Un marché de l'immobilier calédonien déjà en grande difficulté en 2023, sinistré en 2024

Vue sur le quartier du Faubourg-Blanchot à Nouméa.
Les exactions de mai 2024 ont aggravé les tendances d'un marché de l'immobilier déjà en berne. En 2023, les transactions immobilières ont chuté de 17 %. Et les émeutes n'ont fait qu'accentuer le repli, selon un rapport de l'Isee, publié jeudi 19 septembre. Les acteurs de l'immobilier calédonien étaient réunis ce jeudi matin à la CCI pour le présenter.

L’année 2023 a enregistré la plus forte contraction du marché de l'immobilier en dix ans : cinq cents transactions en moins entre 2022 et 2023. En effet, les ventes et achats de biens ont chuté de 17 %, annonce l'Isee dans un rapport. Celui-ci était présenté à la Chambre de commerce et d'industrie ce jeudi matin pour dresser le bilan de l'année 2023 et les perspectives 2024. 

Un marché de l'immobilier 2024 sinistré 

"On a une baisse très significative pour les transactions immobilières. Le marché de l'immobilier se portait déjà mal avant les exactions", confirme Jean-Damien Ponroy, président de la fédération territoriale des agents immobiliers.

C'est un constat : avant même les exactions de mai 2024, le marché de l’immobilier était en difficulté. Et les perspectives pour cette année sont sinistres. Les transactions ont presque baissé de 50 % pour les maisons et appartements, tout comme les prix.

Evolutions des transactions et du montant de celles-ci entre 2023 et 2024.

"On sait que 2024 sera dramatique. Et, on n'anticipe pas une année 2025 plus favorable, s'il n'y a pas de réel accord politique. C'est un facteur essentiel dans la reprise du secteur", atteste Jean-Damien Fonroy.

Pour lui, le plus important est de mettre en place la garantie des loyers "si on veut éviter un drame social avec des gens qui ne peuvent plus se loger ou encore des gens qui quittent la Calédonie faute de pouvoir se loger ou qui n'ont pas de revenus." "Il faut trouver une solution de ce type-là, sinon ça sera une catastrophe", ajoute-t-il.

Des difficultés dès 2023

Le marché de l'immobilier s'est rapidement détérioré en 2023, alors que l'année 2022 avait été particulièrement dynamique, grâce à la baisse des taux d'intérêt.

Sur l’ensemble des transactions immobilières, les ventes de biens à usage d’habitation ont été particulièrement impactées par cette baisse, en 2023. Les ventes d’appartements ont diminué de près de 9 % en un an, celles des maisons d’environ 25 %, et les terrains à bâtir ont chuté de 36 %.

La diminution des transactions immobilières est un peu plus marquée dans les zones rurales, selon le rapport de l'Isee. Les grandes villes du Nord et du Sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie, telles que Koumac et Bourail, enregistrent respectivement des baisses significatives de 41 % et 38 %.

"Dans le Grand Nouméa, les communes de Païta (-30 %) et du Mont-Dore (-19 %) sont les plus touchées par cette situation", précise l'Isee.

À Nouméa, la diminution des transactions immobilières se fait particulièrement sentir dans les secteurs Nord (-33 %) et Est (-15 %). En revanche, les autres quartiers restent épargnés, avec une baisse des transactions de moins de 5 %.

Le volume de transactions immobilières en 2023.

Les prix ont résisté en 2023

Dans le même temps, les prix ont résisté, en particulier les habitations. Le prix médian a surtout baissé pour les maisons (- 2,8 %) et, dans une moindre mesure, pour les appartements (-0,8 %), tandis qu’il a augmenté pour les terrains à bâtir (+12,5 %).

En 2023, Dumbéa est la commune la plus touchée par la baisse des prix, tant pour les appartements que pour les maisons. "De son côté, la ville de Nouméa, et en particulier ses quartiers Sud et Est, qui avaient connu d’importantes hausses de prix, est maintenant parmi les premières à subir des ajustements", ajoute l'Isee dans son rapport.

Lire le rapport complet ici >>> https://www.isee.nc/societe/consommation-conditions-de-vie/logement-deplacements