Le Capitole et le Parlement : les pouvoirs rivaux

Au milieu du XII�me si�cle les bourgeois de la ville obtinrent des concessions du comte de Toulouse pour juger les litiges commerciaux. Tr�s vite ils surent ajouter d'autres pr�rogatives � leur charge jusqu'� devenir les gestionnaires de l'ensemble des affaires municipales, connus sous le nom de "capitouls".

Mais si la renomm�e des capitouls n'est plus � faire, on sait moins qu'au XV�me si�cle un nouveau pouvoir s'installa � Toulouse et contraria plus souvent qu'� son tour les desseins des �diles municipaux : le Parlement de Toulouse. C'est ainsi que noblesse de robe (les parlementaires) et noblesse de cloche (les capitouls) devinrent des rivales jusqu'� la R�volution qui mit fin aux deux institutions.


La robe des capitouls �tait rouge et noire (et blanche), couleurs reprises par le Stade toulousain en r�f�rence � ces derniers :
L'h�tel de ville

Et voici la robe du Pr�sident au Parlement Jean-Etienne Duranti. Il y a comme un air de ressemblance avec celle des capitouls, ne trouvez-vous pas ?
L'h�tel de ville

Malgr� cette rivalit� entre ces deux pouvoirs, il y avait parfois une certaine consanguinit�... ainsi Jean-Etienne Duranti fut-il �galement capitoul tout en �tant avocat, avant de devenir premier pr�sident au Parlement. Et il fut loin d'�tre le seul car une fois anoblis par leur charge, les capitouls - y compris ceux issus de familles de marchands - convoitaient souvent pour eux-m�mes ou leurs enfants une charge au Parlement... certainement le nec plus ultra pour la bonne soci�t� de cette capitale provinciale qu'�tait Toulouse.

Parfois c'�tait la religion qui alimentait cette rivalit� : en 1562 par exemple le Parlement, catholique, chassa les capitouls de l'ann�e, tous protestants. Parmi ces derniers se trouvait Pierre d'Ass�zat, qui dut fuir la ville pour sauver sa vie.


Le Capitole

Le si�ge du pouvoir municipal est situ� au m�me emplacement depuis 1190, le b�timent actuel comporte des �l�ments du XVI�me si�cle, du d�but du XVII�me si�cle, et sa monumentale fa�ade de brique, de pierre et de marbre date de 1760. Sa d�coration int�rieure a �t� con�ue � la fin du XIX�me si�cle comme un vaste programme destin� � mettre en sc�ne l'histoire de la ville.

Les capitouls

On ne peut explorer l'h�tel de ville sans aborder le r�le des capitouls, consuls charg�s par les comtes de Toulouse d'administrer la ville. C'est le comte Alphonse Jourdain qui en 1147 cr�a le premier conseil de capitouls. Au cours de leur longue histoire (de 1147 jusqu'� la R�volution, soit pr�s de 650 ans) leurs pr�rogatives vari�rent. Leur nombre aussi m�me s'il finit par se fixer � huit, chacun repr�sentant un des huit capitoulats de la ville (sortes d'arrondissements avant l'heure). Petits nobles, hommes de lois ou marchands, les capitouls �taient �lus pour un an. Aux attributions habituelles des consuls et �chevins des autres villes, les capitouls ajoutaient l'exercice de la police et celui de la justice civile et criminelle (sauf appel au parlement). Ils finirent par gagner en 1495 une de leurs plus anciennes luttes : celle de la reconnaissance officielle de leur noblesse par le parlement. En 1516 Fran�ois Ier confirma ces privil�ges avant qu'Henri II ne consacre officiellement en 1547 l'ensemble des libert�s toulousaines dont "l'anoblissement de capitoulz".

Note : selon le contexte le terme "capitoulat" peut repr�senter soit l'institution, le chapitre dont les capitouls sont membres, soit l'un des quartiers de la ville, chacun repr�sent� par un capitoul.

Les capitouls administraient la ville mais repr�sentaient �galement leur capitoulat (ici au sens de "quartier") lors des processions, ils en arboraient les couleurs � ces occasions : la Daurade en vert et blanc, la Pierre Saint-G�raud en noir, Saint-�tienne en violet, la Dalbade en incarnat, le Pont-Vieux en orange, Saint-Sernin en jaune, Saint-Pierre des Cuisines en bleu et Saint-Barth�l�my en amarante.

D�s 1189 ils devinrent ind�pendants du comte qui ne garda d�s lors sur la ville que le droit de frapper monnaie et de lever des troupes, formant ainsi une sorte de r�publique en ce temps-l� fort semblable � ses consoeurs italiennes. En 1190 le chapitre des capitouls se fixa � l'emplacement de l'actuel Capitole, � la fronti�re de la Cit� (la vieille ville b�tie sur son emprise romaine) et du Bourg (le nouveau quartier autour de Saint-Sernin) et loin du si�ge du pouvoir comtal situ� au sud de la Cit�. Au XIII�me si�cle la croisade contre les cathares mit fin � cette relative ind�pendance : avec l'extinction de la lign�e des comtes en 1271 le pouvoir royal r�cup�ra la ville ainsi qu'il �tait pr�vu d�s le trait� de Meaux-Paris de 1229, et cr�a les pr�mices de ce qui allait devenir au si�cle suivant la province de Languedoc. A titre anecdotique notons que Toulouse ne fut pas rattach�e imm�diatement � la France, mais que pendant quelques ann�es le roi porta la double couronne de France et de Toulouse. Beaucoup plus tard Louis XIV ressuscitera le titre de Comte de Toulouse pour un de ses b�tards, mais il restera simplement honorifique.

