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Page:Sully Prudhomme - Poésies 1866-1872, 1872.djvu/233

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« Mon compatriote, c’est l’homme ! »
Naguère ainsi je dispersais
Sur l’univers ce cœur français :
J’en suis maintenant économe.

J’oubliais que j’ai tout reçu,
Mon foyer et tout ce qui m’aime,
Mon pain, et mon idéal même,
Du peuple dont je suis issu,

Et que j’ai goûté dès l’enfance
Dans les yeux qui m’ont caressé,
Dans ceux mêmes qui m’ont blessé,
L’enchantement du ciel de France !

Je ne l’avais pas bien senti ;
Mais depuis nos sombres journées,
De mes tendresses détournées
Je me suis enfin repenti :

Ces tendresses, je les ramène
Étroitement sur mon pays,
Sur les hommes que j’ai trahis
Par amour de l’espèce humaine,