Evangile des douze Apotres (1904)
Évangile des douze Apôtres, Évangile de Saint Barthélemy, Texte établi par René Graffin, Brepols, 1985 (réédition de la 1re édition de 1904) (p. 15-68).
(Hérode), lui aussi, était tétrarque sur la Galilée. Enfin, Satan entra en lui. Il se leva. Il alla près de l’empereur Tibère. Il accusa Philippe près de lui à savoir : …………………………
[Cet empereur] se fâcha beaucoup disant : « Voilà donc que tout l’univers est soumis à ma puissance depuis le temps où Dieu a donné ces choses entre les mains de mon père Auguste. Et Philippe excitera des séditions contre ma royauté et ma grande puissance. Je ne le permettrai pas, moi. » Et il ordonna …………………………
tu confisqueras Philippe, tu lui enlèveras sa maison. Tu te saisiras de ses serviteurs, de ses bestiaux, de toutes ses richesses, de tout ce qui est à lui et tu m’enverras ces choses au siège de mon empire. Tous ses biens, tu les compteras pour moi et tu ne lui laisseras rien, si ce n’est sa vie, celle de sa femme et (celle de sa fille). »
[Voici ce que Tibère dit] à l’impie Hérode.
Il alla, ainsi que ceux qu’on avait envoyés avec lui. Il prit Philippe sans qu’il sût rien et sans qu’il connût l’affaire [pour laquelle on le traitait ainsi].
« … Mes amis. » Avez-vous vu, ô mes frères, de seigneur comme celui-ci, aimant ses apôtres, leur promettant son royaume pour qu’ils mangent et boivent avec lui sur la table de son royaume ? Depuis qu’il était sur la terre, il mangeait avec eux sur la table de la terre, en leur rappelant la table de son royaume ; car il comptait pour rien les choses du monde.
Si tu veux savoir, écoute, je t’enseignerai. Est-ce que Dieu n’a pas aimé ses apôtres — eux tous ? Écoute Jean l’Évangéliste témoignant que le Christ a prié son Père pour eux « pour qu’ils soient un, comme nous sommes un[1] ». Tu veux savoir la vérité : il les a choisis les douze pour qu’ils fussent ……………
sur eux en disant : « J’ai pitié de cette multitude, car voilà trois jours qu’ils restent près de moi et ils n’ont pas de quoi manger. Je ne veux pas les renvoyer ayant faim, de peur qu’ils ne manquent de force en route. »
André lui dit : « Seigneur, où trouverons-nous du pain dans ce lieu désert, car… » ……………
Jésus dit à Thomas : « Va près de cet homme. Il a cinq pains d’orge en sa main et deux poissons. Apporte-les-moi ici. »
André dit : « Maître, ces cinq pains que feront-ils pour une si grande multitude ? »
Jésus lui dit : « Apportez-les-moi et cela suffira. »
Ils allèrent. Ils amenèrent le petit enfant auprès de Jésus et il l’adora à l’instant. Il lui apporta les pains et les deux poissons.
L’enfant dit à Jésus : « Maître, j’ai pris beaucoup de peine pour ceux-ci. »
Jésus dit à l’enfant : « Donne-moi les cinq pains dont tu es le dépositaire ; car ce n’est pas toi qui sauves du besoin cette multitude, mais c’est un dessein providentiel pour que tu voies une chose admirable dont le souvenir ne disparaîtra pas à jamais et une nourriture dont ils seront rassasiés. »
Jésus prit les pains. Il rendit grâces sur eux. Il les divisa. Il les donna à ses apôtres pour qu’ils les apportassent aux multitudes.
Judas fut le dernier qui participa aux pains.
André dit à Jésus : « Maître, Judas n’a pas reçu d’héritage dans les pains quand il est venu pour les donner à ces multitudes ; et tu (as voulu) que nous donnions… »
(Jésus dit ) : « … ta parole ; car celui auquel je n’ai pas donné le partage des pains de mes mains n’est pas digne du partage de ma chair. Et du reste il ne se soucie pas du don aux pauvres, mais se soucie seulement de la bourse. — C’est un mystère de mon Père qui a trait au partage de ma chair. »
Alors il les bénit disant : « Mon Père, racine de toute bonté, je te prie de bénir ces cinq pains d’orge pour qu’ils rassasient toute cette multitude, afin que ton fils reçoive gloire en toi et que ceux que tu as tirés à lui hors du monde lui obéissent. »
Alors sa parole devint à puissance. Sa bénédiction pénétra dans les pains entre les mains des apôtres. Et le peuple entier mangea et fut rassasié. Ils bénirent Dieu.
Vous avez vu, ô mes bien-aimés, l’amour de Jésus pour ses apôtres ; car il ne leur a rien caché dans les œuvres de sa divinité : une fois dans la bénédiction des cinq pains d’orge ; une fois dans l’action de grâces à son Père ; une fois en rendant grâce pour les sept pains.
Thomas dit à Jésus : « Mon Seigneur, voici que toute grâce tu as faite avec nous dans ta bonté. Il y a une seule chose que nous voulons que tu nous accordes : nous voulons, mon Seigneur, voir des morts reposant dans les tombeaux que tu aies ressuscités : cela comme signe de ta résurrection qui aura lieu pour nous. Nous savons, Seigneur, que tu as ressuscité le fils de la veuve de Naïn. Mais autre chose est le miracle de ce moment-là, car tu les as trouvés marchant avec lui (le mort) dans le chemin. Nous voulons voir des ossements qui se sont disjoints dans le tombeau, comment ils s’y réuniront l’un à l’autre, en sorte que les (morts) puissent parler. »
Jésus dit à Thomas : « Thomas, mon ami, interroge-moi, ainsi que tes frères, au sujet de toutes choses que tu désires. Je ne vous cacherai rien, en sorte que tu voies, que tu palpes et que ton cœur soit affermi. Si tu désires voir des gens dans le tombeau qui ressuscitent, c’est avec raison que tu cherches un signe de la résurrection, car je vous ai répondu disant : Je suis la résurrection et la vie ; si le grain de froment ne meurt pas, il ne donne pas de fruits. Si, vous aussi, vous ne voyez pas de vos yeux, votre cœur n’est pas affermi. Ne vous ai-je pas dit : Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient bien plus que ceux qui ont vu et qui ne croient pas. Vous voyez combien j’ai fait de miracles et de prodiges devant les Juifs et ils n’ont pas cru en moi. Maintenant donc, ô mes frères, vous connaissez Lazare, l’homme de Béthanie qu’on nomme mon ami : voilà quatre jours que je reste auprès de vous et que je ne suis pas allé prendre des nouvelles de ses sœurs ; car voilà quatre jours que Lazare est mort. Allons auprès de lui pour les consoler à cause de leur frère Lazare. Didyme, viens avec moi. Allons à Béthanie. Je te montrerai le type de la résurrection du dernier jour dans son tombeau, afin que votre cœur s’affermisse ; car je suis la résurrection et la vie. Viens avec moi, Didyme ; je te montrerai les os qui se sont disjoints dans le tombeau se réunissant de nouveau ensemble. Viens avec moi, Didyme ; je te montrerai les yeux de Lazare qui se sont creusés (vidés) par la pourriture et ont laissé la lumière. Viens avec moi, Didyme, jusqu’à la montagne de Béthanie ; je te montrerai la langue de Lazare qui s’est liquéfiée par la corruption et qui parlera avec toi encore. Viens avec moi, Didyme, jusqu’au tombeau de Lazare, pour que tu voies la destruction des os et de sa sépulture (de son corps enseveli) que les vers ont rongé et ce qui lui advient à ma voix quand je l’appelle. Viens avec moi, Didyme, jusqu’au tombeau de Lazare, alors que voilà quatre jours qu’il est mort, et je le ressusciterai vivant encore. Tu cherches le signe de la résurrection, Thomas ; viens et je te le montrerai dans le tombeau de Lazare ; tu cherches à voir des os adhérer de nouveau les uns aux autres ; viens avec moi au tombeau de Lazare pour les voir allant et venant sur la porte de son tombeau. Tu cherches des mains qui s’étendent ; viens, je te montrerai les mains de Lazare liées de leurs bandelettes, enveloppées par les linceuls, qui s’en élèveront là, sortant du tombeau. Didyme, mon ami, viens avec moi au tombeau de Lazare ; car ma bouche désire ce que tu as pensé. Voilà aujourd’hui le quatrième jour pour Lazare. Marthe et Marie m’attendent pour que j’aille les visiter à cause de leur frère. »
Telles sont ces choses que Jésus dit à ses Apôtres.
