L’IA joue un rôle central dans la transformation industrielle 4.0. Alors que la performance et la durabilité sont des objectifs clés, les entreprises françaises s’adaptent à un contexte économique complexe en se concentrant sur des projets à forte valeur ajoutée et à retour sur investissement rapide.

Dans le secteur industriel, l’IA est en train de réussir là où les technologies précédentes ont échoué. Son succès est dû à sa capacité d’apprendre et de s’adapter aux processus complexes, là où des technologies antérieures se sont heurtées à des obstacles de coût, de complexité d’intégration, ou de manque d’adaptation aux besoins de l’industrie. Pour bénéficier des bienfaits de l’IA, les industriels donc sont prêts à une mutation sans précédent de leurs systèmes propriétaires vers les standards
et les protocoles informatiques.

Le Baromètre Wavestone de l’Industrie 4.0 de 2024 révèle l’importance de la digitalisation et de l’intelligence artificielle comme leviers de transformation industrielle, tout en exposant les défis que rencontrent les entreprises françaises en matière de maturité technologique. Dans un contexte économique tendu, où la performance et la durabilité restent au cœur des priorités, l’étude révèle que les entreprises concentrent leurs efforts sur des projets ayant un potentiel de retour sur investissement rapide.

Maturité : la fracture entre grands groupes et PME persiste

Les résultats montrent que la maturité des entreprises françaises vis-à-vis des technologies de l’Industrie 4.0 s’améliore : 66 % des entreprises interrogées se disent « matures » dans leur adoption de ces solutions, une augmentation notable de 8 % par rapport à l’année précédente. Cependant, cette maturité reste marquée par une fracture entre les grands groupes et les PME. Ces dernières peinent en effet à assumer les coûts initiaux des projets de transformation numérique, notamment en matière de remplacement des logiciels obsolètes. Face à cela, les grandes entreprises, mieux armées financièrement, progressent plus rapidement et montrent l’exemple en termes d’adoption de la digitalisation et de l’automatisation avancée. Pour les PME, des aides ou des formations ciblées pourraient permettre de combler ce fossé, renforçant ainsi leur compétitivité sur le marché,
conseille le rapport.

Dans ce contexte de prise de conscience, il n’est pas étonnant que la gestion des données et l’intelligence artificielle constituent des axes centraux pour les entreprises en 2024. L’étude montre que 77 % des répondants jugent leur organisation mature en matière de gestion des données, soit une hausse de 24 % en un an. Quant à l’IA, 81 % des entreprises disent maîtriser leurs données suffisamment pour envisager leur exploitation via des algorithmes d’IA. Malgré cette maturité proclamée, l’utilisation de l’IA générative reste limitée, avec seulement 1 % des industriels ayant déjà intégré cette technologie dans leurs processus. Les grands groupes, toutefois, s’illustrent en explorant des applications avancées, 36 % d’entre eux étant en phase d’expérimentation de l’IA générative. Ces tendances montrent que l’IA, même dans ses formes les plus innovantes, commence à se faire une place, bien que les applications concrètes à grande échelle soient
encore en développement.

Les bienfaits de la migration vers des solutions standardisées

L’étude met également en avant l’importance croissante des standards informatiques et leur adoption, qui offrent aux entreprises des avantages stratégiques significatifs.
La migration vers des solutions standardisées rend possible une meilleure intégration des processus, accroît la compatibilité entre les systèmes et réduit les coûts d’exploitation et de maintenance. Grâce à cette standardisation, les entreprises peuvent intégrer de nouvelles technologies plus facilement et rapidement, ce qui augmente leur réactivité face aux évolutions du marché et améliore leur résilience.

En perspective, l’étude met en avant le fait que l’IA et les outils d’administration des données continueront de jouer un rôle prépondérant dans la transformation industrielle, rendant les entreprises plus agiles et réactives. L’IA générative et d’autres formes avancées de machine learning sont encore en phase expérimentale pour la majorité des entreprises, mais leur potentiel pour automatiser des tâches complexes et améliorer les processus est prometteur. Avec l’accélération des expérimentations, les entreprises pionnières dans ces domaines pourraient bénéficier d’un avantage concurrentiel important, capable de révolutionner leurs méthodes de travail et d’optimiser leur chaîne de valeur.

Cette étude souligne une évolution favorable des entreprises françaises : l’Industrie 4.0 est en pleine expansion en France. Toutefois, son adoption est encore inégale selon les capacités financières et technologiques des entreprises. Pour les décideurs, cette transformation numérique implique de revoir les priorités d’investissement, conseillent les rédacteurs de l’étude, en insistant sur les technologies à retour sur investissement rapide et en renforçant les compétences internes en gestion des données et en IA. La poursuite de cette dynamique pourrait non seulement renforcer la compétitivité industrielle française, mais aussi permettre une transition plus durable et plus en phase
avec les attentes sociétales.