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DUNOD, CINQ LETTRES QUI PUENT

DUNOD, CINQ LETTRES QUI PUENT

La maison d’éditions Dunod, qui diffuse dans toute l’Europe francophone des ouvrages sur l’épuration sélective, oublie commodément de rappeler qu’elle fut fondée par un ligueur fasciste, « national-catholique » et mena pendant toute la durée de la guerre une politique éditoriale collaborationniste zélée avec le IIIe Reich. Ni oubli, ni pardon.

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Je viens de recevoir en spécimen un livre d’Annie Lacroix-Riz sur les turpitudes des pétainistes larbins des nazis qui ont basculé comme un seul homme, et sans transition, dans le camp atlantiste en 1942 (après que Louis Baril, chef du renseignement de Vichy, eut fait parvenir aux technocrates de l’Etat « français » un rapport confidentiel démontrant que l’Allemagne allait perdre, ce dont curieusement l’autrice ne fait pas mention). Voilà, telle qu’en elle-même, toute la bourgeoisie parisienne, catholique et pourrie, qui – à l’instar de François Mitterrand – a ataviquement l’âme du collabo, bourgeoisie moisie qui en bout de chaîne, ramenée aux plus hautes fonctions par le Mitterrandisme, a donné les Pascal Lamy et les Jacques Delors – ces « cathos-collabos » fossoyeurs de la France. Il serait souhaitable qu’on ait l’audace d’aller jusque là, mais cela supposerait de remettre en question l’attelage contre nature du PCF avec le collabo Mitterrand et les radicaux de gauche (le parti rouge dehors, blanc dedans, et toujours dans l’assiette au beurre). Car c’est de cette trahison des classes populaires que la France est morte. Pareillement, impossible, alors qu’on traite de ces collabos recyclés, de ne pas ressentir de furieuses impatiences dans le pied droit devant ce « DUNOD » qui, tranquillement, éclabousse de ses cinq lettres merdeuses la couverture du livre. Mais pour les perdreaux de l’année, cela nécessite une explication. Nous allons la leur donner.

1. La profession de foi des Dunod : « Nous avons pris pour modèle et pour guide M. le Maréchal PÉTAIN ».

On a prétendu, pour exonérer la clique des Dunod, ces mal-épurés, ces grands épargnés de l’épuration décorative, que les éditions Dunod se concentraient sur la technique – rien de plus objectif, de plus impartial, n’est-ce pas. Ce foutage de gueule évidemment ne tient aucun compte de la politique éditoriale de la maison Dunod qui, entre 1940 et 1945, fait ouvertement de l’activisme en faveur de la collaboration la plus résolue à travers les auteurs qu’elle choisit de publier et dont la profession de foi tient dans cette déclaration solennelle de Berthelot, Léchères et Hot : « Nous avons pris pour modèle et pour guide M. le Maréchal PÉTAIN ». Si le titre rébarbatif du livre, ?Carburants et lubrifiants nationaux (Dunod, 1941), semble inoffensif et anodin, on aurait tort de s’y fier, car le contenu ne l’est pas. De même, il est bien pratique de passer sous silence que le maître à penser et directeur de conscience des Dunod était LOUIS-JOSEPH LEBRET, thuriféraire exalté de Pétain – voire de Hitler – de 1940 à 1945, et l’auteur d’une « doctrine totale » pour la Révolution nationale intitulée Mystique d’un Monde Nouveau. On fait semblant d’oublier que Dunod désigne comme directeurs de ses collections PIERRE LOYER, virulent partisan de la collaboration qui ira jusqu’au bout avec les nazis, et LOUIS SALLERON, le doctrinaire de la corporation du régime de Vichy. On oublie qu’il publie un ouvrage de LE CORBUSIER dont il connaît, depuis les années 1920, les convictions antisémites, pro-nazies et touchant à l’hygiène raciale. On oublie que les collections Dunod ne se cachent pas d’emboîter crânement le pas aux nazis qui occupent Paris et dirigent le régime de Vichy : « Pour reconstruire la France », « Le Retour à la terre », « Études corporatistes »… D’ailleurs, Henri Dunod n’a pas attendu Pétain pour être pétainiste ni l’invasion allemande pour épouser le fascisme, version « nationale-catholique ». Les liens de Dunod avec les ligues d’extrême droite et le fasciste FRANCOIS COTY remontent aux années 1920, comme ses relations avec LOYER, LEBRET, SALLERON, LE CORBUSIER, D’HARTOY. A l’époque déjà, Dunod tient les Éditions de la « vraie France », « vraie » par opposition, naturellement, avec la « fausse » France des « socialistes », des « francs-maçons » et des « métèques », et déjà il fait la promotion du corporatisme fasciste.