Devenir capitoul conf�rait un �tat de dignit� assorti de divers privil�ges. Parmi ceux-ci, citons sans �tre exhaustif le droit de n'�tre pas mis � mort ni tortur� en cas de condamnation (bien qu'il y e�t quelques exceptions au fil des si�cles), des exemptions fiscales, des avantages en nature tr�s vari�s (torches, confitures, cire, sel...), mais surtout des privil�ges honorifiques fort pris�s comme le costume, et le droit d'image dont d�coul�rent les portraits et les miniatures des Annales... il arrivait qu'en cas de condamnation les portraits fussent effac�s, et m�me repeints en cas de r�habilitation ! Enfin le graal fut atteint au XVI�me si�cle avec le droit d'acc�der � la noblesse pour les capitouls qui n'�taient pas d�j� nobles.

D�s la mort de Raymond VII en 1249 et l'int�gration progressive de la ville au Royaume, les capitouls furent confront�s � une r�currente remise en cause de leurs droits et pr�rogatives par les autorit�s royales (notamment le viguier pour la justice et le s�n�chal pour l'administration), puis �galement par le Parlement une fois celui-ci cr��. L'image qu'ils donnaient d'eux-m�mes, de leur institution et de leurs coutumes �tait donc d'une importance vitale, ainsi que tout ce qui pouvait l�gitimer leur r�le.

C'est dans ce contexte que les capitouls d�cid�rent d�s la fin du XIII�me si�cle de tenir des Annales manuscrites de la ville, une collection de 12 gros registres sur parchemin dans lesquels ont �t� �crits les r�cits des �v�nements notables survenus chaque ann�e, accompagn�s d'enluminures, dont les portraits des capitouls. Malgr� un autodaf� lors de la p�riode r�volutionnaire qui en fit dispara�tre un grand nombre, elles constituent une collection unique en Europe (voir cet aper�u sur flickr)

Pour exemple, ci-dessous : Livre I des annales (1295-1532), chronique 112. Les portraits des capitouls de l'ann�e 1412-1413 et La cour de la vierge Marie ou La vierge � la pomme. � Grande sc�ne � trente figures. La Vierge, en robe d'or et manteau bleu doubl� de rose p�le, dune draperie tourment�e, porte sur ses genoux l'enfant J�sus habill� de vert et tient une pomme de la main droite... � [E. Roschach, Les douze livres de l'histoire de Toulouse]. Sous la repr�sentation de la Vierge, sont repr�sent�es les armes de Toulouse tenues par deux anges nimb�s d'or : le ch�teau Narbonnais, � gauche, et l'�glise Saint-Sernin, � droite, l'agneau pascal, en dessous, un semis de fleurs de lis surmonte ces derniers. Les douze capitouls sont repr�sent�s agenouill�s, en deux rang de six, tourn�s vers la Vierge, en pri�re. Derri�re chacun d'eux, un saint (soit un ap�tre, soit leur saint patron), se tient debout. Les uns ont la main pos�e sur l'�paule du capitoul, d'autres sur leur t�te. Les capitouls de la rang�e de droite sont :Bertrand de Gaillac, Hugues de Najac, Jean Garaud, Jean Ysalguier, Jean de Mayrignac, Jean de Puybusque ; ceux de gauche : Bernard Dahus, Gaillard Boys, Jean Dejean alias Blasini, Jean de Varagne, Raymond de Prignac, Guillaume Pierre Pag�ze. Les armoiries des capitouls sont peintes dans des oriflammes ; quant � celle des deux personnages situ�s dans les bords droit et gauche du parchemin, elles, sont peintes dans des �cus. Ces deux hommes, Pierre Flamenc et Jean de Recaud, sont les tr�soriers de la ville, respectivement de la cit� et du bourg.

L'h�tel de ville
Copyright Archives municipales de Toulouse.


A la Renaissance le capitoulat pr�tendait tenir son anciennet� de l'antiquit� romaine et de l'empereur Th�odose. Derri�re cette l�gende (puisque le capitoulat ne fut cr�� "que" en 1147), il s'agissait pour l'institution de revendiquer une l�gitimit� plus ancienne que celle des rois de France afin de donner plus de poids � ses revendications. On renoua alors avec la Palladia Tolosa des po�tes latins Martial, Ausone et Sidoine Apollinaire, la Toulouse antique plac�e sous le patronage de la d�esse Pallas-Ath�na (Minerve) pr�sent�e comme protectrice des sciences et des arts. En 1522 l'h�tel de ville de capitulum (chapitre) devint Capitolium (Capitole), traduisant la volont� d'imiter Rome et ses r�f�rences antiques. Tout d'abord contest�e par les agents royaux, cette obstination � glorifier l'institution finit � la longue par porter ses fruits : Au XVIII�me si�cle le roi Louis XV �crivait "Lesdits capitouls de Toulouse acqui�rent par leur charge, pour eux et pour leurs descendants, le droit de noblesse. Ils ont joui de tout temps de de ce droit, m�me avant l'union du comt� de Toulouse � la Couronne et cette noblesse est si ancienne qu'on n'en conna�t pas l'origine."

