gloss. archéol., p. 91. Ce salut, dont la longueur varie, se retrouve fréquemment dans la représentation de l’Annonciation, spécialement sur les sceaux et sur les cloches, Barbier de Montault, p. 12-26, 47, 50, et sur les enseignes. Ibid. Il figure aussi au xive siècle, surtout au xve, en partie ou en entier, sur des objets purement profanes : vases, candélabres, meubles. Ibid., p. 55-60.

Finale de ce salut.


Au xiiie siècle, la formule consiste dans les paroles Ave Maria… ventris tui ; c’est celle qua l’on rencontre dans les commentaires et les explications, dans Thomas de Cantimpré, dans sainte Mechtilde, loc. cit., dans les chants populaires, Mone, Latein. Hymnen des M. A., Fribourg, 1854, n. 392-403, t. ii, p. 90 sq. ; dans les paraphrases poétiques. Trombelli, p. 229-230. La brièveté de cette formule permet de comprendre comment saint Dominique put établir la récitation des quinze dizaines du chapelet.

Au XIVe siècle, de même qu’au xv*, on trouve les finales de ventris tui. Amen, Barbier, p. 57, 60-62 ; Lury.p. 1 48 ; Romania, t. XIII, p. 526-527 ; xv, p. 306, 322, 312-343 ; Trombelli, p. 230 ; Bridgett, p. 187-189 ; ou Jésus. Amen, forme usitée en Angleterre en 1317, Rock, Church of our fathers, t. iii, p. 318-319, et même dès 1336 dans un document du prieuré de Maxtock, Monast. anglic,

t. vi, p. 525 ; Rock, t. iii, p. 315 ; cf. S. Antonin, Summa theol., part. IV, tit. xv, c. xiii-xxv ; ou Jésus Christus. Amen. Barbier, p. 64 ; Esser, p. 105-106. Cette dernière addition est attribuée au pape Urbain IV, mais par des témoignages qui ne datent que du XVe ou de la fin du xive siècle. Les écrivains du xvie ne peuvent expliquer l’origine de cette ajoute. Mabillon, n. 128 ; Esser, p. 104-105.

Au xvie siècle on trouve encore deux autres finales : celle de Jésus Christus in eeternum, formule qui fut adoptée en 1447 par les religieuses de Wadstena en Suède, Script, rer. suevic. med. xvi, tUpsal, 1818, t. I, p. 164, et celle de Jes us Christus Amen, qui est gloriosus Deus benedictus in sxcula. Busch, Chronic. Windesh., t. I, p. 70 ; édit. Grube, p. 215.

Les finales de ventris tui Jésus. Amen et de Jésus Christus. Amen se retrouvent au xvie siècle. Trombelli, Summa, t. iv, p. 271-272 ; Barbier, p. 71-72 ; Esser, p. 105-106. Les protestants critiquèrent YAve Maria, parce qu’à leur avis il ne contenait aucune demande. Trombelli, p. 211-213 ; Esser, p. 107-108. Érasme blâmait aussi l’usage de réciter YAve avant les sermons, usage dont on peut trouver des traces au xine siècle, Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge, 2e édit., Paris, 1886, p. 291, mais qui se répandait surtout au xiv e. Erasme, Ecclesiastes, l. II, Opéra, édit. La Haye, 1703, t. v, col. 673 ; Mabillon, loc. cit. ; Macri, p. 517 ; Trombelli, p. 225 ; Zaccaria, p. 270 ; Barbier, p. 79-80.

II. L’invocation de la fin. —

1° L’ajoute Sancta Maria ora pro nobis. — Sancta Maria ora pro nobis se rencontrait, dit-on, dans un bréviaire chartreux du xme siècle, Le Couteulx, Annal., t. iii, p. 527, et l’autre formule : ora pro nobis peccatoribus. Amen, dans un autre bréviaire du xive siècle. Ibid. On les trouve dans saint Bernardin de Sienne, dans des hymnes métriques du xve siècle, Mone, Latein. Hymnen, t. iii, p. 91, 109 ; dans des bréviaires et des conciles du xvie siècle, tels que ceux deNarbonne en 1551, Hardouin, t. x, col. 452 ; d’Augsbourg et de Constance en 1567, Hartzheim, t. vii, p. 161, 535 ; de Besançon en 1571. Ibid., t. viii, col. 44 ; cf. Binttrim, Denkwùrdigkeilen, t. vii, p. 129 ; Trombelli, Summa, t. iv, p. 226-227, 231 ; Lury, p. 150 ; Esser, p. 110.