Didyme prit son élan. Il lui dit : « Monseigneur, comment donc irons-nous là, alors que les Juifs cherchent à te lapider ? »
Il dit cela, parce qu’il était affligé de la parole que Jésus avait dite à propos de Lazare et afin de ne pas y aller.
Jésus lui dit : « Didyme, celui qui marche dans la lumière ne trébuchera pas. »
Jésus dit cette parole à Thomas pour le consoler, parce qu’il avait vu qu’il était affligé au sujet de la mort de Lazare.
Après tout cela, il arrivait presque à la porte du tombeau de Lazare que sa sœur vint à sa rencontre en ce lieu. Elle lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort, car tu es la résurrection, ressuscitant les morts. Je te connais depuis ton enfance, ainsi que mon frère Lazare. »
Jésus lui dit : « Tu crois cela, à savoir que je suis la résurrection, ressuscitant les morts et la vie de quiconque ? »
Marthe lui dit : « Oui, Seigneur, je crois. »
Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Ils disaient ces choses, Marthe et Marie étant avec Jésus. Ils vinrent au tombeau de Lazare, Jésus marchant devant les Apôtres.
Il leur dit : « Enlevez la pierre de là, afin que toi, Thomas, tu voies le témoignage semblable à la résurrection des morts. »
En cet instant Thomas pleura devant Jésus, disant : « Tu as reçu cette fatigue, tu es venu au tombeau d’un mort à cause de mon incrédulité. Que ta volonté soit faite sur moi et que ce tombeau me reçoive jusqu’au jour de ta résurrection. »
Jésus sut que Thomas s’affligeait. Il lui dit, avec une voix joyeuse et une parole de vie : « Thomas, ne t’afflige pas. Ce que je fais, tu ne le sais pas. Est-ce que c’est une peine de prendre une pierre de là pour un ami qui est enfermé dans le tombeau afin qu’il ressuscite et sorte ? Ne t’afflige pas, ô Thomas. Je te l’ai dit, ôte la pierre de là, afin qu’un témoignage de résurrection apparaisse dans un tombeau de mort. Ne t’afflige pas, ô Thomas. Je te l’ai dit : ôte la pierre de là, pour ressusciter le mort. Ouvre la porte du tombeau et je ferai sortir celui qui est mort. Ôte la pierre de là, pour que je donne la vie à celui qui dort dans ce tombeau. Enlève la pierre, Thomas, afin que celui qui est mort trouve le chemin de sortir du tombeau. Si je t’oblige, Thomas, à ôter la pierre, ce n’est pas parce que je n’ai pas le pouvoir de faire sortir Lazare, alors que la pierre ferme (le tombeau). Oui, j’ai pouvoir pour toute chose. Mais si tu enlèves la pierre, ô Thomas, le tombeau sera manifeste en sorte que tous les hommes le verront et verront le mort comme il dort. Et est-ce que quand tu enlèves la pierre, ô Thomas, c’est pour que la mauvaise odeur sorte et que la pourriture et les vers apparaissent, comme cela a lieu pour tous les morts ? Non ! à Dieu ne plaise ! »
Après cela, Jésus dit à Marie : « Tu crois que ton frère ressuscitera ? »
Elle dit : « Oui, Seigneur, je le crois. Déjà il sent mauvais ; car voilà quatre jours qu’il est mort. Mais je crois que tu peux toute chose. »
Jésus se tourna vers Thomas et lui dit : « Viens et vois les os du mort qui reposent dans le tombeau avant que je ne les ressuscite. Viens avec moi, ô Thomas, et vois les yeux qui se sont liquifiés avant que je ne leur rende de nouveau la lumière. Viens avec moi, ô Thomas, et vois celui qui dort, comment il est placé, avant que je ne le fasse se lever de nouveau. Viens, Thomas, place la foi en toi à mon égard et crois que j’ai puissance pour toute chose. Marthe et Marie, affermissez votre cœur, et toi (Thomas), place la foi en toi plus que Marthe et Marie qui m’ont rendu témoignage en disant : Oui, tu as puissance pour tout. »
Jésus dit cela ; puis il cria disant : « Mon Père, mon Père, racine de toute bonté, je te prie ; car le moment est venu de donner gloire à ton Fils, afin que tous connaissent que c’est toi qui m’as envoyé pour cela. Gloire à toi à jamais ! Amen. »
Après que Jésus eut dit ces choses, il cria, disant : « Lazare ! viens dehors ! »
À cet instant la montagne tourna comme une roue. Les morts ressuscitèrent et sortirent à cause de la voix de Jésus qui avait appelé : « Lazare ! viens dehors. »
À cet instant Lazare vint dehors, enveloppé de bandelettes et la face liée d’un suaire. Sa tête était attachée par des kuria.
Jésus dit : « Déliez-le et laissez-le aller. »
Lorsque Lazare vit Jésus debout devant la porte de son tombeau, il se prosterna, il l’adora. Il cria, disant : « Sois béni, Jésus à la voix duquel tremble l’Amenti (l’enfer égyptien, séjour des morts) et qui m’as appelé, toi dont tous ceux qui sont dans l’Amenti désirent voir la lumière de sa divinité ; sois béni, toi dont la voix est résurrection, parce que c’est toi qui jugeras le monde entier. »
Voilà ce que disait Lazare à Jésus et la multitude courait pour le voir.
Jésus donc vit que la multitude se pressait pour le voir, ainsi que Lazare. Quelques-uns appartenant à sa race (à sa gens) serraient celui-ci dans leurs bras. Quelques-uns lui faisaient visite. Ses deux sœurs baisaient sa bouche. Enfin il y avait de grands cris dans la montagne de Béthanie. Quelques-uns poussaient des cris de joie. Quelques-uns confessaient, disant : « II n’y eut jamais d’homme comme cet homme dans Israël. » D’autres : « Nous croyons à ceci qu’il y a résurrection dans ce que nous avons vu dans le tombeau de Lazare aujourd’hui. » Ils se réunissaient autour de Lazare, comme les abeilles sur le rayon de miel, à cause du miracle qui avait eu lieu.
Enfin Lazare ne lâchait pas les pieds de Jésus, les embrassant et rendant témoignage à la multitude en disant : « La résurrection des vivants et des morts est Jésus. Qu’est la théorie (la procession sacrée) de ce lieu devant la théorie de l’Amenti au moment où il appela mon nom à la porte de mon tombeau en disant : « Lazare, viens dehors ? » Je le dis, à ce moment mon père Adam reconnut sa voix, comme s’il était à la porte de l’Amenti à m’appeler. Il passa un moment l’oreille inclinée du côté de la voix, pensant qu’elle l’appelait. Et il rendit témoignage — Adam — en ces termes : « Cette voix que j’ai entendue est celle de mon créateur. Cette voix que j’ai entendue est celle de mon garant (fidejussor). Cette voix est celle de celui qui était ma gloire quand il m’appelait dans le paradis. Où est-il le moment où il avait coutume de venir dans le paradis pour m’appeler ? Quel est le bon fils que mon créateur appelle par son nom en disant : Lazare, viens dehors ? Je t’en prie, mon fils Lazare, jusqu’auquel la miséricorde du Tout-Puissant est descendue : va dehors. Porte mes salutations à mon Créateur, ô mon fils Lazare. Ah ! en quel temps pourrai-je, moi aussi, entendre cette voix de vie m’appelant. »
Telles étaient les choses que Lazare disait à la multitude, alors qu’il était prosterné aux pieds de Jésus.
Le bruit en parvint jusqu’aux grands des Juifs, à savoir : « Jésus a fait ce miracle le jour du sabbat ». Ils vinrent pour voir Lazare et pour lapider Jésus.
Or il arriva que ces jours-là dans lesquels Jésus ressuscita Lazare, un grand de Galilée était venu trouver Hérode au sujet de l’administration (du soin) qui leur incombait des contrées de Philippe, lequel Philippe on avait accusé devant l’empereur comme les ayant dévastées, sous le prétexte de sa femme qu’Hérode lui avait enlevée.