Dans cette lutte d'influence o� l'image avait toute son importance, la d�esse Pallas devint symboliquement la personnification de la ville. On la retrouve repr�sent�e dans les peintures ou illustrations �dilitaires de l'�poque.

Destin� � la salle des conseils, ce tableau de Jacques Boulb�ne (1594-95) repr�sente la Providence, l'Honneur et la Vigilance et c�l�bre les vertus morales des capitouls dans un langage volontairement cryptique alors tr�s appr�ci� des �lites. All�gories, embl�mes et citations grecques et latines subliment l'ambition intellectuelle des magistrats et leur glorieux h�ritage antique, rappelant par la culture savante leur rang privil�gi�. La Providence, chouette sur l'�paule, incarne Pallas-Ath�na, protectrice de la Palladia Tolosa :
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Plac� devant la salle des conseils, cet autre tableau attribu� � Arnaut Arnaut (vers 1570) s'intitule "Les Quatre fonctions du capitoulat toulousain". Les all�gories illustrent les charges que les capitouls assuraient : la justice municipale avec l'�p�e et la balance, les r�parations et travaux publics avec un pic, une truelle et une portion de muraille, l'administration des h�pitaux avec une chapelle et les attributs des p�lerins de Saint-Jacques, ainsi que la police des m�tiers, avec des instruments de mesure. A leurs pieds, des poids et mesures �voquent la r�glementation et la surveillance du commerce :
L'h�tel de ville


Le Capitole

Souvent en concurrence sociale avec les parlementaires install�s � Toulouse � partir de 1443, lesquels n'h�sitaient pas � casser les arr�t�s municipaux quand �a leur chantait, les capitouls finirent en 1750 par donner corps � une vieille id�e qui les travaillait depuis longtemps : doter leur maison commune d'une fa�ade monumentale propre � rehausser leur prestige et � en imposer � leurs rivaux du Parlement. Il s'agissait l� d'un effort inaccoutum� pour des capitouls dont le court mandat d'un an ne les encourageait habituellement pas � se lancer dans des projets � long terme. La fa�ade fut �lev�e de 1750 � 1760 par Guillaume Cammas, elle unifiait en apparence des b�timents rest�s disparates derri�re elle (eux-m�mes remani�s ult�rieurement).

Pour la place du Capitole elle-m�me, l'opposition des parlementaires � son d�gagement fit que les capitouls durent aller qu�rir directement l'accord du roi en lui promettant une place royale avec sa statue au milieu... cela ne se passa pas tout � fait comme pr�vu et prit plus de temps qu'esp�r�, mais au bout du compte le Capitole et sa place forment un ensemble architectural plus grandiose et prestigieux que tout ce que le Parlement - pourtant plus puissant - aura pu l�guer au patrimoine de la ville.

L'h�tel de ville

Plusieurs statues surmontent le Capitole, repr�sentant la Justice et la Force au-dessus du fronton, Cl�mence Isaure et Pallas � gauche, et la Trag�die et la Com�die � droite au-dessus du th��tre qui occupe un bon tiers du b�timent.
L'h�tel de ville

L'h�tel de ville

Sous le fronton 8 colonnes en marbre incarnat symbolisent les 8 capitouls qui administraient la ville :
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Le sceau de la R�publique Fran�aise sur le fronton triangulaire n'est en place que depuis 1871, � l'origine il s'y trouvait une effigie de louis XV, puis diverses effigies ou devises en fonction des r�gimes ayant dirig� le pays :
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Le nom de "Capitole" adopt� au XVI�me si�cle pour l'h�tel de ville de Toulouse fait bien entendu implicitement r�f�rence � la colline de Rome appel�e Capitolium en latin (et donc Capitole en fran�ais), symbole du pouvoir romain. Les capitouls, �diles de Toulouse depuis le Moyen �ge jusqu'� la R�volution, formaient un conseil de consuls, un chapitre dit capitulum. De capitulum � capitolium il n'y a pas loin, un pas vite franchi pour d'�videntes raisons de prestige et ce d'autant plus ais�ment que le mot "chapitre" en occitan se dit "cap�tol". Ce dernier mot est d'ailleurs �galement � l'origine du nom "capitoul", lequel est plus ancien que le nom "Capitole" dans le contexte toulousain.
Notons �galement que le superbe marbre rose p�le utilis� pour les colonnes et le pourtour de l'horloge vient des carri�res languedociennes de Caunes de Minervois, il fut pr�c�demment abondamment utilis� � Versailles. Au moment d'achever la fa�ade du Capitole, les capitouls faillirent reculer devant le co�t de ces colonnes et sugg�r�rent de les faire plut�t en brique. Pour sauver cet �l�ment essentiel de sa fa�ade il fallut que l'architecte Guillaume Cammas flatte �hont�ment leur vanit�, disant � propos de la brique et des capitouls : �[...] une mati�re vile et commune qui ne peut d�cemment convenir � l'image de ceux qui soutiennent le tr�ne � (et voil� comment j'en viens � d�nigrer la brique sur un site cens� lui rendre hommage... )