L’ajoute nunc et in hora mortis nostrse.


La dernière ajoute : Nunc et in hora mortis nostrse, qui se serait déjà trouvée vers 1350 dans un bréviaire chartreux, Le Couteulx, t. iii, p. 528, se rencontre dans un bréviaire romain manuscrit du xive ou du XVe siècle cité par Trombelli ; dans une hymne italienne du xive siècle, Mone, Latein. Hymnen, t. ii, p. 94 ; en 1514, dans les bréviaires des trinitaires et des camaldules ; en 1525, dans celui des franciscains, dans des catéchismes et des livres à l’usage des fidèles, Summa, t. iv, p. 235-236 ; Esser, p. 110-112 ; Bridgptt, p. 191 ; en 1556, en Angleterre, Rock, t. iii, p. 319. Toutefois cette troisième partie de YAve, avec ses différentes ajoutes, ne passa que progressivement dans les habitudes des fidèles. Au commencement du xviie siècle, on finissait, à Cologne, par les mots Jésus Christus. Amen ; k Lyon, par le mot peccatoribus. Esser, p. 115-116. A la même époque, l’addition Jésus n’était pas universellement reçue aux Pays-Bas. Ibid., p. 112-113.

L’usage de commencer les heures de la Vierge par 1.1 ve Maria existait chez les dominicains dès la première moitié du xiiie siècle. Cf. Durand, Ratio », div.of}., l. V, c. ii, n.6 ; Act.Sanct., jan. t. i, p. 615 ; Esser, p. 93. Les chanoines réguliers de Nicosie le disaientavant matines, dès cette époque. Trombelli, part. II, diss. VI, dans Bourassé, Summa, t. iii, col. 269. On le voit prescrit à Corbie dans un livre du xve siècle, et les bénédictins de la congrégation de Bursfeld, à la même époque, l’introduisent à certaines heures de l’office. Ordinar., c. ix, x ; cf. Trombelli, Summa, t. iii, col. 269-271. Toutefois ce ne fut qu’en 1568 que Pie V prescrivit aux prêtres de commencer les heures canoniales par le Pater et l’Ave dans la forme reçue aujourd’hui. Ibid. Certains rituels, dans les cérémonies du baptême, en prescrivent la récitation par les parrain et marraine, et cet usage est constaté dès le xive siècle. Corblet, Hist. du sacrement de baptême, Paris, 1882, t. ii, p. 353.

Mabillon, Acta sanct. O. S. B., sæc. v, Paris, 1685, præf., n. 119-128, p. lxxvii-lxxxii ; ce travail a été reproduit dans les Analecta juris pontificii, t. xxi, 1882, p. 410-414 ; Le Couteulx, Annales ord. cartus., Montreuil-sur-Mer, 1888, t. iii, p. 523-524 ; Trombelli, De cultu publico ab ecclesia B. M. exhibito, dans Summa aurea de laudibus B. M. V., éditée par Bourassé, Paris, Migne, t. iii et iv, 1862, 1866 ; Macri, Hierolexicon, Venise, 1735, p. 517 ; Zaccaria, Sull’ Avemmaria, dans Dissertazioni varie, Rome, 1780, t. ii, p. 242-296 ; Binterim, Denkwürdigkeiten der christl. kathol. Kirche, Mayence, 1831. t. vii, p. 125-129 : D. Rock, The church of our fathers, Londres, 1852, t. iii, p. 314-320 ; Rohault de Fleury, La sainte Vierge, Paris, 1868, t. i, p. 67-72 ; Acta sanctorum, t. vii octob. (Paris, 1869), p. 1108-1109 ; Chaillot, L’Ave Maria, dans Anal. juris pontif., t. xxi, 1882, p. 409-410 ; Barbier de Montault, L’Ave Maria du musée de Guéret, Brive, 1884, extrait du tome iv du Bulletin de la Soc. scient., hist. et arch. de la Corrèze ; Th. Esser, Geschichte des englischen Grusses, dans Histor. Jahrbuch., 1884, p. 88-116 ; Aug. Lury, L’Ave Maria, son origine et ses transformations, dans Bullet. arch. et hist. de la Soc. arch. de Tarn-et-Garonne, Montauban, 1886, t. xiv, p. 145-171 ; Bridgett, Our Lady’s dowry, 3e édit., Londres, p. 175-200.