Carios (Caius) donc, le grand de l’empereur, quand il eut entendu les miracles que Jésus faisait, s’empressa d’aller près de lui et le vit. Alors Carios apporta des nouvelles de Jésus. Il dit à Hérode : « Celui-là est digne d’être fait roi sur toute la Judée et sur toutes les contrées de Philippe. »
Lorsque Hérode entendit ces choses au sujet de Jésus, à savoir : « il est digne d’être fait roi », il fut fort en peine et il dit de grandes accusations par derrière Jésus, en ajoutant : « Nous ne voulons pas qu’il soit roi sur la Judée. » II réunit aussi tous les grands des Juifs. Il leur dit ce que Carios pensait au sujet de Jésus pour le faire roi. À cet instant Hérode leur ordonna, disant : « Celui qu’on trouvera consentant à cette chose sera mis à mort par le glaive et l’on se saisira de toutes les choses qui sont dans sa maison. »
Anne et Caïphe, les grands des Juifs, se réunirent à Carios, le grand de Tibère l’empereur. Ils établirent des paroles de mensonge et des témoignages faux, qui ne tenaient pas, contre Jésus : et cela depuis sa naissance jusqu’à la fin. Quelques-uns portaient que c’était un magicien, d’autres qu’il avait été engendré par une femme, d’autres qu’il rompait le sabbat ; d’autres qu’il détruisait la synagogue des Juifs.
À cet instant il (Carios) envoya chercher Joseph et Nicodème qui étaient, eux aussi, des grands des Juifs ; et ceux-ci ne furent pas d’accord avec eux pour leurs accusations menteuses ; mais ils dirent des paroles de bénédiction sur Jésus.
Lorsque Hérode apprit les choses faites par Joseph et Nicodème, il entreprit de les jeter en prison pour les tuer parce qu’ils n’avaient pas fait cette tromperie mauvaise : cela aurait eu lieu, s’ils n’avaient averti Carios de cette ruse d’ Hérode.
Il (Carios) réunit les grands des Juifs. Il jura devant eux, disant : « Par le salut de l’empereur Tibère ! si un mal arrive à Joseph et à Nicodème, le glaive de l’empereur vous fera tous périr et on brûlera votre ville. »
Lorsque eurent eu lieu ces choses, Hérode demanda à chacun des grands des Juifs une livre d’or. Il réunit une grande somme. Il la donna à Carios pour qu’il ne fît pas (parvenir) la renommée de Jésus devant l’empereur Tibère.
Carios reçut l’argent de la main d’Hérode et il ne transmit pas l’affaire à César.
Joseph, quand il vit que les Juifs le poursuivaient, sortit de Jérusalem et alla à Arimathie.
Quant à Carios, il envoya auprès de l’empereur l’apôtre Jean qui lui dit toute chose au sujet de Jésus. L’empereur Tibère accorda de grands honneurs à Jean et il écrivit au sujet de Jésus qu’on le prit pour le faire roi, selon ce qui est écrit dans les Evangiles, à savoir : « Notre Seigneur Jésus, lorsqu’il sut qu’on venait pour le saisir et le faire roi, s’écarta dans un lieu tout seul[2]. »
Les jours de sa retraite étant écoulés, il appela les Apôtres. Il leur dit : « Mes frères, voici que les jours de ma sortie hors de ce monde sont près d’être accomplis. Ceux que mon Père m’a accordés, je vous les ai accordés. Je ne vous ai pas laissés sans vous enseigner toutes les choses que vous désiriez.
« Toi Pierre, tu gouverneras la foule de tes frères. Viens près de moi sur cette pierre, que je te bénisse et que je te fasse (célèbre ?) sur le monde entier. Ta tête ne te fera pas de tourment, tes yeux ne se sépareront pas de la lumière dans le sommeil. Ton ongle ne te sera pas enlevé. Ta chevelure ne s’en ira pas. La pourriture du tombeau ne détruira pas ton corps à jamais. Le prurit de ta chair ne reviendra pas dans ta chair à jamais. Courbe ta tête, ô Pierre. La droite de mon Père est élevée sur toi pour t’ordonner archevêque. Que les vingt-quatre vieillards remplissent leurs phiales de parfums et les versent sur ta tête, ô Pierre, pour t’ordonner archevêque. Que les quatre animaux me fassent bénédiction ainsi qu’à mon Père et qu’ils disent le trisagios ; car on va ordonner aujourd’hui mon élu Pierre archevêque. Ô vous quatre éons de lumière, ouvrez-vous, car la puissance de mon Père viendra en vous pour habiter dans la bouche de mon élu Pierre. Trésors célestes et lieux d’habitation de mon royaume, réjouissez-vous aujourd’hui ; car on donnera vos clefs à mon élu Pierre. Puissances et Dominations du ciel, réjouissez-vous ; car j’ai donné une puissance qui ne passera pas à la langue de Pierre. Trônes et seigneuries, réjouissez-vous aujourd’hui ; car je donnerai une paternité à mon élu Pierre sur (avec) des milliers de peuples à jamais. Terre entière, réjouis-toi, car j’ai donné la puissance de délier à un homme miséricordieux et prêt à délier. Paradis, réjouis-toi aujourd’hui et répands tes parfums, car je revêtirai Pierre d’une étole sans tache à jamais ! Amenti (enfer), tu prends deuil aujourd’hui ainsi que tes puissances ; car j’ai promis à Pierre un testament éternel, parce que je bâtirai (sur lui) mon Église et les portes de l’enfer ne pourront rien contre elle. »
Ces choses, Jésus les dit, tandis que Pierre était sur la montagne. Il dit : « Simon Pierre, dis-moi : Qui suis-je ? »
Et à cet instant Pierre regarda au ciel. Il vit les sept cieux ouverts. Il vit la gloire du Père et les armées célestes qui descendaient sur la terre à cause de son ordination. Et il vit la droite du Père bon venant sur sa tête d’une seule venue (ou d’une seule ressemblance ?) avec le Fils, tous les deux le revêtant du Saint-Esprit, et lorsque, seul, il l’eut contemplé, à cet instant, il poussa un cri, se précipita à terre en disant : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant. »
Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon Bariona, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé ces choses. Maintenant donc, écarte-toi pour que je donne la puissance de ma langue à ta langue pour lier et délier. »
Alors il plaça sa main sur sa tête : et toutes les armées célestes dirent le trisagios de sorte que les éons qui étaient sur la montagne criaient avec eux : « Saint, saint, saint l’apa Pierre grand prêtre ! »
Lorsque Pierre eut reçu ce grand honneur, son visage s’illumina. Il resplendit comme le soleil, devant les apôtres, comme un Moïse de ce temps.
Jésus, lorsqu’il vit les apôtres ayant leur cœur humilié en eux …………………………
…………………………
sur la tête de Pierre. Il le bénit — le Père — en disant : « Tu seras dans les sommets de mon royaume. Tu seras très élevé à la droite de mon Fils. Celui sur lequel tu élèveras la main sur la terre, moi, mon Fils et l’Esprit saint élèverons la main sur lui. Ce que tu délieras sur la terre, nous le délierons dans le ciel, et ce que tu lieras, nous le lierons. Personne ne sera aussi élevé que toi et ton siège, et celui qui ne participera pas à ton siège (ou : qui ne sera pas en communion avec toi), sa main sera rejetée et non acceptée. Ton souffle (esprit) viendra du souffle (esprit) de mon Fils et de l’Esprit saint, de sorte que tout homme que tu baptiseras et au visage duquel tu souffleras (par la confirmation) recevra l’Esprit saint au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
Les chérubins, les séraphins et tous les anges répondirent : « Amen. »
Et il bénit André en disant : « Tu seras une colonne de lumière dans mon royaume, Jérusalem, ma ville bien-aimée. Amen.
« Ô Jacques, toute ville où tu entreras, tu m’y verras ainsi que mon Fils avant que tu n’y prêches. Amen.
« Toi, Jean mon bien-aimé, le lien qui est lié sur le cœur de mon Fils, ton esprit et celui de mon Fils et le mien, il n’y a pas de séparation entre eux. Mais tu seras béni dans le royaume. Amen.
« Toi, Philippe, en toute ville où tu entreras pour y prêcher le verbe de mon Fils, sa croix restera marchant avec toi jusqu’à ce qu’ils croient en toi. Amen.
« Toi, mon élu Thomas, ta foi sera un aigle de lumière qui volera dans tous les pays jusqu’à ce qu’ils croient au nom de mon Fils par toi. Amen.