L'h�tel de ville

Les d�corations des balcons qui courent le long de la fa�ade sont des blasons de capitouls forg�s par le ma�tre ferronnier Bernard Ortet, ceux-ci furent sauv�s par chance lors de la R�volution fran�aise (rappelons que les capitouls �taient anoblis et donc des cibles toutes d�sign�es pour les r�volutionnaires) : les blasons en place furent d�truits mais ceux des anciens capitouls, remis�s dans les combles du Capitole, �chapp�rent � l'ire des r�volutionnaires et ornent maintenant la fa�ade. Celle-ci est �galement d�cor�e de mascarons inspir�s notamment de la mythologie grecque. En voici quelques-uns :
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Dans la cour centrale, appel�e cour Henri IV, se trouvent les plus vieux �l�ments architecturaux du b�timent (rassurez-vous l'avion sur la photo n'�tait l� que temporairement pour une exposition sur Saint-Exup�ry) :
L'h�tel de ville

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On doit le portail oriental au ciseau de Nicolas Bachelier (1546), le "ma�tre de la Renaissance" � Toulouse. La d�esse Pallas est entour�e de deux figures f�minines, l'une portant un b�ton avec la croix du Languedoc (� l'origine Bachelier avait sculpt� une chouette sur ce b�ton), l'autre brandissant une couronne de lauriers et une branche fleurie :
L'h�tel de ville

La repr�sentation de Pallas (autre nom de Minerve, ou Ath�na) illustre le fait que l'empereur Domitien (entre les ann�es 51 et 96 de notre �re) donna � la ville le titre de Palladia Tolosa car elle �tait r�put�e dans le monde romain pour la qualit� de son enseignement, la pla�ant ainsi sous la protection de Pallas-Ath�na, d�esse de la sagesse. De nos jours il arrive encore que Toulouse soit d�sign�e par les �rudits comme "la cit� palladienne" :
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L'h�tel de ville

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Le haut du portail a �t� sculpt� par Geoffroy Jarry en 1561. On peut y voir notamment des esclaves prisonniers entourant le blason de Toulouse, pour symboliser la puissance de la ville en tant que capitale de la province du Languedoc (titre officieux de plus en plus partag� avec Montpellier au fil des si�cles, notamment � partir de 1730 d�s lors que cette derni�re ville r�cup�ra le si�ge jusqu'alors tournant des Etats du Languedoc, Toulouse demeurant le si�ge du Parlement provincial) :
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Sous les sculptures des prisonniers, la devise en latin dit ceci : HIC THEMIS DAT JURA CIVIBUS, APOLLO FLORES CAMOENIS, MINERVA PALMAS ARTIBUS, "Ici Th�mis donne la loi aux citoyens, Apollon les fleurs aux po�tes, Minerve les palmes aux artistes".
L'h�tel de ville

Cette fa�on de repr�senter des esclaves prisonniers pour symboliser la puissance nous vient d'Italie, mais ici Jarry s'est peut-�tre inspir� de ceux sculpt�s quelques ann�es plus t�t par Jean Goujon sur l'aile de Pierre Lescot dans la cour carr�e du Louvre (ci-dessous) :
L'h�tel de ville

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Le reste de cette cour a �t� b�ti entre 1602 et 1607 sur les plans de Pierre Souffron, une statue en marbre polychrome du roi Henri IV tr�ne au-dessus du portail, elle est l'oeuvre de Thomas Hurtamat (ou Artamat, ou Heurtematte), 1607, et est prot�g�e par un auvent de style mudejar peint en 1610 par Pierre Fournier :
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Le contexte historique est important pour comprendre la pr�sence de cette statue d'Henri IV dans une cour publique, fait d'autant plus rare en France qu'elle a �t� r�alis�e du vivant du roi. En effet � partir des ann�es 1560 les guerres de religions entre catholiques et protestants avaient laiss� le Languedoc d�chir�, Toulouse �tant une place forte catholique dans un environnement r�gional majoritairement protestant. La conversion au catholicisme du protestant Henri IV et son couronnement furent mal accept�s par les ultra catholiques, appel�s "ligueurs", qui continuaient � contester son autorit�, et son image restait mauvaise � Toulouse.
Parall�lement, d�sirant assurer leur post�rit� en construisant une galerie pour afficher leurs portraits et leur blasons, les capitouls confront�s � l'opposition du Parlement qui bloquait les cr�dits durent se tourner vers le roi pour faire autoriser leur entreprise. La royaut� y vit l� une occasion de r�aliser un "coup de com'" comme on dirait aujourd'hui, et demanda en �change � ce que cette statue repr�sentant Henri IV soit install�e dans ce lieu strat�gique de la capitale languedocienne, seule � b�n�ficier d'une telle campagne promotionnelle avec la capitale du royaume, Paris. Le roi y est camp� en armure pour exalter sa puissance militaire et le poser en pacificateur et en protecteur de la chr�tient�. Pour la royaut� cette statue, ainsi que deux autres r�alis�es � Toulouse, avait pour but politique de restaurer son image aupr�s de la population.
Oublieuse de ces difficult�s, mais bien dans la ligne de la l�gende dor�e du "bon roi Henri", une inscription en latin fut plus tard ajout�e sous la statue. Elle proclame : � Vivant, le peuple entier l'aima. Il le pleura quand il lui fut enlev�. La post�rit� ne cessera de l'aimer d'un amour pieux. �

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Voici un exemple des blasons de capitouls plac�s sur les galeries qui entourent la cour :
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Le portail occidental de la cour, datant de 1678, est l'oeuvre de Pierre Jalbert et Jean Verdilhac. Il ouvre vers la place du Capitole et est coiff� de deux figures repr�sentant dame Tholose portant une brebis et Pallas Ath�na prot�geant Toulouse, oeuvres du sculpteur Philibert Chaillon. Dame Tholose est une all�gorie repr�sentant � la fois la femme toulousaine ordinaire, la Belle Paule et Cl�mence Isaure :
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Pour avoir os� lever sa banni�re contre Richelieu, le puissant duc de Montmorency (gouverneur du Languedoc, cousin du roi) fut accus� de crime de l�se-majest� et d�capit� dans cette cour en pr�sence du roi Louis XIII et de Richelieu en 1632. Il eut para�t-il cette phrase avant de mourir : "je ne sais pas chicaner ma vie". Quant � Louis XIII, qui voyait le peuple de Toulouse d�filer sous ses fen�tres pour demander la gr�ce du duc, il s'exclama : "Ah ! Si je suivais les inclinations du peuple et des particuliers, je n'agirais pas en roi !":
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Toutes les peintures des salles du Capitole datent de la fin du XIX�me/d�but XX�me. Elles sont l'oeuvre d'artistes li�s � Toulouse, qui avait la chance � cette �poque d'avoir engendr� ou adopt� plusieurs peintres reconnus, � tel point qu'on parlait alors "d'�cole toulousaine". Elles mettent en sc�ne l'histoire de Toulouse telle qu'on la percevait � la fin du XIX�me si�cle.


Au bas de l'escalier d'honneur, cette peinture repr�sente le comte Raymond VI de Toulouse confront� � son excommunication, laiss� � la porte de l'Eglise. Le comte fut en fait excommuni� puis pardonn� plusieurs fois. Habile politique, il parvint longtemps � retarder ou � retourner les sanctions du Pape � son �gard. Mais le catharisme faisait trop peur � l'Eglise de Rome et la volont� manifeste du comte de ne pas se m�ler d'affaires religieuses lui valut de mourir excommuni�. Au moment de sa mort, le clerg� de Toulouse qui voulait s'assurer de sa d�pouille pour �tre certain qu'il ne serait pas enterr� selon les rites catholiques fut pris de vitesse par les chevaliers hospitaliers qui comptaient parmi les amis du comte. La vie du comte Raymond VI ne parle plus � nos contemporains, mais il n'en a pas toujours �t� ainsi. On trouve ainsi une repr�sentation du comte peinte sur un plafond de la cour supr�me du Minnesota (John La Farge, 1903) ! Il y est montr� - excusez du peu - en compagnie de Socrate, Confucius et Mo�se, chacun repr�sentant un aspect de la loi. Raymond VI y repr�sente pour sa part "The Adjustment of Conflicting Interests" (l'ajustement d'int�r�ts conflictuels), entre autres parce qu'il fut avant l'heure un d�fenseur du principe de la s�paration de l'Eglise et de l'Etat :
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La peinture ci-dessous repr�sente la toute premi�re session de l'Acad�mie des Jeux floraux, la plus ancienne institution litt�raire d'Europe. Elle portait jusqu'au d�but du XVI�me si�cle le nom de Consistori del Gay Saber (c'est � dire Consistoire du Gai Savoir). Cr��e par sept po�tes en 1323 pour encourager la po�sie (occitane, au d�but) et rappeler l'�poque id�alis�e des troubadours d'avant la conqu�te fran�aise, le vainqueur recevait une violette d'or. D'autres fleurs furent ensuite ajout�es � mesure que se d�veloppaient les concours. Bien plus tard Victor Hugo tirait fiert� d'avoir �t� distingu� par cette acad�mie ; quant � Fabre d'Eglantine, il lui doit son nom.
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La cr�ation du Consistoire du Gai Savoir fut suivie en 1356 par la r�daction d'un trait� de grammaire et de rh�torique occitanes : Las Leys d'Amors (les lois de la langue). Il s'agissait notamment d'�tablir les crit�res linguistiques permettant de juger au mieux les oeuvres pr�sent�es aux concours. C'est l'avocat toulousain Gulhem Molinier qui se chargea de cette t�che. Aucune autre langue en Europe ne s'�tait alors dot�e d'un tel syst�me de codification, de ce fait les Leys parvinrent � une grande notori�t� et influenc�rent les po�tes �crivant tout autant en catalan qu'en galicien ou en italien, pour lesquels ils servirent de r�f�rence.
Las Leys d'Amors
Voir auteur

