Oui, l’arôme de vanille peut être produit à partir des glandes du castor… Mais c’est de plus en plus rare

FAKE OFF Les glandes anales du castor ont effectivement été utilisées pour fabriquer l’arôme de vanille, mais c’est de moins en moins le cas

Lina Fourneau
Il y a-t-il du castor dans l'arôme de vanille ?
Il y a-t-il du castor dans l'arôme de vanille ? — Montage
  • D’après une vidéo publiée sur TikTok, l’arôme de vanille serait produit grâce aux sécrétions issues des glandes anales du castor.
  • A l’origine, le castoréum a surtout été utilisé dans le parfum puis dans l’alimentation.
  • Mais le produit coûte cher et n’est pas très pratique à récolter, donc les industriels préfèrent désormais synthétiser le goût.

Après les insectes dans les Schokobons, voici un ingrédient qui risque d’inquiéter de nombreux internautes. Sur TikTok, une vidéo mentionne cinq aliments bourrés de mauvais additifs dont on ignore l’existence. Parmi eux, l’arôme de vanille proviendrait - selon l’internaute - du rectum des castors. Qu’en est-il réellement et est-ce dangereux pour la santé ? 20 Minutes fait le point.



FAKE OFF

D’après la vidéo du TikTokeur, l’arôme de vanille contiendrait un ingrédient bien mystérieux : le castoréum. Derrière ce terme, se cachent les sécrétions issues de glandes anales du castor. Si nous voulons être plus précis, ces glandes se trouvent dans le cloaque du castor, un organe situé non loin de son anus. Dans la nature, le castoréum est utilisé par l’animal pour marquer son territoire… car ce liquide jaunâtre sentirait la vanille. D’après le site Mavany, cela s’explique par l’alimentation du castor majoritairement faite d’écorce d’arbre.

D’après une évaluation de la sécurité du castoréum en tant qu’ingrédient alimentaire, publiée par l’American college of Toxicology, il s’agit avant tout d’un produit naturel utilisé en parfumerie depuis l’Antiquité puis ajouté aux aliments comme ingrédient aromatique depuis plus de quatre-vingt-dix ans. « L’association des fabricants d’arômes et d’extraits (FEMA) et la Food and Drug Administration (FDA) considèrent l’extrait de castoréum comme généralement reconnu comme sûr (GRAS) », assure l’évaluation.

Pas d’effets indésirables

Toujours d’après l’évaluation, cet extrait est principalement utilisé dans des aliments à base de vanille, « y compris les boissons alcoolisées et non alcoolisées, les desserts laitiers glacés, les bonbons, les produits de boulangerie, les gélatines et les puddings, ainsi que la viande et les produits à base de viande ». 

Toutefois, le castoréum représente très peu de risque pour notre santé, conclut l’évaluation. « L’utilisation historique de longue date de l’extrait de castoréum comme ingrédient aromatisant et parfumant n’a donné lieu à aucun rapport d’effets indésirables chez l’homme ».

Patience donc avant de jeter toutes les glaces dans votre frigo : le castoréum est de moins en moins utilisé par la grande distribution. Pas uniquement car la substance est peu ragoûtante, mais surtout car elle est difficile d’accès. D’après un article du National Geographic, publié en 2013, les gastronomes ont besoin d’anesthésier l’animal pour ensuite extraite la fameuse sécrétion. L’autre technique serait d’abattre le castor, mais à ça les associations de défense animale ont déjà mis le holà. Qui plus est, la technique coûte très cher à sa production pour récolter finalement une trop faible quantité.

Impopulaire dans le parfum

Fort est à parier que le produit n’est donc même plus utilisé par les industriels. Sollicitée par 20 Minutes, l’entreprise Vahiné - un acteur très présent dans le secteur des desserts - répond par exemple ne jamais avoir utilisé de Castoréum dans ses arômes de vanille. Aujourd’hui, c’est principalement la vanilline - une substance aromatique - qui est utilisée. Dans des termes plus techniques, il s’agit d’un aldéhyde aromatique produit chimiquement... un procédé qui coûte bien moins cher que la production seule de gousse de vanille et bien plus accessible que le castoréum. 

Par ailleurs, alors que le castoréum était également utilisé depuis des siècles dans la fabrication du parfum, il est désormais de moins en moins populaire. D’une part car les notes animales ont mauvaise réputation aujourd’hui. « C’est passé de mode », nous avoue une experte du parfum. D’autre part, afin d’éviter toute maltraitance animale, l’odeur est désormais davantage synthétisée.