« Ô Barthélemy, ton âme sera le lieu de séjour et d’habitation des mystères de mon Fils. Amen.
« Toi aussi, Matthieu… »
« Rien ne peut être impossible pour vous dans le transport même des montagnes. Maintenant ayez foi dans l’amour de mon Père, car la perfection de toute chose, c’est la foi. »
Toutes ces choses, le Sauveur les disait aux apôtres pour les consoler sur la montagne ; car il connaissait ce qui était répandu à son sujet dans la Judée par les puissances qui étaient venues pour l’enlever pour le faire roi. Les messagers de Théophile vinrent jusqu’à Jésus. Ils l’avertirent, disant qu’on cherchait après lui, voulant le faire roi. Les apôtres dirent à Jésus : « Notre Seigneur, c’est une joie pour nous qu’on te fasse roi. » Jésus leur dit : « Est-ce que je ne vous ai pas dit souvent que mon royaume à moi n’est pas de ce monde ? Ne mettez pas la joie dans votre cœur pour le royaume de ce monde, ô mes frères les apôtres ! N’est-il pas pour un temps ? Est-ce que j’ai établi cela avec vous, ô mes membres saints et mes frères : de manger avec vous sur la table d’un royaume de ce monde ? Mon royaume à moi demeure éternellement dans le ciel et sur la terre. »
Ces choses et d’autres encore, Jésus les disait à ses disciples, caché sur la montagne parce qu’on le cherchait pour le faire roi. Et les autorités de Tibère, avec Pilate aussi — firent acte de puissance une seconde fois au sujet de Jésus pour le faire roi. Pilate les approuva beaucoup en disant : « Vraiment, d’après les miracles et les prodiges que fait cet homme, il mérite d’être fait roi sur toute la Judée et les contrées qui en dépendent ; d’après les choses que j’ai entendues de cet homme, il est bon et digne d’être fait roi. » Voilà ce que disait Pilate devant les autorités de Tibère l’empereur.
Hérode ne put supporter cela sans mépriser Pilate. Il dit : « Tu es un Pontus Galiléen, étranger, égyptien. Tu ne connais rien à la loi. Tu n’es d’ailleurs pas resté assez longtemps praeses en cette ville pour connaître les œuvres de cet homme. » Hérode lui dit : « Quiconque va contre les ordres du roi irrite le roi. Non ! Il ne me convient pas, à moi, que Jésus soit roi sur la Judée. »
Et alors il y eut une inimitié entre Hérode et Pilate au sujet de Jésus depuis ce moment.
Cette parole se répandit et devint célèbre dans toute la Judée : « Jésus, roi des Juifs. » Et (c’est pourquoi) Pilate écrivit le rapport sur Jésus et fit sur la croix cette inscription : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
Lorsque Hérode entendit ces choses, il resta encore plus fixé dans sa manie contre Jésus, disant : « Mon père mourut dans l’aversion de Jésus dès l’enfance de celui-ci. Moi, je ne me laisserai pas mourir, celui-ci vivant. » Il donna beaucoup de richesses aux puissances et les envoya auprès de l’empereur et il organisa une conspiration perfide dans toute la Judée.
Notre Seigneur Jésus connaissait toute chose qui se préparait contre lui. Il dit à ses disciples : « Le diable a préparé (versé) un calice de ruse pour me faire crucifier. Maintenant donc, mettez tous mes mystères dans vos oreilles. Je ne vous ai laissés manquer de rien dans les mystères de mon royaume. Je vous ai donné toute puissance dans le ciel et sur la terre. Je vous ai donné force et pouvoir sur les serpents et les scorpions, qui sont sous votre autorité. Maintenant, levez-vous. Sortons de ce lieu ; car Hérode cherche après moi pour me faire mourir. »
Notre Seigneur Jésus descendit de la montagne avec ses disciples.
Voici que le diable se présenta devant eux sous la forme d’un pêcheur. Beaucoup de démons le suivaient portant une multitude de filets, de pièges, d’hameçons et de crochets, jetant les filets et les hameçons sur la montagne.
Les apôtres, quand ils les virent jetant leurs filets de côtés et d’autres, et leurs hameçons aussi, s’étonnèrent beaucoup. Ils dirent : « Notre Seigneur, quel est l’homme de cette sorte qui fait ces choses dans ce désert ? »
Jésus leur dit : « Pierre, celui-là est celui dont je t’ai dit : Voici que Satan vous demande pour vous cribler comme le froment ; moi j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas[3]. »
Jean lui dit : « Que trouvent-ils dans ce désert ? »
Jésus lui dit : « Mon bien-aimé Jean, celui après lequel il cherche, voici qu’il l’a pris. C’est le pêcheur qui prend tous les poissons mauvais. C’est le chasseur qui prend toutes les bêtes souillées et quiconque est mauvais. »
Philippe lui dit : « Qui donc a été saisi par l’hameçon de celui-ci, ou dans ses filets ? »
Jésus lui dit : « Il y a une multitude qui est prise par l’hameçon ou dans le filet de celui-ci. »
André lui dit : « Mon Seigneur, quel est le bénéfice de celui-ci à faire transgresser les hommes ? »
Jésus dit : « Est-ce que je ne suis pas venu pour prendre à mon royaume ceux qui sont à moi ? Celui-ci aussi cherche ceux qui sont à lui pour son tourment. J’ai supporté cette grande humiliation. Je suis descendu au monde afin d’arracher mes brebis à la mort qui est celui-ci. »
Jean lui dit : « Mon Seigneur, ordonne-moi, et je le poursuivrai pour savoir ce qu’il fait. »
Jésus lui dit : « Va, mon bien-aimé Jean, car je t’ai purifié dès le sein de ta mère. »
Saint Jean marcha vers le diable. Il lui dit : « Que fais-tu de ces filets et que prends-tu en ce lieu ? »
Le diable lui dit : « J’ai entendu à ton sujet et au sujet de tes frères que vous êtes des pêcheurs prenant le poisson. Je suis venu ici pour voir votre habileté aujourd’hui. Me voici moi, mes serviteurs et mes filets. Appelle aussi tes frères. Qu’ils viennent auprès de toi en ce lieu avec leurs filets, et jetons-les ici. Celui qui prend du poisson ici, celui-là est le maître. Il n’est pas bien étonnant de prendre du poisson dans les eaux, mais dans ce désert il est étonnant de prendre du poisson. »
Jean lui dit : « J’ai fini d’entendre parler de ton habileté. Avant que je vienne près de toi en ce lieu, jette tes filets. Nous verrons ce que tu prendras. »
À cet instant il les jeta et prit toute espèce des poissons qui sont dans les eaux. Quelques-uns étaient pris par leurs yeux, d’autres étaient pris par leurs lèvres.
Jésus était au loin ainsi que les apôtres, contemplant ces choses. Il leur dit : « Voyez la manière dont Satan prend les pécheurs par leurs membres. »
Jésus dit à Jean : « Dis-lui de jeter… »
Nous avons trouvé cet homme volant dans les choses qu’on jetait dans la bourse chaque jour, les apportant à sa femme, et en frustrant les pauvres dans son service. Quand, des fois (sic), il s’en retournait à la maison ayant des sommes entre les mains, elle avait coutume de se réjouir de ce qu’il avait fait. Nous l’avions même vu n’ayant pas pris pour elle chez lui conformément à la malice de ses yeux et son insatiabilité. Et alors, elle avait coutume de le tourner au ridicule.
De cette façon donc, par suite de l’insatiabilité et du mauvais œil de cette femme, il resta ce jour-là et elle lui conseilla cette grande chose si terrible, à savoir : « Voici que les Juifs poursuivent ton Maître. Lève-toi donc et livre-le-leur. On te donnera beaucoup de richesses et nous les mettrons pour nous dans notre maison, afin d’en vivre. »
Il se leva, le malheureux, après avoir écouté sa femme, jusqu’à ce qu’il eût conduit son âme au tartare de l’Amenti, de la même manière qu’Adam écouta sa femme, jusqu’à ce qu’il devînt étranger à la gloire du Paradis et de telle façon que la mort dominât sur lui et sa race. De même, Judas écouta sa femme et se rendit de la sorte étranger aux choses du ciel et aux choses de la terre pour aboutir à l’Amenti, le lieu des pleurs et des gémissements.