2. Un Crapaud nommé Dunod.

Henri Dunod, l’éditeur-fondateur des éditions Dunod, originaire de Pléneuf, en Basse-Bretagne, claque le 19 juillet 1946 à Paris à l’âge de 81 ans. Pile-poil à la Libération ; on peut dire que c’est du timing ! De l’obsolescence programmée. Pendant sa trop longue existence, Dunod se signale comme un bigot de compétition, mais sur le mode tartuffe, bien entendu. Il est membre du Tiers-Ordre de Saint-François, un groupe informe de dévots hyper-friqués qui, par une répugnante coquetterie de culs-bénits, veut jouer aux franciscains, mais sans rien sacrifier de leur train de vie mondain, tout de même. Ni pauvreté ni chasteté au programme : la corde à nœuds est là pour se hisser dans la bonne société, non pour se serrer la ceinture – des mendiants caviar, en somme, un ordre pour rire, mais une manne financière pour l’Église, toujours avide de fric. Les membres du « Tiers-Ordre franciscain » ne s’engagent qu’à une bigoterie de chaisière. En dehors de coasser des patenôtres comme des crapauds de bénitier et accessoirement de se charger « par zèle et par dévouement » (!) de l’administration commerciale de la Revue Franciscaine, ils ne sont tenus à rien, car ils mènent « une vie religieuse en restant dans le siècle », donc « leur caractère est de se prêter aux circonstances » ! C’est pourquoi l’Église, toujours très compréhensive envers les grandes fortunes capitalistes (n’ont-ils pas été élus par Dieu pour exploiter les autres ?), leur garantit d’avance « la bénédiction avec indulgence plénière » pour les vols, escroqueries, adultères, débauche et turpitudes qui composent leur quotidien. Autrement dit, leur véniel caprice de cagots est à peu près l’équivalent dans l’ordre religieux de l’état de bergère pour Marie-Antoinette. Mais au point de vue politique, c’est aussi un moyen de s’assimiler à la classe des exploiteurs et aux ligues d’extrême droite qui tiennent les salons de la grosse bourgeoisie d’argent parisienne.

3. Henri Dunod, fasciste avant l’heure (« Dunod : un FASH d’avance » !)

Rapidement, c’est-à-dire dès les années 1920, Dunod se lie avec les chefs des ligues d’extrême droite par l’intermédiaire de leur bailleur de fonds, Joseph Spoturno, qui a avantageusement échangé son nom contre celui, moins « métèque », de « François Coty ». Patron de presse, Coty est devenu millionnaire comme parfumeur. Il cherche maintenant à se tailler, par la démagogie et son antisémitisme virulent, une clientèle à la dimension de ses ambitions politiques, car il a, dit-il, des « projets de dictature » : il veut « une France à la Mussolini ». Coty-Spoturno est alors directeur-propriétaire du Figaro, qui collabore étroitement avec l’Action française, et de L’Ami du Peuple, organe ouvertement fasciste. C’est chez lui que Dunod et l’ami intime de Coty Maurice Hanot font connaissance. Comme Spoturno, Hanot va changer de nom. Né en 1892 à Berneville, ce qui lui va comme un gant, il s’affuble d’une particule et devient Maurice d’Hartoy, puis usurpant un titre nobiliaire, le « comte d’Hartoy ». Imposteur mythomane, « d’Hartoy » se dépeint en héros de la Grande Guerre dans ses souvenirs qui reçoivent les louanges de l’extrême droite antisémite. Seulement sa mystification est démasquée par Jean Norton Cru qui en 1929 contrôle la véracité du témoignage : tout son récit est bidon. D’Hartoy était affecté à la surveillance des camps et s’il a été reconnu invalide à 50%, et pensionné, c’est à cause de « problèmes digestifs ». Qu’à cela ne tienne : dans l’intervalle, d’Hartoy a eu le temps de créer les Croix de Feu avec le soutien financier et médiatique de Coty. Leur manifeste annonce la couleur. Leur ennemi ? – « les métèques, […] les politicards au patriotisme douteux […], la Révolution […] Si « fascistes » veut dire bons et vrais Français […] nous sommes fascistes ; si « fascistes » veut dire partisans de l’ordre, de la discipline […] nous sommes fascistes. […] Nous descendrons dans la rue, s’il le faut, pour aider l’armée et la police à rétablir l’ordre par tous les moyens. » Et Dunod ? D’abord il publie d’Hartoy dans ses Éditions de la « Vraie France » (raison sociale éclairée par le propos : « fasciste veut dire vrai Français ») Ensuite, il est de tous les coups. D’Hartoy a décrété l’abbé Vianney, curé d’Ars, « saint patron des Croix de Feu ». Les bigots croient dur comme fer que le curé d’Ars lévitait en chaire (si, si !), entendait la voix de sainte Philomène (qui n’a jamais existé), et que Belzébuth se dérangeait en personne pour l’embêter (rien que ça !) Aussi Dunod va-t-il trouver l’archevêque de Paris avec d’Hartoy pour organiser un pèlerinage « nationaliste » sur la tombe du bienheureux maboul. Manque de pot, Jean Verdier, l’archevêque, ne veut pas donner audience… à des « fascistes » ! et le beau projet échoue. C’est aussi dans ce contexte des ligues fascistes que Dunod fait connaissance avec Le Corbusier, membre du Faisceau de Georges Valois financé par Coty, du futur nazi Pierre Loyer, Croix de Feu, de Salleron et de Louis-Joseph Lebret.

