Bernard écrit l'histoire

21 mars 2008, centre nautique d'Eindhoven. La pendule indique 18h34. Un grand cri vient de traverser les gradins. Un grand frisson aussi. L'air ahuri, totalement surpris lui-même, Alain Bernard vient de signer l'incroyable exploit en s'offrant le record du monde du 100m nage libre dans le temps de 47"60. Il efface du même coup la marque d'un certain VDH, grand absent de cette semaine pour cause de maladie. Pieter van den Hoogenband avait signé aux Jeux de Sydney le record du monde en 47'84.

Huit années plus tard, le nageur d'Antibes a écrit l'une des plus belles pages de la natation française. Avec la tornade Laure Manaudou et la résurrection Hugues Duboscq, elle est belle la natation française! Tout simplement au sommet du monde alors que toutes les têtes sont déjà tournées vers Pékin. Avant cela, le championnat d'Europe promettait de voir les forces en présence afin de se positionner.

A ce petit jeu, Alain Bernard n'a pas seulement fait acte de candidature pour le titre suprême, il a clairement lancé un message à ses futurs adversaires européens et mondiaux. Parti rapidement, gérant son effort sans jamais donner le moindre signe de faiblesse, le puissant crawleur a explosé de sa classe cette demi-finale historique. Une bonne claque pour l'histoire et surtout la confirmation d'un talent qui est arrivé à maturité depuis deux saisons.

Sur la distance mythique par excellence, il prend donc place au panthéon des records derrière des noms comme van den Hoogenband, Popov ou encore Biondi. Des mythes qui ont été, et le sont encore pour VDH, des références et des symboles. Alain Bernard, en l'espace de 47"60, fait désormais parti de l'histoire. Evidemment, pour que l'aventure prenne une tournure encore plus phénoménale, on ne peut s'empêcher d'avoir les yeux rivés vers Pékin. Mais ça, c'est une autre histoire...

La journée fut en tout cas marquante. Si l'incroyable record de Bernard éclipse l'ensemble des performances du jour, on ne peut passer sous silence la médaille d'or du relais 4x200m nage libre du quatuor féminin Manaudou-Balmy-Lazare-Popchanka. Même si le suspense dura jusqu'au bout avec le retour du relais anglais dans la dernière longueur, les Françaises signaient un nouveau record de France en 7'52"09 (ancien record : 7'55"96). Du bel ouvrage même si on ne doit oublier l'absence du relais allemand qui avait nagé près de deux secondes plus vite lors du dernier Euro.

Un deuxième titre pour Laure Manaudou après sa petite déception sur 100m dos. Alors que l'on se prenait à rêver d'un record du monde, après son nouveau record d'Europe de jeudi, la Française a totalement raté son départ et hypothéqué du même coup ses chances. Se crispant totalement, elle découvrit avec dépit que la Russe Zueva venait de la doubler dans tous les sens du terme, elle et son record d'Europe. Une petite claque qui pourrait avoir un effet salvateur pour l'avenir. A charge pour elle de corriger le tir et d'effacer ses quelques lacunes techniques pour arriver encore plus forte à Pékin.

Que dire aussi de Hugues Duboscq qui s'offrait sa deuxième médaille de la semaine après trois ans de disette. Le nageur du Havre, sur 200m brasse, a même tutoyé le rêve en venant longtemps titillé le record du monde de l'Américain Hansen. Mais une dernière longueur fatidique verra le Russe Grigory Falko puis Alexander Dale Oen, titré sur 100m brasse, lui griller la politesse. Le bronze pour consolation, le brasseur aurait sans doute signé des deux mains avant la compétition. Cinq médailles dans le camp français, la moisson est prometteuse. On en viendrait à en demander plus. N'est ce pas Alain Bernard ?