Il alla vers les Juifs et il convint avec eux de trente pièces d’argent pour livrer son Seigneur. Ils les lui donnèrent.
Ainsi fut accomplie la parole qui était écrite : « ils ont reçu les trente pièces d’argent pour le prix de celui qui est précieux. »
Il se leva. Il les porta à sa mauvaise femme. Il lui dit : …………………………
Le Sauveur le mit (Mathias) avec les douze apôtres et la table était devant eux.
Quand le Sauveur étendait la main vers la nourriture, la table faisait le tour, en sorte qu’ils étendaient tous leurs mains vers ce dont le Sauveur mangeait et il le bénissait.
Mathias déposa un plat sur lequel était un coq. Le sel était sur la table. Le Sauveur étendit la main pour prendre du sel d’abord, et, sur la table qui faisait le tour, tous les apôtres en prirent.
Mathias dit à Jésus : « Rabbi, tu vois ce coq. Lorsque les Juifs me virent le tuer, ils dirent : « On tuera ton maître comme ce coq. »
Jésus sourit. Il dit : « Ô Mathias, la parole qu’ils ont dite, ils l’accompliront. Ce coq donnera le signal avant la lumière se levant. C’est le type de Jean-Baptiste qui a annoncé devant moi. Moi je suis la lumière véritable qui n’a en elle rien de ténébreux. Quand ce coq est mort, on a dit sur moi que je mourrais, moi aussi que Marie a fait être dans son sein. J’y ai résidé avec les Chérubins et les Séraphins. Je suis sorti du ciel des cieux sur la terre. Il fut dur pour la terre de pouvoir porter ma gloire. Je suis devenu homme pour vous.
« Maintenant donc ce coq ressuscitera. »
Jésus toucha le coq et lui dit : « Je te dis, ô coq, de vivre, comme tu l’as fait. Que des ailes te poussent et que tu voles en l’air, afin d’avertir du jour où on me livrera. »
Se leva le coq sur le plat. Il s’échappa.
Jésus dit à Mathias : « Voilà que l’oiseau que tu as immolé il y a trois heures est ressuscité. On me crucifiera ; et mon sang sera le salut des nations ; (et je ressusciterai le troisième jour)… » …………………………
… « Mon vrai fils, l’arbre de mon jardin, on le connaîtra à côté de celui de l’Étranger : On le fera reconnaître par son fruit ; car il est préférable à une multitude de ceux de l’ennemi (?). En vérité, donne-moi ta force, ô mon Père. Établis-la pour celui qui souffrira avec moi pour le bien (ou le bon). En vérité j’ai reçu pour moi la couronne du royaume, la couronne de ceux qui ont en partage le mépris dans leur humiliation et qui n’ont pas trouvé le repos. Je suis roi de par toi, ô mon Père. Tu feras que cet ennemi (le diable) me soit soumis. En vérité, cet ennemi il sera brisé par qui ? Par le Christ (ou le doux). En vérité, l’aiguillon de la mort sera détruit par qui ? Par le Fils unique. En vérité le royaume appartient à qui ? Il appartient au Fils. En vérité, toutes choses ont été faites par qui ? par le premier-né… »
Lorsqu’il eut achevé cette prière à son Père, il se retourna vers nous. Il nous dit : « Elle est venue l’heure où l’on me prendra à vous. L’esprit est vif, mais la chair est faible. Restez donc à prier avec moi. »
Nous les apôtres, nous pleurâmes en lui disant : « Aie pitié de nous, ô fils de Dieu ! À nous aussi, quelle sera notre destinée ? »
Il répondit et nous dit : « Ne craignez pas la dissolution… Mais bien plus, ne craignez pas la puissance. Souvenez-vous de tout ce que je vous ai dit ; car de même qu’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; vous donc, réjouissez-vous, car j’ai vaincu le monde …………………………
« Je vous ai révélé toute ma gloire et je vous ai enseigné toute votre force ainsi que le mystère de votre apostolat. » En vérité il nous avait révélé ces choses : et précédemment je vous ai donné les témoignages relatifs aux enseignements et aux bénédictions qu’il nous avait donnés sur la montagne …………………………
…………………………
nos yeux pénétrèrent en tout lieu. Nous contemplâmes la gloire de sa divinité, ainsi que toute la gloire de notre seigneurie. Il nous a revêtus de force pour notre apostolat… Toutes ces choses devinrent claires pour nous comme le soleil et s’illuminèrent …………………………
…………………………
jusqu’à Jésus qui était dans le prétoire. Il lui dit : « D’où es-tu et que dis-tu de toi-même ? J’ai peiné en combattant pour toi et je n’ai pu te sauver. Si tu es roi des Juifs, dis-le-nous avec assurance. » Jésus répondit et dit à Pilate : « Tu dis cela de toi-même, ou si d’autres te l’ont dit de moi ? » Pilate lui dit : « Suis-je un juif, moi ? Ton peuple t’a livré à moi. Qu’as-tu fait ? »
Jésus répondit : « Mon royaume à moi n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient afin qu’on ne me livrât pas aux juifs. Maintenant donc mon royaume n’est pas de ce monde. »
Pilate lui dit : « Donc, tu es roi ? »
Jésus répondit : « C’est toi qui l’as dit : je suis roi. »
Pilate lui dit : « Si tu es roi, enseigne-moi la vérité de ta bouche afin que ces troubles et ces révolutions s’éloignent de toi. »
Il lui dit alors : « Voici que tu confesses et que tu dis de ta bouche que je suis roi. J’ai été enfanté et je suis venu dans le monde pour cette chose : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de moi écoute ma voix. »
Pilate lui dit : « Qu’est la vérité ? »
Jésus lui dit : « Est-ce que tu n’as pas vu, toi, que celui qui parle avec toi est vérité ? Ne vois-tu pas à sa face qu’il a été enfanté par le Père ? N’entends-tu pas aux paroles de sa bouche qu’il ne vient pas de ce monde ?
« Sache donc, ô Pilate, que celui-là que tu juges, c’est lui qui jugera le monde avec justice. Ces mains que tu saisis, ô Pilate, t’ont formé (ou créé). Ce corps que tu vois et cette chair qu’ils ont …………………………
« (Je m’affligeai) beaucoup parce qu’il n’y a aucune chose que je puisse placer en parallèle de cette autre — et cela de manière à me faire dire : Mon âme est triste jusqu’à la mort.
« Semblablement j’ai vu (par prophétie) la multitude de mes compatriotes m’environnant et me chassant avec mépris ; criant contre moi ; préparant un verre de vinaigre et le plaçant devant moi ; d’autres préparant des clous ; d’autres tressant une couronne d’épines ; les porteurs de lances m’entourant avec leurs armes ; … toute cette multitude de Juifs criant : Prenez-le ! Prenez-le ! Crucifiez-le !
« Lorsque j’eus vu ces choses de cette façon, je m’affligeai beaucoup et jusqu’à la mort, voyant ceux que j’avais créés bellement (sic) voulant me perdre méchamment dans leur folie ; voyant l’argile luttant contre le potier ; voyant la créature voulant tuer celui qui l’a créé ; voyant l’œuvre de mes mains alors que je me tenais debout devant elle comme accusé. Je n’ai pas péché et on n’a pas trouvé de malice dans ma bouche. C’est pourquoi mon âme a été affligée jusqu’à la mort. »
Après toutes ces choses, Pilate reçut les apologues de Jésus en disant (encore) : « Si tu es le roi des Juifs, dis-le-nous avec assurance. »
Jésus lui dit : « Après ce long temps, tu ne sais pas encore que je suis roi et que c’est moi qui t’ai formé de mes mains, ô Pilate ? C’est mon Père qui m’a envoyé ici afin que je ramène l’homme à son principe encore, parce que, depuis le temps où il a violé nos commandements, nous l’avons chassé dehors du Paradis en vertu de sa désobéissance. Je veux maintenant l’y faire revenir encore. Depuis que Caïn a tué son frère Abel, le sang de celui-ci ne se tait point, criant jusqu’à cette heure. Il ne cessera pas de crier jusqu’à ce que le mien crie et que le sien se taise.