4. Louis-Joseph Lebret, courtisan de Vichy, admirateur du fascisme et maître à penser de Dunod.

Dès avant la guerre, Louis-Joseph Lebret, ennemi mortel du marxisme et des syndicats, publie chez Dunod, dans la collection des « Études corporatives », un opuscule idéologique sur les professions maritimes. Au plus fort de l’Occupation, et en pleine connaissance de cause, Lebret publie un essai : MYSTIQUE D’UN MONDE NOUVEAU (1942) qui, selon ses propres termes, « n’est qu’un commentaire de l’adresse des jeunes de France au Maréchal PÉTAIN ». Tout l’essai n’est en effet qu’une injonction à l’obéissance sicut ac cadaver au régime de Vichy, où Lebret ne ménage pas ses protestations de servitude volontaire et ses témoignages d’admiration envers Pétain. Depuis 1940, Lebret est un vibrant maréchaliste. En novembre 1940, Lebret se voit officiellement attribuer par Vichy la mission de réformer l’organisation professionnelle des pêches, tâche qui l’occupe jusqu’à la fin de 1942. C’est à ce titre qu’il entraîne l’organisation corporative des marins-pêcheurs de Bretagne dans l’acceptation de la Charte du travail du 4 octobre 1941. Comme le rappelle Antonin Cohen (De Vichy à la Communauté européenne, PUF, 2016), Lebret est introduit dans les cercles du pouvoir à l’été 1940 par l’intermédiaire du lieutenant Costa de Beauregard, et il fait montre d’un zèle sans bornes pour séduire l’entourage de Pétain auquel il « n’oublie jamais de faire parvenir un exemplaire de ses ouvrages » : Henri du Moulin de Labarthète, directeur du cabinet civil, l’amiral Jean Fernet et le lieutenant Gaston Cèbe, membres des cabinets militaire et civil, mais aussi Henri Moysset, secrétaire d’État à la vice-présidence du Conseil, et Lucien Romier, président du Conseil national ». Mais les propos de Lebret ne sont pas seulement saturés de références serviles à Pétain. Comme le fait très bien remarquer John Hellman (Knight-Monks of Vichy France), l’Allemagne nazie y est présentée comme un exemple : « His aversion to republican France had led him to accept the National Revolution with enthusiasm […] In the first edition of his Mystique d’un monde nouveau, replete with references to the Marshal, NATIONAL-SOCIALIST GERMANY WAS HELD UP AS AN EXAMPLE ». Tel est le maître à penser des Dunod.

4. 1941 – La maison Dunod « s’engage à assurer, dans un esprit de mutuelle sympathie, l’établissement des relations techniques avec les savants et les industriels » du IIIe Reich.