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L'ancienne salle des mariages est d�cor�e de peintures repr�sentant l'Amour, oeuvre de Paul Gervais :
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La salle Henri Martin poss�de de lumineuses toiles de ce grand peintre. Celle ci-dessous inspira Salvador Dali car on retrouve ces faucheurs et les jeunes filles dans l'arri�re-plan de son tableau "Dionysos crachant l'image compl�te de Cadaqu�s sur le bout de la langue d'une femme gaudinienne � trois �tages" (1958) : :
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La salle des Illustres est inspir�e de la Galerie Farn�se � Rome. On y trouve des repr�sentations de divers fameux toulousains, d'�v�nements historiques ou d'all�gories :
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Cette peinture repr�sente le Pape Urbain II entrant dans la ville en 1096 pour y pr�cher la 1�re croisade. Le soldat qui guide son cheval incarne le comte de Toulouse, Raymond IV (aussi connu comme Raymond de St-Gilles). Raymond IV fut l'un des chefs de la croisade, et pas le moindre : une fois celle-ci men�e � bien il �tait favori pour devenir Roi de J�rusalem, honneur qui semblait bien devoir lui revenir eu �gard � sa constance et au fait qu'il commandait le plus gros parti militaire. Mais soit par choix personnel, soit que des intrigues politiques l'en �cart�rent, il pr�f�ra finalement aller se tailler un fief du c�t� de Tripoli, au Liban :
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Aux XII�me et XIII�me si�cles le Catharisme s'implanta fortement dans la r�gion, ce qui finit par inqui�ter le pape qui lan�a la "Croisade des Albigeois". Le chef des crois�s, Simon de Montfort, qui voulait devenir Comte de Toulouse � la place du Comte de Toulouse, p�rit �cras� par une pierre lanc�e par un tr�buchet d�fendant la ville et manoeuvr� par une femme, dit-on. Ev�nement qui est figur� sur ce tableau (si vous regardez bien vous verrez dans le fond la femme qui s'avance, en blanc, et la Mort dans le ciel pr�te � frapper le vil envahisseur). Mais cette victoire ne fit que retarder l'in�luctable : avant la fin du XIII�me si�cle le catharisme �tait quasiment �radiqu� et les terres des Comtes de Toulouse rattach�es au Royaume de France.
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Paule de Viguier (1518-1610) passait pour �tre la plus belle femme de son temps. On dit qu'� 15 ans elle fut charg�e d'accueillir avec des vers et des compliments le roi Fran�ois 1er qui visitait la ville, et qu'elle fit si forte impression sur le monarque qu'il lui donna le surnom de Belle Paule. On dit aussi que les capitouls, sous la pression populaire, l'obligeaient � para�tre deux fois par semaine � son balcon pour contenter la foule de ses admirateurs. C'est cette sc�ne qui fut repr�sent�e ici par Henri Rachou en 1882, bien qu'on puisse douter de la ressemblance avec le mod�le puisqu'aucun portrait de la belle ne nous est parvenu (et on peut en douter d'autant plus qu'on sait qu'elle �tait blonde, sa famille �tant d'origine normande). On dit enfin que Paule devint par la suite une v�ritable m�c�ne pour les arts toulousains de la Renaissance, accueillant dans son h�tel po�tes, �crivains et chanteurs... malheureusement pour la l�gende il semble bien que tout ce qu'on dit � son sujet soit faux. Il est vrai n�anmoins qu'elle a joui de son vivant d'une certaine c�l�brit�, le mar�chal de Montmorency en faisait "une des merveilles de l'univers", elle aurait m�me inspir� le nom de plusieurs bateaux de guerre fran�ais sous l'appellation "Belle poule".
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La salle du conseil municipal :
L'h�tel de ville

Derri�re le Capitole demeure un b�timent de l'ancien Capitole qui abrite aujourd'hui l'Office du tourisme, il s'agit d'une tour �difi�e de 1525 � 1530, appel�e de nos jours "le Donjon", qui accueillait autrefois les r�unions priv�es des capitouls au rez-de-chauss�e sous le nom de Petit consistoire, ainsi que les archives de la ville � l'�tage o� elles c�toyaient... les r�serves de poudre ! On �chappa sans doute de peu au pire : les 48 barils de poudre � canon ne furent d�m�nag�s qu'en 1624 dans le nouvel arsenal de l'h�tel de ville, or � peine trois ans plus tard la foudre s'abattait sur "le Donjon" et p�n�trait dans la salle haute sans faire plus de d�g�ts que trois grands trous dans le toit. On peut imaginer qu'il en serait all� autrement si la poudre s'y �tait encore trouv�e, il ne resterait alors probablement rien du donjon et de ses archives, dont les pr�cieuses Annales manuscrites.

Eug�ne Viollet-le-Duc, qui restaura le Donjon entre 1873 et 1887, est parfois critiqu� pour lui avoir redonn� une toiture d�crite comme peu en rapport avec la tradition constructive du Midi toulousain, cependant il faut exempter le c�l�bre architecte d'une partie au moins de ces critiques car le toit d'origine du cette tour �tait un haut toit d'ardoise � peine moins �lev� que le toit actuel (avec un interm�de de 1830 � 1873 pendant lequel la tour �tait coiff�e d'une basse toiture de tuiles). La fertile cr�ativit� de Viollet-le-Duc n'y ajouta en somme "que" le beffroi flamand qui le couronne.
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Sur une fa�ade du donjon, dans un cadre de pierre dispos� � la mani�re d'un temple antique dont les chapiteaux des colonnes mettent en ouvre la superposition des ordres dorique et ionique, les capitouls se pr�sentent tels des consuls romains. Dans les cartouches de pierre il se trouvaient des blasons de capitouls martel�s � la R�volution. En-dessous une inscription en latin est grav�e dans la pierre : FIEBAT ANNO CHRISTIANAE SALUTIS MDXXV IDIBS NOVEBR NOBILIBUS PREINSIGNITIS CAPITOLINIS DECURIONIBUS, qui signifie "A �t� fait l'ann�e du salut 1525, aux ides de novembre, par les nobles et tr�s distingu�s d�curions du Capitole". En se posant en "d�curions" si�geant dans un "Capitole" les capitouls de la Renaissance esp�raient mettre en avant une l�gitimit� historique remontant � l'Antiquit� et d�passant celle des rois de France, face � une administration royale et � un parlement qui tendaient de plus en plus � limiter leurs pr�rogatives. Cette pr�tention du capitoulat (institution cr��e en 1147) � voir dans la Palladia Tolosa romaine une l�gitimation de ses privil�ges cr�ait des liens id�alis�s entre l'�lite toulousaine et la Rome antique.
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Dessin du donjon avant sa restauration par Viollet-le-Duc :
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Lithographie du XIX�me si�cle du Petit Consistoire (plafond du XVI�me si�cle, chemin�e du XVII�me si�cle) :
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Sur le toit du donjon a �t� plac�e en 1550 une des tr�s belles r�alisations de la Renaissance toulousaine (retir�e en 1823, la toiture s'�tant trop d�grad�e) : une statue en bronze (alors dor�) de dame Tholose, repr�sentation toulousaine de Minerve (alias Pallas-Ath�na), oeuvre du sculpteur Jean Rancy et du fondeur Claude Pelhot. Toulouse profita l� de la pr�sence de son imposant arsenal (qui fabriquait armes, canons et cloches) pour r�aliser la fonte de cette statue de grande taille, une premi�re en France en dehors des ateliers du roi.