« Ils ont scié en deux Isaïe. Ils ont écartelé Jérémie. Ils ont étranglé les uns. Ils ont lapidé les autres. Ils ont frappé une multitude de prophètes et jusqu’à présent ils n’ont point cessé leur audace et leur impudence. Ils ont tué le prêtre Zacharie, fils de Barachias[4], et Jean son fils. Et voici que maintenant ils s’attaquent à celui qui est plus grand qu’eux tous, c’est-à-dire à moi. »
Lorsque Pilate entendit ces paroles, il eut très peur. Il amena Jésus au milieu du sanhédrin et dit : « Voilà l’homme que vous cherchez en ce lieu. »
Alors, ils crièrent à Pilate : « Prenez-le ! Prenez-le ! Crucifiez-le ! »
Pilate leur dit …………………………
Juifs — patient pour eux ; car il est patient, sachant qu’ils viendront en ses mains pour qu’il les juge.
Voici qu’un homme de la multitude dont le nom était Ananias et qui était de Bethléem la cité de David, se précipita vers la croix de Jésus, courut à lui, plaça ses mains sur les mains du Fils de Dieu. Il appliqua son cœur au cœur du Fils de Dieu. Il embrassa les pieds de Jésus. Il embrassa les mains de Jésus. Il embrassa la bouche de Jésus. Il embrassa le flanc de Jésus qu’on a percé pour notre salut. Il embrassa tous les membres du Fils de Dieu, disant « ô Juifs menteurs et impurs ! Tuez-moi, mais ne tuez pas le Fils de Dieu (lapidez-moi, mais ne lapidez pas le Fils de Dieu. Crucifiez-moi, mais ne crucifiez pas le Fils de Dieu), car Jésus est mon Seigneur, Jésus est mon Dieu. C’est le Christ. »
Lorsqu’il eut dit ces choses, une voix sortit du corps du Sauveur sur la croix, disant : « Ananias, Ananias, ton âme n’ira pas à l’Amenti, ton corps n’aura pas l’odeur des morts. La mort ne pourra rien sur ton corps. On écrira ton nom sur la porte des cieux et on t’appellera dans les cieux « les prémices des fruits d’immortalité (ou de la bénédiction) ».
Telles sont les choses que le corps du Fils de Dieu dit, suspendu à la croix.
Les grands prêtres étaient tout à fait hors d’eux-mêmes, jetant des pierres sur l’homme.
Le vieillard bienheureux apa Ananias ouvrit la bouche pour louer Dieu en disant : « Mon cœur se réjouit de la bonne odeur du Fils de Dieu. La lumière du Fils de Dieu a illuminé mon âme et mon corps. Je suis plein d’allégresse. Gloire au Père et au Saint-Esprit à jamais ! Amen. »
Les prêtres, après être restés à lapider l’homme sans qu’il mourût, ordonnèrent de le brûler vivant. Quand ils eurent allumé le brasier de feu, le feu rafraîchit son corps, comme un vent de rosée. Il resta au milieu du feu trois jours et trois nuits jusqu’à ce que le Sauveur ressuscitât d’entre les morts. Lorsqu’ils eurent vu que le feu ne le touchait pas, les grands prêtres le percèrent d’une lance…
À cet instant le Sauveur prit l’âme d’Ananias en haut avec lui vers les cieux. Le Seigneur lui dit : « Tu es bien heureux, ô toi Ananias, parce que tu as cru au Fils de Dieu au temps où tu étais dans le monde. Non seulement tu as cru, mais tu es devenu le parent du Fils de Dieu. Le corps que tu as uni à mon corps ne se corrompra pas. La terre ne le détruira pas, car…[5]
« … Et tous mes membres pour que tu les examines. Je n’ai pas honte en effet des blessures qui sont dans mon corps, je n’ai pas honte des coups que j’ai reçus, je ne cacherai pas les trophées de ma victoire et de ma gloire ; mais je les manifesterai et les rendrai bien évidents. Le soleil connaît ces choses puisqu’il s’est obscurci. La terre connaît ces choses puisqu’elle s’est agitée, cherchant un lieu de repos pour elle. Les pierres connaissent ces choses puisqu’elles se sont fendues, en faisant deuil de mes souffrances par cette brisure d’elles-mêmes. Les morts ont connu ces choses puisque à cause de cela ils sont ressuscités et ils sont sortis de leur tombeau. Le voile du temple a connu ces choses, puisqu’il s’est fendu et a ainsi pleuré le premier sur la perte des Juifs.
« Tu vois mes mains comme tu l’as voulu ; tu peux pénétrer dans mes plaies avec tes doigts ; si tu veux voir mon côté je ne t’affligerai pas (en cela), voilà que je te le découvre. Apporte ta main qui veut chercher et s’instruire. Mets ta main dans mon flanc et touche mon corps conçu sans intervention de l’homme. Touche mon corps que j’ai reçu de la Vierge sainte. Touche mon corps qui est ton parent. Touche mon corps qui a supporté la souffrance d’après ma volonté. Touche mon corps qui est mort (et ressuscité). »
« Les mères qui en ces pays ont vu la mort de leurs fils, quand elles vont au tombeau pour voir le corps de ceux qu’elles pleurent, une grande consolation et une … en résultent pour elles. Moi je suis sortie pour le voir … avec tous ceux-ci … élevé sur sa croix comme un voleur… Voici que … »
Elle ouvrit ses yeux, car ils étaient abaissés pour ne pas regarder sur terre à cause des scandales. Elle lui dit avec joie : « Maître, mon seigneur, mon Dieu, mon fils, tu es ressuscité, bien ressuscité. » Elle voulait le saisir pour le baiser sur la bouche. Mais lui l’en empêcha et la pria, disant : « Ma mère, ne me touche pas. Attends un peu, (car) c’est le vêtement que mon Père m’a donné quand il m’a ressuscité. Il n’est pas possible que rien de charnel ne me touche jusqu’à ce que j’aille au ciel.
« Ce corps est cependant celui avec lequel j’ai passé neuf mois dans ton sein… Sache ces choses, ô ma mère. Cette chair est celle que j’ai reçue en toi. Celle-là est celle qui a reposé dans mon tombeau. Celle-là est aussi celle qui est ressuscitée aujourd’hui, celle qui se tient debout devant toi. Fixe tes regards sur mes mains et mes pieds. Ô Marie, ma mère, sache que c’est moi que tu as nourri. Ne doute pas, ô ma mère, que je ne sois ton fils. C’est moi qui t’ai laissée aux mains de Jean au moment où j’étais monté sur la croix.
« Maintenant donc, ô ma mère, hâte-toi d’avertir mes frères et de leur dire… Selon ces paroles que je vous ai dites, allez en Galilée : vous me verrez. Hâtez-vous, car il ne m’est pas possible de ne pas aller au ciel vers mon Père, pour ne plus vous rencontrer.
« Ceux qui ont souffert avec moi sur la terre… »
II appela le second. Il lui dit : « Je sais que tu es un homme véridique plus que tous ceux-ci. Apprends-moi combien d’ Apôtres ont pris le corps de Jésus dans le tombeau ? »
Il dit : « Ils vinrent tous les onze ainsi que leurs disciples. Ils le prirent furtivement et se séparèrent seulement de cet autre (de Judas). »
Il appela le troisième et lui dit : « Je prise ton témoignage plus que ceux de beaucoup. Qui a pris le corps de Jésus dans le tombeau ? »
Il lui dit : « Joseph avec Nicodème et leurs parents. »
Il appela le quatrième. Il lui dit : « Tu es le plus considérable parmi eux et je les ai tous renvoyés. Apprends-moi maintenant ce qui a eu lieu quand on a pris de vos mains le corps de Jésus dans le tombeau. »
Il lui dit : « Notre seigneur, le praeses, voici que nous dormions. Nous nous étions oubliés et nous n’avons pu savoir qui l’a pris. Ensuite nous nous sommes levés, nous l’avons cherché, mais nous ne l’avons pas trouvé… Nous avons averti… »
Pilate dit aux Juifs et aux centurions : « Ces gens-là mentent de cette façon. Leurs paroles sont partagées (et se contredisent) pour le mensonge ! » Et il ordonna qu’on s’assurât des soldats jusqu’à ce qu’il vînt au tombeau.
En cet instant il se leva avec les grands des Juifs et le sanhédrin et les grands prêtres. Ils trouvèrent les linceuls placés à terre sans personne là.
