où le Bouddhisme apporte un nouveau courant religieux, qui se mêle au vieux courant indigène : un compromis s’opère, et l’antique Shinntô devient le Riyôbou-Shinntô, c’est-à-dire la Voie divine à deux formes[1]. Plus tard enfin, au XVIIIe siècle, un troisième mouvement se produit : un groupe d’érudits[2], condamnant ces adjonctions étrangères,
- ↑ Sans parler d’autres combinaisons, moins importantes, que nous pouvons négliger pour le moment. (Voy. l’énumération de ces systèmes secondaires dans T. VII, part. II, p. 97.)
- ↑ Les principaux de ces érudits, (ou wagakousha, c’est-à-dire savants versés dans les choses japonaises, par opposition aux kannyak-ushu, ou savants versés dans les choses chinoises, furent, après quelques commentateurs, comme Kéitchiou, qui ne s’étaient guère occupés que de l’ancienne poésie nationale, d’abord Kada et Maboutchi, les véritables précurseurs du mouvement shinntoïste, puis Motoori et Hirata, ses maîtres incontestés. — Kada Adzouma-maro (1669-1736) était fils du gardien d’un temple près de Kiôto. Il s’adonna avec ardeur à l’étude des antiquités japonaises, et présenta au Gouvernement un Mémoire resté célèbre contre l’oubli où on les avait laissées. On dit qu’avant sa mort il ordonna de détruire tous ses manuscrits, disant que les erreurs qu’ils contenaient pourraient tromper ses élèves, tandis que les bonnes choses qui pouvaient s’y trouver seraient aisément découvertes à nouveau. Maboutchi (1697-1769) fut le meilleur disciple de Kada. Comme son maître d’ailleurs, il était issu d’une vieille famille attachée au service d’un temple. En 1738, il vint à Edo, où il fonda une école fameuse, et où il passa le reste de sa vie. Motoori l’appelle « le père des études antiques » ; et en effet, ce fut lui qui inaugura l’examen critique des anciens livres avec un esprit détaché de tout préjugé chinois. Le plus intéressant de ses ouvrages, au point de vue de nos recherches religieuses, est le Norito-kô, commentaire sur les rituels publié en 1768. Motoori Norinaga (1730-1801) est le plus grand entre ces maîtres de l’érudition japonaise. Né d’une famille de samouraïs, à Matsouzaka dans la sainte province d’Icé, il se montra, de bonne heure, avide de savoir. Son père étant mort sans laisser de fortune, il obéit au désir de sa mère en allant étudier la médecine à Kiôto, puis rentra chez lui pour exercer cette profession. Mais bientôt, un livre de Maboutchi étant tombé entre ses mains, il se sentit pris soudain d’un amour violent pour l’étude des antiquités nationales. Il se hâta donc de faire la connaissance du vieux maître, qui lui conseilla de poursuivre sa propre tâche en exécutant le grand projet qu’il ne pouvait plus accomplir lui-même : l’étude
le Nahobi no Mitama, T., III, app., pp. 22, 23, 24. — Signalons enfin, à ce propos, une théorie étrange de Sir Harry Parkes, qui n’hésitait pas à soutenir que le shinntoïsme vient de la Chine parce qu’il porte un nom chinois (cf. T., III, app., p. 122). C’est, poussée à l’absurde, une tendance dont nous retrouverons plus d’un exemple chez les critiques européens qui, comme M. Chamberlain, abusent de la méthode philologique.