U. Berlière.

2. ANGÉLIQUE DE L’ISLE-SUR-SORGUE, capucin de la province de Provence, se nommait dans le monde Jacques Martin. Il était né vers 1595 et entra chez les capucins le 10 septembre 1611. Lecteur de théologie et prédicateur habile dans la controverse, le P. Angélique fut presque toujours désigné comme supérieur des couvents de son ordre dans les pays calvinistes, comme Nimes, Orange et Gap. A Vinsobres, en particulier, il réduisit les ministres au silence, mais n’ayant pu arriver par là au résultat désiré, il imagina de leur présenter par écrit des thèses intitulées : L’oracle de saint Paul, leur indiquant le jour et le lieu où il les soutiendrait, mais personne ne se présenta à son appel. Le matin il se rendait au prêche et le soir il réfutait en chaire ce que le prédicant avait dit le matin. Après avoir rempli les différentes charges de son ordre, y compris celle de provincial, le P. Angélique fut, sur la fin de ses jours, nommé confesseur des capucines de Marseille, et il mourut dans l’exercice de cet emploi, victime de la contagion qui avait envahi le monastère, le 22 juillet 1650. Nous avons de lui : Controverses contre les hérétiques et principalement les calvinistes, in-4o, Nimes, 1635. — Abrégé de ces controverses, ibid., 1636. — Le nestorien d’Orange réfuté par le R. P. Angélic de l’Isle, in-8o, Avignon, 1648, p. 16-725. Cet ouvrage est dirigé contre le professeur Dérodon qui s’était avisé de vouloir restaurer le nestorianisme.

Barjavel, Dictionn. hist. de Vaucluse, 2 vol. in-8°, Carpentras, 1842, t. i, p. 62.

P. Édouard d’Alençon.

3. ANGÉLIQUE DE VICENCE, des frères mineurs, nommé Barthélémy Preati avant son entrée en religion, mourut le 10 août 1760. Outre des ouvrages ascétiques et historiques, on lui doit : 1° L’uomo addotrinato nelle piu considerabili erudizioni ecclesiastiche, cuncernenti la materia dei sacramenti, 5 vol. in-8o, Vérone, 1746-1760 ; 2° L’arte magica dimostrata, in-8o, Venise, 1751.

Hurter, Nomenclator literarius, 2e édit., Inspruck, 1893, t. ii, col. 1309.

A. Vacant.

ANGELIS (de) Alexandre, jésuite italien, né à Spolète en 1562, admis dans la compagnie le 18 octobre 1581, professa la philosophie, la théologie et fut préfet des études au collège romain. Il mourut à Ferrare le 10 septembre 1620. — In astrologos coniectores libri quinque, Lyon, 1621, 1650, in-4o ; Borne, 1615, 1676, in-4o ; Anvers, 1646, in-fol.

De Backer et Sommervogel, Bibl. de la Cie de Jésus, t. i, col. 387 ; t. viii, col. 1653.

C. Sommervogel.

2. ANGELIS (de) Barbarinus est auteur d’un ouvrage intitulé : Aristoteles redivivus in entis et naturæ systemate contra Atomistas, in-fol., Catane, 1741, dans lequel il combat en particulier E. Maignan et traite de l’eucharistie et de la transsubstantiation.