Pilate dit : « Ô hommes ! qui détestez votre propre vie, si on avait pris le corps, (on aurait pris) les bandelettes aussi. »
Eux, ils lui dirent : « Tu ne vois pas que ce ne sont pas les siennes, mais d’autres étrangères ? »
Pilate se souvint de la parole de Jésus : « Il faut que de grands miracles aient lieu dans mon tombeau. » Pilate se hâta donc d’entrer dans le tombeau. Il prit les linceuls de Jésus. Il les serra contre son sein. Il pleura sur eux. Il les baisa de joie comme si Jésus en était entouré.
Il fixa son attention sur le centurion qui se tenait debout à la porte du tombeau et vit qu’il n’avait qu’un seul œil (car on avait crevé l’autre œil dans le combat) et qu’il le cachait de sa main, tout le temps, pour ne pas voir la lumière.
Pilate …
« (Vous croyez donc que Dieu ne saura pas vous) chercher querelle pour la vie du Seigneur ? Mais elle est venue sur vous, la flamme de sa colère. »
Eux, ils donnèrent de la tête (ils consentirent) à cette condamnation en disant : « Son sang soit sur nous ainsi que sa mort à jamais ! »
Pilate dit au centurion : « Mon frère, ne livre pas la vie véritable que tu as reçue, et cela en vain pour le mensonge et pour le repos des Juifs.
« Voilà ce qu’il dit en présence des Juifs[6] (et des disciples du Christ) …………………………
(On conduisit) Pilate et le centurion sur le puits d’eau du jardin, puits très profond. Moi, Gamaliel, je les suivais aussi au milieu de la troupe. Ils regardèrent en bas dans le puits.
Les Juifs crièrent : « Ô Pilate, voici[7] ………………………… Le corps de Jésus qui est mort, n’est-ce pas celui-ci ? »
Eux (les disciples) ils dirent : « Notre seigneur, les linceuls qui sont sur toi sont ceux de Jésus. Ce corps-là est celui du voleur qu’on a crucifié avec Jésus… Joseph et Nicodème (ont placé sur le corps) les bandelettes (que tu as en mains)[8] » ………………………… Pilate se rappela ce qu’avait dit Jésus : « Les morts ressusciteront dans mon tombeau. »
C’est pourquoi il appela les grands des Juifs et leur dit : « Vous croyez que c’est le Nazaréen ? » Ils dirent : « Nous le croyons. » Il dit : « Il convient de placer son corps dans son tombeau comme on le fait pour tous les morts[9]. »
Lorsqu’il vit ces apôtres, il se leva. Il les appela.
Il dit : « Ayez pitié de ma misère. »
Il se tourna vers Pierre et lui dit : « Je t’en prie, aie pitié de moi. Souviens-toi du moment où la portière discuta avec toi en disant : « Tu es un « disciple de Jésus. » Moi je l’ai réprimandée. Maintenant donc, mon père Pierre, ne me laisse pas mourir dans ce tourment. »
Pierre lui dit : « Cette puissance ne nous appartient pas ; mais si tu crois en Dieu et en son fils unique, Jésus-Christ que la Vierge a enfanté, (tu obtiendras grâce). »
Ce grand prêtre répondit : « Nous savons, nous aussi, que c’est le fils de Dieu. Mais que feras-tu pour l’avarice qui nous a aveugle les yeux ? et cela alors avec nos pères, (qui), allant arriver à la mort, nous ont dit : « Voici qu’on nous a faits prêtres pour servir à la tête du peuple et recevoir les prémices et les dîmes de leurs mains. Mais gardez-vous d’aimer l’argent, de peur que Dieu ne s’irrite contre vous. Ce qui vous sera de trop, donnez-le aux pauvres et à ceux qui ont besoin. » Nous, nous n’avons pas obéi aux prescriptions de nos pères, mais nous avons été des marchands achetant et vendant. Jésus vint. Il nous chassa du temple en disant : « Ne laissez pas ceux-ci dans ce lieu ; car du temple de mon Père ils ont fait un marché. » Nous donc, nous nous sommes mis en colère à cause de ses paroles, nous avons fait projet ensemble, nous l’avons pris, nous l’avons crucifié sans avoir connaissance que c’est le Fils de Dieu. Maintenant, mon père Pierre, n’entre pas en compte avec moi pour mon manque de foi. Pardonne-moi mon audace ; voici que Dieu n’a pas voulu que je fusse aveuglé comme les autres qui n’ont pas été dignes de voir la gloire du corps de la mère de mon Seigneur. »
Alors Pierre lui dit : « Si tu crois au Christ, va embrasser le corps de la Vierge en disant : Je crois en toi et en celui que tu as enfanté, vierge sans tache. »
Le grand prêtre courut en cet instant, il embrassa le corps de la Vierge en parlant en hébreu, bénissant Dieu et rendant témoignage de ce qui est écrit dans la loi et les prophètes au sujet du Christ : de telle sorte que les apôtres admiraient tout ce qu’il disait.
Lui-même donc il saisit sa main qui avait été coupée. Il l’applique en son lieu en disant : « Au nom de celui qu’on a crucifié sur le bois de la croix, de celui que la Vierge Marie a enfanté, ô Jésus-Christ, tu m’écouteras aussi aujourd’hui, tu recevras ma prière et tu feras adhérer mon bras à sa place de nouveau ; car moi, mon Seigneur, je t’ai vu recollant l’oreille du serviteur du grand prêtre que Pierre avait coupée. »
Au moment où la parole cessa dans sa bouche, sa main adhéra comme auparavant.
Pierre lui dit : « Lève-toi, prends des palmes de ce palmier et va à la ville : Tu y trouveras des multitudes d’hommes aveugles ; tu leur diras toutes les choses qui te sont arrivées. Celui qui croira au Christ, mets ces palmes sur ses yeux et il verra ; celui qui ne croira pas en lui ne verra pas.
Lui, le grand prêtre, il trouva une multitude d’aveugles assis, pleurant et disant : « Malheur à nous ! Ce qui est arrivé aux gens de Sodome nous est arrivé. »
À cet instant le grand prêtre parla avec eux du Christ et de ce qui lui était arrivé à lui-même. Tous ceux qui crurent virent.
Les apôtres cependant portaient le corps de la Vierge. Ils le déposèrent dans le tombeau. Ils restèrent dans ce lieu attendant le Seigneur pour qu’il ressuscitât le corps de la Vierge d’entre les morts et l’emportât aux cieux auprès de lui, comme il l’avait dit.
Les apôtres dirent aux vierges qui les suivaient : « Que chacune de vous retourne en sa maison en paix. »
Les vierges ne voulurent pas, parce qu’elles désiraient rester, elles aussi, en ce lieu.
Pierre et Jean leur dirent : « Courage ! ô mes filles. Allez-vous-en en paix. Le Christ vous conduira. Nous avons bien mis en sûreté son corps (de la Vierge), parce qu’il a été le lieu d’habitation du Verbe du Père. Ne nous faites pas être comme une procession de noce, en restant entre nous et notre Maître, car les Juifs le haïssent. Maintenant donc son corps (de la Vierge), nous l’avons placé dans le tombeau. Mais nous croyons qu’il ne le laissera pas à jamais. Il viendra pour le ressusciter comme il nous l’a dit. Voici que je vous le dis : « Votre peine ne tombera pas, car vous servez ainsi la Mère du Seigneur. »
Ces choses, ils les leur dirent en les consolant. Elles dirent : « Bénissez-nous, nos pères, afin que cette bénédiction soit avec nous dans nos lieux de résidence. »
Pierre dit à Jean : « Lève-toi, mon frère, bénis-les. » Jean lui dit : « Pardonne-moi, mon seigneur et père, c’est à toi que la gloire convient. »
Pierre leur fit baisser la tête. Il les bénit en disant : « Je t’en prie, Seigneur Jésus-Christ, pasteur véritable, qui réunit ses brebis et ne laisse pas l’homme égaré dans la main du diable, car tu l’as sauvé par ton sang saint ; Jésus notre Seigneur, Jésus notre force, Jésus notre espérance, Jésus notre vie, Jésus notre joie ; tu nous béniras, tu nous ombrageras par l’ombre de tes ailes. Gloire à toi et à ton Père bon, à l’Esprit-Saint, à jamais ! Amen. »
Lorsqu’il eut dit ces choses, voici que l’homme qui crut en Dieu, vint au tombeau à la troisième heure du jour.
Il trouva les apôtres assis. Il leur dit : « Où est mon père Pierre ? »
Eux, ils l’appelèrent et il vint en hâte.