Nul, pas m�me en Italie, ne s'�tait alors risqu� � une ouvre aussi dynamique, camp�e sur un seul appui (Jean de Bologne fit son Mercure volant plus de 15 ans plus tard). Avec cette oeuvre Rancy s'affirme comme �tonnamment pr�coce, par la ma�trise du drap mouill� qui fera la force de Jean Goujon, par la science des gestes, des torsions et des multiples points de vision, principe qui sera th�oris� par Cellini, ou encore par l'in�dit �lancement du corps.

Elle tenait une girouette dans sa main droite et s'appuyait de sa main gauche sur un �cu aux armes de la ville. Sur l'�cu �taient inscrites les lettres CPQT MDL, soit Capitulum Populusque Tolosanum 1550, "le capitoulat et le peuple de Toulouse" qui, � la mani�re du SPQR romain, renvoyait � Rome et � l'id�e de R�publique urbaine, les capitouls de la Palladia Tolosa se targuant de si�ger au sein d'un Capitole (cf. Toulouse Renaissance, article de Pascal Julien).

En 1834 elle fut transform�e en Victoire ail�e, plac�e au sommet de la colonne Dupuy (o� tr�ne toujours une copie sous cette forme). Restaur�e, elle peut aujourd'hui �tre admir�e au mus�e des Augustins.

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Le Parlement de Toulouse

Pendant la guerre de 100 ans, Toulouse et le Languedoc furent un soutien essentiel et sans faille du royaume, en premi�re ligne contre les men�es expansionnistes anglaises venues d'Aquitaine puis dans la reconqu�te de celle-ci. En 1418 dans un contexte de controverse tr�s difficile, le ralliement du Languedoc au futur roi Charles VII assura � ce dernier une base solide propre � lui assurer le tr�ne en 1422 � la mort de son p�re (ce dernier, atteint de folie et sous influence du duc de Bourgogne, l'avait d�sh�rit� au profit de la dynastie anglaise des Plantagen�ts).

Aussi Charles VII �tait-il tout dispos� � accorder la faveur d'un parlement aux Etats de Languedoc lorsque ceux-ci le r�clam�rent. D'autant que cette cr�ation r�pondait � un besoin : le sud de la France �tait une terre o� l'on parlait la langue d'oc, et non la langue d'o�l comme dans le nord, et surtout il �tait r�gi par le droit romain �crit, alors que le nord du pays ob�issait au droit coutumier oral des Francs. Tout cela faisait du Parlement de Paris une instance peu pratique pour rendre la justice (en appel) dans la France m�ridionale. A sa cr�ation le Parlement de Toulouse �tendait son influence de l'Atlantique au Rh�ne et des Pyr�n�es au Massif central, soit bien au-del� des limites de la seule province de Languedoc.

Le Parlement de Toulouse fut donc cr�� en 1420, supprim� en 1428 suite � des intrigues du Parlement de Paris r�uni � Poitiers (Paris �tait alors aux mains des Anglais), puis recr�� en 1443.

Cour de justice royale, il �tait le sommet de la cha�ne judiciaire du Midi de la France. Il avait comp�tence en dernier ressort sur les affaires judiciaires mais aussi �conomiques, politiques, administratives... Egalement chambre d'enregistrement des lois, aucune disposition l�gale ne pouvait s'appliquer dans le Midi sans avoir �t� enregistr�e par le Parlement, il se m�lait donc d'un peu tout et d�fendait les int�r�ts du roi avec beaucoup de z�le, du moins � ses d�buts car par la suite il devint plus r�tif et s'autorisa parfois un droit de remontrance � l'�gard du monarque ! Il dut �tre consid�r� comme une r�ussite car d'autres parlements provinciaux furent ensuite cr��s, en particulier le Parlement de Bordeaux en 1462 qui l'amputa d'une partie de son territoire � l'ouest. Il conserva toutefois une sorte de primaut� de prestige sur les autres parlements de province plus tardifs, par exemple seuls les premiers pr�sidents et pr�sidents � mortier des parlements de Paris et Toulouse avaient le droit de se coiffer de leur toque de velours noir, ceux des autres parlements devaient se contenter de la porter � la main !

Voir la carte des parlements de France en 1789, ne pas oublier que certaines provinces comme la Provence, la Bretagne, et la plupart en fait des r�gions ayant eu un parlement en 1789, ont fait partie de la France assez tardivement comparativement au Languedoc. On peut constater que le ressort du Parlement de Toulouse d�bordait assez largement des fronti�res du Languedoc, notamment � l'ouest et au nord sur la Guyenne.