Hurter, Nomenclator literarius, t. ii, col. 1307.

P. Édouard d’Alençon.

1. ANGELUS. — I. Sonnerie du soir. II. Sonnerie du matin. III. Sonnerie de midi. IV. Fusion en une seule dévotion.

La pratique de vénérer le mystère de l’incarnation par prières spéciales au son de la cloche le matin, à midi et le soir, s’est développée graduellement dans l’Église. C’est sans aucun fondement qu’on attribue au pape Urbain II, lors du concile de Clermont, en 1095, l’origine de l’Angelus, pratique pieuse qui aurait été ensuite restaurée par Grégoire IX ou par Honorius III. Arn. Wion, Lignum vitæ, Venise, 1595, l. V, c. xx, embl. 3, part. II, p. 655 ; Genebrard, Chronogr. sacra, Cologne, 1581, l. VI, p. 965 ; Ciaconius, Hist. pont. rom., Rome, 1677, t. ii, p. 70.

I. Sonnerie du soir. — Il est plus probable que cette pratique, qui a dû s’établir peu à peu dans la seconde moitié du xiiie siècle, se rattache à l’usage du couvre-feu, à la sonnerie qui donnait le signal d’éteindre les feux. Ce signal, d’origine purement civile, était propre à attirer l’attention des fidèles.

Quelques auteurs font honneur de cette dévotion à saint Bonaventure. Dans un chapitre de son ordre, tenu en 1269, il aurait introduit l’usage de sonner après complies, et ordonné à tous les prêtres de son ordre d’exhorter les fidèles à vénérer le mystère de l’incarnation en récitant trois Ave Maria, au triple son de la cloche du soir. Octavien de Martini, Orat. ad Sixt. IV, n. 10, Acta sanct., jul. t. ii, p. 790 ; Vita auct. Petr. Galesino, n. 52, ibid., p. 812 ; Wadding, Annal, minor., ad ann. 1269, n. 4. Mais on doute de l’exactitude de cette assertion. Act. sanct., loc. cit., p. 818 ; Tiraboschi, t. i, p. 299. Il parait plus probable que c’est à Milan que cet usage se rencontre pour la première fois : Bonvicino de Riva, de l’ordre des humiliés, aurait introduit cette sonnerie de l’Ave à Milan et dans le territoire de cette ville vers 1296. Inscript. tumul., dans Tiraboschi, t. i, p. 299.

Cette dévotion se répandit peu à peu dans la chrétienté au commencement du xive siècle. En 1307, l’archevêque de Gran prescrivit l’usage de la sonnerie du soir, avec récitation de l’Ave Maria, pour les églises de Hongrie. Knauz, Monum. eccles. Strigon., Gran, 1882, t. ii, n. 619. Une lettre d’indulgence accordée par des évêques de résidence à Avignon, en 1317, pour l’abbaye de Monsee, du diocèse de Passau, Chronic. Lunælac., Stadt am Hof, 1748, p. 166, 170, et pour l’église de Saint-Wolgang, qui en dépendait, en fait mention. On signale également cet usage en France, où Clément V l’aurait autorisé pendant son séjour à Carpentras. Act. sanct., t. vii oct, p. 1111. Il existait dans le diocèse de Saintes, quand Jean XXII, par un acte daté d’Avignon, le 13 octobre 1318, approuva l’usage de réciter trois fois l’Ave Maria à l’heure du couvre-feu et y attacha des indulgences, Baronius, Annal., a. 1318, n. 58, Bar-le-Duc, 1872, t. xxiv, p. 104, et, par une autre lettre du 7 mai 1327, adressée à Ange, évoque de Viterbe, son vicaire à Borne, en prescrivit l’introduction dans cette ville. Ibid., n. 54, t. xxiv, p. 336. A partir de cette époque, les lettres d’indulgences, accordées par des évêques de résidence à la cour pontificale, mentionnent la sonnerie du soir et l’usage de réciter à