Le grand prêtre lui dit : « Pardonne-moi, mon père, que je te dise toutes les choses qui me sont arrivées :
« Moi donc, lorsque je vins à la ville, je leur dis ce qui m’était advenu. Lorsque les Juifs entendirent, ils furent remplis de colère contre vous à cause de Marie, la mère du Seigneur. Ils parlèrent ensemble en disant : « Que faut-il que nous fassions ? Car au moment où l’on a crucifié son Fils Jésus, nous avons dit : Les disciples l’ont pris en secret de nuit. Maintenant voici que sa mère est morte, nous sommes allés pour brûler son corps, nous n’avons pu trouver que son lieu de repos, nous y avons mis le feu et il n’a pas brûler. » Et ils dirent : « Voici qu’ils l’ont mise dans le tombeau. Allons maintenant, brûlons-la, ainsi que son tombeau, pour qu’on ne puisse plus la trouver du tout : et cela, de peur qu’elle ne ressuscite comme son Fils et que la dernière erreur soit pire que la première. » D’autres disaient : « Voici que nous sommes restés aveugles et que nous ne voyons point. » Enfin ils firent une parole ensemble, à savoir : « Courons cette fois pour la brûler. » Moi donc, quand j’ai su leur dessein, je suis venu vous avertir de tout ce qui s’est passé. Allez ! cachez-vous, de peur qu’ils ne viennent vous trouver et vous tuer. » Lorsqu’il eut dit ces choses, il s’en alla dans sa maison en grand secret.
Pierre avertit les disciples. Mais le bon Dieu donna un oubli au cœur des grands prêtres. Ils ne recherchèrent pas le corps de la Vierge de nouveau, disant : « Nous avons échappé la première fois alors que nous voulions y aller. Restons. »
Pierre et Jean prirent assurance. Ils laissèrent la place à Dieu. Ils restèrent ensemble en disant : « Ne laissons pas le corps. Elle a la force de prier pour nous et de nous sauver. »
Ils étaient encore réunis à parler des grandeurs de Dieu. Voici qu’une voix vint à eux, disant : « N’ayez crainte, mes élus, rien de mal ne vous arrivera. Ces athées ne viendront pas de nouveau vers vous. Restez. Je ressusciterai son corps (de la Vierge) sans retard. Je donnerai honte à ces impies juifs. »
Lorsque la voix eut dit ces choses, elle retourna aux cieux dans la gloire.
Il arriva, après cela, que nous parvînmes au seize mésoré ; nous parlions ainsi, réunis avec les apôtres en racontant les grands miracles de Dieu. Nous vîmes des éclairs au-dessus de nous à la porte du tombeau dans lequel était la Vierge ; nous eûmes très peur.
Après cela, un grand bruit se fit entendre, de telle sorte que nous nous dîmes : « Le lieu va s’effondrer sur nous », et nous sentîmes une bonne odeur qui se répandit.
Ensuite de grandes voix eurent lieu et des éclairs de lumière et de feu qui passaient devant nous ; nous entendîmes le bruit d’une multitude de trompettes sonnant devant nous à grand éclat.
Nous vîmes la porte du tombeau qui était ouverte. Il y avait en elle une grande lumière.
Ensuite, voici qu’un grand char lumineux descendit, un feu l’environnant.
Nous regardâmes ; nous vîmes le Seigneur Jésus qui étendait la main droite. Il nous embrassa. Il nous donna la paix.
Après cela, il nous appela au tombeau : « Marie, ma mère, mon lieu de repos dans lequel j’ai été, lève-toi ; laisse derrière toi ces linceuls et viens dehors du tombeau. Comme mon Père m’a ressuscité des morts, moi je te ressusciterai pour t’emmener au ciel auprès de moi. »
Nous regardâmes ; alors nous vîmes la Vierge sainte Marie portant le vêtement (le corps) dans lequel elle avait été enfantée, comme si elle n’avait pas du tout vu la mort.
Nous vîmes le Seigneur Jésus qui étendit sa main, la fit monter sur le char de lumière qui le portait.
Nous vîmes des chœurs d’anges qui marchaient devant eux jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés aux cieux.
Nous étions encore dans l’étonnement en regardant derrière eux quand nous entendîmes une voix disant : « Paix à vous, mes frères, ne craignez point ; aucun mal ne vous arrivera. »
En effet, le miracle qui eut lieu en ce jour-là, où la Vierge est ressuscitée des morts, est plus grand que celui où le Seigneur est ressuscité des morts. Le jour où le Seigneur est ressuscité des morts, nous ne l’avons pas vu, mais seulement, Marie, sa mère et Marie la Madeleine : ce sont elles auxquelles il est apparu. Elles vinrent, elles nous avertirent. Nous allâmes au tombeau, nous ne trouvâmes point son corps, mais ce sont ses vêtements funèbres seuls que nous avons trouvés et qui étaient déposés là. Nous ne l’avons pas vu jusqu’à ce que nous soyons arrivés en Galilée où nous l’avons trouvé. Elle, quand elle est ressuscitée des morts, nous avons vu des éclairs et nous avons entendu des trompettes, nous avons vu …………………………
De cette façon a été prise la Vierge au ciel…
Nous donc, les apôtres, nous pouvons témoigner de ces choses. Nous n’y avons rien ajouté ; nous n’avons rien retranché de ce que nous avons vu de nos yeux, de ce que nous avons entendu de la bouche de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe qui s’est fait chair comme tous les hommes et qui est maintenant à la droite du Père bon.
Et la chair en laquelle a été engendrée la Vierge dans le sein de sa mère, elle est ressuscitée elle-même, elle est à la droite de son Fils Jésus-Christ. Elle prie pour le monde entier : et le Père reçoit les supplications et les prières qu’elle fait pour nous plus que celles de tous les saints.
Au temps où Dieu jugera l’humanité entière, chacun le verra (le Christ) portant la chair qu’il a reçue de Marie la Vierge sainte.
Après ces choses, nous allâmes au tombeau. Nous trouvâmes les vêtements déposés dans ce lieu où on avait placé son corps ; nous les ensevelîmes… Nous…
… le temps soit accompli. Lorsqu’il eut dit ces choses, il alla en Galilée. Quand ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y alla aussi, non pas d’une façon apparente, mais en secret. Les juifs cependant cherchaient après lui et ils disaient : « Où est-il ? » Et c’était la maison d’Irméel qui était son lieu de séjour à cause de……… la multitude. Eux donc disaient : « Que ferons-nous ? » …………………………
- ↑ Jean XVII, 11.
- ↑ Jean VI, 15.
- ↑ Luc XXII, 31.
- ↑ Dans le manuscrit 129/17, f. 11 v°, on trouve un fragment intitulé : « Martyre du saint Apa Zacharie, le prêtre, le 8 du mois de thot ». Le fragment concerne la visite des mages à Hérode et le trouble du roi à ce sujet. La suite nous manque. Mais, selon une tradition, ce serait à loccasion de la mort des saints Innocents que Zacharie aurait été martyrisé pour avoir défendu saint Jean. Notre texte assimile ce Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, au Zacharie fils de Barachias, dont le Christ a parlé deux fois. Cf. Patrol. Or., t. I, fasc. 3 : Le synaxaire arabe jacobite publié et traduit par René Basset, au huitième jour de Tout. Le Livre de la création en parle.
- ↑ Je remplirais facilement ainsi la lacune : car tu participeras à mon incorruptibilité. À cause de ta piété à vénérer mes blessures, je te les livre ainsi que tous mes membres pour les examiner, etc.
- ↑ Dans la lacune textuelle, on devait mettre en face les adversaires naturels, c’est-à-dire les Juifs et les disciples ; car on les voit plus loin soutenir des deux parts une opinion contraire. On devait aussi indiquer à Pilate l’existence d’un mort dans un puits, qu’il va aussitôt examiner en bon juge d’instruction.
- ↑ Autre lacune.
- ↑ Il ne reste que deux ou trois mots de la dernière phrase. Mais il est certain que les disciples continuaient leur plaidoyer en invoquant ce témoignage de Joseph et de Nicodème qui avaient fait l’ensevelissement du Christ.
- ↑ Malheureusement, la suite contenant sans doute la résurrection et le témoignage du voleur mort a disparu dans une nouvelle lacune, cette fois définitive.