La cr�ation du Parlement eut fatalement pour cons�quence la diminution de l'importance du capitoulat, puisqu'il concentrait d�sormais dans ses mains des pouvoirs auparavant d�volus aux consuls municipaux. Il �tait de tradition que chaque ann�e les capitouls offrent des cadeaux aux pr�sidents, conseillers, gens du roi ainsi qu'aux principaux avocats. Une v�ritable d�pense pour la Ville quand on songe qu'� la fin du XVI�me si�cle le nombre des membres du Parlement s'�levait � plus de cent. Encore s'agissait-il l� du sommet d'un monde judiciaire qui faisait vivre un Toulousain sur cinq (si l'on compte les familles et les domestiques).

Etre parlementaire ne faisait pas votre fortune - en fait il �tait m�me n�cessaire d'�tre d�j� riche au pr�alable puisqu'il fallait acheter sa charge au roi - mais c'�tait appartenir � une classe de noblesse de robe tr�s prestigieuse : "ce second s�nat du royaume" avait m�me �crit un chroniqueur du XVI�me si�cle (le premier �tant le Parlement de Paris). Avec l'archev�que (du moins quand celui-ci r�sidait � Toulouse, ce qui n'�tait pas toujours le cas � certaines �poques), le Premier pr�sident �tait consid�r� comme la personne la plus importante de la ville et marchait � l'avant de toutes les processions en ville, et la rentr�e parlementaire �tait chaque ann�e un �v�nement � Toulouse. Elle se tenait tous les 11 novembre, � la saint-Martin, y assistaient en grande tenue les ducs et pairs, les gouverneurs de la province, les pr�lats, �v�ques et vicaires, les tr�soriers g�n�raux... et bien d'autres dont les capitouls.

La ville conserve encore des t�moignages du faste des parlementaires sous la forme d'un grand nombre d'h�tels particuliers, ceux-ci forment d'ailleurs � Toulouse l'essentiel de la collection de ces demeures priv�es de grand style.

Quant au Parlement de Toulouse lui-m�me, remplac� � la R�volution par le Palais de Justice, bien que les b�timents actuels datent surtout des XIX�me, XX�me et XXI�me si�cles il en reste tout de m�me quelques vestiges int�ressants.

Le Parlement

Le Parlement

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Cette sculpture faite dans la brique est int�ressante car elle d�ment les propos que j'ai tenus dans la rubrique "la brique toulousaine" en avan�ant que celle-ci ne se sculptait pas comme la pierre... Il s'agit cependant d'une exception que l'on doit � Jacques-Jean Esqui� (deuxi�me moiti� du XIX�me si�cle). Elle permet de comprendre pourquoi la sculpture de la brique ne fut gu�re pratiqu�e : les t�tes de lion sont difficiles � distinguer et par cons�quent peu spectaculaires, � l'inverse du livre et de l'�p�e dont les formes plus simples ressortent bien. Voil� pourquoi on fait la distinction, peut-�tre un peu arbitraire, entre la taille et la sculpture pour la brique (il y a �galement le fait que la taille �tait du ressort des ma�ons et non des sculpteurs).
Le Parlement

Les arcs bris�s du XV�me si�cle de la grand'chambre ont �t� mis en valeur dans le hall d'accueil :
Le Parlement

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L'int�rieur de la grand'chambre et son plafond � caissons (XV�me si�cle mais refaite vers 1830). On y trouve un ob�lisque comm�morant le r�tablissement des parlements en 1775 par Louis XVI apr�s leur suspension par le chancelier Maup�ou :
Le Parlement

Des sondages ont r�v�l� que sur les caissons les peintures originelles du XV�me si�cle sont toujours en bon �tat sous le d�cor actuel, elles repr�sentent des animaux fantastiques, des salamandres, des portraits... peut-�tre un jour aura-t-on la chance de les voir � nouveau ? :
Le Parlement

Une partie du mur d'enceinte m�di�val auquel �tait adoss� le Parlement a �t� conserv�e dans le hall :
Le Parlement

Dans la crypte arch�ologique se trouvent les fondations du Ch�teau narbonnais, r�sidence des comtes de Toulouse depuis 1155. Comme les comtes rendaient la justice en leur ch�teau, on peut donc �tablir que ce lieu sert � ce m�me usage depuis le XII�me si�cle au moins. On trouve aussi dans cette crypte les fondations de la Porte narbonnaise, vestiges de la ville romaine :
Le Parlement

Au moins deux autres chambres du XVII�me si�cle ont un int�r�t historique : le salon dor� (entre 1632 et 1653) et le salon d'Hercule (1691), qui valent par leurs remarquables plafonds � caissons sculpt�s. Je n'en ai pas de photos personnelles car elles sont ferm�es au public mais on peut les admirer, ainsi que d'autres salles patrimoniales, dans une tr�s int�ressante visite guid�e men�e par Jean-Louis Bec : lien (film de 9 minutes du Minist�re de la Justice).

Je mets ici quelques copies d'�cran tir�es de ce petit film pour ceux d'entre-vous qui n'auraient pas le temps de le regarder (ce qui serait dommage) :

Le plafond du salon dor� :
Le Parlement

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Le plafond du salon d'Hercule :
Le Parlement

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