•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Exclusif

Québec investira-t-il des milliards dans un chemin de fer pour deux minières?

Rails de train de l'ancienne MMA

Rails de train de l'ancienne MMA

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La nouvelle étude de faisabilité concernant une troisième voie ferrée reliant la fosse du Labrador à Sept-Îles pour convoyer le fer est menée par deux compagnies privées, Champion et Adriana, bien qu'elle soit financée par Québec.

Un texte de Anne PanasukTwitterCourriel d'Enquête

Le gouvernement injecte 20 millions de dollars de fonds publics dans cette étude qui est effectuée en partenariat avec le privé. Deux compagnies qui ont des projets de mine et avec lesquelles le gouvernement a créé la « Société ferroviaire du Nord québécois ».

Même si deux chemins de fer existent déjà, Adriana et Champion souhaitent un nouveau chemin de fer, financé tout au moins en partie par le public, où les tarifs leur permettraient de réduire les dépenses en transport. Ces dépenses peuvent représenter le tiers, voire 40 %, des coûts d'exploitation d'une mine de fer.

Deux études récentes concluent toutefois que ce lien ferroviaire n'est pas nécessaire, voire inutile.

Lorsque nous avons tenté d'obtenir des détails sur cette nouvelle étude, le Secrétariat du Plan Nord nous a renvoyés à la minière Champion Iron Mines. Joint au téléphone, le PDG de Champion, Alexander Horvath, a expliqué que la première phase de l'étude sera complétée avant la fin de l'année 2015.

C'est la firme d'ingénieurs Canarail qui a été choisie pour cette étude, après un appel sous invitation.

À regarder : le reportage d'Anne Panasuk ce soir à 21 h à Enquête, sur ICI Radio-Canada Télé.

L'étude de faisabilité

La première étape de l'étude de faisabilité concerne un lien ferroviaire de 310 kilomètres, depuis Sept-Îles jusqu'aux environs de Fermont, là où la minière Champion a un projet de mine.

Une deuxième étape à cette étude est déjà prévue : prolonger la voie ferrée de Bloom Lake, près de Fermont, au lac Otelnuk, à 170 kilomètres au nord de Schefferville, là où se trouve le projet de mine d'Adriana Resources, une compagnie ontarienne dont l'actionnaire majoritaire est l'entreprise chinoise Wisco, un des géants de l'acier. Cette deuxième étape de l'étude sera gérée par Adriana Resources.

« Champion se trouve dans la partie sud du chemin de fer; cela fait en sorte qu'elle s'occupe de cette portion de l'étude de faisabilité. Si la seconde portion de l'étude se réalise, de Bloom Lake jusqu'au lac Otelnuk, nous serons le gestionnaire. Nous avons l'expertise, les ingénieurs qui peuvent superviser l'étude », dit Allen J. Palmiere, PDG d'Adriana Resources.

Lors d'une étude privée, Champion avait déjà proposé un tracé pour le chemin de fer. L'étude de faisabilité d'Adriana, pour aller de l'avant avec son projet de mine, repose sur un ferroduc, qui lui coûterait 5 milliards de dollars.

Chemins de fer

Deux chemins de fer existants

Il y a déjà deux chemins de fer qui permettent de convoyer le fer de la fosse du Labrador, où se trouvent les mines, à la côte : Quebec North Shore and Labrador (QNSL), appartenant à Rio Tinto, qui relie Schefferville à Sept-Îles, et celui d'Arcelor Mittal, qui relie Fermont à Port-Cartier.

Ce sont deux chemins de fer privés, mais qui ont des chartes de transporteur public avec l'obligation de transporter ce qu'on leur offre, selon Jean Clerk, avocat spécialisé en voie ferrée et copropriétaire de la firme Consultrail. « Pour la ligne de QNSL c'est clairement établi. D'ailleurs, elle transporte le fer de ses concurrents, moyennant un tarif. Quant à la ligne d'Arcelor Mittal, qui aboutit à Port-Cartier et non pas à Sept-Îles, elle est moins en demande », explique Jean Clerk. Me Clerk maintient qu'elle aurait l'obligation de transporter aussi le fer de ses concurrents, moyennant un tarif.

C'est ce tarif que remettent en cause les compagnies Champion et Adriana qui espèrent qu'une troisième voie ferrée leur coûterait moins cher.

« Serait-il possible pour vous de construire le 170 km de voie ferrée entre le Lac Otelnuk et Schefferville et utiliser la voie ferrée de QNSL [qui appartient à Iron Ore] les premières années de votre projet? » a-t-on demandé à la minière Adriana. « Ce serait possible. Il faudrait construire une nouvelle voie du lac Otelnuk jusqu'à Schefferville et améliorer la voie ferrée jusqu'à Labrador City. De là on pourrait utiliser la ligne de QNSL. Mais compte tenu des prix qu'ils demandent à nos compétiteurs, on ne le fera pas », répond Allen J. Palmiere, PDG d'Adriana Resources.

Une troisième voie non nécessaire, selon les études antérieures

En août 2012, le Canadien National et la Caisse de dépôt et placement du Québec avaient entrepris une étude de faisabilité concernant une troisième voie avec le concours de six sociétés minières. Elles ont mis fin à cette étude en 2013, calculant que les volumes de minerai à convoyer ne justifiaient pas une troisième voie ferrée.

L'avocat Jean Clerk s'est aussi penché sur le sujet avec des ingénieurs ferroviaires, dont Réjean Bélanger. Leur firme, Consultrail, est arrivée à la même conclusion : pas besoin d'une troisième voie ferrée. Les deux existantes suffisent.

Sur la ligne QNSL, on peut estimer sortir de la fosse du Labrador sur cette voie-là à peu près 80 millions de tonnes par année. Sur le réseau Arcelor Mittal, un bon 70 millions de tonnes par année. Donc, vous voyez que c'est bien suffisant pour satisfaire aux besoins actuels qui sont de 40 millions.

Une citation de Jean Clerk, avocat spécialisé en droit ferroviaire

Consultrail estime le coût de cette troisième voie entre 6 et 7 milliards de dollars.

S'il y a un boom minier et que tous les projets fonctionnaient, il y aurait des solutions moins coûteuses qu'une troisième voie pour convoyer tout le fer, comme le doublement des voies existantes, selon Jean Clerk.

Développement du Nord : l'état des lieux

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.