Sous l’Occupation, à cause d’une compatibilité exceptionnelle de l’esprit Dunod avec l’idéologie nationale-socialiste, la maison d’édition se voit offrir une participation allemande dans son capital. Mais les bourgeois, classe par définition dépourvue de tout idéal, sont toujours sauvés par leur égoïsme qui leur évite tout engagement sans intérêt matériel, et c’est ce trait méprisable, et non leur « vertu », qui leur permet de se blanchir périodiquement et de maintenir leur pouvoir sous tous les régimes. Dunod négocie donc prudemment avec Gerhard Heller de pas partager son précieux capital « familial » avec la Propaganda-Staffel pour une cause supérieure aux profits de sa famille. La force des convictions chez les bourgeois cathos connaît une sainte limite : le fric – pas touche au capital ! Mais en contrepartie, Dunod signe des deux mains un acte de profond dévouement à la cause hitlérienne où il s’engage à collaborer avec les savants et les techniciens nazis « pour assurer dans un esprit de mutuelle sympathie, conformément aux directives du Chef de l’État français, l’établissement des relations techniques entre les savants et les industriels » de la France et du IIIe Reich ! Cette note rédigée en mars 1941 est officiellement consignée par le ministre secrétaire d’État à l’Économie nationale et aux Finances au sujet des participations allemandes dans les maisons d’édition françaises (cote : Archives nationales, AJ41 175).

5. Dunod : jusqu’au bout avec Loyer ! Au-delà avec Salleron !

Dunod a connu Pierre Loyer au sein des ligues fascistes d’avant-guerre. Loyer est Croix de Feu. Mais surtout, il milite à la « Ligue Franc-Catholique » et à la « Ligue Anti-judéo-maçonnique » dont il est l’un des rédacteurs réguliers du bulletin mensuel. Voici un échantillon des conférences de Loyer dans l’immédiat avant-guerre, les intitulés parlent d’eux-mêmes : « L’internationalisme maçonnique et la patrie », « Comment la Franc-Maçonnerie tient la France », « Les Dessous maçonniques du radicalisme », « Les Radicaux de gauche agents occultes de la Maçonnerie », « Révolution nationale ou reconstruction de la France », « L’Armée française et la franc-maçonnerie », « L’influence nocive des Juifs dans l’entreprise française », « La Démocratie, pièce maîtresse de l’action maçonnique ». Loyer est (encore !) un bas-Breton, né le 16 juin 1894 et mort tranquillement sous l’heureux régime du pétainiste Mitterrand dans le 5e arrondissement de Paris, le 19 mars 1983. Sous le régime de Vichy, il est directeur du Service de l’Artisanat. Il se fait remarquer par une politique autoritaire, source de nombreuses tensions avec les artisans, et par une collaboration jusqu’au-boutiste avec l’occupant nazi avec qui il maintient des contacts jusqu’en août 1944. Après la libération de Paris, il se voit encore confier une mission de confiance par Pétain. En 1945, il est révoqué du service lors de l’Épuration. Une Épuration aussi sérieuse, apparemment, que celle qui s’est occupée de la maison Dunod. Car c’est bien chez Dunod qu’on trouve fourré tout ce beau monde des dignitaires de la collaboration pétainiste. Louis Salleron y est directeur de collection, comme Louis Serre, le président de la Corporation des techniciens de publicité, qui dirige « Le Retour à la Terre ». Salleron est le doctrinaire de la corporation, c’est un maurrassien fanatique qui, après la guerre, se retrouvera avec d’autres collabos, comme René Gillouin, « l’ami du Maréchal », au sein de la Nation Française dirigée par Pierre Boutang.

6. L’affaire Le Corbusier / André Boll

En 1942, Dunod publie, en pleine conscience du vol commis, un ouvrage de Le Corbusier entièrement plagié par André Boll : Habitation moderne et urbanisme. Le Corbusier est furieux. Avec le dernier culot, André Boll lui a dédicacé le livre volé : « Pour Corbu, sans les idées duquel ce livre n’aurait pas existé. Souvenirs de longs mois de collaboration intime. » Sur son exemplaire, Le Corbusier commente au stylo sous la dédicace : « Tu parles. Ce livre a été dicté mot pour mot, par moi, à André Boll en janvier 1941 à Vichy. » C’est la vérité. On a remis la main sur ce manuscrit, dactylographié et portant une mention au stylo de Le Corbusier qui précise : « Dunod, dicté par Le Corbusier à André Boll, Vichy, juin 1941 première version corrigée main par Le Corbusier. » Toujours est-il que Dunod se frotte les mains de publier un texte de Le Corbusier sous le nom d’André Boll. Il connaît l’architecte depuis longtemps, depuis les années 1920 à Paris, quand Le Corbusier appartenait au Faisceau de Georges Valois, un des premiers partis fascistes organisés en France et dissous en 1928, et qu’il était le meilleur ami de Pierre Winter, leader du Parti fasciste révolutionnaire. Le Corbusier a accueilli la défaite française de 1940 et l’instauration du régime de Vichy avec des hourras : « la propreté a gagné ! », écrit-il à sa mère à l’occasion de l’invasion allemande. Louis-Joseph Lebret, le directeur de conscience de Dunod, s’exprime dans les mêmes termes exactement.

Dunod connaît parfaitement, et apprécie, l’antisémitisme virulent de Le Corbusier, ou sa fascination pour l’hygiène raciale, et il est au courant des démarches courtisanes de Le Corbusier auprès de Laval pour diriger la politique d’urbanisation de Vichy. Le Corbusier est un vieux routier du fascisme, et comme Dunod, il n’a pas attendu Pétain pour être pro-Allemands. A la défaite française, alors que les nazis envahissent la France, Le Corbusier écrit à sa mère « La défaite par les armes m’apparaît comme la miraculeuse victoire française. Si nous avions vaincu, la pourriture triomphait, plus rien de propre n’aurait pu prétendre vivre. Le nettoyage s’est fait d’un coup. Les hommes sont intacts, disponibles. Heures singulièrement vivantes si l’on sait les employer ! Renouvellement, balayage, nettoyage. L’argent, les juifs en partie responsables, la franc-maçonnerie, tout subira la loi juste. Ces forteresses honteuses seront démantelées, elles dominaient tout. » A son retour de Vichy, où il passe 17 mois et demi, de janvier 1941 à juillet 1942, Le Corbusier devient conseiller technique à la Fondation française pour l’étude des problèmes humains dirigée par l’eugéniste pro-nazi Alexis Carrel. Il n’échappe à l’épuration que sur l’intervention de Malraux. Le passé fasciste et antisémite de Le Corbusier ainsi que sa collaboration active ont été longtemps repoussés sous le tapis. La parole, à présent, s’est libérée : « Le Corbusier était un théoricien radical et un antisémite violent, prêt à construire pour Hitler » (Pierre Frey), auteur de « harangues antisémites sans équivoque » (Stanislaus von Moss).

On pourrait se demander, alors, pourquoi Dunod a volé Le Corbusier : entre militants de la Collaboration, on pourrait s’attendre à un certain degré de cette « fraternité » dont les fascistes se gargarisent. Prenons-le donc comme un cas d’école à l’usage des naïfs. Le Corbusier faisait profession d’athéisme. Dunod était un bigot. Publier Le Corbusier sous le nom d’un autre se justifiait par le fait que Corbu, qui détestait les simagrées des dévots, ne se traînait pas sur les genoux pour sucer des hosties, comme un bon tartuffe d’extrême droite à la Dunod. Ce vol de manuscrit, bien digne des Dunod, était le « tour de cochon » d’un cul-bénit envers un « mécréant ». Comme on voit, le « Tu ne voleras point », à l’instar de tous les commandements des cagots, ce ne sont que des mots. Leur religion au contraire est un prétexte à voler leur prochain, même s’il est aussi pétainiste qu’eux. Conclusion ? Les pétainistes pourris n’étaient même pas d’abord pétainistes. Ils étaient d’abord pourris. Comme Dunod. Cinq lettres qui puent.

Notes

  • le 23 avril à 07:25

    Excellent article, merci, et qui permet de comprendre d’où sort le « Jérôme Dunod » qui a organisé le « Cercle Auvity », du nom de l’évêque nazi François Auvity, dans un patelin paumé du Cher où on retrouve des fachos belges et parisiens de Civitas, des mouvements anti-LGBT, des bikers néofachos... le tout chapeauté par l’archevêché avec la bénédiction de l’archevêque de Bourges, Jérôme Beau, qui semble tout dévoué !! Y a qu’à voir les articles plus qu’éloquents de bigots nazis nazes dans le torchon local, le « Berry Ripoublicain ». Voir le graphique de Paris Luttes Info : https://paris-luttes.info/cartographie-des-reseaux-18049

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